A NNALES DE L ’ UNIVERSITÉ DE G RENOBLE
P AUL L ÉVY
Le calcul symbolique et ses principales applications
Annales de l’université de Grenoble, tome 21 (1945), p. 41-56
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Le calcul symbolique
et ses principales applications
par M. Paul LÉVY (Paris)
(1).
1. Notions générales.
L’étude
méthodique
de chacune desopérations
considérées enalgèbre
ou enanalyse implique l’emploi
d’unsymbole qui
larepré-
sente. Une formule dans
laquelle
interviennentplusieurs
de cesopérations prend
alorsl’aspect
d’une relation entre lessymboles correspondants
et,plus
on avance dans l’étude de cesopérations, plus
il devient nécessaire de -considérer cessymboles
comme desvariables soumises à des
règles
de calculspéciales.
L’origine
du calculsymbolique
se trouve dans les notations de la théorie des groupes. Si 1 et Jdésignent
deuxopérations,
le résultat obtenulorsqu’on
les effectue successivement sur une fonction u estnaturellement
désigné
parJ~I(u)~
ou parI[J(u)]
suivantqu’on
commence par
l’opération
1 ou parl’opération J,
et il est naturel dedésigner l’opération
abstraite ainsi effectuée sur u par JI ou par IJ suivant l’ordre desopérations.
Il
peut
arriver que cesopérations
soientpermutables,
c’est-à-dire que l’on ait :(1)
IJ=JI.Tel est le cas si u est une fonction de deux variables x et y et que 1 et J
représentent respectivement
des dérivations ou desintégra-
tions par
rapport
à x et y.Un groupe est abélien si les
opérations qui
lecomposent
sont(1) Exposé didactique rédigé en 1944 à la demande du Directeur de l’Institut Polytech- nique de Grenoble.
toujours
deux il deuxpermutables.
Les calculssymboliques
effectuéssur les
opérations
de tels groupes sontfacilites ;
la notation 1"J’peut
alors être
employée
sansambiguïté ;
autrement il serait nécessaire tIedistinguer wz ± lt
~._-_ Ci~
-~- hopérations
différentes suivant dedistinguer
lz.ll. ’ ==CI,’
~. ~.opérations
différentes suivant l’ordre des facteurs.Les
puissances
d’une mêmeopération
sont deux à deux permu- tables. Elles forment un groupe abélien et lesrègles
du calcul desexposants
(2)
lIk ~ht+k (IhlFc
J Ikksont évidemment vraies. De
même,
si deuxopérations
1 et J sontpermutables,
toutes lesopérations
I’‘J‘(h
et k étant deux entierspositifs)
sont deux à deuxpermutables.
Elles forment un groupe abélien.L’emploi
de la notation I~‘suggère
tout naturellement l’introduc- tion desexposants négatifs
ou fractionnaires. Mais il conduit aussi à une extensionplus importante
du calculsymbolique.
Si(3) f (x)
-Clo+’Clix+- ...--.CGnxn+-
...est une fonction
analytique
de x,régulière
àl’origine,
il est naturelde poser :
(4) f (I Cco + CciI + ....+. anln +
...c’est-à-dire que
f(l") désignera
uneopération qui,
effectuée sur unefonction u, donne la nouvelle fonction :
OM -)-
ailu
-~- ... _-~-anin un
L’utilité de cette notation est évidente. Elle
permet
desimplifier
des calculs
qui pourraient
être autrement fortscompliqués
et souventde
suggérer
des méthodes de calculqui pourraient,
autrement, ne pas seprésenter
àl’esprit.
Ainsi,
considéronsl’équation :
(5)
a-),Iu=v,où u est une fonction inconnue. Le calcul
symbolique
conduit toutnaturellement a la résoudre par la formule :
c’est-à-dire,
en utilisant ledéveloppement :
Cela
indique
que, si l’on substitue cedéveloppement
à u dansl’équation (5),
cetteéquation
est formellement vérifiée. Le calcul de vérification est le même que celui parlequel
on vérifie la formule :Naturellement,
cette résolution formelle doit êtrecomplétée
par l’étude de la convergence dudéveloppement (6) ;
cedéveloppement
ne donne une solution de
l’équation (5)
que s’il estconvergent.
Inversement, on ne
peut
déduire(6)
de(5)
que si î nlnrz tend vers zéro pour n infini : onpeut
donc seulement affirmer que la solu- tion(6)
del’équation (5)
est la seule solution pourlaquelle
),nlnatende vers zéro.
