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Céréales entières pour les poulets de chair : le retour ?

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Academic year: 2021

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Céréales entières pour les poulets de chair : le retour ?

V. Noirot, I. Bouvarel, B. Barrier-Guillot, J. Castaing, J.L. Zwick, M. Picard

To cite this version:

V. Noirot, I. Bouvarel, B. Barrier-Guillot, J. Castaing, J.L. Zwick, et al.. Céréales entières pour les

poulets de chair : le retour ?. Productions animales, Institut National de la Recherche Agronomique,

1998, 11 (5), pp.349-357. �hal-02696260�

(2)

(1)

ITAVI 28 rue du Rocher 75008 Paris,

(2)

ITCF 91720 Boigneville,

(3)

AGPM Route de Pau 64121 Montardon,

(4)

UCAAB 02400 Chateau-Thierry,

(5)

INRA-SRA 37380 Nouzilly

pour les poulets

de chair : le retour ?

Les cŽrŽales reprŽsentent 60 ˆ 70 % des 3,4 millions de tonnes dÕaliment composŽ fabriquŽes en France en 1997 pour les poulets de chair. Il y a 50 ans, ces granivores consommaient des graines de

cŽrŽales enti•res dans les basses-cours. Actuellement, les cŽrŽales sont broyŽes, mŽlangŽes avec dÕautres mati•res premi•res, pour obtenir un aliment complet unique qui est ensuite granulŽ. Dans les grands Žlevages dÕEurope du nord, des cŽrŽales enti•res (blŽ principalement), sont distribuŽes simultanŽment ou alternativement avec un aliment complŽmentaire. Ce mode dÕalimentation permet dÕadapter la

proportion de cŽrŽales consommŽes ˆ lÕ‰ge du poulet et de diminuer les cožts de stockage, de transformation et de transport des cŽrŽales si lÕaviculteur les produit.

Les rŽsultats de la recherche permettent de comparer les trois principales mŽthodes dÕutilisation des graines enti•res dans lÕalimentation du poulet de chair : distributions simultanŽe mais sŽparŽe dans lÕespace, en mŽlange, ou sŽquentielle avec un aliment complŽmentaire.

RŽsumŽ

LÕutilisation des cŽrŽales enti•res distribuŽes avec un aliment complŽmentaire dans lÕalimentation du poulet de chair prŽsente un regain dÕintŽr•t avec les succ•s rencontrŽs dans certains Žlevages dÕEurope du nord. Les rŽsultats de la recherche permettent de comparer les trois principaux modes de distribution des deux ali- ments : lÕalimentation sŽparŽe dans lÕespace, le mŽlange et lÕalimentation sŽquen- tielle.

MŽlange et alimentation sŽquentielle sont adaptŽs ˆ lÕŽlevage : ces techniques per- mettent de mieux contr™ler les proportions de cŽrŽale et dÕaliment complŽmen- taire consommŽes par les poulets. LÕalimentation sŽparŽe laisse en revanche sÕex- primer les facteurs individuels de la sŽlection alimentaire et ne permet pas toujours dÕobtenir la croissance et la composition corporelle escomptŽes par lÕŽle- veur.

Le poulet dig•re aussi bien les cŽrŽales enti•res que broyŽes. Il est capable de sÕadapter rapidement ˆ un rŽgime comportant une cŽrŽale enti•re, en modifiant son comportement alimentaire. La prŽsentation physique et la composition de lÕaliment complŽmentaire affectent la proportion de cŽrŽales consommŽe. Les cŽrŽales enti•res induisent un dŽveloppement du gŽsier, dont les effets sur la digestion et la prŽvention de la coccidiose mŽritent dÕ•tre approfondis.

La technique du mŽlange est ma”trisŽe et appliquŽe dans les Žlevages dÕEurope du nord, avec des syst•mes de distribution informatisŽs. Il reste ˆ valider en pratique le mode de distribution sŽquentiel, moins cožteux que le mŽlange, et ˆ Žtudier lÕintŽr•t Žconomique rŽel de cette mŽthode dÕalimentation pour lÕŽleveur de poulet en France.

Le dŽveloppement de lÕutilisation des cŽrŽales enti•res en Žlevage dŽpend de la ma”- trise technique des mŽthodes de distribution.

Les trois principales sont lÕalimentation sŽpa- rŽe, la distribution sŽquentielle et le mŽlange (figure 1). Les techniques de distribution de cŽrŽales graines enti•res sont donc toutes basŽes sur un choix plus ou moins dirigŽ de lÕanimal dans lÕespace, le temps ou par tri par- ticulaire.

Un poulet au sein dÕun groupe est capable de sŽlectionner un rŽgime globalement Žquili- brŽ, lorsquÕil est confrontŽ ˆ diffŽrents ali- ments dÕŽgale disponibilitŽ dans son environ- nement (Covasa et Forbes 1995). Le choix initial est celui de consommer ou non une particule prŽsente dans cet environnement.

LÕidentification de lÕaliment est une capacitŽ

acquise par lÕapprentissage (Picard 1997). Il

permet ˆ lÕanimal dÕassocier les crit•res de

diffŽrenciations sensorielles (forme, couleur,

odeur, saveur, propriŽtŽs tactiles) et les carac-

tŽristiques nutritionnelles des aliments Ç gož-

tŽs È. LÕŽquilibrage du niveau de consomma-

tion de deux aliments ne se fait que si ces

derniers diff•rent par au moins une caractŽ-

(3)

ristique nutritionnelle (Forbes et Kyriasakis 1995) et sÕil existe au moins une solution Žqui- librŽe dans le choix offert (Emmans 1991).

