U�e �uestio� s�i�pose: les p��es de l�O�atoi�e �taient-ils de bons gestionnaires,
sages, et prévoyants ? L�o�je�tif d�u� �oll�ge �tait avant tout d�offrir aux nombreux élèves
des conditions matérielles et immobilières permettant un travail studieux.
E� ����, lo�s de la ���atio� de l�Oratoire, les contextes politiques et économiques
étaient complètement différents. Pierre de Bérulle et ses compagnons pouvaient se lancer
da�s l�a�e�tu�e �du�ati�e des jeu�es et futu�s p��t�es sa�s ��ai�e�t se soucier des aspects
temporels. Le réseau du fo�dateu� de l�O�atoi�e, a�e� les Jo�euse, les Beau�a�oi�, les
Acarie, était suffisamment puissant et solide pou� �o�solide� so� œu��e et �te�d�e la
congrégation en France. Il était un puissant vecteur financier. Ainsi, le père de Bérulle,
pressé par la nécessit� d��te�d�e so� i�flue��e �du�atif, a��epta de �o���euses fo�datio�s
insuffisamment dotées. Cependant, la plupart des établissements dont celui du Mans
avaient duré grâce à la vie austère des Oratoriens. Et le statut de prêtre leur permettait, le
cas é�h�a�t, de s�o�t�o�e� les �e�e�us d�u�e �u�e. Mais, à pa�ti� de ����, l�aug�e�tatio�
p�og�essi�e des laï�s, �o� pou��us d�u�e pe�sio�, �e�ettait e��uestio� la gestio� fi�a��i��e
459 Daniel Aris, op. cit., p. 345.
460 A.N., M 229.
461 Sans les frais supplémentaires.
462 Ibid.
463Mémoire du supérieur du collège, 1768-1771, Archives Nationales, M 226 ; publié avec une date erronée (1788) 41 p. 52-53.
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des établissements. En 1791, un M��oi�e pou� les �e���es de l�O�atoi�e le confirme : « il
est vrai que leurs prédécesseurs étaient riches
464, & ont contribué à la dotation des
établissements de cette société
465». Cependant, le collège du Mans ne fut jamais réputé
pour être un établissement richement doté. Concernant le quatrième supérieur,
Jean-Baptiste Gault, Louis Batte�el �a�o�te u�e a�e�dote �ue l�historien o�ato�ie� ��est pas loi�
d�assi�ile� à u� �i�a�le. Jean-Baptiste Gault (1633-1635) fut le quatrième supérieur du
collège du Mans. Il fut, nous le verrons, un proche du milieu janséniste. Il a imposé à la
Maison mancelle une vie ascétique comme celle des Solitaires de Port-Royal des Champs, en
se consacrant à la prière et aux pauvres
466: « �uoi�u�elle fut pau��e, il ��e� �tait pas �oi�s
libéral à fournir la subsistance des misérables. Il prétendait par-là lui rendre service et attirer
les bénédictions de Dieu sur elle
467». Après un moment de recueillement spirituel devant le
Saint-Sacrement
468, u� g����eu� do�ateu� a�o���e fit u� do� à l��ta�lisse�e�t. « Il en
�p�ou�a plus d�une fois les effets se�si�les, �a�, ��a�a�t plus de quoi nourrir ceux de sa
�aiso�, à fo��e de l�a�oi��puis�e pa� ses au�ô�es, il fut o�lig� u� jou� de s�alle� �ett�e e�
prière devant le Saint-Sacrement pour exposer à Jésus-Christ ses nécessités. On vint l�e� ti�e�
pour lui di�e �u�u� i��o��u le de�a�dait à la porte ; et il vit un homme qui lui apportait une
cinquantaine d���us, sa�s �ouloi� lui di�e d�où ils �e�aie�t. Ce qui lui arriva une seconde fois,
presque en pareil cas, où la somme fut même plus considérable
469». Les jansénistes
utilisèrent parfois « la grâce des actes inconnaissables
470» pour légitimer leurs actions. Ce
petit miracle financier
471��eut �ie���ide��e�t pas l�a�pleu� du �i�a�le de la Sai�te-Epine
qui, un peu plus de vingt ans plus tard, e��a�s ����, gu��i�a, d�u�e fistule pu�ule�te à l�œil,
la jeune Marguerite Périer, nièce de Pascal. Tout juste ces deux dons financiers pouvaient-ils,
464 Le P. de Gondy, le P. Thiersault, le P. de Sancy, le P. de Chavigny, le P. de Monchy avaient abandonné à l�O�atoi�e u�e pa�tie de leu� fo�tu�e. Le P��e I�gold, « L�Oratoire et la Révolution », Revue de la Révolution, Paris, janvier 1883, p. 285.
