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causalité. D'autres privilégient les variables qualitatives

1 Selon la définition de Chandavartar qui différencie ce concept du degré

d'intermédiation financière mesurée,

en

partie,

par des ratios de liquidité. Pour les

développements, voir

chapitre sur les facteurs institutionnels...

17

Les deux démarches1, "l'analyse

qualitative"2

et l'analyse quantitative, sont complémentaires et leur combinaison donnerait plus de portée aux travaux de recherche.

'.Il ne faudra pas voir une similitude ou une

identité

entre

cette classification et celle en variables explicatives quantitatives et qualitatives. En effet, certaines

variables

économiques et démographiques sont difficilement mesurables alors

que des variables qualitatives sont approchées par les modèles

à retard (transformation de Koyck, ajustement partiel...)

qui

aident à traduire les habitudes passées.

2.WACHTELL Paul.-Quelques observations sur l'épargne des ménages dans les pays en développement in ULLMO et KESSLER

.-L'épargne et le Développement.-Paris:Economica,1985.- P 24.

18

CHAPITRE II : L'EPARGNE DES MENAGES AU SENEGAL ET SON ENVIRONNEMENT MACRO-ECONOMIQUE

A travers cette partie, l'analyse s'apesantira sur, d'une part, le niveau de l'épargne et les problèmes posés par son estimation au Sénégal et, d'autre part, les conditions macro¬

économiques de sa formation.

2.1. La variable endogène: l'épargne des ménages.

Il sera analysé tour à tour brièvement la politique de l'épargne, les volumes et les structures de l'épargne

domestique

et ceux des ménages ainsi que leurs emplois (investissement et exportation) et la fiabilité des données statistiques.

2.1.1. La politique de l'épargne des ménages au Sénégal.

Le premier plan de développement avait, de façon

explicite,

mentionné la nécessité de la mobilisation de l'épargne des différents agents-ménages, entreprises et Etat - pour le développement. On avait insisté de façon

particulière

sur les ménages urbains et ruraux ; c'est, sans doute, dans ce cadre que

se sont inscrits des plans d'épargne-crédit pour l'équipement agricole, la promotion d'artisans et de commerçants, et le logement (HLM, SICAP...).

L'étude intéressante du C.E.S1 ne semble pas avoir entraîné

d'effets concrets dans un contexte ultérieur trouble (1968-1972)

la répartition des revenus sera privilégiée par rapport au frein à la consommation.

Bien que le quatrième plan de développement ait exposé avec

clarté les trois volets du financement des investissements

-financement extérieur, politique budgétaire, politique d'épargne privée et du crédit - l'on n'insista guère sur les ménages dont

^Note sur les possibilité d'épargne au Sénégal. -Dakar:

Conseil Economique et Social, 1967.- 66p.

19

l'épargne était jugée négative depuis 1969.L'accent fut plutôt

mis sur l'autofinancement des entreprises par l'introduction de conditions de faveur dans les codes des investissements et une

réforme financière, sur l'épargne budgétaire grâce aux mesures fiscales et parafiscales et l'accroissement de la capacité

d'endettement extérieur - jugé insuffisant.

Ces orientations seront maintenues au cours de la décennie 1970 et au début de la suivante.

Il faudra attendre le P.A.M.L.T (1985 -1992), les 7e ( à

travers le programme d'action prioritaire 20 ) et 8e plans et

le programme d'ajustement du secteur financier pour voir reposée

avec force la question de la promotion de l'épargne des ménages

et des mesures prises pour son encouragement (amélioration des circuits et création de nouveaux instruments financiers ).

Tout en se félicitant des initiatives heureuses et des

acquis réels avec la création de circuits nouveaux (CNCAS...) et

la diversification des produits proposés par les banques et

établissements financiers, l'épargne des ménages n'a pas fait l'objet d'études approfondies au niveau de l'Etat et du système

bancaire. On ne décèle pas une cohérence d'ensemble dans les initiatives désordonnées des intermédiaires financiers et des ONG, et c'est à peine si l'on mentionne les formes d'épargne

informelle dans les documents officiels.

