A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
P. D UHEM
Étude historique sur la théorie de l’aimantation par influence
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1
resérie, tome 2 (1888), p. 1-40
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1888_1_2__1_0>
© Université Paul Sabatier, 1888, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse » (http://picard.ups-tlse.fr/~annales/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisa- tion (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression sys- tématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fi- chier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
I
ÉTUDE HISTORIQUE
SUR LA
THÉORIE DE L’AIMANTATION PAR INFLUENCE,
PAR
M. P.DUHEM,
REVUE DE PHYSIQUE.
Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Lille.
I. - Formation des
équations d’équilibre. -
Travaux de Poisson.i. S’il est une
partie
de laPhysique théorique
dont l’insuffisance soit souvent et vivementdéplorée
parl’expérimentateur
et lepraticien,
c’est assurémentl’étude de l’aimantation par influence. Au fur et à mesure que se
répand l’usage
des machines
dynamo-électriques,
lesphénomènes qui dépendent
de l’aimanta- tion par influencejouent
dans l’industrie un rôle deplus
enplus important.
Ce-pendant
la théorie est à peuprès impuissante
à aborder l’étude de l’inductionmagnétique.
C’est seulement dans le casparticulier
depièces
de fer doux immo- biles enprésence
d’aimantspermanents
que,grâce
aux travaux dePoisson, l’Analyse mathématique peut pénétrer
un peu avant dans l’étude desphénomènes;
encore les
principes
surlesquels
repose cetteanalyse
donnent-ilsprise,
pour legéomètre
comme pour lephysicien,
à bien des doutes et à bien des difficultés.Nous nous proposons, dans le
présent travail,
d’étudier l’histoire des idéesthéoriques qui
ont été émises sur ce difficilesujet;
nous chercherons surtout apréciser
lesprincipes
mêmesqui,
danschaque théorie,
servent à établir leséqua-
tions de
l’équilibre magnétique,
englissant plus rapidement
sur les casparticuliers
dans
lesquels
on est parvenu àintégrer
ceséquations. L’exposé complet
de lamarche suivie dans l’étude de l’aimantation par influence ne se trouve dans au- cun Traité
classique.
Nous
examinerons,
enpremier lieu,
la voie suivie par Poisson pour établir lathéorie de 1 aimantation du fer doux sous l’influence d’aimants
permanents,
les difficultésqui
se rencontrent dans celte voie et les efforts parlesquels
d’autresphysiciens
ont cherché àsupprimer
cesdifficultés;
en secondlieu,
nousindique-
rons brièvement les
conséquences qui
ont été déduites de ceséquations;
enfinnous exposerons l’histoire des découvertes par
lesquelles
a été constituée la théorie de l’aimantation des cristaux.2. « Avant les travaux de Coulomb sur le
Magnétisme,
dit Poisson(I, p.25o) ~~~,
on
supposait
les deux fluidestransportés
dans l’acte de l’aimantation aux deux extrémités desaiguilles
de boussole et accumulés à leurspôles;
tandis que, sui-vant cet illustre
physicien,
les fluides boréal et australn’éprouvent
que desdépla-
cements infiniment
petits
et ne sortent pas de la molécule du corps aimanté àlaquelle
ilsappartiennent. »
La notion d’élément
magnétique
ainsi introduite dans laPhysique
par Cou- lomb est la base surlaquelle
repose la théorie donnée par Poisson de l’inductionmagnétique
dufer
doux.D’après Poisson,
les fluidesmagnétiques
se distri-buent sur un morceau de fer doux soumis à des forces
magnétiques
déterminées suivant des lois semblables à cellesqui régleraient
ladistribution,
sous l’influence de forcesélectriques données,
desfluides électriques
sur un ensemble de corps conducteurs trèspetits, séparés
les uns des autres par une substance isolante.Voici,
eneffet,
leshypothèses
surlesquelles
Poisson fait reposer l’étude de l’inductionmagnétique :
«
Considérons,
dit-il(I,
p.262),
un corps aimanté parinfluence,
de formeet de dimensions
quelconques,
danslequel
la force coercitive soit nulle et quenous
appellerons A,
pourabréger.
