FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
IDE EOE.EEA.XJX;
ANNÉE 1894-95 N° 14
D U
m
RAREMENT DU BUBON SUPPURÉ
PAR L'INJECTION DE VASELINE IODOFOIiîlÉE ET LE PANSEMENT OCCLUSIF
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
presentee et soutenue publiquement le 23 novembre 1894
v a l\
François-Géraud-Marie-Alphonse
HENRICElève de l'Ecole principale du Service de Santé de la Marine Né à Marsac (Tarn-et-Garonne), le 2mars 1871.
EXAMINATEURS XDE 31,/V THESE
MM. LA.YET,
de NABIAS, MESNARD, CASSAET,
professeur, 'président.
professeur,
agrege,
^ juqes.
agrégé,
j '
Le Candidatrépondra aux questions qui lui seront faites surles diverses parties del'enseignementmédical.
BORDEAUX
Imprimerie Vve Cadoret
17 — Rue Montméjan — 17
1894
MlTt DE UMMI ET DE l'MflMCIÏ M CORDEAUX
MM. M [CE...
AZAM.
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS ;
i Professeurs honoraires.
Clinique médicale Clinique chirurgicale Pathologie interne
Pathologieet thérapeutiquegénérales.
Thérapeutique
Médecine opératoire Clinique obstétricale
Anatomie pathologique
Anatomie
Histologie et Anatomie générale Physiologie
Hygiène
Médecinelégale -,
Physique ; Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matièremédicale Médecineexpérimentale Clinique ophtalmologique
Clinique des maladies chirurgicalesdes enfants.
AGREGES EN EXERCICE
SECTION DE MÉDECINE
Pathologieinterne et Médecine légale
MM. PICOT.
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Chimie DENIGÈS.
Zoologie BEILLE.
Le Secrétaire de laFaculté, LEMAIRE.
y Par délibération du 5 août 1879; la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les
Fheses qui lui sont présentées doivent etre considérées comme propres à leursauteurs
» et qu'elle n'entendleur donner ni approbation ni improbation.»
A LA MÉMOIRE DE MA
GRAND'MÈRE
et de ma tante
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE BIEN-AIMÉS
A Louise, a Marthe et a
Sylvain HENRIC
A MES AMIS
A MES MAITRES
Monsieur
ALLAIN-TARGÉ
Conseiller maître à laCour des Comptes, Officier de laLégiond'honneur
A Monsieur le Docteur FONTAN
Médecinprincipal de lamarine, Professeur à l'école de médecinenavale de Toulon,
Chevalier de la Légion d'honneur.
A Monsieur le Docteur COTTE
Médecinprincipal de la marine,
Ancien sous-directeur de l'école de médecine navale de Bordeaux, Chevalier de la Légion d'honneur.
A mon Président de Thèse
Monsieur le Docteur LAYET
Ancien Médecinprincipal de la Marine,
Professeur d'Hygiène à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Membrecorrespondant deVAcadémiede médecine.
Chevalier de la Lègio7i d'honneur, Officier del'Instruction publique.
2Henric
INTRODUCTION
Le sujet de cette
thèse
nous aété inspiré
parM. le médecin
principal Cotte,
sous-directeur de l'École de médecine navale
de Bordeaux.
Le bubon suppuré, d'origine chancreuse,
est
unedes affec¬
tionschirurgicales les plus
intéressantes
pourles médecins de
la marine.
Nos camarades, qui ont exercé dans les
colonies
ou ceuxqui
ont été embarqués sur les navires de
l'État, savent combien
cette affection est commune dans les pays chauds.
Les grands Maîtres de la chirurgie
actuelle
nedaignent
pas s'occuper d'une banale adénite vénérienne;ils ont raison. Ils
ont assez à faire avec les prodigieuses
opérations
quela cli¬
nique chirurgicale invente tous lesjours.
Le médecin de la marine, à bord ou aux colonies,
n'a
pasà
se livrer à une telle maestria du bistouri. Le traitement du
bubon suppuré ne nécessite pas
l'habileté,
lesang-froid, l'éner¬
gie du chirurgien hystérectomiste.
Avec les méthodes opératoires
généralement employées, bon
nombre de buboniens restent de longues semaines sur
leur lit
d'hôpital. Or, un séjour prolongé dansles hôpitaux et ambu¬
lances est extrêmement nuisible aux marins déjà débilités par le climat tropical.
Les traitements les plus usités sont donc
insuffisants. M. le
médecin principal Fontan, professeur
à l'École de médecine
navale de Toulon, à inauguré à l'hôpital Saint-Mandrier, en 1889, un traitement du bubon suppuré, qui a le double avan¬
tage d'amener une guérison rapide et de ne pas laisser de
cicatrice. Cette méthode nous était inconnue, lorsqu'en 1893,
M. le docteur Cotte l'appliqua devant nous sur deux buboniens
avec un très grand succès, et nous conseilla d'en faire le sujet
de notre thèse inaugurale.
