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D un continent à l autre

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Marcel Cassou

D’un continent à l’autre… rencontres

ISBN : 978-2-336-00938-4 21 €

D’un continent à l’autre…

rencontres

Parcourir le monde pour mieux le comprendre a toujours été une volonté de l’auteur. Parmi ses multiples souvenirs de voyage, il en a choisi une trentaine, qui emmènent le lecteur à travers l’Afrique (qu’il aime), le Sahara (sa vraie passion), la Chine (une centaine de séjours), l’Iran, et d’autres pays.

Son jugement sur les réalités perçues est parfois conciliant, mais peut être sévère lorsqu’il s’agit de régimes qui écrasent leurs peuples.

Il y mêle avec humour certaines histoires plus rêvées que vécues, et se dévoile pudiquement dans certains récits familiaux empreints de beaucoup d’amour.

Marcel Cassou, polytechnicien, a effectué une carrière industrielle puis bancaire. Cette dernière l’a amené à organiser des financements complexes dans de nombreux pays, qu’il a ainsi découverts. D’autre part, dès l’adolescence, il avait entrepris des voyages d’études lointains, principalement en Afrique et au Sahara, qui ont beaucoup contribué à sa perception du monde.

Photographies de couverture de l’auteur ; composition de Stéphane Cassou.

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D’un continent à l’autre

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Marcel Cassou

D’un continent à l’autre

Rencontres

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Du même auteur

Le Transsaharien, l’échec sanglant des missions Flatters, L’Harmattan, 2005

Yellow Cake, Société des écrivains, 2006 Feu nucléaire sur l’Iran, L’Harmattan, 2008 Nuclear fire over Iran, Booksurge (USA), 2009

Denise, Paul, Suzanne et les autres, Editions Pétrarque, 2009

Sur les routes de la faim, comment survivre au Sahel, L’Harmattan, 2011 La vengeance des terres rares, L’Harmattan, 2011

© L’Harmattan, 2013

5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00938-4

EAN : 9782336009384

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A mes enfants

Anne-Laure, Emmanuel, Sébastien, Stéphane, Pascale et Mathieu, leurs conjoints

et mes petits-enfants

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Remerciements

A tous ceux qui m’ont aimé, aidé, soutenu et instruit dans cette vie (presque) normale,

avec une mention spéciale pour

Mohammed, mon petit ange saharien,

et pour Jacqueline Blancart – Cassou,

fidèle relectrice de mes tentatives littéraires.

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9 Introduction

Raconter sa vie, au jour le jour, n’a aucun intérêt, ni pour soi, ni pour les autres. C’est du moins mon avis.

En extraire des évènements vécus, y ajouter d’autres imaginés, cela peut avoir plus de sens et de saveur. Mélanger le réel et les rêves m’a ainsi conduit à écrire ce recueil. Il vous appartient, lecteurs, de faire la part des choses.

Pour vous y aider, je vous dis cependant que tout est vrai, sauf ce qui est faux, ou, si vous préférez, tout est faux sauf ce qui est vrai.

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Quelques souvenirs marquants

« La vérité d’un homme, c’est d’abord ce qu’il cache »

André Malraux

« La vérité est rarement pure et jamais simple »

Oscar Wilde

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Sous les bombes

- Un petit peu de chocolat ? - Non merci.

- Vous n’en mangez jamais ?

- Quasiment pas. Je conviens que le goût est loin d’être désagréable mais je ne suis pas tenté.

- Jamais ?

- Enfant je mettais plusieurs mois pour terminer l’œuf que les cloches de Pâques m’avaient apporté. Concluez vous-même.

Je me suis interrogé sur ce non-désir d’un produit si commun et si apprécié. Un jour, j’ai eu comme une révélation…

Cet hiver 1944 était très froid. Je venais d’avoir trois ans. Nous habitions dans le Nord, non loin d’une usine ferroviaire où les Allemands entretenaient et réparaient leurs trains. Cible idéale pour les bombardiers de la RAF dans la reconquête progressive du territoire français.

Quand, la nuit, les sirènes retentissaient, il nous fallait descendre en vitesse à la cave où, sous une voûte blanchie à la chaux, plusieurs bancs avaient été installés.

