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Henri Roorda

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Henri Roorda (1870-1925) ou le pédagogue désespéré

Un billet du Canard Enchaîné, lu par hasard le 28 juillet 2004, m’a fait découvrir un parfait inconnu, et un Maître : Henri Roorda. « C’était un grand humoriste, désespéré, tolérant, d’une lucidité dévastatrice, gai comme un lapin », écrit Jean-Luc Porquet, avant de citer quelques lignes qui m’ont paru si étonnantes, si profondes, que je me suis précipité chez le libraire.

Né à Bruxelles en 1870, mort à Lausanne en 1925, Henri Roorda était un écrivain, pédagogue, humoriste et professeur de mathématiques suisse, d’origine néerlandaise. De Calvin à Voltaire, de Gustave Courbet à Lénine, et de Roorda à Guillemin, on sait que la Suisse fut un refuge pour les dissidents, les indociles, de tout poil.

Dans la galaxie des humoristes, comment le situer ? Comme Alphonse Allais, il ne dédaigne pas le calembour. Comme Alexandre Vialatte, ses chroniques désabusées s’achèvent souvent sur des pirouettes. Comme Kurt Tucholsky, cet écorché vif pressent le triomphe final de la bêtise. Depuis son belvédère de Lausanne, Roorda assiste impuissant au carnage tout proche : « L’horrible guerre qui dure depuis trois ans nous a fait entrevoir ce que peut devenir un peuple lorsque ses pédagogues ne sont que les serviteurs du gouvernement », puis à la victoire du fascisme : « Le parapluie a ceci de commun avec Monsieur Mussolini qu’il est un inépuisable sujet de méditation ».

Et puis Roorda était professeur de mathématiques, et je crois que les professeurs de mathématiques, du moins ceux qui ne sont ni des adjudants, ni des spécialistes, ont un humanisme et un humour particuliers : idiotisme de métier, dirait Diderot. Tenant d’une vision rousseauiste et libertaire de l’enseignement, Roorda n’est jamais loin de Gaston Bachelard : « Nos élèves considèrent leurs fautes comme des accidents regrettables qui ont pour effet de diminuer leur "note". Ils essaient parfois de les dissimuler et ils ne soupçonnent pas la grande valeur éducative qu’elles pourraient avoir ». Au fond, le plus grand des maux n’est pas l’ignorance, mais le bourrage des crânes. « Le soin avec lequel certains pédagogues, pendant trente ans et plus, ont compté les fautes de leurs élèves, est

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inimaginable. Parce qu’il est plus facile de compter les fautes que les progrès, parce que le progrès se dérobe à la sacro-sainte moyenne. On compte les fautes, or, ce qui caractérise un enfant, ce n’est pas le fait qu’il ignore, mais le fait qu’il désire savoir ». On n’est pas loin de Françoise Dolto.

Dans un essai prémonitoire, Avant la grande réforme de l’an 2000, Roorda décrit sans le savoir les classes préparatoires d’aujourd’hui, des classes dont les programmes sont régis par la règle de trois : « L’enfant s’instruira EVIDEMMENT plus si on lui donne sept leçons dans le courant de la journée que si on ne lui en donne que six. » Après avoir écrit des choses aussi définitives, il ne lui restait qu’une chose à faire : se suicider. Comme après lui Chaval, Bosc et Tucholsky.

Pierre-Jean Hormière

Repères biographiques

Tel père, colon et anticolonialiste…

1825. Naissance de Sicco Ernst WillemRoorda van Eysinga, à Batavia (actuelle Jakarta), dans les Indes néerlandaises.

Originaire de Sneek, en Hollande, Sicco Roorda est successi- vement lieutenant du génie, codirecteur de journal, admi- nistrateur de plantation, puis ingénieur des ponts et chaussées. C’est avant tout un écorché vif, scandalisé par la misère et l’exploitation des populations indigènes.

Dans un poème-pamphlet Malédiction, il appelle sans détour à la révolte sanglante.

D’une liaison avec une indonésienne, il a un fils, Félix, qu’il reconnaît en 1862, à Semarang, et qui dirigera une plantation de café.

1864. Dans un second pamphlet, Sicco Roorda dénonce la collusion des dirigeants hollandais corrompus avec les princes indigènes. Il est condamné au bannissement pour

manquement à l’honneur, et rentre en métropole sans pension. Sicco Roorda

1867. Le 28 août, Sicco Roorda épouse à Semarang, Selinda Bolomey, née en 1830, arrière- petite-fille du peintre suisse Benjamin Samuel Bolomey (Lausanne, 1739-1819), qui avait été influencé par François Boucher et Quentin de La Tour.

Le ménage s’installe à Bruxelles ; c’est là que naissent Marie en 1869, puis Henri Philippe Benjamin, le 30 novembre 1870.

