par
GregoryGinot
Resume
.|On donne ici une formule explicite pour l'application
:
H(
G)
!HC
?
(
Z[
G]) induisant le caractere de Chern algebrique universel de Goodwillie-Jones de la
K-theoriealgebriqued'un anneauvers son homologiecycliquenegative.En degre 2 on decrit le caractere de Chern de la
K-theorie de Milnor vers l'homologie negative.
On calcule le caractere de Chern des symboles de Steinberg, de Dennis-Stein et de Loday. On donne egalement une preuve elementaire de la compatibilite du caractere de Chern avec les produits en
K-theorie et homologie cyclique.
Abstract
.|In this paper we give an explicit formula for the map
:
H(
G)
!HC
?
(
Z[
G]) inducing Goodwillie-Jones's algebraic Chern character from algebraic
K
-theory to negative cyclic homology of a ring. In degree 2 we compute the map ch
2from Milnor's group
K2(
A) to
HC2?(
A) (with
Aa ring). We compute formulas for the Chern character of Steinberg, Dennis-Stein and Loday symbols. From the previous results we get a new proof of the compatibility of the Chern character with products.
Au debut des annees 1980, Connes [ 3 ] et Tsygan [ 28 ] ont deni l'homologie cyclique associee a toute algebre associative A sur un corps k de caracteristique nulle. Peu de temps apres, Goodwillie [ 10 ] et John Jones [ 12 ] ont introduit des groupes HC
?(A) d'homologie cyclique negative et construit une application naturelle ch : K
(A)
!HC
?(A) de la K-theorie algebrique de A vers son homologie cyclique negative. Cette application, appelee caractere de Chern algebrique , generalise le caractere de Chern construit par Connes et Karoubi en degre
= 0;1 dans le cadre de la geometrie non commutative cf. [ 29 ].
L'ingredient principal dans sa construction est une application fonctorielle
: H
(G)
!HC
?( Z [G]), de l'homologie d'un groupe G vers l'homologie cyclique ne- gative de l'anneau Z [G] du groupe. Dans [ 10 ] la construction de
se fait a l'aide
Classication mathematique par sujets
(2000). |Primaire 19D55 Secondaire 16E40, 18H10, 19D45, 19C20.
Mots clefs
.|Homologie cyclique,
K-theorie algebrique, caractere de Chern, symboles de Stein-
berg, symboles de Loday.
de la methode des modeles acycliques; dans [ 12 ] elle est basee sur un calcul de l'ho- mologie cyclique d'un certain complexe mixte attache a G. Aucune de ces methodes n'est explicite et, sauf en degre
= 0;1 ou il est facile de deviner des formules, il n'existe pas de morphisme connu au niveau des complexes induisant l'application
: H
(G)
!HC
?( Z [G]) en homologie. En raison de la grande importance du ca- ractere de Chern algebrique et de la place centrale qu'il occupe dans la geometrie non commutative de Connes, il semble extr^emement desirable de disposer d'une formule pour une application au niveau des complexes et pas seulement au niveau des classes d'homologie.
Dans ce travail, nous comblons cette lacune en construisant un morphisme de com- plexes explicite induisant l'application
: H
(G)
!HC
?( Z [G]) en homologie.
Lorsqu'on applique cette construction au groupe G = GL(A) des matrices carrees inversibles (de toute taille) a coecients dans l'anneau A, nous obtenons des formules explicites pour le caractere de Chern algebrique ch
: K
(A)
!HC
?(A). Ceci nous permet par exemple d'obtenir des cycles explicites pour l'image dans l'homologie cy- clique negative d'elements bien connus en K-theorie algebrique, comme les symboles de Steinberg, de Dennis-Stein et de Loday. On obtient aussi une demonstration ele- mentaire de la commutativite du caractere de Chern algebrique avec les produits en K-theorie algebrique et en homologie cyclique negative (McCarthy [ 24 ]) . L'inter^et de cette etude elementaire reside dans le fait qu'elle permet de simplier le calcul de l'image d'un produit.
