HAL Id: jpa-00206488
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Variation thermique du paramagnétisme de Pauli : carbones prégraphitiques
P. Delhaes, A. Marchand
To cite this version:
P. Delhaes, A. Marchand. Variation thermique du paramagnétisme de Pauli : carbones prégraphi-
tiques. Journal de Physique, 1967, 28 (1), pp.67-74. �10.1051/jphys:0196700280106700�. �jpa-
00206488�
VARIATION
THERMIQUE
DUPARAMAGNÉTISME
DE PAULI :CARBONES
PRÉGRAPHITIQUES
Par P. DELHAES et A.
MARCHAND,
Département de Chimie Physique et Institut de Magnéto-Chimie, Faculté des Sciences de Bordeaux.
Résumé. - Les carbones
prégraphitiques
constituent une famille de solides caractérisés par une bande de valence 03C0 presque entièrementremplie.
Le niveau de Fermi étant trèsproche
du sommet de la bande de valence, on observe, par Résonance
Paramagnétique Électronique,
en fonction de la
température
de mesure, une variation duparamagnétisme
de Pauli dont l’alluredépend
de la structurecristallographique
du carbone considéré.L’interprétation
de ceparamagnétisme,
dans le cadre d’un modèle, permetd’approfondir
les caractères essentiels des bandesd’énergie électronique
et de suivre leur évolution au cours de lagraphitation.
L’étude du
paramagnétisme
dû auxporteurs
decharges apparaît
ainsi comme une voie inté-ressante pour connaître la structure
électronique
de certains solides.Abstract. 2014
Pregraphitic
carbons are carbons which have notundergone
thecomplète
transformation,through
heat-treatment, intographite.
This class of solids, where the Fermi level is very close to thetop
of the 03C0 valence band, exhibits atempérature dependent
Pauliparamagnetism,
which can be studiedby
means of electronspin
resonance. The variation of the Pauliparamagnetism
withtemperature
isqualitatively
andquantitatively dependent
on the
crystal
structure of the carbons. Aninterpretation
of theexpérimental
data,making
use of a suitable band structure model, leads to a better
understanding
of the main featuresof the electronic energy bands ; their
changes during
the course of thegraphitization
processcan also be studied.
Investigation
of the freecharge
carrierparamagnetism
thus appears to be aninteresting approach
to theexpérimental
détermination of the electronic band structure of some solids.Des
1927,
Pauli[1]
avaitpr6vu
1’existence et avait 6tudi6l’importance
d’unparamagn6tisme
du auxporteurs
decharges
libres dans les solides conducteurs.Un peu
plus tard,
Landau[3]
montraqu’il
y atoujours
coexistence de contributions
diamagn6tique
et para-magnetique
dans lasusceptibilite
d’un gaz d’61ectrons libresr6gis
par lastatistique
de Fermi-Dirac. Mais les m6thodes habituelles de mesure dumagn6tisme
nepermettent
d’obtenir que lasusceptibilite magnetique
totale du
solide;
c’est seulementgrace
a la ResonanceParamagn6tique Electronique
que l’on peut atteindre leparamagn6tisme
lie aux electrons de conductionqui,
engeneral,
est de faibleimportance
et inferieurau
diamagn6tisme,
ce dernierprovenant
simultan6-ment des electrons
lies,
appartenant aux couches internes des atomes, et des electrons de conduction.Apr6s
lapremiere
mise enevidence,
parR.P.E.,
du
paramagn6tisme
de Pauli(Griswold, Kip
etKittel
[2]),
de nombreusesinvestigations
ont ete effec-tu6es sur divers m6taux.