Notre conviction est faite : elle s'appuie sur trois cents
observations comparatives, venant de Toulon, de l'Annam ou de Bordeaux.
Nous désirerions vivement pénétrer de notre conviction nos camarades de la marine, persuadé que nous leur rendrions un
utile service.
M. Fontan disait à ses élèves, en 1889, dans une clinique
sur ce sujet :
« Messieurs, en abandonnant tous les anciens modes d'inci-
» sion et de pansement dont je vous ai fait le procès, en
» appliquant au bubon un traitement dont je vous donne la
» formule précise, vous ferez une bonne œuvre chirurgicale
» et une grande économie morale et matérielle. Vous épar-
» gnerez à l'Etat des frais considérables ; vous vous éviterez
» à vous-mêmes la perte d'un temps précieux et le décourage-
» ment qui résulte toujours des efforts stériles ; enfin, aux
» jeunes soldats ou matelots que le sort a trahis, vous épar-
» gnerez des mois d'emprisonnement et de longues souffrances
» physiques et morales ».
Avant d'entrer dans notre sujet, qu'il nous soit permis
d'adresser au savant auteur de la méthode que nous préconi¬
sons, à M. le docteur Fontan, nos sincères remerciements pour l'extrême obligeance qu'il a mise à nous envoyer les
observations nombreuses qui font tout le mérite de notre modeste travail.
—13 —
Nous tenons également
à remercier M. le médecin principal
Cotte pour la
bienveillance qu'il
nous atoujours montrée et
pour les
observations qu'il
abien voulu nous fournir.
Que M. le professeur
Layet veuille bien agréer l'expression
de notre profonde
gratitude
pourl'insigne honneur qu'il
nousa faiten acceptant la
présidence de notre thèse.
M. le professeur
agrégé Dubreuilh et M. le docteur de Chap-
pelle ont mis
à notre disposition
avec uneextrême obligeance
leurs services de l'hôpital Saint-Jean, nous ne
saurions trop
leur en témoigner notre
reconnaissance.
Nos camarades et amis Brau et Boyer, internesde l'hôpital
Saint-Jean, ont opéré la plus
grande partie des bubons de leurs
services selon la méthode que nous préconisons; ils se
sont
mis à notre disposition avec le plus
amical empressement;
noussommes heureux de leur adresser ici tous nos remercîments.
C'est notre camarade Boyer qui a eu
l'idée du pansement
absolument occlusif que nous avons employé avec
succès à
Bordeaux.
K
D U
TRAITEMENT BU BUBON SUPPURE
par
l'injection de vaseline iodoîcrmée et le pansement occlusif
DIVISION DU SUJET
Après une étude générale du bubon, nous passons
rapide¬
ment en revue les principaux traitements
employés jusqu'à
ce jour et nous en montrons les désavantages.Partant ensuite de nos connaissances sur la pathogénie du
bubon suppuré et sur les causes de ses
complications,
nousmontrerons que la méthode rationnelledu
traitement du bubon
suppuré est la méthode Fontan.
Après avoir fait la description du
manuel opératoire et éta¬
bli les indications et contre-indications, nous étudierons les
suites et les résultats cliniques obtenus que nous comparerons
avec ceux obtenus par les méthodes anciennes en
faisant
res¬sentir les avantages de la méthode
préconisée.
Enfin, nous prouverons ce que nous avons
avancé
parde
nombreuses observations et des tableaux statistiques compa¬
ratifs.
CHAPITRE PREMIER
ÉTUDE GÉNÉRALE DU BUBON ET DE SA TRANSFORMATION CHANCREUSE
Nous ne voulons parler ici que du bubon vénérien consécu¬
tif à un chancre mou et non de l'adéniteinguinale syphilitique
ou tuberculeuse.
Nous verrons en effet que le traitement que nous préconi¬
sons est contre-indiqué dans les engorgements ganglionnaires
reconnaissant pour origine la syphilis ou la scrofule.
Le chancre mou est suivi du bubon dans plus de la moitié
descas.Des statistiques deJullien, il résulte que sur2,698 chan¬
cres, 1,547 ont été accompagnés de bubon, soit uneproportion
de 57 0/0.
Le bubon est le plus souvent mono-ganglionnaire, accom¬
pagné d'empâtement et d'adhérence de la peau, avec tous les signes d'un adéno-phlegmon plus ou moins aigu. Quand on l'ouvre au début, on trouve un pus profond, épais, jaune-ver- dâtre; si la ponction est tardive, le pus est plus liquide, roux, café au lait, mêlé de fongosités. Avecles anciens traitements,
environ les troisquarts des bubons consécutifs à des chancres
mous deviennent chancreux après l'incision.Ils prennent alors
un aspect caractéristique : fond déchiqueté et vermoulu, bords
taillés à pic, festonnésetdécollés, pus sanieux,roussâtre, fétide,
douleurs cuisantes pendant toute la période d'ulcération pro¬
gressive; enfin, caractère pathognomonique, ils deviennent
— 17 —
inoculables. Une goutte de pus du bubon, ainsi
transformé,
portée dans la peau,donne naissance à
unchancre
mouparfai¬
tement semblable au chancre initial et inoculable comme lui-
même.
