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Le "collège-séminaire" de l'Oratoire du Mans sous l'Ancien Régime (1599-1792)

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Submitted on 17 May 2016

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Le ”collège-séminaire” de l’Oratoire du Mans sous l’Ancien Régime (1599-1792)

Thierry Gouault

To cite this version:

Thierry Gouault. Le ”collège-séminaire” de l’Oratoire du Mans sous l’Ancien Régime (1599-1792).

Histoire. Université du Maine, 2016. Français. �NNT : 2016LEMA3001�. �tel-01316534�

(2)

Thierry GOUAULT

M��oi�e p��se�t� e� �ue de l�o�te�tio� du g�ade de Do�teu� de l�U�i�e�sit� du Mai�e

sous le la�el de l�U�i�e�sit� Na�tes, A�ge�s, Le Ma�s Ecole doctorale : Sociétés, cultures, échanges (SCE) Discipline : histoire

Unité de recherche : CERHIO (UMR CNRS 6528) Soutenue le samedi 16 janvier 2016

Thèse n° 38291

Le « collège-séminaire » de l’O�atoi�e du Ma�s

sous l’A��ie� R�gi�e �����-1792)

JURY

Laurent BOURQUIN, p�ofesseu� d�Histoi�e �ode��e à l�U�i�e�sit� du Mai�e �di�e�teu��

Jean-Marie CONSTANT, professeur émérite en Histoire moderne à l�U�i�e�sit� du Mai�e Marguerite FIGEAC-MONTHUS, p�ofesseu� d�Histoi�e �ode��e à l�U�i�e�sit� de Bo�deau�

Jacques MAILLARD, professeur honoraire d�Histoi�e �ode��e à l�U�i�e�sit� d�A�ge�s

Gaël ‘IDEAU, p�ofesseu� d�Histoi�e �ode��e à l�U�i�e�sit� d�O�l�a�s

(3)

Université du Maine

Faculté des Lettres et Sciences humaines Ecole doctorale SCE

Le « collège-séminaire » de l’O�atoi�e du Ma�s de sa fo�datio� jus�u’à la suppression des ordres

(1599-1792)

Thèse de doctorat en histoire moderne présentée par Thierry GOUAULT

Soutenue et présentée publiquement dans la Salle des Actes du lycée Montesquieu le samedi 16 janvier 2016

Directeur de recherche Président M. Laurent BOURQUIN M. Jean-Marie CONSTANT

Jury

M. Gaël RIDEAU (rapporteur)

Mme Marguerite FIGEAC – MONTHUS (rapporteur) M. Jacques MAILLARD

(4)

Remerciements

Maintenant il �e �este à ��a��uitte� d�u�e tâ�he �ie� ag��a�le : �e�e��ie� tous �eu� �ui ��o�t aid�

dans mon travail de recherche et qui, par leurs conseils, leurs encourage�e�ts et leu� patie��e, ��o�t permis de mener cette monographie à son terme.

Je suis d�a�o�d �e�o��aissa�t e��e�s Mo�sieu� Lau�e�t Bou��ui� et Mo�sieu� Jea�-Marie Constant.

Ils o�t eu l�e��elle�te id�e de �e p�opose� u� �eau sujet. Ils ��o�t toujou�s fait �o�fia��e.

Je dois une reconnaissance particulière au Père Gamelin, conservateur de la bibliothèque de Soles�es, do�t l�i�lassa�le d��oue�e�t ��a �t� p���ieu�. Me��i aussi à Mada�e Ge�e�i��e Po�hat, conservatrice des archives du diocèse du Mans et à Monsieur Antoine Hamerel, conservateur à la bibliothèque diocésaine du Mans pou� ��a�oi� pe��is de �o�sulte� des do�u�e�ts �a�es. Je �e�e��ie également les personnels de la Médiathèque du Mans, des Archives départementales, des Archives

�atio�ales et de la Bi�lioth��ue �atio�ale où j�ai toujou�s �eçu u� e��elle�t a��ueil. Me��i à Alain Miskovic, de l�O�atoi�e, �ui, de faço� �pisodi�ue, ��a ad�ess� �uel�ues fi�hes �elati�es au� p�ofesseu�s du Ma�s.

Merci aussi au père de Courville, moine bénédictin de Solesmes et à ma collègue, Anne-Laure Prébay, qui ont accepté de me traduire des notes et des textes latins. Merci à David Ordonnaud, professeur de philosophie au lycée Notre-Da�e au Ma�s, �ui ��a aid� à �o�p�e�d�e des do�u�e�ts assez poi�tus. Me��i à la directrice du collège Saint-Louis du Ma�s, Elisa�eth B�eto�, �ui ��a p�opos� pa� deu� fois un emploi du temps propice à la recherche, et à ma collègue, Emilie Renoust, qui a mis en pages ce travail. Merci aussi à Messieu�s Klötge� de la ‘e�ue d�Histoi�e A��h�ologi�ue du Mai�e et Joseph Guilleu� de la So�i�t�

d�Ag�i�ultu�e, S�ie��es et A�ts de la Sa�the �ui ��o�t ou�e�t les po�tes de leu�s a��hi�es. Des remerciements également à Monsieur Sébastien Angonnet qui a mis en cartes les données économiques.

J�ad�esse �a p�ofo�de g�atitude à Mo�sieu� A�d�� Vi�et, se���tai�e de l�Asso�iatio� des Anciens El��es de Mo�tes�uieu du Ma�s. Il ��a a��ueilli plusieu�s fois da�s l�a��ie��e �i�lioth��ue de l�O�atoi�e du Ma�s. Bie� �ue je ��aie ja�ais �t� �l��e da�s �e l���e pu�li�, à �o� g�a�d �eg�et, il a toujou�s a��ept� de

��po�d�e à �es �uestio�s et ��a proposé de précieux documents, bien utiles pour la rédaction.

Des �e�e��ie�e�ts e�fi� à ‘e��e Bo�s, do�teu� e� histoi�e �ode��e, sp��ialiste de l�histoi�e des religieuses dans le Haut-Maine, qui a accepté de lire et relire attentivement la thèse.

Que �ha�u� t�ou�e i�i l�e�p�essio� de �a �e�o��aissa��e et de �a g�atitude.

Je voudrais également avoir une pensée particulière pour deux amis qui, à leur façon, ont contribué

à l����itu�e �ette th�se. Ils o�t �uitt� �e �o�de a�a�t ���e d�e� a�oi� pu li�e la �oi�d�e lig�e. D�a�o�d, à

ma collègue médiéviste, Christine Berthereau. Elle avait accepté, pendant sa longue maladie, entre deux

séances de chimiothérapie, de parcourir plusieurs fois les petites routes sinueuses du nord de la Sarthe à la

recherche des cahiers des élèves possédés par Henri Chardon. Ensuite, au père oratorien Gilbert Caffin. Il

(5)

��a�ait i�t�oduit da�s �e �ilieu passio��a�t de la �o�g��gatio� de l�O�atoi�e de F�a��e. Not�e d�jeu�e�,

�ue de Vaugi�a�d à Pa�is, fut u� g�a�d �o�e�t d���otion personnelle. Pour paraphraser Pascal, je fus infiniment petit devant les propos infiniment sages, libres et savants de ce grand éducateur et pédagogue.

Il me sera difficile de vous oublier. Ma thèse vous est dédiée. Elle vous appartient.

Enfin pou� te��i�e�, je ��ou�lie su�tout pas de �e�e��ie�, plus pa�ti�uli��e�e�t, �o� �pouse, Catherine, et mes trois filles, Nolwenn, Anaëlle et Maëlenn. Elles furent, toutes les quatre, des soutiens actifs et patients à mon travail de bénédictin. Être enfermé longtemps dans un bureau et se déplacer souvent à Solesmes ou à Paris ne facilitent pas la vie familiale.

Cette thèse est également votre.

(6)

1 Introduction

« Il y aurait aussi une étude curieuse à faire sur les professeurs de l'Oratoire »

1

Ainsi s�e�p�i�ait l���udit �a�e�ti� et a��ie� �l��e du l���e de Mo�tes�uieu, He��i Cha�do�, �ui s�i�t��essa �eau�oup à l�histoi�e lo�ale sa�s a�oi� eu le temps de rédiger une quelconque notice sur le collège oratorien du Mans

2

.

