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Des facteurs d’acceptabilité à remanier : la prédominance de la dimension territoriale et de l’association des habitants à la conception des projets

caractérisation des enquêtés

2.6.1 Des facteurs d’acceptabilité à remanier : la prédominance de la dimension territoriale et de l’association des habitants à la conception des projets

L’étude a permis d’identifier le fait qu’une analyse géographique est indispensable pour comprendre l’acceptabilité de l’éolien au niveau local : les caractéristiques territoriales semblent en effet influencer le soutien ou l’opposition aux projets, bien que ce ne soit pas les seuls facteurs (l’information et la concertation sont également des éléments importants). Cette prédominance de la dimension territoriale est un élément qui ne ressort pas en tant que tel dans la définition prise en compte en première partie, et va donc être « ajoutée ». En revanche, l’association de la population dans les projets éoliens est un facteur à part entière dans la définition prise en compte, mais c’est un élément qui, dans les faits, n’était pas effectif sur les projets étudiés.

2.6.1.1 La conception du projet éolien et l’association des habitants, facteurs centraux de l’acceptabilité

L’analyse des rapports d’enquêtes publiques et des entretiens ont permis de mettre en évidence différents thèmes mis en avant par les participants pour soutenir ou s’opposer aux projets concernés. Si l’on reprend la définition de l’acceptabilité sociale de l’éolien présentée en première partie, on peut se rendre compte que la plupart des thèmes qui ressortent de

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l’analyse des rapports d’enquêtes publiques et des entretiens étayent les facteurs composant l’acceptabilité. Néanmoins, à la vue des résultats, plusieurs facteurs peuvent être remaniés. En effet, en première partie, nous avons repris les facteurs composant l’acceptabilité dans le tableau suivant :

Tableau n°18 : Facteurs constitutifs de l’acceptabilité sociale de l’éolien

Dimensions Facteurs constitutifs

Filière Attitude initiale Décalage entre la perception initiale des habitants

sur l’éolien de manière générale, et la perception au niveau local lorsqu’un projet est développé à proximité des habitants. De manière générale, la population va être favorable à l’implantation d’éolienne mais pas dans son territoire.

Cadre institutionnel L’absence de cadre institutionnel peut être un élément d’inacceptabilité de la filière (le développement peut être jugé anarchique par certains opposants, crainte de projets non concertés au niveau des entreprises de développement éolien et pas de vision globale du développement

Projet Impacts Les impacts (perçus) sur la santé, le cadre de vie

(bruit, visuel), le paysage, l’environnement sont autant de facteurs d’inacceptabilité des projets. Retombées Les retombées économiques (taxes pour les

territoires, revenus pour les agriculteurs) peuvent contribuer à rendre acceptable le projet éolien. Origine et contrôle

local

Origine du développement (entreprise, citoyen, élus), place des citoyens dans les choix de développement, confiance accordée à la société de développement.

Processus décisionnel

Légitimité du processus

Participation et concertation du public (le projet est-il en accord avec les attentes du public ?)

Equité de la décision

Caractéristique du milieu social

Construction d’un capital institutionnel

Source : Saucier (et al.), Développement territorial et filière éolienne. Des installations socialement acceptables : élaboration d’un modèle d’évaluation de projets dans une perspective de développement territorial

durable, Rapport final, Unité de recherche sur le développement territorial et la filière éolienne, UQAR, 2009.

Deux dimensions vont être remaniées suite aux différentes analyses réalisées précédemment (chapitre 4 et 5). La première concerne la dimension « projet », dans laquelle une rubrique conception du projet est ajoutée. Cette rubrique intègre des éléments spécifiques aux pratiques des sociétés de développement éolien. Les griefs relevés dans les corpus à disposition sont axés d’une part sur la conception du projet jugée mauvaise par les habitants (implantation des éoliennes et proximité des habitations, dossier trop complexe, manque d’équilibre dans le développement des projets, faible prise en compte des impacts sonores et visuels), et d’autre part sur le manque de prise en compte des spécificités territoriales par les chargés de

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développement. Un dernier élément vient compléter la rubrique et est lié aux situations concurrentielles qu’il peut y avoir entre sociétés de développement éolien sur une même zone, qui peut entraîner une inacceptabilité de la population, comme on a pu l’analyser dans le chapitre 5.

Par ailleurs, certaines attitudes des chargés de développement éolien, en décalage des attentes du public, ont été critiquées par certains habitants rencontrés, notamment dans la prise en compte des avis des personnes.