Cependant, parmi
les diff6-rentes
grandeurs
observables(facteur
dedecomposi-
tion
spectrale, largeur
et forme de la raie deresonance, temps
derelaxation...),
peu d’attention semble avoirete
portee jusqu’a present
a la connaissance de la valeur de lasusceptibilite paramagneti que
elle-meme(d6termin6e
par l’intensit6 dusignal
deresonance),
et en
particulier
a sa variation en fonction de latemperature
de mesure. Dans lesmetaux,
le parama-gn6tisme
« de Pauli » est, enpratique, independant
de la
temperature
car latemperature
ded6g6n6res-
cence
To
du gaz d’61ectrons esttoujours
extremementelevee; aussi,
son etudeprésente-t-elle
peu d’int6r6t.Au
contraire,
dans les carbones et legraphite,
le gaz d’electrons 7r n’est pascompl6tement d6g6n6r6 (To
estde l’ordre de 300
°K) .
Cette situationexceptionnelle,
due au caract6re
semi-métallique
dugraphite,
nousa
permis
d’observer unparamagnetisme
de Paulivariant avec la
temperature
de mesure etdependant
de la structure
cristallographique
du carbone consid6r6.L’interprétation
des resultatsexperimentaux exige
un mod6le
repr6sentant
la variation de la densite des niveaux en fonction de1’6nergie electronique.
Dansle cas des carbones
prégraphitiques,
il semble malheu-reusement
qu’aucun
des modelesproposes jusqu’h present
ne soit satisfaisant[30].
Nous montreronsn6anmoins,
en utilisant l’un de ces modeles a titreArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0196700280106700
68
d’exemple,
commentl’interpr6tation
de la variationthermique
duparamagn6tisme
de Pauli permet depr6ciser
lescaractéristiques
du mod6le utilise.Avant de
presenter
les faits essentiels de cetteétude,
nous allons
rappeler quelques
resultats ant6rieursrelatifs a la «
graphitation
», c’est-A-dire a la transfor-mation,
sous 1’effet de latemperature,
d’un carboneamorphe
engraphite.
I.
Graphitation
d’un carbone[4].
- Lapyrolyse
d’un
compose organique
donne une substance carbo- nis6equi pr6sente deja
descaractéristiques
semi-conductrices. Mais par traitement a des
temperatures superieures
a 1 000OC,
le carbone «pr6graphitique
»,de nature
amorphe, s’organise progressivement.
Onassiste au
d6veloppement graduel
degrands
ensemblesaromatiques
ou les electrons a assurent la cohesion de 1’edifice mol6culaire et ouchaque
atome de carbonefournit un électron 7t d6localis6 sur toute la surface
graphitique.
Un carbonepeut
alors etre caractérisé par la duree du traitementthermique
et par laplus
haute
temperature
alaquelle
il a ete trait6. Ond6signe generalement
par lesymbole
H.T.T. cetteplus
hautetemperature (mesur6e
en°C) .
Quand
les niveauxd’6nergie
des électrons 7t devien-nent assez nombreux et assez
proches
pour constituerune bande
d’énergie,
lespropri6t6s électriques
etmagn6tiques caractéristiques
d’un solide conducteurapparaissent [4].
Lechangement
decomportement
s’effectue pour la famille de carbones que nous avons6tudi6e, lorsque
H.T.T. est voisin de 1500 OC. C’est a ce moment que l’on constate, parexemple,
ladispa-
rition d’un
paramagn6tisme
ob6issant a laloi, de
Curieet
l’apparition
d’unparamagn6tisme
de Pauli[5].
Différentes etudes
[6], [7], [8]
ont montre que lagraphitation
d’un carbone(dans
le caspresent
cokede brai
[6])
s’effectue en deux stadesprincipaux.
Onobserve d’abord la croissance des
plans graphitiques
constitués de noyaux
aromatiques polycondens6s, puis quand
H.T.T.d6passe 1900 OC,
lesplans graphi- tiques
s’orientent mutuellement et serapprochent
lesles uns des autres. Le carbone tend alors vers la struc- ture
trip6riodique
dugraphite parfait.
Il aegalement
6t6 montre que
plusieurs
facteurs peuvent influencer le processus etqu’en particulier
la duree D du trai-tement
thermique joue
un role considerable[9].
