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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Misguich-Hadermann, L. (1973). Les fresques de Saint-Georges de Kurbinovo et la peinture byzantine du XIIe siècle: (étude iconographique et stylistique) (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Bruxelles.

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(2)

UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES FA CUL TE DE PHILOSOPHIE ET LETTRES *

LES FRESQUES DE SAINT-GEORGES DE KURBINOVO

ET LA PEINTURE BYZANTINE DU XIIe SIECLE

(étude iconographique et stylistique)

Thèse présentée pour I' obtention du grade de docteur en Philosophie et Lettres par LYDIE HADERMANN-MISGUICH

Directeur:

Monsieur le professeur CHARLES DEL VOYE

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ANNEE ACADEMIQUE 1972-1973

(3)

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1

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L E M O N U M E N T E T S O N C O N T E X T E

1) P R E S E N T A T I O N D E L ' E G L I S E : SITE, ARCHITECTURE ET D E C O R A T I O N

B l o t t i e parmi les collines qui forment la base m é r i d i o n a l e du massif du Pélister, face au très beau lac de Prespa, la p e t i t e

église de S a i n t - G e o r g e s se trouve aujourd'hui, isolée p a r m i l e s arbres, à environ deux kilomètres du village de Kurbinovo (figg,1-6).

De par la présence des deux grands lacs d'Ohrid et de P r e s p a qu'alimentent de nombreux ruisseaux, cette région de l a M a c é d o i n e y o u g o s l a v e est particulièrement agréable et, malgré le c a r a c t è r e gran- diose de ses sites, elle est plus souriante qu'austère.

Quand on la découvre, en montant de Kurbinovo à t r a v e r s une alternance de maquis et de pâturages, l'église de S a i n t - G e o r g e s appa- raît comme u n bâtiment de ferme, de construction simple et d ' a p p a r e i l g r o s s i e r . En été, son abside est cachée par la végétation, et l e s

grandes fenêtres, percées au XIXe siècle dans la façade sud, n'évoquent guère un monument religieux.

Il s'agit, en effet, d'un édifice extrêmement s i m p l e , composé uniquement d'une nef allongée et d'une abside serui-circulair'e, le tout mesurant environ 15 m de long sur 7 m de large (p.2,Gch.2)o A c t u e l - lement le toit est en charpente et il semble bien qu'il en a également été ainsi au moment de la construction L'entrée -orincipale se

trouve traditionnellement à l'ouest; deux portes p l u s é t r o i t e s s'ouv- rent dans l e s murs latéraux. Celle du nord est située p r e s q u e à

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hauteur de fenêtre, car de ce côté-là l'église était initialement ap- puyée au flanc de la colline; depuis le siècle passé, deux fenêtres r e c t a n g u l a i r e s lui répondent au sud. A l'origine, les m u r s l a t é r a u x n'étaient percés que d'une porte et de deux petites b a i e s allongées et cintrées du côté intérieur; celles-ci sont p l a c é e s a s s e z haut et écartées l'une de l'autre (p. 6 ,sch.3 et h). Deux b a i e s géminées éclairent l'abside tandis qu'une septième ouverture cintrée à l ' i n t é - rieur diffuse la lumière du pignon occidental.

A l'extérieur, les trois portes sont s u r m o n t é e s d'une l u n e t - te que borde une double archivolte.

L'appareil, de moellons, de pierres p l a t e s et d e b r i q u e s , est a s s e z irrégulier, sauf autour des lunettes, des fenêtres et dans l a région de l'abside. A l'est, en effet, les b r i q u e s ont été dis- p o s é e s en arases horizontales sur les deux tiers supérieurs de l a hau- teur et quelques b r i q u e s verticales évoquent un a p p a r e i l cloisonné(fig.6) D a n s l ' e n s e m b l e , le bâtiment est comme ceinturé, dans l e bas, d'une

zone exécutée plus grossièrement.

Sur la façade occidentale, cet appareil r u d i m e n t a i r e a été dissimulé une première fois, au moins jusqu'à la hauteur du linteau de la porte et sur l a première archivolte du tympan, par une couche de fresques imitant des briques. De part et d'autre de l ' e n t r é e , ces p e i n t u r e s composent une ornementation céramoplastique où l'équerre et l e s a n g l e s opposés par le sommet sont les motifs les p l u s caractéris- tiques (fig.50Î,). On trouve encore dos briques factices dans l a partie i n f é r i e u r e du mur de l'abside et sur la première a r c h i v o l t e de l a lu- nette de la porte sud (fig.Sîl). Par la suite, les m u r s extérieurs r e ç u r e n t , en partie du moins, un second décor p e i n t . Celui-ci n o u s est m a l h e u r e u s e m e n t parvenu à l'état de fragments d é l a v é s . Les p l u s li- sibles sont les doux représentations de saints cavaliers, de part et d'autre de la lunette occidentale (figg.306 , "bm , ) , Cette dernière contenait une image, probablement semblable, dont il ne reste plus qu'un morceau d'auréole, de bouclier et de lance d r e s s é e . Une i n s c r i p - tion, elle aussi très fragmentaire, court en deux l i g n e s sur le premier ressaut de l'arcade; elle appartient à cette m ô m e couche de peinture

(7)

3.

. . . . • . . 'i

(fig.i'6). N o u s l ' e x a m i n e r o n s u l t é r i e u r e m e n t . A u - d e s s u s du c a v a l i e r de gauche, on a p e r ç o i t encore le b a s de somptueux v ê t e m e n t s de d e u x p e r s o n n a g e s debout sur des m a r c h e p i e d s impériaux (figg.5o3,514 ) ; a u - d e s s u s du cavalier de droite, il semble qu'il y ait eu u n e f i g u r e v ê t u e de clair ( f i g » 3 o 5 ) .

L a l u n e t t e du mur m é r i d i o n a l connut a u s s i deux d é c o r s s u c - c e s s i f s : un m o t i f en accordéon s'est superposé à l ' i m i t a t i o n de b r i - . ques sur l a p r e m i è r e archivolte, tandis qu'une D e i s i s avec * a i n t

G e o r g e s o c c u p a i t le p a n n e a u plein (fig.'i>2--l) •

L a l u n e t t e du mur nord a perdu son d é c o r c e n t r a l , m a i s son double e n c a d r e m e n t p r é s e n t e une b o r d u r e de q u a d r i l o b e s et d e s m o t i f s de p a l m e s d i s p o s é e s en coeurs dont les couleurs sont r e s t é e s p a r t i - c u l i è r e m e n t f r a î c h e s (fig.îîb), ,

A d r o i t e de la lunette et de la porte sud, t o u j o u r s à l ' e x - térieur, on p e u t d i s t i n g u e r de vagues traces de p e r s o n n a g e s à p e t i t e échelle qui se r é p a r t i s s e n t sur quatre registres (figg.'i'i^-"555 ) . Il y eut là un p o r c h e détruit lors d'un incendie, au X I X e s i è c l e (2).

P l u s à d r o i t e encore, des pierres saillantes (restes de c o n t r e f o r t s ?) hérissent le m u r (fig. ^ ). . j

L e s p e i n t u r e s extérieures sont exécutées sur u n fond o c r e | clair, sauf d a n s l e s trois l u n e t t e s où le fond est b l e u . I

I Q u a n d on p é n è t r e dans l ' é g l i s e par l ' e n t r é e p r i n c i p a l e , on est s u r p r i s du c o n t r a s t e entre la p a u v r e t é des m u r s e x t é r i e u r s , avec l e u r s l a m e n t a b l e s r e s t e s de fresques, et la b e a u t é i n t e n s e d e s p e i n - tures i n t é r i e u r e s . On se trouve a l o r s face au m u r de l ' a b s i d e et

l ' h a r m o n i e de sa c o m p o s i t i o n , la r i c h e s s e de ses c o u l e u r s , l a g r â c e de ses l i g n e s , son excellent état de conservation captent toute l ' a t t e n - tion. Une d e u x i è m e vague d ' i m p r e s s i o n s fait d é c o u v r i r l e s n o m b r e u s e s l a c u n e s des a u t r e s m u r s , les différences de q u a l i t é d u e s à u n e d é t é r i o - r a t i o n p l u s ou m o i n s grave de la surface picturale ou e n c o r e à l a col- l a b o r a t i o n d ' a r t i s t e s plus ou m o i n s d o u é s . E n f i n , un e x a m e n p l u s p o u s - sé révèle l a p r o f o n d e unité de c o n c e p t i o n de ce décor ( f i g g . 7 - 1 0 ) .