Ces
questions
de convergence seprésentent
bien différemment suivant que 1 est uneopération d’intégration
ou de dérivation.Examinons tout de suite trois cas
particulièrement importants
etqui
montrent bien les différentes circonstances
possibles.
Dans ces troiscas, u et v sont des fonctions d’une seule variable x.
Premier cas. - Le
symbole
lureprésente l’intégrale
Désignons respectivement
par C et M les bornessupérieures
deI (, y)
et dev (x)
pour obtenir0-- _ y -- x - X (X
étant uneconstante
positive donnée).
Pour xcompris
entre 0 etX,
on a :et il en résulte immédiatement que le
développement (6)
convergequel
que
soit ~ ;
il donne la seule solution del’équation (5)
pourlaquelle ta
soit borné(car
dans ce cas ?,nInZL tend vers zéro pour ~tinfini).
Telle est la
méthode,
trèssimple,
parlaquelle
Volterra a résolul’équation
de Volterra dedeuxième espèce
qui
est la formeexplicite,
dans le casconsidère,
del’équation (5).
Elle suppose essentiellement le noyau
I~(.x,, ~)
borné auvoisinage
de
l’origine.
Deuxième cas. - Le
symbole
1-iireprésente l’intégrale
à limitesfixes
Dans ce cas, les
inégalités (8)
sontremplacées
par lesinégalités
et la convergence du
développement (6),
comme celle de ,nl"u verszéro, ne sont assurées que pour ), assez
petit ;
il suffit que l’on ait1 , IC (b
-a)
1. La condition de convergence véritable sera d’ail- leurs engénéral ~î, _C î~o, B
étant une constantequi peut dépasser
i/C (b - a)-
L’équation
de Fredholm de deuxièmeespèce
ne sera donc résolue par la formule
(6)
quepour ~
assezpetit.
Sonintégration,
dans le casgénéral,
estbeaucoup plus
difficile que celle del’équation
de Volterra(g).
Il existe engénéral
des valeurs de A pourlesquelles
iln’y
a pas une solutionunique ;
suivant le choix de la fonction v, iln’y en
a aucune, ou bien il y en a une infinité.Troisième cas. -- Le
symbole
1représente
une dérivation par à x.Nous le
remplacerons
alors avecHeaviside,
par la lettre p, de sorteque le
développement (6) prend
la formep"v représentant
la nième dérivée de la fonction v. Cedéveloppement
est en
général divergent, quelque petit
que soit a. Il nepeut
converger dans un intervalle(a, b)
que si vy estégal
à une fonctionentière vérifiant dans tout le
plan
uneinégalité
de la forme :Il ne
s’agit
donc que de fonctions trèsparticulières.
Dans ce cas, onobtient pour
l’équation
différentielle:à
laquelle
se réduitl’équation ( i)
une solutionz(;)
de la forme(6)
c’est la seule pour
laquelle i." ‘l ~~
Il tende vers zéro pour ninfini,
.
c’est la seule pour
laquelle
/."- tende vers zéro pour niiiiini,
eece, n
qu’on peut
vérifier immédiatement aussi en observant que les autressont de la forme :
,r
o xl
+ C~~ ~, ~ .Si la fonction
v (x)
estquelconque,
onpeut,
avecHeaviside,
appliquer
le calculsymbolique
à la résolution del’équation ( i 3),
enintroduisant
l’opération :
-( 1 f~) IV (x) -- 0 ‘ v (y) y
qui
est l’inverse de la dérivationdésignée
par p.L’équation (13)
s’écrit alors, si
et se résout par la formule : -
où le
développement
considéré estconvergent. L’opération (14)
et, par suite, la formule
( )
rentrent dans lepremier
cas consi-déré
ci-dessus ;
iln’y
aqu’à prendre K(x, y)
-- 1 etremplacer
vpar - Iv.
L’examen de ces trois cas suffit à mettre en évidence une cir-
constance très
générale
etqui joue
un rôle considérable enanalyse : l’intégrale
est un outilplus
maniable que la dérivée ; ils’applique
àtoutes les fonctions continues et les
intégrations répétées
conduisentsouvent à des suites ou à des séries
convergentes,
cequi
n’est pas le cas pour les dérivationsrépétées,
même si elles sontpossibles.
2. Le calcul symbolique d’Heaviside.
Le
principe
de ce calcul consiste àdésigner
par pl’opération
dedérivation par
rapport
à une variablequi,
dans lesapplications,
serasouvent le
temps.