Cette transformation chancreuse entraîne des complications multiples : ulcération
progressive, décollements, gangrène
moléculaire, suppuration
prolongée
et parsuite guérison très
lente et cicatrisation vicieuse.
Le principal souci du
chirurgien qui traite
unbubon
seradonc d'éviter cette transformation chancreuse. Or, pour l'évi¬
ter, il fauten connaître les conditions.
Deux grandes théories sont en
présence
: oubien le bubon
renferme le principevirulenten
lui-même et devient ainsi viru¬
lent dès que le contact de l'air rend de
l'activité à
ceprincipe
latent; ou bien, n'ayant en lui rien de
spécifique, il
estconta-
gionné par inoculation, une foisouvert, grâce
auvoisinage
du chancre pénien.
La première hypothèse est celle de
Ricord et de
sesélèves.
PourRicord, le bubon, consécutif du chancre mou,
est lui-
même virulent et devient chancreux dans plus de la moitié
des cas.
Ses disciples ont outré sa
théorie
:«L'ouverture du bubon chancreux s'inocule toujours».
(Diction, de Dechambre).
Cependant Ricord lui-même avait
déjà remarqué ce fait, qu'il est
très exceptionnel de produire
une pustule avec le pus du bubon le jour
même de l'ouverture
et que l'on voyait souvent
devenir virulents et chancreux des
bubons dont le pus n'était pas inoculable
le premier jour.
On aurait pu en conclure
logiquement
quele bubon n'est
pas virulent avant son ouverture
et qu'il le devient ensuite
parles doigts du chirurgien ou du
malade souillés
parle
pusdu
chancre mou.
3 Henric
C'est ce que des expériences modernes très nombreuses
viennent établir d'une façon irréfutable.
M. Strauss, en 1884, prouve à la Société de Biologie:
1° Que le bubon, au moment de son ouverture, ne contient
aucun organisme microbien;
2° Que l'inoculation faite avec le premier pus du bubon ne
produit point de chancre;
3° Que le bubon, ouvert et très soigneusement protégé con¬
tre tout contact d'unpuscliancreux, nedevient pas chancreux
lui-même.
M. Strauss ouvrit et pansa d'une façon très antiseptique
58 bubons; pas un ne devint chancreux; il inocula leur sécré¬
tion sans résultat, non seulement le premierjour, mais encore lesjours suivants.
Cependant, l'année suivante, en 1885, M. Strauss reconnut
que ses premières affirmations étaient trop absolues et il admit
que, dans des cas rares, le bubon pouvait devenir virulent et
chancreux sans qu'il y eût d'inoculation extérieure ou même qu'il pouvait être virulent d'emblée.
En 1889, M. le médecin principal Fontan (de Toulon), sur 32 inoculations faites à la cuisse avec le pus d'un bubon que l'on venait d'ouvrir, vit une seule fois un chancre se produire
et son aide lui avoua qu'il n'était pas sûr de la propreté de
son bistouri.
« Quant au bubon lui-même, sur 38 cas, il est devenu chan¬
creux 2 fois seulement et ces 2 cas sont imputables à des ino¬
culations » (1).
Le docteur Lasnet, médecin des colonies, ancien interne de l'hôpital des vénériens de Bordeaux, par ses expériences per¬
sonnelles, a pleinement confirmé celles des docteurs Strauss et
(1) Fontan. Archives de médecine navale, juillet 1889.
— 19 —
Fontan, tout en
modifiant
un peules conclusions. Il nous
fournit la statistique suivante :
Sur 136 bubons observés à l'hôpital
Saint-Jean, du 1er jan¬
vier au 1er août 1893 :
27 se sont résorbés sans s'ouvrir, sous
l'influence du
reposet d'un pansement
humide.
43 ont dû être ouverts,mais ne sont pas devenus
chancreux
(pour laplupart, la virulence
aété vérifiée
pardes inocula¬
tions répétées et toujours
infructueuses);
51 sont devenus virulents consécutivement, alors
qu'ils
nel'étaient pas au moment de
l'ouverture;
12 bubons,ouverts spontanémentavant
l'entrée des malades
à l'hôpital, sont tous devenus
chancreux;
3 seulement étaient virulents d'emblée et, dès le
premier
jour, ont fourni une
pustule d'inoculation caractéristique.
