nprescriptions générales de coupes favorables à l'orignal
Les recommandations qui suivent s'appliquent partieblièrement à la zone de forte densité de l'orignal qui est délimitée sur les cartes to—
poFraphiques placées en annexe. Le territoire situé au sud de cette zone est généralement occupé par le cerf de Virginie dont les exigences sont fort différentes; même si l'orignal peut être assez abondant dans cette zone // aménagement forestier devra tenir prioritairement compte de la présence du cerf de Virginie. Suite h des travaux de recherche en cours dais rOutaonels, ces prescriptions sont complémentaires h celles émises par Potvin (1975) et y ont préséance.
Le principe général qui guide nos recommandations est la distri—
tut':.on continue de l'orignal au travers de toute sa zone à forte densité rur territoire Outaouais. Ce principe 1) permet à l'espèce d'occuper Luné—
dîntement après leur apparition les habitats qui lui sont favorables, 2) offre les plus Grandes chances de survie à l'espèce, 3) et permet une utili—
sation récréative de l'espèce sur tout le territoire.
Nos recommandations visent la création d'habitat hivernal favorable h l'oriGnal. Historiquement, il a toujours été ramis que l'hiver était la saison critique pour cette espèce. Depuis quelques années toutefois, les biologistes s'interrogent sur l'importance de l'habitat d'été qui pourrait avoir été négligée jusqu'à maintenant. Quoi qu'il en soit, nous ne possédons actuellement des données valables que sur l'habitat d'hiver et noua ne pouvons par conséquent nous permettre aucune recommandation sur l'habitat d'été.
Au nord du district de l'Outaouais dans la zone h forte densité de l'orignal, cet ongulé occupe un habitat qui lui est très favorable et qu'il a
probablement toujours occupé depuis la dernière glaciation. Pour cette rai- son, il peut facilement s'adapter h différents types d'habitat et pourrait difficilement être exterminé de ce territoire (ce qui n'est pas vrai pour le cerf de Virginie plus au sud). Pour cette raison, même si les aménagistes forestiers n'ont priais tenu compte de sa présence, l'orignal y a toujours été abondant. Pour cette raison aussi, nos recommandations ne seront pas tellement contraignantes.
L'orignal est le plus abondant dans les peuplements de transition oh se retrouvent h la fois des espèces arbustives dont il se nourrit et des arbres (conifères et feuillus) qui le protbgant contre les intempéries.
Avant l'exploitation forestière à grande échelle, le feu fournissait h l'o- r4 gnal ce genre d'habitat dans la forêt boréale (Heinselman 1970, Krefting 1974). Il en est encore ainsi aujourd'hui dans le grand nord oh les forêts h faible productivité sont peg protégées contre les feux (Scotter, G.W. 1970).
Dans le district de l'Outaouais, la coupe forestière est devenue maintenant le principal agent de rajeunissement des forêts et a conséquemment remplacé le feu dans la création d'habitat favorable h l'orignal. Les épidémies d'in- sectes, favorisées par le contrôle des feux de forêt (Wright et Heinselman 1973), contribuent aussi h rajeunir les vieux peuplements mais leur contrôle de plus en plus intensif limitera dans le futur leur importance vis-h,vis de l'orignal.
L'orignal adulte parcoure en moyenne une distance de 7 km entre son habitat d'été et d'hiver (Roussel et al. 1975). L'aménagiste forestier de—
vra donc tendre h lui fournir tout ce dont il a besoin sur une base annuelle dans les limites d'une superficie de 150 km2
. Or l'exigence première de l'orignal durant l'hiver (et probablement aussi l'été) est la nourriture
(Brassard et al. 1974, CrUel Serv. Amén. Paune Outaouais, texte en rédaction).
Celle—ci est constituée de ramilles d'espèces décidues (ex. érable à épis, noisetier, cerisier de Pennsylvanie) et de sapin baumier. En second lieu, l'orignal recherche un couvert forestier composé principalement d'espèces résineuses comme le sapin baumier et les épinettes. Le couvert forestier sera principalement important à la fin de l'hiver lorsque les conditions d'enneigement deviendront difficiles à cause de l'épaisseur de la neige au sol et/ou de la présence de crouttes épaisses.
Comme les modes de coupe forestière et leurs effets sur l'habitat hivernal de l'orignal varient selon la nature des peuplements forestiers, nos recommandations relatives à l'exploitat.jen forestière seront faites sui—
vant,trois groupes de peuplements.
Peurlements h feuillus tolérants
L'exploitation des espbces décidues telles le bouleau jaune et l'érable h sucre dans les peuplements oh celer espèces dominent favorise l'apparition d'habitat hivernal favorable à l'orignal si la proportion des
bois coupés est assez importante (environ 40 de la surface terrière).