Du séminaire à la suppression de la Congrégation : 1599-1792

« Curieuse » ? L�adje�tif ali�e�te �ie� ��ide��e�t l�i�t���t de l�histo�ie�. Qu�a�ait-il voulu exprimer cet ancien avocat parisien, conseiller général de la Sarthe et maire de Marolles-les-Braults, décédé en décembre 1906 ?

En écrivant ces lignes, au moment de terminer, nous mesurons tout ce qui sépare cette thèse de ses ambitions initiales : étudier les idées des Oratoriens tant sur le plan pédagogique que sur les plans spirituel, politique et même social, est apparu une gageure difficilement tenable. Le cadre géographique était trop étroit pour des professeurs qui passèrent beaucoup de temps sur les routes peu entrenues du Royaume de France. Le cadre

�h�o�ologi�ue �tait �gale�e�t t�op li�it� pou� des p�dagogues do�t l�i�flue��e �du�ati�e dépassa largement la suppression des congrégations religieuses en 1792. Pour reprendre Jacques Maillard

3

, da�s sa th�se su� l�O�atoi�e d�A�ge�s, ��est toute l�histoi�e de l��du�atio�

dans les collèges oratoriens �u�il au�ait fallu ��o�ue�. Et plus de �uat�e �e�ts p�ofesseu�s oratoriens ont enseigné au prestigieux collège du Mans. Nous avons donc fini par rédiger u�e �o�og�aphie d�histoi�e lo�ale où les sup��ieu�s, les p��fets et les ��ge�ts d�u�

établissement scolaire trouvèrent une place centrale bien légitime.

Les Oratoriens enseignèrent au Mans de 1624 à 1792. Quelques professeurs ont prolongé leur enseignement au-delà de la période révolutionnaire. Mais, afin de comprendre l�i�stallatio� de la �o�g��gatio� de Pie��e de B��ulle, nous avons dû aborder, malgré des sou��es dispe�s�es et pa�fois e� lati�, �uel�ues aspe�ts de l���he� du s��i�ai�e du Ma�s. Le

1 Henri Chardon, RHAM, p. 145, 1907.

2

In Nouveaux documents sur les comédiens de campagne: la vie de Molière et le théâtre de collège dans le Maine, tome 2, 1905, Paris.

3 Jacques Maillard, L�O�atoi�e d�A�ge�s au� XVIIème et XVIIIème siècles, Paris, C. Klincksieck, 1974, p. 1.

(7)

2 23 �o�e���e ����, l�����ue du Ma�s, Claude d�A�ge��es, érigea la cure de Saint-Ouen en séminaire, appliquant ainsi les décrets du Concile de Trente. En 1624, le séminaire fut offert par Monseigneur Charles de Beaumanoir de Lavardin à la jeune congrégation de l�O�atoi�e.

Cent soixante-huit a���es plus ta�d, e� ����, l�Asse��l�e �atio�ale �ota la supp�essio� des

�o�g��gatio�s �eligieuses. L�O�atoi�e fut e�po�t� da�s les tou��e�tes ���olutio��ai�es, a�e�

so� esp�it �du�atif li���al. L�Etat, p�og�essi�e�e�t, fi�issait par imposer ses programmes dont les fondements et les méthodes demeuraient toutefois oratoriens. Le dernier témoin du �oll�ge de l�O�atoi�e du Ma�s, Tho�as Cau�i�, s�est �tei�t e� ����. Nous �ous so��es arrêtés bien avant la disparition de ce professeur laïc

4

.

Nos recherches se sont donc effectuées à l�i�t��ieu� de t�ois g�a�des p��iodes de l�histoi�e du �h�istia�is�e aux XVII

ème

et XVIII

ème

siècles. D�a�o�d, l�i�stallatio� du �oll�ge de l�O�atoi�e du Ma�s s�i�s��i�it da�s le �ad�e de la �ise e� pla�e, sous l�i�pulsio� de réformateurs catholiques (1530-1624)

5

, à la suite du concile de Trente dont la formation des p��t�es �oulue pa� Pie��e de B��ulle, fo�dateu� de l�O�atoi�e de F�a��e e� ����, fut un des piliers. Ensuite, l��ta�lisse�e�t a �o��u u�e p��iode faste (1624-1713)

6

, affichée néanmoins par les premières querelles cartésiennes et jansénistes. Et enfin, Le collège manceau accueillit des professeurs marqués par les nouveaux et nombreux questionnements du XVIII

ème

siècle (1713-1792)

7

, jus�u�à l����oule�e�t de l�A��ie� ‘�gi�e

8

. Ils participèrent, parfois dans la difficulté, à la mutation profonde des esprits.

Une application du Concile de Trente dans le Haut-Maine

La première période, entre 1545-1624, fut �a��u�e pa� la �olo�t� de l�Eglise catholique de se réformer. Soixante-dix-neuf ans avant la première rentrée au collège de l�O�atoi�e du Ma�s s�ou��ait la p�e�i��e sessio� du Co��ile de Trente, le 13 décembre 1545,

4 En 1846, « le de��ie� �e���e de la do�te �o�g��gatio� de l�O�atoi�e et le plus la�o�ieu� des a�ti�uai�es normands, vient de terminer sa longue et honorable vie. Monsieur Thomas Cauvin est mort, laissant un nom qui se�a toujou�s �it� lo�s�u�il s�agi�a de �es �a�es e�e�ples de d�si�t��esse�e�t pou� la s�ie��e et de haute p�o�it�, �u�o� ai�e à �ett�e sous les �eu� des g����atio�s �ui s��l��e�t ». Notice sur M. Thomas Cauvin, ancien oratorien et membres de plusieurs sociétés savantes, G.-S Trebutien, Caen, MDCCCXLVI, p. 3.

5Histoire du christianisme, sous la direction de J.-M. Mayeur, CH. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, tome 8, Le temps des confessions (1530-1620), Paris, Desclée, 1992.

6 Histoire du christianisme, sous la direction de J.-M. Mayeur, CH. et L. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, tome 9, L�Âge de �aiso� �����-1750), Paris, Desclée, 1997.

7 Histoire du christianisme, sous la direction de J.-M. Mayeur, CH. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, tome 10, Les défis de la modernité (1750-1840), Paris, Desclée, 1997.

(8)

3 sous la directio� du pape Pie IV. Pou� l�Eglise �atholi�ue, il s�agissait de ��po�d�e à la ��ise protestante. En effet, au XVI

ème

siècle, les réformateurs protestants, Luther en premier lieu, avaient fait prendre conscience des insuffisances et des manquements des prêtres et des religieux

9

.

Le Co��ile se p��o��upait d�a�o�d de d�fi�i� l�auto�it� des te�tes �i�li�ues. Il e� fi�a le contenu authentique, en énumérant tous les livres canoniques y compris ceux que contestaient les protestants

10

. Le Concile ne prit aucune décision ni pour ni contre la t�adu�tio� de l�E��itu�e e� la�gues �e��a�ulai�es. Cette a�se��e de �o�sig�e auto�isa-t-elle implicitement les Oratoriens à instaurer le français

11

dans leur pratique éducative ? Le concile définit aussi la doctrine relative au péché originel et à sa justification. Sur

�e poi�t l�a�th�opologie t�ide�ti�e p��se��a, a�e� le li��e a��it�e, l�esse�tiel de l�hu�a�is�e contre le pessimisme des théologiens protestants. Les Pères tridentins tentèrent de trouver u� ��uili��e e�t�e la g�â�e di�i�e et la li�e�t� de l�ho��e

12

qui réveillera le débat théologique auquel participeront avec érudition les professeurs jansénistes ou non du Mans.

La t��s g�a�de pa�tie de l�œu��e do�t�i�ale du �o��ile de T�e�te a�ait po�t� su� les sa��e�e�ts. D�a�o�d pou� �ai�te�i� la liste �o�pl�te des sept sa��e�e�ts ��o�t�e les protesta�ts �ui �e �e�o��aissaie�t �ue le �apt��e et l�eu�ha�istie�. E�suite pou� affi��e�

�u�ils �taie�t effi�a�es pa� eu�-mêmes et non pas seulement par la foi de celui qui les recevait

13

. Les deu� p�i��ipau� sa��e�e�ts, l�eu�ha�istie

14

et la pénitence, trouvèrent une place centrale au collège du Mans. La messe était fortement présentée comme une actualisation du sacrifice en Croix, propitiatoire pour les vivants et pour les morts

15

. La p��ite��e �tait d�fi�ie �o��e u� sa��e�e�t ���ita�le d�i�stitutio� di�i�e, destinée à rendre au p��heu� la g�â�e �u�il au�ait pe�due ap��s so� �apt��e

16

. Ces sacrements impliquèrent

8Bernard Plongeron, Ibid., p. 7.

