DMA – École normale supérieure (2014/2015) 4 novembre 2014
Partiel Algèbre 1 Responsable: Mr O. DEBARRE
Important : vous avez droit de consulter le polycopié et d’utiliser sans démonstration ses résultats (sauf ceux des exer- cices ou des TD). Si vous voulez utiliser des résultats hors du cours, il faut les démontrer (sauf mention explicite du contraire).
Exercice 1.Soientpetqdes nombres premiers vérifiantp < qetp-q−1. Le but de cet exercice est de déterminer tous les groupes d’ordrep2q. SoitGun tel groupe.
a) Montrer queGcontient un uniquep-Sylow ; on le noteraP.
b) Montrer queGcontient un uniqueq-Sylow ; on le noteraQ.
c) Montrer queP etQsont distingués dansG.
d) Montrer On poseP Q:={xy|x∈P, y∈Q}. MontrerP Q =G(Indication : on pourra commencer par montrer queP Qest un sous-groupe deG).
e) MontrerP∩Q={e}.
f) En déduire que tout élément dePcommute avec tout élément deQ.
g) En déduire queGest abélien.
h) Déterminer tous les groupes d’ordrep2q(à isomorphisme près).
Exercice 2.Soientpetqdes nombres premiers vérifiantp < qet soitGun groupe d’ordrepmqn, avec0≤m≤2et n≥0. Le but de cet exercice est de montrer queGest résoluble.
a) Sim= 0oun= 0, montrer queGest résoluble.
b) Sim= 1etn >0, montrer queGest résoluble (Indication :on pourra compter lesq-Sylow deG).
c) Sim= 2etn >0, montrer queGn’est pas simple (Indication :on pourra compter lesq-Sylow deGet, dans le cas p= 2etq= 3, considérer l’action deGsur l’ensemble des3-Sylow deG), puis queGest résoluble.
Exercice 3.SoitGun sous-groupe fini deGLn(Q). On pose
H := X
M∈G
M ·Zn⊂Qn.
a) Montrer queH est un groupe abélien libre de type fini. On noterson rang, c’est-à-dire l’entierrtel queH 'Zr. b) Montrerr≥n.
c) Montrerr≤n.
d) En déduire queGest conjugué dansGLn(Q)à un sous-groupe deGLn(Z).
e) Soitpun nombre premier et soitM ∈GLn(Z)tel queMp=InetM ≡In (mod 3). MontrerM =In.
f) En déduire quenétant fixé, il n’y a qu’un nombre fini de classes d’isomorphisme de sous-groupes finis deGLn(Q).
g) N’y a-t-il qu’un nombre fini de classes d’isomorphisme de sous-groupes finis deGLn(R)?
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Corrigé du partiel Algèbre 1 Responsable: Mr O. DEBARRE
Exercice 1.Soientpetqdes nombres premiers vérifiantp < qetp-q−1. Le but de cet exercice est de déterminer tous les groupes d’ordrep2q. SoitGun tel groupe.
a) Montrer queGcontient un uniquep-Sylow ; on le noteraP.
Le nombre dep-Sylow diviseq, donc c’est1 ouq. Comme il est ≡ 1 (modp)et quep - q−1, il n’y a qu’un p-Sylow.
b) Montrer queGcontient un uniqueq-Sylow ; on le noteraQ.
Le nombre deq-Sylow divisep2, donc c’est1,poup2. Comme il est ≡1 (modq)et quep < q, c’est1oup2. Si c’estp2,qdivisep2−1 = (p−1)(p+ 1), doncq=p+ 1, ce qui contreditp-q−1.
c) Montrer quePetQsont distingués dansG.
CommeP est l’uniquep-Sylow, il est distingué dansG. De même pourQ.
d) On poseP Q:={xy|x∈P, y∈Q}. MontrerP Q=G(Indication : on pourra commencer par montrer queP Q est un sous-groupe deG).
Six, x0 ∈Pety, y0∈Q, on a
(xy)(x0y0)−1=xyy0−1x0−1= (xx0−1)(x0yy0−1x0−1).
CommeQCG, on ax0yy0−1x0−1 ∈ Q, et ce produit est donc dansP Q. CommeP Qcontiente, c’est donc bien un sous-groupe deG. Il contient bien sûrPetQ.
Par le théorème de Lagrange, son ordre est divisible par celui deP, c’est-à-direp2et par celui deQ, c’est-à-direq, donc parp2q. CommeGest d’ordrep2q, on en déduitP Q=G.
e) MontrerP∩Q={e}.
L’ordre du groupeP∩Qdoit diviser les ordres des groupesP etQ, c’est-à-direp2etq. C’est donc 1.
f) En déduire que tout élément deP commute avec tout élément deQ.
Six∈P ety∈Q, alorsxyx−1∈QcarQCG, donc[x, y] =xyx−1y−1∈Q. De même,[x, y]∈P. Par e), on en déduit[x, y] =e, doncxetycommutent.
g) En déduire queGest abélien.
On a vu en cours queP etQsont abéliens. Par d), tout élément deGpeut s’écrirexy, avecx∈P ety∈Q. Par f), on a
xyx0y0=xx0yy0 =x0xy0y=x0y0xy.
Le groupeGest donc abélien.
h) Déterminer tous les groupes d’ordrep2q.
Les groupes d’ordrep2qsont abéliens par g) ; d’après le cours, ils sont isomorphes soient àZ/pZ×Z/pqZ, soit à Z/p2qZ.