Cette statistique nous montre que,
si l'on
nedoit
pasadmettre la théorie trop absolue des docteurs
Strauss et Fon¬
tan, d'après laquelle un bubon ne
deviendrait chancreux
quepar l'inoculation secondaire, du
moins
onpeut affirmer
quele
bubon virulent d'emblée est d'une extrême rareté,
environ
dans la proportion de 2,2 pour
100.
Le docteur Lasnet, guidé par M. le
professeur agrégé
Dubreuilh, a de plus démontré ce
fait intéressant, mais
peu important au point de vuepratique
: «Quand le
pusdu bubon
est virulent et produit un chancre par
inoculation, il contient
toujours le bacille de Ducrey-Unna en
plus
oumoins grande
abondance; quand l'inoculation est
négative, l'examen micros¬
copique l'est également».
En résumé, il est démontré que
le bubon virulent d'emblée
n'est qu'une exception.
Alors, comment peut-on expliquer
la formation du bubon?
Est-ce par le transport par
les lymphatiques du strepto-
— 20 —
bacille du chancre mou au ganglion? Non, puisque le docteur
Lasnet a démontré que le pus du bubon n'est inoculable et ne renferme le streptobacille que plusieurs jours après l'ouver¬
ture et cela dans 97,8 pour 100 des cas.
Est-ce, comme le veut Ducrey, par l'absorption au niveau
du chancre des toxines pyogéniques sécrétées par le strepto¬
bacille qui, transportées au ganglion par les lymphatiques, y
détermineraient, dans ce milieu riche en leucocytes, une sup¬
puration sans microbes?
Le docteur Lasnet a fait à ce sujet des expériences qui ont
échoué. Malgrécet échec, cette théorie n'a rien d'insoutenable, puisque l'essence de térébenthine, injectée sous la peau du chien, détermine une suppuration sans microbes.
La formation des bubons virulents d'emblée (qui sont dans
la proportion de 2 pour 100 environ) s'explique par la péné¬
tration par les lymphatiques du bacille de Ducrey.
Dans les observations du docteur Lasnet, les bubons consé¬
cutivement chancreux sont nombreux, dans la proportion de
39 pour 100; il faut bien les imputer au traitement suivi, puisque sur 20 bubons opérés par M. Boyer et moi durant
l'année 1893-1894, un seulement est devenu chancreux, ce qui
donne une proportion de 5 pour 100 seulement. Cet échec est
dû certainement au manque d'asepsie des instruments, de la région opératoire et des mains de l'opérateur, notre panse¬
ment ayant toujours été le même, absolument occlusif.
Que les mains du chirurgien, que les poils du pubis soient
souillés du pus chancreux, que le pansement soit mal fait etse dérange, que le malade, piqué par une puce ou une punaise
passe la main sous son pansement pour se gratter avec des ongles nullement aseptiques et voilà un bubon purement
inflammatoire qui devient virulent.
Nous pouvons donc conclure ainsi ce chapitre :
Le bubon, dont on ne connaît pas encore le mode de forma¬
tion, n'est qu'exceptionnellement virulent d'emblée. Il ne devient chancreux que par inoculation secondaire. Le traite¬
ment rationnel doit donc avoir pour but de mettre à coup sûr
le bubon à l'abri del'inoculation secondaire. La méthode Fon- tan, comme nous le montrerons, remplit cette condition.
CHAPITRE II
revue rapide des principales méthodes thérapeutiques préconisées contre le bubon
I. Méthode dite abortive ou de Broca. — Cette méthode
a eu de la vogue, alors que les idées de
Rieord
surla patho¬
génie étaient admises par tous les
chirurgiens, alors qu'on
pensait que « l'ouverture du bubon s'inocule toujours »(De-
chambre, Dictionnaire). Il paraissait d'unintérêt énorme
d'éva¬
cuer de bonne heure le pus virulent, sans lui donner le temps
d'inoculer les tissus de proche en proche et de
constituer
unvaste chancre à la fois intra et extra-ganglionnaire.
Broca conseillait, pour circonscrire le foyer
virulent, de
prévenir, de devancer en quelque sorte lafluctuation, et
d'inciserla tumeur avant même que la présence du pus ne
fût
démontrée par son signe pathognomonique.
C'est en ces termes que Brocapréconise l'ouverture précoce
du bubon :
« Dès que la tumeur naissante, dit-il, a acquis le volume
» d'une petite noisette, on la saisit entre deux
doigts
dela
» main gauche, de manière à fixer
à
la fois la peauet le
gan-» glion, puis on plonge directement un
bistouri jusqu'au
» centre du ganglion. Sans
lâcher prise,
onretire
lebistouri
» qu'on remplace par une sonde
cannelée
; alors on exerce» une très forte pression latérale sur la
petite
tumeur.On voit
» bientôt glisser dans la cannelure de la sonde une
matière
— 23 —
demi-liquide,
jaunâtre, visqueuse
;c'est le
pus encoremal
élaboré qui existait au
centre du ganglion On exprime
la tumeur jusqu'au sang,
afin d'être bien certain de n'y
pas laisser de pus.