9 Yves Krumenacker, L�O�atoi�e de J�sus, ��� a�s d�histoi�e e� F�a��e ��� �o�e���e ���� – 11 novembre 2011), Paris, Cerf histoire, 2013, p. 29.

10 Marc Venard, op. cit., p. 242.

11 Si nous adoptons le principe que la langue administrative, le français, est la langue vernaculaire. Les

p�ofesseu�s �ui �taie�t a�e��s à se d�pla�e� pou�aie�t e�seig�e� e� lati�, la�gue de l�Eglise �atholique, ou en f�a�çais, la�gue utilis�e pa� l�ad�i�ist�atio� �o�ale depuis l�o�do��a��e de Ville�s-Cotterêts du 10 août 1539.

Da�s au�u� do�u�e�t �e��o�t��, il ���tait �uestio� de p�ofesse� e� la�gues lo�ales.

12 Marc Venard, op. cit., p. 243

13 Ibid., p. 243.

14 Les théologiens adoptèrent le terme de transsubstantiation (issue de la théologie médiévale) pour définir le mystère de la présence du Christ dans le pain et le vin.

15 Marc Venard, op. cit., p. 244.

16 Ibid.

(9)

4

���essai�e�e�t l�i�te��e�tio� d�u� p��t�e �ie� fo��� et e�e�plai�e pou� les �h��tie�s.

B��ulle et les p�ofesseu�s �a��eau� l�a�aie�t �ie� �o�p�is. Su� le plan disciplinaire, le Concile réaffirmait le rôle essentiel des évêques à la tête des diocèses et les curés dans les pa�oisses. Il o�do��ait au� p��lats, pou� assu�e� le �e��ute�e�t du �le�g�, d�ou��i� des collèges qui seront comme des « pépinières » (seminaria), dans lesquels des adolescents pau��es se�o�t �eçus g�atuite�e�t, �e�s l�âge de douze a�s, pou� app�e�d�e la g�a��ai�e

���est-à-dire le latin) et être formés à la vie pieuse et cléricale

17

. Le premier « collège- séminaire du Mans » s�ou��it ai�si e� ����, soit �� a�s ap��s la sessio� �� du �o��ile. C�est aussi pou� �ette �aiso� �ue le pape Paul V i�posa au fo�dateu� de l�O�atoi�e de se �o�sa��e�

non seulement à la seule formation des prêtres mais également de participer aux efforts d��du�atio� des jeu�es. L�i�stallatio� des O�ato�ie�s du Ma�s s�i�s��i�ait da�s le prolongement, bien que tardif, de la Réforme tridentine. En 1624, le collège du Mans répondit ainsi aux exigences de Trente.

Le Haut-Maine, et plus précisément Le Mans, furent fortement marqués par le p�otesta�tis�e, pa� les th�ses de Cal�i� plus pa�ti�uli��e�e�t. C�est sous l��pis�opat du cardinal Jean du Bellay (1546-1556), prélat mondain, souvent absent de son diocèse, que le calvinisme fit de grand progrès dans toute la région mancelle. Les protestants s�e�pa���e�t de la ville du Mans e� ����, du�a�t l��pis�opat de Cha�les d�A�ge��es �����-1601). « La noblesse leur donna des chefs

18

» comme le fut par exemple Charles de Beaumanoir, grand- père du futur évêque, Charles de Beaumanoir, �ui i�t�oduisit l�O�atoi�e au Ma�s. La �uptu�e de l�u�it� de la foi eut �ie� des �o�s��ue��es �at��ielles da�s le dio��se du Ma�s. Et elles furent particulièrement importantes. Des religieux furent mal traités, les couvents des Co�delie�s et des Ja�o�i�s fu�e�t i��e�di�s. La �ath�d�ale ����happa pas à �uel�ues destructions : to��eau�, statues, s�ulptu�es, stalles, o�jets d�a�t

19

. Elle fut incendiée en 1583. Les protestants voulaient atteindre non pas les objets eux-���es �ais �e �u�ils s���olisaie�t. Et au Ma�s, �o��e à Sau�u�, la ���olte ���tait pas seule�e�t le fait de soldats mais elle venait surtout des notables et juristes réformés

20

. Si, peu à peu, le p�otesta�tis�e s��teig�it au Ma�s, �ous pou�o�s ais��e�t i�agi�e� �ue �ette gue��e des

17 Ibid.

18 Louis Calendini, Histoi�e de l�Eglise du Ma�s, Le Mans, Monnoyer, 1916, p. 122.

19 Ibid., p. 125.

20 Olivier Christin, U�e ���olutio� s���oli�ue. L�i�o�o�las�e hugue�ot et la �e�o�st�u�tio� �atholi�ue, Paris, édition de minuit, 1991, 351 p.

(10)

5 religions dans la province mancelle laissa des traces profondes dans les esprits d�auta�t plus que la répression contre les huguenots fut violente. Nous ne retracerons pas, i�i, l�histoi�e du protestantisme dans le Maine

21

, �a� �e ��est pas �ot�e sujet. Mais l�a��i��e des O�ato�ie�s au Mans en 1624 ne fut certainement pas étrangère à la situation du diocèse après l�Edit de Na�tes d�He��i IV e� ��98 et à la présence des Calvinistes. Les sentiments religieux de la population catholique semblaient avoir été exacerbés par les attaques protestantes. En 1608, les huguenots tentèrent de bâtir un temple dans la paroisse Saint-Ouen des Fossés, très proche du séminaire et du futur �oll�ge. L�asse��l�e g����ale des ha�ita�ts s�opposa avec fermeté à cette entreprise

22

. Et qui donc pouvait mieux redonner confiance à des Manceaux marqués par la crise religieuse au début du XVII

ème

siècle ? Des J�suites d�a�o�d ou des Oratoriens ensuite

23

?

Quel �tait l��tat de l�Eglise du Ma�s au d��ut du XVII

ème

siècle, peu avant l�a��i��e des Oratoriens ? La situatio� ��appa�aissait pas id�lli�ue �alg�� la pai� �eligieuse. Les

�esu�es d��id�es au �o��ile de T�e�te ���taie�t pas toujou�s appli�u�es. L�����ue Claude d�A�ge��es �e put i�stau�e� �ue �uel�ues d���ets. Ils po�taie�t esse�tielle�e�t su� la litu�gie a�e� l�i�p�essio�, e� lati�, de �ou�eau� �issels et ����iai�es

24

. Il entreprenait également une visite générale de son vaste diocèse

25

et édifia son « petit » séminaire en

����. Mais faute d��tudes app�ofo�dies su� �ette p��iode, �ous pou�o�s diffi�ile�e�t dresser un tableau sociologique et comportementaliste du clergé du Haut-Maine. Un peu partout en France, on dénonçait toujours le libertinage des prêtres, leur ignorance. Ces plaintes venaient de personnes comme Vincent de Paul, Jean-Jacques Olier ou Jean-Eudes, qui avaient une très haute idée du prêtre et exagéraient sans doute les insuffisances du clergé de leur époque

26

. En 16��, l�i�te�da�t du Mai�e, Cha�les Col�e�t de C�oiss�, d�essa u�

tableau peu reluisant du diocèse du Mans avec des prêtres davantage soucieux de contingence matérielle que de spiritualité. Il en fut certainement de même, voire davantage, dans le premier tiers du XVII

ème

siècle.

21 Voir la synthèse de Didier Travier, 1561-2011, 450 ans de protestantisme au Mans et dans la Sarthe, Nîmes, 2011, 28 p.

22 Dom Paul Piolin, Histoi�e de l�Eglise du Ma�s, tome sixième, Paris, 1863, p. 10.

23 Bérulle était un proche des Jansénistes. Or, sur la conception de la grâce, de la liberté et de la liturgie, il existait une certaine proximité entre les Jansénistes et les Calvinistes, à quelques nuances près. Jean Delumeau, op. cit., p. 191.