D a n s l ' a b s i d e et sur le m u r oriental, l e s b l e u s et l e s v e r t s d o m i n e n t ; a i l l e u r s , l e s fonds ayant perdu de leur i n t e n s i t é , l a gamine des ocres p r e n d p l u s d ' i m p o r t a n c e . Les paysages ont l e s m ê m e s t o n a - lités d'ocre r o s e et d'ocre brun que les collines qui e n t o u r e n t l ' é g - l i s e . L e s v ê t e m e n t s , souvent clairs, sont ombrés de t e i n t e s p a s t e l ; la p o u r p r e et le b l e u d'outremer y mettent de t e m p s à autre u n a c c e n t fort. L ' o c r e rouge des bandes séparant les r e g i s t r e s et l e s p a n n e a u x ainsi que le jaune o r a n g é des a u r é o l e s unissent et r y t h m e n t l ' e n s e m b l e » Partout des zones de lumière nuancent l e s teintes et a d o u c i s s e n t l e s f o r m e s .

(8)

L e s sujets sont habilement et harmonieusement répartis sur les surfaces murales. Une stricte symétrie régit la composition de chacun des murs est et ouest, tandis que les m u r s longitudinaux se- raient plutôt "construits" pour se répondre m u t u e l l e m e n t .

L'architecture ne présente, à l'intérieur, que peu de détails que ne révèle pas la structure extérieure. Ils se situent dans la ré- gion du b ê m a et, excepté la double archivolte de l'arc absidal , ils ont des fonctions l i t u r g i q u e s .

Deux marches très basses (refaites en 1958 d'après des rele- vés au sol) surélèvent légèrement le choeur. L ' i c o n o s t a s e originale a disparu mais l'emplacement qu'elle occupait sur l a première déni- vellation est indiquée par la situation des icônes m o n u m e n t a l e s du Christ et de saint G e o r g e s qui devaient se trouver a u - d e l à de la clô- ture du choeur (p. 6 ,sch.3 et 4). Deux niches cintrées, creusées dans le mur oriental, flanquent l'abside à hauteur d e s fenêtres gémi- nées. Elles jouent le rôle de la prothèse et du d i a c o n i c o n . Deux a u t r e s niches, rectangulaires cette fois, ont été aménagées dans les m u r s latéraux, toujours dans l'enceinte du bêma. Celle du nord est située à peu près à hauteur des niches cintrées, celle du sud, actuel- l e m e n t bouchée, était placée nettement plus b a s . Le coin supérieur gauche, bordé d'une bande ocre rouge, en est encore visible. Cette ouverture coupait la partie inférieure d'une figure d'évêque (fig.63).

D a n s une église aussi petite, ces renfoncements devaient avoir une fonction d'armoire.

U n -autel cubique et un trône, tous deux en maçonnerie, occu- pent l ' a b s i d e . Le trône est accolé au mur, sous l e s fenêtres géminées;

face à ce siège, dans l'autel, a été aménagée une cavité rectangulaire a u - d e s s u s de laquelle se trouve l'inscription qui permit de dater les fresques de 119l(fig.1l).

De haut en bas, les murs de l'église furent entièrement r e v ê t u s de peintures; l'autel et le trône eux-mêmes étaient p e i n t s et s'intégraient dans l'ensemble du décor.

L ' a b s i d e se divise en deux registres principaux; l a conque est occupée par l'image de la Vierge trônant tenant l'Enfant dans ses b r a s ; Michel et Gabriel s'inclinent de part et d'autre du trône.

D i f f é r e n t s motifs ornementaux et une longue inscription bordent la conque; au régistre médian, huit Pères de l'Eglise officient autour du Christ enfant étendu sur l'autel (p. 6 ,sch.3 et 4,n°^1-12).

U n soubassement peint, imitant des placages de m a r b r e , assure la jonc- tion avec le sol (n° 9 7 ) .

Le cycle évangélique commence sur l'arc triomphal par l'An- n o n c i a t i o n , Gabriel et Karie se répondant de part et d'autre de la c o n q u e (n'^s 20 et 21); il se poursuit sur le mur sud avec la Visitation,

(9)

la C o n v e r s a t i o n de Marie et d ' E l i s a b e t h , la N a t i v i t é , la P r é s e n t a t i o n de J é s u s au Temple, le Baptême et la Résurrection de L a z a r e (nOS22-27)•

U n e grande image du Christ debout, tenant le livre ouvert et b é n i s - sant, s'insère entre la Conversation de Marie et d ' E l i s a b e t h et la N a t i v i t é (n.°72). Située jadis à l'extrémité de l ' i c o n o s t a s e , dont elle était le prolongement en fresque, cette icône occupe deux r e g i s t r e s , c o m m e celle de saint G e o r g e s qui lui fait pendant sur le mur nord (n°7l) L e s scènes de la vie du Christ continuent sur le m u r o c c i d e n t a l avec l ' E n t r é e à Jérusalem, qui introduit les scènes de l a P a s s i o n , et la T r a n s f i g u r a t i o n qui, n o r m a l e m e n t , devait suivre le B a p t ê m e . E n t r e l e s R a m e a u x et la T r a n s f i g u r a t i o n , au-dessus de l a p o r t e p r i n c i p a l e , se trouve, traditionnellement, la Dormition de Marie (n°^28-30). A ce m ê m e r e g i s t r e , sur le mur nord, se situent les s c è n e s de la P a s s i o n p r o p r e m e n t dite : la Crucifixion, la Descente de croix, le T h r è n e , les S a i n t e s F e m m e s au tombeau (n°^31-3'<-) • La grande i c ô n e de saint G e o r g e s i n t e r r o m p t le cycle qui s'achève, à l'Est, par la D e s c e n t e aux L i m b e s n°35)« Entre l a Descente de croix et le Thrène s ' o u v r e l ' a n c i e n n e p o r t e nord qui, a u j o u r d ' h u i , fait office de fenêtre. L a d e m i - i m a g e de saint D é m é t r i u s cavalier qui la surmonte (n°9é) n ' a p p a r t i e n t p a s au décor original; elle a été datée de la fin du X V I e ou du début du X V I I e siècle (3).

L ' A s c e n s i o n , au fronton du mur oriental, est la d e r n i è r e des s c è n e s de la vie du Christ (n°36). La Pentecôte, a c t u e l l e m e n t très e n d o m m a g é e , lui fait pendant au sommet du mur o c c i d e n t a l (n°37).

Entre la P e n t e c ô t e et le registre de la D o r m i t i o n , se déploie, en frise, une théophanie qui occupe toute la largeur de la façade de l'église (n''38).

L e s registres supérieurs des murs l a t é r a u x sont r é g u l i è r e m e n t r y t h m é s par des figures de p r o p h è t e s . Celles-ci ont été d é c a p i t é e s

sur u n tiers, ou plus, de leur hauteur, lors d'un r e m a n i e m e n t de la c o u v e r t u r e de l'édifice (n°s4l-70). Aux extrémités o c c i d e n t a l e s de ces r a n g é e s de p r o p h è t e s on distingue encore les p i e d s c h a u s s é s de b r o d e - q u i n s i m p é r i a u x de deux figures, debout sur de l u x u e u x m a r c h e p i e d s s e m b l a b l e s à ceux sur l e s q u e l s se tiennent les p e r s o n n a g e s des fresques e x t é r i e u r e s , sur la façade occidentale (n°^39 et '+0).