1872. La famille s’installe à Clarens, sur les rives du Lac Léman. Sicco Roorda fréquente les exilés de tous bords et de tous pays, communards français, anarchistes néerlandais, russes, etc. Henri Roorda fréquentera très jeune le grand géographe libertaire Elisée Reclus (1830- 1905), Pierre Kropotkine (1842-1921) ou encore Ferdinand Domela Nieuwenhuis (1846- 1919).

1875. Le 4 avril, mort de Selinda, mère de Henri Roorda.

Le 10 octobre, naissance à Fiez-sur-Grandson d’Edmond Gilliard, écrivain, enseignant et critique littéraire vaudois qui mourra à Lausanne le 11 mars 1969.

Sicco se remarie le 31 juillet 1877 avec Louise Duvoisin, avec qui il aura quatre filles, prénommées Chrémès, Djojo, Pak Maria, Sentot.

1883. Le 11 novembre, naissance à Vevey d’Ernest Ansermet, musicologue et chef

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1887. Le 19 février, mort à Ingelheim am Rhein d’Eduard Douwes Dekker, dit Multatuli (du latin multa tuli : « J’ai beaucoup souffert »), poète et romancier néerlandais. Né à Amsterdam le 2 mars 1820, Multatuli est surtout connu pour son roman pamphlétaire Max Havelaar. Fonctionnaire durant 18 ans aux Indes néerlandaises, Eduard Douwes Dekker avait démissionné en 1856 de son poste de vice-résident à Lebak (Java), indigné par le sort réservé aux indigènes, et se lance dans la littérature, dénonçant colonialisme, conformisme et préjugés. Publié en 1860, son roman presque autobiographique Max Havelaar eut un écho retentissant aux Pays-Bas, dénonçant pour la première fois un système économique injuste qui accablait 30 millions de Javanais. Multatuli y raconte les combats d’un Robin des Bois qui lutte contre l’oppression des paysans de la future Indonésie. Dans la seconde édition (1875), l’auteur ajoute des Notes et éclaircissements où il parle à la première personne.

Le 23 octobre, Sicco Roorda meurt d’une pneumonie à Montreux, après avoir pris froid lors d’une visite chez le fils de Domela.

… tel fils, professeur de mathématiques et libertaire.

Henri Roorda commence à écrire à l’âge de 14 ans. Il obtient une licence ès sciences mathématiques à l’Université de Lausanne. Après ses études, en 1892, il enseigne en tant que professeur de mathématiques. Très inspiré par l’Emile de Rousseau, il adopte une pédagogie antiautoritaire, et laisse une forte impression à une dizaine de générations d’écoliers. Il se passionne pour la musique et la logique. Il publie des manuels de mathématiques chez Payot (arithmétique, algèbre, géométrie).

Ecole supérieure des jeunes filles, de Lausanne, vers 1900. HR est à droite

A Lausanne, Roorda a pour collègue et ami Ernest Ansermet (1883-1969), qui avait obtenu en 1903 une licence ès sciences physiques et mathématiques, et fut d’abord professeur de mathématiques au collège de Lausanne de 1906 à 1911, puis de 1914 à 1915, tout en étudiant la musique, avec Alexandre Dénéréaz et Ernest Bloch. Ansermet s’initie à la direction d’orchestre, et dirige son premier concert à Lausanne en 1911, puis succède à Francisco de Lacerda à la tête de l’Orchestre du Kursaal de Montreux, qu’il dirige de 1912 à 1914. Ami de Charles-Ferdinand Ramuz, il participe en 1914 à la fondation des Cahiers vaudois. Dès 1915, il dirige les concerts d’abonnement à Genève. De 1915 à 1923, Serge de Diaghilev lui confie la direction musicale des Ballets russes, ce qui le fait connaître dans le monde entier…

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Roorda a également pour collègue et ami Edmond Gilliard (1875-1969) qui commence une carrière d’enseignant, d’abord au collège, puis au gymnase classique de la Cité. Il comptera parmi ses élèves Gustave Roud et Daniel Simond. Critique artistique et littéraire à la Gazette de Lausanne et à la Bibliothèque universelle de 1911 à 1913, Gilliard fonde en 1914 avec Paul Budry et Charles-Ferdinand Ramuz les Cahiers vaudois. Il est également à l’origine des éditions du Verseau (1925), des éditions des Lettres de Lausanne (1928), des éditions des Trois Collines (1935) et des revues Présence, Suisse romande, Traits, Carreau et encore Carrérouge. Les Cahiers vaudois lui permettent de renforcer son action pour le renouveau des lettres romandes, d’inciter à l’esprit critique et à la rigueur de style. Gilliard est en effet l’un des premiers à revendiquer l’autonomie d’une littérature authentiquement vaudoise (Du pouvoir des Vaudois, 1926). Pendant la Seconde guerre mondiale, il fondera la revue Traits et y écrit bon nombre d’articles engagés, vitupérant contre la dictature et le fascisme. Poursuivant inlassablement son travail d’animateur, il crée en 1944, l’Association des écrivains vaudois à laquelle il consacre une grande partie de son énergie et de son temps.