Aussi nous paraît-il osé de parler d'une politique d'épargne

des ménages au Sénégal sans pour autant nier quelques mesures

d'encouragement et leurs effets bénéfiques.

2.1.2. L'épargne intérieure : fig 1,2,3.

- Comme le démontre le tableau ci-dessous le taux d'épargne intérieure a continué de baisser de façon constante pour les différentes phases et sur la longue période tandis que le taux

de la formation brute de capital fixe (FBCF) suivait une tendance divergente - dès lors, l'affaiblissement du taux de couverture

de l'investissement par l'épargne intérieure brute supposant un

recours toujours plus accrû aux capitaux extérieurs.

20

Période Indicateurs

1960-73 1974-80 1981-88 1960-87

Sd /PIB 9.404 7.80 4.72 7 . 69

FBCF/PIB 11.972 14 .17 14. 59 13 .23

Sd /FBCF 77. 59 51.88 35.59 59.79

SOURCE : Statistiques Financières du FMI ( nos calculs )

- En calculant l'épargne intérieure brute à partir de la

sommation de l'épargne des différents agents (Sa), il apparaît

des divergences statistiques sérieuses avec les séries chronologiques des comptes économiques (Sd) . La nouvelle

série,

sans infirmer le déclin du taux d'épargne global noté plus haut

-phénomène apparemment international depuis deux

décennies1

- se manifeste par une tendance décroissante plus douce ; les ménages

et les entreprises soutiennent le principal effort, l'épargne budgétaire devenant insignifiante et même négative.

Période Indicateurs

1960-72 1973-80 1981-88 1960-87

Sd /PIB 9.46 7.41 4 .72 7 . 69

Sa /PIB 13 .27 12 .76 8 . 68 11. 98

SOURCE : Direction de la Statistique (MEF) ( nos calculs )

Au delà des erreurs et des aberrations, ces divergences statistiques pourraient camoufler l'expatriation de l'épargne.

A l'évidence, l'interrogation porte moins sur la formation

insuffisante de l'épargne privée que sur ses emplois ; tout tend

à corroborer une pratique constatée depuis des années par des

1.AGHEVLI Bijan B., BOUGHTON James M..- L'Epargne nationale

et l'économie mondiale in Finances et Développement, vol.27, Juin

1990. - pp 2-5.

21 économistes au plan national1 et international2, à savoir des transferts légaux et illégaux de l'épargne vers l'extérieur par les entreprises étrangères, les ménages non sénégalais, des

hommes d'affaires locaux et de hauts fonctionnaires de l'Etat au moment le pays fait appel aux ressources financières extérieures. L'on est dans l'impossibilité d'en déterminer ni la part respective des différents groupes d'agents ni le montant global.

2.1.3. L'épargne des ménages

a) Le volume et la structure : fig.4.

L'évolution erratique du taux d'épargne reflète les incertitudes et les aberrations qui entachent les séries chronologiques tirées des comptes économiques.

Tout porte à croire à sa sous-estimation, car des catégories importantes d'épargne ne sont pas quantifiables à l'heure présente: l'épargne en nature et l'épargne informelle.

Quant aux avoirs financiers, les statistiques monétaires de la BCEAO ne permettent pas de spécifier la part des ménages à l'exception des ressources des "comptes à régime spécial". Il

en est de même des données relatives à l'épargne cotractuelle.

b) La contribution des ménages à l'effort d'épargne intérieure : fig. 5

- Relativement forte au début de l'indépendance, 6.5 % entre

1960 et 1968, la propension moyenne à épargner des ménages est

allée décroissante, particulièrement en fin de décennie pour descendre à 4.95 % entre 1960 et 1972 et à 3.27 % entre 1973 et 1980. Malgré la crise, une très légère croissance est enregistrée

entre 1981 et 1988. Il ressort des chiffres une très forte

propension à consommer avec le temps sans qu'on puisse

déterminer le comportement de l'indicateur pour divers groupes sociaux ;

1.DIENG Amady Aly .- La Répartition des revenus au Sénégal

.-Dakar : CES, 1978 .-P. 115.