Desopérations d’intégration
ou de dérivationplus
ou moins
complexes
seront alorsdésignées par f(p’).
Pour les raisonsqui
viennent d’êtreindiquées,
on évitera dereprésenter
ces fonctionspar des
développements
ordonnés suivant lespuissances
croissantesde p, mais on utilisera des
développements
suivant lespuissances
croissantes de I ~
’
enreprésentant
ainsil’intégration
âpartir
d’une
origine
déterminée x~. De cette nécessité de choisir uneorigine
résulte évidemment que, si l’on a
toujours pIf’(x) --f-(=>,
C’est-à-dire
symboliquement pl
= 1, on aIpf(x) =f’~~~ -,~"(xo),
de sorteque l’on a
pl
==Ip
== i que si- l’ons’impose
de ne considérer que des fonctions dérivables et s’annulant àl’origine.
Indiquons quelques aspects
etquelques applications
de ce calculsymbolique
d’Heaviside.10
Intégration
et dérivationd’ordre fractionnaire.
ou, en intervertissant l’ordre des
intégrations,
effectuant cellesqui
ne contiennent pas
f(x)
etremplaçant
x~par ; ;
Cette formule conduit tout naturellement à la définition de
If(x),
pour
n’importe quel exposant positifs,
par la formule -On déduit aisément des
propriétés
connues desintégrales
eulé-riennes et notamment de la formule
que l’on a bien
(17)
de sorte que les
règles
du calcul desexposants s’appliquent
àl’opé-
ration 111..
On en
déduit,
si n est un entierC
x que47
et si r~ ’> a, cette formule
peut
êtreprise comme
définition de Î~ -IIqu’on peut
aussireprésenter
parl~"--k. L’opération
ainsi définie estparfois appelée
dérivée d’ordre(fractionnaire)
ic - x. Celte expres- sion estcommode,
maisimpropre
en ce sens que le caractère de ladérivée, qui
nedépend
que de 1 allure locale de~~’(w),
ne s’étend pas àelle ;
;I". f’(x),
si ~’ _ ~: - ~a estnégatif
et non entier,dépend,
comme
I’f’(x)
pour 7.positif,
de toutes les valeurs def()
dans l’in-tervalle o, x.
Les notions de dérivée et
d’intégrale
d’ordres fractionnaires sontdues à Riemann
(i855) ;
le livre d’Heaviside est de1896.
Cette notion
s’applique
à la résolutiond’équations intégrales,
telles que
l’équation
Il suffit d’introduire un entier n
supérieur
à a. ; enposant ~ -- n
-zil vient :
et par suite : i
Si donc
l’équation (19)
estrésoluble,
sa résolution est donnée par la formule(20).
On démontre aisémentqu’il
en est ainsi sig (x)(x - xo)x
est borné pour x voisin de xo ; cette condition estd’ailleurs nécessaire pour
quef(x)
soit borné. Pour quef(x)
existeet soit
intégrable,
il suffit d’une condition moinsrestrictive ;
ilsuffit que
g (x)(x
-xo)"
soit borné pour au moins une valeur de Y,’supérieure
à ~. - i.Le fait que
I’f(x),
sif(x)
est borné et non nul soit de l’ordre degrandeur
de(x - x,)-
a de nombreusesapplications.
Grâce à ce fait,l’opération
I"permet
de mettre en évidence l’ordre degrandeur
def(x)
auvoisinage
de xo. Dans sathèse,
M. Hadamard aappliqué
cette méthode à l’étude des
singularités
des fonctionsanalytiques.
Dans un mémoire
publié
en1923
dans le Bulletin des sciencesmathématiques, Paul’Lévy
aindiqué
unegénéralisation
dusymbole
1" et son
application
à la résolution de nouvelleséquations
inté-grales.
20
L’équation intégrale
deLaplace
et Carson.Pour la fonction ePr,
l’opération p équivaut
à unemultiplication
Ixr l. il est alors naturel de définir les
opérations l~‘~f‘(~x)
e~l’‘(x)
pour
f()_-_-e’‘ les
formules :On vérifie
aisément,
si p estpositif,
que c’est bien cequi
donnela définition de
Riemann,
si l’onprend
;ra --- - c . Pour l’étude ducas où x~ est
quelconque,
nous renvoyons au mémoire cité de P.Lévy.