C’estpourquoi
nous avons 6tudi6 les variationsthermiques
du
paramagnetisme
de divers 6chantillons caractérisés par destemperatures
et des dur6es de traitement variables.Apres
avoirpresente
les resultatsexp6ri-
mentaux
obtenus,
nous montreronsquel
genre derenseignements
ilspeuvent
fournirquant
a la nature des bandesd’energie
et a leur evolution au cours du processus degraphitation.
II.
Études expérimentale
ettheorique.
2013 1. RESUL-TATS EXPERIMENTAUX. - Au cours d’un travail
pr6-
cedent
[8],
on avait mesure leparamagn6tisme
a 295 OK d’un ensemble d’6chantillons de cokes de brai
(1)
trait6s a des H.T.T. s’6chelonnant de 1420°a 2 850 °C durant des temps D variant de 10 mn a
10 jours.
Nous avons effectue nos 6tudes en fonctionde la
temperature
sur les 6chantillons lesplus
int6-ressants de cette s6rie
grace
a unspectrom6tre
Va-rian 4 500
equipe
d’une double cavite de resonance et d’undispositif
de variationthermique. Signalons
que la
susceptibilite paramagn6tique
des 6chantillonsa ete de nouveau mesuree a
temperature
ordinaire(2).
FIG. 1. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
para-magnetique
des cokes trait6s a 1 620 OCpendant
1 h 30(no 1),
3 h(no 2),
6 h(no 3)
et 24 h(no 4).
Le tableau I
indique
dansquelles
conditions(valeurs
de H.T.T. et deD)
ont eteprepares
les6chantillons num6rot6s de 1 a 16. Les resultats obtenus
(1)
Cokes debrai
« G.F.E.C. » s6lectionn6s par leGroupe Français d’ftudes
des Carbones.(2)
La substance de reference est du DPPHparfaite-
ment pur et stable
[10].
Laprecision
des mesures desusceptibilite paramagn6tique
varie de 20%
dans lesmeilleurs cas, a 100
%
dans les cas les moins favorables.Les valeurs donnees ici different
parfois 16g6rement
decelles
deja publiees [8].
FiG. 2. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
paramagnetique
des cokes trait6s a 1 720 °Cpendant
1 h 30(no 6),
3 h(no 7)
et 6 h(no 8).
FiG. 3. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
para-magnetique
des cokes trait6s a 1 720 °Cpendant
10 mn
(no 5)
et 24 h(no 9).
FIG. 4. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
para-magnétique
des cokes trait6spendant
1 h 30 a 1 820 OC(no 10)
et 1 920 oC(no 11).
sont classes en deux groupes
correspondant
aux deuxphases
essentielles du processus degraphitation :
- Le groupe A
(1620o H.T.T. ,
1 920oC)
constitue par les carbones
prégraphitiques
nepossedant qu’une organisation
bidimensionnelle[9] [31].
Les
points port6s
sur lesfigures 1, 2,
3 et 4 montrentles resultats relatifs a des 6chantillons
appartenant
àce groupe. En examinant ces
figures,
nous pouvonsconstater l’influence
importante
de la duree D sur la valeur duparamagnétisme
et 1’allure de la variationthermique.
- Le groupe B
(H.T.T.
> 1 920OC) auquel
appar- tiennent les echantillons dont la structure estpartiel-
lement tridimensionnelle
[7].
Leparamagn6tisme
observe
(points indiqu6s
sur lesfigures
5 et6)
estbeaucoup
moins sensible a Ferret de la duree de traitement. La valeur de lasusceptibilite
parama-gn6tique
est voisine de celle dugraphite;
on n’observecependant
pas, en fonction de latemperature
demesure, la
16g6re
croissance mise en evidence parSinger
etWagoner [11]
sur un echantillon degraphite
polycristallin.
70
FIG. 5. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
para-magnetique
des cokes trait6s a 2 030 °Cpendant
1 h 30(no 12)
et 48 h(no 13).