L'occupation par l'orignal de ces peuplements aprba coupe est rapide si l'intervention sylvicole est assez importante pour que des ouvertures suf—
fioa=ent abondantes soient créées, permettant la croissance des espbces .7rbur.tives (Crête, texte en rédaction). Comme l'occupation peut être ra—
ride par l'orignal, l'aménagiste forestier devra favoriser une rotation de courte durée dans ce genre de peuplement (rotation de 30 à 40 ans). D'un autre côté, il faudra empêcher l'exploitation des espèces résineuses compagnes dans ces peuplements h l'exception du pin. A cause de son effet bénéfique et ranide sur l'habitat hivernal de l'orignal, nous ne croyons pas nécessaire de limiter la taille des assiettes de coupe dans ce genre de peuplement. Ces recommandations ne sont toutefois valable que tant et aussi longtemps que l'exploitation du bois franc sera pratiquée comme elle l'est actuellement.
Loracue les conifères (sapin et épinette) deviennent les espèces cible dans les peuplements à feuillus tolérants à cause de leur plus grande abondance, nos recomnnndations seront les manies que celles qui s'appliquent aux peuplements h feuillus intolérants.
Peu-olenents h feuillus intolérants
Les peuplements h feuillus intolérants sont généralement exploitées par coupe totale oh l'on récolte toutes les tiges de sapin baumier et d'épi- nettes.
Ia création de nourriture pour l'orignal après de tel traitement sylvicole peut être plus longue car l'apparition de framboisier est alors fréqumt, ce qui retarde la repousse d'espèces recherchées. Toutefois, la réénération après coupe d'un peuplement étudié dans le comté de Pontiac a semblé très bonne (Crête, texte en rédaction). Il faudrait toutefois comnter en moyenne au moins dix ans avant que la nourriture de l'orignal soit suffisamment abondante pour lui permettre d'utiliser de façon impor- tante ces peuplements. De plus, un couvert végétal suffisant est souvent absent de ces peuplements, surtout en fin d'hiver lorsque les conditions d'enneigement sont plus difficiles. Même si les peuplements à feuillus intolérants ayant subi des coupes totales vieilles de plus de 25 ans étaient inexistants ou non repérés dans nos régions d'étude (Crête, texte en rédaction), il semble qu'il faille attendre au moins de 20 h 30 ans après une coupe to-
tale pour obtenir le couvert forestier nécessaire à l'orignal en fin d'hiver.
Suite h ce qui précède, nous croyons justifié de recommander qu'h l'intérieur d'un rayon de 7,0 km, l'ensemble de la superficie des assiettes
de coupe ne dépassent pas 15 km 2
(soit 10% de l'aire oh un orignal est sus- ceptiele de passer sa vie). D'un autre cté afin de fournir de l'habitat
de confinement h l'orignal dont il a besoin h la fin de l'hiver (environ 2 cois par conditions atmosphériques normales), il faudra laisser intact environ 150 ha de forêt par 150 km2
, soit un pourcent de la superficie trai- tée. 1:n effet, les habitats de confinement de l'orignal sont constitués de peuplements oh la surface terrière des résineux est comprise entre 10 et 16 m2 par ha (Brassard et al. 1974), ce qui représente environ la surface terrière mesurée dans les peuplements de feuillus intolérants non exploités (Crête, texte en rédaction).
Ces exigences seront très faciles h rencontrer car les peuplements équiennes sont très rares dans l'Outaouais. Ainsi, les peuplements trop jeunes pour être coupas h l'intérieur d'une assiette de coupe représenteront probablement plus que un pourcent de la superficie totale. Il ne faudra toutefois pas compter parmi les peuplements non-coupés laissés comme habitat de confinement pour l'orignal les peuplements d'épinette noire accompagnée d'éricacées qui se retrouvent sur des sites h drainage excessif ou pauvre (dont nous reparlerons plus loin) et les peuplements classés inaccessibles
h cause de la pente trop forte.
Nous recommandons enfin on ce qui regarde l'exploitation des peu- plements h feuillus intolérants, qu'une attention plus grande soit apportée h la régénération pré-établie tel que souligné par Weetman et al. (1973).
L'effort en vaut la peine car une précaution plus grande à cet effet favoriserait la productivité des forêts (Weetman et al.
1973).
Les reumlements d'épinette noire
Les peuplements d'épinette noire sur site humide ou sec ne sont que très peu utilisés par l'orignal car ils ne fournissent que très peu de nourriture (Crête, texte en préparation). Ces peuplements subissent géné—
ralement des coupes totales. Même jeunes, ils ne produisent que rarement des espèces végétales comestibles par l'orignal l'hiver. Pour cette raison, nous n'avons aucune recommandation à faire à leur sujet.
Il faut toutefois noter que ce genre de peuplements se rencontre souvent sur le bord des cours d'eau ou lacs et qu'il y aura des restrictions d'exploitation par rapport à la faune aquatique.
Pour résumer, nous recommandons pour assurer une distribution conm- tinue de l'orignal que:
1— dans les peuplements dominés par l'érable à sucre et le bouleau jaune, on ne concède que des permis d'exploitation de bois franc et de pin.
2— dans les peuplements à feuillus intolérants les assiettes de coupe soient inférieures à 15 k
m2
et qu'il y ait au moins un pourccnt de cette superficie qui ne subisse pas de coupe tota..
le.
3-
une plus grande attention soit apportéh
la régénération pré—établie.
Par: Michel Crtte, Biologiste.
Références citées
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Weetman, G.P., W.V. Grapes et, G.J. Frisque. 1973. Reproduction et condi—
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