»
D’après
cequi précède,
nousregarderons
ce corps comme unassemblage
d’éléments
magnétiques, séparés
les uns des autres par des intervalles inacces- sibles aumagnétisme,
etvoici,
parrapport
à ceséléments,
les diversessupposi-
tions résultant de la discussion dans
laquelle
nous venons d’entrer :» i° Les dimensions des éléments
magnétiques,
et celles des espacesqui
lesisolent,
sont insensibles etpourront
être traitées comme des infinimentpetits
re-lativement aux dimensions du corps A.
» 2° La matière de ce corps
n’oppose
aucun obstacle à laséparation
des deuxfluides boréal et austral dans l’intérieur des éléments
magnétiques.
» 3° Les
portions
desdeux
fluides que l’aimantationsépare
dans un élémentquelconque
sonttoujours
trèspetites
relativement à la totalité dufluide
neutreque cet élément
renferme,
et ce fluide neutre n’estjamais épuisé.
(’ ) Ce renvoi et les suivants se rapportent à l’Index bibliographique qui termine le présent travail.
»
4°
Cesportions
defluide,
ainsiséparées,
se transportent à la surface de Αé- lémentmagnétique
où elles forment une couche dontl’épaisseur,
variable d’unpoint
à un autre, est partout trèspetite
et pourra aussi être considérée commeinfiniment
petite,
même en lacomparant
aux dimensions de cet élément. » Ceshypothèses
conduisent Poisson àadmettre,
commepoint
dedépart
de lathéorie de l’aimantation par
influence,
unprincipe
entièrement semblable à celuiqu’il
avaitpris
commepoint
dedépart
de la théorie de la distributionélectrique
surles corps conducteurs : Le
fluide magnétique
doit se distribuer surchaque
nient, de telle
façon
q ue l’action exercée en unpoint
de l’élément parle fluide décomposé
querenferme
cet élément contrebalance exactement l’action cée au mêmepoint
par tout lemagnétisme
extérieur à l’élément. Toute la mise enéquation
duproblème
de l’inductionmagnétique consiste,
une fois ceprincipe admis,
àexprimer
les deux actions dont il vient d’êtrequestion
et àécrire
quelles
sontégales
et directementopposées.
Avec
Coulomb,
Poisson admet que deuxparticules
de fluidemagnétique
s’at-tirent ou se
repoussent
selonqu’elles
sont de nom contraire ou de même nom ;que l’action
qu’elles
exercent l’une sur l’autre estproportionnelle
auproduit
desquantités
de fluidequi
forment ces deuxparticules
et en raison inverse du carréde la distance
qui
lessépare.
Cette loi conduit auxconséquences
suivantes : SoientA, B,
C lescomposantes,
suivant trois axes de coordonnées rectang u-laires,
du momentmagnétique
d’un élémentmagnétique.
Soit r la distance d’unpoint quelconque, pris
à l’intérieur de cetélément,
à unpoint
III dont la distance à tous lespoints
de l’élément estsupposée
trèsgrande
parrapport
aux dimen- sions mêmesde l’élément;
soient je, y, z les coordonnées d’unpoint
de l’élément;soient
~,
les coordonnées dupoint
soit enfin Il une constantepositiBe.
Si nous posons
les
composantes
de l’action exercée par l’élément considéré sur unequantité
defluide
magnétique positif (fluide austral) placée
aupoint
M auront pour valeurConsidérons un volume cT très
petit,
mais renfermantcependant
ungrand
nombred’éléments
magnétiques.
Posons pour cepetit
volume~~, seront en
général
des fonctions continues des coordonnées ~_r. ~o , ~ dupoint
autourduquel
lepetit
volume estsupposé décrit,
et elles sontindépen-
dantes de la forme et de la
grandeur
de cepetit
volume. Elles sont lescomposantes
d’unegrandeur géométrique
dont la valeurporte le nom d’intensité de l’aimantation au
point (x, y, z)
et dont la directionporte
le nom de direction de l’aimantation au mêmepoint.
Moyennant
cesdéfinitions,
il nous devient faciled’exprimer
l’action d’un sys- tème d’aimants en unpoint
1!T dont la distance à toutpoint
de ces aimants peut êtreregardée
comme extrêmementgrande
parrapport
aux dimensions d’un élé-ment
magnétique.