2. PARAMAGNETISME
THEORIQUE
DES CARBONES PRE-GRAPHITIQUES. -
L’expression
de lasusceptibilite paramagn6tique
d’un gaz deporteurs
decharges
libres dans un solide est
[12] :
oii Kp
est lasusceptibilite paramagn6tique
par unite devolume,
{J.B le
magn6ton
deBohr,
f(E)
la fonction de distribution deFermi-Dirac, N(E)
la densite des niveauxd’6nergie electronique
et E
1’6nergie
desporteurs.
Nous constatons immediatement que
l’application
de cette relation necessite la connaissance de la densite des niveaux
d’6nergie
du solide considere. Pour inter-pr6ter
les resultatsexp6rimentaux precedents,
il estdonc necessaire de connaitre la forme des bandes
d’6nergie
dans les carbonesprégraphitiques.
Il y a
quelques ann6es,
Mrozowski[13]
apropose
un modele
qualitatif
danslequel
les carbones appa-FIG. 6. - Variation
thermique
de lasusceptibilite
para-magnetique
des cokes trait6s a 2 230 oCpendant
1 h 30(no 14), 24
h(no 15)
et a 2 850 oCpendant
1 h 30(no 16).
raissent comme des semi-conducteurs
intrins6ques
dont1’energie
d’activation diminuequand
ledegre
degraphitation augmente.
Enreprenant
cettehypothèse,
et en se basant sur un mod6le etabli pour le
graphite
par Slonczewski et Weiss
[14]
etrepris
notammentpar McClure
[15],
Marchand[16]
apropose
unmod6le
phénoménologique pouvant
rendrecompte
de la structureelectronique
de ces corps.Nous allons
rappeler
leshypotheses
fondamentalessur
lesquelles
ce mod6le repose :1° I1 existe un déficit
electronique
dans la bande devalence
provenant
desimperfections
et des dimensionslimit6es du reseau
graphitique.
Le niveau de Fermi(a
0OK)
est situe a unedistance so
au-dessous dusommet de ]a bande de valence
( fig. 7).
En outre, lebas de la bande de conduction et le haut de la bande de valence sont
s6par6s
par une banded’6nergie
inter-dite de
largeur
AE( fig. 7).
Ceshypotheses
sont essen-tiellement celles de Mrozowski
[13].
20 Pour connaitre la densite des niveaux
d’6nergie,
il faut tenir
compte
des interactions existant entre les diff6rents atomes de carbone.Ces interactions sont
repr6sent6es
par les deuxprin-
FIG. 7. - Variation
theorique
de la densite des niveauxen fonction de
1’6nergie electronique,
dans le mod6ledu carbone
turbostratique (C.T).
a)
Cas ou Y1 = 0.b)
Cas ou Y1 =1= 0.La
partie
de la bande de valenceoccup6e
a 0 °Kest hachur6e.
cipaux parametres
suivantsqui, seuls,
dans cetteetude ont ete
pris
en consideration[17] :
Yo : caract6risant les interactions entre atomes de carbone voisins dans un meme
plan ( fig. 8).
y, : caract6risant les interactions entre atomes de carbone voisins dans deux
plans adjacents ( fig. 8).
La
longueur
des liaisons C - C dans unplan graphitique
6tantpratiquement
invariante au cours dela
graphitation,
leparametre
yo demeure constant.Nous 1’avons
pris 6gal
a2,8
eV[15] (3).
Nous savons que le processus de
graphitation
s’effec-tue en deux
6tapes :
durant lapremiere 6tape,
lesplans graphitiques s’organisent individuellement;
Yl demeure voisin de zero et
peut
etreneglige [18].
Ensuite, quand
H.T.T.d6passe 1 900 oC,
lesplans graphitiques
serapprochent
en s’orientant mutuel- lement : lespectre
de diffraction aux rayons X montre1’apparition
de la structure tridimension- nelle[7];
il est alors n6cessaire de tenircompte
de Y1 pour calculer la densite des niveauxd’6nergic
elec-tronique [17].
