A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J EAN -G UY D UBOIS J EAN -P AUL D UFOUR
La théorie des catastrophes. I. La machine à catastrophes
Annales de l’I. H. P., section A, tome 20, n
o2 (1974), p. 113-134
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113
La théorie des catastrophes.
I. La machine à catastrophes (*)
Jean-Guy
DUBOIS et Jean-Paul DUFOUR(**)
Département des Sciences Pures,
Université du Québec, Rimouski, P. Que., Canada
Ann. Henri Poincaré, ’ Vol. XX, n° 2, 1974,
Section A :
Physique théorique.
RÉSUMÉ. 2014 Nous
présentons
un modèlephysique
tiré de lamécanique
de
l’élasticité,
la machine àcatastrophes
deE..
C.Zeeman, qui
illustrebien la théorie des
catastrophes
de R. Thom.Ce système
est décrit parune
dynamique
detype gradient
contrôléelocalement
par~2.
Le contourapparent,
dansl’espace
decontrôle,
desdiscontinuités
d’état de ce sys- tème décrit localement unemorphologie cuspidée,
l’une desmorpho- logies archétypes
données par la classification de Thom desensembles
catastrophes.
Nous montronsexplicitement,
pour ce casparticulier, qu’il
existe undifféomorphisme qui échange topologico-différentielle-
ment la
morphologie cuspidée
locale de l’ensemblecatastrophe
de lamachine avec celle du
système canonique équivalent.
Nous nous attar-dons finalement à
quelques
énoncés fondamentaux de la théorie descatastrophes.
SUMMARY. - We
présent
aphysical
model based on mechanics ofelasticity,
the E. C. Zeeman’scatastrophe machine,
which is agood
illus-tration of R. Thom’s
catastrophe theory.
Thissystem
is describedby
a
gradient dynamic locally
controlledby ~2.
Theappearing
contour,in the control space, of the
system’s
state discontinuities describeslocally
a
cuspidal morphology,
one of thearchetypal morphologies given by
Thom’s
catastrophe
sets classification. Weexplicitly demonstrate,
in thisparticular
case, that there exists adiffeomorphism
whichtopologico-
(*) Travail partiellement subventionné par le Conseil National de Recherches du Canada.
(**) Présente adresse : Institut de Mathématiques, Université des Sciences et Techniques
du Languedoc, Montpellier.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A - Vol. XX, n° 2 - 1974 9
114 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
differentially exchanges
the localcuspidal morphology
of this machine’scatastrophe
set with that of theéquivalent
canonicalsystem. Finally,
we consider some fondamental
propositions
ofcatastrophe theory.
1.
INTRODUCTION
Pour les
phénomènes
naturelsqui s’expliquent
dans un contexte diffé-rentiel,
lessingularités
queprésentent
lesapplications
différentiables devraient se retrouver dans les modèlescorrespondants
comme des arché-types
soutenant lescomposantes significatives
de ceux-ci. Dans la ter-minologie
de René Thom[1], lorsque plusieurs
actantsagissent
sur lemême
substrat,
ilspeuvent
entrer enconflit,
d’où la création de cata-strophes (ou
discontinuitésd’état).
Pour unedynamique
detype gradient,
un ensemble
catastrophe correspond
au contourapparent
dessingula-
rités d’un
champ
depotentiels qui
sedéploie
surl’espace
substrat. Lathéorie des
catastrophes
de René Thom[2], [3], qui provient
de la théoriedes
singularités
desapplication
différen tiables[4],
classifie defaçon
exhaustive pourR4
lessept catastrophes
élémentaires nontopologico-
différentiellement
équivalentes qui
seprésentent
pour lesdynamiques
localement
engendrée
par ungradient
depotentiel.
Cette théorie déboucheainsi sur l’étude
mathématique des morphologies qui
se manifestent dansl’espace-temps.
Une
façon
de nousfamiliariser
avec cette théorie est deprésenter
unmodèle
physique qui
l’illustre bien. De l’étude de ladynamique
de lamachine à
catastrophes
de E. C.Zeeman,
nous induirons les donnéesde base de celle-ci. Cet
exemple
estparticulièrement
bien choisipuisque
le contour apparent, dans
l’espace
de contrôle de cettemachine,
de sesdiscontinuités d’état
présente
localement desmorphologies cuspidées
et que ce
type simple
demorphologie
estjustement
fourni par la théorie descatastrophes.
