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HIVER 2022 n o 109. Le voyage

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Academic year: 2022

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HIVER 2022 — no 109

Le voyage

(2)

3

Mot de la présidente- directrice générale

Odyssée au cœur du patrimoine documentaire

DO S SIER Le voyage

4

Les débuts du tourisme au Québec

8

Le Québec dans la boîte aux lettres

12

Air Canada… on y va ?

16

Souvenirs de voyage en trois temps

19

Des journaux de voyage inédits

20

Contempler le voyage !

22

Vers un tourisme sans obstacles

À RAYONS ouverts

C H R O N I Q U E S D E B I B L I O T H È Q U E E T A R C H I V E S N A T I O N A L E S D U Q U É B E C H I V E R 2 0 2 2 no1 0 9

SOMMAIRESOMMAIRE

RÉDACTRICES EN CHEF

Isabelle Crevier et Claire Séguin

CONCEPTION GRAPHIQUE ET PRODUCTION

Jean Corbeil

RÉVISION LINGUISTIQUE

Nicole Raymond

COMITÉ ÉDITORIAL

Daniel Chouinard, François David, Marie-Michelle Hamel, Michèle Lefebvre, Benoit Migneault et Nicole Raymond

PHOTOGRAPHIES

iStockphoto : p. 27

Michel Legendre : p. 3, 30 (en bas) Julie Roy : p. 28 (à droite) Sébastien Tessier : p. 28 (à gauche)

Cette publication est réalisée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Nous tenons à remercier les artistes, les ayants droit ainsi que les entreprises et organismes qui ont bien voulu nous permettre de reproduire leurs œuvres et les documents.

La revue À rayons ouverts – Chroniques de Bibliothèque et Archives nationales du Québec est distribuée gratuitement à toute personne qui en fait la demande. On peut se la procurer ou s’y abonner en écrivant à aro@banq.qc.ca ou encore à :

Bibliothèque et Archives nationales du Québec Direction de la recherche et de la diffusion des collections patrimoniales

2275, rue Holt

Montréal (Québec) H2G 3H1

On peut consulter À rayons ouverts à banq.qc.ca.

Toute reproduction, même partielle, des illustrations ou des articles publiés dans ce numéro est strictement interdite sans l’autorisation écrite de BAnQ. Les demandes de reproduction ou de traduction doivent être acheminées à la rédaction.

NOTE SUR LES ILLUSTRATIONS

À moins d’avis contraire, les illustrations figurant dans À rayons ouverts sont tirées de documents issus des collections de BAnQ. Les légendes des documents d’archives de l’institution comportent la mention du centre où ils sont conservés et du fonds dont ils font partie afin de permettre de les retracer à l’aide d’Advitam. Tous les autres documents de BAnQ présentés dans la revue peuvent être trouvés en consultant le catalogue.

Ces deux outils de recherche sont disponibles à banq.qc.ca.

Tous les efforts ont été faits par BAnQ pour retrouver les détenteurs des droits des documents reproduits dans ce numéro.

Les personnes possédant d’autres renseigne- ments à ce propos sont priées de communiquer avec le Secrétariat général et direction des affaires juridiques de BAnQ.

Ce document est imprimé sur du papier fabriqué au Québec contenant 100 % de fibres recyclées postindustrielles, certifié choix environnemental ainsi que FSC Mixte à partir d’énergie biogaz.

© Bibliothèque et Archives nationales du Québec Dépôt légal : 1er trimestre 2022

ISSN 0835-8672 (imprimé) ISSN 2560-788X (en ligne)

Odyssée au cœur du patrimoine documentaire

I

l faut nous l’avouer, nous rêvons tous, depuis quelque temps, de nous évader, d’explo- rer et de découvrir de nouveaux horizons. Heureusement, l’été dernier, nous avons pu circuler un peu plus librement. Certains d’entre nous en ont profité pour (re)découvrir des parties du territoire québécois et rencontrer des gens avec des histoires fabuleuses.

Pour ma part, j’ai eu le bonheur d’aller à la rencontre des collègues à Saguenay et à Sept-Îles, en plus de visiter ceux de Montréal et de Québec. Par ailleurs, l’apparition de nouveaux variants et l’augmentation des infections partout dans le monde nous incitent à la prudence dans nos déplacements et nos rapprochements. Qu’à cela ne tienne, dans le présent numéro, bibliothécaires, archivistes et techniciens en documentation ouvrent grand les portes de plusieurs fonds et collections, afin de nous proposer une odyssée qui fait rêver !

Dès les premières pages, on en apprend un peu plus sur l’histoire du Québec, notam- ment sur les débuts du tourisme dans la « belle province ». On constate que la circulation en bateau et en calèche était souvent ardue au xixe siècle et, surtout, que l’activité touris- tique n’était pas à la portée de tous. Quel privilège nous avons maintenant de voyager en sol québécois avec le moyen de transport qui nous convient! Chaque ville et chaque village sont des îlots de culture à découvrir.

Dans ce numéro, on apprend aussi que la carte postale, liée à la naissance de la photo- graphie, gagne en popularité dans la deuxième moitié du xixe siècle et devient un moyen de communication important. Suit un survol de l’histoire d’Air Canada (autrefois Trans Canada Airlines) qui se termine en nous rappelant la publicité des années 1970,

« Mon bikini, ma brosse à dents », avec, en écho, la voix de Dominique Michel. Nous plongeons également dans les récits de Jacques Parizeau, avide de voyages pendant ses années de scoutisme. La fluidité de ses lettres et l’amour du Québec qui transpire de celles-ci n’ont rien d’étonnant lorsqu’on connaît le parcours de ce futur premier ministre.

Le voyage historique s’achève avec de magnifiques estampes de Pierre-Léon Tétreault illustrant l’influence des voyages sur sa pratique artistique. Enfin, le dossier thématique se clôt par un texte indispensable sur l’inclusion de tous en matière de tourisme. Je lève mon chapeau à l’organisme Kéroul, qui, depuis plus de 40 ans, permet aux personnes ayant des incapacités physiques d’avoir accès à la culture ainsi qu’à des services et des infrastructures touristiques. C’est une mission à laquelle BAnQ souscrit de tout cœur !

Somme toute, la pandémie a peu limité l’accès aux services ainsi qu’aux fonds et collections de BAnQ. Grâce à des activités et à des documents accessibles sur place ainsi que de plus en plus sur le Web, c’est une odyssée au cœur de l’histoire et de la culture du Québec que nous vous proposons maintenant. Le voyage est personnalisé pour chacun, du jeune enfant à l’aîné. Les derniers mois ont montré que le voyage virtuel n’a pas besoin d’être compliqué. En quelques clics, il peut nous amener loin, et BAnQ est là pour accom- pagner tout un chacun dans son désir d’apprendre à apprendre, pendant toute la vie.

M O T D E L A P R É S I D E N T E - D I R E C T R I C E G É N É R A L E par Marie Grégoire

PHOTO DE LA COUVERTURE : William Henry Bartlett, Quebec, gravure, Londres, Virtue & Co., 1840.

GRÂCE À DES ACTIVITÉS ET À DES DOCUMENTS ACCESSIBLES SUR PLACE AINSI QUE DE PLUS

EN PLUS SUR LE WEB, C’EST UNE ODYSSÉE AU CŒUR DE L’HISTOIRE ET DE LA CULTURE

DU QUÉBEC QUE NOUS VOUS PROPOSONS MAINTENANT.