Ces considerations
permettent
de concevoir unmod6le
qui
fournit larepartition
de la densite des niveauxd’6nergie
dans les deux bandes de valence etde conduction
[16].
Dans ce modele du « Carboneturbostratique » (C.T.),
nousdistinguerons
deux cas :10 Yl = 0 : mod6le C.T. bidimensionnel.
La densite des niveaux est
proportionnelle
a Fener-gie ( fig.
7a),
soit :ou B est une constante
dependant
de yo et des dimensions de la maille cristalline et6gale
àB =
53,4
X 102° cm3 eV-2 en prenant yo =2,80
eV.2°
Yl =I
0 : mod6le C.T. tridimensionnel.On montre
qu’une
relation lin6aire entreN(E)
et E
( fig.
7b) constitue
dans ce cas uneapproximation
satisfaisante
qui permet
de calculer d’une mani6resimple [19] 1’expression
de lasusceptibilite
parama-gn6tique grace
a la formule(1).
A une
temperature
Tquelconque,
lasusceptibilite paramagn6tique
ainsi calculee est fonction des para- m6tresAE,
so, Yo et 6ventuellement yl. En choisissanta
priori
des valeurs pour ces diff6rentsparametres,
onpeut
6valuerth6oriquement
leparamagn6tisme
et savariation
thermique [19], [20].
(3)
Certains travaux r6cents[29]
tendraient a faire penser que des valeurs de Yo de l’ordre de 3,2 eV seraientplus
satisfaisantes. Un telchangement
ne modifieraitgu6re
les resultatspresentes
ici.FIG. 8. -
Principaux parametres
d’interaction intervenant dans les carbonesgraphitiques.
72
3. COMPARAISON DES VARIATIONS THERMIQUES THEO- RIQUES ET EXPERIMENTALES DU PARAMAGNETISME. - Les courbes
(en
traitplein)
desfigures
1 a 6 sont descourbes
th6oriques correspondant
a diverses valeurs de cesparam6tres AE,
so et yr On constate imm6dia-tement que la variation
thermique theorique
du para-magn6tisme
de Paulipeut prendre
des allures tr6s vari6es. Dans les modeles consid6r6sici,
ilapparait
un minimum du
paramagn6tisme
en fonction de latemperature.
Ces divers
types
de variationthermique theorique
du
paramagn6tisme
du Paulipeuvent
d’ailleurs etre confront6s a nos resultatsexp6rimentaux (points
noirssur les
figures
1 a6).
Il estpossible,
pourchaque échantillon,
de determiner des valeurs desparam6tres
conduisant a un accord satisfaisant entre les
points exp6rimentaux
et la courbetheorique ( fig.
1 a6).
Pour les 6chantillons du groupe
A,
nous avonsapplique
le modele C.T. bidimensionnel et avons determine AE
et Eo
(tableau I). L’interprétation
des resultatsexperi-
TABLEAU I
mentaux est
plus
delicate pour les 6chantillons faisantpartie
du groupe B : nous avons r6ussi a obtenir unbon accord en utilisant les valeurs des
parametres AE,
zo et yl,
presentees
dans le tableauI,
mais il faut noterque ces valeurs sont d6termin6es avec une assez
grande
incertitude et
presentent
un caract6re essentiellement indicatif.III.
Analyse
des rdsultats. - La variation de cesparametres permet
decaract6riser,
en fonction de D et deH.T.T.,
1’evolution de la forme des bandesd’6nergie
au cours du processus degraphitation.
On
peut
confronter cesvaleurs
de Eo, AE et y, avec les donn6escristallographiques doo2
etLa [7], d002 repre-
sentant la distance moyenne entre les
plans graphi- tiques ( fig. 8)
etLa
la « dimensionapparente » [4]
deces
plans.
