NATIONS UNIES
Institut Africain
j
ie DéveloppementEconomique
it de Planification (IDEP)
Dakar
UNITED NATIONS
African Institute for Economie Development'
and Planning (IDEP)
Dakar
FACTEURS EXPLICATIFS
DE L'EPARGNE DES MENAGES
AU SENEGAL
pzésenté par
Amadou Tidiane DIX
pour 1 'obtentj.cn'
du Diplôme d'Etudes Approfondies
de Développement Economique et de Pianificaticn
et approuvé par le JURY *
JS/DIA
Superviseur principal.
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Pr Karattoko EÁKÉ
membre.
membre
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Souieymane Gueyé
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NATIONS UNIES
Institut Africain
de Développement Economique
et de Planification (IDEP)
Dakar
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UNITED NATIONS
African Institute for Economie Development
and Planning (IDEP)
Dakar
12 NOV. 1993
FACTEURS EXPLICATIFS
DE L'EPARGNE DES MENAGES
AU SENEGAL
t
présenté par Amadou Tidiane DIA
pour 1'obtention
du Diplôme d'Etudes Approfondies
de Développement Economique et de Planification
•rouvé par le JURY :
Superviseur principal
Pr Kara
membre.
Pr Mohamed HADDAR
membre.
Le Di
membret
Dr Salah MOUHOUBI
uleymane Guèye
Date:
REMERCIEMENTS
Nous saisissons l'occasion du dépôt de la version finale de ce document académique pour exprimer :
- notre profonde gratitude au Professeur Karamoko Kané qui a assuré,
sans relâche, l'encadrement de ce travail de recherche dans la rigueur du raisonnement économique, mais aussi dans le respect de nos opinions,
- nos sincères remerciements aux Professeurs Ph. K. Quarcoo, M. Haddar, S. Guèye et au Docteur S. Mouhoubi pour les critiques, conseils, suggestions
et indications utiles qui ont permis d'améliorer ce document.
L'expression de ces sentiments s'adersse également à toutes les personnes qui nous ont apporté leur soutien :
- Messieurs Yaya Diakitê et Giovanni Spaliviero, anciens enseignants à l'IDEP, pour leurs encouragements,
- les nombreux professionnels de la documentation et les agents du MEFP
et du système bancaire et financier qui nous ont facilité 1'accès à 1'information,
- les amis du Ministère de la Modernisation de l'Etat et de la
Technologie et du Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan et les collègues du Commissariat Général à l'Emploipour leur contribution matérielle
et technique à la mise en forme de ce document,
- les camarades et les frères pour leur appui moral,
- mon épouse, Mam Siga, pour toute sa sollicitude.
Epigraphe
The personal saving or the consumption
function is a keystone of modern macroeconomics and econometrics.
Being a keystone, it is crucial that
we have a good and well founded know¬
ledge of the empirical form of the function1.
1
- TAUBMAN Paul. - Personal saving : a timeseries of three
mesnsures of the same conceptual series in the Review of Economics and statistics, vol.50, n°l, 1968.- ppl25 - 129.
PLAN
INTRODUCTION
a. Justification du sujet
b. Objet de l'étude
c. Méthodologie
d. Plan général
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'EPARGNE DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE.
1.1. L'épargne dans la théorie économique
1.1.1. Controverse autour de la définition 1.1.2. Rôle
1.2. La place de l'épargne dans le développement économique
et social
1.2.1. Epargne et investissement
1.2.2. Sources de financement
1.2.3. Promotion des composantes de l'épargne intérieure
1.3. L'épargne des ménages
1.3.1. Délimitation de l'Agent Ménages
1.3.2. Mobiles 1.3.3. Volume
1.3.4. Structures et formes
1.3.5. Facteurs explicatifs
CHAPITRE II: L'EPARGNE DES MENAGES AU SENEGAL ET SON ENVIRONNEMENT MACRO-ECONOMIQUE
2.1. La variable endogène : l'épargne des ménages
2.1.1. La politique de l'épargne de ménages
2.1.2. L'épargne intérieure
2.1.3. L'épargne des ménages
a. Le volume et la structure
H.A % • rnVTSkia'il ' 'V.1M "1 iiJ'-á • ' 4 -
b. La contribution des ménages à
l'effort d'épargne intérieure
c. Les emplois de l'épargne des ménages
2.1.4. Des éléments de comparaison internationale
2.2. Quelques remargues sur les défauts des données statistigues
2.2.1. Les agrégats
2.2.2. Les indicateurs du niveau des prix
2.2.3. Les hypothèses de reconstitution des données.
2.3. Les principales phases de l'évolution économigue
2.3.1. La phase 1960-1973
2.3.2. La phase 1974-1980
2.3.3. La phase 1980-1988
2.4. L'analyse sectorielle
CHAPITRE III : LES HYPOTHÈSES EXPLICATIVES DE L'EPARGNE ET LA REALITE SENEGALAISE : LES FACTEURS ECONOMIQUES ET DEMOGRAPHIQUES.
