ACCÉLÉRATION DU RYTHME DE LA REPRODUCTION CHEZ LE MOUFLON DE CORSE
(OVIS AMMON MUSIMON SCHREBER, 1782)
AU MOYEN DE CYCLES PHOTOPÉRIODIQUES SEMESTRIELS
J. ROUGEOT
Station centrale de
Physiologie animale,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
On sait que des
Brebis,
soumises à descycles photopériodiques
de 6 mois ayant uneamplitude
de la
variation
dela photopériode comprise
entre un minimum de 8heures
et un maximum de 16 heures par 24heures, présentent
deux saisons d’activité sexuelle par an, limitées auxphases
de
jours
croissants(ROU G E O T, 19 6 1 ;
MAULÉON etROUGE O T, 19 6 2 ).
Nous avonsrépété
lamêmeexpé-
rience sur des Mouflons de Corsequi,
en conditions naturelles dephotopériodisme
et, comme l’ont montré des observations faites dans la nature(P FEFFER , 19 6 7 )
aussi bien que dans notreélevage,
n’ont strictement
qu’une
saison d’activité sexuelle par an s’étendant sur les mois de novembre et dedécembre,
c’est-à-dire enjours
courts sousphotopériode
décroissante.Mais,
cettefois-ci,
nous avons, enplus,
laissé les animaux sereproduire
afin d’observer commentpouvaient
se succéder les misesbas,
étant donné la
période
de 6 mois descycles photopériodiques,
la durée de 5 mois de lagestation
etl’interférence
possible
entre l’anoestrus post partum et l’anoéstrus saisonnier(bfnuLÉO!v
etDAUZIER, 19
6 5
) qui,
dans cesconditions,
s’étend sur toute laphase
desjours
décroissants chez la Brebis.A cet
effet,
un mâle et une femelle ont été soumis à descycles photopériodiques
semestriels duzr décembre
19 6 4
au zr décembrer 9 68
les animaux libres de sortir dans un enclos situé à l’extérieurpendant
lajournée,
étaient enfermés le soir à 16 heuresjusqu’au lendemain
matin à 9 heures dans une cellule étanche à la lumière dujour,
où ils recevaient uncomplément
de lumière lourni par des tubes fluorescents dont le fonctionnement étaitréglé
par desinterrupteurs
horaires.Comme chez la
Brebis,
on a obtenu pour la femelle deux saisons d’activité sexuelle par an, limitées auxphases
dejours
croissants(fig. i) :
lessaillies, qui
ont eu lieupendant
cesphases,
ontété fécondes et les
jeunes obtenus,
sauf celui ducycle
n° 6 mort à la naissance paraccident,
ont tous été normalement élevés et sevrés à trois mois.La durée de l’ancestrus post-partum a pu être déterminée dans les
cycles
où il se terminependant
la saison
d’activité
sexuelle desjours
croissants : elle est de 43,5 8 ,
43, 44 et 45jours
auxcycles
numéros 2, 5,
6,
7et larespectivement.
L’intervalle entre deux saillies nepeut
donc être inférieur à6, 5
mois et il en résulte undécalage progressif
de la dated’agnelage
par rapport auxcycles photo-
périodiques
de 6 mois : cela entraîne une réductionprogressive
de la saison d’activité sexuelle pos- siblequi
s’annulelorsque
la mise bas a lieu tardivement enjours croissants,
la fin de l’anoestrusport partum venant en coïncidence avec le début de l’anoestrus saisonnier des
jours
décroissants(cycles
numéros 3et8).
Ainsi,
cetteexpérience
confirme les observations faites chez la Brebis ensoulignant
encore mieuxla contradiction
qui
existe entre l’action ducycle photopériodique
annuel naturel où l’activité sexuelle n’a lieuqu’en
début depériode
dejours
courts sousphotopériode
décroissante et celle ducycle photo- périodique
semestrielqui
entraîne une activité sexuelle exclusivement enjours
croissants. Aucuneexplication physiologique
satisfaisante ne peut être encoreproposée.
Sur le
plan pratique,
cetteexpérience
montre lapossibilité
d’obtenir chez lesOvins,
par un conditionnement lumineux trèssimple,
presque deuxagnelages
par an. On peut même penserqu’en
sevrant
précocement
les agneaux, il seraitpossible
de réduire l’anoestrus de lactation à une trentaine dejours !D’IAULÉON
etD AU Z IER , i 9 6 5 )
et de conserver unrythme rigoureux d’agnelage
tous les sixmois.
Reçu
pourpublication
en avril19 6 9 .
SUMMARY
EFFECT OF 6 MONTH PHOTOPERIOD CYCLES ON REPRODUCTIVE EFFICIENCY IN THE CORSICAN MOUFLON (« OVIS AMMON MUSIMON SCHREBER,
1782)
A
pair
of Mouflons was submitted to 6 monthcycles
of 8 to 16 hours ofdaily photoperiod.
The female exhibited two sexual seasons per year, under
increasing daylength,
versus one sexual season underdecreasing daylength
in natural lighting conditions. This result further sub- stantiates ourprevious investigations
on the Ewe.The female was mated and
pregnancies
were followedby
normallambings.
The average duration of post-j!axtum anoestrus was 43-45days, and the shortest time interval betweenmatings
was 6.5months. This resulted in an
increasing lag
of thereproductive cycle
behind thephotoperiod cycle ;
when the post-partum anoestrus came to end underdecreasing daylength,
the nextmating
was
delayed
untill the end of the seasonal anoestrus(graph I .).
Almost two
yearly lambings
can therefore be obtained by asimple photoperiodic manipula-
tion.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
M AUL É
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