Divergence de séries de Fourier
Rappels et notations. SoitC2π⊂L12π l’espace des fonctions continues 2π-périodiques de RdansC, muni de la normek · k∞. Pour f ∈ C2π, on noteSn(f;x) :=Pn
k=−nck(f)eikx lan-ième somme partielle de sa série de Fourier enx∈Ret S∗(f;x) := sup
n∈N
|Sn(f)(x)| ∈[0,+∞].
On rappelle que pour toutk∈Z,ck(f)ek :=ek⋆ f = (2π1 Rπ
−πf(t)e−iktdt)ek oùek:t∈R7→eikt, k∈Z,est la suite des monômes trigonométriques. Pour tout n∈N, on aSn(f) =Dn⋆ f oùDn:=Pn
k=−nek est le noyau de Dirichlet.
Théorème 1 ([Rud, p. 130]). Il existe unGδ denseE⊂ C2π tel que pour toutf ∈E,S∗(f; 0) = +∞.
Proposition 2 (Théorème de Banach–Steinhaus). SoientEun espace de Banach,Fun evn et(fi)∈ Lc(E, F)I une suite d’applications linéaires continues telle que
sup
i∈I
kTik= +∞.
Alors il existe unGδ denseΩtel que
∀x∈Ω, sup
i∈I
kTi(x)k= +∞.
Preuve. On considère les fermés An :=T
i∈IkTik−1h[0, n]ioù n∈N∗. Supposons que An n’est pas d’intérieur vide. Il existe donc une bouleB(x0, r)⊆An telle que ∀x∈B(x0, r), ∀i∈I, kTi(x)k6n. Six∈B(0,1), alors
kTi(x)k6kTi(x0+rx)k+kTi(x0)k
r 6 2n
r
uniformément pouri∈I. D’oùsupi∈IkTik<+∞, ce qui est contraire à l’hypothèse. Nécessairement tous lesAn
sont des fermés d’intérieur vide, c’est-à-dire que leurs complémentaires sont des ouverts denses, d’intersection Ωdense par le lemme de Baire. Soientx∈Ωetn∈N. Nous avons x∈An∁, et donc l’existence d’uni∈I tel quekTi(x)k> n. D’oùsupikTi(x)k> n, et ceci pour toutn∈N, doncsupikTi(x)k= +∞pour toutx∈Ω.
Lemme 3. Dn(t) = sin((n+1/2)t)
sin(t/2) pour tousn∈Net t∈]0, π[, etlogn=O(kDnk1)lorsquen→+∞.
Preuve. Soient n∈Net t∈]0, π[. Alorseit6= 1et
Dn(t) :=
n
X
k=−n
eikt=(eit)n+1−(eit)−n
eit−1 = (eit)n+1/2−(eit)−(n+1/2)
eit/2−e−it/2 =sin((n+ 1/2)t) sin(t/2) .
Ainsi, en notant queDn(t) =Dn(−t), kDnk1:= 1 π
Z π
0
|Dn(t)|dt
> 2 π
Z π
0
|sin((n+ 1/2)t)|
t dt (∀u >0, |sin(u)|6u)
= 2 π
Z (n+12)π
0
|sin(x)|
x dx (x←(n+ 1/2)t)
> 2 π
n
X
k=1
1 kπ
Z kπ
(k−1)π
|sin(x)|dx
= 4 π2
n
X
k=1
1 k
∼ 4
π2log(n) lorsquen→+∞.
Démonstration du théorème 1. Pour tout n ∈ N∗, la forme linéaire Λn: f ∈ C2π 7→ Sn(f; 0) est continue sur l’espace de BanachC2π. En effet
|Λn(f)|=
1 2π
Z π
−π
f(t)Dn(t)dt
6kDnk1kfk∞,
benjamin.dadoun@ens-cachan.fr – v20140910 1/2
Divergence de séries de Fourier
ce qui prouve aussi que 9Λn9 6 kDnk1. Montrons que 9Λn9 = kDnk1. Soient dn := sign(Dn) et dn,k :=
Dn
|Dn|+2−k, k∈N. Alorsdn,k ∈ C2π tend simplement versdn lorsquek→+∞, et est dominée sur[−π, π]par la constante1, donc d’après le théorème de convergence dominée
Λn(dn,k) = 1 2π
Z π
−π
dn,k(t)Dn(t)dt−−−−−→
k→+∞
1 2π
Z π
−π
dn(t)Dn(t)dt= 1 2π
Z π
−π
|Dn(t)|dt=kDnk1.
D’où 9Λn9=kDnk1. Grâce au lemme 3supn∈N∗9Λn9= +∞. En appliquant laproposition 2 il existe alors unGδ denseE⊂ C2π tel quesupn∈N|Sn(f; 0)|= supn∈N|Λn(f)|= +∞pour toutf ∈E.
Références. [Rud, p. 130] [Gou]
208 Espaces vectoriels normés, applications linéaires continues. Exemples.
246 Séries de Fourier. Exemples et applications.
[Gou] XavierGourdon : Analyse. 2ème édition.
[Rud] WalterRudin: Analyse réelle et complexe. 3ème édition.
benjamin.dadoun@ens-cachan.fr – v20140910 2/2