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LE TIRAGE DE CETTE EDITION, CONSTITUANT L'EDITION ORIGINALE A ETE STRICTEMENT LIMITE A MILLE EXEMPLAIRES SUR VELIN NUMEROTES DE 1 A

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IL N'Y A PERSONNE

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LE TIRAGE DE CETTE EDITION, CONSTITUANT L'EDITION ORIGINALE A ETE STRICTEMENT LIMITE A MILLE E X E M P L A I R E S S U R VELIN NUMEROTES DE 1 A 1.000.

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H ANNA KAWA

IL N'Y A PERSONNE

PREFACE DE PIERRE PARAF

JEAN GRASSIN EDITEUR

50 RUE RODIER - PARIS ( 9

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Du même auteur :

U STOP OLBRZYMA, Bucarest 1945 (épuisé).

AUSWAHL, Bucarest 1945 (épuisé).

KORZENIE, Paris 1951 (épuisé).

© HANNA KAWA, 1966.

Tous droits réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S.

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PRÉFACE

Vingt ans, trente ans, c'est assez pour que l'eau de l'oubli recouvre les plus atroces tragédies de l'histoire, pour que montent les générations qui ont ignoré les crimes du passé, qui veulent secouer ses chaînes et marcher sur d'autres chemins.

Mais il n'est pas d'avenir solide, bâti sur l'ignorance et l'ingratitude. Les témoins qui ont survécu à ces temps de la honte n'ont pas le droit de garder le silence.

Par respect pour les morts, par vigilance pour les vivants, pas plus que le législateur, l'écrivain ne peut accepter aucune prescription.

Ainsi Hanna KAWA vient-elle ajouter sa gerbe de douleur, de pitié à l'Anthologie du Ghetto, du camp d'extermination, des épreuves des Personnes Dépla- cées flottant parfois comme des épaves, dans l'immense isolement d'un monde qui semblait leur reprocher de n'être pas ensevelies sous la maison des morts.

Née en Pologne sur un des domaines de son père, après des études universitaires à Varsovie, elle s'est mise, en qualité d'assistante sociale bénévole, au service des persécutés.

Celle qui, petite fille, frémissait d'horreur, en voyant affuter les couteaux du sacrifice devant la basse-cour, en entendant les cris des poules et des oies assassinées,

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allait, quelques années plus tard recevoir directement l'écho du massacre des enfants des hommes.

Après deux livres parus en polonais et de nombreux articles et reportages publiés en France, en Belgique, en Angleterre, en Suisse, en Israël, Hanna KAWA s'est fixée à Paris.

Les contes, les nouvelles qu'elle a réunis sous le titre : Il n'y a personne sont inspirés par cette même compassion, cette même vocation de justice qui animent ses premiers écrits littéraires, comme sa généreuse activité sociale.

Hélas, pour répondre à l'interrogation angoissée de ceux qu'indigne l'absurdité du monde, pour arrêter ceux qui poignardent les rêves et les oiseaux, ceux qui piétinent les Tables de la Loi et les champs ensemencés et ceux qui assassinent les enfants juifs, presque toujours, il n'y eut personne.

Mais les meurtriers ont été vaincus. Des hommes et des femmes de bonne volonté toujours plus nombreux se rassemblent pour veiller à ce que les crimes d'hier ne se reproduisent jamais plus.

Et ce n'est sûrement pas par hasard que ce livre de Hanna KAWA, sur lequel plane l'ange de la souffrance et de la solitude, s'achève « dans le reflet doré du soleil couchant » par le mot prometteur de Demain.

Pierre PARAF

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LE JARDINIER

Il semait et cultivait ses fleurs ; elles poussaient et s'épanouissaient au milieu du tumulte de la guerre, dans le fracas assourdissant des canons de gros calibre ; elles jail- lissaient des crevasses des murs branlants, sous le nuages des tempêtes exterminatrices. Lorsque le soleil ne se mon- trait pas dans le ciel sombre, le jardinier chauffait ses fleurs en les berçant de son regard lumineux, chargé de foi, de confiance. Pendant les jours de sécheresse, il leur appor- tait l'eau d'une source lointaine, imprégnée de la senteur et de la fraîcheur des forêts.

Et ses fleurs se gonflaient de sève, somptueuses, tels les fruits les plus précoces.

