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Etude philosophique de la biologie de synthèse : pour une analyse de la complexité des biotechnologies en société

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Academic year: 2021

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Submitted on 20 Mar 2018

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Etude philosophique de la biologie de synthèse : pour une analyse de la complexité des biotechnologies en

société

Louis Ujeda

To cite this version:

Louis Ujeda. Etude philosophique de la biologie de synthèse : pour une analyse de la complexité des biotechnologies en société. Philosophie. Université Paris-Est, 2016. Français. �NNT : 2016PESC0040�.

�tel-01738544�

(2)

U

NIVERSITÉ

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OCIÉTÉ

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Philosophiedessciencesetdestechniques

U

JÉDA

Loui s

E TUDE PHI LOSOPHI QUE DE LA BI OLOGI E DE SYNTHÈSE :

P

OURUNEANALYSEDELACOMPLEXITÉDESBIOTECHNOLOGIESENSOCIÉTÉ

.

ThèsedirigéeparAliBENMAKHLOUF,

Professeurdephilosophieàl'UniversitéParis-EstCréteil Soutenue le 9 décembre 2016.

Jury:

Bernadette BENSAUDEVINCENT,Professeurd'épistémologie etd'histoire dessciencesetdes techniquesà l'Université ParisIPanthéon Sorbonne

XavierGUCHET, Professeur de philosophie et d'éthique des techniques à l'Université de Technologie de Compiègne

Thierry HOQUET,Professeurde philosophie dessciencesà l'Université ParisOuestNanterre La Défense

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R EMERCI EMENTS

Je voudraistoutd'abord remercierM.AliBenmakhloufpourm'avoiraccompagné dans cette recherche,pourla liberté qu'ilm'a laissée,etpoursesconseilsprécieux.

Je voudraisensuite remercierle présidentdu Comité ConsultatifNationald'Ethique, M.Jean-Claude Ameisen,ainsique Madame le Secrétaire Généraldu CCNE,Marie-Hélène Mouneyrat, pour m'avoir donné l'opportunité d'effectuer un stage au CCNE. Cette expérience a profondémentinfluencé ma réflexion surl'éthique dessciencesetdestechniques.

Je voudraiségalementremercierGuillaume Mercy etHéloïse Muller,du laboratoire

« Régulation Spatiale desGénomes» de l'InstitutPasteur,pourle tempsqu'ilsm'ontaccordé, pour leur aide concernant les aspects scientifiques de la biologie de synthèse, et pour leur accueilchaleureux.

Enfin je remercie ma famille de m'avoirsoutenu etencouragé toutau long de cette recherche.

(5)

Thès e pr épar ée au s ei n de l ’ Equi pe d’ Accuei l Let t r es I dées Savoi r s ( LI S, EA n° 4395)

– Uni ver s i t é Par i s -Es t Cr ét ei l Val de Mar ne – 61, avenue du Génér al de Gaul l e, 94010

Cr ét ei l ( Fr ance)

(6)

RÉSUMÉ

La biologie de synthèse (BS)estune discipline scientifique quise propose d'être à la biologie ce que la chimie synthétique està la chimie analytique.La BS adopte desapprochesde l'ingénierie etvise à élaborerdessystèmesbiologiquesfonctionnelsréalisantdestâchestechniques.Elle peutdonc être qualifiée de technoscience,au sensoù la technique estpourelle un débouché de sesrecherchesmais égalementune condition de sesdécouvertes.

La BS ne se laisse cependantpasréduire à sa dimension intentionnelle.Elle estune discipline complexe,tantquantà son épistémologie qu'à son ontologie.Son inscription dansla société n'estpas moinscomplexe :lestechnosciencesmettenttoujoursen jeu un grand nombre de dimensionsde notre existence collective.Lesenjeux éthiquesde la BS sontdonc majeurs,maislescrispationsautourdes nouvelles technologies rendent les débats difficiles, les positions se radicalisant entre utopies technophilesetdystopiestechnophobes.

L'objectifde cette étude estde clarifierle contexte éthique,sansle simplifier,etd'apporterdes élémentsd'analyse desproblèmeséthiquesde la BS par-delà le simplisme rhétorique etle futurisme, quiminentlesdébatsautourde cette technoscience.Ils'agitdonc de se confronterà la complexité de la BS,de sa définition à son épistémologie etson ontologie,en passantparsesdimensionssocialesetpar le statut des êtres qu'elle produit. Les théories de W.V.O. Quine permettent d'éclairer les aspects épistémologiquesetleursconséquencesontologiques;la philosophie desprocessusetdesrelationsde Gilbert Simondon permet quant à elle de décrire la complexité des modes d'existence des êtres biosynthétiquesentre contraintestechniquesetdevenirbiologique.

MOTS-CLÉS:

biologie de synthèse /épistémologie /ontologie /éthique /philosophie de la complexité /Simondon, Gilbert

A PHILOSOPHICAL STUDY OF SYNTHETIC BIOLOGY: FOR AN ANALYSIS OF

BIOTECHNOLOGIES'COMPLEXITYINSOCIETY.

Synthetic biology (SB) is a scientific field that aims at being to biology what synthetic chemistry isto analytic chemistry.SB adoptsengineering approachesin orderto develop functional biologicalsystemscarrying outtechnicaltasks.Itcan thusbe described asa technoscience,in the sense thattechnic isboth an outletforitsresearch and a materialcondition foritsdiscoveries.

However, SB does not let itself be reduced to that intentional dimension. It is a complex discipline,considering both itsepistemology and itsontology.How SB isinscribed in society isnot lesscomplex:technosciencesalwaysinvolve severaldimensionsofourcollective existence.SB'sethical issuesare thuscrucial,buttensionsaboutnew technologiesmake the debatesdifficult,the positions being often splitbetween technophilic utopiasand technophobic dystopias.

The objective ofthisstudy isto clarify the ethicalcontextwithoutsimplifying it,and to give elementsofanalysisofthe ethicalproblemsin SB beyond the rhetoricalsimplism and the futurism thatundermine the debatesaboutSB.SB'scomplexity mustthusbe confronted,from itsdefinition to itsepistemology and ontology,and through itssocialdimensionsaswellasthe statusofthe beingsit produces.The theoriesofW.V.O.Quine enable the understanding ofthe epistemologicalaspectsand theirontologicalconsequences;the processand relationsphilosophy ofGilbertSimondon enablesthe description ofthe modesofexistence ofbiosynthetic beingscaughtbetween theirtechnicalconstraints and theirbiologicaldevelopment.

