A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J EAN -G UY D UBOIS
J EAN -P AUL D UFOUR O LEG S TANEK
La théorie des catastrophes. IV. Déploiements universels et leurs catastrophes
Annales de l’I. H. P., section A, tome 24, n
o3 (1976), p. 261-300
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPA_1976__24_3_261_0>
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261
La théorie des catastrophes.
IV. Déploiements universels
et leurs catastrophes (1)
Jean-Guy DUBOIS, Jean-Paul DUFOUR (*) et Oleg STANEK Département des Sciences Pures,
Université du Québec, Rimouski, P. Québec, Canada (*) Institut de Mathématiques, Université des Sciences
et Techniques du Languedoc, Montpellier, France
Vol. XXIV, n° 3, 1976, Physique théorique.
RÉSUMÉ. - Nous démontrons que les
déploiements
infinitésimalement versels de même dimension d’une fonction sontéquivalents.
Commecorollaire,
nous en déduisonsl’équivalence
entre la versalité et la versalité infinitésimale. Nous montrons que les ensemblescatastrophes
sous diversesconventions ne
dépendent,
à undifféomorphisme
localprès,
que de la classed’équivalence
dumultigerme
de cette fonction auvoisinage
de sespoints critiques.
Cequi
fournit les bases d’une classification des ensemblescatastrophes,
enparticulier
des ensemblescatastrophes
de conflit.SUMMARY. - We demonstrate that infinitesimal versal
unfoldings
ofequal
dimension of a function areequivalent.
As acorollary,
we infer theéquivalence
ofversality
and infinitesimalversality.
We show that cata-strophe
sets under various conventionsdepend only,
up to local diffeo-morphisms,
on themultigerm equivalence
class of this function at theneighborhood
of its criticalpoints.
Thisprovides
the bases for a classifi- cation ofcatastrophe
sets,particularly
for conflictcatastrophe
sets.e) Travail partiellement subventionné par le Conseil National de Recherches du Canada.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A - Vol. XXIV, 3 - 1976.
262 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
INTRODUCTION
Selon la théorie des
catastrophes
de R. Thom[1],
le modèle desdyna- miques gradientes
est donné par unchamp
defonctions,
dites fonctionspotentielles,
u -Vu
où u parcourt un espace à kparamètres, l’espace
de
contrôle,
etVu
est pour tout u une fonction à valeurs réelles de nvariables,
les variables d’état. Guidé par l’idée que seuls les
phénomènes stables,
ence sens
qu’ils
restentqualitativement
les mêmesmalgré
unelégère
variationdes
données,
sontobjets
descience,
on est amené à étudier leschamps
defonctions
potentielles
stables.Une notion de stabilité convenant à ce
modèle,
bien quepeut-être
unpeu trop
forte,
est celle introduite par Latour[2] :
unchamp
V : u -V~
est stable
si,
pour toutchamp
V’ : u -V~;
assezvoisin,
il existe un difféo-morphisme
p del’espace
de contrôle tel queV~;
est, pour tout u, obtenu àpartir
de par deschangements
de coordonnées. Ledifféomorphisme
péchange
les ensemblescatastrophes,
obtenus sous les conventions habi-tuelles,
de V et de V’.Une autre notion intéressante pour cette étude est celle de
déploiement (uni)versel
introduite par Thom[1] [3] [4] :
elle donne deschamps
canoni-ques locaux
(définis
auvoisinage
deuo)
àpartir desquels
on peut induire localement tout autrechamp
u -V~.
Ceschamps (ou déploiements versels)
sont caractérisésalgébriquement
par une condition de « versalité infinitésimale ». Or il se trouve que la caractérisationalgébrique
de lastabilité donnée dans
[2],
la stabilitéinfinitésimale,
estéquivalente
à laversalité infinitésimale en
chaque point
uo del’espace
de contrôle(modulo
certaines
hypothèses
decompacité
ou depropreté).
Leschamps
stablessont donc versels en
chaque point.
La
propriété
fondamentale desdéploiements
versels d’unefonction /
est
qu’ils
sontdéterminés,
àéquivalence près,
par la classed’équivalence
de
f.
Mêmeplus,
leurs ensemblescatastrophes
sont localement déter-minés,
àdifféomorphismes près,
par la classed’équivalence
du germede f
auvoisinage
de sespoints critiques.
Cettepropriété
permet dedéduire,
d’une classification de ces germes, une classification des ensembles cata-strophes.