2. DESCRIPTION
ET FONCTIONNEMENT DE LA MACHINE
Pour illustrer ses conférences sur la théorie des
catastrophes,
le Pro-fesseur E. C. Zeeman
[5]
inventa unsystème physique qui
tient de la méca-nique
del’élasticité, système qu’il appela
« machine àcatastrophes
».Voici le mode
d’emploi
pour la construction et le fonctionnement de cette machine. A unetige
mobile autour d’unpoint
fixeA,
sont attachésen B deux
élastiques,
delongueurs respectives
oc et{3,
dont l’extrémité de l’un est fixée enC,
et del’autre,
mobile dans leplan.
L’état dusystème,
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
FIG. 1. - La machine à catastrophes.
l’angle
0 de rotation de latige,
est contrôlé par le bout mobile de l’élas-tique ~3,
dans ce sensqu’un
contrôle(y, z)
donné dans leplan implique
un état 8 du
système.
Dans une
région
duplan,
un contrôle fixén’implique qu’un
étatd’équi-
libre stable
possible
dusystème ;
tandis que dans une autre, il en détermine deux. Les frontières de ces domaines sont délimitées par l’astéroïde de lafigure
1 : un étatd’équilibre
stablepossible
à l’extérieur de l’astéroïde etdeux à l’intérieur.
Lorsque
lespoints
de contrôle suivent un chemin trans-verse à
l’axe-z,
à la sortie del’astéroïde, plus précisément
à la brancheopposée
de la branched’entrée,
lesystème change brusquement
d’état.C’est le contour
apparent,
dans leplan
decontrôle, correspondant
à cesdiscontinuités d’état ou
catastrophes qui
nous fournit lesmorphologies cuspidées
locales de l’astéroïde. Ils’agit-là
d’unemorphologie archétype
de la nature que nous retrouvons, entre autres, dans les ondes de choc de la
dynamique
des fluides et dans lescaustiques
del’optique.
Vol. XX, n° 2 - 1974.
116 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
3. LE
MODÈLE PHYSICO-MATHÉMATIQUE
L’étude de la
dynamique
de la machine àcatastrophes
nous introduiraau c0153ur de la théorie des
catastrophes.
Cettedynamique
est décrite à l’aide d’un espace de contrôleC, paramétré
localement par(y, z)
E et d’unespace
d’état,
le cercleSI paramétré
localementpar 03B8
E M. Pour un contrôlefixé,
lesystème adopte
l’étatd’équilibre qui
minimisel’énergie potentielle
Vdes
élastiques
tendus. Cesystème
est suffisammentdissipatif
pour êtredécrit par une
dynamique gradiente.
Considérons le cas
particulier
où AB =1,
AC = 3 et où lalongueur
des
élastiques
relâchés est 1. Par la loi deHooke,
où a
et 03B2
sont leslongueurs
desélastiques
tendus et k le module d’élas-ticité. Les
longueurs
aet 03B2 dépendent
desparamètres
y, z et 6. Ainsi V est une fonction duproduit
del’espace
de contrôle C parl’espace
d’état Xdans
[R,
V : C x X ~ !R. Enfait,
nous n’avons pas une fonctionpoten- tielle,
mais unchamp
de fonctionspotentielles :
àchaque couple
decontrôle
(y, z)
= CEC, correspond
une fonctionpotentielle
X -~ IR.Pour un contrôle C
fixé,
les étatsd’équilibre
stablespossibles
dusystème
sont les () E X
qui correspondent
aux minima deVe.
Il reste à lever une indétermination :
quel
est le minimum deVe qu’adopte
le
système
dans le cas où il s’enprésente
deux ? Nous en convenons parune convention dite « du retard
parfait » :
l’étatd’équilibre
stable dusystème correspond
au minimum local deV. jusqu’à
destructioncomplète
decelui-ci. Il y a donc conflit en Co
lorsque
le minimumcorrespondant
à l’étatd’équilibre
est détruit par collision avec unmaximum,
c’est-à-dire siVeo présente
une inflexioncritique (horizontale) qui
annihile le minimum de l’état. Lerégime régnant
en unpoint
cdépend
donc de l’histoire de cepoint.
