M. B ARBUT
Calcul des décisions - Calcul des espérances - Calcul des probabilités
Mathématiques et sciences humaines, tome 2 (1963), p. 15-24
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CALCUL DES DECISIONS - CALCUL DES ESPERANCES CALCUL DES PROBABILITES
M.
BARBUT
L’exposé
qui suit dépasse le cadre strict d’une introduction au Calcul des Probabilités; dans un cours à desétudiants,
on peut passer sous silencece qui est contenu dans la partie A - Mais il m’a semblé utile, dans la pré-
sente rédaction, de bien si tuer le Calcul des Espérances, et par suite le Calcul des Probabilités, dans le cadre plus vaste dans lequel il s’insère, celui des
règles
de décision.A · LA PREPARATION D’UNE DECISION
On dit que l’on a affaire à une décision en cas d’incertitude
lorsque
lesconséquences
de la décisionprise dépendent
d~un ensemble decirconstances,
y dlé- ventualités surlesquelles l’agent
de la décision n’a aucun moyend’agir,
sont
indépendantes
de ses propres décisions. Parexemple,
M. DUPONTpeut
acheter0,
ou1,
ou2,...
billets d’une loterie s’il décide d’enacheter deux,
les con-séquences
en seront uneperte (le prix
d’achat desbillets)
si aucun des billetsachetés n’est
gagnant,
ungain
dans le cascontraire,
et la valeur _de cegain
n’est pas la même suivant
qu’un seul,
ou les deux billets sontgagnants; dans
tous les cas, sa décision ne
change
en rien les résultats dutirage
au sort desbillets
gagnants.
La décision de s ~assurer pour une certaine somme sur le vol ou l’incendie se pose à peuprès
dans les mêmes termes. Par contre si Mm DUPON, est marchand delégumes,
sa décision d l’afficher lekilog
de carottesrà un certainprix n’est
pas une décision en casd~ incertitude,
car la réaction de la clien-tèle,
et parconséquent
lesconséquences
de sa décisiondépendront
dans unelarge
mesure du
prix
affiché. On voit par cesexemples
que les décisionséconomiques _
sont rarement des décisions en cas d’incertitude telles
qu’elles
-ont étédéfinies ci-dessus,
bienqu’elles comportent toujours
unelarge
marged~incertitude;
nous y reviendrons.La
préparation
de la décision doittoujours comporter
troisphases :
1° -
Dénombrer e~t énumérer :
a)
L’ensemble D des décisions(d , d2’
-,dn) possibles, compte
tenu desmoyens à la
disposition
del’agent
dedécision
des contraintesqui
lui sont im-posées.
b)
L’~ensemble A deséventualités,
ou états de la nature(e1’ e2,
-,em) .
Ces énumérations doivent être aussi exhausives que
possible,
y et il est re-commandé de ne pas écarter d’emblée certaines
décisions,
y ou certaines éventual.=tés
jugées
àpriori "improbables"; quitte
à le faire dans uneétape ultérieure,
mais en
connaissance,
et tout bienpesé,
cequi
n’estpossible
que si toutes les données ont étéexplicitées,
defaçon qu’on puisse
lesjuger
dansleur
ensemble.Si l’ensemble
D,
l’ensemble des actionspossibles
est engénéral
défini sanstrop
dedifficulté,
y par contre la détermination de A pose desproblèmes plus
délicats. Comme l’incertitudeporte
engénéral
sur cequi
va se passer à une datefuture il faudra s’efforcer
d’analyser
aussi finement quepossible
toutes leshistoires du futur
qui peuvent
seproduire,
ouplus
exactement les éléments deces histoires dont
dépendent
lesconséquences
de la décision àprendre.
Chacunede ces histoires
possibles
est uneéventualité,
ou un état de lanature;
dansl’ensemble A des éventualités un événement est par définition une
partie
de A(cette
définition coïncide avecInacceptation
usuelle: si nosdescriptions
del’histoire future sont assez
complètes, chaque
évènement futurpossible
sera citédans toutes celles de ces histoires où il
peut
seproduire;
c’est direqu’il
est1’-union des éventualités
qui
lecontiennent).