1. POSITION DU NIVEAU DE
FERMI;
EVOLUTION DUDEFICIT
ELECTRONIQ,UE
AU COURS DE LA GRAPHITATION.- L’examen du tableau I
permet
de voir que le niveau de Fermi a 0 OK d6fini par zo serapproche
du sommet de la bande de valence
quand
latemp6-
rature
(H.T.T.)
et la duree(D)
du traitement aug-mentent. Nous avons
calculé, à partir
des valeurs desparam6tres
donn6esici,
le deficitelectronique No
dela bande de valence pour 1’ensemble de nos carbones
( fig.
9 et10).
L’examen de ces courbes montre que le deficit en electrons estmaximum,
a duree de trai-FiG. 9 et 10. -
evolutions
du déficitelectronique
de labande 77 de valence en fonction de la duree
(D) ( fig. 9)
et de la
temperature (H.T.T)
de traitement( fig. 10).
tement constante, pour H.T.T. de l’ordre de 1 600o- 1 700 °C : ce maximum
correspond
sans doute audepart
massif des h6t6roatomespresents
initialement dans lecarbone, les
liaisons rompues entre ces h6t6ro-atomes et le carbone constituant autant de
pieges
aelectrons
qui
tendent a vider la bande de valence[21].
Lorsque
la duree de traitementaugmente
a H.T.T.constante
( fig. 9),
les defauts de reseau sontprogressive-
ment
elimines;
le carboneturbostratique
tend vers unestructure bidimensionnelle
parfaite
pourlaquelle
AEdoit etre nul
(tableau I).
Sonparamagn6tisme
diminueet n’est
plus
detectable par R.P.E.(D
> 24h) [8]
( fig. 9).
Dem6me, quand
H.T.T.depasse
2 000oC,
lenombre de trous dans la bande de valence diminue
régulièrement,
mais nedisparait
pas totalement( fg. 10).
2. VALEURS DE Yl EN FONCTION DE LA DISTANCE MOYENNE ENTRE LES PLANS GRAPHITIQUES. - Les resultats relatifs au
paramagn6tisme
des 6chantillons du groupe B conduisent a des valeurs de y, de l’ordre de0,20
a0,25 eV;
la distancedoo2
entre lesplans graphitiques
de ces carbones varie de3,38
a3,36 A [7].
Ces valeurs de y1 sont donc inferieures aux valeurs d6- termin6es dans le cas du
graphite (0,27
a0,40 eV) [15]
[22]
pourlequel doo2
=3,354 k :
comme il fallaits’y attendre,
l’interaction y, entre lesplans graphitiques
d6croit
quand
la distancedoo2
entre cesplans augmente.
3.
EVOLUTION
DE AE EN FONCTION DE LA DIMENSION DES PLANS GRAPHITIQUES. - Ainsi que 1’avaitpr6vu
Mrozowski
[13],
lalargeur
de la banded’énergie
inter-FIG. 11. -
Largeur
de la banded’energie
interdite AEen fonction du diam6tre moyen
La
des surfacesgraphitiques.
dite AE diminue et tend vers zero au fur et a mesure
que les carbones tendent vers la structure du
graphite.
11 est int6ressant de comparer les valeurs obtenues
sur les 6chantillons appartenant au groupe A avec
celles
deja publi6es
pour differents semi-conducteursorganiques composes
de noyauxaromatiques
conden-s6s. En
effet,
ces moleculesaromatiques
sont des semi-conducteurs
intrinsèques
dont lalargeur
de la banded’6nergie
interdite est,semble-t-il,
inversement pro-portionnelle
a la taille de la molecule[23].
Lescarbones
prégraphitiques
du groupe A dontl’organi-
sation est seulement bidimensionnelle
(pas
d’interac-tions entre
plans graphitiques puisque
y1 =0)
peuvent etre consid6r6s comme des moleculesaromatiques g6antes
dont le diametre est leparametre
cristallo-graphique La-
Sur un memediagramme ( fig. 11),
nousavons
port6
en coordonn6eslogarithmiques
la valeurde AE en fonction du diametre moyen des molécules
aromatiques [23],
et en fonction deLa.