3.1. Le facteur revenu des ménages
3.1.1. La formation des revenus 3.1.2. La répartition des revenus 3.2. Les facteurs démographiques
3.2.1. La réalité du poids démographique au Sénégal
3.2.2. La controverse
3.3. Le facteur fiscalité
3.3.1. Les bases de la pression fiscale au Sénégal
3.3.2. Le système fiscal sénégalais
3.3.3. Le débat théorique
3.4. Le facteur taux d'intérêt
3.4.1. Un bref aperçu théorique de la question
3.4.2. La politique et la pratique des taux d'intérêt
au Sénégal
3.5. Le facteur inflation
3.5.1. Un bref aperçu du débat théorique
a. A propos des effets directs
b. Les effets indirects 3.5.2. Les niveaux des prix
3.6. Les facteurs économiques extérieurs
3.6.1. Les exportations
3.6.2. Les apports nets de capitaux étranqers
3.6.3. Les revenus de facteurs extérieurs
Conclusion partielle.
CHAPITRE IV : LES HYPOTHÈSES EXPLICATIVES DE L'EPARGNE ET LA REALITE SENEGALAISE : LES FACTEURS SOCIO-CULTURELS ET INSTITUTIONNELS
4.1. Les facteurs socio-culturels
4.2. Les facteurs institutionnels : les intermédiaires financiers
4.2.1. Les intermédiaires financiers formels
1. Les institutions bancaires et financières 2. Les Centres de Chèques postaux (CCP) et
la Caisse nationale d'épargne
3. Les institution d'épargne contractuelle
a. Les institutions d'épargne-logement
b. Les compagnies d'assurance
c. Les systèmes de prévoyance et de retraite
- les différences d'approche théorique
- l'expérience sénégalaise
4. Le marché financier
í.... .;sjs* A-i/i S__LIË3SBI
4.2.2. Les intermédiaires financiers informels au
Sénégal
1. La place
2. Les types d'intermédiaires financiers
informels
a. les tontines
b. les associations villageoises
c. les prêteurs individuels
3. Les limites des intermédiaires financiers informels
4.2.3. L'apparition de passerelles entre les deux
secteurs
4.2.4. Quelgues remargues sur le développement
financier
CHAPITRE V : LES TESTS ECONOMETRIQUES
5.1. L'approche économétrigue
5.1.1. Les raisons du choix de la fonction de
consommation par rapport à celle de l'épargne
5.1.2. La formalisation des fonctions 5.1.3. Les modèles
5.1.4. Les spécifications des modèles
5.1.5. Les données et les tests d'évaluation
5.2. La présentation et l'interprétation des résultats des
tests empirigues
5.2.1. Les hypothèses traditionnelles
1. Le commentaire 2. Les résultats
5.2.2. L'influence de la répartition des revenus 1. Le commentaire
2. Les résultats
5.2.3. L'influence du patrimoine
1. Le commentaire 2. Les résultats
5.2.4. Le taux de dépendance
1. Le commentaire 2. Le résultat
5.2.5. Les variables fiscales 1. Le commentaire
2. Les résultats
Le taux d'intérêt créditeur réel 1. Le commentaire
2. Le résultat
Le taux d'inflation (taux de variation de l'IPC)
1. Le commentaire 2. Le résultat
v
Les apports de ressources extérieures
1. Le commentaire
a. Les apports nets de capitaux étrangers
b. Les transferts extérieurs vers les
ménages (épargne des émigrés)
c. Les transferts extérieurs vers les
ménages et le stock d'épargne financière
des ménages
2. Les résultats
5.2.9. Les tentatives d'extension des modèles 5.2.6,
5.2.7,
5.2.8,
5.3. Les tests de stabilité des coefficients de régression (Test de Chow)
1. Le commentaire
2. Les résultats: cf tableaux en annexes
CHAPITRE VI : LES PROPOSITIONS
Première partie: Mesures pour la compréhension du comportement d'épargne des ménages
Deuxième partie : Mesures incitatives pour le moyen et le long terme
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES :
1. Les résultats des tests empirigues de la fonction d'épargne correspondant aux fonctions de consommation
2. Les résultats du Test de Chow
3. Les hypothèses de reconstitution des données
4. Les tableaux des séries chronologigues des données
de base.