LÕoffre, simultanŽe ou non, de blŽ riche en Žnergie et pauvre en protŽines et dÕun concen- trŽ hautement protŽique, riche en minŽraux, oligo-ŽlŽments et vitamines, et moins riche en Žnergie, remplit ces conditions.

Les choix alimentaires dŽpendent de trois grands types de facteurs schŽmatisŽs ˆ la figure 2 (Covasa et Forbes 1995, Meunier- SalaŸn et Picard 1996, Yo 1996). LÕinterprŽta- tion des choix alimentaires des animaux est souvent confuse. Le Ç bon È choix pour le pou- let nÕest pas forcŽment celui qui lui permet de maximiser sa croissance (Siegel et al 1997).

Le principe du choix offre cependant lÕavan- tage dÕune flexibilitŽ dans la composition du rŽgime, rŽpondant ˆ la variabilitŽ des condi- tions dÕambiance. Dans le cas particulier de lÕoffre de graines enti•res et dÕun concentrŽ protŽique, les poulets ont la possibilitŽ de rŽguler leur ingŽrŽ protŽique indŽpendam- ment de lÕingestion dÕŽnergie et de lÕadapter ˆ leur niveau de production ainsi quÕaux varia- tions nycthŽmŽrales de tempŽrature (Mastika et Cumming 1987). Cependant, plusieurs questions font encore lÕobjet dÕun dŽbat scien- tifique : ˆ quel ‰ge, ˆ quel niveau dÕincorpora- tion dans le rŽgime global, et comment intro- duire les cŽrŽales enti•res pour obtenir des performances comparables ˆ celles observŽes avec un aliment complet ? Quelles sont ensuite les consŽquences de ce type dÕalimen- tation sur le comportement alimentaire et la santŽ du poulet ?

Les principaux avantages et inconvŽnients des trois principales techniques sont rŽsumŽs, en considŽrant successivement lÕalimentation sŽparŽe, le mŽlange, illustrŽ par des exemples de techniques utilisŽes en Žlevage en Europe du nord, et lÕalimentation sŽquentielle.

Quelques rŽsultats rŽcents de la recherche sont ensuite analysŽs pour faire le point sur

les dŽveloppements possibles de la distri- bution des cŽrŽales enti•res aux poulets de chair.

1 / Avantages et inconvŽnients des trois mŽthodes

dÕalimentation

Le but recherchŽ est dÕobtenir des vitesses de croissance, efficacitŽ alimentaire et compo- sition corporelle les plus proches possibles de celles de poulets consommant un aliment complet, en utilisant des cŽrŽales enti•res et un aliment complŽmentaire riche en pro- tŽines.

1 .1 / LÕalimentation sŽparŽe dans lÕespace

Les rŽsultats de lÕalimentation sŽparŽe sont tr•s variables, en termes de performances de croissance, de qualitŽ des carcasses et de niveau de consommation de la cŽrŽale enti•re.

Dans des conditions expŽrimentales diverses (climat, logement, type de cŽrŽale, composi- tion de lÕaliment complŽmentaire, ‰ge ˆ lÕin- troduction de la cŽrŽale), des rŽsultats globa- lement encourageants sont parfois obtenus : par exemple, avec du blŽ entier entre 18 et 46 jours et un programme lumineux alternŽ avec une heure dÕŽclairage toutes les quatre heures (Rose et Lambie 1986), du sorgho entier ˆ par- tir de 10 jours (Mastika et Cumming 1987), du blŽ entier entre 7 et 49 jours (Leeson et Caston 1993) ou, enfin, du ma•s, en farine jus- quÕˆ 21 jours, puis entier jusquÕˆ 56 jours en climat chaud (Yo et al 1994). Dans ces exemples, les vitesses de croissance sont sem- blables ˆ celles obtenues avec un aliment complet. Mais dÕautres auteurs rapportent des Žchecs de lÕalimentation sŽparŽe : par exemple INRA Productions Animales, novembre 1998

350 / V. NOIROT et al

Alimentation séparée dans l'espace Mélange

Alimentation séquentielle Forme de choix libre avec les deux

types d'aliments présentés simultanément dans des mangeoires distinctes.

Présentation simultanée des deux aliments dans la même mangeoire permettant de contrôler en partie la sélection alimentaire avec des proportions de céréales déterminées et variables avec l'âge du poulet. Le poulet reste libre de sélectionner les particules dans le mélange.

Céréales et aliment complémentaire sont distribués lors de séquences alternées dans le temps.

Les séquences peuvent être d'égale durée ou non.

Temps

Céréale Aliment complémentaire

Figure 1. Les trois principales méthodes de distribution de céréales graines entières.

(4)

les poids vifs ˆ 42 jours sont infŽrieurs de 5 ˆ 7 % ˆ ceux des poulets recevant un aliment complet, lorsque les poulets re•oivent du blŽ entier entre 14 et 42 jours et un aliment com- plŽmentaire titrant 30 % de protŽines brutes (Scholtyssek et al 1983), ou un mŽlange de sorgho et de blŽ entiers entre 21 et 42 jours, avec un aliment complŽmentaire ˆ 40 % de protŽines brutes (Munt et al 1995).