Mais revenons à Roorda. Défenseur de la pédagogie libertaire, il donne, à partir de 1903, de nombreuses conférences à ce sujet. Il écrit dans le Bulletin de l’École moderne de Francisco Ferrer plusieurs articles tels que L’École et le savoir inutile ou L’écolier est un prévenu. Il est le représentant en Suisse de La Ligue Internationale pour l’Éducation rationnelle de l’Enfance.

Francisco Ferrer (1859-1909) L’Escuela moderna

Fin juillet 1909, éclate à Barcelone une grève générale qui se transforme en révolution.

Elle est bientôt écrasée par l’armée royaliste et les cléricaux. Arrêté et accusé à tort d’être l’instigateur des événements, Francisco Ferrer est fusillé le 13 octobre, malgré une campagne internationale. Avant de mourir, il lance aux soldats du peloton : « Mes enfants, vous n’y pouvez rien, visez bien. Je suis innocent. Vive l’École Moderne ! ».

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Henri Roorda (à gauche) & Ernest Ansermet à Pierredard (massif des Diablerets), en 1911.

« Ô Pierredard, j’ai bien vu ton pierrier, mais n’ai pas vu ton dard ! », déclamait Roorda Col. André Kuenzi-Annette Ferrari

À partir de 1910, Roorda s’engage auprès de l’École Ferrer de Lausanne créée par le docteur Jean Wintsch pour laquelle il rédige la Déclaration de principes. Il publie des articles dans des revues anarchistes : Les Temps nouveaux, L’Humanité nouvelle, La Revue blanche, Le Journal d’Alphonse Allais ainsi que dans des revues hollandaises. Son humour lui permet de publier dans des revues satyriques : l’Arbalète, la Crécelle. Il collabore également aux Cahiers vaudois. Il y publie notamment ses essais Mon internationalisme sentimental (1915) et Le pédagogue n’aime pas les enfants (1917).

Il publie dans la grande presse locale : La Tribune de Lausanne (1917-1919), La Gazette de Lausanne (1919-1925) et La Tribune de Genève (1923-1925). Il lui arrive de signer ses articles du pseudonyme de Balthasar. Son Almanach Balthasar connaît quatre éditions annuelles, de 1923 à 1926, et un certain succès. Ses chroniques sont publiées dans des recueils : À prendre ou à laisser (1919), Le Roseau pensotant (1923). Il publie également de nouveaux essais : Le débourrage de crâne est-il possible ? (1924), Avant la grande réforme de l’an 2000 (1925), Le Rire et les rieurs (1925). Il est également l’auteur de courtes pièces

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de théâtre (Le Silence de la bonne, Un amoureux, Un beau divorce et La Ligue contre la Bêtise).

1925. Roorda publie un dernier essai, Mon suicide (1925), avant de se loger une balle dans le cœur le 7 novembre.

Les 11 et 24 novembre, la Tribune de Genève publie deux articles posthumes de Roorda, Dans la rue et Regards.

1929. Edmond Gilliard (1875-1969) consacre un essai à la mémoire de son ami : À Henri Roorda.

1969. Parution des Œuvres complètes de Roorda, en deux tomes, aux Editions l’Âge d’homme, de Lausanne.

1984. Publication de Trois pamphlets pédagogiques, aux Editions l’Âge d’homme : Le pédagogue n’aime pas les enfants, de Henri Roorda, L’école contre la vie, d’Edmond Gilliard et Les méfaits de l’instruction publique, de Denis de Rougemont..

2003. Une Association des Amis de Henri Roorda est créée à Lausanne. Voici son adresse : rue des Terreaux, 18 bis, CH-1003 Lausanne

2009. Du 13 mars au 28 juin, expo « Henri Roorda, Drôle de Zèbre », à Lausanne.

2013. Parution des Saisons indisciplinées (édition établie par Gilles Losseroy), aux Editions Allia. Recueil d’articles de Roorda publiés dans la Tribune et la Gazette de Lausanne, la Crécelle, la Tribune de Genève.