Deux autres familles habitaient dans la maison. J’ai gardé

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des souvenirs tellement précis de ces nuits que je me suis souvent étonné qu’à mon âge cela soit encore possible.

La première de ces familles était venue se réfugier chez nous après que leur maison, à deux cents mètres de là, eût été soufflée par une bombe égarée. Deux de leurs trois filles avaient péri, sans doute écrasées par la chute des murs. La troisième, d’une dizaine d’années, était là, serrée contre ses parents. Le père, d’origine flamande, ne disait rien mais ses grands yeux bleus remuaient sans cesse, allant d’un point à l’autre de notre refuge. La mère, toute vêtue de noir, priait à voix basse, égrenant un chapelet blanc.

Le second couple avait aussi une fille, toute blonde. Le père, d’origine polonaise, était venu travailler dans les mines de charbon avant la guerre puis, naturalisé français, il avait réussi à intégrer l’administration comme fonctionnaire. La mère était une couturière aux doigts d’or. Ils avaient un gros chien qui gémissait doucement.

Sentait-il autre chose que nous ? Avait-il une prescience du danger dont nous étions incapables ?

Tant que la sirène n’avait pas retenti pour annoncer la fin de l’alerte, nous restions tous quasiment muets. A chaque explosion, même lointaine, nous courbions la tête.

Mon père ne disait rien. Ma mère s’occupait de mon frère aîné et de moi, en nous parlant doucement. Ma grand- mère, dont la maison en Lorraine avait été détruite dès le début de l’avance allemande, priait.

La succession des alertes avait eu pour conséquence que nous dormions tout habillés. J’avais un manteau gris avec un col de velours noir. Je me souviens surtout des chaussettes de grosse laine beige, tricotées par

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ma grand-mère, qui montaient jusqu’à mi-cuisse. Je ne les aimais pas car elles me grattaient trop fort. Mais ainsi vêtu je n’avais, en cas d’alerte, qu’à sortir de mon lit, à enfiler mes galoches et j’étais prêt à descendre à la cave.

Il arriva plusieurs fois que, le lendemain d’une attaque, nous allâmes voir les « trous de bombes ».

Impressionnants par leur diamètre et leur profondeur ! mais je restais insensible. A croire que, malgré tout ce que j’entendais, je considérais la guerre comme un jeu auquel je ne participais pas.

Si l’alerte était brève, chacun regagnait vite son logement, avec certainement un soupir de satisfaction.

Maintenant j’imagine des phrases comme « ce n’était pas pour cette fois-ci » ou « salauds de boches, qu’ils se tirent ! »

Si l’alerte était longue, une forme d’énervement, teintée de lassitude, atteignait tout le monde, moi le premier. Je ne tenais plus en place. Ma mère avait la solution pour me calmer. Elle me tendait une toute petite valise marron en carton bouilli, fermée par un cliquet métallique. « Ouvre-la, mais prends ton temps. On va peut-être rester encore longtemps ici. » J’ouvrais la valise, dont je connaissais le contenu : quelques carrés de chocolat ! J’enlevais lentement les papiers, que je conservais, et, un par un, à toutes petites bouchées, je dégustais mes chocolats. J’étais un enfant très nerveux mais ces friandises, si rares à cette époque (et où d’ailleurs mes parents les trouvaient-ils ?) avaient le don de me tranquilliser. Le seul jaloux de l’assistance était le chien qui aurait sans doute apprécié un partage équitable entre nous deux !

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Je suis devenu un adulte plutôt posé. Ai-je conservé en moi ce calme que me procurait le chocolat dégusté sous les bombes ? ne plus vouloir en manger, n’est-ce pas au fond une sourde espérance de ne pas connaître à nouveau des évènements comme ceux qui me conduisirent de nombreuses nuits dans cette cave blanchie à la chaux ?

J’ai échappé aux guerres coloniales françaises.

Question d’âge et de chance. Mais j’ai connu plusieurs militaires profondément traumatisés par les bombardements qu’ils avaient subis dans les rizières indochinoises, ou à Dien Bien Phu, ou dans les djebels algériens. Auraient-ils mieux supporté leurs épreuves s’ils avaient eu à portée quelques carrés de chocolat ? Je rêve et je m’en excuse. La vie est bien plus dure. Le chocolat n’empêchera jamais un honnête citoyen de mourir sous les bombes d’un dictateur. Hélas !