Une relation
empirique
entre AE etL.
aegalement
ete d6termin6e par Loebner
[24],
apartir
des varia-tions
thermiques
de la r6sistivit6 des carbones. Sur lafigure 11,
les resultats obtenus par Mrozowski etLoebner
[24]
sur les carbones d’unepart,
Inokuchiet Akamatu
[23]
sur les moleculesaromatiques
d’autrepart,
seplacent
sur une meme droite depente
2 envi-ron. Ce resultat v6rifie les calculs de Platt
[25] qui
amontre,
apartir
d’un modèle de gaz d’électronslibres,
que dans les molecules
aromatiques
les distances entreles niveaux
d’6nergie electronique
sont inversementproportionnelles
aux surfaces des molecules.Cepen- dant,
nosrésultats, except6
ceux relatifs aux 6chantil-lons trait6s durant 24
h,
ne semblent pas verifier cette relation. Ce d6saccordpeut
etre du a la definition duparametre La, qu’il
estprobablement erroné, d’apr6s Mering
et Maire[26],
de considerer commerepr6sen-
tant r6ellement le diam6tre moyen des ensembles
aromatiques
ou les electrons 7T sont d6localis6s.Malgre
cette remarque, les
grandes
valeurs de AE d6termin6es pour les echantillons de courtes durees de traitementapparaissent
excessives et une cause d’erreurplus
fondamentale doit etre sans doute recherch6e.
4.
REMARQ,UES
SUR LA VALIDITE DU MODELE UTILISE.- Le mod6le du carbone
turbostratique [16]
supposeimplicitement
la structure des carbonespr6grapbi- tiques
assez semblable a celle dugraphite. Or,
lesplans graphitiques
sont de dimensionsfinies,
d6so-rient6s les uns par
rapport
aux autres, etpossedent
ungrand
nombre de defauts de r6seau : une structurep6riodique
n’existe que sur de courtes distances.Barriol
[27]
pense que, certes, les carbonespr6graphi- tiques poss6dent
des bandesd’6nergie
formées statis-tiquement
par un ensemble serr6 de niveauxd’energie electronique,
maisqu’il
estpossible,
sinonprobable,
que la forme des bandes
d’6nergie
soit assez differentede celle du
graphite,
cette difference 6tant d’autantplus importante
que le carbone est peuorganise.
Cettehypothese
semble confirm6e par lapublication
r6centede Fischer et Baun
[28].
Parspectrographie d’absorp-
tion des rayons X mous, ces auteurs ont montre que les formes des bandes de valence 7c d’un
graphite
etd’un carbone «
Lampback »
sont assez diff6rentes. 11 n’est malheureusement paspossible,
apartir
de leursrésultats,
d’obtenir desrenseignements precis
sur laforme et la densite de la bande
d’6nergie
auvoisinage
du niveau de Fermi.
C’est donc la nature meme du mod6le
phenomeno-
74
logique
utilisequi
estpeut-etre
en cause etqui
pour- raitexpliquer
lesgrandes
valeurs trouv6es pour lalargeur
de la banded’energie
interdite.IV. Conclusion. - Dans la famille des solides constituée par des carbones en cours de
graphitation,
nous avons donc pu montrer que 1’6tude du parama-
gn6tisme
de Pauli en fonction de latemperature
demesure donne des
renseignements
sur la structureelectronique.
Un mod6lerepr6sentant
les bandesd’6nergie
des electrons permetd’interpr6ter
les r6sul-tats
exp6rimentaux,
de determiner lescaractéristiques
«
electroniques »
de cescarbones,
d’6tudier leur varia- tion au cours de lagraphitation,
et de les relier auxcaracteristiques
structurales. Meme si la validite du mod6le utilise icipeut
etre mise en doute sur certainspoints,
nous pensons avoir mis en evidence 1’interet de cette m6thoded’6tude,
fond6e sur la variationthermique
duparamagn6tisme
de Pauli.Manuscrit requ ]e 20
juin
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