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Œuvres de Henri Roorda

L’École et l’apprentissage de la docilité (1898) Mon internationalisme sentimental (1915) Le pédagogue n'aime pas les enfants (1917) À prendre ou à laisser (1919)

Le Roseau pensotant (1923)

Les Almanachs Balthasar (1923–1926)

Le débourrage de crâne est-il possible ? (1924) Avant la grande réforme de l’an 2000 (1925) Le Rire et les rieurs (1925)

Mon suicide (1925) Bibliographie

Henri Roorda, Œuvres complètes I, Lausanne, Bibliothèque L’Âge d’Homme, 1970 Henri Roorda, Œuvres complètes II, Lausanne, Bibliothèque L’Âge d’Homme, 1970 Collectif, Henri Roorda et l’humour zèbre, Lausanne, Éditions Humus, 2009, 144 p.

Edmond Gilliard, À Henri Roorda - L’École contre la Vie, Genève, coll. « Bibliothèque Romande », 1973, 133 p.

Hugues Lenoir, Henri Roorda ou le zèbre pédagogue, Éd. du Monde libertaire, coll. « Bibliothèque Romande », 2010, 80 p.

Tanguy l’Aminot, Henri Roorda, lecteur de l’Émile, Orbis Litterarum (Copenhagen, Danemark), vol. 58, n° 1, 2003, pp. 44–64.

Henri Roorda, La Ligue contre la Bêtise et autres fantaisies théâtrales, éditions Le Flibustier, 2012, 150 p.

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Un témoignage sur Henri Roorda

Première leçon de maths, je vois entrer un gaillard interminable, vêtu de bleu marine, engoncé dans un faux col d’une hauteur inhabituelle, brandissant d’une main une serviette et de l’autre un torchon pour le tableau noir. Une tête étonnante surmontée d’une calvitie en coup de sabre.

Il entre, nous regarde et, d’une voix à la fois forte et mielleuse, commence. En ces termes, exactement :

− Messieurs, asseyez-vous les uns les autres et croisez vos mains sur la poitrine de votre voisin immédiat.

Souvenirs de Samuel Chevallier (Revue Le Mois théâtral, 1958) _________

Textes choisis d’Henri Roorda

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Le pédagogue n’aime pas les enfants

Il est donc probable que l’Ecole conservera encore longtemps ses vieilles habitudes. En qualité d’administration de l’Etat, elle est à l’abri de toute concurrence sérieuse. C’est elle qui éduque les continuateurs de son œuvre. Enfin, en enseignant aux êtres jeunes ses propres vérités et ses propres vertus, l’Ecole forme, dans une certaine mesure, le jugement de ceux qui, plus tard, pourraient la juger. (p. 8)

L’absurdité de nos méthodes d’enseignement est atténuée par le bon sens et par la bonté de ceux qui les appliquent. (p. 9)

Dans les écoles secondaires d’aujourd’hui, tout se passe comme si la valeur intellectuelle des écoliers pouvait être calculée au moyen de simples « règles de trois ». Ces écoles sont ce qu’elles seraient si leurs organisateurs avaient fait d’abord ces raisonnements désarmants :

Puisqu’un élève studieux qui a quatre professeurs retire de leurs leçons un réel profit, ce profit serait double s’il en avait huit.

Le mérite d’un écolier qui a pu mettre sur sa feuille trente dates historiques est trois fois plus grand que le mérite de son camarade qui n’a pu en donner que dix.

L’enfant s’instruira EVIDEMMENT plus si on lui donne sept leçons dans le courant de la journée que si on ne lui en donne que six. (p. 12)

On ne saurait trop exiger de l’Ecole d’aujourd’hui. Si elle a pour devoir de favoriser le développement physique, intellectuel et moral de l’enfant, c’est pour cette raison bien simple qu’elle empêche les autres de le faire. Sa responsabilité finit par croître beaucoup plus rapide-ment que le nombre des heures durant lesquelles elle enferme ses élèves. Et

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quand elle les enferme trop longtemps, elle leur prend quelque chose de plus précieux que tout ce qu’elle leur donne. (p. 15)

Voici une règle d’arithmétique que je trouve dans un manuel destiné aux écoles primaires supérieures et aux écoles secondaires des jeunes filles, en France :

Une fraction décimale périodique mixte est égale à une fraction ordinaire dont le dénominateur est un nombre formé d’autant de 9 qu’il y a de chiffres dans la période suivis d’autant de zéros qu’il y a de chiffres dans la partie non périodique du nombre qu’on forme en écrivant la période à la droite de la partie non périodique.

Tout simplement ! (p. 18)

Le savoir de l’écolier est bien plus la récompense de sa docilité que le fruit de son activité. C’est un aliment spirituel que sa curiosité ne réclamait pas. Sa tâche habituelle est de formuler dans une langue qui n’est pas la sienne les idées des autres.