2.- GOURVEZ Jean-Yves. .-Op. cit. .- P. 116.

- KHAN Mohsin S., ULHAQUE Nadeem. - La Fuite des capitaux

des pays en développement in Finances et Développement,

mars 1987 .- PP 2-5.

- malgré ces fluctuations, la contribution des ménages à

l'effort d'épargne reste importante et se situerait à près de

30 % de l'épargne intérieure en longue période - 1960-1988.

Période Indicateurs

1960-72 1973-80 1981-88 1960-88

Sh /Yh 4.94 3 .27 3.3 4.14

Sh /Sd 43 . 03 10.44 27. 44 31. 04

SOURCE : Direction de la Statistique (MEF) ( nos calculs )

c) Les emplois de l'épargne des ménages :fig.6

Si l'investissement dans le secteur rural (culture, élevage, pêche), après un moment intense, a connu un recul réel à partir

de la fin des années 60 avec la persistance de la sécheresse, des

tendances se sont, par contre, renforcées avec le temps:

l'expatriation de l'épargne, l'investissement dans le tertiaire,

l'immobilier (de rapport ou à usage domestique) et la promotion

de projets individuels ou collectifs dans les domaines de l'agriculture , de l'élevage et de l'artisanat.

De façon générale, la contribution des ménages à la

formation brute de capital fixe (FBCF) a été marquée, selon les chiffres, par un déclin abrupt à la fin des années 60 et des

fluctuations avec une légère tendance à la hausse au cours des

années 70 et 80.

Période Indicateur

1960-72 1973-80 1981-88 1960-88

Sh /FBCF 32.85 17.87 20.94 25.43

SOURCE : Direction de la Statistique (MEF) ( nos calculs )

SDP1B

:

s4/pie

FCFPÎB =- fbcp/PVÛ FVyu/re. 4

Si/pIB

^ SdZPifi

SftPJB =Sa/?U3

Fi'gwX't

lily

I960 1965 1970 1975

1900 1985

- 4

! SBFBCF=

0J;/FBCF

C/q X\<X^X<.

15.01

1960 1965 1970 1975 1980 1985 fjPg=-Tõ-ua:

á/e^-u"^

vu.

À<A

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SHSD—

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SHFBGF;í.G?voí*r%vU^fcvv A6

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A6A*WV^CÁ^W &.\A

2.1.4. Des éléments de comparaison internationale

Les comparaisons internationales peuvent s'avérer difficiles

tant les réalités diffèrent et des obstacles liés à la

disponibilité des données et à la diversité des mesures de l'effort d'épargne des ménages se posent.

Cependant des éléments caractéristiques peuvent être dégagés:

- le taux d'épargne intérieure et celui des ménages au Sénégal

tendent à la chute ne s'écartant pas de la tendance mondiale

notée plus haut1 à l'exception de quelques pays occidentaux et asiatiques;

- l'effort d'épargne intérieure demeure inférieure au taux moyen de

l'Afrique2

sub-saharienne sur la période 66-88; tous ces deux indicateurs sont en deçà de ceux des autres continents3;

- par conséquent, un taux d'épargne apparemment trop faible sans être péremptoire en considération, d'une part, de notre hypothèse

sur la sous-estimation de cet agrégat dans notre pays et, d'autre part, de la difficulté à rassembler des données internationales systématiques.

2.2. Quelques remarques sur les défauts des données statistiques.

La disponibilité et la fiabilité des données statistiques constituent quelques uns des obstacles majeurs de

notre étude dans l'estimation, d'une part, de certains agrégats -revenu, consommation, épargne des ménages - et, d'autre part,

d'indicateurs tels que les niveaux des prix.

1 Voir aussi:

LEHMU S SAARI Olli-Pekka .- Les raisons du déclin de

l'épargne dans les pays nordiques in Finances et Développement.

Juin 1990 .- PP 15-17.

2.JORGE C., VICTOR G., MARIA C. G., CHARLES P. H. .- African financing needs in the 1990s in Working Papers Series.764.

