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L'implantation des parcs éoliens et l'acceptabilité des installations par la population : Le cas des communes rurales du Centre-Ouest de la France (Indre, Vienne, Haute-Vienne)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: tel-02954731

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02954731

Submitted on 1 Oct 2020

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L’implantation des parcs éoliens et l’acceptabilité des

installations par la population : Le cas des communes

rurales du Centre-Ouest de la France (Indre, Vienne,

Haute-Vienne)

Romain Garcia

To cite this version:

Romain Garcia. L’implantation des parcs éoliens et l’acceptabilité des installations par la popula-tion : Le cas des communes rurales du Centre-Ouest de la France (Indre, Vienne, Haute-Vienne). Géographie. Université d’Orléans, 2018. Français. �NNT : 2018ORLE1174�. �tel-02954731�

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UNIVERSITÉ D’ORLÉANS

ÉCOLE DOCTORALE SCIENCE DE LA SOCIETE, TERRITOIRE,

ECONOMIE, DROIT

LABORATOIRE CEDETE

THÈSE

présentée par :

Romain GARCIA

soutenue le : 30 novembre 2018

pour obtenir le grade de : Docteur de l’université d’Orléans Discipline/ Spécialité : Géographie – Aménagement - Environnement

L’implantation de parcs éoliens et

l’acceptabilité des installations par la

population

Le cas des communes rurales du Centre-Ouest

de la France (Indre, Vienne, Haute-Vienne)

THÈSE dirigée par :

Françoise ARDILLIER-CARRAS Professeur émérite des Universités, Université

d'Orléans

RAPPORTEURS :

Pascal CHEVALIER Professeur des Universités, Université Montpellier 3

Michel DESHAIES Professeur des Universités, Université de Lorraine

____________________________________________________________________

JURY :

Philippe MADELINE Professeur des Universités, Université Caen Normandie

Pascal CHEVALIER Professeur des Universités, Université Paul Valéry

Montpellier 3

Michel DESHAIES Professeur des Universités, Université de Lorraine

Laurent AUCHER Maître de conférences, Université d'Orléans

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Remerciements

Quatre années se sont écoulées depuis mes premiers pas dans la recherche, quatre années riches de rencontres, découvertes, bons souvenirs. Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé, accompagné, soutenu durant ces années de doctorat.

Je tiens à remercier dans un premier ma directrice de thèse, Françoise Ardillier-Carras, pour ses conseils, ses corrections, et pour le soutien apporté durant la recherche. Cet accompagnement et les échanges qui ont rythmé ces quatre années de doctorat m’ont été précieux.

Je remercie vivement Michel Deshaies et Pascal Chevalier d’avoir accepté d’être rapporteur de ma thèse. Mes remerciements vont également à Philippe Madeline, Laurent Aucher et Carles de Andres Ruiz, qui ont accepté d’évaluer mon travail.

Cette recherche n’aurait pas été possible sans l’accompagnement du laboratoire CEDETE, que ce soit les directeurs successifs, Laurent Touchart et Geneviève Pierre, ainsi que les membres des équipes de recherche.

La réalisation de ce doctorat m’a permis de faire de nombreuses rencontres enrichissantes. Je tiens à remercier vivement les différentes personnes qui ont accepté de me rencontrer dans le cadre de ma recherche et de répondre à mes questions.

Je tiens à remercier mes proches, qui m’ont accompagné, soutenu, remonté le moral dans les moments difficiles. Mes remerciements vont en premier lieu à mes parents, qui m’ont soutenu et cru en moi tout au long de ce doctorat. Je remercie également mon frère, pour son soutien sans faille et pour nos échanges réguliers, qui m’ont permis de tenir jusqu’au bout. Mes remerciements vont également à Pierre, Nico, et Jo, malgré les rares moments passés ensemble, vos visites à Orléans étaient réconfortantes et souvent amusantes. Je remercie également Marion pour son soutien.

Enfin, ces quatre années de doctorat auraient été bien ternes sans les doctorants, du CEDETE ou d’ailleurs. Ces moments passés avec vous au quotidien étaient magiques, que ce soit durant les pauses café, les balades sur le campus ou durant les soirées. Merci à vous, Hélène, Quentin, Tarek, Margaux, Camille, Alice, Duy, Jennifer.

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Sommaire

Remerciements ... 3

Sommaire ... 5

Introduction générale ... 7

Partie 1 : De la transition énergétique au développement éolien en espace rural : quelle acceptabilité des projets ? ... 15

Chapitre 1 : La transition énergétique et le développement éolien : modalités de mise en place et conséquences ... 19

1.1.1 La transition énergétique : des prises de consciences environnementales aux volontés de mise en place d’un nouveau modèle énergétique ... 19

1.1.2 L’énergie éolienne : un secteur énergétique important pour la réussite de la transition énergétique ... 38

Chapitre 2 : L’éolien sur le terrain d’étude : présentation des projets choisis et des caractéristiques territoriales ... 57

1.2.1 La Champagne Berrichonne, un territoire de densification éolienne ... 59

1.2.2 Le sud Vienne, vers une densification éolienne ? ... 84

Chapitre 3 : L’acceptabilité de l’éolien : cadre théorique et méthodologique ... 101

1.3.1 L’acceptabilité de l’éolien ... 101

1.3.2 Une méthodologie en deux temps pour recueillir les avis des habitants sur l’éolien comprendre l’acceptabilité locale ... 117

Partie 2 : L’acceptabilité de l’éolien sur le terrain d’étude : caractérisation des motifs de soutien et d’opposition à l’éolien et redéfinition des facteurs d’acceptabilité ... 127

Chapitre 4 : L’analyse des rapports d’enquêtes publiques, vers une quantification du soutien et de l’opposition à des projets spécifiques ... 129

2.4.1 Les projets éoliens situés dans des contextes géographiques différents ... 129

2.4.2 Les avis émis sur les projets éoliens développés localement (Indre, Vienne, Haute-Vienne) : classification et fréquence d’apparition ... 137

2.4.3 L’acceptabilité des projets éoliens : vers des logiques territoriales ? ... 143

Chapitre 5 : Les avis et perceptions des habitants sur des projets spécifiques : vers une qualification des motifs de soutien et d’opposition à l’éolien ... 151

2.5.1 Le développement éolien : des volontés politiques parfois incomprises par la population locale ... 151

2.5.2 Les avis des habitants sur les porteurs de projets et les « acteurs » de l’éolien 158 2.5.3 Le processus informatif, un élément d’appropriation des projets par les citoyens ? 163 2.5.4 La structuration de l’opposition à l’éolien ... 175

Chapitre 6 : L’acceptabilité sociale des projets éoliens : vers une adaptation des facteurs d’acceptabilité et caractérisation des enquêtés ... 191

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2.6.1 Des facteurs d’acceptabilité à remanier : la prédominance de la dimension

territoriale et de l’association des habitants à la conception des projets ... 191

2.6.2 Les influences des parcours de vie des enquêtés sur leurs perceptions de l’éolien et leurs discours ... 206

Partie 3 : Des projets éoliens classiques aux projets citoyens, vers d’autres formes d’acceptabilité ? Etudes de cas en Rhénanie Palatinat (Allemagne) et en Basse Marche (Haute-Vienne) 217 Chapitre 7 : Une comparaison France / Allemagne dans le développement éolien, pour une meilleure compréhension de l’acceptabilité de l’éolien ... 219

3.7.1 D’une politique énergétique allemande volontariste à un développement éolien dynamique. Eléments de compréhension de l’acceptabilité de l’énergie éolienne ... 219

3.7.2 Trois cas d’études pour présenter les différences entre le développement éolien en France et en Allemagne : le parc éolien de Wörrstadt, de Morbach (Rhénanie Palatinat) et de Saint-Georges-sur-Arnon (Indre, France) ... 232