Voici le plan de l'article. Le paragraphe 1 est consacre a quelques rappels. Au para- graphe 2 nous donnons des formules explicites pour le caractere de Chern algebrique et l'application
. Le paragraphe 3 est consacre au degre 2. Au paragraphe 4 nous determinons explicitement le caractere de Chern des symboles de Loday en degre
2. On en deduit une nouvelle preuve de la compatibilite du caractere de Chern avec les -operations en K-theorie et homologie cyclique relative dans le cas de l'ideal d'augmentation d'une
Q-algebre graduee ([ 9 ]). Nous etablissons la compatibilite des produits avec le caractere de Chern algebrique au paragraphe 5.
Dans toute la suite k sera un anneau commutatif. Les k-algebres considerees seront associatives et unitaires. La lettre u designera une variable de degre
?2 de telle sorte que, si C
est un module cyclique, son bicomplexe cyclique negatif s'ecrit ToT
BC
?=
Q
i
0C
+2i u i . De plus on notera ch in la composante dans la colonne
?i du caractere de Chern i:e: ch n =
Pi
0ch in u i : Enn, on posera (
?1)! = 1.
1. Homologie cyclique, homologie des groupes et K -theorie
Un module cyclique C
est la donnee d'un module simplicial et, pour tout n
0, d'une action compatible du groupe cyclique
Z=(n + 1)
Zdont on notera n un generateur (voir [ 20 ] pour une denition precise). On pose t n = (
?1) n n et N n = id + t n + ::: + t nn . Dans la suite l'indice n sera generalement sous-entendu. On notera d i : C n
!C n
?1, s i : C n
!C n
+1les faces et degenerescences et b la dierentielle
P
n i
=0(
?1) i d i . On utilisera dans la suite trois modules cycliques dierents. Le premier
est le complexe de Hochschild deni, pour toute algebre associative A, par C n (A) =
A
n
+1. On utilise la notation (a
0;:::;a n ) pour a
0:::
a n ou a
0;:::;a n
2A. Pour i
1 on ecrira aussi (a
1;:::;a n ) i pour le tenseur a
1:::
a n
:::
a
1:::
a n
2A
ni avec i facteurs a
1:::
a n . L'homologie du complexe (C
(A);b =
P(
?1) i d i ) est par denition l'homologie de Hochschild de A, notee HH
(A).
La resolution standard d'un groupe G denie par E n (G) = k[G n
+1] est aussi un module cyclique par permutation des facteurs. On notera [g
0;:::;g n ](g i
2G) les ele- ments de la base canonique de E n (G) et H
(G) l'homologie du complexe standard C
(G) = k
k
[G
]E
(G) ou G agit diagonalement.
Il y a un module cyclique qui fait le lien entre les deux precedents ( cf . [ 14 ]). Il s'agit du sous-module NG n de C n (k[G]) = k[G] n
+1engendre par les elements (g
0;:::;g n ) tels que g
0:::g n = 1. Nous noterons HH
(NG) l'homologie du complexe (NG
;d).
L'application lineaire ' : E
(G)
!NG
donnee, pour tout n, par '[g
0;:::;g n ] = (g n
?1g
0;:::;g
?1n
?1g n )
induit un isomorphisme de modules cycliques ' : C
(G)
= C
(NG).
Il sera pratique de donner une etiquette a certains elements de G pour donner les formules explicites des paragraphes 2.3, 3. Si on munit un element g
2G d'une etiquette, on le note
eg. On note E
e(G) le complexe E
(G) avec la condition supplemen- taire que les elements de la base canonique de E
(G) sont eventuellement etiquetes.
On note N :
eE
e(G)
!E
(G) l'application denie, pour [x
0;:::;x n ]
2E
en (G), par N[x
e 0;:::;x n ] = 0 si aucun x i n'est etiquete; sinon on pose
N[x
e 0;:::;x n ] =
Xt k [x
0;:::;x n ]
ou k est tel que x n
?k
+1soit etiquete et : E
e(G)
!E
(G) est l'application qui supprime les etiquettes. On etiquette de la m^eme facon les elements de NG
( via ').
En d'autres termes, faire agir N sur une cha^ne revient a faire agir sur cette cha^ne
etoutes les permutations cycliques qui placent un element etiquete en position 0.
