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L’épicurisme à Rome – la théorie du plaisir

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Academic year: 2022

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Université de Nantes – Département de philosophie Cours de latin philosophique par Angelo Giavatto (L&M, L2 Lettres Classiques) 1 er semestre 2012-2013 11.10.2012

L’épicurisme à Rome – la théorie du plaisir

T1 Lucrèce II 1-61 = LS 21W

Il est agréable, quand les vents troublent les flots sur la mer immense, d’observer du rivage le dur effort d’un autre, non que ce soit joie ou délice que personne soit ballotté par la tempête, mais parce que c’est un plaisir d’observer les maux auxquels on échappe soi-même. Il est aussi agréable d’être spectateur des grands combats de la guerre dans les plaines, quand on n’a aucune part au danger. Mais le plus agréable de tout, c’est d’occuper les lieux tranquilles fortifiés dans les hauteurs par l’enseignement des sages. De là on peut regarder, en bas, les autres, et les voir errer çà et là chercher le chemin de la vie ; rivalisant de talent, luttant pour le prestige social, déployant nuit et jour un grand labeur pour obtenir la richesse et devenir le maîtres du pouvoir sur les choses. Ô misérable esprits des hommes, ô cœurs aveugles ! Dans quelle ténèbres, dans quels périls, le temps de leur vie, si petit soit-il, se passe ! Ne voyez-vous pas que la nature ne crie après rien d’autre que l'éloignement de la douleur du corps et la jouissance par l'esprit de sensations heureuses, quand les soucis et la peur ont été supprimés ? Ainsi voyons-nous que notre nature corporelle n’a pas besoin que du peu de choses qui suppriment la douleur, de manière à nous donner aussi de multiples plaisirs de temps en temps, Et il est parfois plus agréable et la nature ne réclame rien de plus, si l’on n’a pas de statues en or de jeunes gens tenant des torches allumées dans leur main droite pour éclairer les banquets nocturnes, ni de maison brillante d’argent et reluisante d’or, ni de luths résonnant sous des plafonds aux lambris dorés, de s’allonger entre amis sur l’herbe douce, le long d’un ruisseau d’eau courante, sous la ramure d’un grand arbre, et de rafraîchir allègrement son corps à peu de frais, surtout quand le temps sourit et que la saison parsème de fleurs l’herbe verte. […]

Puisque donc les trésors ne sont d’aucun profit pour notre corps, pas plus que la classe sociale

ou la gloire de la royauté, nous pouvons en outre supposer qu’ils ne sont d’aucun profit pour

notre âme, sauf peut-être si, quand on regarde ses légions se déployer hardiment sur le champ

dans un simulacre de guerre […], la religion effrayée quittait ton esprit terrorisé, et si la crainte

de la mort abandonnait ton cœur en le laissant libre d’inquiétude. Mais si l’on voit que cela est

absurde et ridicule, et qu’en vérité les peurs des hommes et les angoisses qui les suivent ne

craignent ni le son des armes ni les traits sauvages, mais fréquentent hardiment les rois et les

puissants, ne montrant nul respect pour l’or et la pourpre éclatante, comment peut-on douter

que seule la raison ait le pouvoir de les vaincre, surtout quand la vie entière lutte dans les

ténèbres ? Car tout comme les enfants ont une peur panique de toute chose dans les ténèbres

aveugles, de même sommes-nous parfois, en pleine lumière, effrayés par des choses qui ne sont

pas plus redoutables que ce que les enfants redoutent et imaginent devoir arriver dans les

ténèbres. Cette terreur et ces ténèbres de l’esprit doivent ainsi être dissipées, non pas par les

rayons du soleil ct les traits lumineux du jour, mais par la considération rationnelle de la

nature. (tr. Long & Sedley via Brunschwig & Pellegrin)

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