3.7.3 Les différences d’acceptabilité de l’éolien entre la France et l’Allemagne : une adaptation possible des « pratiques » allemandes aux projets français ? ... 242

Chapitre 8 : L’éolien citoyen, un modèle de développement alternatif émergent, facteur d’acceptabilité ? ... 259

3.8.1 Cadre théorique de l’éolien citoyen ... 260

3.8.2 Le projet éolien citoyen d’Arnac la poste : contexte et genèse du projet ... 267

3.8.3 Un projet acceptable ? Les avis des habitants sur le projet des Terres Noires . 280 Partie 4 : Une grille d’action pour les projets éoliens, traduction des facteurs d’acceptabilité théoriques en éléments pratiques ... 295

4.8.1 La filière éolienne et son cadre institutionnel ... 299

4.8.2 Le projet éolien : la nécessité d’une planification locale ... 311

Conclusion générale ... 335

Bibliographie, webographie ... 339

Table des illustrations ... 347

Sigles, acronymes et abréviations ... 353

Table des matières ... 354

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Introduction générale

Les enjeux que représente l’énergie sont au cœur des politiques énergétiques contemporaines. L’efficacité énergétique et la réduction des gaz à effet de serre sont à l’origine de nouvelles directives indispensables dans une Europe dominée par les hydrocarbures et, à des degrés divers, par le nucléaire. La France a mis en place depuis le début des années 2000 un processus de transition énergétique, dans une optique de diversification et d’autonomie énergétique, mais aussi pour contribuer à la protection de l’environnement. La production et la consommation énergétique française sont en effet marquées par l’utilisation massive des hydrocarbures et du nucléaire. Afin de répondre aux enjeux de la transition énergétique, la France tente de mieux valoriser les énergies renouvelables dans son mix.

Contexte de la recherche : un développement accru de l’éolien, facteur de recomposition des territoires et des rapports entre habitants

Les objectifs en matière de développement des énergies renouvelables en France sont élevés, et figurent dans la loi sur la transition énergétique pour une croissance verte, de 2015. Cette loi prévoit une réduction de 40% des émissions de GES d’ici 2030 (contre 25% pour 2020), pour atteindre 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale d’ici 2030 ainsi qu’une division par deux de la consommation énergétique française d’ici 2050.

L’énergie éolienne est au centre de ces politiques environnementales et énergétiques. C’est actuellement l’énergie verte la plus « mature » dans le pays, si l’on ne prend pas en compte l’hydroélectricité, que ce soit en termes de production électrique et de capacité installée. La puissance installée au 31 mars 2018 était de 13 727 MW (source : RTE, 2018). L’ensemble des régions françaises sont concernées par ce développement éolien terrestre, mais à des degrés différents : les Hauts-de-France et le Grand-Est sont les « leaders » en termes de puissance éolienne installée, avec respectivement 3 415 et 3 112 MW installés, soit près de la moitié du total français. Par ailleurs, ces deux régions vont, avec les projets éoliens en cours de développement, dépasser les objectifs fixés pour 2020 dans les Schémas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE), dont découlent les Schémas Régionaux Eoliens (SRE). La France a fixé comme objectif d’atteindre une puissance éolienne installée de 19 000 MW pour 2020.

Dans ce contexte, les territoires ruraux sont au cœur de cette problématique. Ils avaient connu un essor magistral avec l’hydroélectricité. Grace aux nouvelles énergies, on assiste à une mutation fonctionnelle de ces espaces, avec l’utilisation de nouvelles ressources, éolienne et solaire en particulier, confirmant ainsi le rôle moteur qu’ont eu territoires ruraux grâce à l’hydroélectricité, une fonction énergétique ancienne. Cette mutation fonctionnelle assure

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également aux campagnes une partie de leur développement, à la faveur des retombées économiques pour les collectivités territoriales.

Le développement des énergies renouvelables a stimulé l’installation d’éoliennes dans les espaces ruraux français. Les objectifs fixés pour 2020 conduiraient, par rapport à la situation actuelle, à un ajout de près de 2 000 éoliennes de 3 MW de puissance unitaire. Les évolutions et mutations récentes vont se poursuivre avec une augmentation du nombre d’aérogénérateurs, contribuant à la création de paysages agroénergétiques. Ces mutations spatiales s’accompagnent aussi de tensions sociales liées à ce développement éolien. En effet, les transformations des espaces ruraux cristallisent les tensions sociétales en termes d’acceptabilité. Malgré les bénéfices économiques réalisés, malgré les enjeux environnementaux globalement acceptés par tous, l’implantation de parcs éoliens génère tensions, voire conflits d’usage à tous les niveaux : tant auprès des instances décisionnelles que des citoyens dont les préoccupations environnementales affichées se traduisent dans les faits par un rejet de ces installations.

Les représentations collectives et individuelles de ces installations, donc la matérialisation de l’éolien, se construisent sur des « jugements contradictoires et paradoxaux » (D. Gueorguieva-Faye, 2007). L’éolien, énergie propre et écologique, est critiqué notamment par des environnementalistes ou par des personnes partageant les mêmes opinions. Le terme de « pollution » est évoqué par certaines personnes défavorables à l’éolien pour caractériser cette énergie, ce qui traduit bien ce décalage entre les perceptions et les objectifs affichés.

Les motifs d’oppositions à l’éolien sont nombreux, de la thématique paysagère à la thématique environnementale, en passant par les nuisances sur la santé. La compréhension de ces enjeux est essentielle pour proposer un développement éolien plus acceptable par l’ensemble de la population. L’acceptation des infrastructures est, au vu des comportements de méfiance et d’opposition aux projets, un passage obligé pour le développement d’une des principales sources d’énergies renouvelables. C’est là un fil conducteur révélateur des clivages profonds d’ordre politique, économique et sociaux en France

L’acceptabilité sociale des énergies renouvelables ne peut être comprise qu’en connaissant les spécificités territoriales, technologiques, économiques, paysagères et culturelles qui vont l’influencer.

Cadre théorique et problématiques de recherche

L’acceptabilité sociale de l’éolien est constituéede plusieurs facteurs axés sur la filière éolienne de façon générale, qui vont l’influencer à divers degrés, le projet éolien, son processus décisionnel et les caractéristiques du milieu social.

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D’autres notions seront mobilisées au cours de la thèse, et notamment à propos des différentes formes d’opposition à l’éolien, qui ne se limitent pas au seul « NIMBY » (« pas dans mon jardin »), mais qui complètela notion (Wolsink, 2000). De plus, les travaux de Gross (2007) et Loring (2006) sur la participation du public au développement d’un projet éolien ont également été mobilisés. Par ailleurs, nous avons émis comme hypothèse que le territoire est un facteur pouvant jouer sur l’acceptabilité des projets éoliens. Dans le cadre de la recherche, nous nous sommes appuyés sur les travaux d’Alexandre Moine sur le territoire (2004), et notamment sur les interactions entre les acteurs et leur espace. Par ailleurs, la notion d’égalité des territoires sera utilisée pour éclairer les débats sur la transition énergétique et les oppositions faites entre l’égalité des territoires et la décentralisation de la production d’électricité liées à cette transition. Enfin, la thématique paysagère sera également étudiée, notamment sous l’angle de la mutation des paysages, et notamment sur « l’importance de la planification dans l’accompagnement des processus de recompositions territoriales générées par l’éolien » (Nadaï et Labussière, 2011).