Dans une étude de
synthèse,
Wassermann[5]
aexplicité
ces idées dansle cas local où l’on se restreint à ne considérer que les germes de
Vu
aupoint
0 E Duistermaat[6] (sect. 2)
aexplicité
la caractérisation de la stabilité desdéploiements
dans le casglobal,
mais en serestreignant
aucas
(le
d-cas)
où l’on ne permet que des translations pour leschangements
de coordonnées au but des fonctions
V~.
Dans ce
travail,
nous nous proposons dejustifier
lespropriétés
desdéploiements
versels dans le casglobal
et de donner les outils pour uneclassification des ensembles
catastrophes correspondant
à cesdéploiements.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
Si les
catastrophes
de bifurcation peuvent s’étudier en serestreignant
aucas
local,
il n’en va pas demême,
parexemple,
pour lescatastrophes
deconflit obtenues sous la convention de Maxwell. Une étude
plus globale s’impose alors,
au moins une étude tenant compte desmultigermes (germes
en
plusieurs points).
Dans la
première
section de cetravail,
nous nous limitons à étudier les fonctions de codimensionfinie ;
nous verrons par la suite que ce sont les fonctionsqui
admettentdes déploiements
versels. Nousénonçons plusieurs
de ces fonctions et la construction de
déploiements
universels. Nouspréci-
sons ainsi les résultats de
Sergeraert [7] (chap. 7).
La deuxième section est entièrement consacrée à la caractérisation
algébrique
desdéploiements
versels. Le théorème central de celle-ci est le théorème 1qui
affirme que deuxdéploiements
infinitésimalement versels de même dimension d’une fonction sontéquivalents.
Le théorème II prouve que la versalité estéquivalente
à la versalité infinitésimale et fournit ainsi la caractérisationalgébrique
cherchée. On en déduit sanspeine
lethéorème III
qui
ditqu’un déploiement
versel d’une fonction nedépend,
à
équivalence près,
que de la classed’équivalence
de cette fonction.La troisième section définit les ensembles
catastrophes
sous les conven-tions du retard
parfait
et de Maxwell. Les théorèmes IV et V montrent que les ensemblescatastrophes
d’undéploiement
verselde j
nedépendent localement,
à undifféomorphisme près,
que dumultigerme de j au
voisi-nage de ses
points critiques.
Nous donnons finalement une méthode de classification desmultigermes
et des ensemblescatastrophes
corres-pondants.
Nous nous
astreignons
dans ce texte, afin d’utiliser un minimum delangage,
à ne travailler que dans les espaces euclidiens Les démonstra- tions données segénéralisent
sanspeine
auxdéploiements
de fonctions d’une variété dans une autre.Cependant,
comme nous ne posons pasd’hypo-
thèses de
compacité
surl’espace
des variablesd’état,
nous sommes amenés àquelques
restrictions.Ainsi,
sauf mention ducontraire,
la fonctionj’
que nous utiliserons par la suite sera une fonction définie sur !?" et à valeurs dans R ayant ses
points critiques
intérieurs à un compact(noté
M engénéral).
Dans la troisièmesection,
nousimposerons
deplus
une condi-tion de
propreté
pour lesdéploiements
dej1
Nous traiterons en
parallèle
le cas desdéploiements versels,
où l’on travaille modulo deschangements
de variablesquelconques
à la sourceet au
but,
et le cas desdéploiements
d-versels(versels
àdroite)
où l’on nepermet que des translations au but.
Au cours de cet
article,
toutes les fonctions considérées seront de classeCx,
à moins que cela n’aitpoint
de sens. Si F : A x B - C estune fonction
qui
à(a, b)
E A x B associeF(a, b),
on noteraFa (respective-
ment
Fb)
la fonction de B dans C(respectivement
de A dansC)
telle que264 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
F a(b)
=F(a,
b)(respectivement F b(a)
= F(a,b)).
Si A et B sont des variétésdifférentiables, C(A) désignera l’espace
desapplications (de
classeCOO)
de A dans
R, C(A, B) l’espace
desapplications
de A dans B et Diff Al’espace
des
difféomorphismes
de A.1 CODIMENSION D’UNE FONCTION .
L’ensemble
C(!R")
admet une structure naturelled’algèbre
unitairecommutative induite par celle de R.