Parexemple,
si on parcourt uneparallèle
àl’axe-y
dans le sens des ycroissants,
lerégime
local associé aux yen-deçà
de la branche degauche
de la
cuspide subsistera, après qu’on
aurapénétré
à l’intérieur decelle-ci, jusqu’à
la branche de droite-qui
est l’endroitoù
il seproduira
une discon-tinuité d’état. Tandis
qu’il
ne seproduira
aucun saut d’état si on traversel’astéroïde selon une
parallèle
à l’axe-z.Que
la convention du retardparfait s’applique
à ladynamique
de lamachine à
catastrophes
repose évidemment sur une notion de stabilité.En
fait,
sur une notion de stabilité due àLjapunov :
unsystème
est asymp-totiquement
stablesi, après
uneperturbation
suffisammentpetite,
il tendà revenir à son état
d’équilibre. Ainsi,
pour un contrôle fixé à l’intérieur del’astéroïde,
uneperturbation
de l’étatd’équilibre (en appliquant,
parAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
exemple,
une force instantanée aupoint
B de latige AB) qui
n’est pas assezgrande
pour vaincre la barrière depotentiel qui sépare
le minimum del’état
d’équilibre
actuel du minimum de l’étatd’équilibre possible
ne pro- duira pas decatastrophes
d’état.4. LE
MODÈLE CANONIQUE ÉQUIVALENT
Nous nous restreindrons à une étude locale du
champ
depotentiels,
c’est-à-dire à un domaine de contrôle au
voisinage
dupoint cuspide (point
de rebroussement de
première espèce) (0, zo)
tel que l’état 6 soit suffisam- mentpetit
pourdévelopper
en série la fonctionpotentielle correspondante
autour de 03B8 = 0.
Remarquons
que lacomposante
y = 0 de cepoint cuspide
nous est donnée par la
symétrie
dusystème.
Une étude semblablepourrait
être menée au
voisinage
dupoint cuspide symétriquement opposé.
Exprimons
d’abord ocet 03B2
en fonctionde y,
z et 6 : commedans le cas
particulier
où AB = 1 et AC = 3. En substituant dans( 1 ),
nous obtenons une
expression
pour Par undéveloppement
ensérie de
Taylor
de autour de 0 =0,
nous avons où118 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
avec a =
y2
+(1
+z)2.
Notons 0 pour(~,z) ~ (0,
-1).
Parconséquent,
lepoint (0,
-1)
ne doit pas êtrecompris
dans le domaine de contrôle considéré. De toutefaçon,
cepoint
n’est pasphysiquement
unpoint
decontrôle,
comme tous lespoints
dudisque
de rayon unité cen- tré en(0, - AB).
Déterminons la
valeur
descoefficients ~
aupoint cuspide (0, zo).
Indi-quons d’abord la condition
qui
détermine la composante Zo de cepoint.
Sousles
hypothèses
énoncéesplus haut,
c’est-à-direqu’un point
de contrôle est unpoint catastrophe possible
siV~o présente
unpoint critique dégénéré,
et par le fait
qu’au point cuspide
choisi9 = 0,
cette condition est comprise dans la relationCeci
implique
queLa
composante
Zo dupoint cuspide correspond
à la racinepositive
de
(5b). Ainsi,
aupoint cuspide,
Le but que nous
poursuivons
est deréduire,
sanschanger qualitative-
ment la
dynamique
de notresystème, l’expression
de à une formecanonique simple.
Les transformations etl’approximation
utilisées serontjustifiées
paraprès.
Par une transformation linéaire sur6,
il estpossible
d’éliminer le terme du troisième ordre et de réduire le coefficient du terme du
quatrième
ordre à une constante dans(4a).
Soitalors
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
où
Nous éliminons les termes
indépendants
de x par une translation surles valeurs de la fonction
potentielle :
où M =
u(~,z),
t; =u(~,z),
=w~-~(~,z).
Latransformation
déterminée par
(8b, c)
est localement undifféomorphisme puisqu’elle
estlocalement de classe Coo et que son
jacobien J(h)
en(0, zo)
est non-nul(théorème
de la fonction inverse(A) (*)) :
Ainsi il existe un ouvert autour de
(0, Zo) où y
et z peuvents’exprimer
commefonction
(de
classe de u et u. Sur cet ouvert, = oùavec =
v).
Au lieu deparcourir
localement dansl’espace
de contrôle l’indice c du
champ
des fonctionspotentielles
à l’aide des variables y et z, nous le ferons par les variables u et v. Nous obtenons finalement une formecanonique
pour lechamp
des fonctions poten- tielles entronquant
lasérie (11)
auquatrième
ordre en x :(*) (A) réfère à l’appendice.