La problématique qui commande cette thèse tient à une approche croisée entre transition énergétique, éolien, territoires ruraux et acceptabilité. C’est dans ce contexte que la recherche a été effectuée. Elle s’articule autour de l’acceptabilité des projets éoliens, dans différents espaces ruraux du Centre-Ouest de la France : Indre, Vienne et Haute-Vienne, et s’appuie sur des ressources complémentaires qui ont orienté le travail de recherche, que ce soit la mobilisation des aspects théoriques de l’acceptabilité de l’éolien, ou le travail de terrain réalisé. Ainsi, nous nous sommes demandé dans quelle mesure le développement d’un projet éolien génère des tensions voire des conflits d’usages ? Les tensions et oppositions envers un projet éolien sont relativement fréquentes en France comme ailleurs et peuvent prendre des formes variées. Un des volets de la recherche vise à comprendre, à propos de l’installation des parcs éoliens, quels sont les leviers d’opposition des citoyens dont les préoccupations environnementales affichées se traduisent dans les faits par un rejet de ces installations ? Les motifs d’opposition sont relativement bien connus, en revanche, il est intéressant de repérer les différents leviers pouvant entraîner une opposition ou le soutien d’un projet éolien.

Ainsi, la transition énergétique produit des bouleversements qui, pour le développement de l’éolien, affectent profondément les territoires ruraux. Le débat qui accompagne l’implantation d’éoliennes serait-il faussé par des comportements sociétaux nouveaux, par un ressenti, face à une innovation technique devenant pierre d’achoppement d’un projet ? Si les tenants de la réduction du CO2 semblent s’accorder contre les énergies carbonées, il nous apparaît logique

qu’ils soient parmi les défenseurs d’énergies renouvelables et d’une croissance verte. C’est là aussi une de nos hypothèses de travail que cette thèse va tenter d’éclairer. Cette hypothèse, qui accompagne la problématique ainsi exprimée, se double d’un autre volet : l’acceptabilité de l’éolien et le devenir des territoires ruraux comme supports d’une ressource d’énergie répartie, apte à dynamiser ces zones « en creux », telles que celles qui sont choisies comme exemples.

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Grâce à une expérience sur le terrain en amont de la recherche, effectuée dans le cadre de la thèse, nous avons pensé construire ce sujet sur l’acceptabilité des projets éoliens. En effet, un stage de fin de Master réalisé dans une entreprise de développement éolien, WPD, a permis une compréhension particulière de la problématique de l’éolien, au point de vue du « porteur de projet ». De plus, des échanges fréquents avec les chargés de développement de la structure ont permis de faire émerger des questionnements de recherche et d’adapter le travail pour une application des résultats sur le terrain. Les observations réalisées lors de ce stage et complétées par les échanges avec des chargés de développement éolien concernent les trois motifs d’opposition principaux rencontrés sur le terrain. Le premier est d’ordre économique, avec la baisse estimée de la valeur immobilière des habitations. Souvent la vraie raison de l’opposition est la crainte de voir le prix de l’habitation chuter, mais cet argument est généralement caché au profit d’autres motifs plus généraux et dont les conséquences sont collectives : les nuisances sur la santé, sur le paysage, sur l’environnement. Le second motif est lié au cadre de vie et à ses transformations, au choix de vie basé sur la recherche de la nature par les néo-ruraux, leur souhait de vivre à la campagne considérée comme un « décor ». La troisième raison est liée à l’idéologie de certains habitants sur l’énergie, le nucléaire étant souvent bien perçu car il emploie beaucoup de personnes et plus anciennement implanté mais qui connaît aussi une opposition virulente

Des questionnements secondaires étayent également la recherche : la structuration sociale du territoire d’implantation des infrastructures est-elle déterminante ? Les facteurs endogènes, géographiques et / ou sociologiques, sont-ils plus influents que les facteurs exogènes dans l’acceptabilité de l’éolien ? Quels sont les facteurs sociologiques qui influencent cette opposition à l’éolien ? Existe-t-il un ou plusieurs facteurs (catégorie socio-professionnelle, néoruraux, syndicalisation…) prépondérant dans la mesure de l’opposition au point d’effacer les autres ? Peut-on caractériser les anti-éoliens ? L’opposition est-elle la chasse gardée d’une seule catégorie sociale ?

Une approche comparative avec d’autres espaces ruraux européens, Allemagne, en particulier, devient essentielle pour éclairer la question à partir des caractères géographiques spécifiques et des facteurs politiques, sociétaux et économiques à l’œuvre. Peut-être existe-t-il une sensibilité franco-française face à l’acceptabilité de l’implantation de parcs éoliens, voire de l’acceptation d’infrastructures de production énergétique renouvelable. L’impératif majeur de développement des EnR, face aux effets environnementaux des émissions de CO2, et confirmé

par les politiques de l’UE, est-il perçu de même manière dans les pays européens ? Face au dilemme suggéré par le développement durable, la préservation de l’environnement, la réduction de la dépendance énergétique via le « bouquet » énergétique, ainsi que les retombées financières dans les espaces ruraux, supports de production d’électricité d’origine éolienne, le débat, au travers de ce sujet de thèse, aborde ainsi un volet fondamental des politiques énergétiques dans l’UE.

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Face au vent de fronde qui apparaît dès lors qu’un projet éolien est à l’étude, à la médiatisation du sujet et aux attaques dont l’éolien est l’objet, à la montée en puissance des oppositions qui va de pair avec la multiplication des projets, cette thèse va tenter de mesurer le phénomène à partir de plusieurs exemples en France et en Allemagne. L’objectif est d’en décrypter les ressorts et d’éclairer les manifestations sociétales qui accompagnent l’implantation de parcs éoliens, dans le contexte de réduction de la part du CO2 et des préconisations de l’UE quant à

la transition énergétique.

Terrain d’étude et cadre méthodologique

Le terrain d’étude est réparti sur trois départements du Centre-Ouest de la France : la Vienne,

la Haute-Vienne et l’Indre. Les projets éoliens étudiés grâce à des observations participantes et des entretiens sont situés dans trois sous-régions : la Champagne Berrichonne au nord-est de l’Indre, la Basse Marche au nord de la Haute-Vienne, et le Civraisien au sud-ouest de la Vienne.

Le choix des projets éoliens, en rouge sur la carte ci-dessus, dans ces trois espaces a été effectué selon plusieurs critères : le contexte règlementaire et éolien est différent dans chaque zone, qui sont chacune située en limite de département voire de région administrative, ce qui entraîne un

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enjeu supplémentaire dans l’élaboration des Schémas Régionaux Eoliens (SRE) et dans les densifications éoliennes potentielles. Le second critère est lié au projet éolien : le type de développement, privé, participatif et citoyen, et l’opposition présente ou non lors du montage de projet. Nous avons également pris dans les choix des projets le caractère rural et les aménités paysagères bien affirmées des territoires. Ces différences vont permettre de déterminer les critères d’acceptabilité des projets éoliens étudiés.

Nous nous sommes « écarté » de ces trois sous-régions pour compléter l’analyse avec le traitement de rapports d’enquêtes publiques de projets éoliens (en vert sur la carte ci-dessus), ce choix étant lié à la qualité des informations présentes dans les rapports, afin de réaliser des analyses statistiques.