Étant
donnéef’
E on lui associel’idéal de dit « idéal
jacobien », engendré
par les n fonctions...,
J f ’
est l’ensemble des fonctions de !R" dans R de la formeSoit
f’* : C(R) - C((R") l’homomorphisme qui
associe à lafonction ri o / ;
on noteral’espace image
de/ *. Désignant
par 1 la fonction constanteégale
à 1 deC(!R"),
on dénotera par[1] l’espace
desfonctions constantes
(engendré
par1).
DÉFINITION 1.1. - On
appelle
codimension def;
et on la note ladimension
duR-espace quotient If); c(f)
=dimR C(Rn)/(Jf+ Jf).
DÉFINITION 1. l’. - La d-codimension de
f est
donnée parSi q désigne
la fonction constante deC()R") égale
à q, on peut écrireq
= g où q
est la fonction constanteégale
à q deC(R). Ainsi q
E etJf +
[1]
cJf’ + If :
doncc(/)
DÉFINITION 1.2.
- Si g
et happartiennent
àC(A, B)
et S est un sous- ensemble deA,
on dit que g et h ont même germe(de
classeCOO)
en S sig et h coïncident sur un
voisinage
de S. On définit ainsi une relationd’équi-
valence sur
C(A, B)
dont les classes sontappelées
les germes en S.Le germe en S de
C(A, B)
sera noté~fs (on
diraparfois,
par abus delangage,
le « germef’ »)
et l’ensemble deceux-ci, Cs(A, B).
L’ensembleCs(A) possède
la structured’algèbre
induite de celle deC(A) lorsque
l’onpasse au
quotient.
Ondésignera
parlorsque
aucune confu-sion n~est à
craindre)
l’idéal deCs(A)
formé des germes des fonctions nullessur S. On notera aussi
~s
l’idéalengendré
par lesproduits
de k germes deNous verrons que la codimension d’une fonction ne
dépend
que de soncomportement au
voisinage
de sespoints critiques.
Par la suite Sdésignera
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
l’ensemble des
points critiques
dej.
Si S estfini, j’
admet un nombre fini de valeurscritiques bi, b2,
...,bu
et S admet lapartition
où les
points
deS~
sont ceuxqui correspondent
à la valeurb~.
LEMME 1.1.
2014 Lorsque
S estfini,
gappartient
à1J’
+Ij’
si et seulementsi le germe
gsj de g
enS~ appartient
à(Jf’
+ pourtout j
= 1, ..., ~.Démonstration. La condition nécessaire est
évidente,
démontrons la condition suffisante.Supposons
que pourtout j
= 1, ... , ,u il existe des fonctions ...,ex)
deC(M")
et r~~ deC(R)
telles quepour tout x dans un
voisinage V j
deS j’ Quitte
à restreindre lesV j’
onpeut supposer que
Uj
nUk = ~
et quej’{Vj) n/(UJ = 0 pour j ~
k.En modifiant les
fonctions
hors desU~,
on peut les « recoller »de.façon
à construire des fonctions ..., a" telles que = si
x E V j’
i = 1,
..., n, j
=1,
..., J1. Ceci peut se faire en annulant lesa~
horsde
U~
parmultiplication
avec des fonctions « en cloche », i. e.égales
à 1sur
U~
et à 0 hors d’un compact contenantU~.
Demême,
en modifiantles hors de
,f’(U~),
on peut les recoller et obtenir unefonction t1
Etelle que
r~( y)
=r~ 1( y~
si Posons alorsIl est clair
que h
EJf’
+If
et queg(x)
=h(x)
pour tout xdans
unvoisinage
UChoisissons un
voisinage
compact V de S tel que V c U. Pour tout xdans le
complémentaire
CV dans !R" deV,
il existe unvoisinage
ouvertU(x)
de x, inclus dans
CV,
surlequel
l’une au moins des fonctions est non nulle. Considérant un recouvrement de M" par de telsvoisinages
etpar
U,
soit unepartition
de l’unité subordonnée à ce recouvrement.Notons K c
H,
les fonctions dont le support est dans U. Pourv E H -
K,
le support est dans unU(x)
et on peut écrire :Comme
Vol. XXIV,
266 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
on a
car la
fonction g - h
est nulle sur U. On arrive alors àqui
est un élément deJj: Rapprochant
ceci du faitque h
E +If;
on voitLEMME 1.1’.
