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La grotte et le lac souterrain de Saint-Léonard (Valais)

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La grotte et le lac souterrain de Saint-Léonard (Valais)

PITTARD, Jean-Jacques, DELLA SANTA, Jean

PITTARD, Jean-Jacques, DELLA SANTA, Jean. La grotte et le lac souterrain de Saint-Léonard (Valais). Revue polytechnique , 1943, p. 3-12

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142142

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SOCIÉTÉ SUISSE DE SPÉLÉOLOGIE

La grotte et le lac souterrain de Saint-Léonard.

(Valais)

par

J.-J.

PITTARD et

J.

DELLA SANTA

Extrait de La Revue Polytechnique,

Bulletin de la Société Suisse de Spéléologie, du 25 novembre 1943

GENÈVE

IMPRIMERIE DE LA TRIBUNE DE GENÈVE Rue du Stand 42

1943

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. '

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La grotte et le laç souterrain de Saint-Léonard

(Valais)

par

J.-J.

PITTARD et DELLA SANTA

Cette grotte se trouve à 750 m. à l'ouest-nord-ouest de Saint-Léonard 1 et à 80 m. environ sous la route de Saint-Léonard à Chelin. Elle est située au fond d'un petit cirque d'effondrement. On peut y accéder facil~­

ment en prenant d'abord la route de Saint-Léonard à Chelin, puis un chemin vicinal dans les vignes. Les derniers roo m. sont à faire à pied à travers les vignes.

La région de Saint-Léonard appartient à un grand massif de la série des schistes lustrés contenant des intercalations de calcaires cristallins plus ou moins gréseux, de dolomies, de quartzites, de schistes argi~

leux, etc. Ces roches sont exploitées dans une assez grande carrière proche de la route cantonale entre Saint-Léonard et Granges-Lens et les matériaux extraits servent aux travaux de régularisation du lit du Rhône. A l'ouest du village, en bordure de la route de Chelin, on peut voir un banc de quartzites qui sont utilisés pour des usines de produits chimiques. Au

1 Saint-Léonard est un village situé sur le cône d'allu- vions de la Liène, torrent qui se jette dans le Rhône à 5 km. à l'est de Sion.

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Photo J.-J. Pittard Entrée de la caverne de St-Léonard

contact de ces roches se trouve une importante bande de gypse bien visible de la route près de la station de Granges.

La caverne s'ouvre dans la zone gypsifère du Trias s'étendant le long de la rive droite du Rhône et qu'on peut suivre sur près de 3 km. de longueur.

Au milieu des vignes de Champlan on voit se dresser un grand rocher qui domine une sorte de doline d'effon- drement. Le fond de cette dernière donne sur l'ouver- ture de la grotte obstruée en partie par un entassement de gros blocs de rochers qui divisent cette entrée en deux parties inégales. La plus petite a deux mètres de largeur environ et o m. 60 de hauteur. La principale

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est vaste; en effet, sa largeur est de 5 m. et sa hauteur varie der à 3 m. Elle donne sur un cône d'éboulis assez raide qui conduit au bord d'un vaste lac souterrain.

La nappe d'eau, dont la hauteur varie considérable- ment suivant les saisons, a une étendue moyenne de zoo m. et une largeur de 15 m: environ. Ces dimensions sont naturellement très variables : si l'eau monte, la longueur du lac s'accroît passablement tandis que la largeur diminue à cause de la voûte qui se resserre. Les différences de niveau entre les périodes de sécheresse et celles des pluies peuvent atteindre de 3 à 5 m. Une grande quantité de l'eau qui alimente ce lac provient des bisses d'irrigation : la région est en effet très culti- vée et on y voit un vignoble étendu. Pendant tout l'été et une partie de l'automne, l'eau des bisses se déverse dans le pays et s'engouffre facilement dans le sol par de nombreuses fissures dans le terrain gypseux. L'irrigation étant interrompue pendant l'hiver, le meilleur moment pour visiter cette grotte est le printemps, pour autant naturellement que ce der- nier ne soit pas trop pluvieux.

Nous y sommes allés pendant la période des fêtes de Pi':ques, en utilisant un canot pneumatique apparte- nant à la Société suisse de spéléologie. La navigation sous la grande voûte abritant ce lac souterrain, qui avait à cette époque une étendue de 4000 m2 environ, est impressionnante par le silence qui règne dans cette grande cavité, tandis qu'au-dessus de soi la lampe éclaire vaguement un plafond sillonné de fentes. Ce dernier ne semble pas très solide, le gypse; en effet, a tendance à s'écailler et à s'effondrer peu à peu.

A l'extémité du lac, nous avons débarqué sur une plage argileuse où l'eau a laissé l'empreinte de ses différents niveaux qui apparaissent comme autant

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Photo J.-J. Pil l'1rrl Le petit cirque d'effondrement situé au milieu des vigr.es où s'ou vre la caverne.

Le gros rocher commande l'entrée du cirque. La photo est prise de la terrasse de l'église de St-Léonard.

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Photo J .-J . P illard Le cirque d'effondrement. Remarquer que la vigne, au premier plan,

suit ce mouvement d'affaissement.