Il est bien connu que pour tout module cyclique C
l'application B = (1
?t)sN : C n
!C n
+1, avec s = s n , verie B
2= bB + Bb = 0: Dans la suite on s'interessera au bicomplexe negatif ([ 11 ], [ 20 ]) associe, c'est-a-dire au bicomplexe
BC
?suivant :
b
#b
#::: B C
2B C
1b
#b
#b
#::: B C
2B C
1B C
0::: b
#b
#b
#Colonne
?3
?2
?1 0
L'homologie de ToT
BC
=
Qp
+q
=n
BC p;q
?;b + B
, ou
BC p;q
?= C q
?p si q
p;p
0
et 0 sinon, est l'homologie cyclique negative de C
, notee HC
?(C
).
Rappelons que si C
est un module simplicial, on appelle normalise de C
le com- plexe quotient deni pour tout n
0 par
C n = C n =(s
0(C n
?1) + ::: + s n
?1(C n
?1))
qui est quasi-isomorphe a C
. Remarquons que C n (A) = A
A
n ou l'on a note A = A=k. En ce qui concerne E
(G);C
(G), ils sont obtenus de E
(G);C
(G) en annulant les elements [g
0;:::;g n ] pour lesquels il existe 0
i
n
?1 tel que g i = g i
+1. Pour denir la K-theorie algebrique d'un anneau A, on utilisera la construction
\+" de Quillen; on pourra par exemple consulter [ 18 ] pour un expose detaille. On notera GL(A) = lim
?!GL n (A) le groupe lineaire et E(A) celui engendre par les matrices elementaires. On notera egalement
M(A) = lim
?!M
n (A) les matrices innies.
2. Caractere de Chern explicite
2.1. Caractere de Chern algebrique. | Dans cette partie on rappelle la construction du caractere de Chern algebrique construit par Goodwillie [ 10 ] et Jones [ 12 ]. On peut egalement consulter [ 14 ], [ 20 ] et [ 29 ] par exemple.
Soit A une k-algebre . La projection canonique P :
BC
?(A)
!C
(A) sur la colonne 0 est un morphisme de complexes. Le caractere de Chern est un morphisme de groupes ch
: K
(A)
!HC
?(A) deni de maniere a avoir la relation
P
ch
= D
ou D
: K
(A)
!HH
(A) est l'application de Dennis [ 5 ] dont nous par rappelons la denition ( cf. [ 20 ] chapitre 8). Le morphisme d'Hurewicz donne un morphisme
H : K n (A) = n (BGL(A)
+)
!H n (BGL(A)
+) = H n (BGL(A)) = H n (GL(A)):
On a un morphisme injectif de modules cycliques C
(G)
!' NG
,
!C
(k[G]) pour tout groupe G et un morphisme bien deni
k[GL(A)]
n
+1?!M(A)
n
+1?tr
!C n (A) ou tr est la trace generalisee de Dennis , denie par:
tr(
0;:::; n ) =
X(
0i
0;i
1;
1i
1;i
2;:::; ni
n;i
0):
L'application de Dennis est la composee :
D i : K i (A)
?!H i (GL(A))
?'
!HH i (NGL(A))
?!HH i (
M(A))
?tr
!HH i (A):
L'inclusion de la colonne numero 0 dans
BC
?n'est pas un morphismede complexes.
Mais dans le cas du module cyclique C
(G) associe a un groupe G, il y a une injection
H
(G) ,
!HC
?(G) qui est une section de P
: HC
?(G)
!H
(G). Dans [ 10 ](Lemme
II.3.2) Goodwillie a montre que cette injection etait induite par un morphisme de
complexes
: C
(G)
!BC
?(G) dont la restriction a la colonne 0 est l'identite et,
qu'en fait, deux tels morphismes de complexes etaient necessairement homotopes.
Le caractere de Chern algebrique se denit alors ( cf. [ 20 ] chapitre 8) comme la composee ch n : K n (A)
!HC n
?(A) (ou n
1) suivante :
K n (A)
?H
!H n (GL(A))
?!nHC n
?(A)
?'
