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l’opposition à des projets spécifiques

2.4.3 L’acceptabilité des projets éoliens : vers des logiques territoriales ?

Les avis sur les projets éoliens étudiés, qu’ils soient négatifs ou positifs, sont axés pour plus de la moitié sur les impacts territoriaux de l’implantation des éoliennes. Les territoires étudiés sont néanmoins relativement différents, notamment au niveau paysager. C’est pourquoi des analyses par territoires vont être effectuées afin de déterminer si ces différences jouent un rôle sur les avis émis localement sur l’éolien.

2.4.3.1 Comparaison à l’échelle des territoires étudiés des avis négatifs émis sur les projets éoliens

A une échelle plus fine, certaines différences se dégagent dans la répartition des arguments en défaveur du développement éolien. Les arguments favorables au développement éolien ne seront pas pris en compte dans cette partie : les résultats sont, pour ces arguments, trop hétérogènes pour dégager des tendances.

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Tableau n°14 : Répartition par thématiques et par départements des observations défavorables à l’éolien émises lors des enquêtes publiques

Thématiques Haute-Vienne Indre Vienne

Eolien pas rentable / ne produit pas assez d’énergie

0 5,4 3,3

Perception négative du

développement éolien

11,9 4,6 8,8

Potentiel éolien faible du

territoire

9,4 3,1 0

Projet mal conçu et mal placé 2,1 26.5 13,1

Information peu présente voire absente

0,9 2,5 5,5

Mise en cause administrations / élus / sociétés

1,5 0,7 1,5

Risques sur la santé / cadre de vie

24,8 18,1 27,4

Impacts sur le paysage / patrimoine

22,3 18,6 11,3

Conséquences sur

l'environnement

13,5 9,7 14,6

Crainte sur l'économie locale 13,7 10,7 14,6

Sources : Rapports d’enquêtes publiques de projets éoliens70 en Vienne, Haute-Vienne et Indre. Conception / réalisation : Romain Garcia, 2015.

Les impacts sur le paysage sont évoqués de manière plus précise en Haute-Vienne (22,3% des observations défavorables) que dans les autres départements étudiés, et notamment par rapport à la Vienne (11,3%), où les impacts paysagers et patrimoniaux ne sont pas évoqués de manière systématique dans l’opposition aux projets. L’Indre est quant à elle relativement proche de la moyenne sur cette thématique (moyenne pour les 3 départements : 18,8% contre 18,6% pour l’Indre). Ces différentes sont liées aux caractéristiques paysagères des différents territoires étudiés. En effet, pour le cas de la Haute-Vienne, il s’agit d’un paysage de bocage, qui tend à être jugé esthétiquement par les habitants. En champagne Berrichonne, il s’agit d’un paysage d’openfield, qui, même s’il n’est pas jugé « esthétique » par la population, a vu l’arrivée d’une densification éolienne importante qui tend à le modifier. Par ailleurs, durant les entretiens, les habitants ont indiqué avoir un attachement à cet openfield bien qu’il reconnaisse un certain manque d’esthétisme. Dans le cas de la Vienne, les aménités paysagères tendent à être moins attachantes (plaine du Poitou). Les caractéristiques paysagères vont être reprises par la suite pour expliquer ces différences.

70 Rapports d’enquêtes publiques des projets éoliens de la Basse Marche (Haute-Vienne, 2011), Saint-Martin-de-Lamps (Indre, 2013), Baudres (Indre, 2014), Lourdoueix-Saint-Michel (Indre, 2014), Orsennes (Indre, 2014), Sainte-Lizaigne / Les Bordes (Indre, 2014), Saint-Pierre-de-Jards (Indre, 2014), Meunet-sur-Vatan / Reboursin (Indre, 2014), Chanzeaux / Valanjou (Maine-et-Loire, 2012), Freigné (Maine-(Maine-et-Loire, 2014), Armaillé (Maine-(Maine-et-Loire, 2015), Saint-Martin-l’Ars (Vienne, 2013), Chaunay (Vienne, 2013), Doussay (Vienne, 2014), Le Rochereau (Vienne, 2014), Saint-Julien-l’Ars (Vienne, 2014).

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✓ Le cas de la Haute-Vienne

En Haute-Vienne, les personnes favorables au projet éolien de la Basse-Marche se sont plus mobilisées que les personnes opposées (176 contre 163). La commission d’enquête a fondé son avis favorable sur les PC du projet éolien sur « l’importance de concertation et de l’acceptation du projet par une part importante de la population résidant et travaillant sur place, qui s’est prononcée au cours de l’enquête en faveur du projet71 ».