Vol. XX, n° 2 - 1974.
120 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
Les états
d’équilibre
stablespossibles
dusystème canonique
sontdonnés
par les x E IR
qui
rendent minimum. Nous les retrouvons donc dans l’ensemble despoints critiques
de c’est-à-dire dansLorsque
nous parcouronsl’espace
decontrôle,
la famille de cespoints
forme une surface M c:
(~2 (1R2
x IRparamétrise
localement C xX)
donnée par
Le
graphe
de cette surface est tracé à lafigure
2.ligne de pli .
FIG. 2. - La surface des points critiques.
Explorons
lechamp
des fonctionspotentielles V û,L,~ .
Le discriminant de lacubique ( 13)
est donné parc’est-à-dire
parEn éliminant x de
( 14b)
et de( 14c),
on obtient laparabole semi-cubique
Elle n’est autre que la
projection
dans leplan
de contrôle de l’ensemble despoints critiques dégénérés
des fonctions c’est-à-dire deslignes
de
pli
et dupoint
fronce de la surface Mauxquels correspondent
respec-Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
inflexion
crit ique
inftexion non critique
FIG. 3. - Ensemble catastrophe et champ des fonctions potentielles.
tivement les branches de la
parabole semi-cubique
et sonpoint cuspide.
Insistons sur les faits
qu’à
l’intérieur decelle-ci,
c’est-à-dire pourV~ ~) présente
deux minima et unmaximum ; qu’à l’extérieur,
c’est-à-direpour { (u, v)
E1R2 ; 4u3
+27v2
> 0}, V~ ~
neprésente qu’un minimum ;
et
v)
E(~2 ; 4u3
+27v2 - 0,
u0}, possède
un mini-mum et une inflexion
critique.
Les résultats de notreexploration
sontillustrés par la
figure
3.Si on parcourt une
parallèle
àl’axe-v,
u = -uô,
dans le sens des v crois-sants, le
régime
local associé aux ven-deçà
de la branche d’entrée de laparabole semi-cubique
subsisterajusqu’à
la branche de sortie de celle-ci.Dans
l’espace ~2
xtR,
nous parcourons alors la branchesupérieure
del’hystérésis
d’action de lafigure
2. Sous la convention du retardparfait,
rendu à la
ligne
depli,
l’état chute à la feuille inférieure de M : c’est ici que se situe lacatastrophe
ou discontinuité d’état.L’hystérésis
d’actionVol. XX, n° 2 - 1974.
122 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
est
complétée
par le parcours inverse. Le contour apparent(l’ensemble catastrophe)
dans C de cesdiscontinuités
d’état est ainsi localement donné par laparabole semi-cubique ( 15).
Une
question fondamentale
dupoint
de vue de la théorie des cata-strophes
se pose ici. D’où vient que les transformations de etl’approximation subséquente
duquatrième
ordre nous fournissent tou-jours
unemorphologie cuspidée ?
Cette invariancetopologico-différen-
tielle de l’ensemble
catastrophe provient
d’uneéquivalence
« entre lesfonctions
potentielles considérées ».
5.
DÉMONSTRATION
DEL’ÉQUIVALENCE
Soient
f et g
deuxapplications
de classe Coo de [R" dans I~m.DÉFINITION 1. - Les
applications f et g
sontéquivalentes, f ~ g,
s’il existe deux
difféomorphismes h
et k de [R" dans Rn et de Rm dans [R""respectivement
telsque k
0f
= g o h. Cequi
revient à dire que le dia- gramme suivant est commutatif:DÉFINITION 2. Les
applications f et
g sont localementéquivalentes
au
voisinage
de x et x’ Ef,
x - ~x’,
s’il existe desvoisinages
ouverts U de x et U’ de x’ tels que les restrictions
de /
à U et de g à U’soient
équivalentes,
c’est-à-dire tels que lediagramme
suivant soit com-mutatif :
oû h est un
difféomorphisme qui
envoie x sur x’ et k est la restriction d’undifféomorphisme
local.Illustrons cette définition de
l’équivalence
locale entre deux fonctionsen
l’appliquant
aux cas deOn vérifie d’abord que
V
est localementéquivalente
àAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
c’est-à-dire que
V, (0,
Zo,0) ~ 2, (0,
zo,0) :
où z,
0) = (~,
z,x),
avec x donné parl’éq. (7),
et oùK 1 (y,
z,t) = (~,
z,t’)
avec t’ = t -
( 2014 ~- ). Il existe un ouvert U1
c ~2
x ~,
contenant
le
point (0,
zo,0),
surlequel H1 est
undifféomorphisme puisque son jaco-
bien en ce
point
est non-nul :Il en est ainsi de
K1
surV(U 1)
c(I$2
x IRpuisque
pour tout 11 reste a vérifier que V est localement
équiva-
lente à
y3,
c’est-à-dire quey2, (0,
Zo,0) ~ y3, (0, 0, 0) :
où
H2( y,
z,x) = (u, v, x), K2(y,
z,t’)
=(u, v, t’),
avec u et v donnés par leséq. (8b)
et(8c).
