Universit´e Joseph Fourier L2 MAT233
2014-2015
Contrˆole de connaissance du 07 novembre 2014
Les documents sont autoris´es. Cependant, tout appareil ´electronique est interdit.
Dans toute l’´epreuve, l’expressionm d´esigne un entier qui est>1. On munit l’espace vectoriel Rm de la normek.ksup, d´efinie comme
∀x= (x1, . . . , xm)∈Rm, kxksup := max
i∈{1,...,m}|xi|.
Premi`ere partie
Le but de cette partie est d´etudier les fonctions semi-continues. Soient m > 1 un entier et A un sous-ensemble non-vide de Rm, muni de la m´etrique d:A×A→R+ telle que
∀(x,y)∈A×A, d(x,y) :=kx−yksup.
On dit qu’une fonction f : A → R est semi-continue sup´erieurement si, pour tout t∈R, l’ensemble
{x∈A|f(x)>t}
est un ferm´e deA, ou de fa¸con ´equivalente, l’ensemble{x∈A|f(x)< t}
est un ouvert de A.
1. Montrer que, pour tout t∈R, l’ensemble [t,+∞[ est un ferm´e de R. Solution. Pour touts∈R\[t,+∞[ = ]− ∞, t[, il existeε >0 tel que s +ε < t. Donc B(s;ε) = ]s−ε, s +ε[⊂]− ∞, t[. Cela montre que ]− ∞, t[ est un ouvert de R, et donc [t,+∞[ est un ferm´e de R. 2. Soitϕ:A→Rune fonction continue. Montrer queϕest semi-continue
sup´erieurement.
Solution. Pour toutt ∈R, on peut ´ecrire l’ensemble {x∈A|ϕ(x)>t}
sous la formeϕ−1([t,+∞[). Comme [t,+∞[ est un ferm´e deRet comme ϕ est continue, on obtient queϕ−1([t,+∞[) est un ferm´e deA, d’o`u le r´esultat.
3. Soient f1, . . . , fn des fonctions d´efinies sur A qui sont semi-continues sup´erieurement, o`u n ∈ N, n > 1. Montrer que la fonction f = max(f1, . . . , fn) est semi-continue sup´erieurement.
Solution. Pour tout t∈R, on a {x∈A|f(x)< t}= \
i∈{1,...,n}
{x∈A|fi(x)< t},
qui est une intersection finie d’ouverts de A, donc est un ouvert deA.
4. Soit (fi)i∈I une famille non-vide de fonctions d´efinies sur A qui sont semi-continues sup´erieurement. On suppose que, pour tout x ∈ A, f(x) := infi∈Ifi(x) appartient `aR. Montrer que la fonctionf :A→R est semi-continue sup´erieurement.
Solution. Pour toutt ∈R, on a {x∈A|f(x)>t}=\
i∈I
{x∈A|fi(x)>t}.
Comme chaque{x∈A|fi(x)>t}est un ferm´e deA, leur intersection l’est aussi. On en d´eduit donc quef est semi-continue sup´erieurement.
5. Pour tout entier n >1, soit gn: [0,1]→R la fonction d´efinie comme
∀x∈[0,1], gn(x) :=xn+ (1−x)n. D´eterminer g(x) := infn∈N, n>1gn(x) pour tout x∈[0,1].
Solution. La suite (gn(x))n>1 ´etant d´ecroissante, on a
n∈infN, n>1gn(x) = lim
n→+∞gn(x) =
(0, x∈]0,1[, 1, x= 0 ou 1.
6. Montrer que la fonctiong : [0,1]→Rd´efinie dans la question pr´ec´edente est semi-continue sup´erieurement mais pas continue.
Solution.Comme la fonctiong s’´ecrit comme la borne inf´erieure d’une famille de fonction continue, elle est semi-continue sup´erieurement, compte tenu de la question 4. Il reste `a v´erifier quegn’est pas continue : on a
x∈[0,1],x→0lim g(x) = 06= 1 =g(0).
7. Soient aun point de Aet (x(n))n∈Nune suite dans Aqui converge vers a. Montrer que, pour toute fonction f : A → R qui est semi-continue sup´erieurement, on a
f(a)>lim sup
n→+∞
f(x(n)).
Solution. On raisonne par absurde. Si f(a)<lim sup
n→+∞
f(x(n)), alors il existe un nombre reel t tel que
f(a)< t <lim sup
n→+∞
f(x(n)) Soit
U =f−1(]− ∞, t[) ={y∈A|f(y)< t}.