Néanmoins, il existe un décalage entre l’acceptabilité locale et le déroulement du projet : bien qu’accepté de manière assez large, l’implantation des éoliennes est ralentie par les recours devant la justice porté par les opposants. Les ZDE, créées en 2008, n’ont été effectives qu’à partir de 2013 après l’annulation des décisions de justice. Les permis de construire, accordés par la préfecture en 2011, sont toujours en cours de procédure après leur annulation par le tribunal administratif de Limoges. Les réflexions sur l’implantation d’éoliennes remontent à 2004 au sein de la communauté de communes. Onze ans plus tard, aucune éolienne n’est encore construite, dans un département où cette énergie peine à se développer, puisque seulement 2 MW sont en exploitations contre 9 761 pour la France (métropole et DOM) en juin 2015 (source : France Energie Eolienne). La longueur des projets éoliens montre bien que l’acceptabilité de cette énergie renouvelable est plus complexe qu’il n’y paraît.

Les impacts sur le patrimoine historique et le paysage représentent un aspect important de l’opposition à l’éolien au sein de la Basse-Marche. Les associations de protection du patrimoine et du paysage ont également mis en avant les impacts paysagers et patrimoniaux selon les termes suivants : « grave atteinte aux paysages, symbolisés par l’ange doré de la collégiale qui depuis huit siècles protège la ville du Dorat72 » (Association patrimoine Environnement, le 12 mars 2015). Le paysage bocager et son caractère fragile est également cité, par une autre association, comme un élément susceptible d’être « défiguré » par les éoliennes « L’Association Pour la Sauvegarde des Paysages et du Patrimoine en Haut-Limousin (ASPPHEL) avait dénoncé il y a plusieurs mois le risque de défiguration de sites patrimoniaux emblématiques de l’une des rares régions de France encore bocagère73 » (association Vieilles Maisons Françaises).

Les éléments patrimoniaux sont mis en avant par les opposants au projet éolien pour justifier leur action, de même que les impacts des éoliennes sur le paysage bocager du nord de la Haute-Vienne. Le SRE du Limousin n’indique pas le bocage comme un critère d’exclusion des éoliennes. Le paysage est considéré dans le schéma comme un élément qui évolue, les éoliennes étant des éléments qui le font évoluer : « L’implantation d’éoliennes dans le paysage participe

71 Source : Rapport d'enquête publique, projet de parc éolien de la Basse Marche, département de la Vienne, Préfecture de la Haute-Vienne, 14 février - 16 mars 2011.

72Source : http://patrimoine-environnement.fr/aidez-nous-participez-aux-frais-du-proces-eolien-de-basse-marche-en-limousin/

(page consultée le 17/11/2015).

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depuis plus d’une dizaine d’années en France à la création de nouveaux paysages. […] Les paysages éoliens sont des territoires dans lesquels les éoliennes en viennent à devenir les éléments de paysage prépondérants, le faisant ainsi évoluer vers de nouvelles spécificités et qualités paysagères74 ». Le paysage est élément subjectif, de même que l’impact esthétique des aérogénérateurs sur celui-ci. Cette thématique des impacts paysagers tend à être évoqué de manière importante par les opposants à l’éolien : il existe un « vide » scientifique quant aux impacts des éoliennes sur le paysage, on ne peut que se fier au ressenti et aux représentations des usagers du territoire. De plus, le paysage constitue un élément identitaire du territoire, et pour ses habitants : pour certains opposants, modifier le paysage reviendrait donc à modifier l’identité des habitants.

✓ Le cas des projets situés en bocage et openfield dans l’Indre

Les projets éoliens étudiés dans l’Indre sont répartis dans les deux grandes régions agricoles du département. Les espaces bocagers, marqués par l’élevage, présentent sensiblement les mêmes caractéristiques socio-économiques que la communauté de communes de la Basse-Marche : c’est le rural profond, avec un éloignement relatif des centres urbains. Néanmoins, ces territoires ont une certaine notoriété en relation avec la maison de Georges Sand, à Nohant, qui représente un apport touristique intéressant pour cet espace. C’est le cas des communes de Lourdoueix-Saint-Michel et Orsennes. Pour la première, il existe un décalage entre les contraintes relevés dans le SRE (paysage et environnement) et les thématiques d’opposition à l’éolien (impacts sur la santé et mauvaise conception du dossier). A Orsennes, l’opposition fut principalement centrée sur les impacts paysagers et patrimoniaux du projet éolien, et, à l’inverse, il y a peu d’arguments sur les impacts sur la santé et la mauvaise conception du projet. Il y a également eu une mobilisation assez importante d’associations locale et nationale de protection du patrimoine contre le projet, avec une pétition signée par 1058 personnes.

