Correspondances en Onco-Théranostic - Supplément au vol. VI - n° 1 - janvier-février-mars 2017 3
É d i t o r i a l
“La médecine fait mourir plus longtemps” (Plutarque)
À l’issue de la 8e Journée de médecine translationnelle de l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT), qui avait pour thème “Optimiser le premier traitement et améliorer la survie“, nous aurions pu répondre à Plutarque : “Certes, mais en meilleure santé !”, au vu des progrès encore accomplis cette année dans la prise en charge diagnostique et le traitement des cancers du poumon non à petites cellules (CBNPC) de stades avancés, qui ont fait l’objet
des diff érentes présentations des orateurs.
Comme chaque année, une mise au point sur les nouvelles autorisations de mise sur le marché (AMM) conditionnées obtenues en 2016 a été présentée par Benjamin Besse :
thérapies ciblées développées dans de nouvelles indications, géfi tinib sur la base de l’ADN tumoral circulant, crizotinib pour les ROS1, et, on le souhaite vite, association dabrafénib et tramétinib pour les BRAF
V600;
nouvelles thérapies ciblées, osimertinib, inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) de l’EGFR de troisième génération pour les malades avec mutation T790M, céritinib, ITK d’ALK, après progression sous crizotinib ;
première AMM dans la classe des inhibiteurs des points de contrôle de l’immunité (ICI),
pour le pembrolizumab en deuxième ligne dans les CBNPC avec > 1 % d’expression tumorale de PD-L1, mais surtout en première ligne pour une expression ≥ 50 %.
L’optimisation de la séquence thérapeutique dès la première ligne a occupé toute la matinée de la journée de médecine translationnelle et a comporté plusieurs thématiques : Sébastien Couraud a rappelé les principes de la détection de l’ADN tumoral circulant et ses applications actuelles. Les résultats de diff érentes stratégies thérapeutiques obtenus dans les CBNPC avancés ont été présentés : nouveaux ITK de l’EGFR, par Marie Wislez, et place des ICI, par Céline Mascaux. Puis, Frédéric Dhermain a fait une mise au point sur la radiothérapie cérébrale dans le cadre de la médecine de précision.
L’évaluation médico-économique et, fi nalement, la question de l’accès à l’innovation en France ont fait l’objet en début d’après-midi des communications de Sandrine Loubière et de Christos Chouaid qui nous a montré l’existence d’inégalités territoriales fl agrantes à travers l’exposé des résultats de l’étude TERRITOIRE.
HER2 et MET, 2 oncogènes que l’on dit “addictifs”, ont clos la journée, par un plaidoyer de la part de leurs meilleurs défenseurs, Alexis Cortot et Julien Mazières.
Cette 8
eJournée de médecine translationnelle a été une fois de plus une grande réussite, comme en témoignent le nombre des participants et la diversité de leurs modes d’exercice ou de leurs spécialités. Elle est devenue un rendez-vous incontournable, tant il est vrai que, chaque année, de nouvelles molécules obtiennent des AMM, de nouveaux mécanismes de cancérisation sont démembrés et leurs biomarqueurs identifi és et de nouvelles stratégies thérapeutiques se mettent en place. Cette richesse et cette complexité justifi ent encore plus la concertation entre les pathologistes, les biologistes moléculaires et les cliniciens. Pour que ces innovations puissent être mises en œuvre, il nous faut plus que jamais en assurer la diff usion et en optimiser les coûts, afi n que la médecine de précision continue à faire vivre plus longtemps tous les malades.
Pr Jacques Cadranel Service de pneumologie, Centre expert en oncologie thoracique, hôpital Tenon, AP-HP ; université Pierre-et-Marie-Curie, Paris-VI