October 1991 .- 87 p .

3.SANG—WOO Nam .- What determines the national saving ? A

case study of Korea and Philippines in Working Papers Series ,

205, May 1989 .- 69 p .

.Cf l'article de FRY M. en bibliographie.

2.2.1. Les agrégats.

Sans prétendre épuiser la question, l'on tentera d'avancer

des éléments d'explication1 sur l'évolution erratique de l'épargne des ménages :

Io) du côté des revenus :

- du fait des méthodologies des comptables nationaux et de

l'évasion fiscale, une estimation inexacte ou l'omission des recettes des revenus provenant :

. des professions libérales

. de la propriété, de l'entreprise et de l'épargne

. des indépendants ( y compris les revenus agricoles )

et les salariés du secteur informel

. des transferts du reste du monde (revenus des facteurs).

- des subsides importants en nature et en espèces de l'extérieur aux déshérités et sinistrés (durant les années difficiles ) dont une bonne partie est officiellement mise sur

le marché ou détournée illégalement.

2°) du côté de la consommation :

- l'évaluation douteuse du poste de 1'autoconsommation liée 1) d'abord, à une conception inexacte des emplois de la production agricole, car la partie non commercialisée ne donne

pas totalement lieu à 1'autoconsommation comme il apparaît dans

les comptes nationaux, mais également à un stock d'épargne en nature - l'expérience montre que ces stocks influent positivement

'.Cf. les documents suivants :

- DIENG Amady Aly .- 1978.- Op. cit.

- SY Ibrahima .- L'Epargne sénégalaise : constitution et mobilisation.-Dakar : ENSUT, 1978.- 86 p

Mémoire de fin d'Etudes.

- DIENG Mor FALL .- Modélisation macro-économique au

Sénégal :1e sous-modèle du revenu des ménages.- Dakar : MPC,

1988. - 60 p.

- CHRISTN Ivan .- Les Circuits de financement au Sénégal : Méthodes d'élaboration des comptes des Agents.- 1982. (Document

ronéoté de l'expert de la BM).

25

sur la propension à épargner des ruraux et d'une partie des

urbains gardant de solides attaches avec la campagne;

2) ensuite, à la difficulté à évaluer les prix de ce poste compte tenu de l'imperfection du marché : diversité des produits,

différences géographiques, habitudes de consommation.

- la difficulté à délimiter concrètement en ce qui concerne les équipements la part qui relève des biens de consommation

durables de celle qui sert de moyens de production aux

entrepreneurs individuels.

l'affectation frauduleuse à la consommation des investissements publics et des crédits à l'investissement octroyés aux dignitaires de l'Etat et à leurs alliés et protégés.

3°) Au plan théorique.

L'hypothèse d'une épargne négative sur une longue période -c'est -à-dire, un endettement structurel des ménages pour satisfaire leurs besoins de consommation et d'investissement

-bien qu'on soit en économie ouverte, nous semble difficilement

soutenable : en courte période, ce phénomène pourrait s'expliquer

soit par une désépargne (consommation de biens stockés au cours des périodes antérieures)1 par les ménages, soit par le recours

temporaire à l'aide étrangère.

2.2.2. Les indicateurs du niveau des prix

Dans l'estimation de plusieurs variables, nous serons confrontés à divers déflateurs : indices des prix à la consommation (IPC) africaine et européenne, indice des prix à la construction, indice des prix implicites ( déflateur ) du PIB.

Il importe de noter deux éléments :

1.LECAILLON Jacques .-Analyse macro-économique.- Paris:

Ed. Cujas, 1987 .- P. 25.