Saint-Martin-de-Lamps est situé, avec Sainte-Lizaigne et Saint-Pierre-de-Jards, dans la seconde grande région agricole de l’Indre avec la céréaliculture. Le commissaire enquêteur a émis un avis favorable avec réserves au projet éolien. Par ailleurs, il indique que l’autorité environnementale, par l’intermédiaire du préfet de Région, a émis un avis favorable sur les dossiers d’études, et que les « remarques positives émises par M. le Préfet de Région sur le dossier présenté à l’Enquête vont à l’encontre des critiques sévères émises par de nombreux opposants contre la qualité de l’Etude d’Impact75 ». L’opposition est centrée sur la mauvaise conception des dossiers et du projet comme indiqué auparavant, ainsi que sur les impacts paysagers et patrimoniaux.

74 Schéma Régional Eolien, Annexe du Schéma Régional Climat Air Energie, Région Limousin, préfecture du Limousin, 2013, p.73.

75 Source : Beauvais D., Conclusions et avis du commissaire enquêteur, Exploitation d’un parc éolien de six aérogénérateurs et d’un poste de livraison, Saint Martin de Lamps, aout 2013, page 6.

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Les trois projets éoliens présentés ci-dessus (Saint-Martin-de-Lamps, Orsennes et Lourdoueix-Saint-Michel) sont situés dans des espaces vierges d’implantation d’aérogénérateurs. Les habitants n’ont donc pas l’expérience d’un premier parc éolien à proximité de leur habitation pour motiver leur avis, ce qui peut expliquer par ailleurs la prépondérance de la thématique paysagère dans deux espaces aux paysages différents (le Boischaut méridional et les gâtines de l’Indre).

Les communes situées au nord-est du département (Meunet-sur-Vatan, Sainte-Lizaigne et Saint-Pierre-de-Jards) présentent des situations différentes. D’une part, la céréaliculture est la principale orientation technico-économique et permet de dégager des revenus sensiblement plus élevés aux agriculteurs par rapport aux éleveurs. D’autre part, la présence d’Issoudun comme ville centre, de l’Autoroute A20 et du chemin de fer désenclave cet espace. Enfin, l’autre différence majeure avec le sud du département est le développement éolien qui y est très dynamique avec plus d’une cinquantaine d’éoliennes construites (le sud de l’Indre n’a aucune éolienne dans son paysage). A Sainte-Lizaigne, les arguments des opposants étaient axés sur la mauvaise conception du projet, et très peu sur l’impact paysager des éoliennes. On retrouve sensiblement la même répartition des arguments en défaveur de l’éolien pour le projet de Saint-Pierre-de-Jards, mais avec une opposition plus grande : 41 personnes ont émis un avis défavorable (pour 9 avis favorables), et une pétition regroupant 600 signatures contre l’éolien a été annexée au rapport d’enquête publique. Les impacts sur la santé sont évoqués de manière importante, de même que la mauvaise conception des dossiers, tandis que les impacts paysagers ne sont pas mis en avant.

✓ La Vienne : peu d’arguments sur les impacts paysagers potentiels de l’éolien

En Vienne, cinq enquêtes publiques ont été analysées. Néanmoins, on peut se rendre compte au regard de la participation du public à ces enquêtes que les personnes se sont beaucoup plus déplacées à Saint-Julien-l’Ars que dans les autres communes. Plus de la moitié des personnes qui se sont exprimées l’ont fait à Saint-Julien-l’Ars, et la proportion est encore plus large pour les opposants : sur les 76 opposants aux cinq projets étudiés, 58 se sont opposés à celui de Saint-Julien-l’Ars, ce qui indique que le projet a semble-t-il beaucoup plus mobilisé les personnes et notamment les anti-éoliens. La proximité de la commune d’espaces culturels et paysagers emblématiques (carte n°5) ne semble pas être l’un des facteurs majeurs d’opposition : les arguments des anti-éoliens étaient principalement axés sur les impacts des aérogénérateurs sur la santé. C’est également le cas pour les autres communes de la Vienne.