2014 Lorsque
S =... , as ~ ,
alors g EJj’
si et seulementsi les germes de g en au vérifient gau E pour tout u =
1,
..., s.La démonstration est
analogue
à celle du lemmeprécédent.
LEMME 1. 2.
- Supposons
que S soit fini et soientf i, ...,/c
des fonc-tions de
C(!R").
Alors les classes des fonctionsf i, ...,~c
moduloJ/’+ If’
forment une base de +
If ’)
si seulement si les classes des germes(/i)s... ~ ( f§)s
forment une base de +Ifs.
Démonstration. - Si les classes de
J1,
...,f)
forment une base de+
If ’),
il est clair que les classes de( f 1 )s, . - - , ( f))s engendrent
+ Pour démontrer
qu’elles
forment unsystème libre,
c
supposons que la combinaison
linéaire ~ ~(./.)s
soit dans(JI
+If)s.
Lai=
1même
technique
de démonstration que celle utilisée lors du lemme 1.1 1c
permet de montrer est dans +
IJ
On peut en conclure que la combinaisonlinéaire ~t( J~)s
estnulle,
cequi
démontre la conditionnécessaire. ~
Réciproquement,
supposons que les classes de(j’l)S’
...,@))s
formentune base de +
Ij)s
et soit g une fonction deC(tR").
On ac
où h E
Jf
+If :
f alors la fonction g -03A303BBifi -
h est nulle sur un voisi-nage de S. Comme lors de la démonstration du lemme
1.1,
cela suffitAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
c
pour
qu’elle
soit dansJf :
alorsg = 03A303BBifi
est dansJ/ + Ij
et cela prouve que les classes desfi,
i =1,
..., c,engendrent
+I/).
Parailleurs,
si les classes de ces fonctions formaient un
système lié,
il en serait de mêmepour les classes des
( fi)S
dans + Ceci suffit à prouver que les classesdes forment
une base de +If ’),
et achève la démons- tration du lemme.~
Ce lemme reste
inchangé lorsqu’on remplace Jf ’
+If’
par+ [1].
Nous nous
plaçons
dans le cas où S est fini et admet lapartition
intro-duite
plus
haut.LEMME 1. 3. -
Supposons
que pourchaque j, j
=1,
..., il existeune base
(aj,
...,ajï)
finie de +Choisissons
pour cha- queaj
unreprésentant f~t
Equi
soit nul sur unvoisinage
de S -S~.
Alors la famille de tous ces =
1,
..., ~ i =1,
...,i~, forme
unebase de +
Démonstration. -
L’application fs
t-+( fsl,
..., est un isomor-phisme
de surCs,(R")
x ... xqui
envoie(J/ + I/)s
sur+ x ... x
(Jf ’
+ Passant auquotient,
on obtient donc unisomorphisme
de +If ’)S
sur la somme directeAlors on obtient une base de + en prenant une « somme directe » de bases des +
If )s~. Enfin,
le lemme 1. 2 démontrenotre résultat.
~
LEMME 1.4. - Soient ... , as les
points critiques
def : Supposons
que pour
chaque j, j’=
1, ..., s, il existe une base finie(aj,
..., deet choisissons pour
chaque a~
unreprésentant f~‘
Equi
soit nul sur un
voisinage
deS 2014 {~ }.
Alors la famille de tous cesf J‘
forme une base de
Démonstration. - On remarque que
fs
~ ..., induit uns
isomorphisme
entre etE9
Le résultat endécoule
~=1 1
J J
en utilisant la même méthode que pour le lemme
précédent.
Les résultats de ci-haut nous amènent à penser que l’étude de la codimen- sion d’une fonction se réduit à une étude locale. Pour
cela,
nous intro- duisons les définitions suivantes.DÉFINITION 1.3. - Soit a un
point critique
def (a)
On posea)
=dimR Ca(Rn)/(Jf
+3-1976.
268 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
(b) a)
=dimR
(c) a)
leplus petit
entier r tel que(/-/(~eJ/~.
(d) b)
laplus grande
valeur dea),
où a parcourt l’ensemble despoints critiques
de valeur b.LEMME 1.5
(Lemme
deNakayama).
- Soient R un anneau commu-tatif unitaire et 1 un idéal de R tel que 1 + z soit inversible pour tout z E I.
Soient A et B deux sous-modules d’un certain R-module M tels que A soit de type fini sur R. Alors
l’hypothèse
entraîne
et si on a
l’égalité
dans( 1. 1 )
on l’a dans(1.2).