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
a. Justification du sujet :
Promouvoir une économie nationale indépendante et prospère
suppose l'élaboration d'une politique globale de développement
à plusieurs éléments constitutifs dont la croissance économique;
cette dernière appelle naturellement l'investissement.
Aussi la politique de financement des investissements retient-elle l'attention des décideurs, des planificateurs, des
chercheurs... La question de la mobilisation des ressources financières demeure d'autant plus complexe qu'elle comporte plusieurs composantes intérieures et extérieures avec chacune ses déterminants : les épargnes de l'Etat, des sociétés, des ménages
et du reste du monde (capitaux extérieurs, revenus de facteurs dont ceux des travailleurs émigrés).
Une politique efficace de promotion de l'épargne nationale
devrait s'appuyer sur la connaissance du comportement d'épargne
des agents, plus précisément, des facteurs qui expliquent les processus de formation et de mobilisation de leur épargne.
Notre choix d'étude a porté sur les problèmes de l'épargne
des ménages au Sénégal. Maintes raisons y ont concouru :
1) dès la première décade de l'indépendance, le problème fut posé ; néanmoins il est rendu plus aigu avec le resserrement des contraintes financières extérieures, l'application des programmes successifs de redressement, de stabilisation et d'ajustement
structurel ( PAS ) et l'urgence de mobiliser les ressources financières domestiques;
2) les nouvelles politiques macro-économiques globale et sectorielles postulent la régulation de l'économie par le libre
2
jeu des lois du marché, le rôle plus étendu du secteur privé et
le désengagement de l'Etat, et impliquent un coût social lourd;
dès lors, la plupart des ménage se voient dévolus de nouvelles
responsabilités : faire jouer pleinement l'initiative privée
individuelle ou collective et l'esprit d'entreprise.
3) étant donné le faible niveau du revenu de l'écrasante
majorité des ménages laissant préjuger d'une épargne insignifiante, nulle ou négative, ce secteur institutionnel fut
négligé ; ce désintérêt se confortait de thèses selon lesquelles,
dans ces conditions de sous-développement, seuls l'Etat interventionniste et, dans une moindre mesure, les entreprises étaient à même de produire l'épargne ; de ce fait , très peu d'études furent réalisées sur l'épargne des ménages.
b.Objectif de l'étude :
Notre objet est de contribuer à explorer la question et à comprendre la situation de l'épargne des ménages avec ses secteurs formel et informel :
- le volume, la structure et l'affectation
- les problèmes posés par sa formation et sa mobilisation : les facteurs explicatifs socio-culturels,institutionnels et
économiques .
- la formulation de propositions de nature à permettre une meilleure connaissance des comportements d'épargne, asseoir une
politique et prendre des mesures pour la promotion de l'épargne
des ménages.
c.Méthodologie de l'étude :
Notre démarche analytique s'articule comme suit :
1) une approche théorique, qualitative et quantitative consacrée
aux variables psychologiques, institutionnelles et économiques
pour comprendre les facteurs positifs ou négatifs qui agissent
sur le comportement d'épargne ( ou de consommation ) des ménages;
2) des tests économétriques du comportement de certaines
variables statistiquement quantifiables en nous appuyant sur des
modèles d'hypothèses conventionnelles (keynésienne et néo¬
classique) et non conventionnelles ; nous retenons, à titre
indicatif , certaines variables :
Sh ou Ch = f(Revenu disponible, Taux d'intérêt, Taux
d'inflation, Fiscalité, Taux de dépendance, Apports extérieurs•..)
où Sh = l'épargne des ménages Ch = leur consommation
Les modèles seront évalués à l'aide de la Loi des Moindres Carrés Ordinaires.
Etant donné que les propensions à épargner et à consommer sont compléments à 1, traiter l'une équivaut à en faire
indirectement autant pour l'autre. Les tests des fonctions d'une
des variables par la plupart des auteurs cités et d'autres a
dépendu essentiellement de la disponiblité et de la fiabilité des
données.