Le maître qui doit enseigner beaucoup de choses est pressé. Il ne peut pas attendre que ses élèves aient vingt ans pour leur faire exprimer les idées des grandes personnes. (p. 41) L’écolier ne connaît de la science que ce qui n’a aucune valeur éducative : les formules exprimant les résultats obtenus. Il ignore la probité exemplaire, la curiosité et la persé- vérance du savant. Celui-ci, en abordant un problème nouveau, en est réduit à tâtonner, à faire des hypothèses et des vérifications, à reconnaître ses erreurs et à recommencer. On pourrait habituer l’enfant au même mode d’activité. Pour cela, il faudrait, sans aucune impatience, lui proposer des questions bien choisies et l’aider juste assez pour qu’il ne se décourage pas. Il faudrait aussi qu’il eût le droit de recourir à des moyens enfantins, maladroits, qu’il perfectionnerait à la longue. (p. 43)

Quel bonheur pour nos ancêtres préhistoriques qui construisirent les premières habitations humaines, de n’avoir pas entendu les conseils qu’on donne aux écoliers d’aujourd’hui ! Ignorant les éléments de l’architecture, ils n’auraient pas osé bâtir des maisons. Quel bonheur, pour nous, de n’avoir pas reçu, à l’âge d’un an, les leçons d’un pédagogue chargé de nous faire faire nos premiers pas ! Le fait est que le mouvement d’une personne qui marche peut se décomposer en plusieurs mouvements élémentaires dont chacun, n’est-ce pas, doit d’abord être étudié séparément, longuement. (p. 47)

Il suffit de consulter les manuels scolaires actuellement employés pour voir que l’on continue à s’intéresser beaucoup plus aux hommes du passé qui ont commandé et qui ont détruit qu’à ceux qui ont travaillé et qui ont créé. Or, quelle qu’ait été jusqu’à présent l’importance de la guerre, celle du travail humain n’a évidemment pas été moindre. Et comme l’histoire du travail serait plus variée ! Car il est bien simple, le geste de l’homme qui tue ! Ne pourrait-on pas en dire la fréquence sans le décrire chaque fois, et sans indiquer la date et le lieu ? Dans l’insistance avec laquelle tant de maîtres d’histoire défendent contre l’oubli les noms des monarques et des guerriers qui furent glorieux il y a mille, deux mille ou trois mille ans, se retrouve un peu de la platitude qu’un prince peut toujours attendre de ses historiographes et de ses larbins. (p. 67)

L’horrible guerre qui dure depuis trois ans nous a fait entrevoir ce que peut devenir un peuple lorsque ses pédagogues ne sont que les serviteurs du gouvernement. (p.70)

Le rôle de l’école est d’entretenir l’idéalisme dans l’âme humaine, et, dans ce sens, son action ne peut être que révolutionnaire. Qu’elle ait donc le courage de dire aux puissants défenseurs de l’ordre actuel : « Ne comptez plus sur moi ! »

Les forces conservatrices qui retardent les changements sociaux (…) sont considérables.

Les formes du passé sont défendues par l’hérédité, en vertu de laquelle les enfants ressemblent à leurs parents ; par l’imitation, qui fait que les êtres nouveaux adoptent les

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formules et les gestes des anciens ; par la paresse humaine, car il faut plus d’efforts pour innover que pour conserver ses habitudes. Le passé est protégé par les lois et les gendarmes.

Enfin, il est défendu par ceux qui possèdent l’argent et par leurs domestiques. Eh bien ! il ne faut pas que l’éducateur vienne encore donner son coup de main à toutes ces puissances et mettre à leur service la docilité et la crédulité des enfants. (p. 71)

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Le débourrage des crânes est-il possible ?

On est bien obligé de simplifier la vérité pour la rendre enseignable. L’école la simplifie d’une manière excessive. Ça lui permet d’enseigner beaucoup de choses.

L’enseignement scientifique ne vaut pas mieux que l’enseignement littéraire. On trouve dans des manuels de physique la formule suivante : I =

R E.

Elle indique l’opération à effectuer sur deux nombres connus pour obtenir l’intensité d’un courant électrique. A l’élève zélé qui, au moment de l’examen, récitera : − « I égale E sur R », on donnera sûrement, pour cette réponse correcte, un point de plus. Or, pour se faire une idée claire des trois quantités représentées par les lettres E, R et I, il faudrait se livrer à des expériences et à des mesures précises qui exigeraient bien des heures. Le maître renonce à ce travail patient car les sujets à traiter sont nombreux. Sa façon de procéder est d’ailleurs conforme au Programme. Mais, qu’on le veuille ou non, si l’écolier qui récite la formule dont je parle était sincère, intelligent et courageux, il s’exprimerait en ces termes :

« En divisant un nombre E, qui représente pour moi une chose vague, par un nombre R dont je ne distingue pas très bien le sens, on trouve un nombre I, sur la signification duquel j’aime mieux ne pas insister. »

Et dans toutes les villes du monde, il existe de nombreux collégiens qui, chaque semaine, récitent avec docilité des formules scientifiques totalement dépourvues de « substantifique moelle ».