Comment expliquer la variabilitŽ des rŽsul- tats ? La description de quelques situations nutritionnelles ŽtudiŽes en alimentation sŽpa- rŽe permet de discuter de lÕinfluence de deux types de facteurs de variation.

a / Teneur en protŽines de lÕaliment complŽmentaire et Žquilibre du rŽgime

Globalement, il semble que plus lÕaliment complŽmentaire est riche en azote et pauvre en Žnergie par rapport ˆ la cŽrŽale, plus la proportion de cŽrŽale enti•re consommŽe est ŽlevŽe. Ainsi, avec des teneurs de 40 ˆ 50 % de protŽines brutes dans lÕaliment complŽ- mentaire, des niveaux de consommation de cŽrŽale enti•re de lÕordre de 60-70 % du rŽgime global sont obtenus avec du blŽ entier (Cowan et Mitchie 1978), du sorgho entier (Mastika et Cumming 1987), ou du ma•s sous forme de farine puis entier (Yo et al 1994). En revanche, lorsque la teneur en protŽines brutes de lÕaliment complŽmentaire est plus

faible (22 %), et sa teneur en Žnergie mŽta- bolisable proche de celle de la cŽrŽale (3 050 kcal/kg), la consommation de blŽ entier ou de ma•s concassŽ atteint seulement 30 % en moyenne chez des poulets de 7 ˆ 49 jours dÕ‰ge (Leeson et Caston 1993).

Les cŽrŽales se diffŽrenciant des aliments complŽmentaires par leurs teneurs en pro- tŽines et en Žnergie mŽtabolisable, le princi- pal probl•me rencontrŽ est celui du rapport protŽines/Žnergie du rŽgime effectivement ingŽrŽ par le poulet. Il peut •tre diffŽrent de celui dÕun aliment complet et ne pas per- mettre dÕobtenir les m•mes performances de croissance et /ou des qualitŽs de carcasse com- parables. Par exemple, dans le cas o• une part importante de ma•s concassŽ est consom- mŽe entre 1 et 42 jours (73 %, avec un concen- trŽ ˆ 44 % de protŽines brutes), une consom- mation protŽique infŽrieure de 15 % ˆ celle du tŽmoin recevant un aliment complet est constatŽe, les consommations dÕŽnergie Žtant comparables. LÕefficacitŽ alimentaire, pro- tŽique ou ŽnergŽtique nÕest dans ce cas pas affectŽe par la technique du choix alimen- taire, mais la vitesse de croissance des poulets est rŽduite de 10 % (Yo et al 1997). Dans dÕautres cas, les performances de croissance ne sont pas diffŽrentes de celles du tŽmoin, mais une surconsommation ŽnergŽtique et une sous-consommation protŽique entra”nent une augmentation de la teneur en gras abdo- minal de la carcasse et une diminution des

En alimentation sŽparŽe, la

consommation de cŽrŽales varie selon les teneurs en protŽines et en Žnergie de lÕaliment

complŽmentaire.

Figure 2. Facteurs modifiant les choix alimentaires du poulet de chair (d’après Yo 1996).

Le poulet sélectionne les aliments en établissant le lien entre leurs propriétés nutritionnelles et leurs caractéristiques sensorielles, perçues par la vision, l’olfaction et le toucher. La sélection dépend en partie des besoins de l’animal, qui varient selon le sexe, la souche et le stade physiologique. La capacité de choix est renforcée par une période d’apprentissage. Le milieu de vie aussi est déterminant : la

température ambiante ainsi que la situation physique des aliments offerts (mangeoires différentes ou non, position relative des mangeoires et espace relatif occupé par les différentes fractions alimentaires) modulent les choix. La vie en groupe permet une meilleure acquisition de l’aptitude à une sélection alimentaire adaptée, par imitation des congénères. La sélection alimentaire est en définitive le résultat d’un compromis entre l’appétence relative des aliments proposés et les besoins du poulet dans un

environnement donné.

AAAA

AAA Animal AAA Aliment

Sélection alimentaire

Physique Social

Apprentissage Génotype

Température Disposition

des mangeoires

"Effet groupe" Imitation d'un "leader"

Caractéristiques organoleptiques

Type de céréale Source de protéines Sexe

Age et/ou stade physiologique

Forme physique Caractéristiques

nutritionnelles

Environnement

(5)

rendements en filets (Leeson et Caston 1993).

Un dŽficit de 20 g de protŽines pour 2 390 kcal dÕŽnergie mŽtabolisable est responsable dÕune augmentation dÕun point de gras abdo- minal par rapport au poids de carcasse (Schol- tyssek et al 1983).

Une question importante reste ˆ Žlucider dans ces Žtudes : lÕorigine des variations de choix des poulets est-elle protŽique ou ŽnergŽ- tique ? Il y a en effet concomitance entre la rŽduction de la concentration ŽnergŽtique et lÕaugmentation de la concentration protŽique de lÕaliment complŽmentaire.

b / Localisation des aliments dans lÕespace et mŽmoire

La sŽlection se faisant dans lÕespace, une prŽfŽrence artificielle pour lÕun des deux types dÕaliments pourrait provenir de leurs localisa- tions respectives dans le lieu de vie. Un rap- port Ç espace occupŽ par la cŽrŽale enti•re : espace occupŽ par le concentrŽ È variable (2:1, 1:1, 1:2) ne semble pas avoir beaucoup dÕin- fluence sur la proportion de chacun des deux aliments sŽlectionnŽe par des poulets de chair entre 21 et 49 jours dÕ‰ge (Rose et al 1986). Il semble cependant que la localisation des ali- ments soit un ŽlŽment dÕidentification pour le poulet. Si on inverse la position des man- geoires apr•s 3 semaines dÕadaptation ˆ un rŽgime basŽ sur le choix alimentaire, la corrŽ- lation entre la quantitŽ ingŽrŽe dans lÕan- cienne position la semaine prŽcŽdant le chan- gement et celle consommŽe dans la nouvelle position est de 0,9 le septi•me jour apr•s lÕin- version des positions (Rose et Kyriasakis 1991).