Lesapplications H2
etK2
sontrespectivement
des dineo-morphismes
surU3
cU2
et unvoisinage
dey2(U3) :
zo,
x)
=J(K2)(0,
zo,t’)
=zo) -#
0(20)
pour tout x et
t’,
où est donné parPuisque V, (0,
Zo,0) - y2, (0,
Zo,0)
ety2, (0,
Zo,0) - V’. (0,0,0),
il existe un ouvert U
c U1
tel queV, (0,
Zo,0) ~ V3, (0, 0, 0) :
où et
Montrons
que h : (y, z)
~(u, v)
donné par leséq. (8b, c)
est le difféo-Vol. XX, n° 2 - 1974.
124 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
morphisme
local de(0, zo)
dans~2, (0, 0) qui échange
les ensemblescatastrophes
de V ety3.
L’ensemblecatastrophe
de V est défini par l’ensemble des(y, z) qui
satisfont àIl
s’agit
d’abord de dériver unepremière
foispar
rapport
à 8 :par
(22). Puisque
H est undifféomorphisme,
et par
conséquent
d’où
Dérivons maintenant une autre fois
(23)
parrapport
à 6 :De
(22), (26)
et(27),
on obtient queDonc si
(22)
détermine les conditions pour que(y, z) appartienne
à l’ensem-ble
catastrophe
deV,
alors(27)
et(29)
déterminent celles pour queh(y, z) = (u, v)
Annales de Henri Poincaré - Section A
appartienne
à celui dey3. Puisque
H est undifféomorphisme,
la réci-proque se démontre de
façon analogue.
Afin de montrer que
l’approximation (12)
duquatrième
ordre en xde ne
change
pasqualitativement
ladynamique
de notresystème,
dans le sens
qu’elle
est suffisante pour nous fournirtopologico-différen-
tiellement les mêmes
morphologies locales,
démontronsqu’il
existe undifféomorphisme
local de 0 dans[R2,
0qui échange
les ensemblescatastrophes
dey3
etV4.
Puisaue _ _
par le théorème de la fonction
implicite (A), l’équation (27)
estéquivalente
sur un
voisinage
ouvert de(u, v, x)
= 0 àoù p
est uneapplication
de classe Coo avecp(o)
= 0(le signe -
est intro-duit par
convenance).
Comme deplus
on vérifie que
et
Les relations
(33a, b) permettent
de montrer que lesapplications :
où
P(u, x)
= x + ux, d’ouverts U et U’ de~2
dans1R2
sont localementéquivalentes
en 0. Pour cela posonsainsi
Par le théorème de
préparation
deWeierstrass-Malgrange (A),
où g
et les g~, i =1, 2, 3,
sont desapplications
de classe Coorespectivement
d’un ouvert de
(~3
et de~2
dans!R,
avecg(0) 5~
0. On vérifie que les condi- tions(35) impliquent
queVol. XX, n° 2 - 1974.
126 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
i =
1, 2,
3. Prenant y =p(u, x),
onpeut
écrire sur unvoisinage
ouvertde
(u, x)
= 0(puisque
g estcontinue)
queSoient
Alors
l’éq. (38)
s’écritDe
plus,
on a ainsi lediagramme
commutatif suivant :où
x) = (h"(u, x), h’(u, x))
ety) = (k"(u, y), k’(u, y))
sont des difféo-morphismes
locaux de1R2,
0 dans1R2,
0. Pour vérifier que H est un difféo-morphisme,
il suffit de montrer que sonjacobien
en(u, x)
= 0 estnon-nul,
donc quer.,~" -,~..