KEY-WORDS:

synthetic biology /epistemology /ontology /ethics/philosophy ofcomplexity /Simondon,Gilbert

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T a b l e d e s ma t i è r e s

I nt r oduct i on. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13

Pr emi èr e par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

La bi ol ogi e de s ynt hès e : pr és ent at i on l i mi nai r e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

I . Nommer l a bi ol ogi e de s ynt hès e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24

I I . L' émer gence d' une nouvel l e bi ot echnol ogi e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27

I I I . Une var i ét é de défini t i ons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

I V. Une var i ét é de r echer ches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37

A.L'ingénierie du génome :synthèse etréduction...37

B.La recherche d'un Lego du vivant...42

C.Le «couteau-suisse » génétique :le complexe CRISPR-Cas9...45

D.Exemplesd'applicationsde la BS...48

E.La BS,instrumentde recherche fondamentale...51

F.La synthèse cellulaire...55

G.La xénobiologie...59

Deuxi ème par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65

La bi ol ogi e de s ynt hès e en s oci ét é. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

I . Cons t i t uer une di s ci pl i ne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

A.Structurerla BS :distingueretdiscipliner...67

B.Fédérerou unifierla diversité ?...70

C.Biologie de synthèse etbiologie dessystèmes...74

I I . La bi ol ogi e de s ynt hès e dans l a conver gence NBI C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

A.La convergence NBIC...79

B.L'intégration de la BS parla convergence NBIC...81

C.L'ambivalence de la BS enverslesNBIC...84

I I I . Le « hype », ou l es excès des di s cour s s ur l es s ci ences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

A.Publicité,promessesetslogansmobilisateurs...88

B.Le hype :hégémonie du simplisme...92

(9)

C.Utopiesetdystopiestechnoscientifiques...97

D.La prudence contre le hype...103

I V. OGM et mi cr o-or gani s mes génét i quement modi fiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

A.Avantagesetproblèmesdu statutjuridique commun...115

B.OGM etBS:une question d'échelles...121

C.Lesmodificationsgénétiquesen débat...125

D.La place desSciencesHumainesetSocialesdansla BS...129

E.Confusion etambivalence desfinalitésde la BS...135

V. Les cul t ur es de l a BS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143

A.La culture « start-up »...143

B.La culture « open source »...146

C.Une culture de responsabilité...149

Tr oi s i ème par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .155

Bi ol ogi e de s ynt hès e, nat ur e et nat ur al i t é. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

I . La BS cont r e l a Nat ur e? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .156

A.« Joueraux dieux » :l'hubriscontre la nature...157

B.«Contre-nature » :synthèse etnaturalité...162

C.La BS etle « désenchantement» du monde...165

D.La poiêsiscontre la tekhnê:la technique chez Heidegger...169

E.Actualité de l'attitude d'humilité enversla nature...176

I I . Nat ur el et ar t i fici el , une di s t i nct i on en mut at i on. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

A.Impasse de la dichotomie naturel/artificieldansle contexte de la BS :l'exemple de l'éthique de l'environnement...180

B.Naturel:un critère difficile à appliquer...185

C.Entre natureletartificiel:une multitude d'hybridités...189

I I I . La nat ur e t echni que de l ' humani t é. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193

A.Nature,technique,culture :composition deshéritagesgrec etromain...194

B.L'origine anthropologique de la technique...198

C.La technicité,modalité d'existence de l'humanité...206

Quat r i ème par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .217

(10)

Du mode d' exi s t ence des êt r es bi os ynt hét i ques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

I . Le mode d' exi s t ence des obj et s t echni ques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220

A.L'objettechnique etl'individu technique...220

B.Versune normativité technologique...227

C.Pourune technicité relationnelle...233

I I . L' i ndi vi duat i on compl exe d' un or gani s me-machi ne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240

A.Retoursurle conceptd'individuation...241

B.L'individuation vitale etl'individualisation technique...248

C.La complexité d'une individuation hybride...254

D.La difficile évaluation deshybridesbiosynthétiques...258

I I I . La cont i nui t é des modes hybr i des d' exi s t ence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

A.Êtresbiosynthétiquesetmixité du milieu associé...264

B.OGM etcontraintesdu milieu associé...265

C.Domesticité ethumanisation du milieu associé...266

D.Un continuum d'individuationshybrides...268

Ci nqui ème par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .275

De l ' épi s t émol ogi e à l ' ont ol ogi e du vi vant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

I . La pl ace épi s t émol ogi que de l a BS dans l a bi ol ogi e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276

A.L'influence du systémisme cybernétique...277

1 -Rupture etcontinuité épistémologiquesde la BS...277

2 -L'analogie de l'information etla métaphore informatique...280

3 -Le conceptde système etle conceptde réseau...287

B.Réductionnisme etcomplexité dansla biologie...294

1 -L'approche réductionniste de la BS...295

2 -La complexité desinteractionsà l'échelle microbienne...298

3 -Composeravec la complexité :bricolage etapproximations...301

I I . Les cons équences des t héor i es s ur l es obj et s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

A.La relativité desontologies...305

B.Le mobilierontologique de la BS...313

C.Le mobilierontologique de la complexité biologique...316

(11)

D.Traduire la BS dansune théorie complexe...321

Si xi ème par t i e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .331

Et hi que pour une bi ot echnol ogi e compl exe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331

I . Appr oches ét hi ques de l a bi ol ogi e s ynt hét i que. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333

A.Variationséthiquessurle thème de la nature...334

B.Méthodeséthiques...340

1 -La déontologie...340

2 -Le conséquentialisme...342

3 -La justice...344

C.Lesdifférentessphèresde préoccupation éthique...346

I I . Ver s une ét hi que compl exe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .351

A.Nécessité d'une approche complexe de l'éthique...351

B.Applicationséthiquesdesconceptscomplexes...355

I I I . El ément s d' ét hi que compl exe dans l a phi l os ophi e de Si mondon. . . . . . . . . . . 359

A.L'éthique :individuation du système desnormesetdesvaleurs...359

B.Le problème éthique de la technique dansl'individuation collective...361

C.Élémentséthiquesde la technicité...364

D.Lesexigencesde l'éthique de l'individuation...366

E.Leshybridesdansune éthique desindividuations...369

I V. Pi s t es pour un dével oppement ét hi que de l a BS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .373