Exercice 2.Soientpetqdes nombres premiers vérifiantp < qet soitGun groupe d’ordrepmqn, avec0≤m≤2et n≥0. Le but de cet exercice est de montrer queGest résoluble.
a) Sim= 0oun= 0, montrer queGest résoluble.
Sim= 0oun= 0, le groupeGest unp-groupe ; il est donc résoluble par le cours.
b) Sim= 1etn >0, montrer queGest résoluble (Indication :on pourra compter lesq-Sylow deG).
Le nombre deq-Sylow divisep, donc c’est1oup. Comme il est ≡1 (modq)et quep < q, c’est1. Il y a un unique q-SylowS; il est donc distingué dansG. Le groupeSest unq-groupe et le quotientG/Sest unp-groupe ; ils sont donc résolubles par le cours. De nouveau par le cours,Gest résoluble.
c) Sim= 2etn >0, montrer queGn’est pas simple (Indication :on pourra compter lesq-Sylow deGet, dans le cas p= 2etq= 3, considérer l’action deGsur l’ensemble des3-Sylow deG), puis queGest résoluble.
Le nombrenqdeq-Sylow divisepm, donc c’est1,poup2. Comme il est ≡1 (modq)et quep < q, c’est1oup2. Sinq = 1, on conclut comme en b).
Sinq =p2, on am= 2etq|p2−1 = (p−1)(p+ 1)etq=p+ 1, doncp= 2etq= 3et|G|= 4·3n. Le groupe Gagit transitivement par conjugaison sur l’ensemble à 4 éléments des3-Sylow deG. On en déduit un morphisme non trivialG→S4.
Si ce morphisme est injectif, on a4·3n≤4!, doncG→∼ S4, qui n’est pas simple. Sinon, le noyau est un sous-groupe distingué propre deG, qui n’est donc pas simple.
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On en déduit par récurrence sur|G|queGest résoluble, puisque, siN CG, les ordres deN et deG/N peuvent aussi s’écrirepmqn, avec0≤m≤2etn≥0.
Exercice 3.SoitGun sous-groupe fini deGLn(Q). On pose
H := X
M∈G
M ·Zn⊂Qn.
a) Montrer queH est un groupe abélien libre de type fini. On noterson rang, c’est-à-dire l’entierrtel queH 'Zr. Le groupe abélienHest engendré par lesM·ei, où(e1, . . . , en)est la base canonique deZn,1≤i≤netM décrit G. Il est donc de type fini. Comme c’est un sous-groupe deQn, il ne contient pas d’élément d’ordre fini autre que 0, donc il est libre par le cours.
b) Montrerr≥n.
CommeH contientZn, il est de rang≥n.
c) Montrerr≤n.
Sidest un entier non nul tel quedMsoit à coefficients entiers pour toutM ∈G, on aH ⊂1dZn'Zn, doncr≤n.
d) En déduire queGest conjugué dansGLn(Q)à un sous-groupe deGLn(Z).
SoitB = (a1, . . . , an)une base deH. C’est aussi une base deQn; soitP ∈ GLn(Q)la matrice de passage de la base canonique versB. On a ainsiH =P ·Zn. SiM ∈G, on aM ·H ⊂H et de mêmeM−1·H ⊂H, donc M·H =H. Ceci entraîne
M·P·Zn=P·Zn,
c’est-à-direP−1M P ∈ GLn(Z). La conjugaison parP−1 envoie doncGisomorphiquement sur un sous-groupe de GLn(Z).
e) Soitpun nombre premier et soitM ∈GLn(Z)tel queMp=InetM ≡In (mod 3). MontrerM =In. ÉcrivonsM =In+ 3mN, avecm≥1etN ∈Mn(Z)telle queN6≡0n (mod 3), et développons :
In =Mp= (In+ 3mN)p=In+p3mN+p(p−1)
2 32mN2+· · ·+ 3pmNp. Cela entraîne3m|pN, doncp= 3etm= 1. On écrit la même formule
In=In+ 9N+ 27N2+ 27N3, qui mène encore à une contradiction. DoncN= 0.
f) En déduire quenétant fixé, il n’y a qu’un nombre fini de classes d’isomorphisme de sous-groupes finis deGLn(Q).
Par d), tout sous-groupe fini deGLn(Q)est conjugué (donc isomorphe) à un sous-groupe finiGdeGLn(Z). Mon- trons que la restriction àGdu morphismeϕ: GLn(Z)→GLn(Z/3Z)obtenu par réduction modulo 3 des coefficients des matrices est injectif. Soitml’ordre d’un élémentMdeker(ϕ). Sim6= 1, soitpun nombre premier divisantm. On a alors(Mm/p)p =Inet(Mm/p)p ≡In (mod 3). La question e) entraîneMm/p=In, ce qui contredit la définition de l’ordre. On a doncm= 1etM =In. La restrictionϕ|Gest donc injective. Le groupeGest alors isomorphe à un sous-groupe deGLn(Z/3Z)qui, étant fini, n’a qu’un nombre fini de sous-groupes.
g) N’y a-t-il qu’un nombre fini de classes d’isomorphisme de sous-groupes finis deGLn(R)?
Non : il existe des sous-groupes finis deGL2(R)(donc aussi deGLn(R)) d’ordre arbitrairement grand, comme les groupes diédrauxDm.