2° -
Enumére r et décore
lesconséquences
de chacune des décisions pos--
sibles,
pour chacun des états de la nature. Onpeut
schématiser cette deuxièmeétape
par un tableau à double entrée: enligne,
lesdécisions,
y encolonne,
y leséventualités. Dans la case intersection de la
ligne di
est de la colonneej ,
onécrit les
conséquences
de la décisiondi,
si l’éventualitéqui
seproduit
estej,
y et ceci pour chacune des n x m ca-ses du tableau.
Dès ce
stade,
y on voitapparaître
que les conseils
qui
sont donnés icipour la préparation
des décisions cor-respondent
à une démarcheusuelle,
etne sont là que pour
obliger l’agent
dedécision à
envisager
tous les cas pos-sibles,
sans omission nirépétition.
Tous ceux d’entre nous, y en
effet,
yqui
ont
participé
à des discussionspréparatoires
àla,prise
de décisions reconnaî-tront,
S’ils veulent yréfléchir,
que la démarche habituelle consiste à cheminer d"une case à une autre dutableau, généralement
selon un cheminement dutype
in-diqué. par
lepointillé,
en étudiant lesconséquences
dans chacune des "cases"parcourues; mais à
procéder
sans mé-thode,
y on court lerisque
d’unepart
de passer
plusieurs
fois par la mêmecase
(répétitions; perte
detemps),
d’autre
part
d’-en oublier certaines(omissions:
"nous n’avions pasprévu
cela à
11).
3~ -
Evaluer
ou ordonner lesconséquences
parrapport
aux critères dechoix que l’on s’est fixé.
Il s’agit
là dequelque
chose d’essentiel et dont dé-pend
toute lasuite,
car ce n’est quela
nature de l’évaluationqui
aura été fai-te des
conséquences qui
nouspermettra
de structurer l’ensemble desconséquences
et par là de définir des
règles
de choixadéquates.
Plusieurs cas sont
possibles :
’
a)
Onpeut
avoir un seul ouplusieurs
critères. Enéconomie,
parexemple,
on n’aura engénéral qu’un
seul critère pour les décisionsprises
par uneentreprise
(maximer
leprofit,
parexemple);
par contre pour les décisionsnationales,
ouintéressant ders-
collectivités,
il y aura d’habitudeplusieurs
critères.b)
Pour chacun des critèresretenus,
on pourra, par l’évaluation des consé- quences, soit ordonner les décisions(les placer
sur uneéchelle),
y soit leur at-tribuer une valeur
numérique
avec tout ce que celacomporte:
quel’addition,
lamultiplication
des valeurs entre elles aient un sens. Dansbeaucoup
de cas oùl’on évalue les
conséquences
par desnombres,
ceux-cine jouent
un rôle que pu- rementordinal,
et additionner des évaluations entreelles
seraitdépourvu
designification. ,Il peut
même arriver que les critères nepermettent
pas d’ordon-ner les
conséquences,
mais seulement de lesclasser,
ou moins encore; dans de tels cas, y l’élaboration derègles
de choix sera engénéral impossible.
8 - STRUCTURE DE L’ENSEMBLE DES
CONSEQUENCES
ET REGLES DE CHOIX’
Au tenne de l’évaluation des
conséquences,
le tableau à double entrée estremplacé
par un nouveautableau,
où l’on atoujours
les décisions enligne,
y lesétats de la nature en
colonne,
y et dans la À case intersection dedi
et de ei,l’éva-
luation
Cij
desconséquences de-la
déci-sion
di
si l’état de la nature estej.
Pour
chaque
décisiondi (i=1y2~...~n)~
il
correspond
àchaque
état de la naturee-.(j=1y2y...y m)
un élément et unseul, Cij,
dans un ensembleC;
cet ensemble C est structuré de lafaçon suivante,
dansles
quatre principaux
casenvisagés :
Il est absolument essentiel de reconnaître
quelle
est la structurealgébri-
en
effet, chaque
décisionpeut être regardée
comme une fonction de ,Adans C, puisque,
nous l’avonsdit,
pourchaque décision,
on faitcorrespondre
àchaque
élémentej
E A un et un seul élémentCij
E C. Or choisir une décision dans l’ensembleD,
c’est comparer desdi
entre eux, éventuellementcalculer,
eser les
décisions;
la nature du calculpennis,
y descomparaisons ayant
un sens,dépend
de la structure de l’ensemble danslequel
sont
plongées
les di à savoir l’ensemble CA des fonctions de A dansC ;
et la structurealgébrique
de ce dernier ensemble estdéterminée,
pour
l’essentiel,
y par celle deC,
comme on va levoir.