A.Luttercontre le simplisme...373

B.Favoriserlesapprochescomplexes...376

C.De l'éthique à la politique :le problème de la décision...379

Concl us i on. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .385

La BS, entre réductionnisme cybernétique et compréhension de la complexité biologique...385

Mixité desmilieux,hybridité desindividus...391

La difficile intégration de la BS dansla société...396

Bi bl i ogr aphi e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .411

Ouvrages...411

(12)

Rapports...413

Articles...415

Chapitresde livre...419

Articlesd'encyclopédie,encyclopédiesetdictionnaires...420

Coursetséminaires...420

Textesjuridiques...420

Sitesinternet...421

Li s t e des acr onymes et abr évi at i ons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .423

(13)
(14)

I NTRODUCTI ON

Le CRISPR-Cas9,c'estl'iPhone de la biotechnologie.1

Les déclarations concernant la biologie de synthèse2 sont une source infinie de formules percutantes, et l'enthousiasme de la communauté scientifique pour la structure CRISPR-Cas93participe largementà cette surenchère discursive.Depuisla découverte de la fonction du complexe CRISPR-Cas9 en 2012 etson utilisation comme outilde modification génétique,cette structure moléculaire au nom étrange estdevenu la façade médiatique de la BS.De ce fait,ilesteffectivementaux biotechnologiesce que l'iPhone estaux technologies micro-informatiques:ilestmédiatique,ilestprésenté comme révolutionnaire etilse répand de manière exponentielle (dans les laboratoires de biologie). Plus substantiellement, cette métaphore ironique recouvre une véritable analogie avec le téléphone multimédia d'Apple.Le CRISPR-Cas9 esten effetdevenu – grâce à de multiplespossibilitésde modification de ses élémentsgénétiquesetprotéiques– une plate-forme pouvantremplirune variété de fonctions d'édition et de régulation de l'activité génétique. C'est donc un outil multi-usages, facile d'utilisation, accessible (il est moins cher que les techniques alternatives), et ces caractéristiquesen fontparconséquentla source de nouvellespratiquesde recherche.Mais,de la même manière que l' iPhone, il n'est pas aussi révolutionnaire qu'il peut le paraître. La plupartdesfonctionsqu'ilremplitétaientdéjà effectuéespard'autresstructuresenzymatiques ; cependant,étantplusrapide,moinscheretau moinsaussiefficace,le changementd'échelle induitparla généralisation de son utilisation produitde faitune forme de sauttechnologique que deschercheursetdesjournalistesappellentune révolution.

Le CRISPR-Cas9 n'est que la partie émergée de l'iceberg que constitue la BS.

L'appellation « biologie de synthèse » recouvre la plupart des recherches fondamentales et appliquées utilisant les modifications génétiques, et plus généralement les possibilités d'intervention technique surla structure moléculaire desêtresvivants.Marc Fontecave,dans

1 Jean-Stéphane Joly (directeurde recherche à lInstitutdesneurosciencesParis-Saclay),cité in,Galanopoulo, Léa, «CRISPR-Cas9: des ciseaux génétiques pour le cerveau»,CNRS Le journal, 3 mai 2016,

<https://lejournal.cnrs.fr/articles/crispr-cas9-des-ciseaux-genetiques-pour-le-cerveau>, consulté le 3 septembre 2016.

2 Ou biologie synthétique,parla suite abrégée «BS».

3 CRISPR-Cas9 (prononcé «crispeur casse neuf») est un complexe constitué d'une séquence d'ARN (CRISPR)etd'une enzyme (Cas9 estune endonucléase).Nousreviendronssurce complexe moléculaire dans la première partie (section IV.C.).

(15)

son cours au Collège de France De la chimie biologique aux biotechnologies : recherche et applications(2014-2015),définitla BS ainsi:

Conception etconstruction de nouveaux systèmesbiologiques(nouveaux systèmes de contrôle génétique, nouveaux chemins métaboliques, nouveaux chromosomes, nouvellescellules)quin'existentpasdansla nature.Cette construction se faitpar assemblage de composants biologiques d'origines diverses et de composants chimique de synthèse (y comprisADN etchromosomes).4

S'ilne faitaucun doute que la BS s'inscritdansla continuité du génie génétique (quia produit les OGM «classiques»), elle constitue néanmoins une démarche nouvelle : la modification ponctuelle d'élémentsbiologiquesexistantsestdésormaismarginale;la BS s'oriente versdes modificationssystématiquesetversla synthèse de séquencesgénétiquesetd'autreséléments biochimiquesafin d'élaborerde « nouveaux systèmesbiologiques».La notion de « nouveaux systèmes biologiques» mérite d'être analysée.Toutd'abord,de quoiparle-t-on lorsque l'on parle de « système biologique » ?Un système biologique estune entité biologique composée de diversélémentsfonctionnantensemble comme un tout.L'homme,l'animal,la cellule – en somme, tous les organismes – sont des systèmes biologiques. Néanmoins, la BS ne traite actuellement que de systèmes biologiques simples, se concentrant principalement sur les organismesunicellulaires(bactéries,levures,micro-algues);son objectifà moyen terme estla maîtrise de l'assemblage de cellules synthétiques. Mais la notion de système permet de s'abstraire du paradigme de l'organisme pour ne considérer que les systèmes de régulation génétique,c'est-à-dire lesélémentscontrôlantl'activité métabolique.Lesmoléculesd'ADN, d'ARN etlesprotéines,dontlesinteractionsconstituentune partimportante du processus métabolique, définissent ainsi un système propre : le système génétique. Pour l'heure, la plupartdes« nouveaux systèmes» crééssontdonc dessystèmesgénétiquesrégulantune voie métabolique,inédite dansla nature,ou étrangère à l'organisme que l'on souhaite modifier.La compréhension de ce que recouvre la notion de système permetde relativiserdèsmaintenant la notion de nouveauté :la nouveauté,en BS,n'estle plussouventpasradicale.Ils'agitplutôt d'un réagencementet/ou d'une translation d'élémentsetde systèmesexistants.Nousverrons qu'ilexiste néanmoinsdesexemplesde nouveautésradicales(comme la xénobiologie).

