DIFFÉRENCE GÉNÉTIQUE
DANS LA DÉCHARGE OVULANTE (LH)
CHEZ DES BREBIS DE RACE ILE-DE-FRANCE;
RELATIONS AVEC LE NOMBRE D’OVULATIONS
J.
THIMONIERJ. PELLETIER
C. CORNU Christiane FOUCHER,
Brigitte
G. FOUILLEUL Station dePhysiologie
de laReproduction,
Cent y
e de Recherches de
Tours,
J. N. R.A., 37 - Nouzilly
RÉSUMÉ
Les
caractéristiques
de ladécharge
deLH
avant l’ovulation ont été étudiées pardosage
radio-immunologique
de la LHplasmatique
chez 35brebis de race Ile-de-Franceprovenant
de deuxtroupeaux.
La
quantité
de LHdéchargée,
la durée dupic
dedécharge,
les tauxplasmatiques
maximauxobservés ne diffèrent pas en fonction du nombre d’ovulations.
En
revanche,
cesparamètres
di$èrent hautementsignificativement (P
<o,oi)
suivant que les brebisproviennent
de l’un ou l’autretroupeau.
Enparticulier,
les tauxplasmatiques
maximauxsont deux fois
plus
élevés chez les femelles dutroupeau
1 que chez celles dutroupeau
II(tabl.
5 etfig. i).
Ces résultats
indiquent qu’il
existe des différencesgénétiques
selon les souches au sein d’unemême race dans le fonctionnement
hypothalamo-hypophysaire.
En outre, nous mettons en évidence une différence en fonction du nombre d’ovulations de la durée de l’intervalle entre le début de l’oestrus et celui de la
décharge :
cet intervalle estsignificativement plus
élevé chez les femellesayant
deux ovulations(P
<0 , 02 ).
Il en ressort donc que le taux d’ovulation ne
dépend
pas del’importance
et de la durée dela
décharge
de LH.INTRODUCTION
I,es études de la décharge préovulatoire de I,H chez la brebis ont toutes été
effectuées
surde petits nombres de femelles et l’importance de cette décharge n’a
généralement pas été reliée à
unphénomène physiologique autre que le comporte-
ment d’œstrus (PELLETIER et al., 19 68
a ;GtsC HWIND et D!wz;y, 1968; NISW!ND!ER
et
al., I9 68 ; Go D ING et al., I9 6g ; WHEATI<EY
etR ADFORD , I9 6 9 ).
Cependant,
nous avonsindiqué qu’il semblait exister
unerelation entre la quantité de I,H déchargée et le nombre d’ovulations :
auxplus petits pics de LH plas- matique correspondaient les
casd’une seule ovulation (PEU.ETIER
etT HIMONI E R , 19 6 9 ).
Nous
avonsvoulu vérifier
cettehypothèse
sur ungrand nombre d’animaux et examiner de plus s’il n’existe pas des différences dues à d’autres facteurs, tels que
l’origine génétique des femelles. A cet effet,
uneexpérience
aété conduite chez des brebis d’une même
race,mais appartenant à deux troupeaux ayant des
tauxd’ovu- lations comparables.
°
MATÉRIEL ET MÉTHODES
49brebis adultes de race Ile de Fyance
provenant
de deuxtroupeaux
distincts(I
etII)
ontété utilisées
pendant
la saison sexuelle(septembre).
Lespoids
des animaux des deuxtroupeaux
étaient voisins.Dans cette race, le taux d’ovulations
multiples
est voisin de 50 p. 100. Onpouvait
doncespérer
une
répartition égale
entre les femellesayant
une seule ovulation et cellesayant
au moins deuxovulations.
Afin d’effectuer une observation
précise
des œstruspendant
une courtepériode
et de limiter celle desprélèvements sanguins,
l’oestrus et l’ovulation ont étésynchronisés
à l’aide d’un traite- mentprogestatif
chez la totalité des femelles(R OBINSON , rg6 5 ).