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Nos oreilles n’ont pas de paupières

S’il m’arrivait, dans le salon de Madame T., ou dans un autre, de dire des choses justes sur le calcul différentiel, je passerais pour un pédant et pour un monsieur très ennuyeux.

Mais, si je parlais des femmes, des Allemands, de la guerre ou de l’immortalité de l’âme, je pourrais débiter les pires insanités sans nuire à ma réputation. Je serais même chaudement approuvé par quelques-uns des assistants. C’est triste.

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L’an de grâce 1924

Mes pauvres enfants ! Ce que j’ai à vous dire de l’année 1924 n’est pas rassurant. Que le nombre 1924 soit divisible par 13, cela ne devrait pas nous alarmer. Le nombre 1911 l’est aussi. Cela n’empêche pas qu’en 1911 le vin fut admirable. Mais le nombre 1924 est sinistre

« jusqu’à l’os », si j’ose m’exprimer ainsi. Enlevez au nombre 1924 l’un de ses chiffres, par exemple le 1. Puis, écrivez deux fois le nombre 924 qui vous restera, de manière à former ce nombre de six chiffres :

9 2 4 9 2 4

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Vous constaterez facilement que ce nouveau nombre est encore divisible par treize !

Du calme ! Je n’ai pas tout dit. Si au lieu d’enlever le 1, vous supprimez le 9, vous obtiendrez de la même façon le nombre

1 2 4 1 2 4

lequel (il serait vain de le nier) est aussi divisible par TREIZE !

Ne vous sauvez pas. Si vous recommencez, en enlevant au nombre 1924 son 2, ou bien son 4, vous ferez toujours la même constatation désolante.

Quelles sont les intentions du Destin ? L’avenir nous le dira. Mais, d’ores et déjà, nous pouvons prévoir que, durant l’année qui approche, il y aura des pleurs et des grincements de dents (sans parler de tout le reste).

Courage ! Prenons notre derrière à deux mains et lançons-nous, tête baissée, dans l’année 1924, en fermant les yeux.

Le plus grave me reste à dire. Les années 1925 et 1926 présentent le même caractère satanique que la précédente. Mais, n’ayez pas peur : je suis là.

Almanach Balthasar __________

Avant la grande réforme de l’an 2000

Il ne suffit pas d’apprendre à connaître l’enfant. Quand on le connaîtra mieux, on évitera bien des erreurs. Il n’en restera pas moins, après cela, un problème très difficile à résoudre.

Eduquer les êtres jeunes, c’est exercer sur leur caractère et sur leur esprit une action plus ou moins discrète ; c’est corriger un peu leur nature ; c’est  (avec ou sans phrases)  leur enseigner une morale. Quelle morale faut-il leur enseigner ? Faut-il, comme dit Nietzsche, les habituer à s’ennuyer, pour cette raison qu’ils sont condamnés à devenir des machines, ou bien faut-il mettre dans leur âme un enthousiasme, peut-être révolutionnaire ? Dans quelle mesure faut-il exiger d’eux la docilité, l’obéissance ?

Ce sont d’ailleurs là de vaines questions, car les effets de notre enseignement dépendent sans doute beaucoup plus de notre attitude, de notre ton, du son de notre voix, de notre sensibilité que de nos principes. Et puis, disons-nous bien que notre responsabilité est limitée. L’enfant subit d’autres influences que celle de l’école, et de plus profondes. Ne le déplorons pas trop. Imagine-t-on ce qui arriverait si le Pédagogue, en possession de la Vraie Méthode, prenait seul en mains la direction de l’humanité ? Cette perspective me remplit d’épouvante.

Car le Pédagogue, souvent, manque de bon sens. Tels réformateurs actuels voudraient donner à l’écolier toutes les vertus. Cela me paraît excessif.

Une leçon unique, captivante et lumineuse, produit parfois sur l’esprit de l’élève une impression plus vive et plus durable que le cours de toute une année. Cent théorèmes de géométrie, solidement enchaînés les uns aux autres, ont défilé devant le collégien Marcel, tels les wagons d’un long train de marchandises qui passent devant une vache contem- plative. Il n’y a rien compris. Dira-t-on que Marcel est bête ? Ce n’est pas certain. On l’aurait peut-être sorti de son indifférence si, un jour, d’une démonstration bien choisie, on avait fait un dialogue entre deux adversaires, un combat entre le Vrai et le Faux, et si l’on avait démonté devant lui les armes que le mathématicien emploie pour vaincre son contradicteur.