LEMME 1.6. - Soient A un module de type fini sur
Co(!R")
et B un sous-module de A tel que Alors
Un raisonnement élémentaire montre que
N0
est l’idéal deengendré
par les germes des fonctions x~ :(xi,
...,xj
- xi, donc~4Xt
est l’idéal
engendré
par les germes des monômes dedegré k
des varia-bles xi, ..., xn.
On trouvera les démonstrations de ces deux lemmes dans
[5] (lemmes
1.13et
1.14).
LEMME 1. 7. - Si
y est
de codimensionfinie,
alors pourchaque point critique a
les nombresc(y, a), a)
etd( f; a)
sont finis et vérifientDémonstration. -
Supposons
c =c( f ’)
fini et soit a unpoint critique
de
f1
Sifi, ... , f)
forment unsystème
degénérateurs
deC(lRn)
moduloJj’
+If, (f1)03B1, ..., (/c)o
forment unsystème
degénérateurs
de modulo(Jj’
+ Il en résulte quea) _
c.Au
voisinage de a,
tout élément deIj’
s’écritoù q
=a),
en utilisant une formule deTaylor.
Considérons l’idéal~â
de où a = ...,
a") :
il contient tous les germes de monômes dedegré
2 de la formeA(x, 2014 at) (x~ - a~).
Comme a estcritique,
on peutécrire
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
en utilisant une formule de
Taylor.
Donc et on peut écrire....(/-/MM] désigne
leR-sous-espace
deengendré
par les germes en a de la fonction constanteégale
à 1 et desfonctions
(/-/(~
1 p q. Soit alors ...,(gq)a
une base demodulo Jfa + Ifa ; (g1)a, ...,(gq)a, 1a, (f-f(a))a, ..., ( f - f (a))â forment
ainsi un
système
degénérateurs
de moduloJfa
+‘~a q+2.
On a doncet
alors, grâce
au lemme1.6,
on peut écrire On en déduit quea)
est fini et qued’où le résultat
escompté.
DÉFINITION 1. 4. - Si
j’ et g
sont dansC(A, B),
nous dirons que/
estéquivalente
à g, et noteronsf’
""g, s’il existe h E Diff A et k E Diff B tels
DÉFINITION 1. 4’. - Nous dirons que
/ est d-équivalente
à g, notéj’
â g,si f ~ ~
g avec k = Id. ’DÉFINITION 1. 5. - Si M c A et N c
A,
nous dirons que/ est,
auvoisinage
deM,
localementéquivalente
à g auvoisinage
de N s’il existe desdifféomorphismes
h d’unvoisinage
de M sur unvoisinage
de N et kd’un
voisinage
dej’(M)
sur unvoisinage
deg(N)
tels que g o h= k 0 j:
On notera
f;
N.DÉFINITION 1. 5’. - Nous dirons
que f est,
auvoisinage
deM,
locale-ment
d-équivalente
à g auvoisinage
de N sif;
M "" g, N avec k = Id. Onnotera
f; M d
g, N.DÉFINITION 1.6. - Nous dirons que la fonction
j’
est k-déterminéeen a E !R" si
f; a ~
a, oùdésigne
ledéveloppement
deTaylor
dej’
en a
tronqué
à l’ordre k.LEMME 1. 8
(Mather).
- Si-4f/
c +-4Y/~ 1,
alorsf ~
est k-déter-minée en a.
Pour la
démonstration,
nous référons à[5] (théorème 2.6).
COROLLAIRE 1.1. - Si
/ est
de codimension finie c, alorsj’ est
au moins2(c
+1 )-déterminée
enchaque point critique.
270 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
Démonstration. - Ce corollaire découle de la formule
( 1. 5),
du fait que q c et du lemme 1.8.REMARQUE 1.1.
- Si j est
de codimensionfinie,
on a ci pourun certain
N,
enchaque point critique.
Cela permet de travailler modulo~â
lorsque
l’on cherche une base de ou de + Cequi
veut dire en faitqu’il
est suffisant de chercher cette baseparmi
lesgermes de
polynômes
dedegré
N.LEMME 1.9.
2014 Si f est
de codimensionfinie,
sespoints critiques
sontisolés et donc en nombre fini.
Démonstration.