Le principal avantage de la mŽthode dÕali- mentation sŽparŽe est la simplicitŽ de sa mise en Ïuvre pratique. LÕespace relatif ˆ occuper par chacun des deux aliments doit •tre cepen- dant dŽterminŽ en conditions dÕŽlevage. Il reste que la sŽlection des deux types dÕaliment est difficilement ma”trisable, dÕo• parfois une dŽtŽrioration des rŽsultats.

1 .2 / Le mŽlange cŽrŽale enti•re + aliment complŽmentaire

a / RŽsultats de la recherche

Les auteurs travaillant sur cette technique utilisent, avec du blŽ entier, soit un aliment complet traditionnel (Leeson et Caston 1993, Covasa et Forbes 1994), soit un aliment com- plŽmentaire plus riche en protŽines (Rose et al 1995). Cette technique permet de ma”triser en moyenne les niveaux dÕingestion des diffŽ- rents nutriments : le contenu protŽique des aliments offerts en mŽlange ˆ des poulets de chair entre 0 et 49 jours (2 ˆ 34 % de blŽ incorporŽs dans un aliment complet) corres- pond bien ˆ la quantitŽ de protŽines consom- mŽe au cours de la pŽriode (Covasa et Forbes 1994). Les performances de croissance sont comparables ˆ celles obtenues avec un ali- ment complet unique. Des poulets recevant

un mŽlange de blŽ entier et dÕun aliment com- plŽmentaire titrant 30 % de protŽines brutes et 3 060 kcal/kg entre 24 et 45 jours dÕ‰ge, avec un taux dÕincorporation de blŽ croissant de 40 ˆ 60 %, ont les m•mes gain de poids et indice de consommation que ceux recevant un aliment complet au cours de la m•me pŽriode (Rose et al 1995).

b / Applications en Žlevage

Le mŽlange est la technique la plus couram- ment pratiquŽe dans les Žlevages utilisant les graines enti•res de blŽ, en Europe du nord.

En 1997, environ 400 Žlevages europŽens uti- lisent avec succ•s cette technique, avec un syst•me de distribution informatisŽ, principa- lement en Grande-Bretagne o• la proportion dÕŽlevages ŽquipŽs est de 10 % (Filmer 1996, Le Douarin 1997). En 1995, 5 % des avicul- teurs des Pays-Bas utilisaient du blŽ entier (Montjoie 1995). En France, cette technique est encore peu dŽveloppŽe, elle est simple- ment testŽe dans quelques Žlevages.

LÕaliment complŽmentaire peut •tre un ali- ment complet de dŽmarrage, diluŽ progressi- vement avec du blŽ, ce qui permet une incor- poration moyenne de 15 % de cŽrŽales enti•res pour des poulets de 2 kg ˆ lÕabattage (Le Douarin 1997). Si un aliment complŽmen- taire riche en protŽines est utilisŽ, le blŽ peut

•tre incorporŽ jusquÕˆ 30 % en moyenne (Montjoie 1995, GŽrard 1997).

Des syst•mes de rŽgulation informatique des proportions de cŽrŽale enti•re et dÕaliment complet ou dÕaliment complŽmentaire ont ŽtŽ mis au point. Aux Pays-Bas et en Belgique, les quantitŽs de blŽ et dÕaliment complŽmen- taire distribuŽes sont commandŽes quotidien- nement par un syst•me informatique gŽrant une bascule Žlectronique. LÕŽvolution des pro- portions est programmŽe en fonction de lÕ‰ge des poulets, lÕaddition du blŽ entier dans le rŽgime se faisant ˆ partir de 8 ˆ 15 jours dÕ‰ge, avec une incorporation variant entre 10 et 40 ˆ 50 % du rŽgime global, en fonction de lÕ‰ge et de la formulation de lÕaliment complŽ- mentaire (Montjoie 1995, Le Douarin 1997).

Au Danemark et en Grande-Bretagne, le sys- t•me Ç Flockman È est fondŽ plus particuli•re- ment sur les besoins quotidiens en lysine, en fonction du poids rŽel des poulets, ŽvaluŽ ˆ partir de perches-pesons placŽs dans le pou- lailler et reliŽs au syst•me informatique, et de la consommation rŽelle journali•re. LÕincor- poration maximale de blŽ est de 15 % en moyenne avec une gamme dÕaliments com- plets (Filmer 1991, 1995 et 1996, Le Boucher 1994, Le Douarin 1997).

La technique de mŽlange permet de contr™- ler la composition de lÕingŽrŽ global, et de la moduler en fonction de lÕ‰ge des poulets et des performances de croissance. Cependant, les poulets peuvent opŽrer ˆ un tri particulaire.

De plus, les Žquipements automatisŽs de mŽlange sont cožteux (Le Douarin 1997) et les contr™les automatiques des poids des pou- lets utilisŽs dans le cadre de la rŽgulation automatique des quantitŽs dÕaliments distri- INRA Productions Animales, novembre 1998

352 / V. NOIROT et al

Le mŽlange cŽrŽale

enti•re + aliment

complŽmentaire

conduit aux m•mes

performances de

croissance quÕun

aliment complet

unique.