Ces remarques
peuvent
conduire à une nouvelle définition de la dérivée d’ordrequelconque
. Pour une fonction de la formeil est naturel de définir la dérivée d’ordre par la formule
et,
moyennant
certaines conditions deconvergence à l’origine,
ilsuffit de
remplacer ~
par - x pour définirl’opération
lu.Cette définition de la dérivation d’ordre non entier a été
indiquée
par Liouville
bien
avant le mémoire de Riemann. Elle n’a pas la mêmeportée
que celle deRiemann ;
elle nepart
pas des valeurs de la fonctionf(x)
et nes’applique qu’à
des fonctions d’une forme déterminée. On est alors conduit tout naturellement à se demander si une fonction donnéepeut
être mise sous cette forme.En
remplaçant
x par - t etsupposant t ccP (s)
de la formec (s) ds,
on est
conduit
à résoudreen (s) l’équation
deLaplace
à
où
~~(t)
est donné dans(o,
-t-oc).
Cette
équation
a faitl’objet
de nombreux travaux. La fonction~(t)
étantanalytique,
onpeut,
parprolongement analytique, définir (Io -i- iu)
et endéduire (s)
par la formule de FourierOn
peut
aussi remarquer que, si49
est une série entière et si les coefficients vérifient la relation
(26)
on a
(27)
de sorte que
t~ (t)
est une série entière eni /t,
à rayon de convergenceau moins
égal à
R.Inversement,
à une fonction de tholomorphe
etnulle à
l’infini, correspond
par les formules(2~)
et(25)
une fonctionentière associée
c?(s)
telleque (t)
soit de la forme(2 3).
Cette remarque est en relation étroite avec les travaux de E. Borel
sur la sommabilité des séries
divergentes.
Pour certaines valeurs de t extérieures au cercle de convergence de la série(2~),
ilpeut
arriver que
l’intégrale (23)
ait un sens et définisse la sommegéné-
ralisée de cette série.
On aurait naturellement une solution
plus parfaite
del’équation
de
Laplace si,
enpartant
des valeurs de~(t)
donnéespour
t réel etpositif,
on obtenaitc (s)
par desopérations
dequadrature
en nombrefini. On a pu croire
longtemps
que cela étaitimpossible.
G. Doetscha
pourtant
résolu ceproblème
en1936 ;
nous ne pouvons ici que renvoyer à son trèsélégant
mémoire.En
i g36, Tricomi (’)
a obtenu le même résultat pourl’équation
bilatérale de
Laplace
où
~(t)
est donné pour tout t réel.Revenons maintenant sur la relation entre
l’équation
deLaplace
et le calcul
symbolique.
Elle a été bien mise en évidence par Carson(dans
la revuetechnique
7he BellSystem, 1923;
éditée par l’Ame- ricanTelephon
andTelegraph Company).
Le livre deHeaviside,
d’une lecture assezdifficile,
était peu connu, sauf enAngleterre,
etce sont surtout les travaux de Carson
qui
ont attiré l’attention sur le calculsymbolique
d’Heaviside.Partons de la formule
(23)
etdésignons
par p la dérivation parrapport
à x - t. On a :(1) Math. Zeitschrift. t. l~o (1936). p. 72()--126.
et, pour
l’opération
définiepar la
fonctionJ’(y)
- -,c"n,
on a(30)
On voit donc que :
effectuer
sur~(t) l’opération représentée symbo- liquement parf(p),
c’estmultiplier
parf(s)
lafonction (s) qui
lui estassociée par
l’équation
deLaplace.
Carson a tiré un
grand parti
de cetterègle simple.
Nous ne pou-vons ici que
renvoyer à
son mémoire.Signalons aussi que
G. Doetscha
publié
en1936
un gros ouvrage surl’équation
deLaplace, qui peut
être utile à consulter sur ces
questions.
30
Intégration d’équations différentielles.
Le calcul
symbolique
d’Heavisides’applique
aisément à l’inté-gration
deséquations
différentielles à coefficients constants, ou du moins à la recherche d’une solutionparticulière
d’une telleéquation.
La méthode
généralise
celle que nous avonsappliquée
àl’équation (m).
Posons :
L’équation
s’écrit
symboliquement :
et conduit à
(33)
Or, si f(p)
a des racinesdistinctes,
il 1, r~, ..., rn, on a:et l’on est conduit a
interpréter
la formulesymbolique (33)
commereprésentant
la fonction :On a ainsi une solution
particulière
del’équation (32).
