C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
R. L AVENDHOMME
T H . L UCAS
À propos d’un théorème de MacIntyre
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 22, n
o4 (1981), p. 387-398
<
http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1981__22_4_387_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1981, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (
http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme
A PROPOS D’UN THÉORÈME DE MACINTYRE
parR. LAVENDHOMME
etTh. LUCAS
CAHIERS DE TOPOLOGIEL’ T GEOMETRIE DIFFERENTIELLE V ol. XXII -4
(1981 )
3e COLLOpUE
SUR LES CATEGORIES DEDIE A CHARLES EHRESMANNAmiens, Juillet
1980Depuis plusieurs années,
les liens entrelogique
etthéorie
des mo-dèles
d’une part etthéorie
descatégories
et destopos
d’autre part,s’ap- profondissent
et semultiplient. Rappelons
parexemple
les travauxde J.
Bénabou
surlogique
etcatégories [1],
leforcing
de A.Joyal,
le livre de M.Makkai
et G.Reyes [6].
Mais il nous semble évident que l’on percevra deplus
enplus
que C.Ehresmann,
par sathéorie
desesquisses [3],
a dansce domaine comme dans bien
d’autres,
unrôle
depionnier.
La note que nous
présentons
ici se situe dans le cadreplus limité
de la
théorie
desmodèles
dans un toposspatial.
Elle part del’étude
d’unthéorème
deMacintyre
sur lamodèle-complétude ([5], Theorème 2)
pouren
dégager
la notion de structure moelleuse» - sorte de versionlogique
des faisceaux mous - et
redémontrer
lethéorème
deMacintyre
à l’aide decette notion. A
proprement parler,
le lecteur ne trouvera pas ici de résultat vraiment nouveau et il notera que notredémonstration
duthéorème
de Macintyre
reste étroitementparallèle
à celle de[5].
Il nous acependant
sem-blé
que la notion de structure moelleuse avait en soi unintérêt
suffisant pourpouvoir
êtreprésentée
et que,jointe
au lemme à laFeferman-Vaught
que nous
dégageons
dans le no3,
elleorganisait
cettedémonstration
sur des basesconceptuellement
fortdifférentes
et moins tributairesd’hypothè-
ses de type
booléen.
0. NOTATIONS.
On
désignera
par L unlangage
dupremier ordre, X
un espacetopo-
logique et k
un faisceau deL-structures sur X .
Si o(x)
est une formule dont la suite des variables libres estx =
(x1, ... , xn), U
est un ouvert deX,
a =(a1 ,
...,an)
est une suited’éléments
dem(U),
nousnoterons M lF o (x) [a]
la relation deforcing
U
faisceautique
due à A.Joyal ( pour
ladéfinition, cfr.
parexemple
G.Reyes [8]).
Ondésigne par [ 0 ( x); a]
leplus grand
ouvertTJ
tel que l’on aitm lF o(x) [a] .
U
pour tout ouvert
tJ
deX, M(U)
est une L-structure au sens usuel.On notera la satisfaction dans cette structure
Si a est un
point de X ,
on noteX cc
latige
dem
en oe. On ditque ? force o(x)
en 5(où â = ( â
1,..., ân)
est une suited’éléments de m )
a s’il existe unvoisinage
ouvert lJa a de cr et des sections a =(a1,...,an)
de germ e a en cr tels que Cette relation deforcing
seranotée ;
La
tige m a
estégalement
une L-structure. On y notera la satisfac- tion :Îl oe F o(x)[a].
Lathéorie
destiges
est alors lathéorie
de l’ensem- ble destructures {Ma 1 a £ X}.
On pose
enfin ;
1. UN POINT CRUCIAL DE LA
D ÉMONSTRATION
DE MACINTYRE.Considérons
lesformules ;
où
01 et j 2
sontatomiques.
Nous allons examinerquand
la satisfactionde ( a )
et de( b ) pourraient
êtreéquivalentes
dans lastructure m ( X).
a)
L ire quec’est dire
qu’il
existe une sectionglobale a £ M(x)
telle quec’est-à-dire
telle quePour les formules
atomiques
lasatisfaction
coïncide avec leforcing
et donc( 1 )
donneFaisons
l’hypothèse que [[81;a]] et [0 ;a]
soient des ouvertsréguliers.