Si l’on pose, eneffet,
l’intégrale triple
s’étendant au volumeoccupé
par tous les aimants que l’on’con-sidère,
lescomposantes
de l’action dont ils’agit
auront pour valeurD’après cela,
pour calculer l’action exercée en unpoint
intérieur à un élé-ment
magnétique
par tout le fluidemagnétique répandu
à l’extérieur de cet élé- ment, Poissonpartage l’espace
en deuxrégions :
10 Un volume v, limité par une surface
qui
entoure l’élément de toutesparts
et dont tous les
points
sontséparés
de tous lespoints
de l’élément par une dis-tance très
petite
parrapport
aux dimensions du corps, mais trèsgrande
par rap-port
aux dimensions d’un élémentmagnétique;
2° La
partie
del’espace qui
est extérieure à v.Si l’on étend alors
l’intégrale (i)
à toute cette seconderégion
del’espace
et sil’on
désigne
parX,, Y,, Z,
lescomposantes
de l’action exercée aupoint
1T partout le fluide
répandu
à l’intérieur du volume (J enexceptant
le fluide distribuésur l’élément
auquel appartient
lepoint
l’action exercée aupoint
11I par tout le fluide extérieur à l’élémentauquel appartient
cepoint
aura pour composantesSi x,
;~,
Y sont lescomposantes
de l’action exercée aupoint
lI par le fluidemagnétique répandu
à la surface de l’élément dont cepoint
faitpartie,
les condi-tions de
l’équilibre magnétique
à l’intérieur de cet élément seront,d’après
la ma-nière de voir de
Poisson,
3.
Jusqu’à présent
la théorie dePoisson,
tout eninvoquant
un certain nombred’hypothèses,
ne donne lieu à aucunreproche,
car ceshypothèses
sont toutesénoncées avec
précision
et leségalités proposées
en sont desconséquences rigou-
reuses ;
mais,
dans les transformations que Poisson fait ensuite subir auxéqua-
tions
(~~, plusieurs
difficultés graves vont seprésenter
surlesquelles
il est néces-saire
d’appeler
l’attention.Pôisson commence par établir que les trois composantes
désignées
parY,,
,Z,
sontégales
à o pourvu seulement que le volume v admette un centre et que lepoint
M soit ce centre.Reproduisons intégralement
ici le raisonnement parlequel
il croitpouvoir
établir cetteproposition :
«
Menons,
dit-il(t. I,
p.272),
par lepoint
NI une droite CMC’ dont les deuxparties
soientégales
entre elles et d’unegrandeur
tellequ’on puisse
les considérer à la fois comme infinimentpetites,
en lescomparant
aux dimensions deA,
etcomme infinies relativement aux dimensions des éléments
magnétiques
et des es-paces
qui
lesséparent
les uns des autres. Laproposition
dont nous avons besoin consiste en ce que, si les deux extrémités C et C’ de cette droite sont toutes les deux hors d’un élémentmagnétique,
la somme desparticules
de fluide libre devra être considérée commeégale
sur ses deuxparties
àIC etàIC’,
encomprenant
pasle
fluide libreappartenant
à l’élémentmagnétique
dont lepoint
I1I faipartie.
» En
effet,
tous les éléments traversés par la droite seront sensiblement dans le même étatmagnétique, puisque
lalongueur
de cette droite estinsensible,
eu
égard
aux dimensions deA;
deplus,
abstraction faite de l’élément dont lepoint
M faitpartie,
la droite C81 en allant de G vers31,
et la droite 3Iè’ en allant de ~Z versC’,
rencontreront, engénéral,
un même nombre de fois les surfaces des élémentsmagnétiques
enpénétrant
dans leurintérieur;
elles rencontrerontaussi ces surfaces le même nombre de fois en sortant des éléments. A la
vérité,
ces
points
de rencontre ne sontpoint
semblablement situés sur toutes les sur-faces ;
mais leur nombre étant trèsgrand,
et commeinfini,
les mêmes circon-stances devront toutes se
présenter
des deux côtés dupoint M,
et alors iln’y
aurapas de raison de supposer la
quantité
de fluide libreplus grande
d’un côté que de l’autre.» Cela
posé, appelons,
pourabréger, v
lapetite portion
de A dont nous vou-lons déterminer l’action sur le
point M,
et, pour cettedétermination, décompo-
sons v en une infinité de cônes infiniment
aigus
dont les sommets soient en cepoint
M. Comme l’autrepartie
de-4,
... se compose d’élémentsmagnétiques qui
sont tous
complets,
il sera nécessaire que v se compose de même d’éléments en-tiers ;
il résulte que l’axe de chacun de ces cônes devra se terminer hors d’un élémentmagnétique.