(6)

buŽes sont peu fiables pendant la phase de finition et ne semblent donc pas adaptŽs pour ajuster le mŽlange.

1 .3 / La technique dÕalimentation sŽquentielle

Le principal avantage de cette mŽthode est la simplicitŽ de sa mise en Ïuvre pratique puisque les m•mes installations de distribu- tion alimentaire quÕavec un rŽgime complet sont utilisŽes. Elle nŽcessite comme les autres un silo supplŽmentaire pour les cŽrŽales. Un syst•me dÕinversion de distribution des deux aliments programmŽ par une minuterie sÕajoute par rapport au matŽriel nŽcessaire en alimentation sŽparŽe. Avec un aliment com- plet de type Ç dŽmarrage È offert pendant 18 heures, suivi de blŽ complet pendant 6 heures, des poulets consomment en moyenne 15 % de blŽ entier dans leur ration globale entre 1 et 49 jours dÕ‰ge (Covasa et Forbes 1994). Avec des sŽquences dÕŽgales durŽes pour les deux types dÕaliment (8 heures), et un aliment formulŽ ˆ partir dÕun aliment complet duquel on a ™tŽ la moitiŽ du

blŽ (30 % de protŽines, 3 060 kcal/kg), les pou- lets consomment, entre 28 et 49 jours dÕ‰ge, 44 % de leur ration sous forme de cŽrŽales enti•res (Rose et al 1995). Ces deux variantes de lÕalimentation sŽquentielle permettent dÕobtenir des performances de croissance com- parables ˆ celles obtenues avec un aliment complet.

Si les sŽquences sont trop courtes (4 heures, par exemple), le poulet peut exprimer un rejet de la cŽrŽale et ježner jusquÕˆ la sŽquence Ç aliment complŽmentaire È qui suit. Des sŽquences supŽrieures ˆ 12 h peuvent mettre lÕanimal en situation de carence nutritionnelle (figure 3). Il semble quÕune durŽe intermŽ- diaire, de lÕordre de 8 heures, soit prŽfŽrable (Rose et al 1995). Un approfondissement des recherches est nŽcessaire pour dŽfinir les durŽes optimales des sŽquences, selon lÕ‰ge de lÕanimal. Le principal inconvŽnient de cette technique est que lÕon manque encore dÕexpŽ- rience de terrain pour valider les param•tres de temps des distributions dans les conditions rŽelles de lÕŽlevage : il faut tenir compte de lÕinertie des cha”nes de distribution et des capacitŽs dÕajustement des poulets, qui ne consomment pas lÕaliment proposŽ stricte- ment proportionnellement au temps. Le pro- gramme lumineux doit aussi •tre pris en considŽration.

Les avantages et inconvŽnients des trois mŽthodes sont rŽsumŽs au tableau 1. La dis- tribution sŽquentielle, comme le mŽlange, semble permettre dÕobtenir les performances de croissance les plus proches de celles mesu- rŽes avec un aliment complet. Ces techniques seraient donc les mieux adaptŽes aux Žle- vages industriels europŽens pour valoriser les cŽrŽales enti•res. Dans lÕŽtat actuel de sa mise en Ïuvre, la technique de lÕalimentation sŽparŽe, quant ˆ elle, ne permet pas toujours au poulet, de se constituer spontanŽment un rŽgime optimum au sens des intŽr•ts de lÕŽle- veur.

2 / RŽsultats rŽcents

et perspectives de recherche

Les recherches menŽes actuellement sur lÕutilisation des cŽrŽales enti•res vont au-delˆ de la simple mesure des performances de croissance dans diffŽrentes conditions expŽri- mentales. Elles analysent aussi les effets de lÕutilisation des graines enti•res sur la nutri- tion, le comportement et la santŽ animale.

2 .1 / Nutrition

a / Forme de prŽsentation des deux types dÕaliments

En libre choix, la forme de prŽsentation des deux aliments proposŽs intervient en plus de leurs caractŽristiques nutritionnelles dans la sŽlection alimentaire chez le poulet. Elle modifie les proportions de cŽrŽales (blŽ ou

LÕalimentation sŽquentielle donne des rŽsultats comparables ˆ ceux obtenus avec un aliment

complet. La durŽe des sŽquences de distribution doit

•tre adaptŽe ˆ lÕ‰ge des poulets.

28-35 j 35-42 j 42-49 j

Age

% de blé consommé 50

40

30

20

10

0

4 h 8 h 12 h 24 h Figure 3. Alimentation séquentielle : effet de la durée des séquences de distribution du blé et de l’aliment complémentaire sur le pourcentage de blé consommé en moyenne hebdomadaire (Rose et al 1995).

Dans cette expérience, les poulets sont élevés

sous éclairage permanent. Ils ont accès en

alternance, pour la même durée totale, soit la

moitié du temps, au blé en graines entières et à

l’aliment complémentaire. Les différences entre

traitements concernent donc uniquement la durée

des phases soit, sur 48 h, 12 phases de 4 h,

6 phases de 8 h, 4 phases de 12 h ou 2 phases de

24 h. Le pourcentage de blé consommé diffère de

50 % et augmente avec l’âge. Pour des cycles de

4 h le poulet tend à sous-consommer le blé. Il n’y

a donc pas proportionnalité entre durée et

consommation. D’autre part, des périodes courtes

de distribution du blé graines entières semblent

limiter la consommation.