Surla base d'applicationsfinalisées,en développement,ou encore hypothétiques,la BS promet des applications dans des champs aussi divers que la médecine (diagnostique,

4 Fontecave,Marc,«De lingénierie métabolique à la biologie de synthèse.Coursdu 25 mars2015.»,Collègede France,2015,<http://www.college-de-france.fr/site/marc-fontecave/course-2015-03-25-10h00.htm>.

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médecine personnalisée,thérapiesgéniques,ou encore neurosciences),la pharmacie (où la BS peut être employée pour développer des substances actives aussi bien que des vecteurs), l'industrie (chimique,maiségalementindustrie desmatériaux),l'énergie,ou l'environnement (recyclage, dépollution, bio-remédiation). Certaines applications sont réalistes (étant même parfois déjà commercialisées), d'autres comme la résurrection des espèces disparues (le mammouth estl'exemple fétiche),ou comme le faxe à organisme (version biosynthétique du téléporteur)relèvent– pourle moment– du purfantasme.

Au regard de la diversité desapproches,desapplicationsetdesréalisationsactuellesde la BS,ilapparaîtque sa définition – quiesten elle-même un problème que nousauronsà traiter – est plus nuancée (et moins spectaculaire) que ne le suggèrent les annonces de révolution biotechnologique. La BS a pourobjectif la création de systèmes biologiques nouveaux,maisen pratique,elle n'estencore qu'un génie génétique plusélaboré etperformant. La distance quiexiste entre la réalité scientifique etla manière dontla BS estprésentée dans l'espace public constitue un enjeu scientifique,social,politique,économique etéthique majeur. L'interrelation de plus en plus poussée des recherches technologiques et des recherches scientifiquesestla source d'une intégration toujoursplusgrande de la science danslessphères sociales, processus qui s'accompagne d'un accroissement de la méfiance réciproque des scientifiquesetdu grand public.La BS estreprésentative de cette relation ambivalente entre lessphèresscientifiquesetnon-scientifiques.Ainsi,en parallèle desdiscoursenthousiastessur lespromessesde la BS,se développentdesdiscoursalarmistessurlesdangersde cette nouvelle biotechnologie, et sur l'hubris dont elle serait le symptôme. Présenter la BS comme une révolution biotechnologique déjà réalisée sous-entend qu'elle déploie déjà toussespotentiels et que toutes ses promesses sont en passe d'être réalisées avant même qu'elles aient été discutées collectivement. Cette anticipation exagérée peut avoir deux conséquences graves pourla perception de la science en société :ceux quisontfavorablesaux promessesrisquent d'être déçusparla réalité desapplicationsà courtetmoyen terme etceux quisontdubitatifs ou même a priorihostilesrisquentde devenirdesopposantsfarouchesetintransigeantss'ils ontl'impression que lesapplicationstechnologiquesde la BS sontdéveloppéesau méprisde l'avisdespopulations.

La vitesse de développement et d'échange de la connaissance, et la rapidité des évolutions technologiques qui en découlent rendent difficile l'évaluation sereine des possibilités d'agir que les moyens technologiques de transformation des êtres vivants nous

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offrent.Lespromessesou lesmenacesde transformationsradicales,irréversiblesetplanétaires dramatisentla décision :ilestsous-entendu que le futurde l'humanité surTerre esttoutentier dépendantdu développementou non de la BS.S'ajoutentà cela lesquestionsde l'eugénisme etdu transhumanisme,que lestechniquesde modification génétique ne manquentjamaisde poser.Enfin,aprèsla longue polémique surlesOGM de première génération etle houleux débatsurlesnanotechnologies,scientifiques,investisseursetpouvoirspublicsse méfientde l'opinion publique.La tension etlescrispationssontà leurcomble – quand la BS n'estpas considérée comme un tabou.Ambivalence entre publicité etsecret,ambivalence entre panacée etcataclysme :dansce contexte la question éthique estposée avec urgence etinsistance.La BS est-elle bonne ou mauvaise? Doit-on l'interdire, ne serait-ce que temporairement? La question éthique estposée de manière binaire,simpliste.La réponse ne peutêtre aussirapide à formuler: répondre hâtivement requiert d'user également de simplifications, quant au problème etquantaux solutions.Une réponse éthique nécessite donc une ré-élaboration de la question,appuyée surune analyse de la complexité de l'objetetdu contexte.

Faire une étude philosophique de la BS répond donc à une injonction :celle de ne pas laisserle simplisme,l'exagération etl'urgence dominerle débat.Rendre aux sujetsscientifiques et technologiques leur complexité, leur réalité et leur temporalité est l'un des rôles de la philosophie appliquée aux sciencesetaux techniques.Ceteffortestd'autantplusnécessaire que le préalable à la possibilité d'une éthique de la BS est l'apaisement et la déflation des discours.Ilfautdonc mettre en œuvre une forme de thérapie :supprimerl'urgence produite parla simplification etl'inflammation du débat.Poursoulagercessymptômesetéviterleur réapparition,ilfauttraiterleurscausesprofondes.Le rôle de la philosophie estd'établirun diagnostique de celles-ci, qu'elles soient épistémologiques, ontologiques, conceptuelles, culturelles ou sociales. La résolution des problèmes est ensuite à la charge des acteurs concernés, que ce soient ceux qui ont part à la cause du symptôme ou les experts des disciplinesimpliquées.

Dans cette perspective, il appartient en propre à la philosophie de résoudre les problèmes conceptuels. Il est donc essentiel de porter une attention particulière aux mots employés, précisément pour éviter de tout prendre au mot. Les exagérations et les simplifications, qui ont pour but rhétorique premier de capter l'attention et de persuader, conduisent le plus souvent à des incompréhensions et à la radicalisations des positions des

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différentes parties. La critique conceptuelle est donc autant une démarche de clarification qu'une démarche thérapeutique visant à décrisper le débat et la réflexion. Ce travail est d'autant plus nécessaire à la BS que cette dernière mobilise des termes aussi chargés de significationsque « vie »,« machine » et« nature ».Lesdiscourssurla BS doiventdonc être étudiésetremisen perspective desfaitsqu'ilssontcensésrapporter;ilconvientégalementde ne pasforcémentprendre touslesmodesde discoursau mot,cardansle casde la BS,ils'avère souventque l'exagération la plusoutrancière côtoie l'argumentation la plusrigoureuse.Ilfaut donc non seulementêtre critique surlesdiscours,maisencore nuancé,carle champ discursif estlui-même un objetcomplexe.