L A V IE DE BA nQ

24

Le dépôt légal des publications numériques Du changement en 2022

25

Le DéfiWiki

Des contenus scientifiques en français

26

Deux journées d’étude sur des femmes historiennes

26

Une nouvelle image de marque pour BAnQ

27

Intégrer la culture en classe

28

Cette histoire nous mènera loin Une série de neuf capsules historiques

RUBRIQUES

29

D’art et de culture

30

Le cabinet de curiosités

31

Comptes rendus de lecture

32

Coup d’œil sur les acquisitions patrimoniales

(3)

À R A Y O N S O U V E R T S 4

Le mot « tourisme », qui conjugue la notion de plaisir à l’acte de voyager, n’existe que depuis deux siècles. Jusqu’au xviiie siècle, on se déplace surtout par obligation, puisque les infrastruc- tures rudimentaires rendent tout voyage pénible.

Les conditions de voyage vont cependant s’amé- liorer pendant la première moitié du xixe siècle pour devenir de plus en plus marquées par le luxe. Sur le continent nord-américain, le terri- toire québécois va s’imposer peu à peu comme une destination touristique de choix.

L E T OURIS T E AV EN T URIER

Les premiers touristes à parcourir le Québec doivent avoir la fibre aventurière. L’Irlandais Isaac Weld1 et le Britannique John Lambert2 racontent leurs pérégrinations à une époque où le bateau à vapeur est encore absent du pays3. Weld nous

apprend qu’à l’exception du tronçon de route qui longe le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Montréal, le transport par voie d’eau est le seul praticable. La longueur du voyage dépend alors de la direction et de la force du courant maritime et des vents.

Le territoire situé entre Montréal et Québec est le plus populeux et le mieux aménagé. Il s’agit du premier espace québécois à attirer les touristes.

Bien des visiteurs choisissent de descendre le fleuve Saint-Laurent par bateau, à la faveur du courant, et de le remonter par la route, qui bénéficie d’un réseau de relais de postes. Les diligences manquent parfois de confort, mais elles sont nombreuses.

Le trajet entre Québec et Montréal peut prendre plusieurs jours, selon l’état de la route et en comptant les nombreuses rivières à franchir en traversier.

par Michèle Lefebvre, bibliothécaire, Bibliothèque nationale

Les débuts

du tourisme au Québec

5

À R A Y O N S O U V E R T S 4 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9 À R A Y O N S O U V E R T S À R A Y O N S O U V E R T S 5 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

1. Travels Through the States of North America and the Provinces of Upper and Lower Canada, During the Years 1795, 1796, and 1797, Londres, John Stockdale, 1799.

2. Travels Through Lower Canada and the United States of North America in the Years 1806, 1807 and 1808, Londres, Richard Phillips, 1810.

3. C’est John Molson qui fera circuler en 1809, entre Québec et Montréal, le premier bateau à vapeur au Canada.

DOSSIER

James Pattison Cockburn, This View of the Falls of Montmorency, Quebec in the distance, gravure, Londres, Ackermann & Co., 1833.

(4)

À part dans les grandes villes comme Mont- réal, Trois-Rivières et Québec, les auberges et les tavernes sont rares. Les voyageurs dorment chez le maître de poste quand c’est possible. Weld, Lambert et l’Américain Joseph Sansom4 doivent aller cogner aux portes des maisons pour obtenir de la nourri- ture et un lit, avec des résultats parfois mitigés. À l’occasion, on ne mange que du pain et du beurre et on dort dans des salles communes aux couches d’une propreté douteuse.

Les voyageurs apprécient cependant le pay- sage qui s’offre à eux et la majesté du fleuve, à une époque où le pittoresque et l’émotion romantique sont prisés. Dans la région de Qué- bec, on apprécie la vue du cap Diamant, les plaines d’Abraham, les chutes Montmorency et Chaudière, l’île d’Orléans et les villages autour.

Aux environs de Montréal, on se rend sur le mont Royal, à l’île Sainte-Hélène, à Lachine, à Kahnawake, et on découvre la rive sud entre La Prairie et Varennes, en poussant vers la vallée du Richelieu.

Le côté exotique du Québec, avec son archi- tecture, ses coutumes et sa langue distincts, attire irrésistiblement les Américains et les Cana- diens anglais. Les premiers guides touristiques publiés dès 1825 aux États-Unis incluent d’ail- leurs le trajet entre Montréal et Québec comme dernière étape du nouveau circuit touristique à la mode adopté par les riches Américains.

L A V IL L ÉGI AT URE

Les premiers touristes empruntent des itinéraires de découverte mais ils se prélassent également, pendant quelques semaines en été, dans des endroits réputés pour leur beauté et leur salubrité.

Déjà dans les années 1780, le gouverneur du Canada Frederick Haldimand fait construire une vaste villa en haut des chutes Montmorency.

D’autres l’imitent en s’installant dans des rési- dences d’été entre Beauport et Cap Rouge, le long de la rivière Saint-Charles, de même qu’à Sillery et à Sainte-Foy.

Dans la région montréalaise, les flancs du mont Royal et l’ouest de l’île de Montréal deviennent des oasis pour les riches anglo- phones tandis que les rives de la rivière Des Prairies et l’est de l’île, notamment Longue- Pointe et Pointe-aux-Trembles, sont occupés par les notables francophones. La rive sud de Montréal, entre Varennes et Longueuil, est également prisée. Ces lieux font partie de la campagne à l’époque.

Le tourisme de villégiature répond au besoin de quitter la ville, insalubre pendant les mois d’été et propice aux épidémies mortelles. Les sources d’eau minérale et les bains de mer glacés sont considérés comme bénéfiques pour la santé.

Le pittoresque du paysage et la pureté de l’air constituent aussi des éléments importants dans le choix d’un lieu de villégiature. Enfin, et peut- être surtout, c’est la qualité du voisinage qui fait la renommée d’un endroit. On va prendre les eaux pour refaire sa santé, certes, mais aussi pour être vu en compagnie d’autres membres de la haute société. Le village de Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent, est décrit dès 1815 par Joseph Bouchette comme le lieu de villégiature par excellence, fréquenté par la crème de la so- ciété canadienne-française. Dans Charlevoix, La Malbaie (ou Murray Bay, comme on l’appelle à l’époque) joue le même rôle auprès des riches Canadiens anglais.

Pour les moins fortunés, on propose dès les années 1820 des excursions du dimanche en bateau à vapeur. Ces bateaux quittent Québec, Montréal, Sorel ou Chambly à l’aube. On y fournit des rafraîchissements et parfois de la musique.

Pour un instant, le voyageur se sent privilégié en prenant une bouffée d’air pur hors de la ville.

Le perfectionnement des bateaux à vapeur et le développement du chemin de fer vers le milieu du xixe siècle ouvriront toujours plus de territoires québécois au tourisme. Bientôt, Métis-sur-Mer,

Rivière-du-Loup, Cacouna, Tadoussac, le Sague- nay jusqu’au lac Saint-Jean, particulièrement Roberval, les pourtours des lacs Memphréma- gog, Massawippi et Brome dans les Cantons-de- l’Est, et plus tard le lac Des Sables dans les Lau- rentides et la baie Des Chaleurs en Gaspésie deviendront des endroits à la mode.

Dans ce tourisme élitiste du xixe siècle, les Canadiens français jouent un rôle modeste. Seule une petite proportion participe à ces plaisirs surtout réservés aux riches Américains et Canadiens an- glais. Les grandes infrastructures sont contrôlées par ces mêmes élites. Mais certains « habitants » canadiens-français, comme on les appelle alors, se font pourvoyeurs de service. Ils conduisent les dili- gences, ils louent des calèches, des chevaux ou de petits bateaux, ils fournissent le gîte et le couvert.