26

- nombre d'utilisateurs1 des données sénégalaises font remarquer le caractère local des observations des prix à la consommation (Dakar), leur non représentativité du niveau réel des prix dans

l'ensemble du pays, l'ancienneté des bases de pondération des

deux types d'IPC (exprimant des habitudes de consommation, à la fois, de périodes éloignées et de deux catégories sociales différentes), l'inexistence d'un IPC unique élaboré par la Direction de la Statistique - l'IPC général repris dans notre

travail et utilisé dans certaines publications étant de source

ambiguë

- au delà des insuffisances soulevées à propos des déflateurs, l'incertitude demeure quand on prend en considération les avis

discordants sur la préférence ou le choix du meilleur indicateur

de prix pour déflater certaines variables, notamment les biens

de consommation2 durable et les taux d'intérêt ou certains actifs.

2.2.3. Les hypothèses de reconstitution des données.

Vu la déficience des données disponibles pour rendre compte

de l'évolution des agrégats et des indicateurs de prix, nous

avons recouru à certaines hypothèses de travail pour reconstituer

1 .Nous avons synthétisé des observations tirées de divers

documents de la Direction de la Prévision et de la Statistique,

de la Direction de la Planification, de la Banque Mondiale, de

la BCEAO et l'ouvrage de DURUFLE cité.

Voir aussi :

- BAKARY Lansina in GUILLAUMONT Patrick et Sylviane et al.

(1988) en bibliographie.-PP 708-709.

2 EVANS Michael K. .- Macroeconomic Activity : Theory , Forcasting and Control .-New-York :Harper International Edition,

1969 .- pp 56-58.

-NASSE Philippe .-Consommation des ménages in Annales de

l'INSEE , 26-27, Août-Septembre 1977 .-pp 83-104.

-KHATKHATE Philippe .- Comment estimer les taux d' intérêt

dans les PMA in Finances et Développement, juin 1986 .- pp 45-48.

27 et manipuler certaines données - dont l'exposé se trouve en

annexe. Dans la recomposition, nous intégrons les données des comptes nationaux pour autant qu'elles nous semblent cohérentes,

des statistiques monétaires et appliquons "l'optique patrimoniale" telle qu'a tenté de l'appliquer au Sénégal Ivan Christin1 dans l'élaboration des comptes des agents.

Eu égard aux carences soulevées, nous nous évertuerons à plus de prudence dans l'interprétation des résultats et dans nos conclusions.

2.1. Les principales phases de l'évolution économique

A travers l'analyse des phases et des secteurs importants de l'économie sénégalaise, nous visons à dégager des traits caractéristiques historiques, économiques, sociaux et politiques susceptibles d'aider à la compréhension des conditions

de formation de l'épargne en général et de celle des ménages en

particulier.

Pour les besoins de la cause, nous subdivisons le parcours

économique du pays en trois phases dont chacune est caractérisée

par quelques tendances et politiques dominantes ; il importe de noter la difficulté à fixer les bornes temporelles des moments de rupture - le début ou la fin d'une phase.

2.1.1. La phase de 1960-1973

Dès son accession à l'indépendance, le Sénégal a opté pour la voie de développement dite du socialisme africain qui articule, dans une série de plans nationaux, l'économie de marché et une intervention accrue de l'Etat dans l'économie. En effet,

les pouvoirs publics s'étaient fait le devoir d'assumer des fonctions de base du développement dans un contextel'on notait une faible participation des nationaux à la gestion et à

la direction des entreprises industrielles et commerciales et la domination du secteur moderne par les capitaux étrangers.

'. CHRISTIN Ivan .-Op. cit. .

28

En effet, le Sénégal avait hérité d'une économie de traite

entraînée par, d'une part, la culture et l'exploitation de produits primaires agricoles avec le rôle moteur de l'arachide,

d'autre part, des activités industrielles d' import-substitution

conçues pour l'ex-AOF et caractérisées par une forte concentration géographique, une forte protection et une sous-utilisation des capacités

productives1.

Au cours de cette phase, les grandes orientations du développement visaient :

. la croissance et la modernisation de l'agriculture par la diversification, la mécanisation, 1'octroi du crédit, l'extension

du mouvement coopératif, la réorganisation des circuits de commercialisation et l'amélioration des revenus par le prix au

producteur tout en conservant l'avantage comparatif de l'arachide

dans les échanges internationaux ;

. la conservation et la protection des unités industrielles

existantes et l'incitation aux investissements nouveaux agro¬

industriels, industriels divers ;

. la promotion des entrepreneurs nationaux.