Alors
( 1 )
revient à l’existence d’ouverts non videsU1
etU2
tels queCeci revient encore à l’existence de deux
points al
eta2 de X
tels queCette situation est
suggérée
dans lafigure
1 :Notons que si on
suppose X séparé
et sanspoint isolé,
onpeut
supposer lespoints a1
etc2
distincts et les ouvertsU1
ettJ2 disjoints.
b)
On voit de même queest
équivalent
à l’existence de sectionsglobales a1,
a 2 deM(X) et
d’ouverts non vides
U1
etU2
tels quepourvu
que [[81;a1]]
et[[82;a2]]
soient des ouvertsréguliers.
Cette si-tuation est
suggérée
par lafigure
2.On a
immédiatement
que( 1 )
&( 2 ).
Mais on a inversement queFIGURE 2
( 2)
=>( 1)
si- d’une part, ôn peut choisir les ouverts
U
1
et
U 2 disjoints,
cequi
est le cas si X est
séparé
et sanspoint isolé,
- d’autre part, le faisceau
m
est mou car alors ladonnée
des deuxgermes a 1(a1)
eta2(a2)
est ladonnée
d’une section sur lefermé
{a
l’a2},
sectionqui s’ étend
àl’ espace X
tout entier.On a donc obtenu le résultat
suivant ;
PROPOSITION 1.
Soit 81
et02 deux formul es atomiques. S’uppo sons
que1)
pour tout a deM(X), [[81; a]
et[[82; a]]
soient des ouvertsréguliers ;
2) X
soitséparé
et sanspoint isolé;
3) m
soit unfaisceau
mou.A
lo rs,
si et
seul ement
siPour
rapprocher
cetteprésentation
de[5], [2]
et[4],
notonsqu’au
lieu de travailler avec les ouverts de
forcing [[o ; a]],
onpeut
aussi tra-vailler avec les domaines de satisfaction
Ko(a).
On pose alors ladéfini-
tion suivante :D EFINITION 1.
On dit
quela L-structure M sur X
est sanspoint isolé
si pour toute
formule o
et toute section a,Ko (a)
estvide
ouinfini.
On obtient alors la
P ROPOSITION 2.
Supposons
que X soitséparé, m
soit sanspoint isolé
et soit un
faisceau
mou.Alors
si01et e2
sontatomiques,
si et
seulement
si2. STRUCTURE MOELLEUSE.
D EFINITION 2.
Soit m
unfaisceau
surX et F
unsous-faisceau de m. On
dit que 5
est mourelativement
à un ouvertU de X
si pour toutfermé F
de X
contenudans U,
toute section ade if
surF s’étend
en une sectionb Je ? dont la
restriction àU
soitdans 5:
Soit o une classe de
formules.
D EFINITION 3.
On dit
quela structure m
est(D-moelleuse
si pour touteformule cP(x,y) de o (où x=(x1,...,xn)
ety = (y1,..., ym))
et pourtoute suite
b = (b1,...,bm) de
sectionsglo bales, le faisceau interprétant o (x, b) est mou relativement à l’ouvert [3xo(x, y); b]].
Le reste de ce
paragraphe
sera consacré àquelques exemples
rudi-m enta ires de structures moelleuses. Dans le cas
booléen
on a d’abord lerésultat
suivant:PROPOSITION 3.
Soit X
un espacebooléen, M
unfaisceau de L-structures
sur
X, o
laclasse des formules o telles
que pour toutefamille b
des ections
globales, [3xo(x, y); b]
soit un ouvertfermé. Alors X
estune structure
o-moelleuse.
D EMONSTR ATION. Par
hypothèse, pour o dans o , U = [[ 3xo(x,y); b]]
est un ouvert
fermé
et est donc lui-même un espacebooléen. Soit ?
lefaisceau
interprétant o(x, b) .
Pour voirque ?
est mou relativement àU
ilsuffit,
commeU
est ouvertfermé,
de voirque F|U
est mou surlJ .
Oron voit facilement
qu’un
faisceau sur un espacebooléen
est mou si et seu-lement si il est localement non
vide.
Comme9: JU
est bien localement non vide et laproposition
estdémontrée.
R EM A R QU E S.
1) Si ? vérifie
la condition(C)
de Comer(cf. [2])
on voitfacilement que la classe $ contient toutes les formules
sans (mais, éventuellement, avec 31 ).
2)
Onpourrait
montrerégalement
quesi X
est un espacebooléen
mé-trisable,
toute L-structureflasque
esto-moelleuse
pour la classe o des formulesécrites
sansV.
3)
En sensinverse,
nous remercions C.Mulvey
de nous avoir fait re-m arquer que si X est un espace
séparé, ?
est mou et lathéorie
destiges de ?
estpositivement modèle-complète,
alors X est totalement discontinudès
que lelangage
L est assezriche.