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Dans les écoles secondaires comme dans les écoles primaires, le maître traite devant ses élèves des questions qui, pour lui, sont résolues depuis longtemps. C’est, du moins, en cela que consiste sa besogne ordinaire. Autrement dit, l’homme que l’écolier a sous les yeux pendant des années n’est pas un chercheur : c’est quelqu’un qui sait et qui communique son savoir aux ignorants. Voilà pourquoi, entre autres raisons, les jeunes gens commencent par se faire de la science et de la vérité une idée absurde. Ces naïfs enfants ne savent pas que, devant les problèmes nouveaux, les hommes les plus intelligents en sont réduits, comme les autres, à observer, à tâtonner, à faire des hypothèses et des vérifications, à reconnaître leurs erreurs et à recommencer.

Nos élèves considèrent leurs fautes comme des accidents regrettables qui ont pour effet de diminuer leur « note ». Ils essaient parfois de les dissimuler et ils ne soupçonnent pas la grande valeur éducative qu’elles pourraient avoir.

Je voudrais qu’en l’an 2000 l’Etat fut assez désintéressé, assez artiste, pour favoriser dans une Ecole « de luxe » le développement de quelques esprits libres sur lesquels il ne pourra jamais compter.

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Nègres, réfléchissez !

N

ègres, réfléchissez ! Il est temps encore.

Depuis quelques années, vous manifestez énergiquement l’intention d’entrer dans le grand courant de la civilisation moderne et de nous rattraper sur la Route du Progrès. Les coups de trique de quelques Blancs dédaigneux, grossiers et imprévoyants vous ont réveillés ; et, maintenant, avec un légitime orgueil, vous refusez de reconnaître l’infériorité de la race noire. S’il faut en croire les journaux, vous voulez, à votre tour, fonder un Etat puissant qui aura sa religion officielle, son Parlement, son armée formidable, sa marine, ses monuments historiques, ses écoles innombrables et ses douaniers. Eh bien, Nègres, croyez-moi : tout cela ne fait pas le bonheur.

Vous pouvez m’écouter sans défiance, car je n’ai aucun orgueil de race. Je vous crois capables de faire tout ce que nous avons fait. En y mettant le temps, vous donnerez à l’humanité de grands savants et de grands artistes. Votre musique a déjà beaucoup de succès dans le monde où l’on danse. Vos poings noirs ont laissé des marques bleues sur les visages blancs de nos meilleurs boxeurs. Vous portez le smoking avec autant d’aisance que nos commis de banque les plus distingués. Et c’est l’un des vôtres qui, naguère, a remporté le prix Goncourt. Je le répète : votre prétention de nous égaler n’a rien d’absurde a priori. Si je vous conseille de réfléchir avant de vous lancer dans la grande aventure qui fut la nôtre, c’est que nous ne sommes pas heureux. Nous nous sommes peut-être affreusement trompés.

Le matin, quand je vais travailler, je vois dans les rues des centaines de jeunes filles, dactylographes, modistes ou vendeuses, qui se hâtent vers la prison où elles resteront enfermées tout le jour. Elles se défraîchiront prématurément en accomplissant leur besogne invariable. La civilisation − notre civilisation − n’est possible que si presque tous les humains se transforment en machines.

Nègres, observez-nous attentivement ; notre vie est laide. Jules Lemaître, dans ses Petites Orientales, vous a adressé ces vers que vous n’avez sans doute jamais lus :

Puisque c’est un chemin sans bout Que nous ouvre l’étude austère, Plus heureux par l’oubli de tout,

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Oui, bons nègres, restez en Afrique : asseyez-vous par terre, à l’ombre d’un catalpa, au milieu de vos petits négrillons, cachés dans l’herbe fleurie. Restez dans votre fertile Afrique où poussent, sans que l’on s’en occupe, l’arbre à pain, l’arbre à lait, l’arbre à viande, l’arbre à fromage et l’arbre à feuilles de vigne. Ne vous éloignez pas de la bonne Nature.

Mais que dis-je ! C’est trop tard. Les Blancs vous ont volé l’Afrique de vos ancêtres et ils ne vous la rendront pas. Ils ont besoin de votre caoutchouc, de votre café et de tout le reste.

Les affaires sont les affaires. Si vous insistez, on vous tirera dessus.

Le problème à résoudre est donc plus difficile que je ne le croyais. Essayez quand même, Nègres. Tâchez de ne pas refaire la bêtise que nous avons faite. Profitez de la leçon. Ce qui nous excuse, c’est que nous ne savions pas où nous allions. Sur la Route du Progrès, il n’y avait pas de poteaux indicateurs.