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A la découverte du monde

J’ai eu des parents courageux, à l’esprit ouvert. Je me dois de leur rendre justice et de les remercier de m’avoir laissé partir très jeune à la découverte du monde.

Les voyages des jeunes, au cours des temps, ont connu des formes variées. Aujourd’hui et grâce aux tarifs attractifs de nombreuses compagnies aériennes, mes propres enfants sont allés un peu partout à travers le monde, seuls ou avec des amis. Ce n’était pas possible dans les années 50 à 70. A cette époque, un mécène intelligent, l’architecte Jean Walter, avait créé un système de bourses d’études (dites bourses Zellidja1) inspiré de ses propres expériences et qui reposait sur quelques contraintes simples mais fortes : partir seul – au moins trente jours – réaliser une étude sur un sujet donné – ne dépenser que le montant de la bourse, augmenté de l’argent éventuellement gagné pendant le voyage – fournir au retour trois rapports : journal de route, livre de comptes et rapport d’études. 250 bourses de premier voyage et 50 de second voyage pour ceux dont les rapports avaient été primés par le jury de sélection.

1 Du nom d’une mine de plomb au Maroc

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Moi qui étais merveilleusement bien chez moi, j’étais cependant rongé par l’envie de partir découvrir le monde. Première étape : établir un projet de voyage, le présenter à mes camarades de classe (j’étais alors en 1ère et j’avais seize ans), les convaincre et obtenir leurs suffrages pour que mon projet soit adressé à la Fondation attribuant les bourses. Mes parents avaient refusé que j’aille en Turquie étudier les ruines de Troie (trop loin !) ou que je m’engage dans un cirque pour en vivre la vie quotidienne (trop dangereux !). Ils donnèrent leur accord pour un voyage en Allemagne. Bon dans les matières scientifiques, je m’imaginais volontiers devenir ingénieur. Avec l’aide de mon professeur d’allemand, je rédigeai une lettre de motivation que j’adressai à plusieurs firmes allemandes.

Borgward, à Brême, accepta ma candidature et début juillet 1957 je me mis en route en vélomoteur (une Bima Peugeot). J’avais calculé qu’il me faudrait cinq jours pour arriver à destination. Le système allemand des auberges de la jeunesse permettait des haltes faciles.

Mon engagement comme Hilfsarbeiter (manœuvre) fut immédiat grâce à la lettre reçue et je démarrai le lundi suivant à sept heures du matin. Je fus intégré à la petite équipe qui construisait les moteurs de camion. Mon premier chef, Helmut, un sympathique colosse, me dit : « Heute, nur sehen. Morgen, arbeiten » (aujourd’hui tu regardes, demain tu travailles).

Le rythme était soutenu. Neuf heures trente de présence, avec deux pauses de quinze minutes : à 9 heures pour le petit déjeuner et à 12 h pour le déjeuner. La quasi- totalité des ouvriers apportaient leur gamelle. A midi j’allais à la cantine : plat unique et roboratif, avalé en cinq

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minutes et permettant de dormir dix minutes sur un coin de table, en attendant le coup de sirène qui nous rappelait à nos postes. En moyenne une équipe de deux ouvriers montait 2,5 moteurs par jour. Mais parfois nous devions attendre les pièces. Mon second chef, Johnny, sortait alors ses cahiers de cours car il préparait un examen pour monter en grade. Je l’aidais pour les mathématiques. Il apprécia beaucoup cela et m’invita un samedi chez lui. J’y fis la connaissance de son père qui me parla de sa guerre 14 – 18 : « Krieg ? schlecht, sehr schlecht !2 » Il ne fut pas le seul à me parler de sa guerre. Plusieurs le firent à l’usine, dont un contremaître qui avait été affecté près de Bordeaux : « Ach ! le bon vin rouge de Bordeaux ! » Aucun ne défendit Hitler ou les prouesses de l’armée allemande. Il est vrai – et cela s’applique aussi à nous – que quand on a perdu une guerre, généralement on la boucle !