Vint l'époque de la moisson. Le jardinier éprouva le désir d'offrir au monde le produit de son labeur, de le don- ner à ses proches qu'il était décidé à retrouver. Il entreprit de tresser ses fleurs en couronnes et en guirlandes. Amou- reux de son œuvre, il choisissait avec une tendre attention les couleurs, assortissait soigneusement les aromes et s'enivrait à respirer un air saturé de toute la gamme des senteurs qui s'élevait au-dessus des fleurs qu'il avait dotées d'une vie si merveilleuse. Enfin, il disposa son somptueux fardeau sur une voiture à bras et se dirigea vers le centre de la ville.

Il s'installa place du marché. Etonnés, les passants s'arrêtaient pour examiner le pauvre jardinier et les fleurs

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d'une rare beauté, disposées sur la voiturette bancale. Le jardinier ne demande pas qu'on lui paye ses bouquets, aucun prix ne figure à côté de la marchandise. Il se conten- te d'embrasser chaque passant inconnu d'un regard sup- pliant, désireux de découvrir en lui un frère retrouvé. Il l'encourage du sourire et du geste, lui montre ses fleurs et l'invite à choisir une gerbe. Nul ne le croit : aucun n'a l'ha- bitude de recevoir des cadeaux. Craignant un guet-apens, gagnés par la peur, ils fuyent tous l'original et sa voiture à bras.

Le soleil, lui aussi, s'éloigne. Les ombres de la nuit enveloppent la rue de leurs volutes sombres. Les papillons du soir virevoltent en une danse folle autour des lampadai- res soudain allumés. Le jardinier regarde tristement sa voi- ture pleine de fleurs refusées.

Brusquement, la joie illumine son visage. Il s'élance, prend les fleurs par brassées, les dispose sur le trottoir, le long des murs, devant les maisons, car ici — il le sent — ont souffert des solitaires déçus qui, tout comme lui, ont soigné des fleurs, d'autres fleurs peut-être, mais également cultivées à la chaleur de leur cœur, tout comme les siennes se sont épanouies dans la chaleur du sien. Il a entendu la plainte de ses frères, qui a percé les murs de cette ville froide, indifférente.

Il dispose ses gerbes le long de rues étrangères, où toute la journée ont erré les pieds las de ceux qui sont maintenant pour lui autant de frères retrouvés.

Le jardinier fait demi-tour, franchit des rues plongées dans les ténèbres. Dans son cœur libéré, retentit un chant d'allégresse, un chant de grâce pour l'œuvre accomplie.

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EN T R A N S N I S T R I E

Scènes des persécutions nazies en Roumanie 1941 - 1944

Les paysans de la région racontent que les déportés s'éteignaient d'une mort lente sous les yeux de leurs bour- reaux. Il est facile de repérer où on les a rassemblés, cela tranche sur le paysage d'hiver, on voit au loin briller les arbres dont ils ont arraché l'écorce jusqu'à hauteur d'hom- me. Cette traînée claire, cette nudité des troncs, c'est la piste qui a conduit les Juifs jusqu'à la mort. On peut voir comment ils ont marché, exposés à tous les vents, dans les champs recouverts de neige ; où ils se sont accroupis, cherchant à se réchauffer les uns les autres à la chaleur de leurs corps ; comment ils sont morts de froid, ainsi, sur place, si bien qu'à présent encore leurs cadavres restent assis là, embrassés.

Comme elles prennent des nuances de nacre sous le soleil, ces plaques dénudées sur les arbres, là où les bou- ches assoiffées des créatures mourant de faim ont sucé l'écorce ! Quel spectacle, que ces petites grappes de corps gelés, dans les champs, des deux côtés de la route, sous les arbres, au bord de l'eau !

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LEÏBELE dans les bras de Hanna KAWA

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LEÏBELE

Dans la cour de l'école, dont les tourmentes de la guerre ont chassé les élèves, on installait rapidement deux tables, on disposait des papiers. Des badauds s'étaient massés de l'autre côté de la palissade, car la nouvelle s'était propagée à la vitesse de l'éclair à travers Bucarest.

A la suite de l'intervention de la reine-mère, les autorités allemandes et roumaines avaient accepté de libérer des camps de Transnistrie les orphelins âgés de moins de douze ans, seuls survivants de familles entières exterminées.

Aucun des officiels ne s'était aperçu que parmi ces enfants, beaucoup étaient plus âgés. Le directeur de l'école et moi-même, nous nous préparions à accueillir les enfants ; c'était comme des préparatifs de fête. Des enfants ! Une vie nouvelle, l'espoir ! Une rumeur, un gazouillis d'oi- seaux... et ceci, pendant la quatrième année d'occupation, alors qu'en Pologne, il n'en restait plus un seul.

