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Notons tout de suite que par l’in´egalit´e triangulaire, la fonction valeur absolue G(x) =|x| est convexe sur R

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cours 13, le lundi 7 mars 2011

IV. Espaces Lp IV.1. Convexit´e

Quand deux pointsx0, x1 ∈Rsont donn´es, on peut parcourir le segment [x0, x1] qui les joint en posant pour tout t∈[0,1]

xt = (1−t)x0+tx1.

Si on pense `a un mouvement o`u t repr´esente le temps, la position de xt au temps t= 0 est bien le pointx0 donn´e, et c’estx1 au temps 1.

D´efinition. Si G est une fonction r´eelle d´efinie sur un intervalle I de la droite r´eelle, on dit que G est convexe si pour tous les points x0, x1 de I et pour tout t ∈[0,1], on a l’in´egalit´e

G (1−t)x0+tx1

≤(1−t)G(x0) +tG(x1).

L’in´egalit´e signifie que sur le segment [x0, x1], le graphe de la fonction G est au dessous de la corde qui joint les points (x0,G(x0)) et (x1,G(x1)).

Toute fonction affine, de la forme G(x) =ax+b, est convexe, ainsi que−G : dans le cas affine, l’in´egalit´e de convexit´e devient une ´egalit´e ; on verra un peu plus loin de vrais exemples de fonctions convexes. Notons tout de suite que par l’in´egalit´e triangulaire, la fonction valeur absolue G(x) =|x| est convexe sur R; en effet,

(1−t)x0+tx1

≤(1−t)x0

+tx1

= (1−t)|x0|+t|x1|.

La fonction |x| = max(x,−x) est le maximum de deux fonctions affines. Plus g´en´e- ralement, on peut voir que le max d’une famille finie de fonctions affines est convexe.

En fait, si le sup G d’une famille quelconque (Gi)i∈I de fonctions convexes sur I est une fonction finie sur I, alors G est une fonction convexe sur I. On a en effet pour touti

Gi((1−t)x0+tx1)(1−t)Gi(x0) +tGi(x1)≤(1−t)G(x0) +tG(x1), d’o`u le r´esultat en prenant le sup en i.

Le lemme qui suit permet de construire la plupart des exemples concrets de fonctions convexes.

Lemme. Si g est une fonction r´eelle croissante sur un intervalle I, sia est un point fix´e de I, b une valeur r´eelle et si on pose

∀x∈I, G(x) =b+ Z x

a

g(y) dy, alors G est convexe sur I.

(2)

Preuve. —Six0 < x1 sont deux points de I, si 0< t <1 et si on posez = (1−t)x0+tx1, on a x0 < z < x1; on peut ´ecrire d’apr`es la croissance de g, et en remarquant que z−x0 =t(x1−x0), x1−z = (1−t)(x1−x0),

G(z)−G(x0) = Z z

x0

g(y) dy≤(z−x0)g(z) =t(x1−x0)g(z) et

G(x1)−G(z) = Z x1

z

g(y) dy≥(x1−z)g(z) = (1−t)(x1−x0)g(z).

En multipliant la premi`ere in´egalit´e par 1−t et la deuxi`eme par t on obtient (1−t) G(z)−G(x0)

≤t(1−t)(x1−x0)g(z)≤t G(x1)−G(z) , qui devient, apr`es regroupement des multiples de G(z),

G (1−t)x0+tx1) = G(z)≤(1−t)G(x0) +tG(x1), ce qui prouve que G est convexe sur I.

Exemples.

— On a d´ej`a dit que les fonctions affines sont convexes.

— La fonction exponentielle est convexe sur R, ainsi que Gs : x ∈ R → esx pour tout s r´eel. En effet, cette fonction Gs est une primitive de la fonction gs:x→sesx,

∀x∈R, Gs(x) = esx= 1 + Z x

0

sesy dy = 1 + Z x

0

gs(y) dy,

et gs est croissante sur R; c’est tout `a fait clair quand s >0, et quand s < 0, x →esx est d´ecroissante, donc x→sesx croissante.

— La fonction x →ln(1/x) =−ln(x) est convexe sur ]0,+∞[. Elle est en effet une primitive de la fonction croissante x→ −1/x.

— Pourp >1 la fonctionx → |x|p est convexe surR: la d´eriv´eex→psign(x)|x|p−1 est continue et croissante. On note que

a+b

2

p ≤ |a|p+|b|p 2

ce qu’on peut r´ecrire sous la forme |a+b|p ≤2p1 |a|p+|b|p .