Ils sont aussi, avec les autochtones, pilotes de bateau ou guides de chasse et de pêche. Aujourd’hui, de nombreux Québécois ont la chance de parcourir leur propre territoire… tout en continuant à y accueillir chaleureusement les touristes d’ailleurs.

Jusqu’au xviii

e

siècle, on se déplace surtout par obligation. Les conditions de voyage vont s’améliorer pendant la première moitié

du xix

e

siècle pour devenir de plus en plus marquées par le luxe.

4. Sketches of Lower Canada, New York, Kirk & Mercein, 1817.

r James Duncan, City of Montreal from the Mountain, gravure, Montréal / Londres, John Armour / E. Gambart & Co., 1854.

DOSSIER

r Isaac Weld, « Canadian Calash or Marche-donc’ », gravure, dans Travels Through the States of North America, Londres, John Stockdale, 1799, entre les p. 248 et 249.

r William Henry Bartlett, The Three Rivers – Les trois rivières, fleuve S.-Laurent, gravure, Londres, Geo.

Virtue, 1842.

r « Voyage de plaisir à Berthier et à Sorel », La Minerve, 16 juin 1828, p. 4.

r r

(5)

Dans la seconde moitié du xixe siècle, un nouveau moyen de communication utile aux voyageurs fait son apparition : la carte postale. Lié à la fois aux développements de la photographie et du tourisme, ce petit morceau cartonné devient au siècle suivant un objet de prédilection pour les personnes pressées de donner des nouvelles succinctes à la famille et aux amis. Des millions de cartes postales aux dimensions standardisées circulent ainsi partout autour du monde, principalement en Europe et en Amérique du Nord.

Le Québec n’échappe pas à l’engouement. Dès les années 1900, des pionniers de la pho-

tographie sillonnent le Québec pour représenter quelques-uns de ses attraits touristiques et en commercialiser les images par l’édition de cartes postales. J. P. Garneau, Pruneau & Kirouac et les frères Pinsonneault sont parmi les plus proli- fiques d’entre eux, sans compter les frères Neur- dein, éditeurs parisiens qui anticipent les be- soins en cartes postales des touristes qui visiteront Québec lors des festivités du tricente- naire de la fondation de Québec en 1908. Des photographes s’exercent aussi dans leurs régions respectives pour en faire connaître les particu- larités, par exemple Ernestine L’Espérance et Hedley Vicars Henderson en Gaspésie ; Stanislas Belle dans le Bas-Saint-Laurent ; Bilaudeau et

par Alban Berson, cartothécaire, et Jean-François Palomino, coordonnateur, Bibliothèque nationale

Campbell à Chicoutimi et dans Charlevoix ; J. A.

Roy à Grand-Mère ; J. P. Gosselin et John E.

Walsh dans les environs de Québec.

Les liens intimes entre carte postale et tou- risme sont également révélés par les productions du Bureau du tourisme du Québec des années 1930 et 1940 consacrées à la promotion du patri- moine architectural et culturel. Dans deux séries distinctes, imprimées d’abord par Photogelatine Engraving Co. puis par Héliogravure, Montminy

& cie, l’État québécois publie à grande échelle des images variées de paysages et d’édifices em- blématiques, autant anciens moulins que lieux de villégiature et de tourisme en plein air. S’il est difficile d’en évaluer la portée, on peut deviner

DOSSIER

8 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9 À R A Y O N S O U V E R T S 9 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

s Maman, nourrissez vous-même votre enfant, affiche, 29 x 44 cm, Montréal, Service de santé, Division de l’hygiène de l’enfance, avant 1938.

À R A Y O N S O U V E R T S

r Edgar Gariépy, Ce vieux moulin à vent avec ailes en bois […], carte postale, Québec, Office du tourisme / Héliogravure, Montminy & cie, entre 1937 et 1942.

r Quebec, Sous le Cap Street, Lower Town – Québec, rue Sous-le-Cap, Basse-Ville, carte postale, Paris, ND Phot.

[Neurdein], 1908.

Le Québec

dans la boîte

aux lettres

(6)

que cette stratégie de diffusion massive de l’iconographie québécoise a consolidé l’image d’un territoire accueillant pour ses touristes.

Désormais obligés de restreindre leur missive à quelques mots au verso d’images photogra- phiques peu coûteuses, les voyageurs n’avaient plus d’excuses pour ne pas donner de nouvelles !

L A M A IS ON NEURDEIN

Souvent, lors d’un voyage, les gens aiment écrire et envoyer des cartes postales à leurs proches.

Mais il arrive également que l’on entreprenne un long voyage dans le dessein de produire des cartes postales. C’est le cas de deux Français qui traversent l’Atlantique et remontent le fleuve

s’effondre pendant leur séjour, le 29 août 1907, et sera reconstruit ultérieurement. L’ensemble forme un panorama du Québec au début du xxe siècle très prisé par les collectionneurs.

L ES CA R T ES P O S TA L ES DE BA nQ

BAnQ préserve un formidable gisement de cartes postales qui témoigne de cette activité photographique et touristique. Composé de plus de 250 000 éléments, cet ensemble documen- taire continuellement enrichi grâce au dépôt légal, à des achats et à des dons permet de mieux documenter l’histoire de l’Amérique du Nord et de l’Europe. En ce qui concerne le Québec, les curieux peuvent y admirer les attraits touris- tiques incontournables de la province, château Frontenac et terrasse Dufferin, rocher Percé, mont Royal, oratoire Saint-Joseph, basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, mais aussi des attrac- tions aujourd’hui disparues qui ont marqué nos prédécesseurs. Que l’on pense au musée Eden, au Palais des nains, au parc Sohmer ou aux prouesses de Big John sur les rapides de Lachine, les découvertes sont nombreuses. Les lieux d’hé- bergement des touristes sont évidemment bien représentés et les collections montrent ainsi l’apparence des auberges et hôtels d’époque, dont les propriétaires assuraient du même coup une publicité ciblée auprès de potentiels clients.

Plus de 50 000 cartes postales en lien avec le Québec sont accessibles dans BAnQ numérique.

Bonne (re)découverte ! Saint-Laurent en direction de Montréal pendant

l’été 1907. Ces hommes sont très probablement Louis-Antonin Neurdein et un de ses employés, au service de la Maison Neurdein, une entreprise parisienne spécialisée en photographie et en édition de cartes postales. Leur but est de photo- graphier de long en large les villes de Québec, Montréal et Toronto ou encore Saint-Hyacinthe et Niagara Falls. Ils veulent faire imprimer des centaines de cartes postales à partir de leurs clichés. Le sculpteur québécois Louis-Philippe Hébert, installé à Paris de 1888 à 1894 puis de 1899 à 1902, est professionnellement lié à la Mai- son Neurdein, qui photographie plusieurs de ses sculptures. Il a peut-être suggéré à ses parte-

naires d’affaires cette expédition québécoise à la veille des célébrations monstres liées au 300e anniversaire de la fondation de Québec.

Les cartes postales réalisées à l’occasion de ce voyage sont d’une qualité exceptionnelle. La Maison Neurdein bénéficie d’un équipement photographique de pointe permettant le déve- loppement d’images particulièrement nettes pour l’époque. En plus des incontournables monuments, le photographe et son collaborateur couvrent des sujets variés tels que les sports d’hiver, les navires ou encore les pompiers.