» Soit ti) l’aire infiniment
petite
de la section faite dans l’un de cescônes,
per-pendiculairement
à son axe et à l’unité de distance du sommetdésignons
par r la distance d’un
point quelconque
de cet axe aupoint M;
l’élément de vo- lume ducône,
à cette distance r, sera r2wdr;
et si l’onappelle p
laquantité
defluide libre
qui répond
au mêmepoint,
l’action de cet élément sur le sommet,dirigée
suivant l’axe ducône,
seraexprimée
par du. L’action du cône entieraura la même
direction,
et pour valeurdr, l’intégrale
étantprise
dans toutela
longueur
de son axe etexprimant
évidemment laquantité
de fluide lihrequi
setrouve sur cette droite. L’action du cône dont Le
prolongement
est celui-ci seradirigée
en senscontraire;
ces deux forcesopposées
se détruiront enpartie,
et sil’on suppose, ce
qui
estpermis,
ces deux cônesd’égale longueur
et de même ou-verture w, ces deux forces se
réduiront,
en vertu de laproposition précédente,
àla seule action du fluide libre
appartenant
à la fois à l’un des cônes et à l’élémentmagnétique
dont lepoint
M faitpartie.
Il en sera de même àl’égard
de tous lescônes considérés deux à
deux,
en sorte que l’action totale de v sur lepoint
M seraréduite à celle de la couche
magnétique qui
occupe la surface même de cet élé-ment. On voit aussi par ce raisonnement que, si le
point
IfI était situé hors d’un élémentmagnétique,
l’action de v sur cepoint
se détruiraitcomplètement,
c’est-à-dire
qu’une particule
de fluide boréal ou australqu’on
yplacerait
y demeureraiten
équilibre,
si elle n’était soumisequ’à
cette seule action. »Il nous semble utile d’insister sur l’insuffisance du raisonnement que nous ve-
nons de
rapporter.
Il nous suffirad’ailleurs ,
pour faire ressortir cetteinsuffisance,
de montrer l’inexactitude de l’une des
conséquences auxquelles
ilconduit;
c’estPoisson lui-même
qui
nous fournira cetteconséquence :
« Ces
conclusions,
dit-il(t. l,
p.2;lt),
sontindépendantes
de la forme de v ; ellesexigent
seulement que cetteportion
de A ne contienne que des élémentsmagnétiques complets,
et que les rayons menés dupoint
NI à sa surface soienttous très
grands
parrapport
aux dirnensions des éléments et néanmoins insen- sibles relativement aux dimensions deA;
et, eneffet,
pourvu que ces conditions soienttoujours remplies,
on pourra augmenter ou diminuer v sans altérer sensi- blement son action sur lepoint 1I ;
l’action des éléments entiers que l’onajoutera
ou que l’on retranchera de cette manière se calculera par la méthode du n°
1;
mais,
vu lapetite
étendue danslaquelle
ces éléments seront circonscrits. les inté-grales triples qui s’y rapporteront
pourront êtrenégligées
par rapport aux forcesauxquelles
doivent êtreajoutées
lescomposantes
de l’action de 1.. »Cette
conséquence,
avons-nousdit,
est erronée. Nous croyons utile d’en mon-trer
l’inexactitude,
parce que cette même inexactitude se retrouve dansplusieurs
des raisonnements de Poisson et constitue l’un des graves défauts
analytiques
que l’onpeut reprocher
à la théorie de l’illustrephysicien.
Considérons un
premier volume,
tel que f, limité par une surface s ayant pourcentre le
point M;
supposonsqu’une
autre surfaces’, avant
aussi pour centre lepoint M,
limite un second volume v’ renfermant v à son intérieur.D’après
Pois-son, l’action
qu’exerce
aupoint
l~T l’ensemble formé par tous les élémentsmagné- tiques
duvolume v,
àl’exception
de l’élémentauquel appartient
lepoint M,
estégale
à o. Il en est de même de l’action exercée aupoint
11r par l’ensemble que forment tous les élémentsmagnétiques
du volumes’,
sauf l’élémentauquel
appar- tient lepoint
M. Parconséquent, d’après Poisson,
l’ensemble des éléments situésentre les deux surfaces s et s’ n’exerce au
point
aucune action.Or,
tous ceséléments sont à une distance du
point
M très considérable parrapport
à leurs di- mensions. Si donc on posel’intégrale triple
s’étendant au volumecompris
entre les surfaces s ets’,
l’actionexercée au
point
M par le fluidemagnétique compris
entre ces deux surfaces aurapour
composantes
Calculons l’une d’enLre
elles,
lapremière
parexemple.