Le séjour en « Jugendherberge3 » était normalement limité à trois nuits mais à Brême, en dehors de l’auberge officielle où la règle était stricte, il y en avait une autre où la durée était libre. J’y suis resté cinq semaines et je m’y suis fait de nombreux amis et amies.

Rentré de l’usine vers cinq heures de l’après-midi, j’avais toute la soirée pour jouer au football dans le parc, aux cartes dans la grande salle commune ou discuter. J’étais arrivé avec six ans d’allemand scolaire. Au début je ne comprenais rien mais ma progression fut très rapide, grâce à mes connaissances théoriques et à la pratique forcée, que

2 La guerre ? mauvais, très mauvais !

3 Auberge de la jeunesse

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ce soit à l’usine ou avec tous ces jeunes que je côtoyais chaque soir, en particulier ceux, nombreux, qui avaient fui l’Allemagne de l’Est. Avec eux je refaisais le monde, tout en rigolant. C’était l’été et il y avait à proximité de nombreuses fêtes et animations. Je ne manquais pas d’amies pour m’y entraîner, ce qui contribua aussi à enrichir mon vocabulaire. La Mère aubergiste était petite, boulotte et toujours en train de plaisanter. Un soir elle m’apostropha sans détour : « Wie geht es bei deiner Busenfreundinen ? »4 « Jeden Tag bin ich besser ! »5. Elle partit d’un énorme éclat de rire.

J’eus du mal à quitter mon travail, une fois mon temps terminé. Comme il était interdit de prendre des photos dans l’usine, la Direction envoya le dernier jour sa photographe pour « immortaliser » mon séjour chez eux : on m’y voit seul en train de terminer un moteur ou avec tous mes camarades d’équipe. Comme chaque vendredi soir, un comptable distribua les paies hebdomadaires.

J’étais payé au tarif jeune (moins de dix-huit ans) et si je me souviens bien je gagnais 35 DM par semaine, soit environ 30 francs.

J’avais prévu, pour fêter mon départ, de m’offrir un excellent repas qui me changerait des brouets de la cantine. Je suis donc allé au restaurant situé dans les sous- sols de l’Hôtel de ville. J’étais en chemisette et portais un blue jean sur les jambes duquel j’avais cousu les écussons de toutes les villes que j’avais traversées. Le maître

4 Littéralement : comment vont tes « amies de seins », donc tes petites amies.

5 Chaque jour je m’améliore

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d’hôtel ne broncha pas en me voyant et m’installa dans un coin. Ah p…que j’ai bien mangé et que la bière était bonne !

Mon rapport ayant été primé, je fus libre de choisir le pays et l’étude de mon second voyage. J’étais tellement tenté par l’Afrique que je choisis d’aller au Sénégal étudier la construction des routes. J’évoque ce sujet dans une autre nouvelle où je raconte mon baptême de l’air.

Une intervention bienveillante me permit d’être embauché à bord d’un cargo mixte de la SNO6 pour effectuer le trajet Bordeaux – Dakar. Nous n’étions que deux passagers.

L’autre, en vacances, s’en allait se promener au Cameroun. Moi je grattais le pont avant de le repeindre.

Nous prenions nos repas à la table du commandant, avec les deux capitaines. Tous trois étaient bretons, mais le commandant se distinguait des deux autres par sa truculence. Ainsi, lui ayant raconté que les Anglais n’avaient pas réussi, lors d’un contrôle dans un village, à capturer le général Grivas7 car il s’était déguisé en vieille femme, il posa sa pince de crabe et me dit : « Les Anglais sont des cons. Moi j’aurais rassemblé toutes les bonnes femmes, je leur aurais passé la main au cul et je l’aurais vite trouvé, le Grivas ! » Je ne savais pas si je devais me taire ou éclater de rire. A sa façon, il participa aussi à m’ouvrir les yeux sur le monde.

Ce voyage au Sénégal fut pour moi comme un baptême quotidien : premier contact avec l’Afrique noire, découverte de la misère de certains quartiers, pauvreté de

6 Société navale de l’Ouest

7 Chef de l’EOKA, mouvement de révolte chypriote

Références

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