La méthodologie employée pour réaliser la recherche est axée sur plusieurs points. Le premier

a été de définir le cadre conceptuel de l’acceptabilité de l’éolien afin de proposer une définition de cette notion, c’est un volet de méthodologie bibliographique. La lecture des différentes études et recherches sur le sujet a permis de faire ressortir d’une part une définition de l’acceptabilité sociale de l’éolien qui nous semblait adaptée aux premières observations réalisées sur le terrain en amont de la thèse, et d’autre part de compléter nos connaissances sur les différents motifs d’opposition à cette énergie. Suite à ce premier travail bibliographique, un recensement des avis sur des projets éoliens en cours de réalisation à proximité du terrain d’étude a été effectué afin de faire ressortir les spécificités des motifs de soutien ou d’opposition à l’éolien sur et à proximité de la zone d’étude. Des analyses statistiques ont été réalisées afin de faire des comparaisons sur les caractéristiques territoriales entre trois départements constituant le terrain le terrain d’étude : la Vienne, la Haute-Vienne et l’Indre. Cette phase nous a permis de connaître de façon précise les avis des habitants sur des projets éoliens en cours de développement à proximité de leur lieu de vie.

Cependant, deux éléments nous ont incité à poursuivre la recherche et la collecte des données via des entretiens sociologiques : le premier, basé sur une observation de terrain, est que les discours émis par les habitants lors d’enquêtes publiques ne représentent pas nécessairement leur avis personnel : il peut y avoir en effet un décalage entre ce qui est dit en enquête publique et dans un contexte privé. Le second élément, relatif à la recherche et lié au volet sociologique était de comprendre les raisons du soutien ou de l’opposition des habitants sur l’éolien. Leurs avis sont relativement bien connus, mais il est essentiel de connaître les facteurs à l’origine de l’émission de ces avis. C’est pourquoi des entretiens sociologiques ont été réalisés avec des habitants résidants à proximité de projets éoliens. Cette étape et les analyses qui en découlent constituent le cœur de la recherche.

Les entretiens ont été réalisé auprès d’habitants qui résident à proximité de projets éoliens. Un recensement des projets en cours de réalisations au sein du terrain d’étude a été effectué selon différents critères : nombre d’éoliennes, opposition, type de projet, localisation… Une série d’entretiens exploratoires a été menée avec des élus pour éclairer le contexte local d’arrivée de l’éolien sur le territoire concerné, puis une deuxième série d’entretiens a été effectuée auprès

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des habitants sur leur perception du projet. Les enquêtés ont été choisis de manière aléatoire. Une trame d’entretien a été effectuée suite aux enquêtes exploratoires et aux observations de terrain. Des comparaisons entre les différents territoires étudiés vont permettre de faire ressortir l’existence ou non des différentes formes d’acceptabilité de l’éolien par rapport aux caractéristiques territoriales.

Nous avons aussi effectué un voyage de terrain en Allemagne, en Rhénanie Palatinat, afin de s’intéresser à des parcs éoliens dans un pays où l’éolien est dynamique. L’objectif de cette observation de terrain est de vérifier comment se traduit le développement éolien et son acceptabilité du côté allemand et de comparer les cas étudiés avec les projets français. Cette comparaison s’intègre dans une étude plus large sur les dimensions politiques, sociétales, économiques, sociales et territoriales de la transition énergétique dans ces deux pays.

Plusieurs objectifs guident ce travail de terrain. Le premier est de comprendre comment s’opère l’acceptabilité locale de l’éolien sur le terrain d’étude, quels en sont les tenants et aboutissants afin de créer une grille d’action à destination des bureaux d’études et des acteurs agissant dans l’éolien (second objectif) afin d’obtenir une meilleure acceptabilité.

Organisation de la thèse

Les objectifs de la recherche sont multiples. Nous souhaitons comprendre comment s’opère l’acceptabilité sociale de l’éolien, que ce soit au niveau local, à l’échelle du projet, ou au niveau général, à l’échelle de la filière, et de mesurer les différences entre les deux. Une approche comparative et multiscalaire va permettre d’éclairer les différences suivant les territoires et les échelles. Une fois les ressorts d’acceptabilité relevés, un autre objectif vise à présenter une grille d’évaluation des projets éoliens, afin de proposer des solutions cohérentes pour les acteurs du territoire (entreprises de développement éolien, élus locaux, citoyens).

La thèse est organisée en quatre parties. La première partie est axée sur les notions et concepts qui ont été utilisés durant la recherche, de même que le terrain d’étude et la méthodologie employée. Le premier objectif de cette partie est d’analyser la mise en place de la transition énergétique, et l’évolution de la lutte contre les émissions de CO2, pour comprendre

l’émergence et le dynamisme des énergies renouvelables et de l’éolien en particulier, de mêmes que les tensions liées au développement d’énergies vertes. Le second objectif est de clarifier la notion de d’acceptabilité sociale de l’éolien, et de vérifier ses composantes. Enfin, le terrain d’étude sera présenté, de même que la méthodologie de recherche pour mesurer l’acceptabilité locale de projets et parcs éoliens.

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La seconde partie présentera les analyses issues des rapports d’enquêtes publiques et des entretiens. L’objectif est de comprendre comment s’opère l’acceptabilité sociale sur des projets spécifiques, en s’attachant aux avis émis par les habitants et aux raisons influençant le soutien ou l’opposition de la population locale sur l’éolien.

La troisième partie est axée sur des facteurs d’acceptabilité que l’on peut retrouver en dehors des projets « classiques1 » analysés en seconde partie. Une comparaison entre la France et

l’Allemagne sur la thématique de l’éolien, que ce soit au niveau politique ou au niveau local à l’échelle du projet, sera effectuée en chapitre 7 pour vérifier les différences entre les deux pays et de relever les facteurs de réussite de l’éolien en Allemagne, qui est le leader européen au niveau de la puissance éolienne installée. Le chapitre 8 sera consacré à un projet éolien citoyen situé au nord de la Haute-Vienne, au sein de la Basse Marche, afin d’analyser s’il existe des différences d’acceptabilité avec un projet « classique ».

La quatrième partie vient formaliser les résultats et proposer un volet pratique, d’application de la recherche à l’usage des porteurs de projets, sous la forme d’une grille d’actions, à partir des motifs d’opposition et des caractéristiques des opposants, contenant des préconisations axées sur l’acceptabilité, pour faciliter le développement de projets éoliens.

Ce travail de recherche s’articule autour de disciplines diverses, géographie, sociologie, ingénierie de projet, qui sont liées aux expériences acquises antérieurement ou durant la réalisation de cette thèse. La dernière partie du manuscrit, qui s’inscrit dans une démarche de géographie appliquée, a été élaborée de façon à valoriser les acquis de la formation de géographe et des travaux de recherche au plus près du terrain.

L’acceptabilité, étudiée dans cette thèse à partir d’un fait énergétique, l’énergie éolienne, dont l’actualité montre qu’elle est fréquemment l’objet de refus, entre donc dans une démarche à la fois scientifique et professionnelle.

1 Dans le cadre de la recherche, on s’est intéressé principalement à des projets éoliens développés par des entreprises privées.

Ce type de développement, menés par une entreprise ou un bureau d’étude, est majoritaire en France, c’est pourquoi le terme de projet « classique » est employé.

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Partie 1 : De la transition

énergétique au développement

éolien en espace rural : quelle

acceptabilité des projets ?

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La transition énergétique est un phénomène récent dans les politiques européennes et françaises en matière d’énergie. Cette transition découle des différentes prises de consciences des impacts des activités humaines sur l’environnement, notamment durant les conférences internationales sur le climat.

Les espaces ruraux sont au cœur de cette transition énergétique, notamment avec le développement de l’énergie éolienne, l’énergie renouvelable la plus mature en matière de capacité installée et de production d’électricité verte en France, derrière l’hydroélectricité. L’éolien apporte également des retombées économiques importantes pour ces espaces ruraux, ce qui est essentiel dans un contexte de diminution des dotations de l’Etat.

