1/2
Journée de synthèse nationale
25 octobre 2012 - Théatre du Gymnase
Atelier n°4
Le service public d’Éducation nationale : rééquilibrer les pouvoirs
La nécessité de reconstruire du collectif et de la démocratie dans les établissements et dans l’ensemble de la gestion du système éducatif a été au cœur des débats de cet atelier. Il s’agit de redonner du pouvoir aux personnels malmenés par des années de développement du management, les injonctions permanentes, les réformes en rafale, qui les ont largement dessaisis.
Dans cette perspective, le combat des mots est un préalable : le mot de « gouvernance » est en lui-même porteur d’une politique managériale, nous devons parler de l’administration.
Petit à petit s’est imposée une conception pyramidale du fonctionnement de l’établissement, avec notamment le CPE pensé comme un chef de service. Le refus de la mainmise pédagogique des chefs d’établissement remonte de l’ensemble des interventions. Une proposition immédiate serait que l’avis qu’ils ont à émettre sur le passage à la hors classe soit supprimé. La question de la santé au travail peut également être pensée dans ce cadre, tant le rôle du management dans le développement des troubles psycho-sociaux est grand, il faut développer le rôle des CHSCT.
Le Conseil d’administration des établissements doit retrouver une compétence importante. Cela passe par une reconnaissance du rôle des représentants du personnel, que du temps leur soit donné pour la préparation et la restitution de ces CA, pourquoi pas sous la forme de demi-journées banalisées, sous la forme de décharges de service, sous la forme d’un statut de l’élu qui permettrait aussi que l’activité syndicale ne soit plus un motif de reproche par le chef d’établissement comme c’est de plus en plus le cas.
Dans la manière dont le système éducatif est géré, la carte scolaire est un élément central : la fin de son assouplissement est un préalable car les inégalités entre établissements se sont creusées ces dernières années, mais le retour à la carte scolaire antérieure ne suffira pas pour imposer de la mixité sociale, certains établissements correspondant à un quartier, or c’est bien l’objectif de mixité sociale qu’il faut avoir en tête. On retrouve cette même logique de développement des inégalités territoriales dans la décentralisation des missions des COPSY.
La question majeure de l’autonomie de la pédagogie par rapport à l’administration a été largement abordée. Il n’y a plus, dans le système actuel, une chaîne pédagogique indépendante de la chaîne de commandement administrative.
C’est le rôle de l’IPR qui doit être repensé en priorité : il doit devenir un animateur pédagogique, qui apporte aide et conseil. Les IPR pourraient animer des réunions d’équipes dans les établissements, et seulement après assister aux séances faites par les enseignants. Les collègues qui ont des besoins de formation pourraient les faire remonter directement sans passer par le chef d’établissement comme c’est le cas actuellement. Les personnels doivent par ailleurs être partie prenante de la définition des critères qui président à l’évaluation. Le problème de la nature de ce qu’on évalue se pose, d’autant que dans une carrière on passe par des moments différents, qu’on s’investit sur des aspects différents de son métier et que l’évaluation doit pouvoir porter sur l’ensemble de ces activités. Il faut cependant éviter ce que nous avons vu se développer ces dernières années autour de l’évaluation centrée surtout sur
2/2
les activités périphériques à l’enseignement dans le cadre de la classe : c’est bien le cœur du métier, c'est-à-dire le travail en classe, qui doit être l’objet de l’essentiel de l’évaluation.
L’articulation liberté pédagogique / travail collectif est nécessaire. Le travail collectif ne doit pas être imposé, les équipes peuvent d’ailleurs même parfois être sources de pressions sur les collègues. Il faut donc que ce travail collectif puisse prendre appui sur les besoins réels des collègues, avec du temps dans les services pour cette concertation.
Nous devons défendre la déconnexion évaluation / avancement, car rien ne prouve que le fonctionnement est amélioré par des pratiques qui prétendent lier mérite et salaires, c’est même le contraire y compris dans le privé où on a compris que la mise en concurrence des personnels entre eux était contre productive. Cette déconnexion pose cependant pour certains la question de la reconnaissance de l’investissement des collègues et la question des autres moyens de « récompenser le mérite » qui existent déjà et pourraient se développer si on obtenait cette déconnexion (multiplication des postes à profil par exemple)
Globalement, les enseignants, CPE et CO-Psy qui ont participé aux Etats Généraux sont donc attachés au fait qu’ils sont concepteurs de leurs métiers, tant pour améliorer leurs conditions de travail que pour obtenir une amélioration du second degré tout entier.