Cédant au très ancien attrait français pour les peuples autochtones, ils organisent des séances de photographie avec des Hurons en tenue tra- ditionnelle sur les rives de la rivière Saint- Charles et en Ontario ainsi qu’avec d’autres au- tochtones, vraisemblablement à Kahnawake.

Opportunistes, ils offrent également à la posté- rité des images de leurs traversées de l’océan et du pont de Québec, alors en construction. Celui-ci

DOSSIER

Plus de 50 000 cartes postales en lien

avec le Québec sont accessibles dans BAnQ numérique.

r Gaspé, Qué., carte postale, Gaspé, Ernestine L’Espérance, s. d.

w Montréal – « Dominion Express », Dominion Park, carte postale, Paris, ND Phot.

[Neurdein], collection Michel-Bazinet, 1908.

r Big John and Party Shooting, Lachine Rapids [Big John et son groupe descendant les rapides de Lachine], carte postale, Toronto / Buffalo, W. G. MacFarlane, entre 1903 et 1907.

(7)

Il vous tarde de prendre l’avion et d’arpenter à nouveau le monde ? Cet article propose un bref voyage vers les affiches promotionnelles d’Air Canada des années 1950 et l’histoire du tourisme aéroporté 1.

Les affiches portent la mention Trans-Canada Air Lines (TCA), nom retenu en 1937 par le gou- vernement canadien pour désigner le trans- porteur national chargé d’assurer une liaison transcanadienne régulière sur un vaste terri- toire. L’avion vient alors seconder le train2. Il lui faudra une guerre mondiale pour franchir l’Atlantique en juillet 1943 : le Canada invoque l’état d’urgence et abroge l’entente de non- concurrence signée en 1935 avec BOAC (aujourd’hui British Airways).

La fin de la guerre favorise le développement de l’aviation civile. Nombre de pilotes de guerre se recyclent en pilotes de ligne. Ambassadrices clés, les hôtesses de l’air de TCA détiennent un

diplôme d’infirmière, obligatoire jusqu’en 1957.

La marque Air Canada – conforme à son virage international – est utilisée progressivement à compter de 1953 et devient le nom officiel de l’entreprise 12 ans plus tard.

SÉDUIRE L E VOYAGEUR

Les affiches accomplissent une mission de sé- duction cruciale pour les compagnies de trans- port. Les transporteurs aériens doivent aussi convaincre les clients prospectifs d’emprunter la voie des airs. Tour à tour ludiques, romantiques ou distinguées, les affiches de TCA des années 1950 promettent destination idyllique et plaisirs assurés. Elles font écho aux destinations phares du Royaume-Uni et de New York, auxquelles s’ajoutent les Bermudes (dès 1948, à la demande expresse du gouvernement), Paris (1951), Düs- seldorf (1953), Miami (1966, en plus de Tampa), Moscou (1966), etc.

par Danielle Léger, bibliothécaire responsable des collections d’affiches et de programmes de spectacles, Bibliothèque nationale

À R A Y O N S O U V E R T S 12 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9 À R A Y O N S O U V E R T S 13 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

Air Canada…

on y va ?

1. La rédaction de ce texte s’est notamment alimentée à l’ouvrage de Philip Smith intitulé It Seems Like Only Yesterday : Air Canada, the First Fifty Years (McClelland and Stewart, 1986).

2. Le Canadien National va d’ailleurs exercer un contrôle sur la gestion de son cousin des airs jusqu’en 1981.

w Fly TCA Viscount – Swift, Smooth, Restful, affiche, Montréal, Trans-Canada Air Lines, vers 1955.

w L. Buday, France – Only Hours Away by TCA, affiche, Montréal, Trans-Canada Air Lines (Air Canada), 1954.

ww Floreani Di Maulo, England, affiche, Montréal, Trans-Canada Air Lines, 1957.

DOSSIER

(8)

Les affiches des compagnies maritimes arborent volontiers l’image d’un paquebot ; celles de TCA représentent rarement ses machines volantes. Conçue par l’agence Cockfield, Brown

& Co., la campagne publicitaire entourant le Viscount fait figure d’exception. Pionnière en matière de recherche marketing au Canada, l’agence montréalaise juxtapose un visuel élégant et des qualificatifs susceptibles de gagner la confiance du voyageur : rapide, confortable, relaxant. Porté par ses turbopropulseurs Rolls- Royce, le populaire Viscount peut mener 40 pas- sagers de Montréal à New York en 95 minutes.

Il sera en service de 1955 à 1969, mais la relation d’affaires entre TCA et son agence de publicité favorite sera suspendue entre 1961 et 1963 : les allégeances libérales de Cockfield, Brown & Co.

déplaisent au gouvernement conservateur de John Diefenbaker. La politique n’est jamais bien loin dans le sillage d’Air Canada.

De rares noms d’illustrateurs apparaissent sur ces affiches. Jacques Le Flaguais (1921-1986) est né à Tours, en France. Il arrive au Canada fin 1945 à la faveur d’une tournée comme chanteur fantaisiste. Établi à Montréal entre 1948 et 1958, il renoue avec son métier d’illustrateur publici- taire et crée des illustrations – pour le Reader’s Digest, le New Yorker, Le Petit Journal, etc. – ainsi qu’une dizaine d’affiches pour TCA.

MON T RÉ A L , CA PI TA L E DE L’A ÉRON AU T IQUE

À l’été 1910, Gordon McGregor n’a pas encore 10 ans lorsqu’il est témoin du fameux pageant de Pointe-Claire, un concours international réu- nissant une quinzaine d'aviateurs, aéronautes et parachutistes précurseurs. Pilote émérite, il de- vient président de TCA/Air Canada en 1948 jusqu’à sa retraite, 20 ans plus tard. Certains prétendent qu’il a usé de son influence pour que Montréal, sa ville natale, soit choisie comme centre névralgique de l’entreprise en 1948.

D’autres facteurs sont en cause.

La ville de Winnipeg, premier point de jonc- tion du réseau transcanadien, a perdu sa posi- tion stratégique : Montréal est devenu le termi- nus des routes transatlantiques, caribéennes, new-yorkaises et floridiennes. Deux organisa- tions internationales du secteur aéronautique,

l’Organisation de l’aviation civile internationale et l’International Air Transport Association, ont élu domicile dans la métropole depuis la fin de la guerre. Autre ingrédient décisif : construit pendant la guerre pour soulager l’achalandage à l’aéroport de Saint-Hubert, l’aéroport de Dorval devient dès 1946 un centre majeur. Installé à la Place Ville-Marie dès l’inauguration du presti- gieux complexe en 1962, le siège social d’Air Canada se trouve aujourd’hui sur le site de l’aéroport de Dorval.

Avant sa privatisation à la fin des années 1980, Air Canada aura été un étrange monopole d’État, critiqué pour ses pratiques linguistiques et la complaisance du gouvernement fédéral à son égard, mais exposé à l’intense pression de ses concurrents. Air France, BOAC, KLM, Lufthansa et plusieurs autres vont grignoter ses parts de marché sur les routes du ciel, sans ou- blier la vancouvéroise CP Air (finalement absor- bée par Air Canada) qui se contentait peu de ses routes sur le Pacifique.