Ellepeut
encore,
compte
tenu de la formule(ï6),
s’écrire :Le calcul
symbolique
d’Heavisides’applique
aussi àl’intégration d’équation
aux dérivéespartielles
à coefficients constants, telles quel’équation
des cordes vibrantes oul’équation
destélégraphistes.
Celaest moins
simple ;
il faut introduire deuxsymboles différents,
p et q,qui représentent respectivement
les dérivations parrapport
à x et y.Nous renverrons pour ces
questions
aux travaux de Heaviside et deCarson. -
3. Le calcul symbolique de Volterra.
Ce calcul
généralise
considérablement celui de Heaviside. L’ex-posé
leplus complet
a été fait par Volterra dans sesleçons
sur lacomposition
et sur les fonctionspermutables rédigées par J.
Pérèset
publiées
chez Gauthier-Villars.La
composition
de deuxfonctions fl(, y) et, fz(x, y)
est, suivant lescas, définie par une des formules :
Dans les trois cas, nous
emploierons
avecVolterra
la notion sym-bolique :
et la nième
puissance symbolique
d’une fonctionf
serareprésentée
par -
L’étude du cas où l’on a :
c’est-à-dire où les deux fonctions
f(x, y) et, f.2(, y)
sontpermutables,
est
particulièrement importante,
pour les raisonsdéjà indiquées
au~
1. Lespuissances symboliques
d’une même fonction sont permu- tables entre elles.Un groupe de fonctions
permutables particulièrement important
est constitué par les fonctions
qui
nedépendent
que de la différence des deuxarguments.
Dans le cas de lacomposition
à limitesvariables,
la fonction
(40)
ou
plus simplement (40’)
ne
dépend
bien que de x -y,puisque
rien nechange si,
enajou-
tant une même constante à x et y, on
l’ajoute
aussi à z. D’autrepart,
enposant
x - z = y, on vérifie que lesfonctions fi et f2
sont
permutables.
La même remarque
s’applique
à lapermutation
à limitesfixes,
àcondition de considérer les fonctions
f1(u)
etf2(U)
comme définiesmême en dehors de l’intervalle
(a, b)
etayant
pourpériode
b - a.En
prenant
des fonctions depériodes
2r, la formule decomposition
devient :
ou,
plus simplement :
On remarque que, si l’on
représente
les fonctionsf, fs, f.~
par les séries de Fourierla formule
(41’)
donne immédiatement(43) CLn = ÛnCn.
Il en résulte que la
puissance
decomposition
d’ordre h def(x)
est(1) Voir à ce sujet les travaux de P. Lévy et notamment la notice sur ses travaux scien-
tifiques (Hermann, ig35). Rappelons que 27rf(X) --- ,a"e’nx est une notation employée
parce que la série de Fourier peut n’être pas convergente. Elle équivaut à
représentée
par la série de Fourieret si tous les a~ sont
positifs
ou nuls(ou
si on les met sous la formee°n+tn de manière que
an soit
défini sansambiguïté),
onpeut parler
des
puissances symboliques de f(x)
àexposants
non entiers.Dans le cas des limites
infinies,
on a de mêmeet, si l’on fait intervenir la transformée de Fourier
(45)
il vient :
(46)
Cette
formule,
comme la formule(43)
dans le cas des limites infinies,permet
de définir despuissances symboliques
d’ordres nonentiers.
Ces formules sont très
importantes
en calcul desprobabilités.
Siles fonctions
fi(x)
etf 2(x)
sont les densités deprobabilité
de deuxvariables aléatoires
indépendantes Xi
etX~,
la fonctionf(x),
définiepar les formules
(44)
ou(4 i)
suivant que ces variables sont définiessur une droite ou sur le cercle
trigonométrique,
est la densité deprobabilité
de la sommeX~
+X2.
Lefait, indiqué ci-dessus,
que la transformation de Fourier réduise les formules relatives à l’addition de deux variables aux formessimples (46)
et(43)
est naturellement fondamental(’).