Si par
exemple
C est un ordrecomplet,
y onpeut
ordonnerpartiellement CA
par la relation :où f et g sont deux fonctions de A dans
C,
et où
f(x) (resp. g(x)) désigne
l’élément de Cqui correspond
par f(rest. g)
àl’élément x de A: autrement
dit,
de l’ordre dans C on induit un ordrepartiel (noté ici $ )
dansCÀ,
Pour lesdécisions,
la relation :1
signifie
que lesconséquences
ded1
sont meilleures que celles ded2 (par rapport
au critère
choisi), quel
que soitl’ état
de la nature: "en touteéventualité" ;
par contre deux décisions dont l’une est la meilleure pour certaines
éventualités,
et la moins bonne pour
d~autres,
nepeuvent
êtrecomparées
au moyen de la relation$ :
c’est un ordrepartiel
C - LE~ CALCUL DES ESPERANCES
Plaçons-nous
maintenant dans le cas où le mot "Calcul" des décisions va pren- dre tout son sens, celui où C est l’ensemble R des nombresréels,
y et où lesopérations
sur les nombres ont unesignification (en
termes deconséquences)
C’estle cas dans les décisions
économiques lorsqu’il n’y
aqu’un
critère dechoix, que
les
conséquences
sontévaluées
enfrancs,
etqu’~une
somme de 15 frs a bien pour1’agent
de ladécision,
une valeurtriple
de la valeurqu’il
attribue à la sommede 5 frs et
quintuple
de la valeurqu’il
attache à 3 f rs~C’est aussi le cas dans les
jeux
duhasard,
lesparis,
y danslesquels
les en-jeux
sont des sommes de monnaie* Dans ces conditions l’ensemble D des décisionspossibles
est unepartie
de l’ensembleRA
des fonctions de ~, dansR, partie qui
est obtenue par élimination de l’ensemble de toutes les décisionsimaginables,
pour un À
donné;
de cellesqui
seraientincompa-
tibles avec les contraintes
imposées
àl’agent
dedécision
(dans te
casdes jeux,
cette élimination estfaité automatiquement
par larègle du jeu qui
fixe
D,
A et C : on voit enquoi les jeux
de ha-sard sont un cas très
simplifié
des situations de décision devant l’incertitude: iln’y
a pas d~am-biguité
dans la détermination de A ni deD) ~
La structure
algébrique
de R est entre autres: d’unepart,
un ordre com-plet,
y et nous avons vu supra comment onpeut
en déduire un ordrepartiel $
surR ;
d’autrepart,
y un groupe abélien parrapport
à1’addition*
De cettestructure,
y, on
peut
déduire une addition dansRA :
f et g étant deux fonctions de A dansR, (f + g)
est par définition la fonctionqui
faitcorrespondre
àchaque
x E A Isolémentf(x)
+g(x)
deR ;
on montre facilement que+ jouit,
dans desmêmes
propriétés
que l’addition des nombres dans R.Enfin pour tout nombre t et toute fonction f de A dans
R,
onpeut
définir la fonction
(t f) (produit
de f part)
comme étant la fonctionqui
àchaque
x E A faitcorrespondre
le nombre t xf(x)
dans R. En termes tech-niques,
la structurealgébrique
deRA
parrapport à t, +
et leproduit
parun nombre est une structure de vectoriel
partiellement
ordonné(à
m dimensionssi m est le nombre d’éléments de
A ),.
Ainsi les décisions
(l’ensemble D)
étant unepartie
de le calcul des décisions consistera d~~abord en lapossibilité
de leurappliquer
lesopérations qui
viennent d’être définies, C’est cequi
est fait couramment dans lesjeux, loteries,
y ouparis.