Pour p = 1 la convexit´e de x → |x| est vraie aussi, cons´equence imm´ediate de l’in´egalit´e triangulaire comme on a vu ; mais on peut dire aussi que la fonction valeur absolue est obtenue en int´egrant `a partir de a= 0, avec valeur initialeb= 0, la fonction croissante g qui vaut−1 pour x <0 et 1 pour x≥0,

G(x) =|x|= Z x

0

g(y) dy.

— Pour 0< p < 1 la fonction x→ −xp est convexe sur [0,+∞[ : on peut l’obtenir en int´egrant `a partir de a = 1 la fonction croissantex→ −pxp−1, d´efinie pour x > 0,

∀x >0, −xp =−1− Z x

1

pyp1dy.

La d´eriv´ee est int´egrable en 0, ce qui permet de prolonger en x = 0 la repr´esentation int´egrale.

On dit qu’une fonctionf est concave quand −f est convexe. Il est plus raisonnable de dire que pour 0< p <1, la fonction x →xp est concave sur [0,+∞[.

(3)

Corollaire.Si ϕest d´efinie sur un intervalle ouvert I, siϕ00(x)existe etϕ00(x)≥0 pour tout x∈I, alors ϕ est convexe sur I.

Preuve. — Puisque ϕ00 existe, la d´eriv´ee ϕ0 est continue, et elle est croissante sur I puisque ϕ00(x)≥0. On a donc, si a est un point quelconque choisi dans I,

∀x∈I, ϕ(x) =ϕ(a) + Z x

a

ϕ0(y) dy, ce qui permet d’appliquer le lemme pr´ec´edent.

Au d´ebut de cette section, on est parti d’une fonction croissante g, et on a montr´e que ses primitives G sont convexes. On va maintenant faire le chemin inverse.

Lemme hhdes trois pentesii. On suppose que ϕ est une fonction convexe d´efinie sur un intervalle I⊂R. Si u, v, wsont trois points de I tels que u < v < w, on a

ϕ(v)−ϕ(u)

v−u ≤ ϕ(w)−ϕ(u)

w−u ≤ ϕ(w)−ϕ(v) w−v . Preuve. — Posonst = (v−u)/(w−u) ; alors 0< t < 1 et

v=u+ (v−u) =u+t(w−u) = (1−t)u+tw, donc par la convexit´e de ϕ on a

(1) ϕ(v) =ϕ((1−t)u+tw)≤(1−t)ϕ(u) +tϕ(w) =ϕ(u) +t ϕ(w)−ϕ(u) , donc

ϕ(v)−ϕ(u)≤t(ϕ(w)−ϕ(u)) et ϕ(v)−ϕ(u)

v−u ≤ ϕ(w)−ϕ(u) w−u . Pour l’autre in´egalit´e, on transforme (1) en

(1−t)(ϕ(w)−ϕ(u))≤ϕ(w)−ϕ(v) donc ϕ(w)−ϕ(u)

w−u ≤ ϕ(w)−ϕ(v) w−v .

Th´eor`eme.Soit ϕ une fonction convexe sur un intervalle I, et soity un point int´erieur

`

a l’intervalle I; la fonction py d´efinie par

∀x∈I\ {y}, py(x) = ϕ(x)−ϕ(y) x−y

est croissante ; la fonction ϕ admet une d´eriv´ee `a droite ϕ0d(y) et une d´eriv´ee `a gauche ϕ0g(y), et

−∞< ϕ0g(y)≤ϕ0d(y)<+∞.

Il en r´esulte que ϕ est continue au point y. Pour tout r´eel α tel que ϕ0g(y)≤α ≤ϕ0d(y), la fonction ϕ majore la fonction affine x→ϕ(y) +α(x−y),

∀x ∈I, ϕ(y) +α(x−y)≤ϕ(x).

(4)

Preuve. — Consid´erons un pointyint´erieur `a I ; d’apr`es le lemme pr´ec´edent, la fonction pentepy :x→(ϕ(x)−ϕ(y))/(x−y), d´efinie pour x6=y´el´ement de I, est croissante (on va donner les d´etails plus loin) ; la pente py(x) a donc une limite `a droite ϕ0d(y) et une limite `a gauche ϕ0g(y) quand x tend vers le point y, et le lemme pr´ec´edent indique aussi que ϕ0g(y)≤ϕ0d(y).