T OURISME GL OBA L ISÉ

Partisan d’un monde plus lent, Arthur Wellesley, le premier duc de Wellington, aurait déclaré vers 1835 que les avancées du transport ferroviaire

allaient simplement « encourager les déplace- ments inutiles chez les gens ordinaires ». Il aurait peut-être réitéré son commentaire s’il avait connu l’ère de l’aviation commerciale. L’acha- landage de TCA va tripler entre 1951 et 1960 pour atteindre 3,4 millions de passagers annuelle- ment. L’entreprise se hisse parmi les 10 plus grands transporteurs aériens au niveau mondial.

Le 1er avril 1960, Air Canada s’inscrit dans l’ère des jetsetters. Un DC-8, un des tout premiers avions à réaction commerciaux, vole de Montréal à Vancouver, sans escale et sans hélices. La publi- cité diversifie ses canaux : panneaux géants, journaux, magazines, radio, télévision. Au début des années 1970, l’agence montréalaise BCP de Jacques Bouchard orchestre la campagne des 14 Soleils. « Mon bikini, ma brosse à dents », fredonne Dominique Michel. « Air Canada, on yyyy vaaaaaa », scande la ritournelle publici- taire. À l’élite voyageuse se joignent les adeptes du tourisme de masse, confirmant le déclin des traversées de l’océan en paquebot.

Aujourd’hui, les aéronefs volent sous des ciels incertains : libre concurrence, pandémie mondiale, conséquences du tourisme globalisé, enjeux environnementaux… Quelle sera la prochaine destination d’Air Canada ?

ww Jacques Le Flaguais, Bermuda – Fly TCA, affiche, Montréal, Trans-Canada Air Lines, 1953?.

r Vingt hôtesses de l’air promues de l’école d’entraînement de Trans-Canada Air Lines peu après la Deuxième Guerre mondiale, 14 décembre 1945.

Archives nationales à Montréal, fonds La Presse (P833, S3, D15).

Photographe non identifié.

w Passagers devant un avion de Trans-Canada Air Lines à l’aéroport de Dorval, carte postale, s. l., s. é., octobre 1952.

DOSSIER

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Outre le regard que jette Edmond sur les dif- férentes cultures qu’il découvre au fil des mil- liers de kilomètres qu’il parcourt, ses écrits ré- vèlent des conditions de voyage difficiles et périlleuses. Ses pérégrinations prennent bruta- lement fin à Lucknow, en Inde, en 1857, lors d’un affrontement au cours duquel il est blessé mor- tellement. En feuilletant les documents laissés par ce jeune Canadien français, on découvre un monde d’échanges et de contacts culturels que l’on ne soupçonne pas spontanément lorsqu’on sonnées 1840-1850.

UN T OUR DE FR A NCE EN AU T OMOBIL E EN 1909

Le matin du 5 décembre 1909, Anne-Marie Palardy, épouse du riche industriel saguenéen Julien-Édouard-Alfred Dubuc, écrit à ses enfants depuis sa cabine somptueuse sur le RMS Empress of Britain, à son départ pour l’Europe.

Son époux et elle se rendent en France afin d’en faire le tour en voiture, chose peu commune à l’époque, le tourisme automobile en étant à ses débuts. Ils partent de Paris dans une Renault de type taxi avec un chauffeur pour un trajet de 4600 kilomètres qui leur permettra de faire un pèlerinage à Lourdes et de visiter le sud de la France. Anne-Marie souffrant de divers maux, ce voyage de plus de deux mois a pour but égale- ment d’améliorer sa santé et de lui faire prendre du poids.

Dans des lettres adressées à ses enfants, Anne-Marie s’ouvre sur ses impressions de voyage et expose ses angoisses et ses pensées.

Elle leur raconte égale- ment des anecdotes, comme le fait que le chauffeur engagé pour conduire leur voiture, ne connaissant pas leur nom, demande à l’hôtel de voir les Vanderbilt, une richissime famille américaine de l’époque ! Dans ses nombreuses recommandations à ses enfants,

Anne-Marie leur rappelle souvent leur devoir religieux, son mari et elle étant des gens très pieux. À la lecture des lettres, on ressent toute la tendresse maternelle d’Anne-Marie envers ses

enfants. Soulignons qu’elle a perdu plusieurs petits en bas âge.

Anne-Marie et son époux, malgré leur for- tune, restent des gens simples. Ils apprécient davantage les petits hôtels en province que les plus chics, même s’ils séjournent parfois dans de tels endroits au cours de leur périple. Dans ces lieux fré-

quentés par la haute société, Anne-Marie ne se sent pas à l’aise pour converser avec les membres de l’aristo-

cratie. Cependant, la rencontre avec l’aviateur Louis Blériot, qui vient d’accomplir la première traversée de la Manche en avion, leur fera grande im- pression à elle et son mari.

Les remarques d’Anne-Marie Palardy et les sentiments qu’elle partage avec ses enfants sur la France de la Belle Époque témoignent de façon très juste des années qui ont précédé la Première Guerre mondiale et montrent le quotidien de bourgeois canadiens-français en voyage.

DOSSIER

À R A Y O N S O U V E R T S 16 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9 À R A Y O N S O U V E R T S 17 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

par Annie Bigaouette, technicienne en documentation, Myriam Gilbert, archiviste-coordonnatrice,

et Marthe Léger, archiviste, Archives nationales

Souvenirs de voyage

en trois temps

Les journaux de voyage constituent une source d’information précieuse. Ils peuvent épouser plusieurs formes et offrir des points de vue iné- dits. Voici trois témoignages, trois réalités, trois époques vues à travers les yeux d’un militaire, d’une femme de la bourgeoisie, d’un adolescent.

Leurs écrits, des lettres destinées aux membres de la famille, ont pour but de communiquer leurs observations. Ces documents conservés aux Archives nationales donnent un accès privi- légié au quotidien, aux relations interperson- nelles, aux découvertes et aux émotions vécues au cours de certaines pérégrinations.

EDMOND JOLY DE LOTBINIÈRE AU X QUAT RE C OINS DU GL OBE

Dans le fonds Famille Joly de Lotbinière, une petite série de documents permet aux chercheurs de voyager autour du monde au milieu du xixe siècle.

Ce modeste ensemble rassemble la correspon- dance et le journal personnel rédigés par Edmond Joly de Lotbinière (1832-1857) à partir de 1847. Fils de Pierre-Gustave Joly de Lotbinière, qui a lui-même écrit des journaux de voyage au cours de ses séjours en Europe et en Orient, et frère d’Henri-Gustave, futur premier ministre du Québec, Edmond s’enrôle à l’âge de 17 ans dans l’armée britannique.

Les documents qu’a laissés ce jeune officier retracent son parcours lors de séjours en Inde et en Europe, notamment à Londres et à Paris, où il fréquente la cour de l’empereur Napoléon III. Ses écrits offrent aussi un témoignage émouvant sur sa participation au siège de Sébastopol pendant la guerre de Crimée, sur la férocité des combats et sur la vie des soldats.

Outre le regard que jette Edmond sur les dif- férentes cultures qu’il découvre au fil des milliers de kilomètres qu’il parcourt, ses écrits révèlent des conditions de voyage difficiles et périlleuses.

Ses pérégrinations prennent brutalement fin à Lucknow, en Inde, en 1857, lors d’un affronte- ment au cours duquel il est blessé mortellement.

En feuilletant les documents laissés par ce jeune Canadien français, on découvre un monde d’échanges et de contacts culturels que l’on ne soupçonne pas spontanément lorsqu’on songe au Québec des années 1840-1850.

v Julien-Édouard-Alfred Dubuc et un chauffeur dans une automobile, 1909-1910.

Archives nationales à Saguenay, fonds Vincent Dubuc (P60, S1, D1, P78).