Cette
manœuvreest ordinairement assez
douloureuse Le lendemain, la tumeur s'est
légèrement
accrue, mais elle est ordinairement
moins volumineuse
qu'avantl'opération.
Il s'est formé
unepetite quantité de pus
qu'il faut évacuer. Lapetite ouverture de la
peaus'est déjà
refermée, mais on y pénètre aisément nvec
la sonde
can¬nelée, qu'on pousse jusqu'au centre
du ganglion. On
com¬prime de nouveau
très fortement la tumeur
pourévacuer
la totalité du pus, et on recommence ainsi
chaque matin
pendant plusieurs jours,
jusqu'à
ce quela suppuration soit
tarie ou que la petite ouverture soit devenue
fistuleuse
».Dans le but de protéger l'incision contre
l'inoculation chan-
creuse, Broca faisait suivre chaque jour
l'évacuation d'une
injection iodée. Il ne
considérait
dureste cette injection
quecomme accessoire et attribuait tout le mérite des résultats
obtenus à l'incision prématurée de la tumeur.
Sur 9 bubons
qu'il traita ainsi, un guérit en 4jours, trois
fois la guérison
fut complète en 5 jours, une fois en 6 jours,
c'est-à-dire
que plus de la moitié des cas ontétéguéris en moins d'unesemaine.
Dans les autres cas, la guérison a été
moins prompte
;elle
s'est fait attendre 12, 13, 37 et même 45 jours ; ce qui donne
15jours comme durée de traitement moyen.
Ajoutons
quela
suppuration dutissu cellulaire, le décollement et
l'ulcération de
lapeau ont été constamment évités.
Les défauts de cette méthode sont nombreux :
1° L'incision prématurée est irrationnelle et
illégitime, puis¬
que nous savons que les bubons qui se développent
à
lasuite
du chancre mou ne sont pas fatalement
destinés à devenir
chancreux. Le bistouri portera sur une
adénite simple, laquelle
24
avait chance de se résoudre et ne réclamait en rien une inter¬
vention chirurgicale. On exposera les malades à subir une
opération inutile.
2° Cette opération est très douloureuse. Broca dit lui-même qu'un des malades soumis à ce traitement ne cessa, « pendant
toute l'opération, de pousser de véritables hurlements ».
3° Il est difficile de tomber juste sur le ganglion qui, même
à une époque assez rapprochée du début de l'inflammation, est parfois englobé et confondu dans l'empâtement des tissus pé¬
riphériques. On ne sait guère alors où porter le bistouri, et,
l'incision faite, on n'est pas toujours sûr d'avoir pénétré,
comme le recommande Broca, «jusqu'au centredu ganglion».
4° Cette méthode est tout à fait insuffisante au point de vue
antiseptique.
II. Résolutifs fondants. — On a préconisé de tout temps
les pommades dites fondantes; les emplâtres de savons, de Vigo, deciguë; les cataplasmes froids, les liniments astringents
ou iodiques et surtout les onctions mercurielles. La plupart de
ces remèdes sont absolument inertes. M. Fournier n'attribue
qu'une efficacité très douteuse et très contestable au mercure
lui-même, en tant qu'agent résolutif.
III. Méthode du vésicatoire ou de Velpeau-Guérin. — Il n'est pas d'agent thérapeutique qui ait été vanté dans le trai¬
tement du bubon à l'égal du vésicatoire. D'après Alphonse Guérin, lesvésicatoires « sont de puissants abortifs; ils arrê-
» tent la suppuration du bubon, quelle que soit sa nature,
» quelle que soitsa période... Il n'est jamais trop tard pour
» empêcher l'ouverture de l'abcès ganglionnaire... Il n'estpas
» un seul bubon traité par moi qui laisse une cicatrice ».
M. Fournier,dans le dictionnaire de Jaccoud,admire desi mer¬
veilleux résultats, touten regrettant de n'être ni assez habile,
ni assez heureux pour en avoir jamais obtenu de semblables.
— 25 —
Cette méthode ne se discute plus, maintenant qu'il est
démontré que les bubons ne
deviennent chancreux (le plus
souvent), que parinoculation secondaire. Cette vaste étendue
de téguments
dépouillés d'épiderme
atoutes les chances
pos¬sibles de devenir chancreuse. C'est un danger sérieux dont il importe d'éviter les chances aux
malades.
De plus, cette méthode est
très douloureuse, notamment la
méthode de Malapert (vésicatoire suivi de pansements au sublimé), qui provoque d'atroces souffrances.