(7)

ma•s) et dÕaliment complŽmentaire consom- mŽes (Rose et al 1986, Yo et al 1998). Des tex- tures proches (blŽ et complŽmentaire en farine, ou blŽ entier et complŽmentaire gra- nulŽ de diam•tre 5 mm) semblent favoriser une consommation spontanŽe de cŽrŽales Žle- vŽe (figure 4). Il serait nŽcessaire dÕanalyser lÕeffet des formes physiques en distribution sŽquentielle.

b / Age ˆ lÕintroduction de la cŽrŽale et apprentissage

LÕapprentissage est un des facteurs influen-

•ant la sŽlection alimentaire. JusquÕˆ 3 ˆ 5 jours dÕ‰ge, lÕassociation des caractŽris-

tiques sensorielles de lÕaliment et de ses consŽquences nutritionnelles se fait de fa•on imprŽcise car le dŽveloppement du cerveau nÕest pas achevŽ, et la persistance du rŽsidu vitellin interf•re avec la perception des besoins nutritionnels exog•nes (Covasa et Forbes 1996). Apr•s une semaine dÕ‰ge, lÕ‰ge absolu dÕintroduction de la cŽrŽale en alimen- tation sŽparŽe ne semble pas modifier la durŽe de la pŽriode dÕadaptation nŽcessaire pour constituer un rŽgime globalement Žquili- brŽ (Yo et al 1997). Cette pŽriode est variable : elle est fonction des diffŽrences de prŽsenta- tion et de composition du rŽgime prŽcŽdant le choix entre une cŽrŽale et un aliment complŽ- mentaire (Rose et Kyriasakis 1991).

INRA Productions Animales, novembre 1998

354 / V. NOIROT et al

Tableau 1. Avantages et inconvénients des trois principales méthodes de distribution de céréales graines entières. L’analyse des principaux résultats des recherches portant sur les techniques de distribution de céréales entières sur les 15 dernières années permet de dégager les avantages et les inconvénients de chacune en termes de principes généraux, performances de croissance obtenues et mise en œuvre pratique en élevage.

Alimentation

sŽparŽe MŽlange Alimentation

sŽquentielle Avantages

Principe On obtient des rations individualisŽes thŽoriquement adaptŽes aux conditions dÕambiance et aux potentiels individuels de croissance (Mastika et Cumming 1987).

Le choix est dirigŽ gr‰ce au contr™le des proportions des deux aliments,

avec la possibilitŽ de les faire Žvoluer en fonction de lÕ‰ge du poulet.

Le choix est dirigŽ gr‰ce ˆ la modulation de la durŽe des sŽquences dÕacc•s ˆ chaque type dÕaliment.

RŽsultats Les performances sont au mieux Žgales ˆ celles obtenues avec un rŽgime complet ŽquilibrŽ.

Les performances

de croissance sont comparables ˆ celles obtenues

avec un aliment complet.

Les performances

de croissance sont comparables ˆ celles obtenues

avec un aliment complet.

Mise en Ïuvre pratique

Elle est simple : seules deux cha”nes sŽparŽes dÕalimentation sont nŽcessaires.

Un ajustement rapide des proportions de cŽrŽale et dÕaliment complŽmentaire est possible en fonction des performances.

La rŽalisation pratique est simple avec un syst•me dÕhorloge et deux silos de stockage.

Principe Les nombreux facteurs intervenant dans la sŽlection alimentaire sont difficiles ˆ analyser et ˆ ma”triser.

Les poulets peuvent opŽrer un tri particulaire variable dÕun individu ˆ lÕautre.

Il reste ˆ dŽterminer la durŽe optimale de chaque type de sŽquence pour un ‰ge donnŽ.

RŽsultats Les rŽsultats sont tr•s variables en termes de : - proportions des deux types dÕaliment sŽlectionnŽs - ratio Žnergie/protŽines - performances de croissance - qualitŽ des carcasses (augmentation de la teneur en gras et/ou diminution du rendement en filets).

Les contr™les automatiques des poids des poulets fonctionnent mal en finition et ne peuvent donc pas •tre fiables et utilisŽs pour ajuster le mŽlange.

La consommation nÕest pas strictement proportionnelle au temps dÕacc•s.

Mise en Ïuvre pratique

Il reste ˆ dŽterminer lÕespace relatif ˆ occuper par chacun des deux aliments

dans les conditions de lÕŽlevage et la distance entre les cha”nes.

Les Žquipements de mŽlange et lÕautomatisation

informatique sont cožteux (Filmer 1991,

Le Douarin 1997).

La technique doit •tre ajustŽe au programme lumineux de chaque Žlevage.

InconvŽnients

(8)

c / Teneur en Žnergie et forme de prŽsentation

La forme de prŽsentation de la cŽrŽale influence peu lÕefficacitŽ de sa digestion mesu- rŽe par test de bilan. La teneur en Žnergie mŽtabolisable ˆ bilan azotŽ nul (EMAn) du blŽ mesurŽe sur des jeunes poulets de chair est la m•me, que le blŽ soit prŽsentŽ sous forme de grain entier, de farine ou de granu- lŽs. En revanche, pour le ma•s, elle est infŽ- rieure de 120 kcal/kg de mati•re s•che pour le ma•s en grain entier par rapport ˆ la farine ou aux granulŽs (Barrier-Guillot et al 1997).