Notre enthousiasme retombe bien vite, quelques ins- tants à peine après l'arrivée des camions. Nous voyons émerger de la paille et des couvertures de cheval les sil- houettes épuisées des enfants aux frimousses prématuré- ment vieillies. Couvertes d'une épaisse couche de poussiè- re, les voitures s'arrêtaient l'une après l'autre devant le bâtiment de l'école déserte, laissant s'écouler de leurs flancs des voyageurs dont l'âge s'échelonnait entre trois et dix-huit ans, vêtus de haillons effrangés, les pieds entor- tillés dans du papier et des chiffons.

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De certains camions, on sortait les enfants sur des brancards de fortune : ils avaient qui un bras, qui une jam- be dans le plâtre. La pâleur des visages, l'éclat fiévreux du regard étaient autant de symptômes de tuberculose.

J'étais installée à une table et j'inscrivais les enfants qui se présentaient à tour de rôle. Avec leurs yeux apeurés, ils observaient la dame inconnue qui leur demandait le nom de leurs parents, leur lieu et leur date de naissance.

A leur idée, dire qu'ifs étaient des « orphelins de Transnis- trie » était amplement suffisant. Ils n'avaient aucune notion de l'importance d'un nom ou d'une adresse, ils avaient oublié — et les plus jeunes n'avaient jamais connu — la joie de faire consciemment partie d'une famille.

Je fus frappée de voir combien d'enfants avaient le ventre énorme, ballonné. Enfin, j'eus le courage de poser la question :

— Aurais-tu mal au ventre, mon petit ?

— Oh ! Vous voulez savoir, Madame, pourquoi il est gonflé comme ça ? C'est à cause des betteraves. Nous en avons volé dans les champs et nous nous sommes empif- rés.

Et la fillette partit d'un éclat de rire sauvage qui décou- vrit ses dents gâtées.

Ce fut le tour d'une toute jeune fille, portant un garçon- net dans ses bras. Je l'inscrivis. Elle était sûre d'elle. Elle avait treize ans.

— C'est ton petit frère ?

— Non.

— Mais qui est-ce ? Comment s'appelle-t-il ?

— Je ne sais pas... Personne n'en sait rien. Il doit avoir dans les trois ans à présent. Ou peut-être quatre. Il est faible. Ça va bientôt faire trois ans déjà que je le porte comme ça. Nous l'appelons Leïbele, parce qu'il est vivant.

— Vous tous aussi, voyons ! vous êtes vivants.

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— Non, ce n'est pas pareil.

Et elle me raconta comment elle avait connu Leïbele. :

— Lorsque les Allemands sont entrés en Roumanie, on a commencé à nous expédier je ne sais pas où au bout du monde. C'était en hiver. On nous faisait cavaler à tra- vers la forêt et celui qui tombait était achevé sur place.

Brusquement, on nous a dirigé sur une belle clairière et on nous a ordonné de nous arrêter. Devant nous, il y avait un tas de cadavres recouverts de neige. C'est alors que nous avons remarqué quelque chose qui remuait dans la neige.

Un soldat s'est approché et il a découvert un bébé qui têtait le sein d'une femme morte. Le soldat s'est mis à pleurer.

Je me suis jetée sur lui, je me suis emparée du bébé. Nous avons poursuivi notre chemin. Je ne sais pas comment ça s'est fait, mais on ne nous a pas tué dans cette clairière.

On nous a tous conduits au camp. Mes parents sont morts.

Je suis restée seule avec Leïbele. Nous l'avons appelé comme ça, parce qu'il était le seul survivant dans la clai- rière. Notre brave soldat roumain nous a raconté que lui et ses camarades avaient terriblement souffert du froid tandis qu'ils convoyaient l'autre transport de Juifs vers le camp, aussi avaient-ils décidé de les abandonner dans la forêt et de retourner, pour venir nous chercher, nous, le groupe suivant. Et c'est comme ça que, dans la clairière, nous avons découvert mon Leïbele parmi les cadavres. Il est très intelligent, mais il veut toujours être près de moi et il m'appelle « mamika ». Il est tout faible, tout malingre, aussi je le porte dans les bras.

Ayant dit, elle s'éloigna discrètement, pour laisser pas- ser les enfants qui faisaient la queue en se bousculant.

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