Le choeur des saints se déploie sous le cycle évangélique, au second registre à partir du bas* Il occxipe é g a l e m e n t , en partie, l e s e m b r a s u r e s des p o r t e s nord et sud (n°^13-19, 7 3 - 9 5 ) . P r e s q u e t o u t e s les figures de ce registre ont disparu du m u r nord, ou sont

g r a v e m e n t endoromagées, à cause de l'humidité qui i m p r é g n a i t cette p a r o i avant qu'elle ne fût isolée de la colline. Entre 1 ' i c ô n e du Christ

et la porte sud se trouve u n panneau avec la Vierge et J e a n - B a p t i s t e (nOS73_7/f).

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

FACULTE DE PHILOSOPHIE ET LETTRES

Le é /nOVtmitL ylâjS

LES FRESQUES DE SAINT-GEORGES DE KURBINOVO

ET LA PEINTURE BYZANTINE DU X I h SIECLE

(étude iconographique et stylistique)

Thèse présentée pour l'obtention du grade de docteur en Philosophie et Lettres par

L Y D I E H A D E R M A N N - M I S G U I C H

Directeur :

Monsieur le professeur CHARLES DELVOYE

(11)

I.

A V A N T - P R O P O S

L e s f r e s q u e s de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o ont été r é v é - l é e s au monde s c i e n t i f i q u e en 19^0, par une étude à là fois s a v a n t e et sensible du P r o f e s s e u r Radivoje L j u b i n k o v i c , p a r u e d a n s l a r e v u e S t a r i n a r (1). ^ .

J u s q u ' a l o r s ces p e i n t u r e s n'avaient été que très r a r e m e n t m e n t i o n n é e s dans l e s p u b l i c a t i o n s . L ' é g l i s e était p a r f o i s datée du t e m p s du tsar b u l g a r e S a m u e l

(976-101^);

l e s f r e s q u e s étaient c o n - s i d é r é e s c o m m e t a r d i v e s , du XVIe siècle même (2).

L ' e x a m e n i c o n o g r a p h i q u e et s t y l i s t i q u e d e s f r e s q u e s de S a i n t - G e o r g e s c o n d u i s i t M . L j u b i n k o v i c à situer c e l l e s - c i au X l l e s i è c l e . C e t t e d a t a t i o n , que confirma en 1958 l a d é c o u v e r t e d'une i n s c r i p t i o n p e i n t e à l ' a r r i è r e de l'autel, était d ' a u t a n t p l u s r e m a r - quable en 19^0, que l'art du Xlle siècle b y z a n t i n était alors fort m a l connu et que d e s m o n u m e n t s aussi r e p r é s e n t a t i f s du style t a r d o - c o m n è n e que la P a n a g h i a tou Arakou de L a g o u d e r a , à CJiypre, étaient e n c o r e i g n o r é s .

D e p u i s l e s a n n é e s 5 0 et surtout d e p u i s la r e s t a u r a t i o n de l ' é g l i s e et le d é g a g e m e n t total des p e i n t u r e s , e f f e c t u é s en 195&

p a r l'Institut pour la P r é s e r v a t i o n des M o n u m e n t s c u l t u r e l s de l a R é p u b l i q u e p o p u l a i r e de M a c é d o i n e , les f r e s q u e s de K u r b i n o v o ont fait l ' o b j e t de q u e l q u e s a r t i c l e s et d'une p e t i t e m o n o g r a p h i e i l l u s t r é e (5) C e r t a i n e s de ces p u b l i c a t i o n s examinent des p o i n t s p a r t i c u l i e r s , d ' a u - t r e s p r é s e n t e n t le m o n u m e n t et les découvertes oui y ont été f a i t e s s u i t e aux t r a v a u x de r e s t a u r a t i o n ; aucune n ' a n a l y s e , c o m m e l ' a r t i c l e

(12)

! II.

•I i i

d e M . L j u b i n k o v i d , l ' o e u v r e d a n s son e n s e m b l e .

B i e n que cette d e r n i è r e étude ait d é j à p o r t é sur l ' i c o - n o g r a p h i e et sur le style du d é c o r de S a i n t - G e o r g e s , et m a l g r é sa g r a n d e q u a l i t é , j'ai cru u t i l e , p o u r d i f f é r e n t e s r a i s o n s , de r e p r e n - d r e ce s u j e t .

L a p r e m i è r e de c e s r a i s o n s est la r é v é l a t i o n , l o r s de l a r e s t a u r a t i o n du m o n u m e n t , de p l u s i e u r s p e i n t u r e s ou de d é t a i l s p a r - t i c u l i è r e m e n t i m p o r t a n t s ou s i g n i f i c a t i f s , t e l s l a s c è n e de l ' A s c e n - s i o n et ses " e a u x v i v e s " , l e s i m a g e s de M a r i n a et d ' E u p h r o s y n o s , l e s f r e s q u e s e x t é r i e u r e s , e t c . L e s i n s c r i p t i o n s d é g a g é e s au c o u r s d e s t r a v a u x , ou p e u v i s i b l e s a n t é r i e u r e m e n t , m é r i t a i e n t é g a l e m e n t d ' ê t r e d é c h i f f r é e s et t r a n s c r i t e s . U n e d e u x i è m e r a i s o n r é s i d e d a n s l a d é - c o u v e r t e ou l a p u b l i c a t i o n r e l a t i v e m e n t r é c e n t e s de n o m b r e u s e s o e u - v r e s du X l l e s i è c l e , de C h y p r e n o t a m m e n t , qui p e r m e t t e n t d ' i n s c r i r e l e s p e i n t u r e s de K u r b i n o v o d a n s un contexte p l u s v a s t e et p l u s r e p r é - s e n t a t i f que c e l u i qui p o u v a i t être r e c o n s t i t u é il y a 3 0 ejis. En o u t r e , l e fait que l a d a t e du d é c o r de S a i n t - G e o r g e s est a c t u e l l e - m e n t c o n n u e avec p r é c i s i o n

( I I 9 1 )

c h a n g e l ' o p t i q u e morne de l ' e x a m e n : p o u r d é m o n t r e r l ' a n c i e n n e t é d e s f r e s q u e s , M . L j u b i n k o v i c d e v a i t r e - c h e r c h e r l e u r s t r a i t s a r c h a ï q u e s p a r rapport aux o e u v r e s du t e m p s d e s P a l é o l o g u e s ou m ê m e de l ' é p o q u e p o s t - b y z a n t i n e , a l o r s q u e c e s

" a r c h a ï s m e s " p e u v e n t être c o n s i d é r é s corarne d e s t r a i t s d ' a c t u a l i t é l o r s q u e l e s t e r m e s de c o m p a r a i s o n sont c o n t e m p o r a i n s . P o u r c e r n e r l a d a t e p r é s u m é e de ces p e i n t u r e s il fallait t r o u v e r l e x^I'LIS de p a - r e n t é s p o s s i b l e s ; p o u r d é t e r m i n e r l e u r s p é c i f i c i t é , ce à q u o i je m e s u i s s p é c i a l e m e n t a t t a c h é e , il a f a l l u , au-delà de c e s p a r e n t é s , d é c e l e r l e s d i f f é r e n c e s . E n f i n , en étudiant l e s f r e s q u e s de K u r b i - n o v o , j'ai e s s a y é de r é s o u d r e le p r o b l è m e c o n t r o v e r s é de l e u r s r a p - p o r t s avec l e s f r e s q u e s d e s S a i n t s - A n a r g y r e s de C a s t o r i a .

En ce qui c o n c e r n e l ' i l l u s t r a t i o n d e s d é m o n s t r a t i o n s , j ' a i pu o b t e n i r ou e x é c u t e r m o i - m ê m e , g r â c e à l ' a m a b i l i t é de p l u s i e u r s p e r s o n n e s que j ' a u r a i le p l a i s i r de citer et de r e n e r c i e r p l u s l o i n , d e s p h o t o g r a p h i e s de t o u t e s l e s f r e s q u e s de K u r b i n o v o et de n o m b r e u - s e s a u t r e s o e u v r e s . B e a u c o u p de ces d o c u m e n t s sont e n c o r e i n é d i t s .