L'étude s'appuie sur des données tirées :
- des séries chronologiques des comptes économiques nationaux à
défaut de données d'enquêtes sur les budgets familiaux ; cette épargne globale est celle d'un secteur social composite (salarié, entrepreneurs individuels ...), ce qui ne permet pas une analyse
du comportement de groupes homogènes et, par conséquent,
l'établissement de fonctions d'épargne ayant valeur prévisionnelle pour chaque groupe ;
- de l'exploitation de divers documents
- et des résultats des rencontres avec des personnes averties et
des professionnels du système bancaire et financier.
d. Plan de l'étude :
Nous traiterons successivement :
- dans le premier chapitre, la problématique de l'épargne dans
le développement en situant la question sur le plan
théorique,
ses diverses acceptions et, en conséquence, le rôle qui lui est
attribué dans l'activité économique ;
ff 2 M
4
- dans le deuxième chapitre, un survol de l'évolution et des caractéristiques générales de l'économie sénégalaise d'une part,
et des problèmes de la formation et de l'effort d'épargne, la
déficience et les hypothèses de reconstitution de certaines
données ;
- dans les troisième et quatrième chapitres, les déterminants potentiels du comportement d'épargne des particuliers sénégalais
à la lumière de l'arsenal des hypothèses théoriques explicatives
de
l'épargne1
;- dans la cinquième chapitre, la vérification, par des tests économétriques, de la pertinence ou de l'adéquation des hypothèses avancées de façon implicite ou explicite dans la 3è partie d'abord, et l'analyse du comportement des lois économiques
à travers le test de stabilité des paramètres de Chow ensuite;
- enfin, dans le sixième chapitre, les propositions au triple plan heuristique, institutionnel et économique.
1 - Notre approche classificatoire en variables économiques quantifiables (3è chapitre) et en variables institutionnelles et socio-culturelles, dites souvent qualitatives, (4è chapitre) nous
a mené à détacher l'examen des taux d'intérêt de celui des institutions financières alors qu'une compréhension correcte du comportement des premiers ne saurait exister sans leur
rattachement aux dernières.
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'EPARGNE DANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
1.1. L'épargne dans la théorie économique
Il semble utile de noter quelques différences de sensibilité
liées à la compréhension du phénomène de l'épargne: en effet,
d'une part, la position de la question a évolué et, d'autre part,
des nuances et des divergences persistent sur sa définition, l'appréciation de son rôle économique, sa structure et ses déterminants.
1.1.1. Différentes définitions de l'épargne
Les économistes définissent l'épargne d'une période comme
l'excédent du revenu sur les dépenses de consommation de cette période.
D'autres estiment plus significative et plus riche de pouvoir explicatif l'approche patrimoniale qui considère comme
un solde, mais au sens d'une variation entre deux états
successifs du patrimoine ; plus précisément, l'épargne totale est
"la somme algébrique de tous les accroissements ... des éléments
d'actif et de tous les accroissements...des éléments du passif"1
- avec prise en compte des plus ou moins-values au cours du temps. Cette acception se heurte à plusieurs obstacles du fait
que les données disponibles sur les patrimoines sont rares, que
" les enquêtes patrimoniales... délicates
"2
et que très peu depays procèdent à l'élaboration des comptes de
patrimoine3
en Comptabilité Nationale.1 -
LISLE E A..- L'Epargne et 1'épargnant.-Paris : Dunod,
1967 .- p.6.
2 -
FORTRAN L.,KLEIN G. . - L'Epargne des ménages.-Paris :P.U.F, 1970 .- pp 26 - 27.
3 -
SERUZIER Michel.- Construire les comptes de la nation
.-Paris : Ministère de la coopération, 1988.- p 33.
I "i M
6
L'appréciation de cet excédent ou de ce solde n'échappe pas
à la controverse : pour les keynésiens, l'épargne, en tant que résidu, est un acte passif tandis que d'autres lui attribuent un caractère actif du fait du désir de constituer une réserve de sécurité ou un héritage à transmettre ou bien un patrimoine
désiré.
Ces perceptions élaborées pour une économie monétaire ne couvrent pas la densité des réalités des pays en développement;
en effet, l'existence d'un secteur important de l'économie de
subsistance et d'une main - d'oeuvre potentielle représentée par le chômage déguisé a amené des économistes à formuler ou à prendre en considération des thèses sur "l'épargne -travail" et
"l'épargne en nature"1.
1.1.2. Rôle
Chez les classiques, l'épargne fit l'objet de la plus haute
considération puisqu'elle était vue comme un facteur de propulsion de l'économie en tant que base d'accumulation du capital. Schématiquement, le modèle classique de
croissance
réduisait le système à deux classes
socio-économiques
caractérisées chacune par une fonction et un revenu : la
fonction d'épargne procédant du profit de l'entrepreneur capitaliste, élément actif, et le
salaire
desubsistance du
prolétaire, revenu d'épargne nulle - en cela, la
position
deKarl Max ne diffère guère des vues classiques.