Lesprélèvements sanguins
ont étéréalisés,
nonpendant
l’oestrus induit par cetraitement,
mais lors de l’oestrus suivant. Onpeut
considérer que l’effet duprogestagène
est alorsnégligeable (F AULKNER
etHoPwooD, 19 6 7 )
bienque la
synchronisation
descycles
oestriens soit conservée.i. - Détection des chaleurs
Le contrôle du
comportement
d’oestrus à l’aide de béliers entiers munis de tabliers(M AUL É ON
et
D AUZIER , 19 6 5 )
a débuté i7,gjours après
l’arrêt du traitementprogestatif.
Les femelles enoestrus à ce moment ont été éliminées.
La détection de l’oestrus a été faite alors toutes les deux heures en laissant le bélier
présent parmi
lesbrebis pendant
une heurejusqu’à
ce que 35femelles aient été détectées en oestrus.Au fur et à mesure de leur venue en oestrus, les brebis ont été transférées dans un local où elles n’ont subi alors que les
prélèvements sanguins.
2
. - Prélèvements de sang
Sur toutes les
femelles,
lepremier prélèvement sanguin
dans lajugulaire ( 5
ml sur 250 UId’héparine)
a été fait exactement 17,5jours après
l’arrêt du traitementprogestatif.
Ils se sontpoursuivis
ensuite toutes les 4heures sur les femelles non encore détectées en oestruspuis
toutesles 2heures
pendant 3 6
heures àpartir
du début observé de l’oestrus.Les
plasmas
ont été immédiatementprélevés après centrifugation
à4 0 C puis
conservés à-
15° C.
3
. -
Expression
des résultatsLes
dosages
de LHplasmatique
ont été réalisés parradioimmunologie (PELLETIER
etal., 19
68 b).
Les résultats sontexprimés
en nanogrammes deLH M l/ ml
deplasma
de sangpériphéri- que(1
).
L’importance
de ladécharge
ovulante a été estimée par les concentrations maximales obser- vées(ng/ml)
et par des mesuresplanimétriques
desreprésentations graphiques
despics
deLH.
( 1
)
1mgLH-:!Il équivaut
à 1,5mgLH-NIH-S, (J UTISZ
etCOURTE, 19 68).
Arbitrairement,
nous avons considéré que ladécharge
ovulante débutaitlorsque
le taux deLH est
supérieur
à 6ng/ml
deplasma.
Cette référence a servi auxcalculs
de la durée et de la sur-face des
pics
de LH.4
. - Mesure du taux d’ovulation
Au terme de
l’expérience,
le nombre d’ovulations a été contrôlé parcoelioscopie
chez tousles animaux.
RÉSULTATS
Pendant la durée des observations,
21brebis du troupeau I et 14 brebis du
trou-peau II sont
venues enoestnxs. Les résultats présentés
seréfèrent à
ces35 animaux.
I
. -
Taux d’ovulations
Toutes les brebis ont ovulé : 17
ont eu uneseule ovulation
et1 8, deuxovulations.
Cette répartition des animaux permet donc d’analyser les caractéristiques de la décharge de I,H
enfonction du nombre d’ovulations.
Le tableau I indique les pourcentages respectifs des femelles de chacun des troupeaux ayant
eu un oudeux corps jaunes : les brebis du troupeau I ont
untaux d’ovulation légèrement supérieur à celles du troupeau II, mais
cettedifférence n’est pas significative.
2
. -
Caracté y istiques de la décharge de LH a) Im!ortance de la décharge ovulante.
Les surfaces moyennes des pics représentant la décharge ovulante chez les brebis
des
2troupeaux dans les
casde
une oudeux ovulations
sontprésentées dans le
tableau
2Il ressort
unedifférence importante entre les animaux provenant du troupeau I
et
ceuxdu troupeau II
sansque le nombre d’ovulations ait
uneffet apparent. Ainsi, la surface moyenne du pic de I,H chez les brebis du troupeau II représente environ
55 P!
100de celle des brebis du troupeau I.