Les
égalités
permettent
d’écrireUne
intégration
parparties
permet alors de transformer cetteégalité.
Soit Ille rayon vecteur d’un
point
de la surface s, ce rayon vecteur étantcompté
àpartir
du
point III; soit,
au mêmepoint,
N la normale à lasurface s, dirigée
vers l’exté-rieur de la surface s;
soient,
demême,
R’ le rayon vecteur d’unpoint
de la sur-face s’ et la normale en ce
point dirigée
vers l’extérieur de la surface s’. On auraSi l’on
désigne
par ~~o,y,o,
~o les valeurs de~~~, ~a
aupoint 11I,
et par‘~’~ d l’ ~
la valeur que
prend
la dérivée de A suivant la direction du rayon vecteur R en uncertain
point
de ce rayon vecteur dont la distance aupoint
M est inférieure àR;
par
-- , d‘’
~)r àr desquantités analogues
àd=(~A ~r),
y on aura, auoint
p oû le rayon Rrencontre la surface s,
et semblablement au
point
où le rayon vecteurR’rencontre
la surfaces’,
L’expression précédemment
obtenue pour Xpeut
donc s’écrire de la manière suivante : 1Le dernier terme est, à un facteur constant
près,
lacomposante
suivant l’axe des x de l’action exercée aupoint
l~l par une masse soumise aux conditions sui-vantes :
Cette masse
agit
conformément à la loi de Newton.Elle est
comprise
entre les surfaces s et s’.Elle a
pour densité
enchaque point °~î~~ (~x + °~~~~J
~y + 2014 ’
~z .
Or on sait
qu’une
telle action est unequantité
trèspetite
du même ordre que Ret R’ si R et R’ sont très
petits.
Il est facile de voir
également
que le troisième et lequatrième
terme du secondmembre sont des
quantités
trèspetites
de l’ordre de R et de Sidonc,
comme lefait
Poisson,
onnéglige
lesquantités
de cetordre,
on auraSi les deux surfaces s et s’ sont
homothétiques
et ont lepoint
1’1 pour centred’homothétie,
le second membre seraidentiquement nul ; mais,
si cette conditionn’est pas
réalisée,
les coefficients de 80 seront engénéral
desquantités finies, indépendantes
de lagrandeur
des deux surfaces s et s’ etdépendant
seule-ment de leur forme et de leur orientation. On
peut
aisément démontrer de la manière suivante que cesquantités
ne sont pasidentiquement
nulle pour des sur- faces de forme différente.Imaginons,
parexemple,
que les surfaces s et s’ soient deuxcylindres droits, ayant
leursgénératrices parallèles
à Ox et pour centre lepoint
0. Si l’ondésigne
par c~ et c~’ lesangles
solides souslesquels
dupoint
0 onvoit les bases de ces deux
cylindres,
on auraSi les deux
cylindres
ne sont pashomothétiques,
cettequantité
ne sera paségale
à o, et X ne pourra êtreindépendant
de ~~,o,ni, partant, identiquement
nul. La
proposition
énoncée par Poisson est donc manifestement inexacte.4. Cette
proposition joue cependant
un rôle sicapital
dans la théorie de Poissonqu’il
seraitimpossible
depoursuivre l’exposé
de cette théorie si l’on ad- mettait pour un instant l’exactitude de laproposition
enquestion.
lous admet-trons donc que l’on ait
les
équations (2)
deviendront alorsVoyons
maintenant comment Poissonévalue 03B1, 3,
y.Chacune des trois
quantités
~V ~03BE, ~V ~~,~V ~03B6
est, à l’intérieur de l’élément magné-tique auquel appartient
lepoint M,
une fonction continue descoordonnées 5, ~, 03B6
de ce
point;
lors donc que lepoint
l1I sedéplace
à l’intérieur de l’élémentmagné- tique
dont il faitpartie,
ces troisquantités
ne subissentqu’une
variation de l’ordre degrandeur
del’élément;
ex,3,
Y,qui
sont desquantités finies,
ne varient donc d’unpoint
à l’autre d’un élémentmagnétique
que dequalités
infinimentpetites
par
rapport
à leur propre valeur. En d’autres termes, le fluidemagnétique
doit sedistribuer à l’intérieur de l’élément et à sa surface de telle
façon
que l’action exercée par ce fluide ait la mêmegrandeur
et la même direction en tous lespoints
intérieurs à l’élément. Si l’on connaît la forme de l’élénlcnt
magnétique,
cettecondition détermine la distribution
qu’affecte
le fluidemagnétique
en cet élé-ment.