L e s p r i n c i p a u x m o n u m e n t s ayant servi de m a t é r i e l de c o m - p a r a i s o n sont p r é s e n t é s - avec l e s d a t a t i o n s p o u r l e s q u e l l e s j'ai o p t é - d a n s l e p r e m i e r c h a p i t r e , q u i situe S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o d a n s son c o n t e x t e h i s t o r i q u e et a r t i s t i q u e et sert d ' i n t r o d u c t i o n à l ' e x a m e n d e s p e i n t u r e s elles-rr.ôraes.

U n e m é t h o d e e s s e n t i e l l e m e n t h i s t o r i q u e a été appliq^uée t a n t à l ' é t u d e i c o n o g r a p h i q u e ( c h a p i t r e I I ) qu'à c e l l e du r é p e r t o i r e o r n e - m e n t a l ( c h a p i t r e I I I ) et à l ' e x a m e n s t y l i s t i q u e ( c h a p i t r e I V ) . D a n s

(13)

13

c h a q u e cas envisagé, il s'agissait de savoir si l e s p e i n t u r e s de K u r b i n o v o r é p o n d a i e n t aux norscc de l ' é p o q u e , si elles présentaier d e s a r c h a ï s m e s ou, au contraire, si e l l e s s ' inscrivo.ient d a n s le c o u r a n t n o v a t e u r , v o i r e d ' a v a n t - g a r d e ^ d e l'art t a r d o - c o m n è n e . Poui ce f a i r e , , i l a été i n d i s p e n s a b l e de r e m o n t e r aux o r i g i n e s des ima- g e s et des formes car, pour les u n e s c o m m e pour l e s autres, l e X I ] s i è c l e innove p a r f o i s en faisant appel à des s o l u t i o n s d'un p a s s é l o i n t a i n .

En ce qui concerne l ' i c o n o g r a p h i e , p l u s i e u r s des s u j e t s f i g u r é s à K u r b i n o v o s'inscrivent dans l ' é v o l u t i o n déjà r e t r a c é e pc G a b r i e l M i l l e t ; d ' a u t r e s demandaient, p a r contre, une mise au poir due aux d é c o u v e r t e s de ces dernières a n n é e s . Enfin, u n certain ne b r e d ' i m a g e s r a r e s ou encore peu é t u d i é e s m'ont c o n d u i t e à d e s re- c h e r c h e s tout à fait n o u v e l l e s ou à l ' a d a p t a t i o n aux p r o b l è m e s du X l l e siècle de r e c h e r c h e s effectuées p o u r d e s siècles u l t é r i e u r s .

C'est n o t a m m e n t le cas pour la r e p r é s e n t a t i o n de 1'Aranos (dont pli s i e u r s a u t e u r s se sont n é a n m o i n s o c c u p é s depuis que j'en ai conmier l ' é t u d e ) , pour la théophanie, les i c ô n e s m o n u m e n t a l e s l i é e s à l'ic n o s t a s e et à l a Déisis, l e s p o r t r a i t s i m p é r i a u x , l e s s a i n t s cavalà a i n s i que pour l e s sujets déjà m e n t i o n n é s p l u s h a u t , à p r o p o s d e s d e r n i è r e s f r e s q u e s d é c o u v e r t e s à K u r b i n o v o . A f i n de s a u v e g a r d e r l ' u n i t é de la m é t h o d e et de pouvoir j u s t i f i e r p o i n t par point le c gré d ' " a c t u a l i t é " des r e p r é s e n t a t i o n s , chaque sujet a été a n a l y s é de l a m ê m e m a n i è r e , quelle que soit sa r a r e t é ou son o r i g i n a l i t é .

Il a été p r o c é d é de mime p o u r le r é p e r t o i r e o r n e m e n t a l , p o u r le r é p e r t o i r e formel et pour l a m a n i è r e d ' i n t e r p r é t e r l'un e1 l ' a u t r e . Cette a n a l y s e "à la l o u p e " de chacune d e s formes peinteî p r é s e n t e i n c o n t e s t a b l e m e n t pour le l e c t e u r un aspect f a s t i d i e u x de

je le prie de v o u l o i r b i e n m ' e x c u s e r , m a i s il m ' a paru intéressani et m ê m e utile de fournir i n t é g r a l e m e n t ce m a t é r i e l de démonstratic En effet, d'une part cesanalyses et c e s c o m p a r a i s o n s , qui constiti ent l ' a m o r c e d'un r é p e r t o i r e formel de l'art t a r d o - c o m n è n e , dévoi]

l a m a n i è r e dont un artiste pouvait r é v é l e r sa p e r s o n n a l i t é tout ei e m p l o y a n t un v o c a b u l a i r e stylistique r é p a n d u d a n s tout l ' u n i v e r s c u l t u r e l de B y z a n c e . D ' a u t r e p a r t , e l l e s m ' o n t p e r m i s de discerne m a l g r é l ' u n i t é de l ' e n s e m b l e , l ' e x i s t e n c e de d i f f é r e n t e s " m a i n s " £ K u r b i n o v o même et, surtout, d'apporter une s o l u t i o n que je c r o i s c f i n i t i v e au p r o b l è m e des r a p p o r t s entre les p e i n t u r e s de Kurbinovc et c e l l e s des S a i n t s - A n a r g y r e s de C a s t o r i a (chapitre V ) . L e s rapj c h e m e n t s i c o n o g r a p h i q u e s n'étant, à eux seuls, p a s assez p r o b a n t s l e s d i f f é r e n c e s s t y l i s t i q u e s entre l e s deux e n s e m b l e s i^ermettant c v e r s e s i n t e r p r é t a t i o n s , seule l ' e x i s t e n c e de formes c o m m u n e s r a r e s m ê m e e x c e p t i o n n e l l e s pouvait prouver l ' i d e n t i t é des a r t i s t e s .

L a d é t e r m i n a t i o n de ces f o r m e s r a r e s ne pouvait avoir Id que par l a c o m p a r a i s o n des formes f i g u r é e s à K u r b i n o v o avec colleE que l'on trouve d a n s l e s m o n u m e n t s l e s p l u s r e p r é s e n t a t i f s de l'ai t a r d o - c o m n è n e . Pour une meilleure c o n n a i s s a n c e de celui-ci, il ci

1

(14)

.'y ' • " •

IV.

en o u t r e , i n t é r e s s a n t de déceler d a n s quelle m e s u r e i l y avait i n - v e n t i o n d a n s ce d o m a i n e , ou nouvelle i n t e r p r é t a t i o n p a r r a p p o r t aux c r é a t i o n s des s i è c l e s a n t é r i e u r s .

L a b i b l i o g r a p h i e se rapportant aux d i f f é r e n t s p o i n t s t r a i - t é s est donnée en note; l e s o u v r a g e s sont m e n t i o n n é s de m a n i è r e c o m - p l è t e l a p r e m i è r e fois q u ' i l s sont cités. S o u s l a r u b r i q u e " r é f é - r e n c e s b i b l i o g r a p h i q u e s " , on trouvera un r a p p e l sujet p a r sujet, d e s p r i n c i p a l e s n o t e s renfermant de la bibliographie a i n s i q u ' u n e l i s t e a l p h a b é t i q u e des a b r é v i a t i o n s .

Etant donné que le m a t é r i e l de c o m p a r a i s o n , p r é s e n t é d a n s l e p r e m i e r chapitre, a été exploité de diverses m a n i è r e s au c o u r s d e s c h a p i t r e s suivants, il m ' a paru i n u t i l e d'établir u n i n d e x d a n s l e - q u e l l e s n o m s , c i t é s u n n o m b r e considérable de fois, a u r a i e n t r e n - v o y é le l e c t e u r d'un bout à l ' a u t r e de l ' o u v r a g e .