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de bandes horizontales. Après avoir tiré notre canot sur le rivage boueux, nous partons pour le fond de la caverne. Il nous faut monter sur un énorme entasse- ment de blocs de gypse écroulés rendus glissants par la couche de terre glaise mouillée. Enfin nous attei- gnons le niveau des plus hautes eaux et maintenant le terrain est sec. Nous marchons sur des rochers de gype d'un blanc de neige que relève l'éclat de nos lampes à acétylène. Ils ont l'air tombés de la veille et c'est avec une certaine inquiétude que nous examinons le plafond ! A notre droite, nous trouvons une sorte de renfoncement formant une petite salle de 13 m. de longueur et large de II m. Ça n'a pas l'air plus solide ici qu'ailleurs, aussi nous continuons notre exploration et, après une quarantaine de mètres dans un chaos rocheux, ressemblant à un amoncellement de séracs, nous arrivons au fond de la caverne. Nous avons l'impression que celle-ci se prolonge, on distingue même l'amorce d'une sorte de couloir entre les blocs, mais nous ne pouvons continuer: l'éboulement a tout obstrué ! Il faut revenir sur nos pas. Voici le canot, nous le retrouvons bien à sa place, collé à l'argile. Heureusement qu'il n'y a pas de vagues et que le lac n'est pas monté entre temps pour nous enlever notre esquif, car le lac est profond de 2 à 4 m.

et l'eau est vraiment bien froide ! (On sait combien est rapide, .souvent, la montée de l'eau dans les grottes, à la suite d'un violent orage. Dans notre cas, la déri- vation d'un bisse d'irrigation aurait pu avoir le même effet!)

Cette fois, nous allons suivre l'autre rive et nous avons le plaisir de passer sous une arche naturelle avant de rejoindre notre port d'embarquement où nous attendent quelques habitants du pays, très

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Photo J.-J. Pillard Navigation sur le lac souterrain de St-Léonard

intéressés par notre exploration : l'existence de la caverne était connue, mais jamais personne n'avait pu y pénétrer faute de moyens de navigation.

La grotte de Saint-Léonard, qui est une belle curio- sité naturelle, est intéressante par sa formation. Cette vaste cavité a été formée principalement grâce à des phénomènes de dissolution. Il s'agit là d'un cas de corrosion où l'action chimique de l'eau détruit peu à peu la roche plus ou moins soluble.

Nous avons vu que cette caverne s'ouvre dans un banc de gypse que l'on peut suivre de Saint- Léonard jusque près de la gare de Granges-Lens. Le gypse présente une certaine solubilité pour l'eau, solu-

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bilité qui varie notablement avec les différences de température et qui est également influencée par la présence de substances solubles telles· que sels ammo- niacaux, chlorure de sodium; chlorure de potassium, etc., qui peuvent être apportées par divers minéraux.

En cc qui concerne la solubilité du gypse (qui peut former avec l'eau des solutions sursaturées), le chimiste genevois Marignac l'a déterminée à diverses tempéra- tures, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous dans lequel on indique la quantité d'eau nécessaire pour dissoudre une partie de gypse suivant une tempé- rature donnée :

A oo il faut 525 parties d'eau 18° )) 488 )) )) 240 )) 479

320 )) 470 )) )) 380 )) 466 )) 410 )) 468 )) )) 53° )) 474 )) )) 720 )) 495 )) )) 86° )) 528 )) )) 99° )) 571 )) - ))

Comme on peut s'en rendre compte, c'est à 38° que se situe le maximum de solubilité. Cela explique la présence de sulfate de chaux en abondance dans de nombreuses sources thermales.

Dans le cas qui nous occupe, la température de l'eau n'est pas si élevée. Elle est très variable à cause de l'arrivée irrégulière et plus ou moins massive de l'eau d.'arrosage. Cependant, comme elle se renouvelle lente- ment et constamment, il faut admettre avec le temps une importante action chimique.

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Il commence par se former des vides dont l'impor- tance varie considérablement. Puis intervient l'action mécanique de l'eau : la masse n'étant pas constituée uniquement de gypse, mais contenant aussi des schistes, des calcaires, etc., présente un certain défaut d'homogénéité. Les parties solubles ayant disparu, le reste tend à s'effondrer, augmentant ainsi peu à peu le vide. Des fragments argilo-sableux et de petits éléments insolubles sont entraînés à leur tour par les eaux souterraines en circulation. Lorsque la cavité est assez vaste, l'action de l'air entre plus facilement en jeu et c'est ainsi que l'on voit à la surface du gypse des efflorescences légères qui s'effritent au moindre mou- vement. Ainsi, les sources qui empruntent au sol leur minéralisation sont causes parfois de l'existence de cavernes importantes évidées par corrosion.

Dans les roches calcaires, cette corrosion est natu- rellement moins importante, la roche étant moins soluble. Cependant, n'importe quelle grande grotte à rivière souterraine des terrains calcaires .montrera les effets de la corrosion et de l'érosion. L'effet de la dissolution se révèle par l'aspect tourmenté des parois qui sont souvent cupulées, c'est-à-dire creusées de petites concavités peu profondes, mais très rappro- chées. La roche est aussi rayée par de petites rigoles plus ou moins sinueuses. Cette pierre ainsi corrodée rappelle tout à fait, en plus petit, les lapiaz.

Le résidu de cette dissolution est constitué princi- palement par une argile plus ou moins ferrugineuse.

A Saint-Léonard, cette argile colmate le fond de la caverne et s'oppose ainsi à l'écoulement trop rapide de l'eau au travers des fissures de la roche ou entre les matériaux éboulés. Cette eau, cependant, filtre dans les roches du cirque d'effondrement et va alimenter

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souterrainement un petit lac situé au milieu des vignes, à une soixantaine de mètres de la grotte. Le niveau de ce petit réservoir, très apprécié par les cultivateurs des environs, est par conséquent dépendant de la situation du lac intérieur.

La grotte de Saint-Léonard, en .continuant à s'agrandir par des phénomènes de dissolution, s'effon- drera un jour, causant ainsi une importante dépression du terrain de surface.

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