Poisson suppose que, pour les corps
isotropes,
l’élémentmagnétique
a la formed’une
sphère ;
dans ce cas, il est aisé de trouver la distribution que doit affecter le fluidemagnétique.
Faisonsglisser parallèlement
à elle-même la surfacequi
limitel’élément
magnétique
de tellefaçon
que son centre décrive un chemin infinimentpetit dirigé
comme la force constante que l’on veut obtenir etproportionnel
àcette force. Entre l’ancienne et la nouvelle
position
de cette surface se trouventdeux espaces
vides,
l’un intérieur à l’élémentmagnétique,
l’autre extérieur à cetélément.
Imaginons
que le fluide boréalremplisse
uniformément un de ces espaceset que le fluide austral
remplisse
l’autre avec la même densité. Nous obtiendrons ainsi la distributionmagnétique
cherchée.Dans ces
conditions,
si nousdésignons
par tc le volume de l’élémentmagnétique
et par
Bu,
C u lescomposantes
suivant les axes coordonnés du momentmagnétique
de cetélément,
lescomposantes
de l’action exercée en unpoint
intérieur à l’élément par le fluide
magnétique
distribué sur cet élément aurontpour valeur
Considérons un volume c~ très
petit
parrapport
au volume du corpsaimanta
mais très
grand
parrapport
au volume tc des élémentsmagnétiques;
soit lafraction de ce volume
occupée
par les élémentsmagnétiques;
soient -~:o,les
composantes
de l’aimantation aupoint 11~;,
-r,,~),
intérieur à l’un desments de ce volume t~; nous aurons sensiblement
= A A, ~~ ~ ~ ? ~"~u
et par
conséquent
ce
qui
donne auxégalités (3)
la formeTelle est la forme que
prennent
leséquations (3) lorsqu’on
suppose que les élémentsmagnétiques
ont la formesphérique.
5. A ces
équations (4),
Poisson fait subir une dernière transformation danslaquelle
nous allons rencontrer une nouvelle inexactitude.Désignons par V l’intégrale
étendue à tous les corps du
système
autres queA,
etpar L
la mêmeintégrale
étendue à toute la
partie
du corps A située en dehors du volume c~. Nous auronset les
équations (4)
deviendrontDésignons l’intégrale
étendue au
corps A
toutentier, y compris
le volume v. D’un raisonnement où se retrouvent des inexactitudesanalogues
à celles que nous avonssignalées
au n°3,
Poisson
(I,
p.~c~6-~c~S)
croitpouvoir
déduire leségalités
suivantes :Si de telles
expressions
étaientinexactes,
comme rien dans le second membre de chacune d’elles nedépend
de la forme duvolume v,
les troisquantités ~-=--~--,
~L ~z, ~L d03B6
seraientindépendantes
de la forme de cevolume,
ce que du reste Poissond-j ~ ’
énonce
expressément (I,
p.2g8);
et cen’est pas
là unesimple
inadvertance desa
part,
ainsi que le suppose M. E. Mathieu(LXI,
p.i56),
mais une consé-quence du raisonnement erroné que nous avons
rapporté
au n° 3.D’ailleurs,
onpeut
montrer directement l’inexactitude deségalités (5)
en cbte-nant t les
expressions
exactesqui
leur doivent. être substituées. Cette démonstra-tion,
pour êtrerigoureuse,
suppose que l’on se soit assuré aupréalable
de l’É’Y1S-tence de la fonction ~~~, ce que l’on
peut
faire de la manièresuivante ;
Entourons le
point lt’~(5, ~)
d’une surface fermée T et démontrons que l’in-étendue à toute la
partie
du corps A extérieure à la surface T,tend, lorsque
cettesurface ? se contracte d’une manière
quelconque jusqu’à
venir s’évanouir aupoint 1I,
vers une limiteindépendante
de la série de formes parlaquelle
passe la surface 7. Cette limite sera alors la fonctionL’intégrale précédente
étendue àl’espace compris
entre la surface T et la sur-face 1 du
corps A
peut se transformer au moyen d’uneintégration
parparties.