L'épargne fut déclassée dans
la théorie économique après la
grande crise face à la doctrine
keynésienne qui inversa
le rapport de dépendance etfit
del'investissement l'élément moteur
1 - CISSE Daniel.-Problèmes de la formation de l'épargne interne en Afrique
Occidentale.-Paris
: PrésenceAfricaine,
1969.-p.53.
-CHANDAVARKAR Anand G..- Monetization of Developing Countries
in IMF Staff Papers,vol.24 n° 3, nov.1977.
Une proportion de 25%
de la formation du capital serait
nonmonétaire en Inde selon les enquêtes.
■EjEBB
7
du système. En outre, là où le point de vue classique soutint la
variabilité de l'épargne pour un même revenu du fait du jeu de
l'offre et de la demande (de l'intérêt), les keynésiens
défendirent la stabilité relative de la propension à consommer (ou à épargner) et le caractère résiduel de l'épargne, et expliquèrent que "l'égalité de l'épargne et de l'investisse¬
ment 1,1 découlait du revenu et non du jeu de l'intérêt.
Dans le contexte historique actuel où le financement de l'investissement et la mobilisation de l'épargne sont devenus des questions brûlantes pour les pays en développement, certains économistes, tout en partageant la thèse du rôle moteur de l'investissement, s'élèvent contre les vues keynésiennes qui,
selon eux relèguent au rang subalterne " la propension à l'épargne" par rapport à " la propension à consommer" ; aussi prétendent-ils réhabiliter la propension à épargner en lui
attribuant " une position autonome de variable économique
influencée par de nombreuses déterminantes de nature économique
et
extra-économique"2.
1.2 la place de l'épargne dans le développement économique
et social
1.2.1. Epargne et investissement
Les pays en développement fournissent un effort pour améliorer les conditions économiques et sociales de leurs populations.
La promotion du développement national implique, entre autres,
la croissance économique. Néanmoins, l'envergure et la difficulté
de la tâche varient d'un pays à l'autre en fonction d'un certain
nombre de variables clés parmi lesquelles figurent les ressources naturelles et humaines, les connaissances techniques et les capitaux ainsi que l'environnement
politique.
1 -
BARRERE Alain. - Théorie économique et impulsion keynésienne .-Paris :
Librairie
Dalloz, 1952 .-p.100.2 -
MAURI Arnaldo et al..- La Mobilisation de l'épargne des ménages.-Milan :
Finafrica,
1978.- p X(de la présentation).
8
Quelque soit le sens à donner à telle ou telle variable, ou combinaison de variables, qui peut d'ailleurs
différer beaucoup selon les cas, on s'accorde qénéralement
à
reconnaître qu'il existe une corrélation étroite entre la
formation de capital et la croissance économique.
Si
un accroissement donné du niveau de la formation du capitaln'entraîne pas nécessairement une augmentation de même
amplitude
du taux de croissance économique, il n'en demeure pas moins
vrai
qu'un mouvement ascendant de la courbe de la
croissance doit être
précédé d'un mouvement analogue de
la courbe de
l'investissement1. Or, une augmentation de
l'investissement
suppose un accroissement du volume de l'épargne par
le
recourssoit aux ressources domestiques, soit à des fonds provenant de l'étranger.
1.2.2. Sources de financement
Autant dire que pour assurer une croissance plus
rapide de
la formation de capital, il importerait de relever le
rapport des
ressources extérieures aux ressources intérieures face à
l'insuffisance de ces dernières à court et moyen terme tout au moins.
Aussi est-il souhaitable d'attirer l'épargne étrangère vers les pays en développement dans des
domaines et à des conditions
politiquement acceptables
et bénéfiques du point de
vue économique et social ; mêmes'ils comportent d'autres avantages
tels que les apports de
capacité d'entreprise et de technologies
avancées, les capitaux étrangers,
quelle
quesoit leur forme,
ne devraient être perçus que comme
complément de l'épargne
nationale.
Par ailleurs, la corrélation
positive, prouvée
parles
études économétriques, entre le montant de
l'aide et le taux de
croissance dans les années 60 semble
avoir disparu
au coursdes
1 - Bien sûr, le progrès
technique n'est
pasà négliger
9
décennies suivantes pour des raisons
complexes1.