IV. Méthode des caustiques. — Robert, qui a préconisé
cette méthode (Melchior Robert, Nouveau
traité
desmaladies
vénériennes, Paris, 1861), faisait sur la tumeur une série de
mouchetures à la pâte de Vienne, et déterminait
ainsi
de petites escharres intéressanttoute l'épaisseur de la peauet du
tissu cellulaire sous-cutané; après la chute des escharres,
il
entretenait les plaies en suppuration par des
pansements à
l'onguent épispastique.Les caustiques ne peuvent être d'aucune utilité contre le
bubon chancreux. Ils ne le font pas plus résoudre que toute
autre méthode. De plus ces plaies multiples et
irrégulières
sont très favorables à une inoculation chancreuse secondaire
et à toutes ses complications.
V. Méthode de la compression. —C'estaprès le vésicatoire
la méthode qui a été le plus vantée dans le traitement du
bubon.
Sergeantet Fergusson sont allésjusqu'à dire « qu'elle
triom¬
phait sans peine de tous les bubons, à toutespériodes, et parti¬
culièrement à l'état de suppuration active; qu'il n'était plus de
bubon à ouvrirdepuis son introduction dans lapratique, etc. ».
D'après Fournier, cette méthode est dépourvue de toute ac¬
tion contre le bubon chancreux; elle est inopportune au der¬
nier degré à la période de suppuration confirmée.
4Henric
Nous ne nous étendrons pas sur la foule des
traitements qui
ont été préconisés contre le bubon
et qui sont tombés dans
l'oubli ajuste titre, tels que
l'incision sous-cutanée des
gan¬glions, les
ponctions à l'aiguille, l'écrasement, le drainage, le
séton filiforme, l'électro-puncture, etc., etc.
Nous arriverons tout de suite aux deux méthodes de traite¬
ment suivies de préférenceaujourd'hui dans
les hôpitaux civils
et militaires, la méthode de l'incision et celle de
l'injection
d'étlier iodoformé. Ces méthodes, nées des connaissances anti¬
septiques acquises depuis 25 ans,
sont bonnes, *si
onles
com¬pare aux méthodes plus
anciennes, mais elles sont bien infé¬
rieures à la méthode Fontan que nous préconisons, comme cette thèse a pour but de le démontrer
(voir les tableaux sta¬
tistiques comparatifs).
A. Méthode de l'incision. — Le bubon esttraité comme un abcès chaud quelconque. Large incision, lavages
antiseptiques,
et pansement iodoformé.
Cette méthode est assez logique, car si l'on excepte les adé¬
nites tuberculeuses ou syphilitiques, on peut considérer les
bubons chancreux comme des abcès vulgaires.
Comme nous l'avons vu, les bubons virulents d'emblée sont
d'une extrême rareté.
Mais les chirurgiens oublient trop facilementquele chancre
mou est presque toujours là quand on ouvre le
bubon; la lon¬
gue incision est un vaste champ pour
l'inoculation chancreuse
secondaire, qu'il sera très difficile d'éviter, surtout avec les pansements fréquents et non
occlusifs.
De plus, l'incision que l'on
fait
encore trop souventparal¬
lèle au pli de l'aine est désastreuse; on voit les bords
de la
plaie cutanée se recroqueviller en dedans et s'opposerà la
cicatrisation.
La guérison est d'une extrême lenteur; la
cicatrice
estéten-
— 27 --
due, déprimée,
indélébile (V. l'observation de la femme publi¬
que, P...,
Marie).
L'incision verticale elle-même laisse une trace bien moins apparente sans
doute
quecelle de l'incision horizontale, mais
qu'il est toujours
préférable d'éviter dans
unerégion où toute
cicatrice est considérée, bien que souvent à tort, comme le stigmate d'une
maladie vénérienne.
D'ailleurs les faits prouvent que laguérison du bubon
traité
parl'incision et les
pansements ouverts, est très lente à s'effec¬
tuer (Voir les statistiques
comparatives).
B. Injections d'êther
iodoformê.
—Cetteméthode, préconisée
par les docteurs
Verneuil et Humbert, découle,
commela
méthode Fontan, des connaissances nouvellementacquises sur la pathogénie du bubon et sa
transformation chancreuse.
Deux méthodes sont employées dans le traitementdesbubons
par l'éther iodoformê :
1° Injection après évacuation du pus, comme pour
les abcès
ordinaires;
2° Injection intra-cavitaire sans
évacuation. M. Humbert
emploieexclusivement lapremière
des deuxméthodes. M. Ver¬
neuil s'en sert aussi pour les grands bubons et n'emploie la
seconde méthode que pour les bubons de petit volume.
Dans la première méthode, on fait une ponctionavec un
tro-
cart, on lave à l'acide borique et on injecte l'éther iodoformê.
On applique ensuite un appareil ouaté, fortement
compressif.