Après transformation logarithmique des données, l’analyse de variance indique
que cette différence est très hautement significative (tabl. 3 ).
En tenant compte de
cerésultat l’analyse de variance
nepermet pas de mettre
enévidence
unedifférence significative quant à l’importance de la décharge ovulante
suivant que les brebis
ont eu une oudeux ovulations. (F
=0 , 5 pour 34 degrés de liberté).
b) Début de la décharge de LH.
La durée du pic est la période pendant laquelle le taux de I,H plasmatique est supérieur à 6 ng/ml. Elle varie de 9 à 17 heures selon les individus ; mais les moyennes des 4 groupes de femelles sont comprises
entre10 , 0
et14 , 2 heures (tabl. 4 ).
I,’analyse de variance
montreque la durée de la décharge
nediffère pas selon que les brebis ont
eu une oudeux ovulations mais elle révèle
unedifférence hautement
significative entre troupeaux (I et II, P
<o,oi).
c) Taux maximum de LH plasmatique.
Comme précédemment, il n’y
apas de relation entre les taux maximaux de I,H
plasmatique
etle taux d’ovulation (tabl. 5 ). En revanche, ils sont environ
2fois moins
élevés chez les femelles du troupeau II que chez celles du troupeau I.
L’analyse de variance montre que cette différence est très hautement signifi-
cative (F
=27 , 7 pour 34 degrés de liberté).
3
.
-Intervalle
entrele début du comportement d’oestrus
et le début de la décharge de LH
68,6 p.
100des brebis ont été détectées pour la première fois
enœstrus entre
12 et
24 heures. Ce pourcentage est à rapprocher de celui trouvé (6 2 ,1 p. 100 ) par COGNI!, M ARIANA et THIMONIER, (1970).
_Dans 33
cas sur35 , la décharge ovulante
adébuté après le début du comporte-
ment d’oestrus et dans deux
casseulement avant l’apparition de l’cestrus.
Les intervalles moyens entre
cesdeux paramètres pour chacun des 4 groupes de femelles
sontprésentés dans le tableau 6.
I,’analyse de variance montre que l’intervalle entre le début observé de l’oestrus et celui de la décharge de IrH
nediffère pas selon les troupeaux ;
enrevanche,
ceparamètre
estsignificativement plus élevé (P
<0 , 02 ) chez les femelles présentant
deux ovulations
quechez celles n’en ayant qu’une seule (fig. i).
DISCUSSION
I,es pourcentages de femelles ayant
eu une oudeux ovulations (respectivement 4
8,6 et 5 i, 4 ) sont favorables à la mise
enévidence d’une relation éventuelle entre des
caractéristiques de la décharge de LH et le taux d’ovulation.
Il apparaît clairement que la quantité de I,H déchargée n’a pas
uneinfluence primordiale
surle taux d’ovulation. En effet, ni les concentrations maximales obser- vées de I,H plasmatique, ni la durée de la décharge, ni la surface des représentations graphiques des pics de I,H
nediffèrent significativement selon le nombre d’ovulations En revanche, lorsqu’on compare les valeurs de
cestrois caractéristiques chez les
femelles des deux troupeaux,
onconstate qu’elles
sonttoujours supérieures (P
<o,oi)
chez les brebis du troupeau I. En particulier, la surface moyenne des pics de décharge
de I,H
estenviron deux fois plus élevée chez les femelles du troupeau I que chez celles du troupeau II.
MA UI ,É
ON et PELLETIER ( 19 6 4 )
ontdéjà montré qu’il existait des différences
auniveau de la synthèse et de la décharge des hormones gonadotropes entre trois lignées
de rats appartenant toutes à la
raceWista y . Nous démontrons ici que l’importance de
a
décharge de I,H peut être différente
entreles groupes de femelles d’une même
raceovine. Les variations importantes des concentrations maximales de LH dans le
plasma pendant l’oestrus ( 4 6 à 4 6 0 ng/ml) observées par W H EAT LEY et R ADFORD
(ig6 9
)
ontpeut-être
uneorigine génétique,
ces auteursayant utilisé deux
racesd’ani-
maux.