24 Si ces ouvrages liturgiques furent imprimés sous le titre diocésain, ils appliquèrent la liturgie romaine.

25 Dom Piolin, Histoi�e de l�Eglise du Ma�s, Tome V, Paris, 1861, p. 633.

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6 Une notoriété grâce au premier jansénisme ?

La deuxième période (1624-1713) fut celle durant laquelle le collège marqua de son e�p�ei�te l�histoi�e �du�ati�e du Ma�s et du Haut-Maine. Les Oratoriens importèrent dans le diocèse leurs premières expériences pédagogiques mais surtout leurs pratiques spi�ituelles. Da�s la pe�spe�ti�e de B��ulle, �ui dispa�aît�a �i�� a�s ap��s l�ou�e�tu�e de l��ta�lisse�e�t s�olai�e, le d�fi p�otesta�t de�eu�ait fo�da�e�tal. L�e�jeu �tait de revenir à u�e �po�ue où le �h�istia�is�e �tait e��o�e �i�a�t. Il �e s�agissait pas d�appli�ue� u�e simple réforme disciplinaire qui supprimerait les « abus », �ais de �ha�ge� l��t�e ���e des chrétiens en les conformant au Christ

27

. Le diocèse du Mans avait-il besoin de ces professeurs, prêtres, qui devaient atteindre la perfection ? Les premiers supérieurs affectés à la di�e�tio� de l��ta�lisse�e�t ��po�di�e�t à �es ��it��es e�igea�ts d�fi�is lo�s de la fo�datio� de l�O�atoi�e e� ����

28

. La piété de Jean-Baptiste Gault (1633-1635) contribua dans un premier temps à établir un lien entre les Ma��eau� et le �oll�ge. Jus�u�à la publication, en 1643, du traité De la Fréquente Communion d�A�toi�e A��auld, �ui p�ofessa au Mans, le Jansénisme ne semblait pas poser trop de difficultés pour le collège tant que l�h�t��odo�ie de�eu�ait da�s les p�i��ipes de la �e�tu et de la g�â�e. E� effet, le Ja�s��is�e,

�e fut d�a�o�d, �o��e la ‘�fo��e p�otesta�te, u� d��at th�ologi�ue

29

. Et l�a�iti� e�t�e Jansénius et Bérulle, du parti dévot, fut bien réelle, sous le regard bienveillant du cardinal de Richelieu, tant que le ministre de Louis XIII ��� �o�ait pas u�e �e�a�e pou� l�Etat. Mais, e�

����, da�s l�a���e où les statuts de l��ta�lisse�e�t s�olai�e fu�e�t ��dig�s, ‘i�helieu se heu�ta à B��ulle �ui ��app���ia gu��e l�attitude du �a�di�al-ministre. En effet, lors de la

26 Yves Krumenacker, L�O�atoi�e de J�sus, ��� a�s d�histoi�e e� F�a��e ��� �o�e���e – 11 novembre 2011), Paris, Cerf, 2013, pp. 30-31.

27 Yves Krumenacker, op. cit., p. 39.

28 Pierre de Bérulle : « Comme il a plus à Dieu en notre siècle de renouveler en plusieurs familles religieuses l�esp�it et la fe��eu� de leu� p�e�i��e i�stitutio�, il se��le �u�il lui a plu aussi de ��pa�d�e u�e se��la�le bénédiction sur plusieu�s e��l�siasti�ues et jete� e� leu�s esp�its des pe�s�es et des se�e��es d�u�

��ta�lisse�e�t de �e�tu et de pe�fe�tio� e� l��tat de p��t�ise […]. E� l��ta�lisse�e�t �o��e il est sai�t et sa���

e� so� i�stitutio� et ���e l�o�igi�e de toute la sai�tet� �ui est e� l�Eglise de Dieu, aussi e� si� usage �ode��e et o�di�ai�e, il est ou�e�t et e�pos� au lu�e, à l�a��itio�, à l�i�utilit� […]. C�est pou��uoi il se�ait à p�opos d���ige� u�e �o�g��gatio� d�e��l�siasti�ues e� la�uelle il eût pau��et� e� l�usage, �o�t�e le lu�e, �œu de s�e�plo�e� au� fo��tio�s e��l�siasti�ues, �o�t�e l�i�utilit� ». Pierre de Bérulle, Œu��es �o�pl�tes, t. IV, Correspondance, Paris, Cerf, 2006, p. 173.

29 Jean Delumeau, Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, Paris, PUF, 1971, p. 136

(12)

7 guerre de Trente Ans, ce dernier favorisa plus ou moins secrètement les princes protestants allemands. Bérulle décéda en 1629 en quasi-disgrâce

30

.

A pa�ti� de ����, date de la fo�datio� de l�O�atoi�e pa� Pie��e de B��ulle, au�u�

ouvrage sur la grâce

31

�e de�ait �t�e pu�li� sa�s l�a��o�d du Sai�t-Office. Durant cette deu�i��e p��iode �ui �ous i�t��esse, la p��se��e, au Ma�s, d�A�toi�e A��auld, da�s les a���es ����, �a��ua u� p�e�ie� tou��a�t pou� l��ta�lisse�e�t. Le �oll�ge de l�O�atoi�e e�t�ait da�s u�e p��iode de pol��i�ues. L�ou��age du plus ��l���e �e���e de la fa�ille Arnauld, De la Fréquente Communion où les sentiments des pères, des papes et des conciles, tou�ha�t l�usage des sa��e�e�ts de p��ite��e et d�Eu�ha�istie , so�t fid�le�e�t e�pos�s, publié en 1643, fut approuvé par vingt et un docteurs et quinze évêques, mais vraisemblablement pas par celui du Mans, Emeric-Marc de la Ferté (1637-1648), dont l�o�aiso� fu����e fut p�o�o���e pa� u� j�suite

32

. A�toi�e A��auld s�e� p�e�ait à la �o�ale des j�suites. Mais, loi� d�a�oi� u�e �o�atio� se�tai�e, le ja�s��is�e appa�aissait �o��e u�e te�da��e spi�ituelle pa�faite�e�t �ie� adapt�e au� �e�talit�s de l��poque

33

. Le collège oratorien du Mans correspondait justement bien aux exigences rigoristes du moment.

Lo�s de �ette deu�i��e p��iode, l�aut�e fait �a��ua�t fut la �o��e�sio� de l��ta�lisse�e�t au �a�t�sia�is�e, �ie� a�a�t pa� e�e�ple �elle des Doctrinaires entre 1711- 1713

34

. La diffi�ult� da�s �ot�e t�a�ail fut d�essa�e� de disti�gue�, au-delà de l�affai�e du régent du Mans, le Père Carrier, qui enseigna Descartes au collège en 1678, ce qui était du ressort du jansénisme et de celui du cartésianisme. Tout comme les érudits qui se sont i�t��ess�s à l�histoi�e du �oll�ge du Ma�s, �ous �ous ��� so��es pas ��ai�e�t pa��e�u. Des thèses en latin furent interdites au Mans

35

. Le furent-elles pour leurs caractères trop

30 « Richelieu, en engageant la France dans la guerre de Trente ans, répudiait la politique du parti dévot qui aurait voulu unir les Etats catholiques contre les princes réformés ». Jean Delumeau, op. cit., p. 175.

31 Jean Delumeau : « la grâce, selon saint Augustin, est efficace : s�e�pa�a�t de la �olo�t�, elle la �o�t�ai�t au

�ie�. L�����ue d�Hippo�e �ai�tie�t �epe�da�t la li�e�t�, �ais la �o�fo�d a�e� la �olo�t�. O� sai�t Augusti�, aux XVIème et XVIIème siècles, bénéficia dans le Catholicisme comme dans le P�otesta�tis�e d�u� i��e�se crédit. Beaucoup le tinrent pour infaillible. Mais comment concilier les formules augustiniennes avec les d�fi�itio�s e� se�s �o�t�ai�e d�u� �o��ile œ�u���i�ue ? Cette p�o�l��ati�ue fut le d�a�e de l�Eglise �o�ai�e entre le te�ps de Luthe� et �elui de Voltai�e. Il �tait i�possi�le d���ite� le Ja�s��is�e et �ie� �ai� de �ouloi�

i�pose� sile��e au� pa�tisa�s et au� ad�e�sai�e d�u�e ���ita�le li�e�t� hu�ai�e ». Jean Delumeau, op. cit., p.