Photographe non identifié.

v Anne-Marie Palardy à Paris, 1909-1910.

Archives nationales à Saguenay, fonds Vincent Dubuc (P60, S1, D1, P75).

Photographe non identifié.

r T. Picken, Distant View of Lord Raglan’s Head Quarters Before Sebastopol, gravure, 1855. Archives nationales à Québec, Collection initiale (P600, S5, PLC65). Détail.

v Lettre d’Edmond Joly à son père Pierre-Gustave- Gaspard Joly, 2 juillet 1855, p. 1. Archives nationales à Québec, fonds Famille Joly de Lotbinière (P351, S5, P619).

Les journaux de voyage

donnent accès au quotidien,

aux relations interperson-

nelles, aux découvertes

et aux émotions vécues.

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zeau en Abitibi et dans le nord de l’Ontario (du 3 au 16 août 1947) avec son frère Michel, puis d’un troisième dans l’Ouest canadien jusqu’au Paci- fique (du 14 juin au 30 juillet 1948), avec son ami Marc Baudouin. Le jeune Parizeau considère non seulement le voyage comme un plaisir mais aussi comme un moyen d’acquérir « des connaissances plus précises sur [s]on pays et d’utiles leçons 2 » qui vont certainement servir au futur économiste et politicien. Ces exception- nels journaux de voyage sont conservés dans le riche fonds d’archives Jacques Parizeau.

Les journaux de voyage, parfois journaux intimes, permettent d’apprécier la personne derrière une correspondance qui, souvent, n’est pas destinée à la publication, mais produite pour le seul bénéfice des auteurs ou celui des destina- taires. Ces récits de différents voyages permettent de saisir de l’intérieur le contexte social et politique d’une époque grâce à des témoins exceptionnels. Les écrits de voyage constituent une source de savoir unique et représentent une richesse à explorer parmi les documents conser- vés dans les fonds d’archives de BAnQ.

Parfois journaux intimes, les journaux de voyage permettent d’apprécier la personne derrière une correspondance qui, souvent, n’est pas destinée à la publication.

DOSSIER

DES S C OU T S EN ROU T E V ER S L A GASPÉSIE

Du 30 juillet au 15 août 1946, le futur premier ministre du Québec Jacques Parizeau et son ami Julien Mackay, portant leur uniforme scout pour convaincre les automobilistes de les faire monter à bord, effectuent un voyage en auto-stop de Montréal à la péninsule gaspésienne. Jacques Parizeau fait régulièrement le point sur ses découvertes dans des comptes rendus numérotés envoyés à ses parents, Germaine (née Biron) et Gérard Parizeau. Ces envois, « tout en réglant le problème de la correspondance familiale », lui donnaient la possibilité « de garder un souvenir matérialisé et précis de ce [qu’il] voyai[t] 1 ». Ils permettent en effet de suivre l’itinéraire de ce périple et de lire d’intéressantes descriptions des lieux visités. Le jeune homme y parle aussi des activités économiques (agriculture, foresterie, pêche, etc.) qui animent les agglomérations tra- versées. Il souligne le chaleureux accueil et la générosité des personnes, souvent des religieux, qui leur offrent le gîte et le couvert. À Percé, où ils rejoignent d’autres scouts qui voyagent comme eux, ils logent dans le grenier au-dessus du garage du juge Maurice Brasset. Les grands-

parents maternels de Jacques Parizeau, Blanche (née Fleury) et Édouard Biron, en vacances à Percé, invitent leur petit-fils et plusieurs de ses amis à dîner à l’hôtel où ils séjournent.

Ces comptes rendus décrivent, à travers le regard curieux et observateur d’un adolescent de 16 ans, certaines localités du Québec au mi- lieu des années 1940. Ce premier journal de route sera suivi de celui d’un voyage de Jacques Pari-

Depuis plus de 100 ans, les Archives nationales ont accumulé des centaines de cahiers dans lesquels ont été colligés les souvenirs de voyage de nombreux habitants du Québec. Simple chronologie des événements marquants ou description des lieux visités, les journaux de voyage se présentent aussi sous forme de récits. Souvent accom- pagnés de photos et de dessins, ils deviennent d’inestimables sources pour les historiens, les biographes et les chercheurs en général.

Nous vous invitons à découvrir de telles archives numérisées dans BAnQ numérique (banq.qc.ca). Vous y trouverez entre autres le riche récit de voyage d’un jeune aventurier, J.-Arsène Simard, qui participe à la ruée vers l’or au Klondike, en 1898, ainsi que 72 carnets de Clémence DesRochers écrits entre 1975 et 2006, qui incluent des monologues, des poèmes, des chansons et des notes de voyage.

par François David, adjoint de la conservatrice et directrice générale des Archives nationales

Des journaux de voyage inédits

1. Jacques Parizeau,

« Partir… », Le Quartier latin, 11 mars 1949, p. 4.

2. Jacques Parizeau,

« Partir… », Le Quartier latin, 11 mars 1949, p. 4.

s Extrait d’un carnet de voyage de Clémence DesRochers rédigé lors d'un voyage en France et en Grèce, du 28 avril au 26 mai 1984, Archives nationales à Montréal, fonds Clémence DesRochers (P851, S1, P30).

v Percé, Co. Gaspé, P. Que., carte postale, s. l., s. é., entre 1940 et 1950. Archives nationales à Montréal, fonds Jacques Parizeau (P686, S1, SS1, SSS2, D26, P1).

r Jacques Parizeau à 17 ans, 1947. Archives nationales à Montréal, fonds Jacques Parizeau (P686, S1, SS1, SSS2, D52).

Photographe non identifié.

w Journal de voyage de Jacques Parizeau, 1946, p. 1.

Archives nationales à Montréal, fonds Jacques Parizeau (P686, S1, SS1, SSS2, D26, P1).

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Dans le Larousse en ligne, on lit que le voyage se caractérise par « l’exploration, la découverte, la description de quelque chose qu’on suit comme un parcours ». C’est ce que l’on observe dans plusieurs objets culturels, dont certains sont réalisés par des artistes. Lorsqu’il s’agit de voyage, les arts visuels offrent une expérience émotionnelle parfois proche de celle que procure la contemplation d’un paysage. Afin d’apprendre à mieux créer et s’inspirer, beaucoup d’artistes ont voyagé pendant leur carrière en quête de leur identité artistique.

Dans la collection d’estampes de la Biblio- thèque nationale, qui compte à ce jour environ 50 000 œuvres, 70 portent un titre incluant le terme « voyage », dont Souvenir de voyage (de Pierre-Léon Tétreault), Voyage de nuit (d’Irene F.

Whittome), Le voyage de noces (de Monique Charbonneau), Voyage intérieur (de Guy Lange- vin) et Le dernier voyage (de Rodolphe Duguay).

Lorsque le mot déserte le titre, le voyage peut se révéler dans la nature du sujet, le choix des couleurs, les émotions exprimées, la culture évoquée ou l’exotisme qui se dégage de l’œuvre.

En 1975, Tétreault réalise une sérigraphie intitulée Ô cette douce floraison jaillie de la source de vie. Des montagnes ressemblant au mont Fuji dessinent, derrière un lac, l’horizon d’un paysage psychédélique. Quatre arbres-mandalas s’épanouissent parmi des collines et laissent entrevoir d’autres paysages comme s’ils étaient des longues-vues. Plus on s’approche de l’hori- zon et plus les collines deviennent des vagues ou l’écume ou encore l’éclat de l’eau sous le soleil.