Au sein des rapports d’enquêtes publiques, la conception du projet est jugée soit mauvaise par les opposants, soit relativement bonne par les personnes favorables. Au sein des trois départements analysés, la mauvaise conception du projet revient à hauteur de 17,5% chez les opposants, ce qui représente la troisième remarque émise dans les rapports d’enquêtes publiques. Ici, la conception des projets prend uniquement en compte les remarques émises sur les dossiers d’études, l’emplacement des éoliennes ou encore la difficulté d’accès aux résultats, et ne prend pas en considération les processus d’information, qui ont été analysés à part (et qui correspond au facteur « légitimité du processus / équité de la décision ») de même que l’ensemble des impacts. Les avis des habitants relatifs à la mauvaise conception des projets (selon eux) sont de deux grands types : d’une part, sur les dossiers d’études d’impacts et de danger qui sont jugés insatisfaisants, d’autre part sur la localisation des éoliennes et leurs effets mal considérés par les développeurs. Ces éléments tendent à renforcer l’inacceptabilité des projets, d’autant plus qu’ils reviennent régulièrement dans les rapports d’enquêtes publiques.

Tableau n°19 : Les arguments négatifs inscrits dans les rapports d’enquêtes publiques liés à la conception des projets éoliens (synthèse)

Thématiques Type d’arguments émis par les personnes

défavorables87

Mauvaise qualité du dossier et du projet éolien

Etude d’impact / Dossier / photomontage [jugé faux / mal conçu] ;

Mise en cause du dossier ;

Sincérité des montages photos et autres documents, réalité des informations contenus ;

Cartographies incomplètes ;

Promoteur réalise l’étude d’impact ; Faiblesse de l’argumentaire ;

Manque de recherche d’équilibre dans répartition des éoliennes ;

Long développement ;

Demande des résultats du mât de mesure de vent [résultats non transmis] ;

Points négatifs occultés ;

87 Les arguments sont indiqués tels qu’ils sont retranscrits par les commissaires enquêteurs dans les rapports d’enquêtes publiques.

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Choix discutables ; Dossier pas clair ;

Sous-évaluation des impacts ;

Intégration du projet dans

son environnement mal

conçue

Zone inappropriée ;

Proximité des habitations (relever la distance à 1500 m au lieu des 500 m actuels) ;

Plantation anarchique des machines ;

Lieu d’implantation des postes de livraison/transformation ;

Distance des éoliennes par rapport à l’A20 ; Carrière [trop proche] ;

Chemins ;

Erreur matérielle ;

Projet atypique entre autoroute, ligne électrique et bois ; Voirie sous-dimensionnée pour le projet ;

Manque de sécurité pour exploitants ;

Problème lié à la

densification éolienne

Proximité avec le parc existant ; Effet cumulatif ;

Beaucoup de projets déjà existants dans la région qui ne prennent pas en compte l’humain ;

Interrogation sur les zones de respiration ; Projets trop indépendants les uns des autres ;

Dossier peu compréhensible Appropriation et compréhension des documents du dossier

par la population ;

Projet en opposition avec contexte administratif local (cette dernière thématique peut également figurer dans le facteur « légitimité du processus »)

Contradiction avec le rapport préfectoral Tallec ;

Pas de prise en compte des réserves du CE lors de l’enquête précédente / ne veux pas participer ;

Opposition de la commune (CM), PLU n’autorise pas mise en place d’éoliennes ;

Contestation ZDE ; En limite de SRE ;

Incohérence administrative ;

Source : Source : Rapports d’enquêtes publiques de projets éoliens88 en Vienne, Haute-Vienne, Maine-et-Loire, et Indre. Conception / réalisation : Romain Garcia, 2015.

On retrouve dans les entretiens des avis partagés sur la conception des projets, mais, comme on a pu le voir précédemment, des différences sont apparues, d’une part sur les pratiques des sociétés de développement éolien (jugées négativement) et d’autre part sur la densification éolienne et le manque d’harmonisation des projets qui reviennent (pour des raisons différentes en Vienne et en Champagne Berrichonne, où la densification est effective dans ce dernier espace et potentielle en sud Vienne). C’est un manque d’appropriation des caractéristiques territoriales qui est notamment mis en avant par les habitants rencontrés.