N
désignant
la normale vers l’extérieur de la surface E et rt la normale versrieur de la surface ~, elle devient
La
première intégrale
estindépendante
de la surface T; la deuxième tend vers olorsque
la surface a- se contracte; la troisième tend vers une limiteindépendante
des formes par
lesquelles
passe la surface T en se contractant, ainsiqu’il
résultede la théorie de la fonction
potentielle.
L’existence de la fonction est ainsi
démontrée,
et deplus
on voit que l’on ala dernière
intégrale
s’étendant au corps A tout entier.La théorie de la fonction
pontcntielle
nousenseigne
en outre que, sous cer- taines conditions bien connuesimposées
à laquantité
la fonction BB;) est continue et admet par
rapport
aux coordonnéesS, r" ~
dupoint
81 des dérivéespartielles
dupremier
ordre. L’une de cesdérivées,
la dérivéepar
rapport â ~
parexemple,
a pourexpression
Comparons
cettequantité
à~L ~03BE,
c’est-â-direl’intégrale
étendue à tout
l’espace compris
entre la surface E et la surface Squi
limite levolume v. Il est facile de voir que l’on aura
n
désignant
la normale à la surface S vers l’extérieur de cette surfaceLa dernière
intégrale triple
s’étend seulement auvolume compris
entre la sur-face S et la surface
~;
mais il est aisé de voirqu’en
lasupposant
étendue au corps A tout entier onnéglige
desquantités
du même ordre degrandeur
que l’une des dimensions linéaires du volume v; au mêmedegré d’approximation, d’après
un calcul fait au n°
3,
la secondeintégrale peut
êtreremplacée
parOn aura donc
De cette
égalité (8)
résulte enpremier
lieu cetteproposition,
dont nous verronsplus
tardl’importance :
Le
synlbole
dans
lequel l’intégration
s’étend au corps A toutentier,
n’a aucun seras.En
effet,
au second membre del’égalité (8),
les limites verslesquelles
tendentles coefficients de ~~>o, 80,
lorsque
la surface S se contracteindéfiniment, dépendent
de la série de formes parlaquelle
cette surface passe en se contractant.En second
lieu,
lacomparaison
deségalités (7)
et( 8)
donneCette
égalité ~g)
doit être substituée à lapremière
deségalités (5 );
une substi-tution
analogue
doit affecter les deux autreségalités (5).
L’inexactitude des
égalités (5)
est ainsi mise directement en évidence. Néan-moins,
pour continuerl’exposé
de la théorie dePoisson,
il nous faut conserverces
égalités;
car c’est en lescomparant
auxégalités (4 bis)
que nous obtiendrons leségalités
qui représentent,
dans la théorie dePoisson,
les conditions fondamentales del’équilibre magnétique.
6.
Supposons qu’une
substancemagnétique, possédant
un coefficient d’aiman- tation h de valeur connue, soitplacée
dans unchamp magnétique déterminé,
c’est-à-dire dans un espace où la fonction BB{) est une fonction connue
de ;,
.r,,~.