Donnons les pr´ecisions annonc´ees ; consid´erons quatre points u, u1, v1, v dans I tels que u < u1 < y < v1 < v; ces points existent parce que yest int´erieur `a I. Appliquons le

hhlemme des trois pentesiiaux pointsu < u1 < y,u1 < y < v1 et y < v1 < v; on obtient ϕ(y)−ϕ(u)

y−u ≤ ϕ(y)−ϕ(u1) y−u1

≤ ϕ(v1)−ϕ(y)

v1−y ≤ ϕ(v)−ϕ(y) v−y ,

doncpy(u)≤py(u1)≤py(v1)≤py(v) : la pentepy est croissante, donc admet des limites

`a gauche et `a droite ; en passant `a la limite quand v1, u1 tendent vers y on obtient ϕ(y)−ϕ(u)

y−u ≤ϕ0g(y)≤ϕ0d(y)≤ ϕ(v)−ϕ(y) v−y ,

ce qui montre que les deux demi-d´eriv´ees sont finies, et entraˆıne la continuit´e de ϕ au point y. Si on choisit α entre les deux demi-d´eriv´ees en y, on aura

ϕ(y)−ϕ(u)

y−u ≤α≤ ϕ(v)−ϕ(y) v−y ,

ce qui montre que ϕ(v)−ϕ(y) ≥ α(v−y) pour tout v > y et ϕ(y)−ϕ(u) ≤α(y−u) ce qui donne aussi ϕ(u)−ϕ(y) ≥ α(u−y) pour tout u < y. Il y a aussi ´egalit´e quand u=y, doncϕ(y) +α(x−y)≤ϕ(x) pour tout x∈I.

Remarque. Dans le cas hhhabituelii, on a ϕ0g(y) = ϕ0d(y), le seul choix possible est α = ϕ0(y) et la derni`ere affirmation de l’´enonc´e revient `a dire que le graphe de la fonction convexe ϕ est au-dessus de sa tangente au point (y, ϕ(y)),

∀x ∈I, ϕ(x)≥ϕ(y) +ϕ0(y) (x−y).

Remarque. La fonction convexe ϕadmet une d´eriv´ee `a droite `a valeurs dans [−∞,+∞[ en tout pointy∈I qui n’est pas un majorant de I (pourϕ(x) =−√

x, qui est convexe sur I = [0,+∞[, la d´eriv´ee `a droite vaut −∞au point y = 0) ; de mˆeme, la fonction convexe ϕ admet une d´eriv´ee `a gauche `a valeurs dans ]−∞,+∞] en tout point qui n’est pas un minorant de I.

Dans le cas d’un intervalle ferm´e [a, b], il est possible que la fonction convexe ϕ ne soit pas continue aux extr´emit´es a et b, comme on le voit dans l’exemple o`u ϕ= 0 sur ]a, b[

et ϕ(a) = 1, ϕ(b) = 2. Les propri´et´es d’une fonction convexe sont plus agr´eables si on consid`ere l’int´erieur de l’intervalle de d´efinition. Elles sont r´esum´ees dans le corollaire qui suit.

Corollaire.Soit ϕ: I →Rune fonction convexe sur un intervalle I; sur l’int´erieur de I, la fonction ϕ est continue, admet une d´eriv´ee `a gauche et `a droite finies, qui sont deux fonctions croissantes ; la d´eriv´ee `a droite est continue `a droite, et la d´eriv´ee `a gauche est continue `a gauche. L’ensemble D des points y de I o`u ϕ0(y) < ϕ0(y) est au plus

(5)

d´enombrable, la fonctionϕ est d´erivable en tout point y∈ I\D, et pour tous x, y dans l’int´erieur de I on a

ϕ(y)−ϕ(x) = Z y

x

ϕ0(u) du.

Preuve. — Si y0 < y1 sont deux points int´erieurs `a I, on obtient, en appliquant les r´esultats du th´eor`eme pr´ec`edent `a y=y0 et `a y=y1, les in´egalit´es

(2) ϕ0g(y0)≤ϕ0d(y0)≤ ϕ(y1)−ϕ(y0) y1−y0

≤ϕ0g(y1) ≤ϕ0d(y1).

Cela montre que les d´eriv´ees, `a droite ou `a gauche, sont deux fonctions croissantes.