Parexemple, ayant
évalué lesconséquences
de l’achat de deuxbillets de loterie
séparément,
on calculera lesconséquences
de l’achat de cesdeux billets simultanément en additionnant pour chacune des
éventualités,
lesgains (ou pertes)
attachés à chacun des billets. ’Mais il reste à
choisir,
clest-à-dire à ordonner lesdécisions,
alors que l’on ne sait paslaquelle
des éventualités va seproduire» Or,
si dans le casenvisagé
lesconséquences
sont ordonnées pourchaque
état de lanature,
ces or-dres diffèrent en
général quand
on passe d’un état de la nature à un autre. Ilnous faut donc élaborer une
règle
de choixqui permette
d’ordonnercomplètement
les
décisions,
tout enpréservant
lespossibilités
decalcul (la
structure deRA
pour l’addition et la
multiplication
par unnombre):
c~est-à-di.re que nous allons àchaque décision,
etplus généralement
àchaque
fonction f de Adans
R attri-buer
un nombre,
unpoids,
sonespérance E(f),
et ceci de telle sorte quE
(f)
est unnombre, qui
"résume" notre attitude devant toute cette situationcomplexe
dans laquelle nous avons un ensembleÀ d’éventualités,
pourchaque
éventualité
x E
A ungain f(x)
mais où il y a incertitudequant
à celle deséventualités
qui
va seproduire;
c’est la valeur que nous attribuons à cette si-tuation,
ce que nous en attendons»E, qui
àchaque
fonctionf E RA
fait cor-respondre
un nombre et un seulE(f) E
R est elle-même une fonction deR4.
dansR ;
de cettefonction,
nousexigeons qu’elle
transforme l’ordrel
de R en l’or- dre deR,
1 ’addition + deRA
en 1taddition + de R: c’est unhomomorphisme
dela structure de
RA
dans celle de R. Lesexigences 1,
y 2 et 3 sontparfaitement
naturelles dans les
hypothèses
où nous,nous sommesplacés,
y si nousattribuons
àl’espérance
E(d)
d’une décision le sens d’une valeur attachée à cette décision Dire en effet qued1 ~ d2 signifie
nous l’avons vu, y que lescpnséquences
ded 1
sont
préférables
à celles ded2
en touteéventualité;
on nepeut
alors que donner àd1
une valeur E( d~ ) supérieure
à E(d2)’
De même pour l’addition et la
multiplication
par uncoefficient;
si dans ladécision
d1
lesconséquences ont,
y en touteéventualité,
y une valeur totale dou- ble(ou triple, ...)
de celles ded2’
on donne àd1’
une valeur double de la va-leur donnée à
d2 ~
Mais il convient une fois deplus
de bien insister sur la varlidité de ces
hypothèses,
limitée au où lesconséquences peuvent
s’évaluer ennombres.
Il est clair enfin que nous pouvons
adjoindre
à1, 2,
3 unequatrième
exi-gence : si une décision a des
conséquences qui
ont la même valeurquelle
que soit 1’éventualitéqui
seproduise,
yl’espérance
de cette décision estégale
à la va-leur en
question (que
l’on est sûrd’obtenir,
si onprend
cettedécision
D - CONSTRUCTION DE L’INSTRUMENT DE CALCUL
Examinons maintenant les
conséquences
de cesquatre hypothèses. Supposons,
pour
simplifier l’exposé, qu’il n’y
a que deux étatspossibles
de lanature, e1
et
e2 (qui peuvent
êtrepile
ouface,
ilpleut
ou il faitbeau, etc...;
d’unefaçon générale,
y une éventualitéqui peut
seproduire - e1 -
ou ne pas seproduire
-
e2 -).