465M��oi�e pou� les �e���es de l�O�atoi�e, 1791, p. 2.
466 Norbert Rouland : « au départ le jansénisme est une question purement théologique sur les rapports entre grâce, liberté et prédestination. Mais il y a un côté politique : pour les Jansénistes, la charité est supérieure à la politique ». Norbert Rouland, L�Etat f�a�çais et le plu�alis�e, Histoi�e politi�ue des i�stitutio�s pu�li�ues de ���
à 1792, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 245.
467 Louis Batterel, M��oi�es do�esti�ues pou� se��i� à l�histoi�e de l�O�atoi�e, les P��es de l�O�atoi�e
recommandables par la piété ou par les lettres qui ont vécu sous Mgr le Cardinal de Bérulle, publié par A.-M.-P. Ingold, Paris, 1902, p. 111.
468 Le supérieur du Mans appartenait à la Compagnie du Saint-Sacrement. Daniel Dessert, op. cit., p. 85.
469Ibid., p. 111.
470 Jacques Attali, Blaise ou le génie français, Paris, Fayard, 2000, p. 274.
471 Le Père Louis Batterel ne cite pas ses sources. Un procès en béatification eut lieu afin de canoniser Jean-Baptiste Gault. Et il fallait un miracle pour que le procès puisse aboutir.
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au Mans, marquer quelques esprits superstitieux ! Mais, selon les critères de l�Eglise, ils
étaient bien insuffisants pour permettre la canonisation de l�a��ie� sup��ieu�.
Dans la deuxième moitié du XVII
èmesiècle, la situation financière au Mans se
compliquait davantage. Les i��estisse�e�ts et les �o�st�u�tio�s s�i�posaie�t durant cette
période florissante, lo�s�ue l��ta�lisse�e�t �o�pta jus�u�à ��� �l��es e� ����
472et
lo�s�ue les effe�tifs tou��aie�t e��o�e��e autou� de ����oll�gie�s jus�u�au p�e�ie��ua�t
du XVIII
èmesiècle. A partir de 1718, les effectifs progressivement s�érodèrent pour parvenir à
236 étudiants en 1788. Malgré tout, les Pères, au milieu du XVIII
èmesiècle, continuèrent
d�a�o�d d�i��esti� da�s de �ou�eau� �âti�e�ts, tout e� pou�sui�a�t la �estau�atio� des
anciens locaux, et ensuite de poursuivre les achats de biens fonciers, tarissant rapidement
les ressources des « V����a�les P�est�es de l�O�atoi�e
473». Ce fut trop de charges
accumulées pour le collège du Mans. Les appels au clergé à la ville et même au Conseil du roi
pou� t�ou�e� des fo�ds fu�e�t ��gulie�s. Et il ��est pas impossible que les accords des
différentes autorités pour subvenir aux besoins des Pères oratoriens aient été assujettis à un
tacite renoncement de certains professeurs aux idées jansénistes ou richéristes dans la
deuxième partie du XVIII
èmesiècle. Néanmoins, aucun document ne permet de valider cette
hypothèse. Toujours est-il �u�en novembre 1789, Le dernier supé�ieu� de l�O�atoi�e, François
Moissenet, devait être soulagé par la nationalisation des bâtiments scolaires appelés à
devenir, par la suite, l�E�ole Ce�t�ale de la Sa�the pou� l��du�atio� des t��s jeu�es �itoyens.
2.5 Les recettes et les dépenses
Trois documents nous permettent de dresser une évaluation précise des charges. Le
compte-rendu du père Pierre de Moissey en 1667, le rapport de Joseph Marie Terray en
1762 et un inventaire des biens en ����. L�auteu� du te��ie��tait surtout préoccupé par les
recettes, moins que par les frais de fonctionnement. Les dernières pages du manuscrit nous
offrent un bilan comptable sur plusieurs postes pour la période de 1642 à 1711. Nous
écarterons, ici, les très lourdes charges liées aux constructions et restaurations de la chapelle
et des bâtiments évoquées dans le troisième chapitre.
472 Gaëlle Saulin, op. cit., p. 10