88 Rapports d’enquêtes publiques des projets éoliens de la Basse Marche (Haute-Vienne, 2011), Saint-Martin-de-Lamps (Indre, 2013), Baudres (Indre, 2014), Lourdoueix-Saint-Michel (Indre, 2014), Orsennes (Indre, 2014), Sainte-Lizaigne / Les Bordes (Indre, 2014), Saint-Pierre-de-Jards (Indre, 2014), Meunet-sur-Vatan / Reboursin (Indre, 2014), Saint-Martin-l’Ars (Vienne, 2013), Chaunay (Vienne, 2013), Doussay (Vienne, 2014), Le Rochereau (Vienne, 2014), Saint-Julien-l’Ars (Vienne, 2014).

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Par ailleurs, la rubrique « origine et contrôle local » peut être complétée au vu des éléments qui ressortent des analyses précédentes (chapitre 5). Cette catégorie était axée initialement sur l’origine et la confiance accordée à la société de développement, deux éléments que l’on retrouve dans les discours des habitants rencontrés, ainsi que la place accordée aux citoyens dans le développement. La confiance accordée aux acteurs du développement éolien peut être étendue aux élus et aux administrations publiques. En effet, il est apparu qu’un manque de confiance envers les acteurs publics et locaux peut entrainer ou renforcer une opposition latente sur l’éolien, comme cela a pu être le cas sur le projet de Blanzay (les élus avaient été condamnés pour prise illégale d’intérêt lors du premier projet, et ont accepté le développement d’un second projet éolien). Les commissaires enquêteurs ont été également souvent critiqués par les habitants et ne seraient pas « neutre » selon eux. Un dernier élément est également ressorti lors de l’analyse des corpus, relatif à l’image qu’ont les habitants des sociétés de développement éolien. En effet, il ressort que pour certains habitants, le développement éolien est avant tout un développement économique (réaliser pour « gagner de l’argent ») plutôt qu’un développement écologique. Cela pose la question de l’image du « modèle » éolien, qui est perçu comme un « business ».

Suite aux analyses réalisées sur les entretiens et sur les rapports d’enquêtes publiques, une dimension supplémentaire peut être ajoutée. Il s’agit de la dimension territoriale. Le territoire, au vu des résultats, est une composante essentielle des avis formulés sur l’éolien. Ce sont notamment les composantes territoriales qui sont au cœur de ces avis. La dimension territoriale est également présente dans les travaux de Fortin et Fournis sur la définition de l’acceptabilité. En effet, ils mettent en avant « une définition territoriale de l’acceptabilité sociale […] qui serait processus d’évaluation politique d’un projet sociotechnique mettant en interaction une pluralité d’acteurs impliqués à diverses échelles et à partir duquel se construisent progressivement des arrangements et des règles institutionnels reconnus légitimes car cohérents avec la vision du territoire et le modèle de développement privilégiés par les acteurs concernés » (Fortin et Fournis, 2013). Ici, le territoire est mis en avant comme un élément qui « émerge d’une combinaison spécifique entre les régulations [le marché, les institutions politiques et le social] et structure aussi le cadrage économique, politique et social de cette délibération collective » (Fortin et Fournis, 2013). Le territoire est considéré dans son volet « social », ses caractéristiques socio-économiques et la perception que les habitants peuvent en avoir. Les caractéristiques physiques du territoire semblent ne pas être mises sur le même plan, alors qu’elles sont évoquées par les habitants dans les rapports d’enquêtes publiques et dans les entretiens. La dimension territoriale est « divisée » dans les facteurs d’acceptabilité. Ainsi, les caractéristiques socio-économiques apparaissent sous le facteur « caractéristique du milieu social » tandis que le facteur « impact » s’appuie sur les caractéristiques « physiques » du territoire (environnement, paysage). Il semble néanmoins important que le territoire soit considéré comme un ensemble, ou, comme l’a défini Alexandre Moine, un système composé de sous-système ne pouvant être dissocié. C’est pourquoi le territoire va être pris en compte

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dans son ensemble dans les facteurs composant l’acceptabilité de l’éolien. En effet, dans le cadre de l’étude, la dimension territoriale va prendre en compte d’une part les caractéristiques du milieu social (dimension à part entière dans la définition initiale), et d’autre part les caractéristiques territoriales (paysages, patrimoine culturel, économies / activités, composantes physiques du territoire).

2.6.1.2 La prédominance de la dimension territoriale pour comprendre l’acceptabilité de l’éolien

La dimension territoriale permet d’expliquer en partie le positionnement que peuvent avoir les habitants sur un projet éolien. En effet, l’implantation potentielle d’éoliennes peut entraîner des modifications paysagères qui vont être perçues différemment selon les habitants, les impacts vont également être perçus de façon différente, et les relations entre habitants et les jeux d’acteurs vont également être influencés et vont influencer le développement d’un projet éolien. Cette dimension est ainsi la « première » à comprendre pour évaluer par la suite les autres facteurs d’acceptabilité (impacts, origine et contrôle local, conception du projet pour la dimension « projet », légitimité du processus et équité de la décision pour la dimension « processus décisionnel »).