C’est un ouvert dansAcarf est semi-continue sup´erieurement. Comme la suite (x(n))n∈N converge vers a, qui appartient `a U, on obtient que x(n) ∈Upournsuffisamment grand. On en d´eduit quef(x(n))< tpour n suffisamment grand, et donc lim sup
n→+∞
f(x(n))6t. Cela est absurde.
Dans les questions suivantes, on suppose que A est un sous-ensemble compact de Rm. On fixe en outre une fonction f : A → R qui est semi- continue sup´erieurement.
8. En utilisant le th´eor`eme de Bolzano-Weierstrass, montrer qu’il existe une suite (x(n))n∈N dans A qui converge vers un point dans A et telle que
n→+∞lim f(x(n)) = sup
y∈A
f(y).
Solution. Soit (y(n))n∈N une suite dans A telle que
n→+∞lim f(y(n)) = sup
y∈A
f(y).
Comme l’ensembleAest born´e, d’apr`es le th´eor`eme de Bolzano-Weierstrass, il existe une sous-suite (x(n))n∈N de (y(n))n∈N qui converge dans Rm. Comme A est ferm´e, la limite de la suite (x(n))n∈N appartient `a A.
9. Montrer que la fonction f atteint son maximum en un point de A. En d´eduire que la fonction f est born´ee sup´erieurement.
Solution.Soitala limite de la suite (x(n))n∈Ndans la question pr´ec´edente.
D’apr`es la question 6, on a f(a)> lim
n→+∞f(x(n)) = sup
y∈A
f(y),
d’o`u le r´esultat. La fonctionf est born´ee sup´erieurement par sa valeur maximale.
10. La fonction f atteint-elle n´ecessairement son infimum en un point de A? Justifier votre r´eponse par une d´emonstration ou un contre- exemple.
Solution. Si la fonction f atteint son minimum, alors elle est born´ee inf´erieurement. Cependant, la fonction f : [0,+∞[→R,
f(x) =
(ln(x), x >0, 0, x= 0,
est semi-continue sup´erieurement mais pas born´ee inf´erieurement.
Deuxi`eme partie
Dans cette partie, on consid`ere un corps convexe ∆ dans Rm, c’est-`a- dire un sous-ensemble compact de Rm dont l’int´erieur ∆◦ est non-vide et qui v´erifie la condition suivante :
∀(x,y)∈∆×∆, ∀λ∈[0,1], λx+ (1−λ)y∈∆.
On dit qu’une fonctionf : ∆ →Rest convexe si, pour tout (x,y)∈∆×∆
et tout λ∈[0,1], on a
f(λx+ (1−λ)y)6λf(x) + (1−λ)f(y).
Dans toute la partie, f d´esigne une fonction r´elle d´efinie sur ∆ qui est convexe. Dans les questions 11-15, on fixe un point a dans ∆◦ et un vecteurh dans Rm.
11. Montrer qu’il existeε >0 tel que a+th∈∆◦ pour toutt∈R,|t|< ε.
Solution. L’´enonc´e est trivial lorsqueh= 0. Dans la suite, on suppose que h est non-nul. Comme ∆◦ est un ouvert, il existe δ > 0 tel que B(a, δ) soit contenu dans ∆◦. Si on prendε = δ/khk, alors pour tout t ∈R,|t|< ε, on aa+th∈∆◦.
12. On d´esigne parIa,h l’ensemble dest >0 tels quea+th∈∆. Montrer que, si h6= 0, alors Ia,h est un intervalle de la forme ]0, Ta,h], o`u Ta,h est un nombre r´eel strictement positif. D´ecrire l’ensemble Ia,0.
13. Montrer que l’application Φa,h de Ia,h vers R qui envoie t en f(a+th)−f(a)
t ,
est croissante. (Indication : ´etant donn´essettdeux nombres dansIa,h tels que s6t, trouverλ ∈[0,1] tel quea+sh= (1−λ)a+λ(a+th).) Solution. Soient s et t deux nombres dans ]0, ε[ tels que s 6 t. Soit λ = s/t. On a a+sh= (1−λ)a+λ(a+th). Par la convexit´e de la fonction f, on obtient
f(a+sh)6(1−s/t)f(a) + (s/t)f(a+th), d’o`u
f(a+sh)−f(a)
s 6 f(a+th)−f(a) t
14. Montrer que, pour tout t∈Ia,h, on a f(a+th)−f(a)
t > f(a)−f(a−εh)
ε .