De plus, lesflux financiers extérieurs comportent des inconvénients dont l'aggravation de la situation de la balance des
paiements et la
présomption d'une influence négative sur l'effortd'épargne
intérieure. Enfin, l'accumulation d'un service important de la
dette et la crise de l'endettement ont sapé les bases de la
croissance et freiné l'élan des bailleurs de fonds si bien qu'on
assiste non seulement au rétrécissement des flux financiers de l'extérieur, mais encore aux transferts
négatifs
- des pays en développement déficitairesqui
sevident
deleur épargne
pour approvisionner les marchésinternationaux.
Leparadoxe est à
soncomble avec le problème de "l'épargne fuyante
1,2.
1.2.3 Promotion de l'épargne intérieure
Tous ces faits convergent vers la nécessité de
réhabiliter
le rôle de l'épargne intérieure dans le
financement de la
croissance d'autant qu'un auto-développement
actif doit être
considéré comme une condition absolument prioritaire. Il est
bien
sûr évident qu'un recours sans cesse
croissant à l'aide
extérieure, au delà d'un point
optimal déterminé, implique
untroc entre l'indépendance
socio-économique
et unecroissance
rapide suscitée de
l'extérieur.
C'est pourquoi, à part une phase
initiale
ouquelque
situation transitoire, l'accumulation intérieure
devrait
occuperune place prédominante.
L'on peut effectuer une
classification de cette épargne
intérieure des systèmes
économiques
modernesselon
sonorigine:
1 - KESSLER Denis, STRAUSS-KAHN
Dominique.-Epargne
intérieure et flux de capitaux
extérieurs in
"Epargneet
Développement : Rapport au
2è symposium ...".-New-York : ONU,
1984.- ppl45 -163.
2 - GOURVEZ Jean-Yves.-Intermédiation
financière et circuits
traditionnels : les conditions de la
mobilisation de l'épargne
financière in ULLMO P.A., KESSLER
Denis.-Epargne et
Développement.—
Paris
:Economica, 1985.- p.116.
10
1) l'épargne publique provenant des Administrations
publiques,
2) l'épargne de l'entreprise égale aux bénéfices non
redistribués
et 3) l'épargne des ménages formée à partir, d'une part, des salaires, traitements et honoraires dans le cas des personnes physiques, et d'autre part, des bébéfices des
entreprises
individuelles. Il en est une autre distinction conventionnelle,
à savoir, l'épargne publique au sens large et l'épargne
privée
- celle-là ne retiendra guère notre attention.Toutefois, la participation à la formation du
capital
de ces catégories d'épargne à l'intérieur d'uneéconomie dépend du choix
du système socio-économique et des
nécessités conjoncturelles.
En tout état de cause,le véritable objectif à atteindre par une politique d'épargne est, d'abord, d'accroître
le montant global
de l'épargne sans négliger les
actions
pour lamodification de
sa structure et sa mobilisation sectorielle et régionale.
Enfin,si l'épargne privée représente une large
portion des
épargnes totales dans nombre de pays en
développement et
quele
secteur des ménages en fournisse la
majeure partie selon
certaines sources, il semble, par contre, que
l'épargne des
ménages y contribue pour une
infime partie
enAfrique de façon
générale.
1.3. L'épargne des ménages
1.3.1.Délimitation de l'agent ménages
La détermination des contours de l'Agent Ménages dont le comportement d'épargne
est à l'étude, n'en demeure pas moins
floue, car des désaccords
et des
nuancespersistent tant au plan
de sa définition théorique qu'à
celui
de sadélimitation pratique
eu égard à la
diversité des réalités historiques et nationales.
C'est ainsi qu'on assiste
à
unfoisonnement et à
uneconfusion terminologiques :
distinction
ouidentité entre
"famille" et "ménages", entre
épargne familiale, celle des
11
ménages et celle des particuliers (ou des individus). En
dernière
instance, la recommandation de M. Dell' Amore revêt une grande importance, à savoir gue " l'on ne peut effectuer une
étude
complète des phénomènes de l'épargne sansexaminer les
caractéristiques structurales des ménagesqui
formentla
population dupays"1.
Toutefois, la théorie économique moderne (libérale) rompt
avec le point de vue classique sur les
fonctions économiques des
principaux groupes sociaux et
envisage
leménage
commela plus
petite unité économique et sociale et un centre
de décision
avectrois fonctions : producteur, consommateur et épargnant ;
elle
lui attribue "des revenus du travail, des transferts sociaux et
des revenus du capital, de la propriété ou de
l'entreprise" et
le "dote d'un patrimoine hérité du passé
"2.