!HC n
?(NGL(A))
?!HC n
?(
M(A))
?tr!HC n
?(A):
2.2. Une application de E(G) dans
BE
?(G) . | Dans ce paragraphe on va expliciter un morphisme de complexe
: C
(G)
!BC
?(G) dont la restriction a la colonne 0 est l'identite.
Rappelons que E
(G) = k[G
+1], C
(G) = k
k
[G
]E
(G) est le complexe d'Eilenberg-MacLane de G et u designe une variable de degre
?2 de sorte que
ToT
BE n
?(G) =
Yp
0E n
+2p (G)u p :
Si
: E
(G)
!BE
?(G) est une application lineaire graduee de degre 0, on note n
sa restriction a E n (G) et on ecrit n comme la serie formelle n =
Pi
0in u i ou in : E n (G)
!E n
+2i (G). Une telle application est un morphisme de complexes si et seulement si pour tout n
0, i
0, on a (en posant
?1n = i
?1= 0 pour n;i
0)
b in + B i n
?1= in
?1b (1) in : La formule obtenue pour
utilise une famille \parametree" d'homotopies contrac- tantes pour b (dans E
(G))que nous denissons d'abord.
Denition 2.1 . | Soit h un element de G . On note s(h
): E
(G)
!E
+1(G) l'ap- plication k -lineaire denie par s
(h
)[g
0;:::;g n ] = [h;g
0;:::;g n ] pour tout g
0;:::;g n
2G .
Lemme 2.2 . | Pour tous h;g;g0;:::;g n
2G , on a
i) : s(h
)b + bs
(h
)= id = s
(h
)b
0+ b
0s
(h
),
ii) : s(gh
)[gg
0;:::;g:g n ] = gs
(h
)[g
0;:::;g n ] .
Les operateurs s
(h
)ne sont pas G-lineaires. Cependant la relation ii) du lemme sura a assurer la linearite de l'application
.
Dans la suite on va construire des applications k-lineaires en utilisant des mor- phismes s
(h
)successifs dont on fera varier l'indice h selon les vecteurs de base de k[G
]. Pour cela precisons quelques notations. Soient f
1;:::;f m des endomorphismes gradues k-lineaires de E
(G) et f un endomorphisme de degre `
2Zde E
(G). Pour x
0;:::;x n
2G, on denit les elements x j k
2G, k i
2k par
f([x
0;:::;x n ]) =
Xr
i
=1k i [x i
0;:::;x in
+` ]:
Denition 2.3 . | On note (S f f1:::S f f m )f l'endomorphisme k -lineaire de E
(G) donne, pour tout [g
0;:::;g n ]
2E n (G) , par
(S f f
1:::S f f m )f([x
0;:::;x n ]) =
Xr
i
=1k i
?s
(x
i0 )f
1:::
s
(x
i0 )f m
([x i
0;:::;x in
+` ]):
En particulier (S
idf)id est l'application k-lineaire [g
0;:::;g n ]
7!s
(g
0)f([g
0;:::;g n ]) que l'on notera plus simplement S
idf. On utilisera aussi la notation (S f f
1) i S f
1f
1pour (S f f
1:::S f f
1)f avec i iterations de S f f
1et (S f f
1)
0f = f.
Avec les notations de la partie 1, en particulier [g] n = [g;:::;g], on a pour
0. Lemme 2.4 . | Dans E
(G) , pour g
2G , i
0 , on a
i) : b[g]2i
+1= [g]
2i ; B[g]
2i
+1= 2(2i + 1) [g]
2i
+2,
ii) : b[g]2i = 0; B[g]
2i = 0 .
iii) : L'application ( G -lineaire) 0([g]) =
Pi
0(
?1) i
(2i i
!)![g]
2i
+1 verie (1)
0. Demonstration : On a b[g]
2i
+1=
P2j i
=0+1(
?1) j [g]
2i = [g]
2i et
B[g]
2i = (1
?t)
s
N[g]
2i = (2i + 1)(1
?t)
s[g]
2i
+1= 2(2i + 1)[g]
2i
+2: On montre ii) de m^eme. Il resulte de i) que, quel que soit i
0, on a
B
(
?1) i (2i)!
i! [g]
2i
+1
=
?b
(
?1) i
+1(2i + 1)!