Plusgénéralement,dansl'objectifde clarifier,d'organiseretde favoriserla discussion éthique,la philosophie a cecipourelle qu'elle n'a pasd'objetprivilégié :elle peuts'appliquerà l'intégralité de l'expérience humaine.Elle peutdonc mobilisertouteslesdisciplinesdanssa réflexion. C'est pour cela qu'elle est en capacité d'établir un diagnostique sur les causes de crispation autour d'un sujet technoscientifique. Ce rôle est d'autant plus crucial que la spécialisation toujourspluspoussée desexpertstend à morcelerlesapproches:lesscientifiques se préoccupent d'enjeux scientifiques, les sociologues d'enjeux sociaux, les économistes d'enjeux économiques, etc. Or, pour toutes les personnes qui n'ont pas d'expertise, pour l'ensemble des citoyens que les technosciences préoccupent, se sont tous ces enjeux pris ensemble quilesconcernent,etleurposentquestion.La séparation parspécialité disciplinaire tend également à minimiser les influences réciproques des différentes sphères où les technosciencesfontsentirleurseffets.Pourprendre un exemple simple,le régime juridique est étroitementcorrélé au modèle de développementéconomique,tousdeux étantdéterminants pour l'organisation de la recherche fondamentale et appliquée, mais les questions de droit, d'économie etd'organisation de la recherche sonttrop souventdissociées.Ilne fautpasperdre de vue que l'objet sur lequel l'éthique doit se prononcer est le réseau d'interactions que constituent la technoscience et toutes ses ramifications. Établir un socle solide sur lequel élaborer la réflexion éthique, afin – le cas échéant – d'éclairer au mieux les décisions qui devront être prises, nécessite donc un diagnostic préservant le caractère complexe des technosciences,etde la BS dansle casconsidéré ici.

L'enjeu de cette étude sera donc de rendre compte de la complexité de la BS dansses dimensions épistémologiques, sociales et culturelles, en particulier en déconstruisant les simplismesquisontvéhiculéssurcette technoscience.La BS,etlestechnosciencesen général,

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ne peuventêtre réduitesà ce qu'ellesdisentd'elles-mêmes,ou à ce que d'autresdisentd'elles, de même qu'elles ne peuvent être circonscrites à une seule sphère d'activité humaine. En s'inscrivant dans le monde, elles touchent aussi bien ce que l'on nomme la nature que les domainesproprementtechniques;ellesontdesconséquencessurla connaissance scientifique du monde, sur nos moyens d'action, mais également sur la culture en général et sur notre perception courante du monde.Ilestdonc nécessaire de démêlerlesdifférentesdimensionsde la BS,de distinguerla diversité de sesconséquences,sansjamaislesdissocier.Iciréside toute la difficulté d'une démarche complexe :faire œuvre de clarification en limitantau minimum la simplification.

Une analyse complète de la complexité de la BS nécessiterait une collaboration interdisciplinaire poussée afin d'aboutirà une prise en compte suffisante de toussesaspectset de leursinteractions.Ilestparconséquentinévitable que cette étude,entreprise solitaire et selon la seule discipline philosophique, soit incomplète et par suite partiellement insatisfaisante. J'essaierai cependant de donner des éléments de réflexion venant d'autres disciplines,ne serait-ce que sousforme d'esquisses,afin de dessinerce que seraitune étude interdisciplinaire portée à son terme.L'ouverture à d'autresmodesd'analyse complémentaires permettra également de se prémunir contre les tentations de la simplification et des explicationsmono-causales.

Ceslimitesétantexposées,cette étude philosophique surla BS se propose de constituer une preuve de conceptquantà l'intérêtd'une analyse quirendraitcompte,sansla réduire,de la complexité de l'inscription des biotechnologies (et des technosciences en général) dans l'expérience humaine.Elle vise égalementà asseoirla philosophie comme un outilcentralde la réflexion surlesnouvellestechnologies,grâce à sa capacité à embrasserlesmultiplesapproches possiblesetà lesorganiserdansune réflexion interdisciplinaire.La philosophie pourraitjouer un rôle de coordination desexpertisesetparticiperainsià intégrerla réflexion éthique à tous lesstadesde développementdesprojetstechnologiques.

Du fait de l'approche panoramique requise par une telle démarche cette étude se compose de six parties,abordantchacune un aspectde la BS.La première partie estconsacrée à éclaircir ce qu'est la BS. La question de la définition de cette technoscience n'est pas évidente etnécessite d'être explorée en détail.Sousun nom assez simple,sontsubsuméesune pluralité d'approchesetde pratiques:la complexité se niche au cœurmême de l'objetque

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nous voulons comprendre. Il est donc essentiel d'exposer avec le maximum de clarté l'hétérogénéité de la BS,maiségalementde comprendre pourquoielle constitue une discipline propre :articulerdiversité etunité sansréduire l'une à l'autre estune exigence de la méthode complexe.

La deuxième partie se penche surl'inscription sociale (au senslarge)de la BS.Cette partie ne peutêtre exhaustive du faitqu'elle pourraitconstitueren soil'objetd'un programme de recherche pluridisciplinaire,maisilme semble indispensable de donnerdesélémentsde compréhension desramificationsde la BS,en-dehorsdu cadre restreintde la science etdes techniques, dans des champs qui ne lui sont pas intuitivement adjoints. Une attention particulière est portée dans cette partie à l'organisation sociale de la BS comme discipline scientifique, à son rapport aux autres technologies « émergentes» (les nanotechnologies, les technologies de l'information et les sciences cognitives), mais également à son rapport aux OGM «classiques». Cette partie est aussi l'occasion d'étudier les modes de discours dans lesquels se déploie la BS, car c'est une discipline ou la communication est devenue fondamentale.Enfin la BS estinfluencée etinfluence en retourdesculturesparticulières,c'est- à-dire desensemblesde pratiquesetde valeurspartagéespardescommunautés:la proximité de la BS vis-à-vis des technologies de l'information participe à l'intégrer aux cultures technologiquestellesque la culture « open-source » ou la culture du « hacking » parexemple.