Remarquons
d’abord que si(un)
et(vn)
sont deux suitesdisjointes
depoints
tous distincts de tR"qui
convergent vers a, il existe unefonction g
E telle queg(un)
= 0 etg(vn) =1=
0 pour tout n. Pour levoir,
on construit par récurrence une famille de boulesdisjointes B~
decentres Un, de rayons strictement
décroissants r n
etqui
ne rencontrentpas {un; n e ~ }.
Onprend
alorsest une fonction « en cloche » appartenant à
C(!R"),
nulle hors de laboule unité et
égale
à 1 sur unvoisinage
de 0.Supposons
maintenant que lepoint critique a de j
ne soit pasisolé, c’est-à-dire qu’il
existe une suite(an)
depoints critiques
deJ;
tousdistincts, qui
converge vers a. On extrait alors de(an)
une famille dénombrable de sous-suitesdisjointes
que l’on note Ceci esttoujours possible
à l’aide d’une
bijection
de Q sur N. A chacune de cessous-suites,
on associeune fonction
Jp
E construite defaçon
que = 0 si p ~ q. Cette construction estpossible grâce
à la remarque du début.Il reste à voir que les
gèrmes
en a des fonctionsf p
sont linéairementindépendants
modulo Soitune combinaison linéaire de ces fonctions et supposons g E On a alors
sur un
voisinage
de a. Enparticulier, g(a~)
= 0 pour tout n assezgrand
et tout p. Or donc
~,t
= 0 pour tout i. Ceci prouve que la famille des classes moduloJf~
des( fp)~
estlibre,
èn contradiction avec le fait que est de dimension finie selon le lemme 1. 7.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
LEMME 1.10
(Sergeraert).
- La fonctionj’ est
de codimension finie si et seulement si elle admet un nombre fini depoints critiques a
pourlesquels
lescd(.f; a)
et~ a)
sont finis. Deplus,
on a alorsDémonstration. - Les lemmes
précédents
prouvent que sif est
decodimension
finie,
elle n’aqu’un
nombre fini depoints critiques
pourlesquels a)
eta)
sontfinis. Réciproquement, plaçons-nous
dansces conditions. Du lemme 1.4, on a
qui
est finie selon le lemme 1.7. Comme lapremière partie
du lemme est démontrée.Pour la deuxième
partie,
compte tenu du lemme1. 3,
il suffit de démontrer que -r-"""Bdans le cas où
f’(S) _ ~ b ~ .
Par définition de d =b), ( j’ - b)s
EJjs,
mais
tl- b)s-1 ~
Si g EIJ;
on adonc
modulo
Jfs.
Alorset l’on arrive à
ce
qui
suffit pour terminer la démonstration du lemme.De même, nous
pourrions
démontrer le lemme suivant.LEMME 1. 10’. - La fonction
/ est
de d-codimension finie si et seulement si elle admet un nombre fini depoints critiques a
pourlesquels
lesa)
sont finis. On a alors
Vol. 3 - 1976.
272 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
En
particulier, Cd(j’)
est fini si et seulement sic( f ’)
l’est.Démonstration. -
Supposons
quef i, ...,j~
forment une base de+ Toute fonction À E
c(~n)
s’écritalors,
sur un voisi-nage de
a’,
Ainsi
et les
f; o h,
i =1,
..., c,engendrent
+ car toute fonctionde
C(!R")
peut s’écrire selon À o h auvoisinage
de a. Parsymétrie,
on voitque
c(j a) =~(/’, a’).
Un raisonnementanalogue
amène àa’).
Par le lemme
1. 7,
on a finalement quea)
=d( f’, a’).
Cequi
démontrele lemme.
On déduit de ce lemme que si g, alors
c(/)
=c(g)
etCd(j’)
=EXEMPLE 1.1. - Dans le cas n =
1, a)
= i si et seulement siEn
effet,
par la formule deTaylor,
cette dernière condition estéquivalente
à ...
avec 0. Les
difféomorphismes
locaux h : x H(x -
etk : y
2014~ 2014/(~) échangent j/
auvoisinage
de a, et la fonction xi + 1 : x - x’~ ~ 1au
voisinage
de 0. Alorsd’après
le lemmeprécédent,
on acd( f; a) = 0)
et
a)
=d(xi+ 1, 0).
Or dans le cas oùj’(x)
=xt+ I, J f
est l’idéalengendré
par Xi et il est clair que les germes des fonctions
1,
x, ...,l forment
une base de d’où
a)
= i.Comme de
plus
x’~ 1 EJf; a)
= 1. Il s’en suit que pour toute valeurcritique
b on ab)
= 1 etoù
est le nombre de valeurscritiques.