(i + 1)! [g]
2i
+3
;
ce qui implique la validite de (1) i
0.
Theoreme 2.5 . | L'application k -lineaire denie, pour tout n
0 et i
1 , par
0n = id et in = (
?1) i (S
idB) i + (
?1) i
Xi
?1
k
=0(S
idB) k S
id((S b B) i
?k b)
est un morphisme de complexes G -lineaire de E
(G) dans
BE
?(G) induisant une injection de H
(G) dans HC
?(G) .
On notera encore
: C
(G)
!BC
?(G) l'application induite par k
k
[G
]?. Demonstration : On doit montrer que la famille d'applications lineaires ( in ) n;i
0verie l'egalite (1) in pour tous n
0;i
0. On pose
?1= 0. Comme
0n = id, on a b
0=
0?1b et donc (1)
0est veriee.
Pour commencer,
0verie (1)
0car l'application
0denie dans le theoreme 2.5 concide avec celle qui est denie au lemme 2.4.
L'application
verie les formules suivantes pour n
1, i
1 :
in = S
id( in
?1b
?B i n
?1): (2) in En eet, si g
0;:::;g n
2G, par denition de
, on a
in
?1b[g
0;:::;g n ] = (
?1) i (S
idB) i + (
?1) i
Xi
?1k
=0(S
idB) k S
id((S b B) i
?k b)
!
b[g
0;:::;g n ]
= (
?1) i
0
@
(s
(g
1)B) i [g
1;:::;g n ] +
Xn
j
=1(
?1) j (s
(g
0)B) i [g
0;:::; g
bi ;:::;g n ]
1
A
car b
2= 0 et par denition de S
id, S d . On trouve donc
in
?1b[g
0;:::;g n ] = (
?1) i (S b B) i b[g
0;:::;g n ]:
Regardons B i n
?1pour n
0, i
1 :
?
B i n
?1= (
?1) i B(S
idB) i
?1+ (
?1) i B
Xi
?2k
=0(S
idB) k S
id((S b B) i
?1?k b):
On applique maintenant les expressions obtenues pour calculer
?S
idB i n
?1et S
idin
?1b.
S
id( in
?1b
?B i n
?1) = (
?1) i
?S
id((S b B) i b) + S
idB(S
idB) i
?1+
Xi
?2k
=0S
idB(S
idB) k S
id((S b B) i
?1?k b)
!
= in ce qui prouve (2) in pour n
0, i
1.
Prouvons maintenant le theoreme par recurrence sur n
0. Il faut montrer que pour tout n
0, (1)
n est veriee et que n est G-lineaire. On a obtenu le resultat pour n = 0. Supposons avoir verie les egalites (1)
m et la G-linearite de m pour tout indice m
n. Demontrons alors les equations (1) in
+1ou i
0. Comme on a deja etabli le resultat pour i = 0, on raisonne par recurrence sur i. Supposons donc avoir prouve (1) jn
+1pour j
i et etudions (1) i n
+1+1. Si g
0;:::;g n
2G, d'apres la formule (2) i n
+1+1, on a
b i n
+1+1[g
0;:::;g n
+1] = bs g
0( i n
+1b
?B in
+1)[g
0;:::;g n
+1]
=
?s g
0b( i n
+1b
?B in
+1)[g
0;:::;g n
+1] +( i n
+1b
?B in
+1)[g
0;:::;g n
+1] par le i) du lemme 2.2. Or, les egalites (1) i n
+1et b
2= 0 donnent
b i n
+1b = ( i n
+1?1b
?B in )b =
?B in b:
De plus bB =
?Bb implique bB in
+1=
?Bb in
+1. Les egalites (1) in
+1et B
2= 0 donnent bB in
+1=
?B in b. D'ou
b i n
+1+1[g
0;:::;g n
+1] = ( i n
+1b
?B in
+1)[g
0;:::;g n
+1]
pour tout [g
0;:::;g n
+1] ce qui demontre (2) i n
+1+1et assure que
est un morphisme de complexes.
