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37 millions de vies presque à portée de main...

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37 millions de vies presque à portée de main...

HURST, Samia

HURST, Samia. 37 millions de vies presque à portée de main.. Revue médicale suisse , 2014, vol. 430, p. 1091

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:84886

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 14 mai 2014 1091

1 Des informations précises sur ce sujet sont disponibles à cette adresse du ministère français de l’Agriculture : http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Anses_BE_58_

Web_cle0d1ac3.pdf

dé cidait finalement de «durcir les règles»

concernant l’importation du sang porcin américain et canadien, destiné à l’alimenta- tion animale sans pour autant modifier les règles sur les importations de porcs. La Commission européenne soulignait que «les règles d’importation concernant les animaux vivants sont déjà très strictes» et que les autorités canadiennes et américaines «ont fait savoir qu’il n’était pas prévu que des porcs vivants soient vendus aux pays de l’Union européenne».

La Commission explique notamment que son «comité d’experts» a estimé nécessaire que les produits sanguins issus du porc pour l’alimentation animale (ceux devant être importés vers l’Union européenne) soient désormais «traités à 80 degrés». «Ce trai- tement devra être suivi d’une durée de stockage de six semaines à température am- biante, pour s’assurer, dit la Commission, que les éventuels coronavirus présents ne soient plus virulents». Le comité d’experts se réunira à nouveau en juin, précise la Com- mission. Le ministre français de l’Agricul- ture, Stéphane Le Foll, a alors «salué» cette mesure de précaution. «Tout doit être fait pour prévenir l’introduction du coronavi- rus responsable de cette épidémie dans les élevages français et européens», a indiqué le ministre dans un communiqué.

La question du sang porcin apparaît dé- sormais cruciale dans cette affaire, ce sang pouvant (lorsque les plasmas sont insuf- fisamment traités par chauffage) être un vecteur privilégié de transmissions virales.

Aucune information n’a encore été donnée quant aux nouvelles techniques d’inactiva- tion (par chauffage «à 80 degrés»), pas plus que sur les volumes de plasmas sanguins porcins concernés. Aucune précision non plus sur le spectre des aliments pour ani- maux concernés. On redécouvre, dans cette affaire, que le sang peut être un vecteur de contamination virale. Et que ce risque est d’autant plus grand qu’il s’inscrit dans le contexte de la mondialisation du commerce des produits agroalimentaires.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

37 millions de vies presque à portée de main…

A première vue, elle est plutôt triomphaliste, cette lecture de week-end. Le Lancet vient de publier une estimation du nombre de vies que l’on pourrait sauver d’ici à 2025 en vi- sant «simplement» les facteurs de risque les mieux étayés pour les maladies non trans- missibles.1 L’enjeu est de taille. Ces mala- dies emportent plus de la moitié d’entre nous dans toutes les régions du monde, sauf en Afrique subsaharienne, et leurs fac- teurs de risque principaux sont très bien connus. L’étude du Lancet en

retient six : le tabac, l’alcool, la consommation de sel, l’obé- sité, l’hypertension artérielle et l’hyperglycémie. Sur le plan médical, on sait ce qu’il fau- drait faire. Si on le faisait, donc ? L’équipe qui s’est pen- chée sur cette question est dirigée par un Anglais, mais ses membres viennent du

Canada, de Nouvelle-Zélande, d’Allemagne, de l’OMS, et leurs données sont celles du monde entier. Le résultat est impression- nant. Cibler ces six facteurs permettrait d’ici 2025 de sauver 37 millions de vies. On se prend à rêver. L’étude ne porte que sur la mortalité, mais à la clé il y aurait certaine- ment aussi un effet important sur la morbi- dité, sur les coûts de la santé. Je vous le disais : presque triomphaliste.

Presque seulement car… comment fait-on cela ? Les facteurs de risque sont connus, oui, mais comment les atteindre à ce point ? L’étude postule une diminution de 10% de la consommation d’alcool par personne, de 25%

de la prévalence de l’hypertension artérielle, une diminution relative de 30% de la pré- valence du tabagisme, la stabilisation de l’obésité et de l’hyperglycémie à leurs taux actuels. A ce stade, on se frotte les yeux.

Diminuer le nombre de fumeurs d’un tiers ? L’entretien motivationnel, une des interven- tions de cabinet les mieux étudiées dans ce domaine, augmentait de 2,3% le nombre de personnes qui arrêtent de fumer dans une méta-analyse.2 Pas suffisant. Si on sort du

cabinet pour voir quels effets on peut avoir avec des outils plus politiques, c’est un peu mieux. Les interdictions de la publicité du tabac sous toutes ses formes font baisser le tabagisme de 9% en 10 ans ; l’effet estimé de chaque augmentation de 10% du prix des cigarettes est de 4-7%.3 Bien connaître les facteurs de risque ne suffit pas pour savoir les influencer à large échelle. Passer du diagnostic aux interventions, et déjà le triomphe est moins palpable.

Moins palpable, c’est vrai, mais en même temps notre ignorance sur les politiques qu’il faudrait adopter n’est pas totale. Les exemples cibleraient le tabac, l’alcool, l’ali- mentation, sans doute aussi l’exercice phy-

sique. Ils incluraient l’interdiction de la publi- cité sur le tabac, l’augmentation du prix des cigarettes, une régulation libérale face à la cigarette électronique.4 Ils incluraient des

«ceintures de sécurité» alimentaires comme une régulation plus stricte de la teneur en sel. On y ajouterait finalement des aménage- ments urbains rendant l’exercice physique plus accessible au quotidien. Mais alors nous voilà sortis non seulement du cabinet mais carrément du système de santé. Ces choses que nous saurions en théorie faire, qui les fera ? Depuis nos journaux scienti- fiques et nos cabinets, nous pouvons bien sûr continuer d’insister, mais la plupart des ministres de la Santé n’ont pas tout cela dans leur dicastère. 37 millions de vies pres que à portée de main, donc. Pas si triomphaliste, finalement…

1 Kontis V, Mathers C, Rehm J, et al. Contribution of six risk factors to achieving the 25x25 non-communicable disease mortality reduction target : A modelling study.

Lancet 2014 ; epub ahead of print.

2 Hettema JE, Hendricks PS. Motivational interviewing for smoking cessation : A meta-analytic review. J Con- sult Clin Psychol 2010;78:868-84.

3 Asma S, Song Y, Cohen J, et al. CDC grand rounds : Global tobacco control. MMWR Morb Mor tal Wkly Rep 2014;63:277-80.

4 Rodu B. The scientific foundation for tobacco harm reduction, 2006-2011. Harm Reduct J 2011;8:19.

carte blanche

Pr Samia Hurst Médecin et bioéthicienne Institut Ethique, Histoire, Humanités

Faculté de médecine CMU, 1211 Genève 4 samia.hurst@unige.ch

D.R. D.R.

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