Il est nécessaire que les malades gardent le repos le plus
absolu.
Le plus souvent du pus se reforme, ce qui nécessite une nou¬
velle injection.
M. Verneuil, sans évacuation du pus, injecte le contenu
d'une ou deux seringues de Pravaz d'éther
iodoformê.
Il estrare qu'une seule intervention suffise.
— 28 —
Les résultats obtenus àParisparaissent avoir été trèsbeaux,
si l'on enjuge par la thèse d'Eichstorff.
Ladurée moyenne du traitement n'aurait été que de 9jours.
Malheureusement, il ne nous est fourni que 15 observations.
D'autrepart, les médecins qui avaientessayé cette méthode,
l'ont vite abandonnée. C'est qu'en effet elle offre de nombreux inconvénients.
Tout d'abord, un liquide aussi volatil que l'éther doit s'éva¬
porer rapidement, aussi étroite qu'on puisse supposer l'ouver¬
ture de la plaie, et ne laisser par conséquent dans le fond de la
cavité du bubon qu'une masse pulvérulente de poudre d'iodo- forme, ou même refluer directement à l'état d'éther liquide.
On en revient alors au simple pansement iodoformé de toute plaie ou cavité suppurante. Cette méthode présente, par con¬
séquent, les mêmes inconvénients que la méthode par incision.
Le seul avantage est la ponction étroite. Le chirurgien, opé¬
rant un bubon, doit chercher à éviter par dessus tout l'inocu¬
lation chancreuse secondaire, source de toutes les complica¬
tions. MM. Verneuil et Ilumbert ne tiennent pas assez compte
des conditions indispensables d'occlusion et d'isolement de la plaie du bubon. D'autres expériences sont nécessaires pour
prouver l'excellence de cette méthode. En tout cas, il est cer¬
tain que ce procédé est extrêmement douloureux, car l'éther,
en outre de sa grande volatilité, distend la poche, comprime
les tissus enflammés et détermine, chez certains malades, des
douleurs parfois intolérables et qui peuvent se prolonger fort longtemps, jusqu'à l'absorption de l'éther. Cela seul suffirait à faire rejeter les injections d'éther iodoformé.
CHAPITRE III
PRINCIPES SUR LESQUELS DOIT REPOSER UNE METHODE
RATIONNELLE DU TRAITEMENT DU BUBON SUPPURÉ
Nous avons vu que les complications du bubon, décolle¬
ments, suppuration prolongée, cicatrices vicieuses et adhéren¬
tes, etc., étaient dues à la transformation chancreuse.
Quel sera donc le traitement rationnel de cette affection? Ce
sera évidemment celui qui mettra le bubon suppuré à l'abri de
la transformation chancreuse.
Le traitement par la méthode Fontan nous paraît parfaite¬
ment remplir cette condition. Les divers temps du manuel opératoire sont en effet des conséquences nécessaires des prin¬
cipes établis de notre temps sur la pathogénie du bubon et de
ses complications.
Le bubon est une collection purulente incluse dans les tissus.
Livré à lui-même, il est un danger pour l'organisme. Nous
ouvrirons1 donc le bubon pour donner issue au pus. Mais nous
avons vu que le bubon n'est pas chancreux par lui-même et qu'il ne le devient que par inoculation-secondaire.
Or, quelle est la grande porte d'entrée du streptobacille de Ducrey-Unna? C'est la plaie faite par le chirurgien. Il suffît
que la main de l'opérateur, que la région inguinale, incomplè¬
tement rasée et savonnée, que le bistouri soient souillés par le
pus du chancre, pour que le bubon subisse la transformation chancreuse avec ses multiples complications. Par conséquent,
- 30—
il est absolument nécessaire
d'opérer dans les conditions de
l'asepsie la plus
rigoureuse.
D'autre part, les dangers
d'inoculation seront d'autant plus
grands que la
plaie d'ouverture
seraplus vaste et que les pan¬
sements seront plus fréquents.
Au lieu donc de faire
une grandeincision et de renouveler fréquemment le pansement,
nous ferons une simple ponction et nous
laisserons le plus
longtemps possible en
place le pansement post-opératoire.
Une ponction
aspiratrice serait rationnelle, malheureuse¬
ment elle est impossible,
puisqu'il faut absolument chasser
tout le pus et le
produit
desadénites suppurées est trop épais
pour être
extrait
paraspiration.
Nous nous contenterons donc de faire au
bistouri étroit
ouà la lancette une ponction, assez
large
pourdonner passage
au pus épais et
grumeleux, tout
enn'offrant qu'un mince
champ
d'inoculation.
Nous savons de plus que la poche du
bubon suppuré,
unefois le pus évacué, se
comble très difficilement et qu'elle con¬
tinue à suppurer longtemps
après l'opération. Elle forme, en
effet,une sorte de caverne
à parois inégales et dures, favorable
à la stagnation des
liquides et
audéveloppement des cultures
pathogènes.