On demontre de m^eme la G-linearite de
. En eet
0et
0= id sont G-lineaires.
Supposons que
n
?1et i n
?1(n
1, i
1) le soient egalement, alors quel que soient g;g
0;:::;g n
2G, en appliquant la formule (2) in et le lemme 2.2, on a
in [g:g
0;:::;g:g n ] = s
(g:g
0)?in
?1b
?B i n
?1[g:g
0;:::;g:g n ]
= g:
?s
(g
0)?in
?1b
?B i n
?1[g
0;:::;g n ]
:
En particulier in est alors G-lineaire; on conclut une nouvelle fois par recurrence.
2.3. Etude de dans les complexes normalises. | Dans la suite on tra- vaillera le plus souvent avec des complexes normalises pour simplier les formules.
On va donner dans cette partie une formule explicite pour
: C
(G)
!BC
?(G).
Remarquons que, dans C
(G), on peut toujours supposer qu'une cha^ne s'ecrit [1;g
1;:::;g n ]. En pratique, les cycles de C
(G) apparaissent naturellement sous cette forme (ce sera le cas pour les cycles etudies dans les paragraphes 3, 4).
Si n
1 et i
1 on note I in l'ensemble
I in =
f= (
0;:::; n ;j)
2Nn
f1;:::;n
gj0+ ::: + n = i
?1
g:
On note ? in : E n (G)
!E n
+2i (G) (n
1, i
1) l'application k-lineaire denie, pour g
0;:::;g n
2G, par
? in ([g
0;:::;g n ]) =
X 2I
ni[g
0;g j ;[g
0;g j ]
0;g j
+1;[g
0;g j
+1]
j +1;g j
+2;[g
0;g j
+2]
j +2;:::
::: ;g j ;[g
0;g j ]
j]
avec = (
?1) n
(n
?j
)+i (i
?1)!. On peut remarquer que ?
est G-lineaire et donc denit une famille d'applications ? in : C n (G)
!C n
+2i (G) (n; i
1).
Pour n
1, 1
k < i, on introduit l'ensemble suivant
K n k;i =
=
?(
00;:::;
00
);(
10;:::;
11);:::;( n
0;:::; n
n);(
10;:::
00);::: ;(
0n ;:::; n
n);j;
00; ( avec
;
;
2Net 2
j
n)
j 1= 0;
0+ :::+ n = i
?k
?1
et
00+
Xn
p
=0p
0+
Xp
q
=1qp + qp
!
= k:
gSi n
1, 1
k
i
?1, on note
rk;i n : E n (G)
!E n
+2i (G) l'application G-lineaire denie, pour g
1;:::;g n
2G, par
r
k;i n [1;g
1;:::;g n ] = N
e X 2K
k;inh
1;g
1;[
e1;g
1]
00;g j ;[
e1;g j ]
00;]
0[;g j
+1;[
e1;g j
+1]
0j +1;] j
+1[;:::;g j ;[
e1;g j ]
j0;] j [
iavec = (
?1)
(n
?1)(n
?j
)(i
?1
?k)!(k
?1)! et ] p [ est vide si p = 0 et sinon
] p [=
hg
1;[
e1;g
1]
1p;g p ;[
e1;g p ]
1p;:::;g
1;[
e1;g
1]
pp;g p ;[
e1;g p ]
ppi;
pour p = 0, on remplace les g p qui apparaissent dans la formule de ] p [ par g j . Dans cette formule N est deni comme dans la partie 1.
eTheoreme 2.6 . | Dans BE
?(G) , pour a;b
2G , on a
0[a] = [a]u
0 et
1[a;b] =
X
i
0(
?1) i i![a;b]
i
+1u i : Si n
2 et g
1;:::;g n
2G , on a dans C
(G) les formules suivantes
(a) : 0n [1;g
1;:::;g n ] = [1;g
1;:::;g n ] ,
(b) : 1n [1;g
1;:::;g n ] = ?
1n [1;g
1;:::;g n ] + s
(1)?