Revenons au cas où n est
quelconque.
Travaillant àéquivalence près,
nous pouvons supposer que a = 0 et que
j.(a)
= 0. Nousdésignerons par fq
lepolynôme
des termes dedegré q
dans ledéveloppement
deTaylor de f ’
auvoisinage
de 0.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
LEMME 1.12. - Si
f 2
est une formequadratique
de rang n - p et d’in- dice i(nombres
designes -
dans unedécomposition
encarrés),
alorsoù v est une fonction des p
premières
variables dont ledéveloppement
de
Taylor
commence par des termes dedegré
au moins 3.Il existe
plusieurs
démonstrations de ce lemme dans lalittérature ;
on pourra en trouver une dans
[5] (lemme 5.12).
LEMME 1. 13. - Le
point a
sera unpoint critique
nondégénéré
dej’
si et seulement si
a)
=0,
et dans ce casa)
=a)
= 1.Démonstration. Si a est
critique
nondégénéré,
le rang def 2
est n et,d’après
le lemmeprécédent,
on peut raisonner avecau
voisinage
de 0. AlorsJJ~
est l’idéalengendré
par x l’ ..., xn : c’estJl{o,
et le résultat suit
puisque
R.Pour la
réciproque,
supposons que a estcritique dégénéré.
On peut alors travailler avec, ,
p >
1,
auvoisinage
de0 ;
d’oùJf0
estengendré
par les germes de Alors0)
=0),
car tous les monômes contenant l’une des n - p dernières variables sont dansJfi (cf.
remarque1.1 ).
Il est clair que 1 et Xi 1au moins sont
indépendants
moduloJvo
dansCo(RP),
car lespolynômes
n’ont pas de termes de
degré
inférieur à 2 pour i = 1, ..., p ; alors0)
> 1. Or si0)
=0,
la formule(1.5)
amène à etdonc,
en
particulier,
à0) 1 ;
d’où contradiction et on a0)
> 0. Cequi
termine la démonstration du lemme.De ce lemme nous pouvons tirer le résultat suivant : si b est une valeur
critique
de/ correspondant
au seulpoint critique a
et si a est nondégénéré,
ce
point critique n’ajoute
pas de codimension ày.
Cela résulte clairement de la formule de calcul dec( f’)
établie par le lemme 1.10. Enparticulier,
une fonction de Morse est de codimension 0. Nous
appellerons point.s critiques
déterminants def ~
l’ensemble de sespoints critiques
autres que ceux-là. Un exercice amène à voir quej’
nepossède
pasplus
de2c(/) points critiques
déterminants. De même il estclair,
par le lemme 1.10’,que
/
nepossède
pasplus
de + 1points critiques.
2.
DÉPLOIEMENTS
VERSELSDÉFINITION 2.1. - Un
déploiement de f ’E
relatif à un compact M de dimension k en 0 est uneapplication
x 6 -R,
où L est unVol. XXIV, 3 - 1976.
274 J.-G. DUBOIS, J.-P. DUFOUR ET O. STANEK
voisinage
de 0 dans et G unvoisinage
de M dansqui
à(u, x)
E rc x G associeF(u, x)
de sorte queF(0, x)
=j’(x)
pour tout x dans M.La donnée de F est
équivalente
à la donnée duchamp
de fonctionsu -
F~ ;
on peut aussi considérer que F est une déformation à k para- mètresde f.