Néanmoins, les campagnes sont soumises à des évolutions, en raison de l’implantation des aérogénérateurs, des mutations paysagères, économiques et sociales. Des tensions et des conflits d’usage au niveau local sont de plus en plus répandus, ce qui est paradoxal au regard des sondages sur l’acceptabilité de l’éolien. En effet, d’après un sondage de 2018, 84% des français seraient favorables à l’éolien, mais on retrouve des tendances inverses dès lors que l’on s’intéresse au développement éolien local. Près de 70% des projets éoliens font face à un recours en justice.

L’acceptabilité des projets éoliens prend alors tout son sens, notamment au regard des objectifs européens et français en matière de développement des énergies renouvelables : pour 2030, la France s’est fixée d’atteindre 32% d’EnR dans sa consommation énergétique.

Nous allons dans cette première partie s’intéresser à la transition énergétique et au développement éolien, à leurs modalités de mise en place et les conséquences pour les territoires ruraux. Différents espaces ruraux ont été choisis dans le cadre de la recherche : nous allons les présenter, avant de s’attacher au cadre théorique de l’acceptabilité sociale et aux différentes méthodologies pour répondre à nos problématiques.

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Chapitre 1 : La transition énergétique et le

développement éolien : modalités de mise en place et

conséquences

La transition énergétique est un processus contemporain, qui se traduit par le passage d’une production et consommation d’énergie carbonée à une énergie dite propre. La mise en place de cette transition induit un développement des énergies renouvelables, et notamment de l’éolien. Ce chapitre va être consacré aux modalités de mise en place de la transition énergétique, ces conséquences économiques, sociétales, territoriales, avant de s’intéresser à l’éolien.

1.1.1 La transition énergétique : des prises de consciences environnementales aux volontés de mise en place d’un nouveau modèle énergétique

La transition énergétique est un sujet ancré dans l’actualité, tant dans les politiques européennes et nationales qui veulent réussir cette transition, que dans les préoccupations des citoyens.

Elle consiste à un changement de système énergétique, constituée de trois piliers : − diminution de la consommation d’énergie (sobriété) ;

− amélioration de l’efficacité énergétique ;

− accroissement de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

Cette transition implique des mutations multiples, au niveau de notre système énergétique, mais également au niveau économique, que ce soit les couts induits ou les retombées pour les territoires, au niveau sociétal avec des modifications de comportement nécessaires, ainsi qu’au niveau territorial.

Avant de détailler les composantes de la transition énergétique et les mutations attendues et potentielles induites, il convient d’analyser les facteurs ayant conduit à l’apparition de ce besoin de transition. On va notamment s’intéresser au contexte historique, aux différents mouvements et conférences internationales qui ont conduit à une prise de conscience des conséquences des activités humaines sur l’environnement. De même, on va aborder les différentes mesures prises au sein de l’Union Européenne et en France pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les conséquences de ces applications sur les émissions de GES. Enfin, la dernière sous-partie sera consacrée à une analyse des mutations engendrées par la transition énergétique.

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1.1.1.1 Les impacts des activités humaines sur l’environnement, prélude de la transition énergétique

La prise de conscience des conséquences des activités humaines sur l’environnement par les sphères politiques, françaises et internationales, a débuté durant les années 1970, avec la création du club de Rome2, et un rapport commandité par ce groupe à une équipe du MIT dirigé par D. Meadows. Le « rapport Meadows » comprend une analyse de la situation et le déroulement des événements en considérant que le contexte économique et écologique n’infléchit pas. Une simulation a été réalisée, en prenant en compte les interactions entre cinq facteurs : population, production alimentaire, industrialisation, pollution et utilisation des ressources naturelles non renouvelables et les conséquences sur la planète. Plusieurs modèles sont ainsi proposés, et mettent en avant un cercle vicieux : la population augmenterait de plus en plus, ce qui entrainerait une consommation accrue des ressources, ainsi qu’un accroissement de la pollution, auxquels le rapport attribue la responsabilité des problèmes environnementaux, précisant que la croissance ne peut augmenter indéfiniment. Ces éléments sont tirés du rapport Meadows, et ne sont pas des faits avérés. Cependant, le rapport a conduit durant son époque à une certaine prise de conscience des conséquences des activités humaines sur l’environnement même si aucune mesure n’est prise.

Les Nations Unies organisent ensuite la conférence de Stockholm (du 5 au 16 juin 1972), qui aboutit sur une déclaration solennelle sur l’environnement et un plan d’action en 109 recommandations. La déclaration finale de la conférence de Stockholm est composée de plusieurs principes que les Etats doivent tenir. La protection de l’environnement est au cœur des principes proclamés lors de la conférence, effet de la prise de conscience des impacts de l’activité humaine sur la nature. Cette prise de conscience fait notamment suite aux conclusions du rapport Meadows. Vingt ans après, en 1992, le sommet de la Terre, à Rio, permet de prolonger les principes énoncés lors de la conférence de Stockholm. Parmi les principes, les Etats ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources suivant leur politique environnementale sans causer de dommages dans d’autres pays. Deux notions importantes ressortent de la déclaration finale pour guider la politique environnementale des Etats :

− le principe de précaution : chaque pays doit mettre en place des mesures de précaution pour protéger l’environnement ;

− le principe du pollueur-payeur.

Le domaine de l’énergie est directement concerné par ces principes, notamment celui du pollueur-payeur que l’on retrouve par la suite dans le protocole de Kyoto.

La dimension énergétique a également été au cœur des préoccupations depuis les années 1970. En France, le choc pétrolier de 1973 permet également à l’Etat de prendre conscience de la

2 En 1968, le Club de Rome est créé par l’italien Aurelio Peccni. Ce groupe de réflexion réunissait des scientifiques, des hauts

fonctionnaires, des économistes, des hommes d’affaires et des personnalités politiques. Le Club de Rome est créé notamment pour dénoncer les actions de l’homme sur la nature

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nécessité de diversifier ses approvisionnements, et d’envisager plus sérieusement les économies d’énergies et le recours aux énergies vertes. Plusieurs organismes sont créés durant cette période de crise pétrolière, dans le but de mieux gérer la consommation d’énergie : « l’Agence de l’économie de l’énergie (AEE en 1974), l’Agence nationale pour la récupération des déchets (ANRED, 1977) et le Commissariat de l’énergie solaire (CES, 1978). Six ans plus tard issus de la fusion de l’ANRED, AFME et l’agence de qualité de l’aire (AQA), en 1992, est née l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (ADEME)3 ».

Les débats sur l’énergie vont s’intensifier à partir de 1979 avec l’accident nucléaire de Three Miles Island (Pennsylvanie, USA), où l’énergie nucléaire est remise en cause. « Les revendications [de l’association « Les Amis de la Terre »] proposent un changement dans la politique énergétique de la France et son orientation vers les « énergies nouvelles ». Néanmoins, leur lutte est axée vers un changement de la société plutôt que vers un changement de la politique énergétique4 ». Le développement énergétique restera axé sur le nucléaire jusqu’au

début des années 1990, les énergies renouvelables et alternatives n’étant pas développées. Les volontés de modifier de système de production énergétique ne sont pas corrélées à la volonté de protéger l’environnement jusque dans les années 1990, mais plutôt sur la sécurité énergétique, et la sécurité des systèmes de production.

Ce n’est qu’à partir de 1992, et le sommet de la Terre de Rio, que la diversification énergétique au profit des renouvelables va être mise en place. Le sommet de la Terre de Rio a eu pour conséquence d’accélérer le processus de développement des énergies renouvelables (EnR) en Europe, développement qui touchera la France à partir de 1997 avec le protocole de Kyoto qui fixe des objectifs en termes de réduction des émissions de GES. Cet accroissement des EnR sur le territoire français est aussi le fait de la mise en concurrence de la production d’énergie au sein de l’Europe, ce qui conduit le pays à diversifier sa production.