1n
?1[g
1;:::;g n ] , et si i
2
(c) : in [1;g1;:::;g n ] = ? in [1;g
1;:::;g n ]+s
(1)? in
?1[g
1;:::;g n ]+
Pi k
?1=1rk;i n [1;g
1;:::;g n ] . On ecrit facilement la formule denissant ? in [1;:::;g n ] de la maniere suivante : on part de la cha^ne [1;g
1;:::;g n ] et on insere i fois une paire [1;g j ] (avec 1
j
n).
Une telle insertion se fait toujours juste a droite de l'element g j initial. Ensuite on eectue toutes les permutations cycliques (avec signe) t ` qui place un des 1 \inseres"
en position 0 et enn on multiplie par (
?1) i (i
?1)!.
On peut de m^eme ecrire les cha^nes apparaissant dans la denition de
rk;i n . On part de [g
1;:::;g n ], puis on insere i
?k fois une cha^ne [g
1;g j ] (2
j
n). Les insertions se font toujours a droite du g j initial. Ensuite on ajoute 1 a gauche d'un g
1insere.
Puis on insere k fois des cha^nes du type [
e1;g j ] avec cette fois 1
j
n. On nit en multipliant par (
?1)
(n
?1)(n
?j
)+i (k
?1)!(i
?k
?1)! et en faisant agir N c'est a
edire toutes les permutations cycliques qui placent un 1 etiquete en position 0. Cette construction appara^t clairement dans le lemme suivant.
Lemme 2.7 . | Pour n1 , j
0 , 1
k < i , dans dans E n
+2i (G) , on a:
? jn = (
?1) j (S
idB) j ;
rk;i n = ? kn
+2(i
?k
)S
id(? i n
??1k d
0):
Demonstration du Lemme : Pour g
0;:::;g n
2G, on a (s
(g
0)B)[g
0;:::;g n ] =
Xn
j
=0(
?1) n
(n
?j
)[g
0;g j ;g j
+1;:::;g j
?1;g j ]
=
Xn
j
=1(
?1) n
(n
?j
)[g
0;g j ;g j
+1;:::;g j
?1;g j ]
(car [g
0;g
0;g
1;:::] est nul dans E
(G)); c'est, au signe
?1 pres, la formule donnee dans le lemme pour ?
1n (si
2I n
1, alors = (
?1) n
(n
?i
)+1et
0= ::: = n = 0). De plus
(
?1) n
(n
?j
)[g
0;g j ;g j
+1;:::;g j
?1;g j ] = t n
?j [g
0;g
1:::;g j ;[g
0;g j ];g j
+1;:::;g n ]:
On en deduit
(s
(g
0)B)
2[g
0;:::;g n ] =
Xn
j
=0(
?1) n
(n
?j
)Xn
k
=1[g
0;g j ;g j
+1;:::;g k ;[g
0;g k ];g k
+1;:::;g j ]
= ?
2n [g
0;:::;g n ]:
Pour ? in , i
2, on obtient la formule du lemme apres i
?1 iterations du calcul precedent. La formule pour
ri;k n s'obtient directement en \composant" les formules
obtenues pour ?
.
Demonstration du Theoreme 2.6 : Par denition
0est l'identite. Dans les complexes
normalises, la formule du lemme 2.4 ne donne des termes que dans la colonne 0.
D'apres le theoreme 2.5, pour n
1;i
1, on a in [g
0;:::;g n ] = (
?1) i (s
(g
0)B) i +
Xi
?1k
=0(s
(g
0)B) k s
(g
0)(s
(g
1)B) i
?k d
0+
Xn
j
=1(
?1) j (s
(g
0)B) i
?k d j
1
A 1
A
[g
0;:::;g n ] car b =
Xd j : Mais une cha^ne de la forme [:::;g
0;g
0;:::] est triviale dans E
(G), donc
0
@
i
?1X
k
=0(s
(g
0)B) k s
(g
0)0
@
n
X
j
=1(
?1) j (s
(g
0)B) i
?k d j
1
A 1
A
[g
0;:::;g n ] = 0
2E
(G):
On obtient alors la formule suivante (pour n; i
0) in = (
?1) i
Xi
k
=0(S
idB) k S
id((S d
0B) i
?k d
0): (3:6:1) Pour n = 1, i
1, on a
i
1[a;b] = (
?1) i
Xi
k
=0(s
(a
)B) k s
(a
)(s
(b
)B) i
?k [b]
= (
?1) i (s
(a
)B) k s
(a
)[b]
=
Xi
0(
?1) i i![a;b] i
+1u i :
Pour n
2, le Lemme 2.7 et la formule (3:6:1) impliquent que in = ? in + S
id(? in
?1d
0) +
Xi
?1k
=1r
k;i n ;
ce qui termine la demonstration du Theoreme 2.6.