La formule
(44)
et, parsuite,
la formule(46)
sont de même trèsimportantes
dans la théorie de la chaleur.Sifo(x)
est latempérature
initiale d’une barre isolée et de
capacité
et conductibilité constantes,(1) La fonction m(z) est la fonction caractéristique introduite par Cauchv, systématique-
ment utilisée par Paul Lévy. Pour les applicotions de la formule (43), voir son mémoire
de ig3g dans le Bulletin de la Société mathématique. Voir aussi l’application de formules analogues dans sa thèse (Paris, 191!) et dans son mémoire sur le cylindre de révolution (Rendiconti. d. circ. rnatemntieo di Palermo, IC ,)12)
au bout du
temps
t satempérature
sera(avec
des unités conve-nables)
Cette formule introduit
l’intégrale
deLaplace
et Gaussfondamentale tant en calcul des
probabilités
que pour l’étude de la chaleur. On voit que la fonctionintégrée
formée pour différentes valeurs de tcorrespond
à différentespuissances symboliques
d’unemême fonction. Elles forment un groupe abélien continu.
On remarque que les formules
(43)
et(46) permettent
immédia-tement de résoudre les
équations intégrales (~ï) et (44),
si l’on y considèref1 (ou f2)
comme la fonction inconnue.(Voir
sur cesujet
les travaux de P.
Lévy,
notamment sa notice de1935,
ceux deN.
Wiener,
et ceux de G.Doetsch.)
Le résultat essentiel de Volterra est
l’intégration,
par sa méthode de calculsymbolique,
de nouvelleséquations intégrales.
Si uneéquation : (49)
est résolue par
(50)
il en résulte que
l’équation (5~) )
est résolue par
(52)
Il
n’y
aqu’à porter
cetteexpression
dansl’équation (51);
l’iden-tification des deux membres
implique
les mêmes relations entre les an et lesbn
que la vérification del’équation (49)
parl’expression (50).
Ainsi, l’équation :
est résolue par
On remarque que, dans ces
formules,
n’interviennent que despuissances symboliques
d’une mêmefonction,
nécessairement per- mutables entre elles. Dans deséquations
où interviendraientplu-
sieurs fonctions
données,
il fautqu’elles
soientpermutables
pour quel’application
du calculsymbolique
soit commode.Pour
justifier
les formules(52)
et(54),
il reste às’occuper
desquestions
de convergence. On constate à cesujet,
entre le cas deslimites fixes et celui des limites
variables,
la différencedéjà signalée
dans les cas
particuliers
considérés au n° i.Si les limites sont
variables,
c’est-à-dire si lacomposition
estdéfinie par la formule
(35),
les formulesentraînent, pour tous les
produits
decomposition
des fonctionsfi, f,,
...,f,,
lamajoration
et la
présence
des factorielles en dénominateur assure la conver-gence des
développements
considérés dans lesapplications. Ainsi,
si la fonction y de x
définie ’par
la formule(49)
estholomorphe
àl’origine,
c’est-à-dire si les formules(l~g) et (50)
ont un sens pourx
et y
assezpetits,
lesdéveloppements (51)
et(52)
sontconvergents
pourvu que les fonctions
qui
yfigurent
soient bornées et, dans lechamp
des fonctionsbornées,
chacune de ces formules résout l’autre.Il n’en est pas de même s’il
s’agit
de lacomposition
à limite fixe.La formule
(56)
est alorsremplacée
paret la convergence des
développements (5 i )
et(5~)
n’est assurée que sif (x) 1 et lg(x)l sont
assezpetits.
Cela
explique
que, comme onpeut
le voir dans son ouvrage citéplus haut,
Volterra ait pu pousser l’étude de lacomposition à
limitesvariables
beaucoup plus
loin que celle du cas des limites fixes. Il anotamment, dans le cas des limites
variables, poussé
très loin l’étude de la recherche des fonctionspermutables
avec une fonction donnée.On
peut,
dans le cas de la formule(45), indiquer
une autremajo-
ration
qui s’applique
dans certains cas oùf(x)
n’est pas borné etqui présente
aussil’avantage
de s’étendre au cas des limites infinies.Si l’on a ~
pour
leproduit symbolique/(.)?)
des fonctionsfi(x), f?(;~), ... , fn(x),
on a:
et, en
particulier,
si tous les facteurs sontégaux,
on voit que(6o)
entraîne
(6~)
Si alors le
développement (49)
converge pour x assezpetit (donc
aussi
(4o)
pour y assezpetit),
ledéveloppement (5 i )
converge pourtoutes les fonctions sommables
pour lesquelles l’intégrale (60)
estassez
petite ;
comme alorsl’intégrale
est aussi
petite,
ledéveloppement (52)
converge aussi et l’onpeut toujours
affirmer que les deux formules(5i)
et(52)
se résolventl’une par