Dans les rapports d’enquêtes publiques étudiés, les arguments inscrits par les habitants sur les impacts potentiels du projet sont tous liés à des caractéristiques territoriales, qu’elles soient « physiques » (environnement, paysage pour certains éléments) ou socio-économiques (cadre de vie, conséquences économiques, patrimoine).

Tableau n°20 : Les arguments négatifs inscrits dans les rapports d’enquêtes publiques liés aux impacts territoriaux des projets éoliens

Thématiques Type d’arguments émis par les personnes défavorables89

Impacts paysagers et patrimoniaux

Impacts paysagers :

Destruction paysagère / banalisation des paysages ; Impacts sur paysages ruraux ;

Construction tubulaire ;

Perte d’attrait esthétique par implantation d’une forêt métallique ;

Enterrement du « Pays des Harmonies » ; Passage des hauteurs de mâts de 150 à 175 m ;

Impact de covisibilité, protection visuelle par écran végétal ;

Impacts patrimoniaux :

Atteinte patrimoine historique ; Impact sur un château et parc ;

89 Les arguments sont indiqués tels qu’ils sont retranscrits par les commissaires enquêteurs dans les rapports d’enquêtes publiques.

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Conséquences sur

l’environnement

Impacts sur l’environnement (faune / flore) : Impact sur l’avifaune ;

Chauve-souris ;

Problème potentiel de drainage et de directive nitrate ; Trame verte et bleue ;

Enfouissement de déchets à proximité des éoliennes ; Impacts sur l’atmosphère :

Pollution ;

Eolien contribue à l’accroissement du CO2 ; Génère GES ;

Craintes

« économiques » pour le territoire

Conséquences économiques négatives pour le territoire : Pérennité des retombées fiscales ;

Retombées économiques pour les collectivités ; Fabrication matérielle non bénéfique au territoire ;

Absence de retour sur l’emploi ou dans l’économie locale ou nationale ;

Absence garantie de redistribution électrique pour commune ; Réduction des terres agricoles ;

Impact sur le tourisme et les commerces ; Impact sur le réseau routier ;

Désertification programmée ;

Conséquences économiques négatives pour les habitants : Coût de rachat de l’électricité ;

Diminue valeur de l’immobilier ;

Retombées économiques pour les habitants ;

Impacts sur le cadre de vie

Perturbation vie quotidienne ;

Nuisances visuelles, gigantisme des installations, saturation visuelle jusqu’à plus de 30 km ;

Pollution visuelle la nuit ;

Ampleur des parcs éoliens, propre à dénaturer le cadre de vie, implantation massive ;

Déjà des installations à supporter (ligne électrique) ; Impact sur réception TV ;

Cadre de vie rural ;

Source : Source : Rapports d’enquêtes publiques de projets éoliens90 en Vienne, Haute-Vienne, Maine-et-Loire, et Indre. Conception / réalisation : Romain Garcia, 2015.

Le territoire est le socle commun de ces différents impacts, qui peuvent être différents suivant le type de territoire sur lesquels sont développés les projets. A titre d’exemple, on a pu déterminer que les impacts paysagers n’étaient pas évoqués de la même manière entre la Haute-Vienne (21% des arguments), dans l’Indre (18%) ou dans la Haute-Vienne (11%). Le paysage, une des caractéristiques principales du territoire, est différent dans ces trois espaces, ce qui permet

90 Rapports d’enquêtes publiques des projets éoliens de la Basse Marche (Haute-Vienne, 2011), Saint-Martin-de-Lamps (Indre, 2013), Baudres (Indre, 2014), Lourdoueix-Saint-Michel (Indre, 2014), Orsennes (Indre, 2014), Sainte-Lizaigne / Les Bordes (Indre, 2014), Saint-Pierre-de-Jards (Indre, 2014), Meunet-sur-Vatan / Reboursin (Indre, 2014), Saint-Martin-l’Ars (Vienne, 2013), Chaunay (Vienne, 2013), Doussay (Vienne, 2014), Le Rochereau (Vienne, 2014), Saint-Julien-l’Ars (Vienne, 2014).