Remarque : Un element inversible a d'un anneau A denit un element dans K
1(A) donne par la matrice [a]
2GL
1(A). Son image par le morphisme d'Hurewicz H : K
1(A)
!H
1(GL(A)) est le cycle [1;a]
2C
1(GL(A)). Le Theoreme 2.6 permet alors de calculer son caractere de Chern :
ch
1(a) = tr('(
1([1;a]))) = tr('(
Xi
0(
?1) i i![1;a] i
+1u i ))
=
Xi
0(
?1) i i!(a
?1;a) i
+1u i :
On retrouve ainsi la formule donnee dans [ 16 ], Theoreme 10:2.
3. Le caractere de Chern en bas degre
Rappelons maintenant la denition du groupe K
2(A) donnee par Milnor dans [ 25 ].
On note St(A) le groupe de Steinberg St(A) de l'anneau A et x i;j (t), i;j
1;i
6= j, t
2A ses generateurs. Il y a un morphisme de groupes : St(A)
!E(A) qui envoie x i;j (t) sur e i;j (t) (la matrice elementaire avec t comme coecient a l'intersection de la ligne i et de la colonne j) et une suite exacte
1
!K
2(A)
!St(A)
!E(A)
!1:
3.1. Le caractere de Chern en degre 2. | Dans ce paragraphe on va donner une formule generale pour le caractere de Chern d'un element de K2(A) deni comme sous-groupe de St(A).
Posons J qp =
f= (
1;:::; p )
2Np
j1+ ::: + p = q
g.
Theoreme 3.1 . | Soit x = x i1;j
1(t
1):::x i
n;j
n(t n )
2 K
2(A) . En notant e r = e i
r;j
r(t r ) , E r = e
1:::e r ( 1
r
n )) on a :
ch
2(x) = tr
0
@
n
X
r
=2X
i
0?
(
?1) i i!(E r
?1;E r
?1;e r ;(e
?1r ;e r ) i ) +(
?1) i
Xi
?1k
=0(i
?k
?1)!k!
X 2J
2(k+1)i?kN
e?E r
?1;E r
?1;( E
er
?1?1;E r
?1)
1;e r ;( E
e?1r ;E r )
2; e
?1r ;( E
er
?1?1;E r
?1)
3;:::;e
?1r ;( E
er
?1?1;E r
?1)
2k+1;e r ;( E
er
?1;E r )
2k+2)
u i
: Rappelons une formule explicite pour l'isomorphisme de groupe H : K
2(A)
!H
2(E(A)) [ 25 ]. Soit 1
!R
!F
!G
!1 une presentation d'un groupe G, le groupe F etant libre sur l'ensemble S. La formule de Hopf enonce que H
2(G)
= (R
\[F;F])=[R;F] et cet isomorphisme s'explicite via le calcul dierentiel de Fox ( cf . [ 1 ], [ 7 ]). Soit '
bar: C
bar(G) = k[G
]
!C
(G) l'isomorphisme de complexe donne par
'
bar[g
1j:::
jg n ] = [1;g
1;g
1g
2;:::;g
1g
2:::g n ]:
Si f
2F, a;b
2G, alors f[a
jb] = [fa
jb] munit C
2bar(G) d'une structure de F-module a gauche. Soit alors : F
!C
2bar(G) la derivation (unique) denie par (f) =
Ps
2S [df=ds
js]. La restriction de a R
\[F;F]induit l'isomorphisme de Hopf.
De plus, supposons que r =
fa
1;b
1g:::
fa n ;b n
g2R (on note
fx;y
gle commutateur de x et y), alors on a
(r) =
Xn
i
=1?