A l’inverse des autres caractéristiques de la décharge de I,H, les intervalles moyens entre le début de l’oestrus et celui de la décharge
nediffèrent pas statistique-
ment entre les femelles des deux troupeaux ; cependant, cet intervalle paraît être plus
court ( 0 , 10
<P
<0 , 05 ) chez les femelles du troupeau I. En outre,
cesintervalles
présentent
uneanalogie remarquable : ils
sontsignificativement plus longs (P
<0 , 02 )
chez les brebis ayant deux ovulations que chez celles
enayant
uneseule, quel que soit le troupeau. Ces valeurs que
nous avonsobtenues sont généralement supérieures à
celles indiquées par N ISW E ND E R et al. ( 19 68) et WxEATr,EY et RADFOR D ( 19 6 9 ).
Ceci s’explique compte tenu des méthodes de détection de l’œstrus employées.
Dans le
casde
notreexpérience,
nouspouvons accorder
auxdifférences trouvées
entreles intervalles
unegrande fiabilité
car unseul critère d’oestrus
aété utilisé
(immobilité de la brebis lors du chevauchement par le mâle) et la détection
aété faite
par deux observateurs expérimentés.
Il
estvraisemblable que l’intervalle de temps
entrele début de l’oestrus et celui
de la décharge ait
unegrande importance
surle
tauxd’ovulation puisque pour les
femelles de chacun des troupeaux
aunombre d’ovulations le plus élevé correspond
l’intervalle le plus grand.
Cela pourrait expliquer que les femelles du troupeau II
endépit d’une décharge significativement moindre ont
untaux d’ovulation voisin de celui du troupeau I puisque l’intervalle chez les femelles du troupeau II paraît le plus long.
Reçu pour publication
en mai1971
SUMMARY
GENETIC DIFFERENCE IN THE PR!OVUI,ATORY DISCHARGE OF I,H IN TWO FLOCKS OF lLE-DE-FRANCE SHEEP AND ITS RELATIONSHIP TO THE NUMBER OF OVA RELEASED
The characteristics of the
preovulatory discharge
of LH have been studied in 35Ile-de-Fyanceewes derived from two different flocks.
In
4 8.6
p. 100ofthe
ewes, one ovum and in gi.4 p. ioo, two ova were released atovulation.
This distribution would have been suitable for
demonstrating
anyrelationship
between LHrelease and the number of ova.
Within each flock the
quantity
of LHdischarged,
the duration of thepeak
ofdischarge,
andthe maximum
plasma
level did not vary with the number of ova released.However,
between the two flocks there werehighly significant
differences in each variable(P
<0 . 01 ).
Thus :
i. The mean area
of
the LHpeak
in ewesfrom
flock II was about 55 p. 100of that fromewes in flock I
(table 2 ).
2
.
The maximum plasma
level of LH in ewes from flock I was gg.2 ! 10.51ng/ml and
102. 20
:h
6. 77 ng/ml, respectively,
for one and two ova ; in ewes from flock II the values were55 . 3
+ 8.6o
ng/ml
and52.1 ! 7 .6 5 ng/ml, respectively.
3
. The mean durations of LH
discharge
wererespectively
i3.9 ! 0.66 hr and 11.3 ::I::!.6g
hrin flocks I and II.
These results indicate that there is a
genetic
difference inhypothalamo-hypophyseal
functionin ewes of the same breed but of different stock. Also we have shown a difference in the duration of the interval between the start
of
oestrus and thebeginning
of the LH surge,depending
onwhether one or two ova are released. This interval is
significantly longer
if two ova aredischarged (P
< 0.02 ; tableVI).
It is
apparent, therefore,
that the number of ova released does notdepend simply
on themagnitude
and duration of LHdischarge.
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