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d’indiquer des différences de perception des habitants vis-à-vis de l’implantation possible d’éoliennes dans leur paysage. Par ailleurs, les impacts paysagers, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne représentent pas le premier motif d’opposition des habitants à l’éolien. Dans les facteurs composant l’acceptabilité, les impacts sont présentés comme un facteur essentiel. Néanmoins, ces impacts vont être différents selon les territoires étudiés. Ainsi, pour comprendre l’acceptabilité de l’éolien, il ne suffit pas de présenter les impacts potentiels de l’éolien, mais il est essentiel de les replacer dans un contexte territorial et social afin d’en prendre la mesure. Grâce aux nombreuses études sur le sujet, on connait relativement bien les impacts perçus par les habitants des éoliennes, qu’elles soient implantées ou en cours de développement. Pour autant, il semble y avoir toujours autant d’opposition aux projets éoliens. Prendre en compte les impacts potentiels par territoires, avec les différences qui y sont liées (certains impacts vont être perçus et pas d’autres suivant le type de territoire) peut être une voie pour mieux comprendre l’inacceptabilité des projets. Les arguments émis lors des enquêtes publiques par les personnes favorables sont quant à eux moins axés sur la dimension territoriale de l’éolien. En effet, la seule thématique où le territoire est présent de façon importante dans le soutien à l’éolien concerne le développement économique possible du territoire grâce à l’implantation des éoliennes. Les autres thématiques (impacts paysagers, environnementaux ou sur le cadre de vie qui seraient absents) ne sont pas mentionnées de façon importante par les personnes favorables aux projets éoliens. On peut expliquer ce phénomène par le choix des personnes favorables à l’éolien de mettre en avant les points positifs qui leurs sembles visibles (retombées économiques pour le territoire, contribution à la protection de l’environnement, conception relativement bonne du projet).

On retrouve ces différences de perception des impacts dans les entretiens réalisés, les caractéristiques des territoires étudiés étant d’une part différentes, et d’autres part ces caractéristiques sont perçues différemment par les habitants en fonction de leur attachement au territoire, de leur engagement local et de leur parcours de vie. En effet, certains habitants ont indiqué ne pas être dérangés par l’implantation d’éoliennes dans leur paysage (caractéristiques physiques et esthétiques du paysage, considéré comme un paysage sans grand intérêt d’un point de vue esthétique), tandis que d’autres ont indiqué une crainte de voir la tranquillité de leur territoire diminuer et le tourisme disparaitre (en sud Vienne). En effet, dans le sud de la Vienne, les habitants ont émis des craintes sur les risques d’évolutions négatives du territoire en s’appuyant sur ses caractéristiques. La première évoquée est la tranquillité du territoire et le cadre de vie jugé agréable (ce qui n’est pas évoqué en Champagne Berrichonne) : « on vit tous

dans ce coin-là parce que on l'apprécie énormément pour son calme le silence on entend tous les oiseaux on entend la moindre voiture à plusieurs centaines de mètres voilà alors y a des moments où y a du bruit en période de moisson c'est qu'un instant dans le dans l'année c'est vraiment c'est très localisé » (habitant de Blanzay, avril 2016).

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Le calme du territoire est recherché par certains habitants venus vivre dans le sud de la Vienne « les anglais ils sont comme nous ils ont compris qu’ici le territoire était fabuleux par le silence

on entend la faune qui nous environne » (habitant de Blanzay, avril 2016). Cette tranquillité est

l’une des premières caractéristiques présentées pour évoquer le territoire pour les habitants rencontrés. Par ailleurs, certaines personnes ont mis en avant une crainte de voir une désertification du territoire avec l’implantation possible d’éoliennes qui viendrait rompre le calme du territoire « l'école de Blanzay est très active on a pas de fermeture de classes on a

beaucoup d'enfants mais il est évident que le territoire y a plein de gens qui vont partir parce que les anglais ils n'y sont pas pour rien dans l'histoire de la non fermeture de classes […] c'est pas à négliger » (habitant de Blanzay, avril 2016).

Plus globalement, la perception du territoire des habitants rencontrés est liée à une certaine pauvreté du territoire, puisqu’il y a peu d’industries et de pôles attractifs, mis à part quelques éléments patrimoniaux et la présence d’un parc animalier (la Vallée des Singes), permettant une activité touristique toutefois limitée « c'est un territoire qu'est un peu un peu pauvre […] mal

considéré […] on fait pas partis des zones en transitions on aimerait être fier d'être dans une zone transition où y a des perspectives nouvelles et tout ça je pense ça va être urbain la