Abordertoutescesquestionsà la suite desenjeux de définition vise à dessinerlescontoursde la BS danstoute son irréductible complexité :à la foisune etmultiple,science,technologie et faitssociaux,carc'estainsiqu'elle se présente à nousdansla réflexion éthique.

La troisième partie aborde une question soulevée fréquemmentà proposde la BS,et desbiotechnologiesplusgénéralement:celle de la naturalité.La nature esten effetune idée quiinvestitla pensée dèsqu'ilestquestion d'interventionstechniquessurle monde du vivant. La relation dichotomique que la nature entretient avec la technique explique le malaise souventressentilorsque l'on considère lesmodificationspournospropresfinsdesêtresvivants à l'aide d'outilstechnologiques. Orla nature estune notion fondamentale dansle langage, maisde ce fait,elle possède dessens,desusagesetdesconnotationsparfoiscontradictoires.La riche etproblématique polysémie de «nature » etde « naturel» constitue donc la source de ce que Wittgenstein appelle des crampes mentales, car l'indétermination de ces termes peut induire desincompréhensionsimplicites,voiléesparl'apparence de l'évidence.L'importance du terme nature,etde l'adjectifnaturel,nousinterditcependantde lesécarterpurementet

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simplement:ilappartientà la démarche complexe d'expliciterlesdiversaspectsde cestermes etde leursusagesafin de démontrerl'impossibilité de s'appuyersureux dansla discussion éthique.Parailleurs,effectuerce travailpermetde comprendre lesmultiplesmodalitésselon lesquellesla nature estmobilisée pourcritiquerla BS,etla technique en général.Ilesten effet importantde distinguerla notion de nature de sesusages,carle risque,en écartantle concept, estde mépriserlescritiquesqu'ilfonde.Or,établirdesbasessainespourla discussion éthique implique de ne pasréduire abusivementla diversité desopinions.La critique du conceptde nature relève donc d'une attitude de déflation conceptuelle :ils'agitde supprimerle terme et de traduire sesusagesafin de lesconserver.Ce faisant,certainespositionsperdentnéanmoins en consistance, car il s'avère qu'elles reposent sur une conception de la nature depuis longtemps remise en cause par les différentes sciences. La biologie, la géologie et l'anthropologie nousobligenten effetà relativiserl'idée d'une naturalité primordiale rompue par l'irruption de la technique humaine, et donc à relativiser la technique comme une manifestation de la nature, introduisant alors l'idée d'un continuum entre le naturel et l'artificielorganisé parl'humanité.

La quatrième partie traite de la technique,face opposée etcomplémentaire de la nature.

La BS a cecide particulierqu'elle associe de manière toujoursplusintime la technique etla vie, cette dernière étant le plus souvent associée à la nature. Or, il est souvent difficile de concilierle réductionnisme associé aux machinesavec la complexité supposée du vivant.Cette dichotomie doit être surmontée sans pour autant revenir à une conception machinique du vivant,niattribuerabusivementaux machineslesqualitésdu vivant:le vivantdémontre des qualités complexes comme l'auto-organisation, l'émergence, l'adaptation inventive, etc., qui sonttrèsdifférentesdesqualitésdesmachines.Pourcela,lestravaux de GilbertSimondon, bien connu pourson travailnovateursurla technique5,constituentune base précieuse,carson œuvre traite non seulementde la technique maiségalementdesmodesd'existence desêtres vivants, et permet donc d'établir un modèle des modes hybrides d'existence, techniques et vitaux,indispensable pourdécrire lesêtresproduitsparla BS.Lesnotionsde deveniretde relation (aux autres,etau milieu d'existence)constituent,dansla philosophie de Simondon, des points communs aux objets techniques et aux êtres vivants permettant d'articuler des éléments qui peuvent paraître a priori inconciliables. Il devient ainsi clair que les êtres biosynthétiquesne sontpasdesêtresaussiexceptionnelsetétrangesque l'on peutle supposer :

5 Simondon,Gilbert,Du moded’existencedesobjetstechniques,Paris,France,Aubier,2001 (Aubierphilosophie).

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ils appartiennent plutôt à une continuité de modes hybrides d'existence, ni complètement naturels, ni complètement technicisés. Aborder la technique dans sa complexité épistémologique, sociale et anthropologique permet également de lui rendre une certaine dignité, souvent minorée par la réflexion éthique habituelle, en particulier lorsque cette dernière fonde sesvaleursdansla « Nature ».

La cinquième partie est consacrée aux questions cruciales de l'épistémologie et de l'ontologie de la BS.Cesdeux questionssonttraitéesensemble afin de mettre au jourleur relation fondamentale etlesenjeux de leurarticulation.La science esten effettoujoursplus que sesthéoriesrationnelles,approximantla vérité du mieux qu'ellesle peuvent:elle estaussi un discoursdéterminé parune culture etdéterminanten retourdesmodesde compréhension de la réalité.Iln'estnullementbesoin d'avoirrecoursà desthéoriesrelativistesde la science pour justifier cet argument, il suffit de considérer la sous-détermination permanente des théoriesparlesfaits:lesthéoriesscientifiquesne sontjamaispleinementdéterminéesparles faits qu'elles cherchent à expliquer, ce qui implique que plusieurs théoriesscientifiquement équivalentespeuventcoexister.Nouschoisissonsdonc parmilesthéoriesdisponiblescellesqui nous conviennent à un momentt. De ce fait, les théories scientifiques ne sont pas complètementindépendantesde leurculture d'origine etellesparticipenten retourà donner forme à la culture en proposantdesmodesde compréhension du monde.Dansle casquinous intéresse ici, la BS a fait le choix d'interpréter le monde du vivant selon le modèle informationnel et essaie de lui appliquer les méthodes de l'ingénierie. Jusqu'à présent cette position heuristique porte ses fruits, mais n'est pas incontestable pour autant. Il existe en particulierd'autresdisciplinesbiologiquesproposantdesapprochescherchantà rendre compte de la complexité biologique plutôt que de la réduire et qui constituent ainsi des points de comparaison épistémologiquesintéressants.La confrontation de cesthéoriesbiologiquespeut permettre de mieux comprendre d'une part comment le choix d'une théorie scientifique participe à redéfinirle mobilierontologique d'une discipline etd'autre partde comprendre comment les ontologies scientifiques se composent avec les ontologies non-scientifiques habituelles.