L'indication sera donc : a) de
détruire les microbes
pardes
lavages
antiseptiques; b) d'injecter dans la poche une substance
antiseptique,
capable de combler, d'une manière permanente,
jusqu'aux
moindres anfractuosités et de donner un coup de
fouet à l'activité endormie des
parois buboniennes.
Par conséquent, une
fois
que nous auronsexpulsé tout le
pus par une
pression énergique, parce qu'il est épais et que le
bubon est une poche
multiloculaire à cloisons fibreuses assez
tenaces, nous laverons
l'intérieur de la poche
avecune solu¬
tion antiseptique. Comme
de simples lavages seraient insuffi-
— 31 —
sants pour
détruire tous les streptocoques et staphylocoques,
nous maintiendrons à demeure la
substance antiseptique
parun véhicule, telque la
vaseline
oul'éther. Nous
avonsmontré
les inconvénients de l'éther dans notre
historique, il s'évapore
très vite en causant des douleurs intolérables.
La vaseline est
le véhicule de choix. Cette graisse minérale,
amorphe, inalté¬
rable mélange d'huile de
pétrole et de parafine, est demi-solide
à la température normale
du
corpshumain.
Elle se liquéfieà 42°, de sorte que,
portée dans unbain-marie
à la température de 45°
environ, elle peut être injectée très
facilement à l'état liquide dans le bubon.
Aussitôt qu'elle
a pris la température dumalade, elle retourne à l'état de
pom¬made. Elle est donc très commode pour faire un
pansement
occlusif, interne et à demeure du bubon
ouvert.
Maintenant quel antiseptique devons-nous
choisir?
M. le médecin principal Fontan a
donné la préférence à
l'iodoforme, quoique ses propriétés
microbicides fussent
encorefortement discutées en 1889. Les faits lui ont donné raison.
Aujourd'hui tous les chirurgiens
emploient cette substance
pour les pansements les plus délicats,
après des opérations où
l'antisepsie la plus rigoureuse doit être
suivie. On n'hésite plus
à introduire dans les plaies
abdominales profondes, consécu¬
tives, parexemple, à une ovariotomie ou
à
unehystérectomie,
des tampons de gaze iodoformée, et les
succès
ne secomptent
plus.
Et cependant la lutte fut vive entre les
partisans et les
adversaires de l'iodoforme.
M. le professeur agrégé Dubreuilh (de
Bordeaux) s'expri¬
mait ainsi dans le Bulletin médical du 4 novembre 1888.
« Comme on n'employait généralement pas
seul l'iodoforme
» et que, dans le pansement desplaies
fraîches,
onemployait
» d'autres antiseptiques en même temps que
lui,
onétait dis-
» posé à lui attribuer en
partie l'asepsie qui était le résultat de
» l'ensemble des précautions prises; dans le pansement des
» plaies déjà infectées ou des
chancres
mous, onavait
remar-» qué qu'il supprimait la mauvaise
odeur est tarissait les sécré-
» tions ».
M. Dubreuilh s'appuyait sur les expériences fort
bien
con¬duites de savants allemands, tels que Ch. Heyn et Thorhild Rowing (.Der iodoform aïs
antisepticum, Fortschritte der
medicin, 15janvier 1887), Lùbbert
(Ueber
dasVevhalten
von iodoform zum staphylococcus pyogenes aureus.Fortschritte
der medicin, 1er juin 1887), Sattler de Prague
(Fortschritte,
15juin 1887).Cependant, commenous levoyons, M.
Dubreuilh,
tout en mettant en doute les propriétés microbicides de l'iodo- forme,lui reconnaissait des propriétés modificatrices des plaies,
dont il supprime les sécrétions.
Aujourd'hui, presque tous les chirurgiens admettent
les
propriétés antiseptiques de l'iodoforme. On les attribuegéné¬
ralement à la décomposition lente de cette substance, au con¬
tact des matières organiques, en acétylène et en iode. Pour Behring, c'est à l'acétylène que l'iodoforme doit ses
propriétés
antiseptiques. Pour Neisser, c'est à l'iode naissant.Quoi qu'il en soit, il paraît aujourd'hui démontré que l'iodo¬
forme a des propriétés antiseptiques,
modificatrices
et anes- thésiques. C'est donc la substance de choix pour le pansementà demeure de la poche bubonienne à parois anfractueuses
et inertes, favorables au développement des cultures pathogè¬
nes et peu susceptibles de donner naissance à des bourgeons
charnus.
L'opération terminée, quel est le pansement le plusrationnel
à appliquer sur la petite plaie?
Evidemment un pansement occlusif est rare, puisque l'ino¬
culation chancreuse du bubon se fait très souvent par les
mains du malade ou même de l'aide qui fait le pansement.