Il n’y a peut-être rien à faire. Celui qui veut sortir de l’animalité est peut-être condamné à perdre irrévocablement son insouciance et sa gaîté. Mais cela n’est pas encore tout à fait sûr.

Qui sait si, instruits par notre triste exemple, vous ne parviendrez pas, Nègres, à conserver, en vous civilisant, une âme sereine ? Cherchez : cela en vaut la peine. Et quand vous connaîtrez la vérité, envoyez-nous des missionnaires. Nous ne les mangerons pas.

Le roseau pensotant (L’Âge d’homme) __________

Au secours de la ligne droite

E

st-ce la vieillesse qui vient ? Ou est-ce simplement la paresse intellectuelle ? Je ne sais ; mais je commence à trouver que les novateurs vont décidément trop loin. Un physicien de génie, qui s’appelle Einstein, et dont les journaux s’occupent beaucoup depuis quelques années, est en train de renouveler les théories de l’électrodynamique. Comme ces théories me sont totalement inconnues, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’on les renouvelle. Ce qui, par contre, me fait protester avec violence, c’est que M. Einstein s’attaque, par dessus le marché, à mes convictions les plus profondes. Il veut m’enlever une notion que je ne pourrais pas perdre sans sombrer dans le scepticisme le plus affreux et, peut-être, dans la folie. Il prétend que je me faisais une idée fausse de la ligne droite !

Mesdames, Messieurs, la ligne droite qu’on veut arracher de mon esprit, c’est la vôtre.

C’est la ligne droite dont nos pères et nos grands-pères (qui n’étaient pas des imbéciles) se sont toujours contentés. C’est la ligne droite qui, depuis les premiers jours de l’histoire humaine, a suffi aux plus grands génies comme aux plus humbles ramasseurs de hannetons.

Je dis à toutes les personnes de bonne foi : « Essayez de vous représenter la ligne droite autrement que l’année passée. Cet effort absurde finira par torturer dangereusement votre esprit. Vous le sentirez bientôt : c’est la santé même de notre intelligence qui est menacée par les idées audacieuses du Newton moderne. »

Alfred de Musset, qui fut un homme austère, nous a dit sévèrement : « On ne badine pas avec l’amour ! » Nous ajouterons, avec la même sévérité : « Et l’on ne badine pas avec la ligne droite ! »

Pour soutenir leur thèse, les partisans d’Einstein invoquent une découverte récente qui, à mon humble avis, ne prouve rien du tout. Il paraît que la lumière émanant d’un astre quelconque (par exemple, de la planète Mercure) ne peut pas passer dans le voisinage du soleil sans subir une déviation. Mais est-ce une raison pour que la « ligne droite » se mette à minauder et à se tortiller lorsqu’elle passe devant l’Astre-Roi ? Un rayon lumineux est une chose et la ligne droite en est une autre.

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La ligne droite, telle que nous la concevons avec netteté (nous qui constituons la partie saine de la population), a toujours eu une tenue irréprochable. Elle est d’une constance à toute épreuve. On rencontre parfois des droites brisées. Mais en brisant la ligne droite, on ne la fait pas abdiquer. Ses plus petits morceaux gardent éternellement ses vertus originelles.

N’est-ce pas là le signe de l’absolue pureté ?

La ligne droite part du fond de notre âme. Elle est le chemin que voudrait suivre notre impatience quand nous nous élançons vers l’objet désiré. Chez les êtres nobles, la ligne droite est une idée innée. Si M. Einstein réussissait à nous prouver que la ligne droite elle- même s’écarte parfois du droit chemin, nous ne pourrions plus avoir confiance en personne.

J’ajoute que les révolutionnaires de la physique moderne constituent un danger pour l’industrie nationale. En répandant leurs idées subversives, ils ne songent pas à ces milliers de professeurs de mathématiques qui, devant leurs élèves avides de certitude, célèbrent chaque jour les vertus de la droite euclidienne, de la bonne vieille droite traditionnelle, dont la devise est : « Ne fléchissons pas ! » En enlevant la foi à ces pédagogues consciencieux, ne leur enlèverait-on pas, du même coup, leur gagne-pain ?

Ignorants, mes frères, ne forçons point notre talent. N’allons pas, pour le vain plaisir d’être à la mode, adopter cette droite nouvelle, légèrement courbe, dont les savants auront besoin, désormais, pour « expliquer l’univers ». Restons fidèles à la ligne droite des honnêtes gens, qui, lorsque nous partons, nous montre toujours la route à suivre.

Tout cela est triste. Si les hommes ne peuvent pas s’entendre sur le « droit » et le

« courbe », se mettront-ils jamais d’accord sur ce qui est juste et ce qui ne l’est pas ?

Le roseau pensotant (L’Âge d’homme)

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