En 2012, à la conférence de Rio (Rio +20), les prises de conscience et volonté d’agir n’ont pas abouti sur des actions concrètes en matière de protection de l’environnement. En effet, le PNUE a établi que seulement 4 objectifs sur les 90 qui avaient été reconnus au niveau international pour la protection de l’environnement ont été tenus. La déclaration finale de la conférence n’a pas été au niveau des espérances et de la situation critique que subit la planète. La COP 21, organisée en France en 2015, a débouché sur l’accord de Paris, jugé historique par un bon nombre d’observateur dans la mesure où l’ensemble des pays du monde sont impliqués. Néanmoins, les engagements pris lors de la COP 21 ne permettront pas de limiter le réchauffement à 2°C d’ici 2100. Les limites mises en avant sont qu’il semble encore difficile pour les pays industrialisés de se passer des énergies fossiles, et que la demande énergétique des pays en développement tend à augmenter de manière significative. Néanmoins, les Etats-Unis se sont retirés de cet accord en juin 2017. Les conséquences de ce retrait sont difficilement

3 Ibid.

4 Diana Gueorguieva-Faye, Enjeux autour de l’énergie électrique éolienne en Ardèche. La construction sociale du plateau de

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mesurables : il ne sera actif qu’à partir de 2020, mais d’autres moyens sont « mobilisables » pour sortir de la lutte contre le réchauffement climatique.

Malgré un contexte politique international peu favorable à une transition énergétique majeure, notamment avec les prises de position récentes des Etats-Unis et son retrait des accords de Paris sur l’environnement, la France bénéficie, avec l’organisation de la COP 21 en 2015 et l’adoption de la loi sur la transition énergétique, d’un contexte politique plutôt favorable pour la mise en place de sa transition énergétique. En effet, l’énergie est mise en avant comme secteur sur lequel des efforts doivent être réalisés pour contribuer à limiter le réchauffement climatique.

1.1.1.2 La transition énergétique en France : vers une contribution de la réduction des émissions des GES ?

La transition énergétique bas carbone implique de passer d’un système basé sur la production et la consommation d’énergie carbonée à une production et consommation d’énergie propre. Plusieurs voies sont possibles pour mener cette transition énergétique (maîtrise de la consommation énergétique, diversification des technologies de production) qui doivent chacune contribuer à sa mise en place. C’est dans cette logique qu’a été conçue la politique européenne des « 3 fois 20 », qui consiste à diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre, de porter à 20% la part des renouvelables dans la consommation énergétique finale et d’augmenter de 20% l’efficacité énergétique.

Le contexte énergétique français est particulièrement intéressant pour la mise en place de cette transition, dans la mesure où le pays a acquis l’autosuffisance énergétique grâce au nucléaire, une énergie qui n’émet que très peu de CO2 durant son utilisation (mais qui, en amont et en aval

de son utilisation, entraîne des problèmes environnementaux important, que ce soit pour l’extraction de l’uranium ou pour le stockage des déchets par exemple).

Le nucléaire est devenu en France, durant les années soixante-dix, la voie vers l’autosuffisance et l’indépendance énergétique. Le déclencheur a été, en 1957, l’installation du premier réacteur nucléaire aux Etats-Unis, qui a permis de lever les doutes quant à son utilisation et à sa sécurité. De même, au niveau européen est crééela Communauté européenne de l’énergie atomique en 1957, qui prône la diversification des approvisionnements énergétiques, notamment en utilisant l’énergie nucléaire. Après plusieurs années de recherches pour adapter l’énergie nucléaire à une production industrielle, c’est en 1969 que cela est rendu possible, avec un développement massif à partir de 1973, en raison du premier choc pétrolier. Le nucléaire devient le principal secteur de développement énergétique de la France, avec en parallèle une volonté de la part de l’Etat de réduire l’utilisation du pétrole. « L’industrie électronucléaire s’installe durablement dans la politique énergétique française et ceci malgré les réticences du mouvement écologiste

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durant ces années soixante-dix. […] Cependant, le développement du nouveau mode de production d’énergie prime devant l’économie d’énergie5 ». Le nucléaire s’est développé

relativement rapidement, ce qui a permis à la France de devenir indépendante énergétiquement. En 1977, 8,4% de la production d’électricité en France venait du nucléaire, elle passe à 37% en 1981, et, en 2017, elle atteint 77%6 .

Depuis 30 ans, la France a vu sa consommation d’électricité doubler, et même tripler dans le secteur résidentiel et tertiaire. Sur la même période, le prix de l’électricité a diminué de manière conséquente pour les ménages. Dans l’industrie, la consommation d’énergie a diminué de 22% sur la même période.

Graphique n°1 : Evolution de la consommation et du coût de l’électricité par habitant en France

Source : Base PEGASE - Service de l'Observatoire de l'Energie. Réalisation : R. Garcia, 2015.

Cette baisse du cout de l’électricité sur 30 ans peut s’expliquer par l’amortissement des centrales nucléaires, qui permettent de produire actuellement une électricité à bas coût avec des rendements importants. Les progrès technologiques, le développement de la société française et l’entrée dans une ère de consommation de masse ont favorisé l’augmentation de la consommation d’électricité par les ménages. Paradoxalement, la facture énergétique du pays augmente depuis 1999 après avoir diminué puis stagné sur les 20 années précédentes. Cette augmentation est due aux importations d’énergie. Néanmoins, le prix de l’électricité payé par

5 Géographie de l’énergie. Acteurs, lieux et enjeux, Bernadette Mérenne-Schoumaker, Belin, 2011, page 117. 6 Source : EDF / RTE

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le consommateur n’est pas représentatif des coûts réels, dans la mesure où ils ne prennent pas en compte l’investissement nécessaire pour prolonger les sites nucléaires. Par ailleurs, le coût des renouvelables, notamment l’éolien, est relativement cher en raison des tarifs d’achat élevés mis en place par l’Etat pour faciliter le développement de la filière.

Malgré la capacité de production électrique importante via le nucléaire, la France a dû faire évoluer sa production en la diversifiant, sous le coup des directives européennes qui favorisent le développement des énergies renouvelables.

L’U.E a mis en place plusieurs directives en faveur des EnR afin d’avoir une production énergétique plus respectueuse de l’environnement tout en se sortant de la dépendance aux combustibles fossiles, et donc de la dépendance des pays hors-UE. Deux autres objectifs européens sont également souhaités, et découlant de ceux énoncés auparavant : l’énergie et son prix ne doivent pas être un frein à la compétitivité de l’UE, et les réseaux énergétiques doivent être développés. La première directive, du 27 septembre 2001, relative à la lutte contre le changement climatique, introduit les EnR et préconise leur utilisation pour contribuer à cette lutte. La seconde directive, de 2009, met en place le paquet Energie-Climat et fixe des objectifs à atteindre pour le développement des EnR. Ce paquet Energie-Climat a notamment fixé les objectifs suivants, constituant le moteur du développement des EnR : « réduire de 20 % d’ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne et à porter sa part d’énergie renouvelable dans la consommation énergétique de 8,5 % en 2006 à 20 % en 20207 ».