157.

32 Dom Paul Piolin, op. cit., p. 224. L�histo�ie� ����di�ti� ����o�ue �ulle�e�t la positio� de l�����ue du Ma�s su� l�ou��age d�A�toi�e A��auld.

33 Monique Cottret, « La querelle janséniste », Histoire du christianisme, op. cit., p. 359.

34 Jean de Viguerie, U�e œu��e d��du�atio� sous l�A��ien Régime, les Pères de la Doctrine chrétienne en France et en Italie, 1592-1792, Paris, Sorbonne, éditions nouvelle aurore, 1976.

35 E�p�essio� �ue �ous a�o�s lue da�s toutes les �o�og�aphies su� l�O�atoi�e du Ma�s. Quelles th�ses ?

(13)

8 jansénistes ou trop cartésiens ? Cela nous appela donc à la plus grande prudence. Car le volontarisme et la « générosité » exaltés par Descartes étaient aux antipodes du pessimisme augustinien

36

. Mais la parution du Discours de la méthode (1637) et des Méditations philosophiques (1641), en « conformité de la doctrine de saint Augustin avec les sentiments de M. Descartes » prolongea la confusion entre le Cartésianisme et le Jansénisme

37

chez des régents manceaux et des historiens du XIX

ème

et début XX

ème

siècle.

Notre dernier repère chronologique pour cette deuxième période fut la Bulle Unigenitus de Clément XI, parut en 1713, qui condamnait cent une propositions extraites des Réflexions morales sur le nouveau Testament de l�O�ato�ie� Ques�el. Quelle fut l�attitude des professeurs du Mans ? Dans le diocèse, la bulle fut reçue par Mgr Pierre-Rogier du Crévy,

����ue appa�te�a�t à la �o�lesse ��eto��e, �ui se p��o��upa a�a�t tout d�att��ue� les divisions du clergé manceau. Cette décision du pape marqua le début de cette dernière période (1713-1792). En 1713, « Co��e��e da�s l�histoi�e du ja�s��is�e la p��iode de l�appel, succédant à la période du fait et du droit

38

» expliquait Dom Piolin. Ce que résume parfaitement Jean Delumeau : « Le Quenellisme favorisa la naissance d�u�e �o�s�ie��e démocratique chez les clercs du second ordre

39

et certains fidèles. Les Nouvelles ecclésiastiques, da�s les�uelles s�illust�a l�a��ie� �l��e de l�O�atoi�e du Ma�s, le p��e de Gennes, diffusèrent la mentalité janséniste dans la population. Et tandis que le Jansénisme se démocratisait, il glissait tout naturellement de la contestation religieuse à la contestation politique ouvrant ainsi une des voies par où passèrent les courants qui aboutirent à la Révolution française

40

». Le XVIII

ème

siècle, celui des Lumières, fut certainement le siècle de toutes les incertitudes pour le collège du Mans et la Congrégation.

36 Jean Delumeau, op. cit., p. 181.

37 Ibid.

38 Dom Piolin, op. cit., p. 427.

39 Les �o�f���es de l�O�atoi�e �taie�t-ils des clercs de second ordre ?

40 Jean Delumeau, op. cit., p. 178.

(14)

9 Une sécularisation du collège

Les professeurs participèrent progressivement aux défis de la modernité

41

. La troisième p��iode, pou� �ot�e �oll�ge, �o��e�çait d�a�o�d pa� l�i�t�odu�tio� du f�a�çais

�o��e la�gue d�i�st�u�tio�, sauf pou� les futu�s s��i�a�istes. Et su�tout, elle �tait �a��u�e par la participation de plus en plus forte des professeurs laïcs. Primordial dans le premier si��le de la ‘�fo��e �atholi�ue, le �ôle des laï�s �esta d��isif da�s l�Eglise �atholi�ue au XVII

ème42

et dans le collège du Mans, au XVIII

ème

siècle. La Co�g��gatio� de l�O�atoi�e était u�e �o�g��gatio� d�ho��es d�pou��us de �œu�, �ha�g�s du se��i�e d�e�seig�e�e�t.

Définir le statut des professeurs nous apparaissait donc évident. La Congrégation de l�O�atoi�e �tait u�e i�stitutio� �l��i�ale, hi��a��his�e, à l�i�t��ieu� de la�uelle les �e���es étaient libres. Un matin, un professeur pouvait très bien ouvrir la fenêtre de sa cellule, observer le ciel, regarder ses élèves sur la cour de récréation, puis décider de partir, voire

���e de �uitte� l�o�d�e. Mais, �ie� ��ide��e�t, sa �o�s�ie��e lui di�tait d�atte�d�e la fi�

de l�a���e s�olai�e pou� �uitter son poste. Nos sou��es �ous o�t pe��is de �o�state� �u�à partir des années 1715, les confrères, ces professeurs laïcs, intégraient de plus en plus le corps professoral. E�ide��e�t, l�attitude des e�seig�a�ts d�pou��us du sa��e�e�t d�o�di�atio�

43

changea bien des mentalités, surtout dans le domaine spirituel. Nous le verrons, les supérieurs du Mans du�e�t s�adapte� à u�e plus faible implication des laïcs dans la pratique religieuse quotidienne.

Lors de ce travail de recherche, �ous ��a�o�s pas eu à t�a��he� su� les ��els se�ti�e�ts des O�ato�ie�s à l��ga�d du Ja�s��is�e. Jea�-Delumeau a démontré que le Jansénisme ne formait pas un bloc unidimensionnel. Il devint au XVIII

ème

siècle un refuge des

« mal-contents », une composante de la mentalité nationale

44

. Les querelles que nous avons observées dans nos sources ne portaient que sur des questions théologiques : sur les vertus et sur la grâce. La seule affaire qui aurait pu remettre en question les autorités politiques et religieuses fut celle du jeune professeur Périer. Mais cette question échappa quasiment à

41 Marc Venard, op. cit., page de garde.

42 Marc Venard, op. cit., p. 301.

43 Le sa��e�e�t de l�o�d�e est l�o��asio� pou� le �o��ile d�affi��e� la sp��ifi�it� du �i�ist��e sa�e�dotal et le

�a�a�t��e hi��a��hi�ue de l�Eglise. Ma�� Ve�a�d, op. cit., p. 244.

44 Jean-Delumeau, op. cit., p. 186.

(15)

10 l�i��uisitio� histo�iog�aphi�ue �o�te�po�ai�e. L��pisode �i�h��iste �e fit peut-être pas grand bruit dans le Haut-Maine ? En fait, ce qui troubla davantage les professeurs du Mans était la

�o�t�e de l�i����dulit� e� F�a��e et da�s la p�o�i��e. La Co�g��gatio� de l�O�atoi�e de J�sus faisait face à des écrivains, à des intellectuels et à une opinion de plus en plus érudite qui remettaient en cause tout ce que la science ne pouvait pas démontrer dans le christianisme : les �i�a�les, l�â�e, la ��su��e�tio�. Les p�ofesseu�s �o�stataie�t �ue la d��h�istia�isatio�

était bien implantée au Mans. Les enseignants, malgré la foi chevillée à leur esprit, pouvaient-ils �esse�ti� �o��e u� ��he� leu� �issio� de pasteu� de l�Eglise ? La laïcisation de l�O�atoi�e i�posait-elle de fait l�a��eptatio� de la li�e�t� de pe�s�e �ui se �a�ifestait da�s la littérature des Lumières ? En 1792, les trois enseignants de l�E�ole �e�t�ale du Ma�s, a��ie�s o�ato�ie�s laï�s, fu�e�t �o��e�tis à l�ath�is�e. Le �oll�ge de l�O�atoi�e du Mans disparaissait définitivement avec la Révolution.

L�a�a�t de��ie� poi�t pou� �ette dernière période porta sur les difficultés financières

�ue �e��o�t�a l��ta�lisse�e�t s�olai�e. Cette �uestio� de�i�t politi�ue lo�s�ue le sup��ieu�

demanda un soutien actif au présidial. Comment les supérieurs devaient-ils concilier la baisse des effe�tifs, les fai�lesses d�u� s�st��e ��o�o�i�ue i�p���isi�le, et des investissements immobiliers scolaires nécessaires ? Les solutions préconisées, à la fois fiscales et structurelles, furent très modernes et annoncèrent les réformes de la période révolutionnaire.