C’est le cas,
puisque
l’on vérifie directement queet que l’on
peut
montrer, de lafaçon qui suit,
quePour
cela,
onexplicite (42J) :
Annales de Henri Poincaré - Section A
On
peut
d’abord supposer quecar si cela n’était pas on aurait
p,
0 ~p’, 0,
oùl’équivalence
est donnée par~’, qui
estl’identité,
et parPour p’ on a la condition volue ~p’ ~u
1
0 - 0 et vérifie 33a b si et seu-
Pour
p’
on a la condition voulue .~p’ ~u (0)
=0,
et pb)
si et seu-lement si
p’
le fait. Montrons maintenant que .Prenant la dérivée par
rapport
à u aupoint (x, u, y)
= 0 des deux membres de(36),
on apar
(44). D’où, puisque g~0~ ~ 0,
Ainsi si l’on
prend
maintenant les dérivées successives parrapport
à x et uau
point (x,
u,y)
=0,
on obtientpar
(33b) ;
d’où le résultat(47).
Parconséquent,
la relation(42d)
est vérifiée.On montre de
façon analogue
que Jf est undifféomorphisme : puisque
par
(39c)
et(48b),
quepar
(39b, d)
et(42d),
queVol. XX, n° 2 - 1974.
128 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
par
(39c)
et en dérivant parrapport
à y aupoint (x,
u,y)
= 0 les deux mem-bres de
(36),
lejacobien J(Jf)(0)
de Jf aupoint (u, y)
= 0 est non-nul.Le
difféomorphisme
local jf de~2,
0 dans~2,
0échange
les valeurscritiques
dep
etP puisque,
par la commutativité dudiagramme (41 ), (u, y)
=p(u, x)
est une valeurcritique
dep
si et seulement si Jf(u, y)
estune valeur
critique
deP. Puisque
les valeurs
critiques de P
sont déterminées par leséquations
qui
nous fournissentjustement
l’ensemblecatastrophe
deV4.
Pour atteindre le but
proposé,
il reste à montrer que les valeurscritiques
de
p correspondent
à l’ensemblecatastrophe
deV3.
Cherchons donc lesvaleurs
critiques
dep. Puisque
est donné par
(32),
alors(u, x)
est unpoint critique
dep
si et seulement siLa valeur
critique (u,
-v) correspondante
est telle queC’est dire que
(u,
-u)
est une valeurcritique
dep
si et seulement si(u, u)
est un
point catastrophe de V 3.
Nous avons donc montré que
(u,
-u),
est undifféomorphisme
local de~2, (0, zo)
dans~2, (0,0) qui échange
les ensem-bles
catastrophes
de V ety4.
Or c’estjustement
unepropriété
des difféo-morphismes
de conservertopologico-différentiellement
uneforme,
ence sens
qu’un difféomorphisme
n’éliminera pas lessingularités
d’une mor-phologie
et n’en introduira pas de nouvelles. On peut facilement le vérifiersur la
morphologie cuspidée ( 15).
Cette courbe peut separamétrer
de lafaçon
suivante :=
(M(~ v(t))
=( - 3t2, 2t3) . (58)
Elle
possède
commesingularité
unpoint
de rebroussement depremière espèce
en(0, 0) qui
est caractérisé par les dérivéesjusqu’au
troisième ordre de v à t = 0 :V(l )(0)
=0, v~ 2 ~(o) ~
0 et~(0)
non colinéaire àv~(0).
Onmontre directement que si 03B4 est un
difféomorphisme
deR2,
la courbeAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
est caractérisée de la même
façon :
et
non colinéaire à
v~(0), puisque J(~)(0) ~
0. Nous avons finalementjustifié
nos
hypothèses
dedépart :
que la loi deHooke,
sous la convention du retardparfait,
nous fournit pour la machine àcatastrophes
un ensemblecatastrophe qui
est localementcuspidé.
6 CLASSIFICATION DES
SYSTÈMES
GRADIENTSProposons
le modèle suivant pour unsystème qui
se conforme à unedynamique gradiente.
Un telsystème peut
se décrire à l’aide d’une variété de contrôle C(espace
des variablesexternes)
de dimension 4 et d’une variété d’état X(espace
des variablesinternes)
de dimension n : un contrôle fixé CE Cimpliquant
au moins un étatd’équilibre
XE X.Localement,
ladynamique
du
système
est décrite à l’aide d’une famille dechamps
de vecteurssur un ouvert U de [?"
qui
dérivent depotentiels Vc
par l’intermédiaire d’ungradient.