La France est entrée dans ce développement des renouvelables avec la loi de programme (2005), qui fixe les orientations de la politique énergétique, permettant de renforcer le développement des EnR. La loi fixe de manière chiffré les objectifs à atteindre : une production de 10% des besoins énergétiques nationaux à partir des EnR pour 2010 et atteindre 21% de la consommation avec la production intérieure d’EnR. Ces objectifs chiffrés sont traduits dans les programmations pluriannuelles des investissements (PPI). Cette loi de programme a été suivie en 2007 par le Grenelle de l’environnement, qui avait comme objectif d’établir des actions à tenir afin de « développer durablement » le pays. L’Etat s’est associé à la société civile dans des exercices de concertation afin de faire ressortir des actions sur plusieurs grands thèmes dont celui du changement climatique et de l’énergie. C’est ainsi que le facteur 4 est né, ayant pour objectif une réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Cet objectif quantitatif fait partit du troisième chantier thématique de la loi, axé sur la diminution des consommations d’énergie et du contenu en carbone de la production. Un volet est consacré aux énergies renouvelables, avec la création pour la filière éolienne de schémas régionaux (les SRE), la mutualisation des frais de raccordement au réseau électrique et la création d’un schéma de raccordement au réseau.

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La France a ainsi débuté sa transition énergétique au début des années 2000, en intégrant dans son mix énergétique les énergies renouvelables. Depuis la mise en place des directives européennes, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué dans la plupart des pays de l’U.E depuis 2003.

Carte n°1 : Les émissions de GES dans le secteur de l’énergie en Europe

La réduction de ces gaz dans le secteur énergétique est un enjeu essentiel puisque ces émissions concernent en moyenne près de 77% des émissions totales de GES. La mise en place d’énergies moins carbonées et de technologies plus performantes est l’une des composantes de la diminution des émissions observée depuis 2003. La part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie des pays de l’UE a dépassé, pour la plupart des pays, les 10%.

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Carte n°2 : Part des EnR dans la consommation finale d’énergie en Europe en 2012

Les pays d’Europe du nord se démarquent du reste de l’UE, avec une consommation électrique issue des renouvelables relativement importante, dépassant les 30% (Norvège, Finlande, Suède, Lettonie).

Bien que la transition énergétique française ait débuté dans les années 2000, une énergie renouvelable plus ancienne a été développée de façon importante en France durant la première moitié du XXème siècle : l’hydroélectricité. La force de l’eau a longtemps été l’une des principales formes de production d’énergie dans le monde. En 1960, près de 56% de l’électricité française était d’origine hydraulique (source : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/hydroelectricite). L’hydroélectricité est historiquement la première énergie

renouvelable en France, de même que dans les puissances installées et dans la production qui en découle.

Tableau n°1 : Puissance installée et production d’électricité de la filière hydroélectrique par type d’installation en 2013

Type d’installation Puissance installée (GW) Production (TWh)

Fil de l’eau 7,7 30

Eclusées 3,9 10

Lac 9,6 15

Stations de transfert d’énergie par pompage 4,6 1,2

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En 2013, la production électrique de la filière hydroélectrique représentait environ 12% de la production totale, en France. La puissance installée est stable depuis les années 1990, et n’a que très peu augmenté.

Au niveau européen, la France et la Norvège font figure de leader en puissance installée (28% de la puissance totale à eux deux, source : RTE, Panorama de l’électricité renouvelable en 2015). L’hydroélectricité est la première source d’électricité renouvelable au sein de l’U.E (202 GW installés en 2015 et une production de 563 TWh entre juin 2014 et juillet 2015, soit 17% de la production électrique totale européenne sur la même période (source : RTE, Panorama de l’électricité renouvelable en 2015).

On retrouve, que ce soit à l’échelle européenne ou française, des régions et des pays « moteurs » dans la production d’électricité d’origine hydraulique.

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Page | 28 Source : ENTSO-E et RTE (Panorama de l’électricité renouvelable, 2015)

La production d’électricité d’origine hydroélectrique des pays européens apporte un éclairage complémentaire au dynamisme de certain pays quant à leur consommation d’énergie d’origine renouvelable. En effet, la Norvège et la Suède ont des productions d’électricité d’origine hydroélectrique relativement élevées en comparaison d’autres pays européens, ce qui leur assure une électricité d’origine renouvelable. L’engagement des pays européens dans le processus de transition énergétique et de réduction des gaz à effet de serre n’est pas seulement lié aux directives européennes, élaborées à partir des années 2000, mais aussi grâce à un potentiel hydroélectrique important valorisé depuis de nombreuses années, et assurant une électricité renouvelable importante pour certains pays. Il existe une dimension géographique importante dans le développement des renouvelables. En effet, ces énergies sont liées à des ressources naturelles présentes ou non au sein des territoires, ce qui renforce la territorialisation de certaines énergies renouvelables par rapport à la présence ou non des potentiels en vent, eau ou soleil par exemple.

✓ Le cas de l’énergie éolienne

Parmi l’ensemble des énergies renouvelables, nous allons nous intéresser plus spécifiquement à l’énergie éolienne au sein de l’UE. L’éolien a connu un boom durant 1a fin des années 1990, avec notamment la mise en application de certains objectifs venant du protocole de Kyoto. Néanmoins, l’Union Européenne est en retard sur l’objectif fixé pour 2020 d’installer 213 563 MW d’éolien dont 44 224 en offshore. En 2012, l’U.E avait une puissance installée de 107 602 MW, soit 50,4% du total à atteindre d’ici 2020. Le retard pris par l’U.E est contrasté au sein des différents pays qui la compose : l’Espagne, le Portugal ou la France sont en retard sur leurs objectifs nationaux de puissance éolienne installée tandis que l’Allemagne, l’Italie ou la Suède sont plus dynamiques.

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Graphique n°2 : Production d’électricité d’origine éolienne dans l’U.E entre 1990 et 2012

Source : Eurostat

Graphique n°3 : Puissance éolienne installée dans les principaux pays européens fin 2012

Source : Eurobserv’Er 2013

L’Allemagne et l’Espagne sont les leaders européens en termes de MW installé issu de la filière éolienne. La France est en retard par rapport à ces deux pays. L’Allemagne a axé son développement énergétique en partie sur les EnR, et a constitué un plan de sortie du nucléaire d’ici à 2022. La mise de l’éolien a donc été importante, ce qui explique son statut de leader européen en matière d’éolien terrestre installé.

Le développement des énergies renouvelables est l’une des voies choisies par l’Union Européenne et par la France pour réussir leur transition énergétique. Malgré les politiques mises en place (paquet énergie-climat et Grenelle 1 et 2 en France), qui sont plutôt ambitieuses en termes d’objectifs à réaliser d’ici 2020 (les 3 fois 20), la transition énergétique reste difficile à mettre en œuvre.

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1.1.1.3 La transition énergétique : vers des mutations multiples

La transition énergétique apparaît comme l’un des moyens mis en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette transition consiste à changer de modèle énergétique, en s’appuyant sur trois grands piliers : la sobriété, qui consiste à une diminution de la consommation d’énergie, l’amélioration de l’efficacité énergétique, et dernier point qui nous intéresse plus particulièrement, accroitre la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique afin de de se passer des énergies carbonées et du nucléaire.

✓ Un contexte énergétique et technologique « défavorable » à la transition énergétique

L’Union Européenne, comme indiqué dans les parties précédentes, s’est saisie de la transition énergétique pour adopter un cadre règlementaire en faveur de sa réalisation, avec les différents « paquets énergie climat ». Le troisième paquet énergie climat correspondait aux « trois fois 20 » à atteindre pour 2020. Le prochain paquet, nommé « énergie propre pour tous les européens », élaboré à partir de 2016, entend renforcer les objectifs précédents. Les négociations sont en cours au sein des instances européennes, et doivent aboutir à un paquet final d’ici fin 2018, découpé en trois parties relatives aux piliers de la transition énergétique. Concernant les énergies renouvelables, aucune déclinaison nationale sera proposée, l’objectif de développement étant fixé entre 27 et 33% de renouvelables pour 2030 dans la consommation d’électricité. En France, l’objectif de développement des renouvelables est fixé à 32% dans la consommation électrique totale d’ici 2030.