Dans le cas du blŽ, la digestibilitŽ de lÕŽnergie ne semble pas influencŽe par la duretŽ de lÕen- dosperme, lorsque lÕon compare deux variŽtŽs

de duretŽ diffŽrente, que le blŽ soit offert entier avec un aliment complŽmentaire ou incorporŽ dans un aliment complet (Rose 1996).

2 .2 / Adaptation

comportementale

Les poulets en alimentation sŽparŽe expri- ment un comportement alimentaire diffŽrent de ceux recevant un aliment complet. En ali- mentation sŽparŽe, les acc•s aux deux types de mangeoire (ma•s et aliment complŽmen- taire) sont plus courts et plus nombreux que ceux consacrŽs ˆ lÕaliment complet. LÕacc•s aux deux aliments nÕest pas alŽatoire : ˆ 30 jours, les acc•s aux mangeoires de ma•s entier sont deux fois plus nombreux que ceux aux mangeoires dÕaliment complŽmentaire. Le poulet module donc la frŽquence dÕacc•s aux deux aliments pour rŽguler son ingestion ŽnergŽtique et protŽique, et il est capable dÕidentifier lÕaliment par la mŽmorisation de sa localisation dans le lieu de vie (Yo 1996).

A court terme, le choix se fait en premier lieu sur les caractŽristiques sensorielles de lÕaliment, puis il est modifiŽ en fonction de lÕapprentissage des consŽquences post-inges- tives de lÕabsorption des deux types dÕaliment.

Des poulets Ç na•fs È picorent ˆ un rythme plus lent que leurs congŽn•res expŽrimentŽs, ce qui sugg•re une plus longue pŽriode dÕob- servation de lÕaliment entre deux coups de becs consŽcutifs (Yo et al 1998).

En alimentation sŽquentielle, lÕintroduction du blŽ ou de lÕaliment complŽmentaire stimule lÕactivitŽ alimentaire des poulets pendant la pŽriode qui suit lÕintroduction du nouvel ali- ment, alors que les poulets recevant un ali- ment unique ou soumis ˆ une alimentation sŽparŽe dans lÕespace montrent peu de varia- tions diurnes de leur activitŽ alimentaire (Foote et Rose 1991).

2 .3 / SantŽ

a / ConsŽquences du dŽveloppement du gŽsier

LÕalimentation actuelle du poulet de chair, riche en Žnergie et pauvre en fibres, en lÕab- sence de distribution de grit, ne stimule pas le dŽveloppement du gŽsier, et les particules ali- mentaires arrivent peu broyŽes dans le duo- dŽnum. Un rŽgime comportant des cŽrŽales enti•res rend au gŽsier son r™le dÕorgane de broyage, et il semblerait quÕun gŽsier fonction- nel permette de dŽtruire en partie mŽcanique- ment les oocystes. LÕexcrŽtion dÕoocystes chez le m‰le est nŽgativement corrŽlŽe ˆ la taille du gŽsier, quel que soit le type dÕalimentation (Cumming 1992). Le poids du gŽsier est aug- mentŽ en moyenne de 1 % du poids de la car- casse par la consommation de graines enti•res de cŽrŽales (Scholtyssek et al 1983, Munt et al 1995).

LÕaction des enzymes digestives et du pH bas du proventricule, suivie dÕune rŽtention des particules de cŽrŽales pendant une

Les formes de prŽsentation de la cŽrŽale et de lÕaliment complŽmentaire ont un effet sur la quantitŽ de cŽrŽale consommŽe.

Figure 4. Alimentation séparée : effet de la présentation de l’aliment sur le niveau de consommation hebdomadaire de blé entier par des poulets (d’après Rose et al 1986).

Des poulets en alimentation séparée entre 21 et 49 jours d’âge, recevant du blé entier ou en farine avec un complémentaire en granulés ou en farine, consomment dans un premier temps plus de blé s’il est sous forme de farine. En quelques jours, ils s’adaptent à l’ingestion et à la digestion des aliments particulaires. Dans le cas « blé farine + complémentaire granulé », l’ingestion de l’aliment protéique augmente avec le temps et l’ingestion d’énergie (blé) diminue. A l’inverse, les poulets recevant des régimes avec du blé entier ont une consommation croissante de blé avec l’âge, plus marquée si le complémentaire est granulé. La proportion de blé sélectionnée dans le régime est significativement influencée (P < 0,01) par l’interaction entre les deux formes de présentation des aliments. L’efficacité alimentaire moyenne n’est pas affectée par les formes respectives de présentation des aliments, mais une

consommation importante de blé entraîne une augmentation de la teneur en gras abdominal des carcasses dans cette expérience.

70

60

50

40

30

3 4 5 6

Age (semaines)

% de blé consommé

Blé farine + complémentaire farine

Blé entier + complémentaire farine

Blé farine + complémentaire granulé

Blé entier + complémentaire granulé

(9)

pŽriode plus longue dans un gŽsier mieux dŽveloppŽ permettrait aux aliments dÕarriver partiellement digŽrŽs dans le duodŽnum, ce qui rŽduirait la prolifŽration de bactŽries pathog•nes telles que E. coli dans lÕintestin (Cumming 1992). Les consŽquences physiolo- giques du dŽveloppement du gŽsier chez le poulet de chair mŽriteraient des Žtudes plus prŽcises.