Les motifs d’opposition en Vienne sont très peu axés sur les impacts paysagers, à la différence des autres départements où, même si cette thématique n’est la première qui est évoquée (dans l’Indre notamment), elle est néanmoins relativement représentée dans l’opposition. Cette différence tient à des motifs d’ordre « paysager », il s’agit d’une topographie de « plaine » (la plaine du Poitou), avec des aménités paysagères moins marquées, moins attachantes que dans

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les régions plus vallonnées. Par ailleurs, la présence d’une centrale nucléaire à Civaux a peut-être « émoussé » les velléités d’opposition en termes d’atteinte aux paysages. On peut également se demander si la proximité entre Saint-Julien-l’Ars et Poitiers (13 km de distance) est un facteur pour expliquer la présence importante d’opposants lors de l’enquête publique, les autres communes étudiées dans la Vienne étant distante de plus de 26 km de l’agglomération poitevine. On peut noter que la fréquence d’apparition de la thématique paysagère est presque exclusivement le fait des opposants au projet de Saint-Julien-l’Ars (sur les 10,3% d’apparition, 9.1% sont le fait des opposants de Saint-Julien-l’Ars). Cette différence entre les territoires étudiés tient peut-être à la situation du projet de Saint-Julien-l’Ars, très proche de zones paysagères et patrimoniales sensibles.

✓ Synthèse

Au regard des aspects paysagers et patrimoniaux et du développement éolien globalement différents pour les différentes communes étudiées (distinction nord / sud) dans l’Indre, en Vienne et en Haute-Vienne, on peut avancer quelques remarques quant à l’opposition à l’éolien. La thématique paysagère tend à être « utilisée » par les opposants quelles que soit les caractéristiques paysagères des territoires mais avec une différence importante : la thématique paysagère est mise en avant de manière plus importante par les opposants à l’éolien dans des espaces de bocages et avec un patrimoine dense, que dans les espaces d’openfield. La seconde remarque tient au développement éolien des territoires. En effet, le nord du département de l’Indre possède un véritable paysage éolien. Les habitants ont une expérience de l’éolien. Pourtant, l’opposition reste élevée dans ces territoires. On peut émettre l’hypothèse que l’expérience d’un premier parc éolien ne tend pas à dissiper de manière importante l’opposition à cette énergie. On peut néanmoins nuancer cette hypothèse : les communes étudiées n’ont pas de parc éolien sur leur territoire, mais à proximité (communes voisines). Il convient alors de se demander si la distance géographique joue sur l’acceptabilité de l’éolien. De même, les habitants sont-ils concernés de la même manière si un projet éolien est développé sur une commune voisine ?

Deux autres motifs d’opposition à l’éolien ne sont pas évoqués avec la même fréquence entre la Haute-Vienne et l’Indre (et, dans une moindre mesure, entre la Haute-Vienne et la Vienne). Il s’agit de la perception, ici négative, du développement éolien par les opposants et le potentiel insuffisant du territoire pour accueillir des aérogénérateurs (notamment la vitesse du vent). D’après les résultats, on peut lier la mise en avant de ces arguments avec la dynamique du territoire en termes d’éolien : en Haute-Vienne, territoire vierge76 de parc en exploitation (cf. tableau n°6), les opposants ont perception négative de cette énergie plus forte que dans les autres départements, et notamment l’Indre où les écarts sont plus grands, qui ont quant à eux

76 Une seule éolienne est en exploitation en Haute-Vienne, mais elle n’est pas située au sein de la communauté de communes de la Basse-Marche.

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des éoliennes sur leur territoire. Cet argument apparait à hauteur de 11,9% en Haute-Vienne contre seulement 4,6% pour l’Indre.

D’autre part, le potentiel éolien du territoire est évalué plus faible par les opposants en Haute-Vienne (9,4%) que par les opposants de l’Indre (3,1%).

On peut penser que l’implantation d’éoliennes dans un territoire tend à estomper la « force » de ces arguments.