La sixième etdernière partie de cette étude estconsacrée à la question de l'éthique elle- même. Il n'est pas question de résoudre les problèmes éthiques que posent la BS : non seulementcette partie ne suffiraitprobablementpasà touslesformuler,maissurtoutl'éthique estune pratique dynamique quidoitallerde la réflexion à l'action etretour.Une étude comme

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celle-ci ne pourrait donc pratiquer qu'une éthique mutilée, amputée de la dimension de l'action. De plus, ce ne serait qu'une éthique partielle, manquant tout ce que les autres disciplinesdoiventapporter.Malgré cela,ilestindispensable de décrire le contexte éthique de la BS, de la même manière que son contexte social ou épistémologique. Il est également nécessaire de revenirsurtouslesélémentséthiquessoulevés,danslespartiesprécédentes,au cours de l'analyse des différents aspects de la BS. Cette dernière partie est donc l'occasion d'encouragerl'émergence d'une éthique de la complexité,en indiquantce qu'elle seraiteten proposantdesoutilsconceptuelsetdespistesde réflexion pouvantaiderà sa mise en œuvre.Il s'agitde donnermatière à penseretenvie de participerà la pratique collective etcomplexe qu'estl'éthique destechnologiesen société.

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P REMI ÈRE PARTI E

L A BI OLOGI E DESYNTHÈSE : PRÉSENTATI ON LI MI NAI RE

Dans le cas d'une discipline jeune comme la BS, il n'y a pas de définition simple parfaitement satisfaisante. La BS est structurée et développée par un grand nombre de personnes,ettoutesne sontpasdesscientifiques:chaque acteur,ou type d'acteur,esttenté de proposersa version de la définition en fonction de son pointde vue etde sesintérêts.Une discipline scientifique est une institution diffuse, complexe et dynamique : elle se tient à l'interface d'interactionsscientifiques,budgétaires,administratives,politiques,industrielleset juridiques.La BS possède desaspectsinstitutionnelsclassiquestelsque desdépartementsde recherche, des diplômes, des budgets de fonctionnement et de recherche, mais elle possède aussidesaspectsperformatifsplusdiffuscomme son espritde communauté,ou son effetde halo en dehorsdu cadre universitaire etéconomique (biohacking,bio-art).Cette diversité rend la définition de la BS difficile :commentne pasexclure desactivitésquis'en revendiquentsans en être une partie intégrante (typiquementle biohacking,quin'estpasinstitutionnalisé),et inclure desactivitésquine s'en revendiquentpasmaisluisontindispensables(la modélisation informatique dessystèmesbiologiquesparexemple)?

Pourtenterde démêlercela,on peuts'appuyersurl'abondante etdiverse bibliographie relative à la BS,où la question de la définition estsouventtraitée.Ilestessentielde souligner dès maintenant que les enjeux de définition sont de moins en moins centraux dans la littérature.Lesarticlesscientifiquesproposantdesdéfinitionsde la BS se concentrententre 2004 et2008,parla suite ce sontsurtoutlesrapportsdesinstitutionspolitiquesquitententde synthétiserune définition de la BS (Royaume-Uni2008,Etats-Unis2011,Allemagne 2012, France 2012, Pays-Bas 2013, etc.)1. Ce déplacement de la question de la définition est le symbole de l'instauration de la BS en tantque discipline à partentière.La définition est,dans un premiertemps,un enjeu scientifique :ilfautdessinerlescontoursdu champ de recherche, établir ses méthodologies, ses acteurs légitimes, ses objectifs. C'est un processus d'identification etde différenciation.Dèslorsque ce processusestsuffisammentavancé etque la discipline estfermementancrée dansle paysage de la recherche,ce sontlespouvoirspublics

1 Epstein, Michelle, «Synthetic Biology I - Definition», Commission Européenne - Comités scientifiques (SCENIHR,SCCS,SCHER),25 septembre 2014.(voirAnnexe III,pp.55-59)

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quicherchentà s'en saisir:une discipline etsesobjets,en particulierune science appliquée, sont un enjeu de gouvernance majeur. Les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) agricoles ont été supervisés comme des objets scientifiques normaux, et à la sortie des laboratoires – lors des expérimentations en plein champs ou lors de tentatives de commercialisation – ilsontconstitué un problème politique plusimportantqu'anticipé ;suite aux difficultés rencontrées avec les OGM, les pouvoirs publics ont voulu accompagner les nanotechnologiesdèsle débutde la recherche en laboratoire.Lesnanotechnologiesontalors servide testpourlesnouvellesformesde gouvernance destechnosciences,avec desrésultats mitigés.La BS se place à la suite de cette histoire,etlespouvoirspublicsse sontmontrés extrêmementréactifsface à son émergence,d'où la multiplication trèsprécoce desrapports (l'Union Européenne commence à publierdesavisdès20052).

Pourcomprendre la complexité despratiquesscientifiquesettechniquessubsumée sous l'appellation « biologie de synthèse », il faut donc commencer par étudier les dimensions étymologiques et historiques du choix de ce nom. Les conditions techno-scientifiques de l'émergence de la BS constituentun autre aspectessentielà la compréhension de la manière dontdesrecherchesdiversesse structurenten une seule discipline.Cesélémentsde contexte expliquent la diversité des définitions qui ont été proposées avant d'aboutir à la définition consensuelle actuelle : la discipline a été baptisée avant d'être définie. De ce fait, seule une description desvoiesde recherche subsuméessouscette dénomination peutpermettre de saisir la réalité derrière lesmots.

I .Nomme r l a bi ol ogi e de s ynt hè s e

Anne Fagot-Largeault,auditionnée parl'OPECST (Office Parlementaire d'Evaluation desChoix ScientifiquesetTechnologiques),résume parfaitementl'étymologie de la BS :

Selon l’étymologie : « analyser, analyse » (du grec / ana-luo, analusis) signifie « décomposer», « action de résoudre un tout en ses parties » ;

«synthétiser, synthèse» (du grec / sun-tithémi, sunthesis) signifie « composer», « action de mettre ensemble des éléments pour former un tout». « La synthèse est l’opération inverse de l’analyse.» (Larousse Lexis).

2 European Commission etDirectorate GeneralforResearch,Syntheticbiology:applying engineering tobiology:

reportofa NEST High-LevelExpertGroup,Luxembourg,EUR-OP,2005.