Autrementdit,
XE U ci
!R",
pour un c fixé dans un ouvert def~4.
Nous réduisons l’étude duchamp
x r--+ à l’étude de la fonctionpotentielle V c : U ~ fR,U
c [R".La
correspondance
cVc qui
définit unchamp
de fonctionspotentielles
est
supposée
continue : si c’ estproche
de c,Vc’
seraproche
deVc
en unsens
qu’il
reste àpréciser [6].
Pour un contrôle fixé c, les états
d’équilibre
stablespossibles
dusystème
sont les x E (~"
qui
rendentVc minimum ;
ils sont donccompris
dans l’en-semble des
points critiques
deVc,
c’est-à-dire dansLes minima de
Vc correspondent
aux attracteurs duchamp
de vecteursassocié. Dans
l’exemple
dusystème canonique
de la machine àcatastrophes,
pour
{ (u, u)
ER2 ; 4u3
+27v2 0},
il existe deux attracteurs dans R dont les bassins d’attraction(délimités
par unpoint)
sont deux demi-droites. Nous en donnons une illustration par la
figure 4,
dans le cas oû v o.Pour { (u, v)
E~2 ; 4u3
+27u2 - 0,
u0},
lechamp
de vecteurschange
de nature
topologique,
il y a bifurcation : passage d’un attracteur àVol. XX, n° 2 - 1974. 10
130 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
att racteu rs
FIG. 4. - Interprétation en termes de champ de vecteurs.
deux attracteurs ou
réciproquement,
selon que l’on entre ou sort respec- tivement de lafigure cuspidée.
Suivant le
système étudié,
unerègle permet
depréciser lequel
des minimade
Vc
détermine effectivement l’état dusystème.
L’une de cesrègles peut
être celleadoptée
lors de l’étude de ladynamique
de la machine à cata-strophes,
la convention du retardparfait.
Sous cetteconvention,
l’ensemblecatastrophe,
dont lespoints
sont dits despoints catastrophes
debifurcation,
est
compris
dans lespoints
de contrôle c E~4
pourlesquels Vc présente
un
point critique dégénéré,
c’est-à-dire dansoù
H(VJ(x)
est le hessien deVc
en x,Une autre
règle peut
être la convention de Maxwell : l’état dusystème
estcelui
qui correspond
au minimum leplus
bas. Cette conventions’applique,
par
exemple,
aux transitions dephase
dupremier
ordre enthermodyna- mique.
Sous la convention deMaxwell,
deuxtypes
decatastrophes peuvent
se
produire :
oubien, lorsque
cvarie,
le minimum leplus
bas deVc
est détruiten Co, ou bien les deux minima les
plus
bas ont des valeursidentiques
en Co.Dans les deux cas, le
système peut changer brusquement
d’étatquand
lecontrôle varie au
voisinage
de Co. Pour lepremier,
on dit que Co est unpoint catastrophe
debifurcation ;
pour ledeuxième,
que Co est unpoint catastrophe
de conflit.Nous nous attarderons pour terminer à la classification des
champs
de
potentiels canoniques régissant
lesdynamiques gradientes
contrôléesAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
localement par
~4.
Nous nous limiterons àquelques
énoncésfondamentaux, renvoyant
le lecteur à notre article[6]
pour une étude détaillée.Soit V :
(c, x)
)2014~ uneapplication
de classe d’un ouvert de[R4
x !R"dans !?. Par la
suite,
la lettreV,
avec ou sansindices, désignera
une tellefonction. A V on associe
l’application
V :(c, x)
)2014~(c,
d’un ouvertde
~4
x [R" dans0~4
x [R. Soient les formesquadratiques
avec et
avec
Le
symbole qi désignera
Funquelconque
desqi.
Nous définissons leschamps
de
potentiels canoniques
par les fonctionsNous dirons que V est du
type Vi
aupoint (c, x)
si l’on aV, (c, x) ~
0.PROPOSITION 1. - Il existe un ensemble de
fonctions,
dites les « bonnesfonctions », qui
sont dutype
de l’un desVi,
i =1,2, ..., 9,
enchaque point (c, x)
telles que(i)
toute fonction Vpeut
êtreapprochée
d’aussiprès
que l’on veut par une bonnefonction ;
(ii)
sous uneperturbation
assezpetite,
toute bonne fonction reste unebonne fonction.