En d´eduire que la limite
∂h+f(a) := lim
t→0+
f(a+th)−f(a) t
existe dans R, o`u lim
t→0+ d´esigne lim
t>0, t→0. Solution. On a
a = ε
t+ε(a+th) + t
t+ε(a−εh), d’o`u
f(a)6 ε
t+εf(a+th) + t
t+εf(a−εh),
qui conduit `a l’in´egalit´e souhait´ee. La fonction Φa,h est croissante sur Ia,het est born´ee inf´erieurement, donc la limite lim
t→0+Φa,hexiste comme un nombre r´eel.
15. On suppose que la fonction f est diff´erentiable en a et on d´esigne par Df(a) : Rm → R la diff´erentielle de la fonction f en a. Montrer que, pour tout x∈∆ on a
f(x)>f(a) +Df(a)(x−a).
Indication : Montrer que f(x)−f(a)>∂h+f(a) avec h=x−a.
Solution. On note h=x−a. On a 1∈Ia,h. Donc Φa,h(1) =f(x)−f(a)>∂h+f(a) = Df(a)(h).
16. Soitaun point dans ∆◦. Montrer qu’il existe unδ >0 tel queB(a;δ)⊂
∆, o`u B(a;δ) d´esigne la boule ouverte centr´ee en a et de rayonδ par rapport `a la norme k.ksup. Montrer que la fonctionf est born´ee sur la boule ferm´ee B(a;δ).
Solution.Comme ∆◦est un ouvert eta ∈∆◦, on peut choisirδ >0 tel que B(a;δ)⊂∆◦. En particulier, on a B(a;δ)⊂∆. Soit {e1, . . . , em} la base canonique de Rm. Pour toutα= (α1, . . . , αm)∈ {−1,1}m, soit
x(α):=a+
m
X
i=1
αiδei ∈∆.
Pour tout y ∈B(a, δ), il existe des nombres α ∈[0,1] (α∈ {−1,1}m) tels que
:= X
α∈{−1,1}m
α 61 et (1−)a+ X
α∈{−1,1}m
αx(α)=y.
On en d´eduit
f(y)6max
f(a), max
α∈{−1,1}mf(x(α))
.
17. En d´eduire que f est continue en tout point de ∆◦.
Solution. Soit a un point de ∆◦. Soit δ comme dans la question pr´ec´edente. Pour tout h ∈ Rm avec khksup < δ, d’apr`es la question 13 on a
f(a+h)−f(a)6 f(a+ (δ/khksup)h)−f(a)
δ khksup
D’apr`es la question 14 on a
f(a+h)−f(a)> f(a)−f(a−δ/khksup)h)
δ khksup.
On en d´eduit
|f(a+h)−f(a)|6δ−1 sup
y∈B(a,δ)
f(y)−f(a)
khksup, d’o`u le r´esultat.
18. Soit a un point de ∆◦. Montrer que la fonction (h ∈ Rm) 7→ ∂h+f(a) est sous-additive. Autrement dit,
∀(h,h0)∈Rm×Rm, ∂h+h+ 0f(a)6∂h+f(a) +∂h+0f(a).
Solution. Pour toutt >0 on a f(a+ (t/2)(h+h0))6 1
2(f(a+th) +f(a+th0)), d’o`u
f(a+ (t/2)(h+h0))−f(a)
t/2 6 f(a+th)−f(a)
t +f(a+th0)−f(a)
t .
Par passage `a la limite lorsque t→0+, on obtient le r´esultat.
19. Soitϕ:Rm →Rune application sous-additive telle queϕ(tx) = tϕ(x) pour tout t >0 et toutx ∈Rm. On suppose que ψ :Rm →R est une application lin´eaire telle que ϕ(x)6ψ(x) pour tout x∈Rm. Montrer que ϕ=ψ.
Solution. Soit x ∈ Rm. On a ϕ(x) 6 ψ(x) et ϕ(−x) 6 ψ(−x) =
−ψ(x). En outre, la sous-additivit´e de ϕmontre que 0 = ϕ(0)6ϕ(x) +ϕ(−x)6ψ(x)−ψ(x) = 0, d’o`uϕ(x) =ψ(x).
20. Soit a un point de ∆◦. On suppose que g : Rm → R est une fonction telle que g(x) > f(x) pour tout x ∈ ∆ et que g(a) = f(a). Montrer que, si la fonction g est diff´erentiable en a, alors il en est de mˆeme de f. De plus on a Df(a) =Dg(a).
Solution. On a ∂h+f(a) 6 Dg(a)(h) pour tout h ∈ Rm. Donc la question pr´ec´edente montre que ∂h+f(a) = Dg(a)(h) pour tout h.
Enfin, on a
06f(a+h)−f(a)−Dg(a)(h)6g(a+h)−g(a)−Dg(a)(h), d’o`u le r´esultat.