A toutdéploiement F,
nous associeronsl’application F
définiepar
F(u, x) = (u, F(u, x))
à valeurs dans ~~ x R.Soit G :
(v, x)
-G(v, x)
un autredéploiement
dej’ relativement
à M en 0, mais de dimension s
qui
peut être différentede k,
et soit p : [R’, 0 - 0 uneapplication locale,
c’est-à-dire définie sur unvoisinage
de 0 et telle que
p(0)
= 0.DÉFINITION 2.2. - Nous dirons que G est induit par F à l’aide
de p
s’il existe un
diagramme
commutatifoù l et l’ sont des
voisinages
de 0respectivement
dans 1R5 et é et G’des
voisinages
de M dans "1/ et "1/’ desvoisinages respectifs
deG( {0 }
xM)
etF( { 0}
xM)
dans R. Onimpose
en outre queH(v, x) = (p(v), h(v, x))
E IRk xtR",
queK(v, y) = ( P(v)~ k(v, y))
E IRk x R(c’est
dire que H et K conservent les fibres des fibrations triviales(u, x)
- uet
(u, y)
-u),
où lesh"
sont desdifféomorphismes
d’unvoisinage
de Msur un
voisinage
de M pour tout v E rc avecho
= Id et lesk"
des difféo-morphismes
d’unvoisinage
deG"(M)
sur unvoisinage
de avecko
= Id.Remarquons
que G est induit par F à l’aide de p siGv,
M ~ M pour tout vproche
de 0 et que lesdifféomorphismes hv
etkv qui
réalisent cetteéquivalence dépendent
différentiablement de v.DÉFINITION 2.2’. - Nous dirons que G est d-induit par F si G est induit par F et si de
plus kv
est pour tout v une translation. Lediagramme (2 .1 )
ainsi obtenu sera alors dit du type(2.1’).
DÉFINITION 2.3. - Nous dirons que le
déploiement
F estéquivalent
au
déploiement G,
et noterons F ~ G(rel. M)
ou F ~G,
s’il existe undiagramme
du type(2 . 1 )
où H et K sont desdifféomorphismes (ou,
cequi
revient au même, p est un
difféomorphisme local).
DÉFINITION 2.3’. - Si de
plus
lediagramme
est de type(2. l’), on
diraque le’
déploiement
F estd-équivalent
audéploiement G ;
on écriraF d
G.Notons que F ~ G ou
F d
G entraîne que s = k. Nous définirions lesdéploiements de f ~
en Uo E IRk de manièreanalogue
enremplaçant partout 0
par uo. Dansles diagrammes
du type(2 .1 ),
il faudrait alors. ~Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
imposer
que p envoie vo sur uo, etc. Sauf mention ducontraire,
tous nosdéploiements
seront considérés en 0.DÉFINITION 2.4. - Un
déploiement
F def’
sera dit versel(resp. d-versel)
si tout autre
déploiement
de/
peut être induit par F(resp.
d-induit parF).
REMARQUE 2.1. - On réservera le terme universel
(resp. d-universel)
aux
déploiements
versels(resp. d-versels)
de dimensionminimale,
i. e. àceux dont la dimension est la codimension
(resp.
lad-codimension)
de_f1
En
effet,
on pourra voirplus
loin que lesdéploiements
versels ne sont pasuniques.
DÉFINITION 2 . 5. - Un
déploiement F(u, x) de f ’
de dimension k en 0sera dit
infinitésimalement
versel(resp. infinitésimalement d-versel)
si lesclasses des k fonctions
(ôF/au 1 )o,
...,(ôF/ôuk)o
moduloJf + If (resp.
J/-+ [ 1] ) engendrent
+If) (resp.
+[ 1])).
On remarque que si
f’ admet
undéploiement
infinitésimalement versel(resp.
infinitésimalementd-versel)
de dimensionk, ~ / est
de codimension c(resp.
de d-codimensionCd)
k.THÉORÈME I. - Si F et G sont deux
déploiements
infinitésimalement versels(resp.
infinitésimalementd-versels)
def’
de mêmedimension,
alors ils sontéquivalents (resp. d-équivalents).
Les trois sous-sections
qui
suivent sont destinées à démontrer cethéorème.
2.1. Préliminaires
algébriques
Soient ~ :
R - S unhomomorphisme
d’anneaux commutatifs etunitaires,
1 et J des idéaux de R et Srespectivement
tels que cJ, 4>’ : S/J l’homomorphisme
évident induit par~.
Si a : A - Cest un
homomorphisme (de groupe)
entre le R-module A et le S-moduleC,
on dira que ce est
au-dessus de 03C6
sia(ra) =
pour tout a E A et r E R.DÉFINITION 2.6
(Tougeron [8] ).
- Nousdirons
que4>’
est une contrac-tion
adéquate de 03C6
si pour tout R-module A de typefini,
tous S-modules B etC,
C de typefini,
touthomomorphisme
oc : A - C au-dessusde ljJ
ettout
S-homomorphisme f3 :
B -C, l’hypothèse implique
LEMME 2.1 1
(Théorème
depréparation
deMather).
- Soient U et Vdeux variétés
différentiables,
N une sous-variété fermée deV, f’ :
U - Vune