Dans le même ordre d'idées, le vocable de ménage inclura l'entrepreneur individuel surtout dans un pays
où l'écrasante
majorité de la
population, à côté des salariés, tire
son revenudes unités de production
individuelles, des activités
informelles, et où il n'est pas nettement
établi la séparation
des comportements entre
l'entreprise et les membres du ménage.
Etant donné que le ménage est à la base de
toute formation
d'épargne dans une
collectivité de l'avis de certains
économistes, tout devrait alors porter à prêter
attention
auxfacteurs qui l'influencent ; en effet, pour eux,
l'épargne
publique comme l'épargne des
entreprises s'obtiendrait en
contractant les revenus réels des ménages moyennant des prélèvements fiscaux,
l'inflation, le maintien des salaires et
des dividendes à un niveau bas, bref, grâce au recours à
diverses
formes d'épargne forcée.
1 - Dell'AMORE Giordano in MAURI Arnaldo et al. .-1977
Op. cit. .-P. 5.
2- LISLE E. A. .-Op. cit. .- pp 116-117.
12
Au delà de sa formation, se pose le problème de sa mobilisation. L'épargne des ménages ne se concrétise pas toujours
en investissement dans le cadre familial où elle s'est formée et
peut se heurter à d'innombrables obstacles pour arriver à
l'investissement. Et la question majeure reste le transfert des capitaux du secteur des ménages vers les secteurs déficitaires (entreprises, Etat) pour assurer la croissance économique et le progrès social. La levée des entraves à sa mobilisation pourrait
influencer positivement sa formation.
1.3.2. Mobiles de l'épargne
Une politique de l'épargne efficace suppose la connaissance
des motivations. Ces mobiles sont difficiles à déceler puisque
liés à la structure économique et à l'attitude culturelle de chaque société ; l'on ne mentionnerait qu'à titre indicatif les
huit mobiles énumérés par Keynes.
C'est à juste raison que nombre d'économistes estiment "que
les mobiles fondamentaux de l'épargne étaient identiques dans
toutes les sociétés et que seule l'expression pratique de ces mobiles différait en fonction des conditions particulières de chaque société et de la situation particulière de chaque épargnant"1.
1.3.3. Volume
Les faibles résultats de la collecte de l'épargne des ménages dans les pays en développement ont été interprétés comme
la conséquence du niveau très bas des revenus alors que nombre
de faits laissent croire à une sous-estimation du volume de cette épargne - ce que corroborent des études ou
estimations
des organisations de la famille desNations Unies
et del'Institut
International des Caisses d'Epargne. D'ailleurs plusieurs sources d'erreurs peuvent y conduire :
l'évaluation monétaire des
1 ONU.-Politique et techniques de
mobilisation de l'épargne
des ménages dans les pays en
développement.-New-York
: 1977.-P. 4
.13
agrégats du secteur de l'économie de
subsistance, l'acception
restrictive ou large du concept de l'épargne,
incertitudes
relatives à l'évaluation des flux d'épargne dans la
Compatibilité
Nationale, fuite de l'épargne, secteur informel, taux de
change
adoptés pour homogénéiser les revenusexprimés dans leur unité
monétaire nationale, etc...
1.3.4. Structure et formes
Bien que le volume de l'épargne des
ménages présente
unegrande importance, c'est sa
répartition qualitative entre
diverses catégories d'avoirs qui
détermine
dansquelle
mesureelle peut véritablement
servir
audéveloppement économique.
Essentiellement, l'épargne peut se présenter
soit
sousforme
monétaire et financière soit en nature - seuls ces aspects
feront
l'objet de nos
réflexions1
:- Comme la monétisation ne s'est pas étendue à toutes
les
activités économiques traditionnelles,
l'épargne continue à
y prendre, en partie, la formed'avoirs matériels et l'épargne
monétaire reste parfois négligeable.
L'épargne
ennature peut
y revêtir plusieurs
modalités qu'une étude récente2 sur sept(7)
pays africains a bien
mises
en exergue :l'épargne coutumière,
l'épargne-travail, l'épargne
céréale
-l'on
nesaurait prétendre
à l'exhaustivité. Il en résulte que la
réduction
del'épargne à
la seule forme monétaire et financière pousse
à
laconclusion
1 Comme nous le verrons dans le texte, le
domaine couvert
par l'épargne des ménages
est trop controversée ; nombre
d'économistes vont outre les
conventions
dela Comptabilité
Nationale - SNYDER donne une idée plus
nette de l'état de la
question : "The
definition of saving adopted in most studies
reviewed herein is restrictive :
investissement in human capital
is not counted, nor in most cases are
purchases of consumer
durables", p.139 de
l'article référé.