Nous le �e��o�s, �e ��est pas ���� �ui fut l�a���e ��u�iale pou� le �oll�ge du Ma�s.

Malgré quelques acteurs de la Révolution soucieux de défendre les intérêts, financiers surtout, des Oratoriens du Mans, il était impossible de sauver la Congrégation. En fait, tout se joua en janvier 1791. Les enseignants, prêtres dans leur majorité, engagèrent

45

le collège dans une opposition nationale en refusant le serment de la Constitution civile du Clergé. Dès lo�s, le p�o�essus d�e��lusio� de �es i�sermentés et donc de la fermeture du « collège- séminaire » se �ettaie�t e� pla�e. Le �oll�ge ���tait plus �u�u� �o�ps i��o�ilie�

départementalisé, sans les âmes des religieux, prêt à accueillir ceux qui incarnaient la

nouvelle politique éducative nationale �oulue pa� l�Asse��l�e �o�stitua�te.

(16)

11

Un grand diocèse

Premier ordre du royaume, le clergé occupait, notamment grâce à son rôle d�i�te��esseu� e�t�e les ho��es et le �o�de di�i�, u�e pla�e p��po�d��a�te à tous les niveaux de la so�i�t�. À la �eille de la ‘��olutio�, l�Église de F�a��e �tait o�ga�is�e e� plus de cent trente diocèses. Ces derniers différaient grandement par le nombre de leurs paroisses

46

. Les p�ofesseu�s du �oll�ge de l�O�atoi�e du Ma�s eu�e�t u�e i�flue��e intellectuelle, spirituelle et éducative dans quasiment tous les diocèses de France et du royaume. Elle dépassa donc de loin les limites de la capitale du Haut-Maine.

Ce diocèse occupait toute la partie septentrionale de la province ecclésiastique de Tours

47

et ses frontières se calquaient sur celles de la province du Maine. Avec 10 935 km2 et ��� �u�es, il �tait t��s �te�du, l�u� des plus g�a�ds de F�a��e. Il tou�hait, au �o�d, au�

����h�s de S�es, Ba�eu� et A��a��hes, à l�Ouest à �elui de ‘e��es, au sud à �eux de Tours et A�ge�s, à l�est à �elui de Cha�t�es, depuis sa ���atio� à la fi� du XVII

ème

siècle, et à celui de Blois. La province du Maine était donc un carrefour entre Normandie et Anjou ou Touraine, entre Bretagne et plaines beauceronnes, une zone de passage entre le bassin parisien et les pa�s de l�ouest ou le �al lig��ie�

48

. Ces dista��es ��eff�a���e�t ja�ais les e�seig�a�ts de l�O�atoi�e du Ma�s �ui fu�e�t a�e��s à se d�pla�e� ��guli��e�e�t d�u� �ta�lisse�e�t scolaire à un autre, pas seulement dans le grand Ouest, mais aussi dans toute la France.

Capitale du Haut-Mai�e, le Ma�s �ele�ait sous l�A��ie� ‘�gi�e de la g����alit� de Tou�s et �tait le si�ge d�u�e �le�tio�, d�u�e s����hauss�e, et d�u� p��sidial

49

qui se montra très soucieux de protéger le collège manceau lors des périodes houleuses du XVIII

ème

siècle.

L�a�ti�it� ��o�o�i�ue s�appu�ait su� l��ta�i�e de lai�e, la toile, la �i�e et �ougie, la tannerie et le cuir. Estimée à moins de 14 000 individus à la fin du XVII

ème

siècle, la ville comptait 16 250 habitants en 1764 et 18 500 au début du siècle suivant

50

. Cette importante

��olutio� d��og�aphi�ue ��e�p��ha pas le �oll�ge du Ma�s de �o��aît�e u�e assez fo�te baisse de ses effectifs tout au long du XVIII

ème

siècle.

45 Individuellement ou collectivement ?

46 Philippe Moulis, Le clergé paroissial du diocèse de Boulogne-sur-Mer de 1627 à 1789, introduction, p. 5, 2009.

47 Alex Poyer, Devenir curé dans le diocèse du Mans au 18ème siècle, thèse pour le doctorat de 3ème cycle, Université de Haute-Bretagne II, 1986, p. 26.

48 Sylvie Granger, Musiciens dans la ville 1600-1850, ou��age pu�li� a�e� le soutie� du La�o�atoi�e d�Histoi�e anthropologique du Mans, Dumas-Titoulet, Saint-Etienne, p. 9.

49 Ibid., p. 9.

(17)

12 Les plans anciens du Mans montrent une agglomération structurée autour de l��pe�o� �o�heu� i�itial où do�i�aie�t les pou�oi�s spi�ituels, temporels et éducatifs : la

�ath�d�ale du Ma�s et l�����h�, la �oll�giale Sai�t-Pierre-la-Cou�, l�a��ie� Palais des comtes du Maine où siégeaient le Présidial et le corps de Ville. L�auteu� du pla� de 1696

51

localisait les t�ois �âti�e�ts de l�e�se��le s�olai�e et spi�ituel à sa�oi� le « colège des Prestes de l�o�atoi�e », la �hapelle et l��glise de Sai�t-Ouen

52

, au nord de la �ieille �ille, p�es�u�au� pieds des remparts gallo-romains ; l�g��e�e�t à l���a�t des pou�oi�s du diocèse et de la ville.

Des sources ne permettant pas une prosoprographie

Les sources concernant les professeurs de l�O�atoi�e du Ma�s se so�t ����l�es souvent décevantes. En fait, il nous a �a��u� l�esse�tiel pou� �a�o�te� la p�ati�ue pédagogique et le contenu des cours des professeurs du Mans : les cahiers des élèves nous o�t fait ��uelle�e�t d�faut. He��i Cha�do�, l�ancien maire de Marolles-les-Braults, en a possédés une collection. Et les affiches annonçant les thèses et les exercices publics ne présentent que des condensés des sujets abordés. Cela ne nous a pe��is �ue d�es�uisse�

l���olutio� de l�e�seig�e�e�t do��� au collège. De plus, notre incapacité à comprendre le latin nous a empêchés d��tudie� les th�ses soutenues par les étudiants en philosophie.

Les Archives départementales de la Sarthe abritent un nombre important de documents classés dans la série D : Instruction publique, Sciences et Arts-Université, Facultés, Collèges, Sociétés académiques. Nous disposons, en premier lieu, de trois registres contenant des informations générales sur la gestion de cet établissement. Le premier

53

, englobant trois cent deux feuillets, inventorie les titres et les papiers du collège aux XVII

ème

et XVIII

ème

siècles. Le second

54

est un recueil de cent sept feuillets comportant les titres de propriété des terrains où sont situés les bâtiments et les enclos du collège (1583-1788). Enfin le troisième

55

renferme toutes les amendes et remontrances enregistrées entre 1621 et

50Ibid., p. 9.

51 Plan de la ville du Mans en 1696. AD 72 : 1Fi 133 (en annexes).

52 André Bouton, Le Mai�e, Histoi�e ��o�o�i�ue et so�iale, XVII��e et XVIII��e si��les. L�ad�i�ist�atio� de l�A��ie� ‘�gi�e, ses �lasses so�iales-ses misérables, 3ème édition, Mayenne, 1972, page 251.

53 A. D. 72 D Additif 27.

54 A. D. 72 D Additif 28.

55 A. D. 72 D Additif 29.

(18)

13 1657

56

. Cet e�se��le do�u�e�tai�e �o��e��e da�a�tage l�histoi�e ��o�o�i�ue du �oll�ge qui a connu de nombreuses difficultés financières au XVIII

ème

siècle.