La suite de la preuve est moins importante. Montrons la continuit´e `a droite de ϕ0d en y0; par (2) et par la d´efinition de la d´eriv´ee `a droite, il existey1 > y0 tel que

ϕ0d(y0)≤ ϕ(y1)−ϕ(y0)

y1−y0 ≤ϕ0d(y0) +ε;

par la continuit´e deϕau pointy0, on peut trouverh0>0 assez petit pour quey0+h0< y1

et pour que pour touth∈]0, h0[, on ait ϕ(y1)−ϕ(y0+h)

y1−y0−h ≤ ϕ(y1)−ϕ(y0) y1−y0

+ε≤ϕ0d(y0) + 2ε; d’apr`es (2), appliqu´e `a y0+h < y1,

ϕ0d(y0)≤ϕ0d(y0+h)≤ ϕ(y1)−ϕ(y0+h)

y1−y0−h ≤ϕ0d(y0) + 2ε,

ce qui termine la preuve de la continuit´e `a droite deϕ0d. La preuve de la continuit´e `a gauche deϕ0g est analogue.

L’ensemble D des points de discontinuit´e (qui sont des sauts) de la fonction croissanteϕ0d est au plus d´enombrable, et de plus, les propri´et´es d’encadrement des d´eriv´ees gauche et droite,

t−h < t < t+h ⇒ ϕ0g(t−h)≤ϕ0d(t−h)≤ϕ0g(t) ≤ϕ0d(t)≤ϕ0g(t+h)≤ϕ0d(t+h) entraˆınent que ϕ0g admet exactement le mˆeme ensemble D de discontinuit´es. En chaque pointt de I\D, la fonctionϕest d´erivable et ϕ0(t) =ϕ0g(t) =ϕ0d(t).

Le calcul de l’int´egrale de la d´eriv´ee peut se faire au moyen du th´eor`eme de Riemann sur la convergence des sommes de Riemann vers l’int´egrale. Si on d´ecoupe [x, y] en n parties

´egales au moyen de pointsxi,i= 0, . . . , n, on aura d’apr`es (2), en choisissant de former la somme de Riemann en s´electionnant dans chaque intervalle [xi−1, xi] le point final xi,

Xn

i=1

ϕ0d(xi)(xi−xi−1)≥ Xn

i=1

(ϕ(xi)−ϕ(xi−1))=ϕ(y)−ϕ(x), donc en passant `a la limite par le th´eor`eme de Riemann,

Z y x

ϕ0(u) du≥ϕ(y)−ϕ(x).

On obtient l’in´egalit´e inverse en s´electionnant le point initialxi−1 de chaque intervalle de subdivision [xi−1, xi],

Xn

i=1

ϕ0d(xi−1)(xi−xi−1)≤ Xn

i=1

(ϕ(xi)−ϕ(xi−1))=ϕ(y)−ϕ(x).

Remarque.Dans le cas d’un intervalle ferm´e [a, b], il est possible que la fonction convexeϕ ne soit pas continue aux extr´emit´esaetb, comme on l’a vu dans l’exemple o`uϕ= 0 sur ]a, b[

etϕ(a) = 1,ϕ(b) = 2 ; dans ce cas,ϕ(b)−ϕ(a) n’est pas l’int´egrale deϕ0entre aetb. Mais si ϕest continue sur I, la description int´egrale s’´etend aux extr´emit´es.

(6)

IV.2. Les espaces Lp et Lp

On suppose que p est un nombre r´eel tel que 1≤ p <+∞. On d´esigne par LpK(E,F, µ) l’ensemble des fonctionsF-mesurablesf d´efinies sur E, `a valeurs dansK=RouCtelles

que Z

E

|f(x)|pdµ(x)<+∞.

On pose pour toute fonction f ∈ Lp kfkp =Z

E

|f(x)|pdµ(x)1/p

.

Il est clair que pour tout α ∈ K, la fonction αf reste dans Lp et kαfkp = |α| kfkp. La fonction u→ |u|p est convexe, on a vu que

|u+v|p ≤2p1 |u|p+|v|p ,

ce qui permet de montrer que la somme de deux fonctions de Lp est dans Lp, et on voit ainsi que Lp est un espace vectoriel.

L’espace LK(E,F) est form´e des fonctions F-mesurables born´ees `a valeurs dans K. On le munit de la norme du sup ou norme uniforme, qu’on d´esignera par la notation (non consacr´ee)

kfku = sup{|f(x)|:x ∈E}.