D a m s cette étude des fresques de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o j ' a i été e n c o u r a g é e , à d i f f é r e n t s titres et de d i f f é r e n t e s f a ç o n s , p a r de n o m b r e u s e s p e r s o n n e s à qui je tiens à e x p r i m e r i c i toute m a g r a t i t u d e . C e l l e - c i s'adresse d'abord, et l e p l u s v i v e m e n t , au P r o - f e s s e u r C h a r l e s D e l v o y e , p r o m o t e u r de ce travail, q u i m ' a p r o d i g u é son temps, ses p r é c i e u x c o n s e i l s et ses s u g g e s t i o n s f e r t i l e s , avec u n e c o n s t a n t e b i e n v e i l l a n c e . Elle va également aux p r o f e s s e u r s de n o t r e u n i v e r s i t é et aux p r o f e s s e u r s étrangers, aux d i r e c t e u r s d ' i n s - t i t u t s et c o n s e r v a t e u r s de m u s é e s , aux chercheurs, q u i m ' o n t a c c o r d é l e u r aide d a n s des d é c h i f f r e m e n t s , des traductions ou d e s i d e n t i f i - c a t i o n s , m ' o n t donné d e s r e n s e i g n e m e n t s , des d o c u m e n t s , d e s p h o t o g r a - p h i e s ou d e s a u t o r i s a t i o n s , m ' o n t accueillie et c o n s e i l l é e : M e s d a m e s B a k a l o v a , Balty, G r i g o r i a d o u - C a b a g n o l s , L e r o y - M o l i n g h e n , M i c h a i l o v a ,

S k o v r a n et V a s s i l e v a , M e s d e m o i s e l l e s P a n a y o t i d i s et S u l z b e r g e r , M e s - s i e u r s B a b i c , B l a n k o f f , Cornakov, Grabar, H a d o t , M a s a i , Megav;, N i k o - l o v s k i , P a p a g e o r g h i o u , P e l e k a n i d i s , Philippot, K a d o j c i c , T a d i c et Z a k y t h i n o s .

Je. dois des r e m e r c i e m e n t s spéciaux au P r o f e s s e u r R a d i v o j e L j u b i n k o v i c , qui m ' a aimablement facilité l ' a c c è s à u n d o m a i n e q u i est le sien et à M o n s i e u r Petar M i l j k o v i c - P e p e k qui, tant sur le p l a n p r a t i q u e que sur l e p l a n s c i e n t i f i q u e , m'a a p p o r t é son aide c o r d i a l e et e f f i c a c e .

M a r e c o n n a i s s a n c e s'adresse aussi à M a d e m o i s e l l e C l a i r e P r é a u x , p r o f e s s e u r à l ' U n i v e r s i t é Libre de B r u x e l l e s et à M o n s i e u r M a r c e l G r o s j e a n , s e c r é t a i r e général de la F o n d a t i o n F r a n c q u i a i n s i

(15)

V.

q u ' à l a F é d é r a t i o n b e l g e des F e m m e s d i p l ô m é e s des U n i v e r s i t é s et à l a F o n d a t i o n F r a n c q u i qui m'ont o c t r o y é des b o u r s e s p o u r f a c i l i t e r m e s v o y a g e s et m o n traved.1.

L a p r é s e n t a t i o n extérieure de c e l u i - c i est d u e à m o n b e a u p è r e et à M a d e m o i s e l l e Lans^que je remercie pour la g e n t i l l e s s e , l a p a t i e n c e et l e soin avec l e s q u e l s ils ont p r i s sur eux u n e tâche c o m b i e n l o n g u e et i n g r a t e .

M e r c i aussi à ceux que je cite en dernier l i e u n a i s d o n t l e s o u t i e n n ' a u r a p a s été le m o i n d r e : mes p a r e n t s et m o n m a r i .

(16)

7.

Comme à l'abside, le soubassement des m u r s r e c t i l i g n e s était décoré de panneaux peints imitant des plaques de marbre aux couleurs et aux dessins variés. Ce soubassement n'est plus conservé a u j o u r d ' h u i qu'entre le trône et la porte sud, ainsi que dans le bas des embrasures de la porte nord. Les embrasures de l a porte o c c i d e n - tale et des fenêtres cintrées sont également ornées de lignes r e p r o - duisant l e s veines du marbre (n°97). L'autel, et très probablement le trône, avaient reçu u n décor semblable; le p r e m i e r porte encore de n o m b r e u s e s traces de peinture imitant des jeux de m a r b r e s a l t e r n é s .

2.) H I S T O I R E DU MONUMENT

L ' h i s t o i r e des premiers siècles de l'église est p r e s q u e tota- lement i n c o n n u e . Le seul élément que nous possédions est la date du

début de l a décoration peinte : avril 11911 c'est-à-dire pendant lepremier règne d'Isaac II Ange

(1185-95/1203-0^)

et alors que se trouvait sur le trône archiépiscopal d'Ohrid - dont dépendait le territoire de K u r b i - novo - J e a n Kamatir, ancien conseiller d'Andronic Comnène, à C o n s t a n - tinople (^).

Cette date précise et sa signification sont données d a n s l ' i n s c r i p t i o n , par ailleurs laconique, qui a été d é c o u v e r t e à l ' a r - r i è r e de l'autel, l o r s des travaux de conservation entrepris en 1958 par l'Institut pour la Préservation des Monuments culturels de l a R é p u b l i q u e populaire de Macédoine (fig.1l).

c ' i n H s ' o p ï c ' é e - iji'

' A T I P ï A ^ 0 4c

!/<-

K6-

'Hpgcoueôa xriv •'eKHXri/oL(av) xoO'LOxopetaOaL u n v l / '^AnpUfa) e\c x à e KE/\\^UHTLCôVL) 0 ' 'éxe L < ^ ^ ( 9

"Nous avons commencé à décorer l'église le 25 avril d a n s l'indiction

9,

en l'an

6699" (=1191)(5)

Le 25 avril, c'est-à-dire dans le mois où les ateliers reprennjent généralement leur actj.j£ité _et__après l'octave pascale et les fêtes de l a Saint - G e o r g e s 1 (6)\jtîî) OA^Ùi")]

Cette inscription confirme de façon irréfutable la d a t a t i o n d é j à proposée en 19^0 par M . Radivoje Ljubinkovic sur la base de son e x c e l l e n t e étude iconographique et stylistique qui r é v é l a les pej.n- tures de Kurbinovo. Auparavant, dans les rares p u b l i c a t i o n s qui l e s m e n t i o n n a i e n t , celles-ci avaient même été datées du X V I e siècle (?)•

(17)

L ' i n s c r i p t i o n de l'autel, d'une importance capitale pour l ' é t u d e du monument mais aussi pour celle de la p e i n t u r e b y z a n t i n e du Xlle siècle, n'éclaire cependant en rien les circonstances qui ont présidé à la construction de l'église, ni celles qui ont fait réaliser son décor de fresques, p a s plus qu'elle ne p r é c i s e quels furent ses fondateurs ou protecteurs.

L e s fouilles effectuées aux alentours ont amené la d é c o u - verte de nombreux témoins qui prouvent qu'à l'origine le monument n'était p a s séparé du village (8). .On suppose que c'est vers l a fin du XVIIIe siècle que cet ancien site d'habitation a été abandonné pour l'emplacement que le village de Kurbinovo occupe aujourd'hui, p l u s bas vers le lac (9)• Quelques tombes du XIXe siècle se trouvent

encore au nord de l'église et celle-ci servait toujours au culte au début de ce siècle. .

L ' i m a g e de saint Démétrius cavalier, qui surmonte l a p o r t e nord, et l e s fresques extérieures, presque totalement effacées, de l ' a n c i e n porche sud (à l'exclusion de celles de la l u n e t t e ) sont, a c t u e l l e m e n t , les seuls vestiges des transformations que subit le m o - nument entre le Xlle et le XIXe siècle. La première, nous l ' a v o n s vu, a été datée de la fin du XVIe siècle ou du début du X V I I e , les secon- des, d'abord considérées comme étant du XVIIe siècle, seraient,

d'.après un examen récent de M . Mil jkovic-Pepek, du X l V e siècle (10).