Gaëlle Saulin a étudié les élèves en analysant la série Additif D : les catalogues

57

des étudiants. Cette série nous a permis de dresser une liste de régents et des supérieurs entre 1660 et 1780. Les registres de la seconde moitié du XVIII

ème

siècle contiennent également quelques informations très utiles sur la vie scolaire : des thèses, des manifestations pu�li�ues, les ju�il�s, les �o�f��e��es, les �isites…La M�diath��ue Louis A�ago� du Ma�s

�o�se��e d�i�po�ta�tes sou��es aussi �a�i�es �u�i�po�ta�tes : onze thèses, cinq représentations théâtrales, vingt-quatre exercices littéraires ou académiques, des règlements pour les élèves, mais aussi différents textes concernant le dernier jansénisme

58

. Les Archives diocésaines possèdent de nombreux documents, non cotés, disparates : surtout des baux, une copie du testament du professeur de rhétorique de Lamy, Jules Mascaron. La

�i�lioth��ue dio��sai�e de l�Etoile, �ie� fou��ie, �e�fe��e des te�tes de se�o�de �ai�, des affi�hes, l�e�se��le concernant davantage la fin du XVIII

ème

siècle et la période révolutionnaire.

Qua�t au� A��hi�es de l�O�atoi�e de F�a��e, nous aurions apprécié de pouvoir les

�o�sulte�. Mais elles so�t fe���es au� �he��heu�s depuis plus de si� a�s. L�a��hi�iste a��epte seulement, avec parcimonie, de communiquer des documents indispensables et clairement d�sig��s pa� le �he��heu�. D�s la fo�datio� de l�O�atoi�e e� ����, les sou��es �a�us��ites ont été soigneusement conservées : listes d�asse��l�es, les �o�ptes rendus de visites des maisons

59

, sermons, correspondances

60

, mais aussi tous les livres écrits par les Oratoriens. La Révolution et les confiscations napoléoniennes entraînèrent, en plus de la dissolution de l�O�atoi�e de F�a��e, la dispe�sio� d�u�e pa�t i�po�tante des fonds anciens, entre les A��hi�es �atio�ales et diff��e�ts fo�ds d�a��hi�es �u�i�ipales et d�pa�te�e�tales. Ap��s la restauration du nouvel Oratoire par le Père Joseph Gratry en 1852, il fallut attendre la fin du XIX

ème

siècle pour que les archives qui avaient pu être sauvegardées soient explorées et classées de façon méthodique.

56 Gaëlle Saulin, Le �oll�ge de l�O�atoi�e du Ma�s et ses �l��es �����-1792), M��oi�e de Maste� d�Histoi�e sous la direction de Didier Boisson, Université du Maine, p. 3, Juin 2005.

57 A. D. 72, D Additif 1 à 9.

58E�positio� de la do�t�i�e de l�Eglise su� les �e�tus �h��tie��es �o�t�e les a�ti�les �ue Mo�sieu� l�E���ue du Mans a fait sig�e� au� P��es de l�O�atoi�e, 1776, Maine 8*205.

59 Le collège du Mans, comme ceux de toute la congrégation, fut visité tous les trois ans.

(19)

14 Les premiers travaux de classification des archives furent entrepris par Augustin Ingold (1852-1923), bibliothécaire de la congrégation

61

. Nos recherches se sont également appu��es su� �uel�ues dossie�s �i�liog�aphi�ues �a�us��its d�E�ile Bo��a�det. Ses fi�hes comprennent de nombreuses indications

62

sur presque tous les Pères et confrères de l�a��ie� O�atoi�e.

A�tuelle�e�t, les A��hi�es de l�O�atoi�e sont partagées entre un fonds ancien (1611- Révolution) et un fonds moderne (depuis 1852). Cette organisation est valable pour la bibliothèque, qui regroupe non seulement tous les livres écrits par des oratoriens, mais aussi les travaux universitaires et les publications �o��e��a�t l�O�atoi�e et les O�ato�ie�s. Elle s�appli�ue au� a��hi�es p�op�e�e�t dites, �ui so�t o�ga�is�es e� t�ois s��ies : les Pères, les Maisons, la vie de la Congrégation et, à part, les dossiers Bonnardet

63

.

Le �oll�ge du Ma�s �’a pas laiss� indifférent

Le �oll�ge du Ma�s ��a �t� �ue pa�tielle�e�t �tudi�. Les p�i��ipales �e�he��hes datent de la fin du XIX

ème

siècle et de la première décennie du XX

ème

siècle. Didier Rebut fut le p�e�ie� à s��t�e attel� à �ette tâ�he e� ����

64

. Ses travaux portaient sur les différentes manifestations qui se déroulèrent au collège. Ils énuméraient de nombreux faits par ordre chronologique : les représentations théâtrales, les exercices publics et les distributions de prix. En 1903, il dressa la liste de tous les lauréats de la fin du XVIII

ème

siècle

65

.

E� ����, l�a��� ‘ee� pu�lia u�e �oti�e su� le �oll�ge du Ma�s

66

, nécessaire pour a�o�de� l�histoi�e des p�ofesseu�s de l�O�atoi�e du Ma�s. Da�s u� p�e�ie� te�ps, il ��digea u�e s��th�se histo�i�ue de l��ta�lissement depuis sa ���atio� e� ���� jus�u�à l�a��i��e de la

�o�g��gatio� de l�O�atoi�e e� ����. Da�s u� se�o�d te�ps, il o�ie�ta so� �tude su� la

60 Pierre de Bérulle, œu��es �o�pl�tes, Co��espo�da��e, trois volumes (1-205 ; 206-442 ; 442-615), Blandine Delahaye, Michel Dupuy, Paris, Cerf, 2011.

61 Augustin Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, Paris, 1880 ; suivi par Bibliothèque oratorienne, entre 1882 et 1887, Paris, 1887.

62 Parfois avec des erreurs.

63 http://www.oratoire.org/?/aujourd-hui/Les-Archives/

64 Didier Rebut, « Le �oll�ge de l�O�atoi�e du Ma�s », Bulletin de la S.A.S.A., tome 36 (1898), pages 237-276 et pages 420-444.

65 Didier Rebut, « Lauréats du collège-s��i�ai�e de l�O�atoi�e du Ma�s », Bulletin de la S.A.S.A., tome 39 (1903), pages 51-140.

66 Abbé Reeb, « Le Collège-s��i�ai�e du Ma�s de l�O�atoi�e du Ma�s �����-1791) », Revue historique et archéologique du Maine, tome 70 (1911), pages 5-35 et 127-166.

(20)

15 p�dagogie et la dis�ipli�e. Les t�a�au� de l�a��� ‘eeb demeurent encore les plus complets.

Ils fu�e�t app�ofo�dis et �o�pl�t�s pa� le se���tai�e de l�Asso�iatio� des A��ie�s �l��es du lycée Montesquieu, Monsieur Vivet, qui les propose au public via le site très fourni de l�asso�iatio�

67

. En 1926, Robert Triger consacra un long chapitre de son ouvrage

68

à la topog�aphie et à l�a��hite�tu�e du �oll�ge.

Le Ma�s ��a pas ��happ� à l�i��e�tai�e e�haustif, �igou�eu� et utile, des collèges français de Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia

69

. L�a�a�t-dernière étude e�t�ep�ise est l�œu��e

70

de Jacky Bouvet, Jacques Chaussumier et Jean-Pierre Delaperelle qui ont pass� e� �e�ue ��� a�s d�histoi�e de l�a�tuel lycée Montesquieu. Mais quelques bonnes pages seule�e�t �o��e��e�t l��po�ue �ode��e

71

. L��tude la plus ���e�te est donc le M��oi�e de Maît�ise de Gaëlle Sauli� �ui, sous la di�e�tio� de Didie� Boisso�, s�est su�tout intéressée aux écoliers.

Not�e �tude su� les p�ofesseu�s de l�O�atoi�e du Ma�s �e pou�ait se �o�te�te� des sources locales. En effet, la création, le développement et les difficultés du collège oratorien du Haut-Maine se sont inscrits dans des problématiques à la fois politiques, religieuses et spi�ituelles de l�A��ie� ‘�gi�e. Les p��es de l�O�atoi�e, des pe�seu�s et des i�telle�tuels,

��o�t ja�ais h�sit� à p�e�d�e pa�ti da�s les diff��e�tes �ue�elles p�dagogi�ues et �eligieuses de cette période, notamment entre les jansénistes et les Jésuites. La bibliographie est donc importante, parfois orientée.