Pour la France, les investissements financiers nécessaires pour tenir l’ensemble des objectifs8

liés à la transition énergétique sont estimés par l’OCDE entre 60 et 70 milliards d’euros par an. L’inaction est chiffrée quant à elle entre 100 et 150 milliards d’euros en 2050, ou à 70 milliards d’euros par an d’importation d’énergie fossile (chiffre basé sur les valeurs financières de 2012). Le coût de la mise en place de la transition énergétique est donc à relativiser, et cette dernière, en plus de limiter les émissions de gaz à effet de serre, serait la moins coûteuse à mettre en place par rapport à une conservation du système énergétique basé sur les fossiles.

Cette transition, bien qu’elle soit de plus en plus prégnante dans les politiques énergétiques européennes et françaises, n’est pas aisée à mettre en place dans la mesure où les énergies carbonées sont encore présentes en quantité, ont un coût relativement avantageux, les renouvelables sont coûteuses et sont intermittentes, notamment l’éolien et le solaire. Cette transition doit donc impliquer un « véritable changement de paradigme dans les fondements de

8 Les objectifs liés à cette transition énergétique sont, en France, de diviser « par quatre des émissions de GES en 2050 par

rapport à 1990 (réduction de 40 % en 2030), réduire de la consommation finale d’énergie de 50 % en 2050 par rapport à 2012 (réduction de 20 % en 2030), diversifier la production d’électricité pour passer la part du nucléaire à 50 % en 2025 et passer de 14 % à 32 % d’EnR dans la consommation finale d’énergie en 2030 » (Laboratoire de l’économie sociale et solidaire, Pour une transition énergétique citoyenne, septembre 2015, page 8).

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nos sociétés9 ». Bien que la transition énergétique soit essentielle à mettre en place au vu des évolutions climatiques récentes, les auteurs notent toutefois que l’un des défis pour y arriver est d’adapter « en cette première moitié du XXIème siècle des technologies qui ne feraient leur place naturellement que durant sa deuxième moitié au mieux, soit trop tardivement pour contenir le changement climatique10 ». En effet, les technologies pointées par les auteurs sont

relatives aux énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien. Elles sont soumises aux aléas climatiques, ce qui ne leurs permettent pas de produire en continu. Dans la mesure où les systèmes de stockage de l’électricité ne sont pas encore au point, il est essentiel de coupler ces énergies à des systèmes pouvant produire de l’électricité en fonction de la demande. C’est pourquoi les auteurs évoquent le besoin d’adapter ces énergies renouvelables pour qu’elles puissent prendre le relais des systèmes carbonés et du nucléaire pour la France. De plus, la temporalité pour mettre en place cette transition est questionnable : pour contribuer à l’objectif de la limitation de la hausse des températures à deux degrés, il faut que cette transition soit mise en place très rapidement, on peut donc questionner le sens du terme transition qui doit, si l’on se réfère aux objectifs internationaux, rompre avec les systèmes de production énergétiques actuels. Il apparait que cet objectif des deux degrés ne sera probablement pas atteint, en raison de plusieurs facteurs.

Malgré les politiques volontaristes menées à l’échelle internationale (comme l’accord de Paris), européenne (paquet énergie climat par exemple) ou en France (loi sur la transition énergétique de 2015), les réserves actuelles d’hydrocarbures sont encore importantes ce qui n’incite pas à réaliser un changement drastique de modèle, et il existe encore des doutes sur le réchauffement climatique et l’implication des hommes dans ce changement. En 2012, à la conférence de Rio (Rio +20), les prises de conscience et volonté d’agir n’ont pas abouti sur des actions concrètes en matière de protection de l’environnement. En effet, le PNUE a établi que seulement 4 objectifs sur les 90 qui avaient été reconnus au niveau international pour la protection de l’environnement ont été tenus. La déclaration finale de la conférence n’a pas été au niveau des espérances et de la situation critique que subit la planète. Certains auteurs ont notamment noté un « retour à une logique de realpolitik. Non seulement le multilatéralisme semble en panne, mais une vision intégrée du développement durable marque le pas face au retour à un développementalisme dur, dans un marché mondial dérégulé. […] Rien ne prédispose à la structuration, pourtant urgente, des institutions et des paradigmes qui permettront de mettre en place les politiques de l’anthropocène » (D. Chartier et J. Foyer, 201211). La COP 21, organisée

en France en 2015, a débouché sur l’accord de Paris, jugé historique par un bon nombre d’observateurs dans la mesure où l’ensemble des pays du monde sont impliqués. Néanmoins, les engagements pris lors de la COP 21 ne permettront pas de limiter le réchauffement à 2°C d’ici 2100. Les limites mises en avant sont qu’il semble encore difficile pour les pays

9 J.M. Chevalier, M. Cruciani, P. Geoffron, Transition énergétique. Les vrais choix, page 49, Ed. Odile Jacob, Paris, 2013 10 Chevalier, Cruciani, Geoffron, 2013, page 50

11 Chartier Denis et Foyer Jean, « Rio+20 : la victoire du scénario de l'effondrement ? », Ecologie & politique, 2012/2 N° 45,

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industrialisés de se passer des énergies fossiles, et que la demande énergétique des pays en développement tend à augmenter de manière significative. De plus, on peut s’interroger sur la mise en application de ces accords de Paris avec la volonté de des Etats-Unis de renégocier ces accords.

Plus localement, en France, les débats qu’ont suscité la mise en place de la loi sur la transition énergétique pour une croissance verte en France est un exemple concret des réticences à mener une politique volontariste en matière de protection de l’environnement.

Malgré les réticences et certains blocages, cette transition énergétique est en cours de réalisation, et elle a trouvé écho chez plusieurs acteurs, que ce soit la société civile, le secteur de l’économie et de la finance, ou encore au sein des collectivités territoriales.

✓ Une multiplicité d’acteurs œuvrant dans la transition énergétique

La société civile, via les associations et les ONG notamment, mènent des actions de sensibilisations, d’informations ou des expérimentations sur les réductions de consommation d’énergie ou sur les renouvelables par exemple. Ces actions ont parfois débuté avant une prise de conscience et une institutionnalisation de la transition énergétique au niveau des Etats. D’une certaine manière, l’économie sociale et solidaire a contribué à une prise en charge de cette transition par les Etats.

La transition énergétique a également été saisie par les acteurs du secteur économique, notamment au vu des potentialités offertes en termes de marchés par sa mise en place (énergies renouvelables, efficacité énergétique, sobriété). Au niveau des technologies, les avancées sont nombreuses, signe des investissements consentis pour faire avancer la transition énergétique. Les retombées économiques liées à ces investissements en sont le moteur principal. Par exemple, si l’on prend la filière éolienne, les évolutions technologiques permettent aux aérogénérateurs récents d’être plus performants en termes de production. Une meilleure production permet ainsi des retombées supplémentaires. Ces évolutions contribuent également à l’apparition d’éoliennes moins bruyantes, afin de faciliter leurs implantations vis-à-vis des habitants proches. La transition énergétique entraîne par ailleurs une mutation des secteurs d’activités présents dans le domaine énergétique, et doit faire face à des freins, notamment les lobbys.

Les collectivités territoriales représentent un acteur essentiel dans l’application au niveau local de la transition énergétique. En effet, elles se sont saisies de la thématique, parfois de manière ambitieuse. Cela se retrouve par exemple dans les Plans Climat Energie Territoire (PCET), ou dans l’engagement dans un projet d’énergie renouvelable. Certains territoires font partie du réseau « TEPOS », les « territoires à énergies positives ». Le dynamisme de certaines communes ou communauté de communes dans l’application des différents piliers de la transition énergétique leurs permettent de produire leur énergie à partir des renouvelables afin

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