b / Dilution des additifs alimentaires dans le rŽgime cŽrŽales +

complŽmentaire

Les additifs alimentaires contenus dans lÕaliment complŽmentaire, sont diluŽs dans le rŽgime global par lÕapport de cŽrŽales enti•res. Or les quantitŽs maximales de cocci- diostatiques et dÕantibiotiques que lÕon peut ajouter aux aliments sont rŽglementŽes (directive europŽenne 90/643). Pour la plupart des antibiotiques, lÕintervalle entre les niveaux minimum efficace et maximum rŽgle- mentaire est suffisamment large pour que les quantitŽs requises soient incorporŽes dans lÕaliment complŽmentaire. En revanche, pour certains coccidiostatiques comme lÕArpinocide et le MŽticlorpindol, la marge est nulle. Le niveau dÕincorporation se trouve donc toujours infŽrieur au minimum requis. Le recours aux traitements dans lÕeau de boisson peut •tre nŽcessaire, car la rŽsistance accrue aux cocci- dies et autres troubles digestifs avec un gŽsier fonctionnel reste hypothŽtique.

Les observations en Žlevage ne rŽv•lent pas de probl•mes particuliers de coccidioses avec du blŽ entier. Dans les pays scandinaves ou dans dÕautres pays europŽens o• le blŽ entier est incorporŽ ˆ de lÕaliment complet titrant 24 % de protŽines brutes, ˆ partir de 8 jours dÕ‰ge, et en proportion croissante jusquÕˆ 40 % ˆ partir de 21 jours, les Žleveurs ne semblent pas constater dÕaugmentation de lÕincidence des coccidioses, malgrŽ la dilution des anticoc- cidiens dans le rŽgime global (Cumming 1992).

Les travaux de recherche rŽcents montrent que le poulet est capable de sÕadapter ˆ un rŽgime cŽrŽale enti•re + aliment complŽmen-

taire. Il modifie son comportement alimen- taire, sans pŽriode dÕapprentissage, ˆ condi- tion que lÕaliment proposŽ avant lÕintroduction de la cŽrŽale enti•re facilite la transition ali- mentaire. La digestion est amŽliorŽe par rap- port ˆ un aliment complet.

Conclusion

LÕincorporation de cŽrŽales enti•res dans lÕalimentation du poulet de chair entra”ne la distribution de deux types dÕaliments, dont les proportions ne peuvent •tre que partiellement contr™lŽes, car les diffŽrents facteurs indivi- duels de sŽlection alimentaire interviennent.

La recherche sÕest principalement concentrŽe sur lÕŽtude de lÕalimentation sŽparŽe dans lÕes- pace, mais, si le poulet est capable de consti- tuer un rŽgime globalement ŽquilibrŽ, celui-ci ne correspond pas toujours ˆ la croissance et ˆ la composition corporelle optimales recher- chŽes par lÕŽleveur. Les techniques du mŽlange et de lÕalimentation sŽquentielle per- mettent de mieux rŽguler les taux dÕingestion des deux types dÕaliment, mais nÕexcluent pas la manifestation dÕune prŽfŽrence de lÕanimal pour lÕun ou lÕautre. La distribution en mŽ- lange donne de bons rŽsultats dans les Žle- vages dÕEurope du nord, mais nŽcessite un investissement relativement cožteux. LÕali- mentation sŽquentielle demande moins dÕŽquipements et prŽsente lÕattrait de la sim- plicitŽ. Elle est encore incompl•tement connue sur le plan scientifique et nŽcessite plusieurs ajustements pratiques.

Le succ•s des techniques de distribution des cŽrŽales dŽpend de la formulation de lÕaliment complŽmentaire en protŽines et en additifs, selon le niveau dÕingestion des cŽrŽales enti•res. En alimentation sŽquentielle, des recherches restent ˆ mener pour dŽterminer la durŽe et le moment de distribution des deux aliments en fonction de lÕ‰ge et du pro- gramme lumineux. Une fois les techniques de distribution ma”trisŽes et validŽes, lÕavenir de lÕutilisation des cŽrŽales enti•res dans lÕali- mentation du poulet de chair repose sur son intŽr•t Žconomique rŽel pour lÕŽleveur, sachant que lÕimage du Ç poulet nourri au grain È peut •tre valorisŽe commercialement.

INRA Productions Animales, novembre 1998

356 / V. NOIROT et al

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Abstract

Whole cereal grains in broiler nutrition : the come back ?

Successes encountered in some northern Euro- pean poultry farms raise interest for the use of whole cereals grains distributed with a protein concentrate in broiler chicken feeding. The three main types of distribution of whole grains are compared : splitted diets, loose-mix and sequen- tial feeding. Loose-mix and sequential feeding techniques are efficient. These feeding systems allow to control partly the whole cereal and pro- tein concentrate proportions actually ingested by chickens. On the other hand, splitted diets favour the expression of individual factors of food selec- tion, and dÏs not always allow to get growth and body composition as expected by poultry farmers.

Broilers digest whole grain as efficiently as ground cereals. Broilers are able to quickly adapt to a diet including a whole cereal grain, by adjust-

ment of their feeding behaviour. The proportion of cereal grain ingested depends on the physical form and composition of the protein concentrate.

Whole cereal grains induce a larger development of gizzard whose effects on digestion and on natu- ral resistance of the birds towards coccidiosis require further research.

The system of loose-mix feeding is mastered and applied in some northern European poultry farms by computer monitored distribution. Sequential feeding is less expensive than loose-mix feeding but remains to be validated in practise. Economi- cal interest of this feeding method for French far- mers requires further evaluation.

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Références

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