La croissance moyenne du PIB, régulière et constante aux environs de 3,5 % initialement, subira de sérieuses fluctuations

au point de se situer autour de 2 % en fin de décennie.

A la fin des années 60 et au début des années 70, le modèle

de base de l'économie sénégalaise commença à connaître des déséquilibres structurels profonds sous la double conjonction de

facteurs internes et externes.

. L'essoufflement de l'agriculture dû, entre autres , aux aléas climatiques, à la suppression, en 1965, du prix de soutien ( surprix accordé à l'arachide, suite aux accords de la France

avec la CEE, pour faire face à la chute de ses cours mondiaux )

1 SENEGAL. -Quatrième Plan quadriennal de développement économique et social.- Dakar : NEA, 1973.- P 12

29

et, enfin, à la baisse continue des prix réels au producteur -tout cela eut pour conséquence la contraction de la demande de

produits industriels sur le marché rural.

Prix du Kg en F CFA constant1 de 1977 des principaux produits agricoles :

ANNEE Mil/Sorg Maïs Paddy Arachide Coton

1960 35.2 33 . 2 37 . 3 45.6

-1963 34.4 32.4 42 . 5 43 . 6 56. 7

1968 35.4 31.8 37.1 31.8 49. 5

1974 38.3 44.7 53 . 0 53 . 0 60.0

1977 35.0 37.0 41.5 41.5 49.0

1980 34 . 8 32.2 36.1 39. 6 47 . 8

1984 28.5 31.1 34.2 41.5 36.3

1988 31.4 31.4 38.1 40.4 44. 8

SOURCE: Groupe d'Analyse Macro-économique (MPC) ( nos calculs )

le piétinement du processus d'industrialisation par substitution d'importation dû à la faible demande intérieure et

au manque de compétitivité sur les marchés extérieurs.

. le rythme du taux d'accroissement de la population plus rapide que celui du PIB et 1 ' accélarération du taux d'urbanisation ;

. l'accroissement, d'année en année, du double déficit2 de la balance des paiements et du budget de l'Etat - les charges de

'.Les prix nominaux, nous les avons déflatés avec l'IPC unique trouvé au MPC, qui est l'objet de discussion dans le texte.

2. AMIN Samir .- Pour un aménagement du système monétaire

des pays africains de la Zone Franc in Le Mois en Afrique. n°41, mai.- 1969.-PP 18-45.

30

ce dernier augmentant à un taux supérieur à celui de la

croissance économique (fig.7, 8) ;

. un appel plus large aux financements extérieurs devant la précarité des recettes budgétaires et le rétrécissement des disponibilités intérieures d'investissement.

2.1.2 La phase 1974-1980

La nouvelle phase, qui s'ouvrait vers 1974, allait être marquée par le retour temporaire à une conjoncture plus favorable, la recherche de dynamismes nouveaux pouvant prendre

le relais d'une économie de traite tendanciellement en déclin,

un interventionnisme plus poussé de l'Etat en vue de pallier le

secteur privé défaillant.

Une légère relance fut enregistrée grâce à l'augmentation

des recettes d'exportation des phosphates, des produits de l'arachide et de la pêche de telle sorte que leur contribution aurait permis un taux de croissance annuelle du PIB de 4,8 %

entre 1974 et 1977 . Mais le boom économique fut sans lendemain

du fait des défaillances du secteur industriel et de la

persistance de la sécheresse ; le gouvernement ne mit pas à profit ces ressources et cette période favorable pour restructurer l'économie du pays, tributaire du type de spécialisation qualifiée de "déductive et régressive" .Pis encore, la "logique d'enrichissement et de distribution des revenus a

prévalu sur une logique

d'accumulation"1

et la consommation

finale s'est accrue plus vite que le PIB en fin de période dans

un contexte de chute des recettes d'exportation (77-78, 80), de

un contexte de chute des recettes d'exportation (77-78, 80), de

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