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L’analyse procède du toutaux parties,la synthèse procède despartiesau tout.3

La biologie de synthèse signifie donc science de la vie parcomposition,ou encore science du vivant recomposé. La formulation « science de la vie par composition » met l'accent sur la synthèse comme méthode scientifique ;la formulation « science du vivantrecomposé »,quant à elle,metl'accentsurla connaissance desméthodesde composition etde recomposition des élémentsdu vivant.Cette dernière acception propose une vision de la biologie de synthèse comme (tekhnê), c'est-à-dire comme un savoir-faire, voire comme l'art de « mettre ensemble lesélémentsdu vivantpourformerun tout»4.Sila construction étymologique fait porterla « science » (le /logos)surla « vie » (le /bios),ilfautgarderà l'espritque la biologie desynthèseestaussiune science de la composition.

Anne Fagot-Largeaultpoursuit:

En montrantque desélémentscomme l’eau ou l’airsontdescorpscomposésqu’on peut décomposer en corps simples (oxygène, hydrogène, azote), Lavoisier (1789) faisaitune chimie analytique.Un demi-siècle plustard la chimie a prisle tournant de la synthèse : Marcellin Berthelot (1860) montre qu’en adoptant la synthèse comme méthode de recherche, on peut non seulement tester l’exactitude de l’analyse (ex. reconstituer de l’eau à partir du mélange hydrogène-oxygène), mais aussiconstruire descorpscomposésnouveaux,quin’existaientpasdansla nature.La biologie connaîtla même évolution,avec d’abord une étape analytique (top down): de l’organisme à la cellule,etde la cellule au génome,protéome,etc.(c’estla biologie moléculaire);puisautourdesannées1980 émerge une biologie de synthèse (bottom up),quivise à construire desorganismesà partirde leursélémentsconstituants. L’enjeu de la synthèse, comme le montre Jean-Marie Lehn (2011), c’est qu’elle permet de tester des hypothèses sur les voies de l’évolution terrestre (de l’inorganique à l’organique,etau coursde l’évolution desvivants).

La BS reprend donc à son compte la dichotomie analyse / synthèse par analogie avec la chimie.Sil'on prend au sérieux cette analogie,la BS apparaît,comme le signale Anne Fagot- Largeault,« autourdesannées1980 ».En réalité l'appellation s'impose seulementen 2004,et intègre seulementrétrospectivementce quis'estappelé «génie génétique».Cette intégration lui permet de s'inscrire dans une continuité épistémologique : la continuité courte de la biologie de la fin du XXe siècle,etla continuité longue dessciencesmodernesparson analogie

3 Anne Fagot-Largeault,in Geneviève Fioraso,Rapportde lOPECST,Lesenjeux de la biologie de synthèse, Paris,France,Assemblée nationale:Sénat,coll.«Office parlementaire d’évaluation deschoix scientifiqueset technologiques»,n°4354,2012,p.13

4 Nousreviendronsplusen détailsurla dimension de tekhnê,à la foiscomme technique etcomme art,à propos despratiquesde la BS.

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avec le développementde la chimie entre le XIXe etle XXe siècle.

Cette inscription dans le temps long passe, entre autre, par une archéologie du syntagme « biologie synthétique »5: sa première occurrence apparaît sous la plume de Stéphane Leduc (1853-1939)quipublie en 1912 un ouvrage intitulé La Biologiesynthétique6. Leduc étudiait surtout la constitution de structures physico-chimiques ressemblant à des structuresorganiques:cesexpériencesse basantsurl'apparition spontanée d'une apparencede vie,ellesne peuventpasêtre vuescomme l'origine de la BS actuelle.LuisCampossoutient que la partie théorique etprogrammatique de l'œuvre de Leduc estmalgré toutvéritablement significative pourl'histoire de la BS.Ildémontre en effetque Leduc voyaitdansla synthèse le principal moteur des progrès à venir en biologie7. Bernadette Bensaude Vincent considère quantà elle que cette archéologie faitune interprétation rétrospective etdonc abusive de la place de Leduc8car,selon LuisCamposlui-même,Leduc étaitinconnu dansle champ de la BS avant qu'il n'en parle à la conférence SyntheticBiology3.0 (SB 3.0) en juin 2007 ; les organisateursauraientalorsdità L.Campos:« Nousne savionsmême pasque notre champ [de recherche]avaitune histoire »9!

Bernadette Bensaude Vincent explique en effet que l’antécédence de Leduc n'a eu aucune influence surle débatetl'adoption officielle de l'appellation « biologie synthétique » lorsde la conférence SyntheticBiology1.0(SB 1.0)en juin 2004.La BS entretientnéanmoins une ambivalence certaine avec la continuité, ambivalence évidente lorsque l'on étudie commentce syntagme s'estimposé.LuisCamposexplique que « biologie synthétique » était en compétition avec d'autres appellations10 comme « biologie constructive» et « biologie intentionnelle»11: la première est inspirée du champ de la robotique et des recherches en intelligence artificielle et la seconde de l'ingénierie12. Selon Bernadette Bensaude Vincent, l'objectifde cesdeux syntagmesétaitde mettre en valeurdesaspectsde rupture de la nouvelle discipline quiémergeait:mettre l'accentsurla démarche constructiviste reléguaitla biologie

5 Keller,Evelyn Fox,Making senseoflife:explaining biologicaldevelopmentwith models,metaphors,and machines, Cambridge,Mass.,Harvard Univ.Press,2003;Campos,Luis,«ThatWasthe Synthetic Biology ThatWas», in Schmidt,Markusetal.,dir.,SyntheticBiology,SpringerNetherlands,2009,pp.5-21.

6 Leduc,Stéphane,La Biologiesynttique,Paris,A.Poinat,1912.

7 Campos,«ThatWasthe Synthetic Biology ThatWas».,p.8

8 Bensaude Vincent,Bernadette,«Discipline-building in synthetic biology»,Studiesin Historyand Philosophy ofSciencePartC:Studiesin Historyand PhilosophyofBiologicaland BiomedicalSciences,vol.44, no.2,juin 2013, pp.122-129.,p.122

9 «We didn'teven know ourfield had a history»,Campos,«ThatWasthe Synthetic Biology ThatWas».,p.8 10Ibid.

11Respectivement«constructivebiology» et«intentionalbiology».

12Bensaude Vincent,«Discipline-building in synthetic biology».,p.123

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