Quelques nuages habités de maisonnettes jonchent le ciel, percé d’un arc-en-ciel, où sept oiseaux volent. Tout cela et la vivacité des cou- leurs caractérisent un paysage ludique inédit.

Les xylographies L’amie haïtienne et Vision amérindienne de Tétreault révèlent un style tout

PIERRE -L ÉON T É T RE AULT :

L’A R T DU VOYAGE E T L E VOYAGE DA NS L’A R T

Pierre-Léon Tétreault est sans doute l’artiste le plus représentatif en matière de voyage. En 1975, alors qu’il fait un stage à l’étranger grâce au ministère des Affaires culturelles du Québec, il se rend en Europe, en Russie et au Japon, où il rencontre Gaston Petit, artiste québécois et missionnaire dominicain. Petit vit là-bas depuis 1961 et tient un atelier de recherche et de production d’estampes. Tétreault fréquente son atelier pendant un an, afin de parfaire ses techniques de gravure sur bois. Puis, il poursuit ses voyages. Il parle de sa démarche dans un livre consacré à une partie de ses œuvres :

« […] ma pratique artistique puise une partie de sa problématique et de son inspiration d’un contact assidu avec les cultures orien- tales, les cultures du tiers-monde et les cultures amérindiennes et inuit[e]s. Cette fréquentation des cultures non blanches pro- voque chez moi un questionnement et un ressourcement essentiel à mon travail de création. Ma production comme artiste se veut à la fois métissée, transculturelle et so- lidaire des cultures planétaires et des peuples aborigènes 1 ».

par Céline Simonet, bibliothécaire responsable des collections de livres d’artistes, d’estampes et de reliures d’art par intérim, Bibliothèque nationale

autre. À première vue, on pourrait penser aux ornementations d’un tapis, car leurs composi- tions s’appuient sur la symétrie. En outre, les bords font penser aux fibres textiles ou au papier ancien qui s’effrite avec le temps. Dans L’amie haïtienne, une femme nue encadrée semble poser telle une dame de carte à jouer. À ses côtés et aux angles de la planche, des silhouettes dansent.

Proche de cette « amie », un duo de cœurs et de serpents agrémente le tout. L’estampe arbore des tons de rose, de brun et de noir. Les couleurs de Vision amérindienne sont plus chaudes : deux nuances de vert et la couleur terre d’ombre dominent. L’artiste utilise cette fois-ci des formes circulaires et le pointillé blanc, qui évoque immanquablement l’art aborigène d’Australie. Loup, tortue, poissons et caribou ornent les angles. Un mandala-soleil se déploie au centre de l’œuvre avec en son cœur des éléments combinés en forme de masque, entou- rés de quatre médaillons avec oiseau. Quelque chose d’hypnotique, peut-être de l’ordre du sacré ou du rituel, s’en dégage.

Au sein des collections de la Bibliothèque nationale, l’ensemble des œuvres de Pierre-Léon Tétreault est constitué de 86 estampes dont 78 sont accessibles en ligne sur BAnQ numérique.

Les arts visuels

offrent une expérience émotionnelle parfois proche de celle que

procure la contemplation d’un paysage.

À R A Y O N S O U V E R T S 20 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9 À R A Y O N S O U V E R T S 21 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

s Maman, nourrissez vous-même votre enfant, affiche, 29 x 44 cm, Montréal, Service de santé, Division de l’hygiène de l’enfance, avant 1938.

Contempler

le voyage !

1. Jean Dumont, Allégresse nomade, Laval, Les 400 coups, 1998, p. 8.

1. Jean Dumont, Allégresse nomade, Laval, Les 400 coups, 1998, p. 8.

r Pierre-Léon Tétreault, Ô cette douce floraison jaillie de la source de vie, estampe, sérigraphie, s. l., s. é., 1975, 13/50.

ww Gaston Petit, Noble quiétude, estampe, bois gravé, Tokyo, Atelier Peti, 1976, 33/60.

vr Pierre-Léon Tétreault, L’amie haïtienne, estampe, bois gravé, Montréal, Atelier circulaire, 1987, 34/49.

r Pierre-Léon Tétreault, Vision amérindienne, estampe, bois gravé, s. l., s. é., 1990, 3/60.

DOSSIER

(12)

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité réalisée en 2017 par Statistique Canada, plus d’un million de Québécois âgés de 15 ans et plus vivent avec une incapacité limitant leurs activités. Les questions d’accessibilité ne peuvent plus être ignorées, entre autres par le secteur touristique. De nombreux pays élaborent des politiques et un cadre législatif afin de pro- mouvoir le tourisme pour tous.

DES INC ON T OURN A BL ES

Les destinations accessibles aux personnes qui doivent voyager autrement se multiplient et plu- sieurs ressources leur permettent de bien plani- fier leurs voyages. Au Québec, l’organisme à but non lucratif Kéroul possède une expertise unique en tourisme adapté. Son action contribue notamment à sensibiliser les acteurs du milieu touristique à l’importance de rendre leurs ser- vices, équipements et infrastructures acces- sibles à tous. Depuis 2020, Kéroul a accordé une certification à plus de 2000 établissements tou- ristiques accessibles complètement ou partielle- ment à des personnes qui ont des incapacités motrices, auditives, visuelles, de compréhen- sion, du langage ou de la parole. La liste se trouve sur le site Web lequebecpourtous.com et elle est aussi disponible sous forme de brochure.

Grâce au dépôt légal, BAnQ reçoit les diverses publications de Kéroul, qui sont donc disponibles dans ses collections. Notons le magazine trimestriel Le baladeur qui propose toutes sortes de suggestions de sorties au Québec ou ailleurs. Pour connaître la genèse de cet organisme, la biographie Tout est possible ! – André Leclerc, fondateur de Kéroul est un titre incontournable.

De l’autre côté de l’océan, la collection Petit Futé fait paraître régulièrement depuis 2004 le guide de voyage Handitourisme : voyages adaptés

visant à faciliter les voyages pour les clientèles présentant des besoins particuliers. Comme le secteur touristique évolue constamment, il est préférable de consulter les ressources numé- riques récentes. Ces outils permettent de tenir à jour un répertoire d’adresses et profitent de la participation des citoyens qui alimentent leur contenu.

Pour préparer un voyage, les personnes ayant une déficience peuvent trouver de l’infor- mation utile dans un guide de l’Office des trans- ports du Canada. Soyez maître de votre voyage décrit les services accessibles dans les avions, les trains, les traversiers pour passagers et les auto- bus qui traversent des frontières provinciales ou la frontière canadienne. En plus de sa version imprimée, ce guide est offert en plusieurs formats (PDF, Daisy et MP3) permettant aux personnes ayant une déficience perceptuelle d’avoir accès à son contenu.

Les usagers du métro montréalais qui ont une déficience visuelle peuvent quant à eux em- prunter les plans de diverses stations du métro de Montréal en version tactile à la Grande Biblio- thèque. De plus en plus d’initiatives similaires voient le jour à travers le monde. Récemment, la Régie autonome des transports parisiens a dis- tribué des exemplaires du plan du réseau métro de Paris en braille et en gros caractères.

en France et dans le monde – Conseils et bons plans.

On y trouve des renseignements sur l’accessibi- lité de nombreux lieux à visiter. Ce guide existe aussi en format Daisy dans les collections du Service québécois du livre adapté. Cette version permet aux personnes vivant avec une défi- cience perceptuelle d’accéder au contenu sans problème.