2.BIT, WOCCU, UCI.-Programme
des activités sectorielles :
document de travail .- Vienne: BIT, 1987 .-
Pp 1, 38-40.
Le document comporte 7 études
de
cas.14
d'une quasi-inexistence de l'épargne dans les campagnes.
Il demeure donc vrai qu'il existe une épargne des
ménages
au sens économique du terme - cette épargne en
nature1 jouant le
même rôle que l'épargne financière dans
l'économie d'échange.
L'observation de la vie réelle permet de constater que le
niveau du flux ou du stock d'épargne en nature peut
influencer
positivement ou négativement le tauxd'épargne (
oude
consommation ) non seulement des ruraux,
mais aussi celui d'une
frange des masses urbaines.
- Quant à l'épargne financière des ménages, l'on
pourrait
distinguer, d'une part, l'épargne non
institutionnelle 2
en espèces gardées à desfins
dethésaurisation, d'investissement
ou de prêts à des
particuliers, qui n'est,
pourle moment, pas
quantifiable, d'autre part,l'épargne institutionnelle empruntant
les circuits des intermédiaires financiers
officiels
-dépôts
divers, épargne contractuelle, valeurs.
1.3.5. Facteurs explicatifs
La propension à épargner ( ou
à consommer) est
unefonction
de plusieurs variables.
Si, dans la recherche de son mécanisme,
les économistes s'accordent sur le rôle
déterminant du
revenuet
sur l'existence d'autres facteurs
explicatifs, l'on relève des
désaccords sur le poids et la
signification de leur influence.
Dans ce sens, un bref aperçu de la
littérature théorique et
1 - Chandavarkar démontre, avec arguments et
références,
dans l'article cité, que la part de
l'investissement
ennature
dans la formation du capital des ménages
est
assezimportante
dans les pays en
développement, notamment
enAsie et dans le
Pacifique, et
avoisinerait 25% dans certains pays.
- OHLIN Goran .- De nouveaux arguments en faveur
de
l'épargne des ménages dans
les politiques de développement in
ULLMO P.A. et KESSLER Denis .- Op. cit. .- 1985 .-P.
81.
2 II est employé
indistinctement, dans la littérature, le
substantif épargne avec un des
termes déterminatifs suivants :
informelle, parallèle,
souterraine,
nonorganisée, grise, non
structurée, non officielle,
traditionnelle
- cedernier terme est
restrictif.
\W
1 li
15
empirique donne une idée de l'ampleur des
divergences, du
caractère exploratoire des approches, de la
complexité des
problèmesqui
vont del'insuffisance et de la fiabilité des
données dans les pays en développement aux
tentatives
d'innovations théoriques en passant par
l'applicabilité d'outils
théoriques conceptuels élaborés pour des pays
développés. Citons,
à titre illustratif, quelques documents soit
théoriques
ou empiriques, soit les deux à lafois
de cesauteurs-ci1
:Friend
et Taubman (1966), Diwan (1968), Evans (1969),
Leff (1971),
Mikesell et Zinser 1973), Synder (1974), MAURI
(1978),Singh,
Kumar et Drost (1978), Quarcoo (1980), Umo (1981),
Strauss -Kahn
et Kessler (1982), Sturm (1983),
Leite
et Makonnen(1986),
Guillaumont (1988), Aghevli et Boughton (1990).
En étudiant les variables explicatives de l'épargne des ménages, certains chercheurs
traitent indistinctement deux
processus que
Rhafes2
anettement différencié
en cestermes :
1) la formation de
l'épargne, 2)
samobilisation
;certains
détermiants n'influent que sur un processus, d'autres sur
les
deux à la fois.
Généralement les déterminants de l'épargne sont
classés
endeux grandes catégories ; et
cette approche classificatoire
explicitée ci - dessous
soutiendra notre analyse ultérieure des
facteurs explicatifs :
1) Les variables
économiques et démographiques
- les facteurs propres au ménage :
. le revenu et sa répartition
. le patrimoine
. le taux de dépendance et la
taille
duménage
. l'épargne contractuelle
- les facteurs extérieurs au ménage :
1 Pour plus de détails,
voir la bibliographie et le corps du
texte.
2 RHAFES Taïeb.- L'Epargne en Afrique :
formation et
mobilisation in "L'Epargne et sa collecte en
Afrique".-
Paris : Revue Banque, 1987.- Pp 35-42.