PROPOSITION 2. Si V est une bonne fonction du
type Vi
en(c, x),
alorsVol. XX, n° 2 - 1974.
132 JEAN-GUY DUBOIS ET JEAN-PAUL DUFOUR
il existe un
difféomorphisme
local b deR4,
c dans0,
avec =0, qui échange les
ensemblescatastrophes
de V etV,.
La
proposition
2permet
une classification locale des ensembles cata-strophes
pour les bonnesfonctions,
tandis que laproposition
1 affirmeque nous
classons
ainsi les ensemblescatastrophes
pour presque toutes les fonctions V.Remarquons
que les ensemblescatastrophes
correspon- dant àVI
etV2
sont vides. Les autresVi,
i =3, 4,
...,9,
donnentrespecti-
vement les
ensembles catastrophes
de bifurcation de la classification deThom,
lepli,
la fronce ou lacatastrophe
deRiemann-Hugo-
niot
(la cuspide),
la queued’aronde,
lepapillon,
l’ombilichyperbolique (la vague),
Fombilicelleptique (le cheveu)
et l’ombilicparabolique (le champignon). On
remarque aussiqu’au plus
deux variables d’état inter- viennent defaçon significative
dans lesexpressions
des «potentiels
cano-niques
». Ainsi pour unedynamique
detype gradient
contrôlée locale- ment par[R4, seulement
deuxvariables
d’état déterminentexplicitement
la
morphologie
de ladynamique.
Les bonnes fonctions V
qui
sont dutype V4
en(c, x),
parexemple,
sontcaractérisées
[6]
paret
pour un
couple (fj).
On vérifie bienqu’au point (0,
zo,0),
où Zo est donné par(5b),
la fonctionV(y,z,0),
dontl’expression
est donnée par(4a),
utili-sée lors de l’étude de la
dynamique
de la machine àcatastrophes
est unebonne fonction du
type V4 .
La méthodeheuristique qui
futemployée
pour déterminer laposition
dupoint cuspide
se trouve icipleinement justifiée.
Des
arguments
de stabilité(au
sens de la stabilité destructure)
nouspermettent
de penserqu’ainsi
nous classifions les ensemblescatastrophes
pour tous les
systèmes physiques qui
se conforment à unedynamique
gra- diente contrôlée localement par[R4
etqui
donnent lieu à desphénomènes
« assez stables » pour être
reproductibles.
Le choix de~4
pourparamétrer
localement la variété de
contrôle,
tout encorrespondant
àl’espace-temps,
est
justement
fait pour des raisons de densité desapplications
structurel- lement stables[7].
Il
paraît possible
ici de construire une théorie descatastrophes
pourd’autres
types
desystèmes dynamiques.
Un modèlegénéral
de la théoriedes
catastrophes pourrait
être le suivant. On se donne un espace r deAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section A
champs
de vecteurs sur une variétéd’état,
une fonction continue X d’une variété de contrôle C dans r et on munit r d’une relationd’équivalence ~ .
A
chaque
contrôle c dansC,
la fonction X associe l’élémentXc
dans r.Sur r nous avons une notion de stabilité : nous disons que 03B31 ~ 0393 est stable si tout
point 03B32
de r assez voisinde 03B31
estéquivalent à 03B31
par la relation ~.Ainsi un
point
de contrôle c est ditpoint catastrophe
si et seulement siXc
est instable. Untel modèle est intéressant pour le
physicien si,
pour destypes particuliers
dedynamiques,
onpeut
classifier lesmorphologies
queprésentent
localement les ensemblescatastrophes correspondants
pour presque toutes les fonctions X(les
bonnesfonctions).
Cette classification serait unguide incomparable
pour lephysicien qui
aurait à construire le modèledynamique
d’unsystème particulier,
d’autantplus
si ces mor-phologies
se manifestent surl’espace
substrat associé.REMERCIEMENTS
L’un des auteurs
(J.-G. D.)
remercie lesProfesseurs
R.Thom
et E. C. Zee-man pour certaines
discussions
etcorrespondances utiles,
ainsi que pour leurhospitalité
à l’Institut des Hautes EtudesScientifiques
de Bures-sur-Yvette et au
Mathematics Institute, University
ofWarwick, Coventry.
Vol. XX, n° 2 - 1974.