Chaque
fonction f de :dans R est alors déterminée par la seule connaissance des deux nombres :
Considérons les deux fonctions de base
Si
etS2 :
qui correspondent
aux"paris"
où l’on gagne 1 Frsirelsse produit
et rien sinonpour 81)’
et 1 Fr. sie2 se produit
et riensinon (pour S2)
La fonction f
peut
alors s’écrire :,
(Vérification :
et de même pour f
(e2) )~
Donc,
yd’après
leshypothèses (2)
et(3)
puisque ti
ett2
sont des nombres.On saura donc calculer
E(f)
pourn~importe quelle
fonction(décision)
f dèsl’instant où l’on connaîtra les deux nombres
E(S1)
etE ( S ) ;
commel’espérance
dl-une fonction
toujours
nulle est nulled’après (4),
y et que les fonctions S etS2 prennent
des valeursa 0
en touteéventualité,
y les nombresE(S )
etE(S2
doi-vent être
positifs
pour satisfaire à(1)
-Considérons enfin la fonction
égale
à 1 en touteéventualité; toujours diaprés
laquatrième hypothèse,
y sonespérance
vaut 1 .Or,
sit1 = t2 = 1,
y on a,selon
l’égalité (a)
donc la somme des nombres
et E(S 2)
vaut 1 ~Ces deux
nombres,
y attachés aux deux éventualitése1
ete2 respectivement,
sont ce
qu’on appelle
laprobabilité
dee1
et laprobabilité
dee2 respective-
ment
Dans le cas
général
où lenombre, supposé fini,
des éventualités estquel-
conque, y ce raisonnement montre que
l ’ espérance
d’une décisiondi
se calcule commesuit :
Où E
(Sj)
estl’espérance
de la fonctionqui
vaut 1 dans l’éventualitéej
et 0 dans les autres
Par
définition, E (Sj)
est laprobabilité
de l’éventualitéej,
etpeut
senoter Pr
(ej) :
c1est lepoids,
lavaleur,
que nous attribuons à cette éventua-lité,
et ellejoue,
dans le calcul del’espérance
d’unedécision,
le rôle d1uncoefficient de
pondération
desconséquences
de cettedécision; (1)
s~écrit alors :Pour en revenir au
problème
de décisionqui
nous a servi depoint
dedépart,
il ne reste
plus,
pourchoisir, qu’à
ordonner les décisionspossibles
dans l’or- dre de leursespérances,
pourvuqu’ on puisse
calculercelles-ci,
y Clest-à-dire que l’on connaisse lesprobabilités
des éventualités.La détermination de ces
probabilités,
y c’estprécisément l’objet
de la Sta-tistique,
dont lestechniques
fournissent des instruments de mesure desprobabi-
lités et dont la théorie est une théorie de ces instruments de mesure; nous ne
nous y attarderons pas, y car cela
dépasse
le cadre de cetexposém
Il y a dlailleurs des cas où l’on ne pourra pas faire
appel
auxtechniques
statistiques
pour mesurer lesprobabilités;
on conseillera alors àl lagent
de ladécision,
s’il a admis la validité du calcul desespérances
pour le choix de sesdécisions,
y d’estimer au mieux lesprobabilités,
c’est-à-dired’exprimer
sono i-
nion sur les éventualités par des nombres
positifs
dont la somme soitégale
à 1’.E - PROPRIETES ELEMENTAIRES DES PROBAgI LI TES
Les
probabilités
ainsi définies commeespérances
des fonctions caractéris-tiques
departies
de l’ensemble A des éventualités(la
fonctioncaractéristique
d’une
partie
B de A est la fonctionqui
vaut 1 si la variable x est élément de B et 0 sinon: lepari
de 1 Fr, si l’événement B seréalise,
y et riensinon)
satisfont bien aux
propriétés
connues.Comme
l’espérance
d’une fonctiontoujours
nulle doit être nulle et celled’une fonction
toujours égale
à 1 êtreégale
1(quatrième exigence)
on a :La fonction
caractéristique
d’unepartie
B de A étanttoujours égale
à 0 ouà
1,
elle satisfait à la doubleinégalité :
Donc, dlaprès (1) :
Si B et C sont deux
parties disjointes quelconques
de A(deux
évènementsincompatibles)
la somme de leurs fonctionscaractéristiques
estégale
à celle deleur
union; d’où, d’après (2) :
Reste enfin la
règle
decomposition
desprobabilités
dlévènements enchaînés(probabilités conditionnelles).