Un contexte historiographique

L�histoi�e de l�e�seig�e�e�t se�o�dai�e f�a�çais a �t� �ajo�itai�e�e�t ���ite e�t�e 1880 et la Seconde Guerre mondiale

72

; elle a privilégié les aspects institutionnels et la forme monographique. Parmi les meilleures réussites du genre, citons : Gustave Carré, l�E�seig�e�e�t se�o�dai�e à T�o�es du Mo�e� Âge à la ‘��olutio�, Paris, Hachette, 1888 ;

67 http://montesquieu.lemans.free.fr

68 Robert Triger, Etudes historiques et topographiques sur la ville du Mans, Le Mans, 1926, pages 1-56 et pages 205-239.

69 Marie-Madeleine Compère et Dominique Julia, Les collèges français (XVIème-XVIIIème siècle) : France du No�d et de l�Ouest (tome 2), Pris, C.N.R.S., 1984, pages 411-422.

70 Jacky Bouvet, Jacques Chaussumier et Jean-Pierre Delaperelle, Du �oll�ge de l�O�atoi�e au l���e Montesquieu : ��� a�s d�e�seig�e�e�t au Ma�s, Le Mans, 2003, pages 7-25.

71Gaëlle Saulin, Ibid., p. 3.

(21)

16 Gustave Dupont-Ferrier, Du collège de Clermont au lycée Louis-Le-Grand (1563-1920)

73

; Jules Quicherat, Histoire de Sainte-Barbe. Collège, communauté, institution

74

; et enfin Camille De Rochemonteix, Un collège de Jésuites aux XVIIème et XVIIIème siècles. Le collège Henri IV de la Flèche

75

.

Le renouvellement de cette histoire peut être attribué à deux pionniers : Le Père François de Dainville a, le premier, abordé la sociologie des élèves dans deux articles parus en 1955 et 1957 dans la revue Population �l�e�se��le de ses a�ti�les a �t� �asse��l� e�

1978 sous le titre, L�Edu�atio� des J�suites, XVI��e-XVIIIème siècles

76

) ; Philippe Ariès a i�t�g�� la s�ola�isatio� da�s l���olutio� g����ale du se�ti�e�t à l��ga�d de l�e�fa��e

77

. En effet, le jésuite François de Dai��ille off�it au� sp��ialistes de l�histoi�e de l��du�atio� des

��po�ses esse�tielles su� l�o�igi�alit� du s�st��e de l�e�seig�e�e�t f�a�çais sous l�A��ie�

Régime. Il mena une étude très poussée sur les fondations des collèges jésuites pour constate� l�i�pli�atio� assez fo�te des �u�i�ipalit�s, su�tout da�s les �illes de �agist�atu�es, parlements et présidiaux ; et �eau�oup �oi�s da�s les �illes de �o��e��e. L�aut�e i�t���t des a�ti�les de F�a�çois de Dai��ille po�ta su� l�a�al�se de la �o�phologie sociale des élèves.

L��tude fut �ou�elle et e�hausti�e. L�ou��age de Philippe A�i�s �i�t �o�pl�te� les a�ti�les du j�suite. E� effet, l�histo�ie� s�est ��ig� e� so�iologue de l��du�atio� e� p���t�a�t da�s le monde de l�e�fa��e. Philippe A�i�s a mis en évidence une certaine méfiance des bourgeois pour des collèges qui pouvaient fournir « t�op d�i�telle�tuels » et « pas assez de travailleurs manuels ».

Le �ou�a�t �� da�s le sillage de �es deu� œu��es a p�oduit u�e �ou�elle historiographie dont nous retenons ici quelques ouvrages de portée générale. Willem Frijhoff, Dominique Julia, dans E�ole et so�i�t� da�s la F�a��e d�A��ie� ‘�gi�e

78

, comparèrent la sociologie très fine du recrutement de quatre collèges

79

aux XVII

ème

et XVIII

ème

siècles. Ils constatèrent une corrélation entre taux de scolarisation et hiérarchie

72 Du collège au lycée (1500-�����, g���alogie de l�e�seig�e�e�t se�o�dai�e f�a�çais présentée par Marie- Madeleine Compère, Collection archives, dirigée par Pierre Nora et jacques Revel, Paris, 1985, pages 271-273.

73 Paris, trois tomes publiés de 1921 à 1925.

74 Paris, publié de 1860 à 1864 ?

75 Le Mans, 1889, 4 tomes.

76 Paris, Editions de Minuit, 1978, 570 p.

77 Philippe Ariès, L�E�fa�t et la �ie fa�iliale sous l�A��ie� ‘�gi�e, 1re édition, Plon, 1960 ; 2ème édition, Le Seuil, 1973.

78 Paris, Armand Colin, 1975.

79 Le �oll�ge j�suite d�Au�h, �elui de l�O�atoi�e de Co�do�, l��ta�lisse�e�t des P��es de la Do�t�i�e �h��tie��e à Avallon et enfin un collège tenu par des séculiers à Gisors.

(22)

17 so�iale. Leu�s �a�tog�aphies et leu�s statisti�ues fu�e�t d�u� p���ieu� �e�ou�s. Robert Chartier, Marie-Madeleine Compère, Dominique Julia, dans L�Edu�atio� e� F�a��e du XVIème au XVIIIème siècle

80

, et da�s l�Histoi�e g����ale de l�e�seig�e�e�t et de l��ducation en France

81

, p��se�t��e�t a�e� �la�t� les �o��aissa��es a��uises su� l�e�seig�e�e�t des t�ois siècles concernés avec, toujours, une approche sociologique et anthropologique. Leurs études permirent de constater des nuances entre une France du Nord et de l�Est i�st�uite et u�e F�a��e de l�Ouest et du Sud �oi�s alpha��tis�e. Les histo�ie�s o�t �gale�e�t �o�stat�, et �ous le �e��o�s pou� le �oll�ge du Ma�s, �ue l��du�atio� de�ait �t�e �o�fi�e �oi�s à des fa�illes �u�à des i�stitutio�s sp��ialis�es. Le �oll�ge du Ma�s s�ad�essait, d�s ����, à tous les enfants du Mans et du Haut-Maine, de la ville comme ceux de la campagne. Le système éducatif devenait ainsi un système de masse, où, surtout au XVIII

ème

si��le, il ��� a�ait pas forcément de place pour une concurrence.

L�histoi�e de la p��iode post��ieu�e à la ‘��olutio� s�i�t��esse da�a�tage au� aspe�ts politi�ues et i�stitutio��els. C�est e� pa�ti�ulie� le �as de Maurice Gontard, dans E�seig�e�e�t se�o�dai�e e� F�a��e de la fi� de l�A��ie� ‘�gi�e à la loi Falloux, 1750-1850

82

. L�histo�ie� donne à profusion des informations précises puisées le plus souvent dans des ouvrages anciens reprenant des problématiques antérieures à Dominique Julia. Par exemple, le �o�flit e�t�e les hu�a�it�s et les dis�ipli�es s�ie�tifi�ues ���tait pas �ou�eau.

L�i�t�odu�tio� à �ette histoi�e �o�te�po�ai�e la plus utile pou� �o�p�e�d�e la

�aissa��e de l�E�ole Ce�t�ale de la Sarthe (1795-1803), demeure le livre d�A�toi�e P�ost, Histoi�e de l�e�seig�e�e�t e� F�a��e, ����-1967

83

. L�histo�ie� offre l�e�e�ple d�u�e excellente synthèse universitaire : bilan historiographique, données statistiques, perspective neuve grâce à une vision synthétique des évènements et des informations. Il analyse la s��ula�isatio� p�og�essi�e de l��du�atio� �ue �ous a�o�s �o�stat�e pou� le �oll�ge du Ma�s.

L�histoi�e des �o�g��gatio�s e�seig�a�tes ali�e�te toujou�s u� �ou�a�t de publications qui sont fondées sur une documentation large et précise

84

et sur laquelle il nous a fallu nous appuyer. Pierre Delattre, avec Les établissements des Jésuites en France depuis

80 Paris, Sedes, PUF, 1976.

81 Paris Nouvelle librairie de France, 1981, 4 volumes. Deux tomes concernent plus particulièrement notre période : tome 2, De Gutenberg aux Lumières, 1480-1789, par François Lebrun, Jean Quéniart et Marc Venard ; tome 3, De la ‘��olutio� à l�E�ole �épublicaine, 1789-1930, par Françoise Mayeur.

82 Aix-en-Provence, Edisud, 1984.

83 Paris, Armand Colin, Collection U, 1968.

84 Du collège au lycée, Ibid., p. 272.

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