Le
problème qui
se pose maintenant est celui de l’existence destructures
$-moelleuses
sur un espace nonbooléen
pour uneclasse $
non triviale. C’est la raison d’être des deuxpropositions
suivantes(dont
ladémonstration paraîtra ailleurs).
soit C
le faisceau sur R des fonctions continues à valeurs réelles.Soit
L 1
lelangage
ne contenantqu’un prédicat
unaire(et
sanségalité).
En
interprétant
ceprédicat
unairedans C
par le faisceau des fonctions>
0, e
devient un faisceau deL?
-structures.PROPOSITION 4. Le
faisceau C
deLI-structures
sur R est(D-moelleux
pour
la classe o des doubles négations de formules
sansd,
Soit
L 2
lelangage
del’égalité.
Lefaisceau (2
est une structurefaisceautique
pourL2 ’
PROPOSITION 5.
Le faisceau C de L 2-structures
sur R est(D-moelleux
pour laclasse o des doubles négations des formules de Hom
sans quan-tificateurs.
REMARQUE.
LaProposition
5 ne peut êtreétendue
à toutes les formulessans
quantificateurs
ni même à leur doublenégation:
la formuleet sa double
négation
ne sont pas molles pour les sectionsglobales
cons-tantes
0 , 1 .
3. UN LEMME A LA FEFERMAN -VAUGHT.
Nous abordons maintenant
l’analyse
de ladémonstration
du Théo- rème deMacintyre ([5], Théorème 2).
Dans lapremière partie
de sadé- monstration, Macintyre redémontre,
sur des basesnouvelles,
un aspect duthéorème
deFeferman-Vaught [4]
dans le cadrefaisceautique.
Cette pre-mière partie s’étend
aux espaces nonbooléens grâce
à unehypothèse
detype « moelleux ).
PROPOSITION 6.
Soit X
un espaceséparé, m
une L-structure sur X sanspoint isolé ( c f. Dé fLnition
1J. Supposons
quem
soito-moelleux pour (D
laclasse
desconjonctions
defonnules atomiques.
A toute
formule existentielle w (x)
de L onpeut
associereffective-
m ent:
- une
formule IF
dulangage =,0,1> (langage de
la structureP(X), = ,o, X>, de la forme
7 7.
où
£ij(Xij)
est soitXi, = 1 ,
soitXij#0,
-
des formules existentielles
Wij(x) de L ,
de telle
sorte que, pour tout a =(a1,...,an)(ai£M(X)), les
deuxaffir-
mations suivantes soient
équivalentes:
DEMONSTRATION. Il suffit
évidemment
dedémontrer
laproposition
pourune formule
primitive w(x), i.e.
pour une formule de laforme ;
où les
rP r
et les0
sontatomiques.
posons ;Il suffit de
démontrer l’équivalence
deLa condition
(i )
estéquivalente
à l’existence d’unb global
tel quen
et
Comme M
est sanspoint isolé,
on peut en outre supposer que lescrs
sontdis tincts ,
La
proposition (ii)
est,elle, équivalente
à( b2 )
pour 1 s q , il existeas g
X
tel que_
Comme ?
est sanspoint isolé,
on peut aussi supposer que les as sontdistincts.
On a
immédiatement
que( i ) entraîne ( ii ), Inversement,
supposonson a donc une sec-
tion b’ telle que
p
En vertu de
( a2 ),
etcomme w0
est existentiellepositive,
on aM
étant moelleuse pour lesconjonctions d’atomiques, b’ s’étend à X
toutP
entier en une section
b
du faisceauinterprétant A = or (y, a).
Pour ceb,
r=1
on a bien
( al )
et, comme bétend b’ ,
on a aussi(b1 ).
Laproposition
estdonc
démontrée.
La
proposition précédente
contient laProposition
2. Onpeut
enfait,
comme dans la
démonstration
de laProposition 1,
utiliser les ouverts deforcing.
On a alorsPROPOSITION 7.
Dans les hypothèses
dela Proposition 6, remplaçons
«M
est sanspoint isolé)
par - X est sanspoint isol é
- [[8; a]]
est un ouvertrégulier
pour touteformule atomique 0.
On peut alors dans
laconclusion remplacer l’affirmation (ii)
parNous montrerons en
[7]
que cetteproposition s’étend
en unthéo-
rème de
Feferman-Vaught
pour toutes les formules moyennant deshypo-
thèses
de type « moelleux$ convenables.