BAnQ offre également à ses usagers plu- sieurs autres guides qui ont façonné l’histoire du tourisme pour les personnes ayant un handicap.

Les collections Toujours un chemin et Libre ac- cès de l’éditeur Imaginemos ciblent les grandes villes européennes. Ces guides donnent plu- sieurs bonnes adresses et font état d’initiatives

En terminant, on trouve dans les collections de BAnQ une grande diversité de récits de voyage et de témoignages inspirants de per- sonnes vivant avec un handicap. On peut penser aux nombreux récits de voyage de Jean-Pierre Brouillard dans Aller voir ailleurs – Dans les pas d’un voyageur aveugle ou encore au livre Résilience – De l’Atlantique à l’Himalaya, au-delà du handicap de Vincent Bernard, mais il y en a plusieurs autres dans le catalogue de BAnQ ainsi que dans le catalogue du Service québécois du livre adapté. Bonne lecture à tous !

Au Québec, l’organisme à but non lucratif

Kéroul possède

une expertise unique en tourisme adapté.

DOSSIER

Vers un tourisme sans obstacles

r René Kirouac, Tout est possible ! – André Leclerc, fondateur de Kéroul, Montréal, Kéroul, 2020, 404 p.

s Société de transport de Montréal, « Plan extérieur de la Grande Bibliothèque », Station Berri-UQAM – Plans tactiles, Longueuil, Institut Nazareth et Louis-Braille, 2010, p. 2.

r Le Baladeur, vol. 35, no 3, printemps 2021, page couverture.

par Ariane Chalifoux, bibliothécaire-coordonnatrice des services adaptés, Grande Bibliothèque

(13)

LA VIE DE BAnQ

La Loi sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec impose aux éditeurs le dépôt gratuit, généralement en deux exemplaires, de tout document publié au Québec, dans les sept jours suivant sa publication. On appelle cette obligation le « dépôt légal ». Il s’agit du principal mode d’acquisition permettant à BAnQ de réaliser l’une de ses missions principales : rassembler le patrimoine documentaire québécois publié, le conserver de manière permanente et le rendre accessible à la population.

Jusqu’à présent, le dépôt légal s’appliquait aux publica- tions analogiques (imprimées ou sur support matériel), mais pas aux publications numériques. Ces dernières représentent pourtant de nos jours une part croissante de la création culturelle et intellectuelle du Québec.

Elles sont devenues incontournables dans notre société, tout spécialement en contexte de pandémie. L’absence d’obligation de dépôt des publications numériques n’a pas empêché la Bibliothèque nationale d’en recevoir un grand nombre et de les conserver dans ses collections depuis 2001. Une modification réglementaire était cependant souhaitée afin d’appuyer BAnQ dans la réalisation de son mandat. Ce changement va bientôt être instauré.

La ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a en effet annoncé en décembre dernier l’arrivée du dépôt légal des publications numériques en 2022 !

24

Lorsque la modification du Règlement sur le dépôt légal des documents publiés autres que les films sera effective, l’ensemble de la production numérique québécoise devra être déposée auprès de BAnQ. Des milliers de livres, revues, journaux, enregistrements sonores, sites Web et bien plus encore viendront progressivement enrichir les collections patrimoniales numériques de l’institution.

Enfin, les métadonnées qui accompagnent les publications numériques, après avoir été validées et enrichies par BAnQ, pourront être utilisées pour favoriser la découvrabilité des productions québécoises. Les chercheurs d’aujourd’hui et de demain ainsi que le public en général pourront ainsi compter sur cette source importante de savoir pour mieux connaître et comprendre le Québec, sa culture et son histoire.

Le dépôt légal des publications numériques Du changement en 2022

par Frédéric Bricaud, bibliothécaire, Bibliothèque nationale

LA VIE DE BAnQ

24 À R A Y O N S O U V E R T S 25 H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

« Saurez-vous relever le DéfiWiki ? », voilà la question lancée aux étudiants des cycles supérieurs des universités membres de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), direction des Amériques. Créée il y a 60 ans, l’AUF regroupe

1007 établissements universitaires dans 119 pays sur les cinq continents. Cette association internationale promeut l’importance du français comme langue d’enseignement, de recherche et de rayonnement des cultures dans un environnement plurilingue.

Lancé en septembre 2021, le DéfiWiki s’inscrit dans la programmation des activités soulignant le 60e anniversaire de l’AUF. L’objectif de ce concours est d’enrichir l’encyclopédie collabo- rative Wikipédia d’articles de qualité portant sur une définition, une théorie ou un concept en sciences humaines et sociales. Incontournable source d’information largement accessible, Wikipédia se classe parmi les 10 sites Web les plus consultés dans le monde. Cependant, la langue française comme les francophones d’Amérique sont sous-représentés dans Wikipédia. Parmi les 57 millions d’articles, seuls 2,3 millions sont en français. Le concours DéfiWiki se veut donc un levier pour la production et l’actualisation d’articles en français.

Active dans l’univers Wikimédia depuis 2014, BAnQ a offert, avec une complice de longue date, l’Acfas, une formation en deux temps aux aspirants contributeurs inscrits ou souhai- tant s’inscrire au concours. Une première séance était axée sur les codes wikipédiens (qualité et diversité de sources vérifiables, neutralité de l’auteur, convention de styles, qualité de la langue, etc.) et sur la rédaction encyclopédique.

La deuxième séance en format interactif a permis aux participants d’explorer plus finement des aspects de la contribution à partir des questions soulevées et d’embûches rencontrées.

Les trois auteurs des articles choisis par les membres du jury, composé de représentants de l’AUF, de l’École nationale d’administration publique, de l’Acfas et de Wikimédia Canada, se verront attribuer les prix suivants : les coûts d’une adhésion d’un an à l’Acfas, les frais d’inscription au congrès annuel de cette dernière (en mai 2022) ainsi que la prise en charge par l’AUF des frais de transport, d’hébergement et de séjour au Canada.

Le DéfiWiki témoigne de l’effet boule de neige de la mobilisation des réseaux. En toile de fond se profile La Grande Wikiphonie organisée par BAnQ. Initialement prévu en format d’une journée d’échanges en mars 2020, l’événement s’est transformé en quatre ren- contres virtuelles. Le DéfiWiki a pris forme à la suite de ce rassemblement. Lancé par l’AUF, ce projet a bénéfi- cié des expertises des différents partenaires précédem- ment mentionnés, tous valorisant la démocratisation des savoirs et l’affirmation du français dans l’écosys- tème numérique.

Comme le mentionnait Marie Grégoire, présidente- directrice générale de BAnQ, lors du lancement du défi,

« Wikipédia est un espace démocratique de partage et de vulgarisation du savoir qui nourrit notre intelligence collective au quotidien en nous offrant une pluralité de voix, de sources et de contenus documentés, à l’instar des bibliothèques. »

Le DéfiWiki

Des contenus scientifiques en français

par Claire Séguin, directrice de la recherche et de la diffusion des collections patrimoniales, Bibliothèque nationale

Wikipédia est un espace démocratique de partage et de vulgarisation du savoir qui nourrit notre intelligence collective au quotidien.

r Le Libraire, numéro spécial « Je lis autochtone! », juin 2021.

Les publications numériques représentent de nos jours une part croissante de la création culturelle et intellectuelle du Québec.

LA VIE DE BAnQ

À R A Y O N S O U V E R T S H I V E R 2 0 2 2 no 1 0 9

r Voix et images, vol. 45, no 2 (134), hiver 2020.

r Spirale, no 266, automne 2018.

Références

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