Tableau n°15 : Puissance éolienne installée au sein du terrain d’étude en mars 2015

Département Puissance installée en MW Nombre d’éoliennes

Indre 123 50

Vienne 115,3 56

Haute-Vienne 2 1

Source : http://www.thewindpower.net/country_zones_fr_1_france.php

2.4.3.2 Des opposants à l’éolien plus « virulents » que les personnes favorables

Le commissaire enquêteur, lors de l’enquête publique sur le projet de Saint-Julien-l’Ars, a noté un élément important sur la forme de l’opposition : « les opposants se sont regroupés ce qui n’a pas été le cas des tenants du projet avec quasi absence d’arguments77 ». Les opposants ont motivé leur avis, à l’inverse des personnes favorables. On retrouve cette caractéristique dans quasiment toutes les enquêtes publiques analysées. De plus, les opposants se regroupent également souvent en association.

Tableau n°16 : Nombre d’arguments émis par les personnes lors des enquêtes publiques analysées

Nombre moyen

d’arguments défavorables au projet éolien émis par les opposants lors des enquêtes publiques

Nombre moyen

d’arguments favorables

par les soutiens du projet

éolien émis lors des

enquêtes publiques Haute-Vienne 4,1 1,3 Indre 4,6 1.3 Vienne 3,3 1,5 Ensemble des départements 4 1,4

Source : Rapports d’enquêtes publiques de projets éoliens78 en Vienne, Haute-Vienne, Maine-et-Loire, et Indre. Conception / réalisation : Romain Garcia, 2015.

77 GUILLOTEAU J.M., Rapport d'enquête publique relative à la demande d'exploiter un parc éolien sur le territoire de la commune de Saint-Julien-l'Ars, Préfecture de la Vienne, janvier 2014, page 25.

78 Rapports d’enquêtes publiques des projets éoliens de la Basse Marche (Haute-Vienne, 2011), Saint-Martin-de-Lamps (Indre, 2013), Baudres (Indre, 2014), Lourdoueix-Saint-Michel (Indre, 2014), Orsennes (Indre, 2014), Sainte-Lizaigne / Les Bordes

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Le nombre d’arguments différents émis par les personnes lors des enquêtes publiques est supérieur chez les opposants que chez les soutiens au projet éolien (4 arguments par personnes défavorables contre seulement 1,4 pour les personnes favorables). L’opposition est souvent plus virulente et plus active lors des enquêtes publiques que les personnes soutenant le projet. L’hypothèse émise dans la première partie, dans laquelle on supposait que les opposants étaient plus actifs lors des enquêtes publiques en raison de leur connaissance du projet, est ici confirmée : leur argumentation est plus dense que celui des personnes favorables.

Cette tendance est commune à tous les territoires étudiés, et montre un décalage entre l’acceptabilité du projet et son développement. Les conclusions du commissaire enquêteur sont basées d’une part sur le projet et d’autre part sur les observations du public. Elles sont traitées sur le même pied d’égalité, que ce soit un habitant de la commune ou une personne habitant à plusieurs centaines de km. Néanmoins, une importance plus grande est accordée aux avis motivés. Dans le cadre des enquêtes publiques étudiées, on a vu que les avis des opposants étaient beaucoup plus motivés que ceux des soutiens. Néanmoins, les avis des commissaires enquêteurs sont quasiment tous favorables, d’où le décalage dans la prise en compte de l’opposition, donc l’acceptabilité d’un projet, et son développement. Ce décalage est d’autant plus problématique qu’il est repris par les opposants à l’éolien, jugeant le développement de la filière non-démocratique.

On peut néanmoins nuancer le propos au regard du profil des opposants, et notamment de leur origine géographique : bien qu’il soit difficile de quantifier les opposants selon leur profil géographique, il semble que la plupart ne soient pas des habitants du territoire d’implantation des éoliennes, et viennent parfois de très loin. Il paraît alors difficile de prendre en compte l’avis de personnes qui ne viennent pas du territoire. Il existe là-aussi un décalage mais il semble néanmoins pris en compte par les commissaires enquêteurs.

Les motifs de soutien ou d’opposition à l’éolien sont important à connaitre afin de comprendre les verrous face au développement de la filière. La comparaison entre des espaces différents en termes paysagers et socio-économiques fait ressortir des tendances dans la répartition des arguments en défaveur de l’éolien. Les caractéristiques paysagères du territoire semblent importantes, les paysages bocagers semblent « plus sensibles » à l’implantation d’éoliennes pour les opposants. Néanmoins, la réalisation d’entretiens sociologiques avec des opposants sur les mêmes projets étudiés ici apportent une nuance principale : les paysages, qu’ils soient bocagers ou d’openfield, sont dégradés pour les personnes rencontrées dès lors qu’on y implante des éoliennes (la sensibilité paysagère semble identique entre espace bocager