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Médecine d'urgence: pour ceux qui douteraient encore...
SARASIN, François
SARASIN, François. Médecine d'urgence: pour ceux qui douteraient encore.. Revue médicale suisse , 2014, vol. 10, no. 438, p. 1483
PMID : 25199221
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:42258
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es différents articles qui composent ce numéro de la Revue Médicale Suisse traitent de l’état de choc, syndrome illustrant de manière emblématique le paradigme de la médecine d’urgence imposant de gérer simultanément et/ou en séquence : a) la stabilisation des signes vitaux ; b) la démarche diagnostique ; c) la stratification du risque et d) les choix thérapeu
tiques et d’orientation. Avec, à chaque étape, une spécificité de lieux (pré ou intrahospitalier), de traitement, de temps, de travail en équipe et de synchro
nisation.
En termes cliniques : 1) l’état de choc doit être reconnu (présentation atypi
que ?) et un traitement de soutien débuté (remplissage ? vasopres seurs ? intu
bation ?) ; 2) une étiologie doit être recherchée (septique ? hypovolémi que ? cardiaque ?) avec ou sans l’aide d’exa mens complémentaires (labora toi re, échogra
phie) ; 3) les signes de gra vité permettant de stratifier le risque doivent être iden ti
fiés (lactates ? atteinte d’organe(s) ?) et 4) un traitement doit être débuté (antibio
tiques ? trans fusion ? thrombolyse ?). Seul l’accomplissement de ces quatre étapes permettant, après une période d’ob
servation (réponse au traitement ?), de décider de l’orientation.
Les médecins urgentistes doivent ainsi acquérir des compétences très spécifiques comprenant un savoir théorique, un savoir d’action fait de compé
tences techniques et de capacité de prise de décision en situation d’incerti
tude, en plus de la maîtrise des aspects liés à la gestion d’équipe. De nom
breuses situations rencontrées aux urgences exigent la même approche (po
lytraumatisme, coma, détresse respiratoire aiguë, arrêt cardiorespiratoire, entre autres). Si l’on ajoute à cela les autres missions spécifi ques de la méde
cine d’urgence comme le tri et la priorisation des patients et des procédures, la mission d’accueil 24 heures/24 et 7 jours/7, la gestion des flux aléatoires de patients en préservant les structures hospitalières, et les aspects de méde
cine de catastrophe, qui aujourd’hui oserait prétendre que l’acquisition de ces compétences ne nécessite pas un enseignement spécifique et un entraî
nement dédié au travail en équipe, à la maîtrise des gestes techniques, à la communication, au leadership, à la synchronisation ?
En Suisse, la médecine d’urgence n’est pas pour l’instant une discipline à part entière, malgré le fait que plus personne ne lui conteste ses spécificités cliniques et la nécessité d’acquérir et d’entraîner les compétences énoncées plus haut. De plus, il existe une activité d’enseignement propre, ciblée sur des objectifs précis et intégrant de nouveaux outils pédagogi ques ayant dé
montré leur potentiel (par exemple : simulations sur mannequins, elearning), ainsi qu’une activité de recherche spécifique croissante.
Champ d’activité clinique bien défini, enseignement structuré, recherche ! Pourquoi la médecine d’urgence n’estelle pas dès lors encore une spécialité en Suisse, alors qu’elle l’est dans de nombreux pays d’Europe et dans la tota
lité des pays anglosaxons ?
Manque de reconnaissance des autres spécialités et craintes de voir ses
«accès» aux patients et à la formation de ses internes limités ? Défaut de co
hésion et de vision commune chez les acteurs de l’urgence euxmêmes ? Manque d’impulsion politique ? Peur d’une modification du paysage hospita
lier touchant surtout les hôpitaux périphé riques ? Ces questions ne sont pas infondées, loin s’en faut, mais doivent être débattues, argumentées afin que des solutions qui conviennent à tous les acteurs puissent progressivement émerger !
J’espère que les articles de ce numéro de la Revue Médicale Suisse vous per
suaderont de cette vérité : la médecine d’urgence est une réalité !
Médecine d’urgence : pour ceux qui douteraient encore…
«… Pourquoi la médecine d’urgence n’est-elle pas encore une spécialité en Suisse ? …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 13 août 2014 1483
Editorial
F. Sarasin
François Sarasin
Médecin-chef Service des urgences Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences
HUG, Genève Articles publiés
sous la direction du professeur
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