Peu avant le milieu du XIXe siècle, un incendie e n d o m - m a g e a a s s e z fortement l'église, surtout du côté sud où, s e m b l e - t - i l , le foyer se concentra. Le porche méridional fut détruit , p l u s i e u r s fresques portent encore des traces de ce feu. Les r e s t a u r a t i o n s et, surtout, les transformations qui s'en suivirent, vers l8^7» furent en partie, elles aussi, néfastes au monument Le placement d'un

plafond de b o i s - dont la trace est encore visible sur l e s fresques - d é t é r i o r a l e s parties hautes des murs et, par conséquent, leur décor, et c'est à ce moment que furent p e r c é e s les deux grandes fenêtres du m u r sud, qui non seulement défigurèrent cette façade m a i s , surtout, e n d o m m a g è r e n t gravement les peintures intérieures. C'est à cette époque aussi que furent murées l e s deux portes l a t é r a l e s et que fut r e m p l a c é e l ' i c o n o s t a s e . La façade occidentale fut décorée de nou- v e l l e s i m a g e s de saints cavaliers ( f i g . 3 n ) .

D a n s la première moitié du XXe siècle, plusd.eurs travaux de r e s t a u r a t i o n furent entrepris, notamment en 1908; ils débairrassèrent le monument de constructions adventices tardives, coirane le p o r c h e o c c i d e n t a l dont on devine encore la forme sur la façade p r i n c i p a l e

(fig.30a).

En 1958 l'ancienne couverture fut enlevée et les m u r s r e h a u s sés de 5 0 cm, c'est-ù-dire que l'église reprit ses proportions i n i t i - a l e s . L ' a c t u e l l e charpente apparente fut mise en place; len p o r t e s l a t é r a l e s furent à nouveau ouvertes» Après des fouilles et des tra-

(18)

vaux de s o u t è n e m e n t et d ' i s o l a t i o n , l e sol fut dallé, au n i v e a u o r i - g i n a l . L e s a r c h é o l o g u e s de l ' I n s t i t u t de Skopje s ' a t t a c h è r e n t a u s s i au p r o b l è m e du dégagement total des peintures, à l e u r n e t t o y a g e et à leur c o n s e r v a t i o n . C'est ainsi qu'apparurent, sous l e s p e i n t u r e s du X I X e s i è c l e de la façade o c c i d e n t a l e , l e s p r e m i è r e s f i g u r e s d e saints c a v a l i e r s , que furent r é v é l é s l ' i n s c r i p t i o n de l ' a u t e l , l e s c o m p o s i t i o n s de l ' A s c e n s i o n et de la Pentecôte, c e r t a i n s d é t a i l s de l a N a t i v i t é , d e l ' E n t r é e à J é r u s a l e m , les p e i n t u r e s des e m b r a s u r e s des p o r t e s nord et sud, etc.

P a r cette récente c a m p a g n e de travaux m e n é e à K u r b i n o v o , l ' é g l i s e a été débarrassée, autant que faire se p o u v a i t , d e s d e r n i è r e s a d j o n c t i o n s a p p o r t é e s par l e s huit siècles de son histoire» L e s g r a - ves d é t é r i o r a t i o n s subies pendant ce temps n'ont pu ê t r e que très p a r - tiellement r é p a r é e s , m a i s ce qui pouvait être sauvé l ' a été a d m i r a b l e - m e n t . C'est a i n s i que, m a l g r é l e s d o m m a g e s et l e s l a c u n e s du d é c o r i n t é r i e u r , l e v i s i t e u r d ' a u j o u r d ' h u i reçoit, en e n t r a n t , u n e i m p r e s - sion de b e a u t é p r e s q u e i n t a c t e .

L ' é t u d e a r c h é o l o g i q u e du monument ne s u p p l é e g u è r e . J u s q u ' à p r é s e n t , à l ' a b s e n c e de d o n n é e s h i s t o r i q u e s en ce qui c o n c e r n e l a date de la c o n s t r u c t i o n de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o .

L o r s q u e nous étudierons l e s peintures e x t é r i e u r e s , n o u s v e r - r o n s que le p r e m i e r des deux décors à sujets f i g u r é s (le second étant celui du X I X e s i è c l e ) peut être considéré conme c o n t e m p o r a i n d e s fres-r q u e s de l ' i n t é r i e u r . Si cette h y p o t h è s e est exacte, l ' e x i s t e n c e d e s p e i n t u r e s imitant les b r i q u e s p r o u v e qu'un certain l a p s de t e m p s s'est écoulé entre l a c o n s t r u c t i o n de l'église et l a date de 1191 qui m a r - querait donc le début de l ' e n s e m b l e de la d é c o r a t i o n f i g u r é e .

Au X l e siècle, on assiste à une certaine " p i c t u r a l i s a t i o n "

de l ' a r c h i t e c t u r e (12). L e s B y z a n t i n s , ayant é l a b o r é au c o u r s d e s s i è c l e s p r é c é d e n t s l e s différents p l a n s de l e u r s é d i f i c e s r e l i g i e u x - dont c e l u i en croix grecque i n s c r i t e - ont cherché, dès c e t t e épo- que, à a g r é m e n t e r les m a s s e s a r c h i t e c t u r a l e s par l ' a n i m a t i o n d e s s u r - f a c e s . C e l l e s - c i sont alors fragmentées pour m u l t i p l i e r l e s é c l a i r a - ges; n i c h e s , a r c a t u r e s et fenêtres se combinent pour r y t h m e r le m u r . D e s p l a t s de c é r a m i q u e , des frises ou des d e s s i n s g é o m é t r i q u e s , c o m - p o s é s à l ' a i d e de briques, créent u n décor à p l u s p e t i t e é c h e l l e , u n e sorte de g r a p h i s m e . A C o n s t a n t i n o p l e même, l ' é g l i s e a p p e l é e a c t u e l - lement K i l i s e Garai (Saint-Théodore ? ) est u n bon e x e m p l e de c e t t e n o u - v e l l e e s t h é t i q u e a r c h i t e c t u r a l e (13). En M a c é d o i n e , et p l u s p a r t i c u - l i è r e m e n t à C a s t o r i a , les o r n e m e n t s ccraraoplastiques e n v a h i s s e n t l e s f a ç a d e s q u ' i l s r e v ê t e n t d'une sorte de vaste b r o d e r i e de b r i q u e s . L a b a s i l i q u e des S a i n t s - A n a r g y r e s est u n des p l u s b e a u x m o n u m e n t s de cette

espèce (l4).

(19)

10.

L a l u n e t t e à deux ressauts, que l'on t r o u v e r é p é t é e a u - d e s s u s d e s trois p o r t e s de S a i n t - G e o r g e s de Kurbinovo^est u n d e s é l é m e n t s que l ' a r c h i t e c t u r e b y z a n t i n e du Xle siècle met s p é c i a l e m e n t en valeur*

O n l a r e n c o n t r e , n o t a m m e n t , à la V i e r g e . d e s . C h a u d r o n n i e r s de S a l o n i - q u e (15) et à C o n s t a n t i n o p l e même,aux chevets de l ' é g l i s e du C h r i s t P a n t e p o p t e (Eski Imaret Garni) et de Kilise Garai (16) o ù , p l a t e ou c r e u - sée en niche, elle a des p r o p o r t i o n s très s e m b l a b l e s à c e l l e s que l ' o n p e u t voir à K u r b i n o v o .

On peut très b i e n imaginer que les c o n s t r u c t e u r s de l a m o d e s - te b â t i s s e de S a i n t - G e o r g e s aient voulu compléter l e s o r n e m e n t s a r c h i - t e c t u r a u x que sont l e s l u n e t t e s à deux ressauts par u n e i m i t a t i o n p e i n t e - donc b o n m a r c h é - d e s jeux de briques en v o g u e dans la v i l l e v o i s i n e de C a s t o r i a .