Dans ces
conditions, grâce
auxéquations (10),
il suffira de connaîtrel’expression
en fonction
de §, ~,
pour connaître enchaque point
du corps considéré lagrandeur
et la direction de l’aimantation. C’est donc à la détermination de la fonction @qu’est
ramené leproblème
de l’aimantation par influence.Nous avons vu que l’on
pouvait
écrireDe cette
expression
de la fonction ~~y~, la théorie de la fonctionpotentielle
permet
de déduireplusieurs conséquences :
10 Si nous posons, suivant
l’usage,
en tout
point
extérieur au corpsA,
nous avons~° Si en tout
point
du corpsA,
laquantité
est continue et admet des dérivées
partielles
dupremier
ordre par rapport à .z~,y, ~, ~~ admet en tout
point
du corps A des dérivéespartielles
du deuxièmeordre par
rapport
à~, f" ~,
et l’on aDifférentions la
première
deségalités (10)
parrapport
àç,
la seconde par rap-port
à .fi , la troisième parrapport
à~,
etajoutons
membre à membre les résultatsobtenus;
nous trouvons que l’on a en toutpoint
intérieur au corps ASi l’on observe maintenant
qu’en
toutpoint
du corps A on aon voit
aisément,
par lacomparaison
des deuxégalités précédentes,
que l’on a aussi en toutpoint
du corps A3° La fonction @ varie d’une manière continue
lorsque
lepoint (~,
r;,~~
traverse la surface £
qui
limite le corpsA;
mais ses dérivéespartielles
du pre- mier ordre subissent unediscontinuité,
en sorte que l’on a,moyennant l’emploi
d’une notation
bien connue,
ce
qui,
enremplaçant
~~o, 80 par leurs valeurs déduites deséquations (10),
donne
relation dans
laquelle
a des valeurs connues,d’après
la connaissance que l’ona du
champ magnétique
et de la forme du corps soumis à l’aimantation.Ainsi donc la fonction est
finie,
continue et uniforme dans toutl’espace ;
elle est
égale
à o â l’iufni; ses dérivéespartielles
dupremier
ordre sontfinies,
continues et uniformes dans tout
l’espace,
sauf sur la surface Squi
limite le corps soumis à l’aimantation : elles sontégales
à o àl’infini ;
à la traversée de la sur-face
~’,
elles vérifient la condition(12);
dans toutl’espace,
sauf sur la surface ~, les dérivéespartielles
du second ordre de la fonction BB;) existent et vérifientl’équation
deLa place.
Telles sont les conditions obtenues par Poisson pour déterminer la fonction et, par
conséquent,
pour résoudre leproblème
de l’aimantation par influence.L’établissement de ces conditions donne lieu à une nouvelle
objection.
En
effet,
la déduction deségalités (i
ibis)
et(12)
supposel’emploi
deségalités (10);
d’autrepart,
les raisonnementsemployés
par Poisson pourparvenir
auxégalités (10)
supposentqu’autour
dupoint (~,
r"~)
onpuisse
tracer un volumelimité par une surface ~ dont tous les
points
soient à une distance dupoint (" r,, ; )
très
grande
parrapport
aux dimensions d’un élémentmagnétique et que,
deplus,
à l’intérieur de ce volume v, ~~, 8 varient d’une manière continue. Cette con- dition n’est
plus remplie lorsque
lepoint ~I(~,
r"~)
est très voisin de la sur-face
E,
ainsi que Poisson le remarqueexpressément :
« Mais lacondition,
dit-il(1,
p.274),
relative à la distance de 11I auxpoints
extrêmes de v ne sera pasremplie
tout autour dupoint M, quand
il sera situé à la surface de A ou extrême- mentprès
de cette surface. L’action totale de ce corps sur lespoints
très voisinsde sa
superficie dépendrait,
enchaque point,
de ladisposition particulière
deséléments
magnétiques
autour de cepoint;
c’estpourquoi
nous ne chercherons pas à ladéterminer;
et il nous suffira deprévenir
que tout cequi
va suivre n’estapplicable qu’aux points
deA,
dont la distance à sa surface est trèsgrande
parrapport
aux dimensions deséléments,
cequi
auralieu,
du reste, dès que cespoints
seront situés à une
profondeur appréciable. »
Il résulte de là que les
égalités (10)
ne sontpoint
démontrées pour lespoints
très voisins de la
surface; qu’il
en est de même del’égalité (i
ibi,ç); quant
àl’égalité (12),
comme pour rétablir on a fait usage deségalités (10)
en lesappli-
quant à des
points
infiniment voisins de la surfaceE,
on doit laregarder
commeentièrement douteuse.
7. Telle est la voie suivie par Poisson pour
parvenir
à mettre enéquation
leproblème
de l’aimantation parinfluence ;
cettevoie,
nous l’avons vue, est hérissée de difficultésanalytiques qui
suffiraient pour rendre extrêmement douteux les résultatsobtenus. Mais,
deplus,
à cescritiques
d’ordreanalytique auxquelles prête
la théorie de
Poisson,
viennent sejoindre
desobjections
fournies parC’est la détermination
expérimentale
de la valeur du coefficient A pour différentes substancesqui
conduit à desconséquences incompatibles
avec la théorie de Poisson.Imaginons
que l’on aitintégré
leséquations
duproblème
de l’aimantation par influence pour un corpshomogène
de forme déterminéeplacé
dans unchamp
ma-gnétique
déterminé. Le résultat de cetteintégration
serad’exprimer
la fonction ~;~au moyen des