4. LE
THEOREME
DE MACINTYRE.Nous
redémontrons
maintenant leThéorème
deMacintyre
en utili-sant les
nOs
2 et 3. L’énoncéqui
suit endiffère légèrement (...
contient lathéorie
des anneauxintègres...>>
au lieu de... contient
lathéorie
desanneaux sans
idempotents triviaux ... *),
mais cettedifférence
n’influe passur les
applications qui
en sontdonnées
en[5].
THEOREME
(Macintyre). Si X
est un espacebooléen
sanspoint isolé,
L inclut le langage de la théorie des
anneauxunitaires, m
est unfaisceau
de L-structures
tel
quela th.one des tiges
soitcomplète, positivement modèle-complète
et contiennela théorie des
anneauxintègres, alors
lathéorie des
sectionsglobales de M
estmodèle-complète.
DEMONSTRATION. En vertu de la
Proposition 3, M
est(D-moelleusepour
la
classe $
desconjonctions d’atomiques.
D’autre part comme la théoriedes
tiges
estpositivement modèle-complète, ? vérifie
la condition(C)
deCorner
[2]
etdonc,
commex
est sanspoint isolé,
lastructure ?
est sanspoint isolé.
LaProposition 6 s’applique.
Pour
démontrer
laproposition,
il suffit de montrer que,si t/J (x)
estune formule
primitive, 1 t/I (x)
estéquivalente
à une existentielle relative-ment à la
théorie
des sectionsglobales de ? .
En vertu de la
Proposition
6 et en reprenant les notations de sadé- monstration,
on a que,quel
que soit a,si et seulement si
ou il exis te
Comme la
théorie
destiges
estpositivement modèle-complète, T t/Jo( x Jet 1 r/I s (x)
sontéquivalentes
à des existentiellespositives,
disonsL’hypothèse (1)
est alorséquivalente
à ladisjonction :
Un raisonnement
topologique simple
montre que cespropositions
sont
équivalentes
à( a2) et ( b2) respectivement:
J
Que ( a2)
et(b2)
soientéquivalentes
à la satisfaction dansM(X)
d’uneexistentielle
résulte
alors du Lemmesuivant :
L EMME.
Supposons
quela théorie des tiges de m
soitcomplète
et con-tienne
la théorie des
anneauxintègres. Supposons
quem
soit4)-moelleuse
pour
la classe 4) des conjonctions d’atomiques. Soit u(x)
uneformule
primitive positive ( 3 y) ( Aioi (x, y) ). Soit cr#(x, z ) la formule
Alors, quels
que soient a,b dans m (X),
on asi et
seul ement
siD EMONSTR ATION.
Que (1)
9( 2 )
estfacile. Supposons
donc queIl faut montrer que
Si b = 0 ,
c’estévident. Supposons
doncb#0.
Mais alorsC
est unfermé
n on vide et pour tout a de
C,
On a donc
et, la
théorie
destiges
étantcomplète,
ceci a lieu pour tout ade X .
Le caractère moelleuxde M
permet alors de trouver a’ tel quea’(a) = a(a)
pour tout ef de
C
etV a £ X, M a F cr(x) [a’(a)].
On a alorscar il suffit
d’interpréter
les x’ par les a’ . Ceciachève
ladémonstration
de lemme.
Le
théorème
est doncdémontré.
BIBLIOGRAPHIE.
1. BENABOU J., Théories relatives à un corpus, C.R.A.S. Paris 281
(1975),
831.Fibrations
petites
et localementpetites,
Ibid. 897-900.2. COMER S. D.,
Elementary properties
of structure s ofsections,
Bol. Soc. Mat.Mexicana 19
(1974),
78 -85.3. EHRESMANN C.,
Esquisses
et types des structuresalgébriques,
Bul. Inst. Polit.Iasi
14(1968).
4. F EF ERM AN S. & VAUGHT R. L., The first-order
properties
ofproducts
of al-gebraic
systems, Fund. Math. 47 ( 1959 ), 57 - 103.5. MACINTYRE A.,
Model-completeness
for sheaves of structures, Fund. Math. 81 (1973), 73-89.6. MAKKAI M. & REYES G., First order
categorical logic,
Lecture Notes in Math.611, Springer (1977).
7. LAVENDHOMME R. & LUCAS TH., Généralisation non-booléenne d’un théorème de
Feferman-Vaught,
Enpréparation.
8. REYES G., Théorie de s modèles et
faisceaux,
Sém. Math. Pure Univ.Catholique
de Louvain 63 (1978).
Institut
de Mathématiques
UniversitéCatholique
de Louvain2 Chemin du
Cyclotron
1348 LOUVAIN-L A-NEUVE.