L e s éléments qui constituent l ' o r n e m e n t a t i o n d e s f a ç a d e s de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o pourraient donc être r a t t a c h é s au X l e s i è c l e Il est n é a n m o i n s d i f f i c i l e de concevoir que l ' é g l i s e soit r e s t é e p r è s d ' u n siècle sans p e i n t u r e s i n t é r i e u r e s . En o u t r e , si, a p r è s le X l e s i è c l e , l e s a r c s ont tendance à se multiplier a u t o u r d e s l u n e t t e s et c e l l e s - c i à s ' a l l o n g e r ou à se souder en arcature, il est c e r t a i n q u e l a s i m p l e l u n e t t e b o r d é e d'un double arc ne d i s p a r a î t p a s de l ' a r c h i - t e c t u r e b y z a n t i n e . Le n a r t h e x ajouté en 131^ à S a i n t e - S o p h i e d ' O h r i d m o n t r e à la fois l a c o n s e r v a t i o n de ce motif et ses t r a n s f o r m a t i o n s (17) Q u a n t à la m o d e des d e s s i n s de b r i q u e s sur l e s f a ç a d e s , elle se m a i n - t i e n t au cours des s i è c l e s en M a c é d o i n e et l e s é g l i s e s de V a r o s , p r è s de P r i l e p , sont de b o n s e x e m p l e s de cette c o n t i n u i t é (18). Il ne faut d o n c p a s exclure que l ' é d i f i c a t i o n de l'église, son p r e m i e r d é c o r et s o n décor définitif se soient succédé assez r a p i d e m e n t , au cours du X l l e siècle*

3 ) L A S I T U A T I O N H I S T O R I Q U E

L ' é p o q u e où ont été créées l e s p e i n t u r e s de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o est une des p l u s dramatiques de l ' h i s t o i r e m é d i é v a l e de B y z a n c e (19)* Isaac II A n g e était alors empereur; sa f a m i l l e , o r i g i - n a i r e de P h i l a d e l p h i e en A s i e Mineure, était u n i e à c e l l e d e s C o m n è n e s d e p u i s le m a r i a g e de C o n s t a n t i n Ange avec T h é o d o r a , f i l l e d ' A l e x i s 1 e r . I s a a c , p e t i t - f i l s de C o n s t a n t i n , avait été élu l o r s de l ' i n v a s i o n

n o r m a n d e de

I I 8 5 ,

après le sac de Salonique, p o u r s u c c é d e r à A n d r o n i c 1er C o m n è n e , à qui l a p o p u l a t i o n de Constantinople, p r i s e de p a n i q u e d e v a n t l ' a r r i v é e des N o r m a n d s , avait fait subir une m o r t a t r o c e . Au d é b u t de son règne, Isaac avait connu quelques s u c c è s d a n s sa p o l i - t i q u e e x t é r i e u r e , n o t a m m e n t en débarrassant la p l u s g r a n d e p a r t i e de l ' E m p i r e de la p r é s e n c e des N o r m a n d s de Guillaume II et en c o n c l u a n t u n ti-aité d'amitié avec B é l a III de Hongrie dont il é p o u s a l a fille

(20)

M a r g u e r i t e . C e t t e a l l i a n c e devait, entre a u t r e s , éviter u n r a p p r o - chement s e r b o - h o n g r o i s conaie celui qui avait eu l i e u , deux a n s p l u s tôt, sous A n d r o n i c 1er, et avait p e r m i s à E t i e n n e N e m a n j a de R a s c i e d ' é t e n d r e son t e r r i t o i r e et de lui assurer l ' i n d é p e n d a n c e . L a f a ç o n dont Isaac. a d m i n i s t r a i t l ' e m p i r e fut, par c o n t r e , i m m é d i a t e m e n t d é s a s - treuse et l e s a b u s qu'avait freinés son p r é d é c e s s e u r purent se d o n n e r l i b r e cours, tels ceux des percepteurs d'impôts, ou tous ceux que p o u v a i e n t e n t r a î n e r l a vénalité des charges et l a c o r r u p t i o n des f o n c - t i o n n a i r e s . L e t e r r i t o i r e était divisé en u n e m u l t i t u d e de p a r c e l l e s a d m i n i s t r a t i v e s s o u s l a dépendance des grands p r o p r i é t a i r e s f o n c i e r s . L a fiscalité se fit de p l u s en plus l o u r d e , non seulement pour p a y e r l e s frais des g u e r r e s m a i s aussi pour entretenir le faste de l a c o u r . En effet, dans cet empire qui croule, N i c e t a s C h o n i a t e n o u s m o n t r e u n s o u v e r a i n égalant l a m a g n i f i c e n c e de S a l o m o n , p a r a d a n t c o m m e u n p a o n , b r i l l a n t comme le soleil à son lever et épris de t o u t e s l e s f o r m e s du l u x e , depuis le p o r t d ' h a b i t s neufs chaque jour jusqu'à l a c o n s t r u c - tion des d e m e u r e s l e s p l u s s o m p t u e u s e s (20). P o u r s o l d e r l e s f r a i s de ses noces avec l a toute jeune Marguerite de H o n g r i e , qui n ' a v a i t p a s dix ans, Isaac fit l e v e r des impôts e x t r a o r d i n a i r e s . Ces n o u v e l l e s charges, p a r t i c u l i è r e m e n t lourdes en Bulgarie, e n t r a î n è r e n t u n e r é - volte des V a l a q u e s , P i e r r e et Jean A s ê n , deux b o y a r d s des e n v i r o n s de T i r n o v o , à qui l ' e m p e r e u r aurait refusé de d o n n e r des terres en p r o n o i a , fomentèrent et s o u t i n r e n t ce soulèvement qui devait avoir des c o n s é - q u e n c e s très l o u r d e s pour Byzance, p u i s q u ' i l a b o u t i t , m a l g r é p l u s i e u r s v i c t o i r e s d'Isaac II, au triomphe de l ' i n s u r r e c t i o n appuyée p a r N e m a n j a et à l a c r é a t i o n , en

II87,

du second empire b u l g a r e .

R é c e m m e n t a m p u t é des territoires de S e r b i e et de B u l g a r i e , m e n a c é par de n o u v e a u x souverains ennemis, en p r o i e à des d i f f i c u l t é s de p o l i t i q u e i n t é r i e u r e , l'empire d'Isaac II dut faire face, en

I I 8 9 ,

à l'arrivée de la t r o i s i è m e croisade provoquée par la prise de J é r u - salem par S a l a d i n . Le p a s s a g e de l'armée de F r é d é r i c B a r b e r o u s s e à t r a v e r s le t e r r i t o i r e b y z a n t i n avait fait l ' o b j e t de t r a n s a c t i o n s ; il n ' e n amena p a s m o i n s de violents heurts, Isaac II ayant c o n c l u u n e a l - l i a n c e avec S a l a d i n et fait emprisonner des a m b a s s a d e u r s a l l e m a n d s , F r é d é r i c ayant n é g o c i é avec les Serbes, les B u l g a r e s et le s u l t a n

d ' I c o n i u m . S o u s l a m e n a c e de la prise de C o n s t a n t i n o p l e par l e s a r m é e s a l l e m a n d e s , l ' e m p e r e u r byzantin dut s a t i s f a i r e , par le traité d ' A n d r i - n o p l e ( 1 1 9 0 ) , t o u t e s l e s exigences de B a r b e r o u s s e .

L a p r i s e de C h y p r e par Richard Coeur de L i o n , en 1 1 9 1 , fut l a p l u s grave des i n c i d e n c e s de cette croisade sur la vie de B y z a n c e . L ' î l e fut ensuite vendue aux T e m p l i e r s , puis p a s s a en 1 1 9 2 à G u y de L u s i g n a n , l ' a n c i e n r o i de Jérusalem.