Considérons une
partition
del’ensemble
A en deuxparties
B et B~(Bl
com-plémentaire
deB) ,
et une fonction fquelconque
de A dans l’ensemble R desnom-
bres,
Désignons
parE(f 1 B)
etE(f 1 BI) l’espérance
de florsque
l’ensembled’éventualités
n’est plus
A toutentier,
mais seulement B ou seulement B..I.. respec- tivement.E(f) peut
être considérée comme une fonctionqui peut prendre
l’une oultautre des deux valeurs
E(f 1 B)
etE(f 1 BI)
selon que l’événement B se réaliseou ne se réalise pas.~
La
règle
de calcul desespérances
nous dit alors que :Cette dernière
règle
contient bien larègle classique
decomposition
desprobabilités;
supposons en effet que C étant unepartie quelconque
de A(un
évè-nement
quelconque),
y nousremplacions
f par la fbnctioncaractéristique
de B (1 Cdans
l’égalité
ci-dessusx Comme dans l’ensemble d’éventualitésB’,
cette fonctioncaractéristique
est nulle(B i
C est inclus dansB),
y le second termedisparait
ausecond
membre,
et il reste: .Le terme
Pr(B(l
CIB), probabilité
de l’évènement(B
etC) lorsque l’espar
ce d’éventualités est
B,
c’est encore laprobabilité
de l’évènement Clorsque l’espace
d’éventualités estB;
ce que l’on note habituellementPr(C 1 B),
laprobabilité
conditionnelle de C parrapport
àB ;
et nous trouvons bien11égal-
- -
lité usuelle :
Mais la
portée
deInégalité (e)
est considérable car c’est ellequi
nouspermet,
dans le calcul desespérances,
y deprendre
encompte
les modifications ap-portées
àllespace
des éventualités par lesrenseignements
sur lefutur,
par letemps qui s’écoule,
y par notreexpérience; l’espérance
à attendre d"une décision doitdépendre,
y c’est bienclair,
non seulement desconséquences possibles
pourdes éventualités
données,
mais aussi de ce que sont ces éventualitéselles-mêmes,
de sorte que tout
changement apporté
à notre information sur celles-ci doit serépercuter
dans le calcul del’ espérance~
Lafaçon
dont cela serépercute,
y c’est(e) qui
nous ledit;
àpartir
de cetterègle,
y il sera maintenantpossible
d’éla-borer une théorie
dynamique,
une théorie de l’enchaînement desdécisions;
en par-ticulier,
nous sommesprêts
à aborder laStatistique.
Une dernière remarque intéressante est la suivante: si l’ensemble d’éventuaoooo lités A est
infini,
et nonplus
fini comme nous l’avonstoujours supposé jus- qu’ici,
la construction de l’instrument de Calcul desEspérances
conduit defaçon
toute naturelle à la définition del’intégrale
deLebesgue - Stielj e s
et à lathéorie de la mesure. Mais c’est là un
sujet
surlequel
nous reviendronspeut-être
à une autre occasion,,.
F - L’INCERTITUDE N! EST
PAS
TOUJOURS PROBABILISABLEEn
résumé,
les conseilsqui
sont donnés ici àl’agent
d’une décision en casd~incertitude sont:
a) Préparer
sa décision en :- énumérant les décisions
possibles:
Dles éventualités
possibles:
A- décrivant les
conséquences
dechaque
décision pourchaque
éventualité- évaluant les
conséquences:
Cb)
Si ltévaluation desconséquences
estnumérique,
et si lesopérations
surles nombres ont un sens en termes de
conséquences, choisir,
les décisions en :- estimant les
probabilités
des éventualités(par
des méthodesstatistiques
ou
autrement)
- calculant
l’espérance
dechaque
décision selon larègle (l’ )
-
rangeant
les décisionsdans
l’ordre desespérances
La forme même de ce
"règlement
de manoeuvre" montre bien que le rôle desmathématiques
est ici avant toutnormatif,
et que la validité du modèlequi
a étéconstruit sera
jugée
à son efficacité: si les conseils donnéspermettent
àl’agent
de la décision d’économiser de
l’argent,
y c’est que leshypothèses
faites sontvalables;
sinon il faut les réviser.L’incertitude n’est pas nécessairement
probabilisable»
En termestechniques,
on réservera le nom de décisions devant l’aléa
(A
sera alors un "univers aléatoi-re")
à cellesqui
rentrent dans le cadre étudiéci-dessus,
c’est-à-dire celles pourlesquelles
le calcul desprobabilités
est un outilefficace;
larègle
dechoix
qui
a été donnée(formules (1)
et(1’))
est souventappelée règle de Laplaçe (nous’préfèrerions
direrègle
dePascal).
Il convient d’ailleurs de remarquer que l’utilisation de cetterègle
de choix reste valide sous deshypothèses plus
fai-bles,
au moins en apparence, y que cellesqui
ont été faites ici(voir
parexemple l’ouvrage
deSavage:
The Foundations ofStatistics).
Lorsque
noshypothèses
tombent endéfaut,
soit que A ne soit pas bien déter-miné,
soit que lesconséquences
nepuissent
être évaluéesnumériquement,
y soit en-fin que les
hypothèses
2 et 3 sur lesespérances
ne semblent pasreprésenter
cor-rectement la valeur que
l’agent
de la décision attache à ses décisions et le"calcul" de