Le d é p a r t et la mort accidentelle de B a r b e r o u s s e p e r m i r e n t à Isaac Ange do r e p r e n d r e en

II90

encore l a lutte contre les B u l g a r e s et les Serbes qui avaient conquis de nouvea.ux t e r r i t o i r e s . S'il b a t - tit l'armée de N e m a n j a , sur la Morava, Issac faillit trouver l a m o r t d a n s sa c a m p a g n e c o n t r e les Bulgares. Après une nouvelle d é f a i t e en

(21)

119^, il aurait peut-être pu remporter une victoire en 1195» grâce à l'appui de son beau-père Bela III, mais son frère aîné A l e x i s c h a n g e a brusquement le cours des événements en s'emparant du p o u v o i r . Il

fit crever l e s yeux ii'isaac e t le fit emprisonner.

La prise de pouvoir d'Alexis III Ange, h o m m e frivole, couard e t vaniteux jet la demande d'aide aux Latins qu'elle entraîna de l a part du jeune Alexis, fils d'Isaac II, allaient p r é c i p i t e r l a chute de l ' e m p i r e .

Si A l e x i s III est en grande partie r e s p o n s a b l e du cours que prirent les événements jusqu'à la prise de C o n s t a n t i n o p l e par les Croisés, en 1204, on ne peut imputer à sa seule m é d i o c r i t é l a fai-

blesse de l ' e m p i r e qui remonte, en fait, à la s u c c e s s i o n de B a s i l e II.

A peu p r è s tous les problèmes auxquels ont été c o n f r o n t é s les A n g e l o - Comnènes ont déjà surgi dans la période qui sépare la mort du B u l g a r o c - tone

(1025)

de l'accession au trône d'Alexis 1er Coranène

(IO81-III8).

L e s révoltes des peuples balkaniques, l a pénétration des Turcs S e l d - joucides en Asie Mineure, la création du royaume normand des G u i s c a r d s , l a prise de JérusaJLem, origine des croisades, remontent à cette épo- que et seuls l a diplomatie, l'intelligence et le courage des trois grands empereurs de la dynastie des Comnènes ont pu donner à cet em- pire, menacé de toutes parts, la force relative et l'éclat qu'il connut à la fin du Xle siècle et pendant la plus grande p a r t i e du X l l e .

L ' h i s t o i r e religieuse sous l e s Comnènes et l e s Anges est sur- tout marquée par l a lutte des empereurs et de l'Eglise contre l e s

hérésies et par l'intensité des discussions t h é o l o g i q u e s (2l).

C e r t a i n e s des hérésies qui troublèrent 1 ' é p o q u e sont collec- tives et se situent nettement en marge de l'Orthodoxie, comme le B o g o - milisme; d'autres sont plus individuelles et portent sur des p o i n t s essentiels m a i s l i m i t é s de la doctrine orthodoxe qui est précisée par leur condamnation m ê m e .

L e s problèmes relatifs à l'Incarnation, à l ' u n i o n des deux natures dans le Christ et à la présence réelle dans l ' E u c h a r i s t i e , qui sont une des sources des hérésies dualistes, occupent également à cette époque une part importante des discussions théologiques des m i l i e u x i n t e l l e c t u e l s de Constantinople.

J e a n Italos, professeur de philosophie à l ' u n i v e r s i t é i m p é - riale, successeur de Michel Psellos, vit dès le début du règne

d'Alexis I^-"-' ses idées condamnées comme hérétiques (en IO82) . C o m m e son maître P s e l l o s , Italos représentait le courant philosophique, ra- tionaliste et platonicien de la pensée byzantine et sa c o n d a m n a t i o n m a r q u e également celle du néo-platonisme par l ' E g l i s e .

(22)

13.

P e n d a n t le r è g n e de Manuel I , l ' e n g o u e m e n t pour l e s d i s c u s - s i o n s t h é o l o g i q u e s fut sans égal. L ' e m p e r e u r p a r t i c i p a i t a c t i v e m e n t à ce que Ferdinand C h a l a n d o n a qualifié de " v é r i t a b l e d é b a u c h e t h é o - l o g i q u e " (22) . La r e m i s e en question de l'égalité d e s trois p e r s o n n e s de l a T r i n i t é a m e n a l e s p e n s e u r s de l ' é p o q u e à se p e n c h e r p l u s p r é c i - sément sur le m y s t è r e de l ' E u c h a r i s t i e ; l'aspect l i t u r g i q u e du p r o b l è m e p a s s a au premier p l a n .

Comme j ' a u r a i l ' o c c a s i o n de le r a p p e l e r en étudiant l e p r o - g r a m m e i c o n o g r a p h i q u e de S a i n t - G e o r g e s de K u r b i n o v o , l e s d i s c u s s i o n s c h r i s t o l o g i q u e s des X l e et X l l e s i è c l e s eurent des r é p e r c u s s i o n s sur le décor a b s i d a l d e s é g l i s e s b y z a n t i n e s et c'est à l a fin du X l l e s i è c l e que fut t r o u v é e la formule qui restera c a n o n i q u e u l t é r i e u r e - m e n t et dont le p r e m i e r exemple daté se trouve, p r é c i s é m e n t , à K u r b i - n o v o .

4 ) LA P E I N T U R E B Y Z A N T I N E AU X l l e S I E C L E .

L ' a n a l y s e de l ' i c o n o g r a p h i e et du style d e s p e i n t u r e s de S a i n t - G e o r g e s m ' a m è n e r a , tout au l o n g des pages qui vont s u i v r e , à c o n f r o n t e r l e s s o l u t i o n s a d o p t é e s dans cette é g l i s e et celles qui étaient les p l u s r é p a n d u e s à l ' é p o q u e . Tant d a n s le d o m a i n e du c o n - tenu de l ' i m a g e que d a n s celui de sa forme, la s p é c i f i c i t é de l a p e i n - ture du Xlle siècle et, p l u s p a r t i c u l i è r e m e n t , de l a seconde m o i t i é du siècle, sera, p a r c o n s é q u e n t , cernée de très p r è s .

D a n s ce chapitre d ' i n t r o d u c t i o n , j e me contenterai de r e t r a c e r t r è s r a p i d e m e n t l e s g r a n d e s l i g n e s de l ' é v o l u t i o n de l a p e i n t u r e au X l l e s i è c l e en situant, c h r o n o l o g i q u e m e n t et s t y l i s t i q u e m e n t , l e s p r i n c i - p a u x m o n u m e n t s qui s e r v i r o n t de termes de c o m p a r a i s o n (23).

L a s t y l i s a t i o n l i n é a i r e , l e s d é f o r m a t i o n s e x p r e s s i v e s ou ' d é c o r a t i v e s , les a t t i t u d e s à p i v o t e m e n t s c o n t r a r i é s , Hesdraperies agitées, l ' e n v i r o n n e m e n t conçu comme écho à l a figure h u m a i n e sont des p a r t i -

c u l a r i t é s qu'ont s p é c i a l e m e n t exploitées les p e i n t r e s du X l l e s i è c l e , m a i s qui ne sont p a s b r u s q u e m e n t apparues dans l ' a r t b y z a n t i n aux e n v i r o n s de 1100. L a v i s i o n esthétique du temps d e s C o m n ô n e s c o m m e n c e , en fait, à se former dès l ' é p o q u e de Basile II> c ' e s t - à - d i r e au moment où u n s o u f f l e n o u v e a u fait r é i n t e r p r é t e r les s t r u c t u r e s n é o - c l a s s i q u e s de l'art d'os M a c é d o n i e n s .

L a très vaste aire d'expansion des c a r a c t è r e s s t y l i s t i q u e s de l a p e i n t u r e du X l l e s i è c l e prouve que ceux-ci é m a n a i e n t de C o n s - t a n t i n o p l e m ê m e , seul c e n t r e capable d'influencer l ' a r t , de la S i c i l e à l ' A s i e M i n e u r e , de l a M é d i t e r r a n é e à la Russie et à la S c a n d i n a v i e »

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