Pour cette norme l’espaceLest complet : une limite uniformef d’une suite de fonctions born´ees reste born´ee, et c’est aussi une limite simple de fonctionsF-mesurables, donc la limite f est F-mesurable born´ee.

Semi-norme sur Lp, convexit´e de la boule unit´e

Proposition. Quand 1 ≤ p < +∞, l’application f ∈ Lp(E,F, µ) → kfkp est une semi-norme sur Lp, c’est-`a-dire que

— pour tout scalaire α ∈K et toute fonction f ∈ Lp, on akαfkp =|α| kfkp;

— pour toutes f, g ∈ Lp, on a l’in´egalit´e triangulaire kf +gkp ≤ kfkp+kgkp. Preuve. — On a d´ej`a mentionn´e la propri´et´e d’homog´en´eit´e kαfkp = |α| kfkp. Pour prouver l’in´egalit´e triangulaire, consid´erons l’ensemble

Bp :=

f ∈ Lp(E,F, µ) : Z

E

|f|pdµ≤1}.

C’est un ensemble convexe : si f et g sont deux fonctions dans Bp, on note que pour tous x∈E et 0≤t≤1, par la convexit´e de u→ |u|p et par sa croissance pour u≥0,

(1−t)f(x) +tg(x) p

(1−t)|f(x)|+t|g(x)|

p ≤(1−t)|f(x)|p+t|g(x)|p, doncZ

E

|(1−t)f(x) +tg(x)|pdµ(x)≤(1−t) Z

E

|f(x)|pdµ(x) +t Z

E

|g(x)|pdµ(x)≤1.

L’in´egalit´e triangulaire en r´esulte : si a > kfkp et b > kgkp consid´erons f1 = a1f et g1 =b−1g qui sont dans la boule unit´e Bp, ainsi que la combinaison convexe

a

a+bf1+ b

a+bg1 = f +g

a+b ∈Bp;

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par l’homog´en´eit´e de la fonction k.kp on en d´eduit que kf +gkp ≤ a+ b, et on fait tendre a vers kfkp et b vers kgkp. `A la limite,

kf +gkp ≤ kfkp+kgkp. On a donc l’in´egalit´e triangulaire, et une semi-norme sur Lp. L’espace quotient Lp, norm´e

L’ensemble

Np =n

f :kfkp = 0o

=n f :

Z

E

|f|pdµ= 0o

est le noyau de la semi-norme k.kp. Comme on a une semi-norme, le noyau est un sous- espace vectoriel : si f, g∈ Np, alors

kαf +βgkp ≤ |α| kfkp+|β| kgkp = 0 ;

de fa¸con g´en´erale, tous les ´el´ements f d’une classe fix´ee fbde Lp/Np ont la mˆeme semi- norme (on peut invoquer l’in´egalit´e triangulaire : si f1, f2 sont dans la mˆeme classe, on a kf2kp ≤ kf1kp +kf2 −f1kp = kf1kp, et on ´echange ensuite f1 et f2) ; on peut donc attribuer cette semi-norme constante `a la classe, en posant

kfkb p =kfkp

pour un repr´esentant f quelconque. On obtient une semi-norme sur le quotient, qui est en fait une norme : en effet kfbkp = 0 signifie que kfkp = 0 quand f est un repr´esentant de cette classe f, doncb f appartient `a Np et fb=Np, qui est le 0 de l’espace quotient,

kfkb p = 0 ⇒ fb= 0Lp.

Remarquons que Np co¨ıncide avec le sous-espace vectoriel des fonctions n´egligeables N =n

f :f est F-mesurable et nulleµ-presque partout o ,

qui est ind´ependant de la valeur de p; en effet, si l’int´egrale de la fonction mesurable positive |f|p est nulle, on en d´eduit que |f|p, donc aussi f, est nulle µ-presque partout.

Inversement, si f ∈ N, on a R

E|f|pdµ= 0 donc f ∈ Np. L’espace L

L’espaceN des fonctions n´egligeables est contenu dans tous les espaces Lp pourp <+∞, mais les fonctions n´egligeables ne sont pas n´ecessairement born´ees. On introduit

N =N ∩ L,

l’espace des fonctionsµ-n´egligeablesborn´ees. L’espace LK (E,F, µ) est form´e des classes de fonctions F-mesurables born´ees `a valeurs dans K,

LK(E,F, µ) =LK(E,F)/N.

L’espace L(E,F) ´etait d´ej`a norm´e (par la norme uniforme), et on peut voir que son sous-espace N est ferm´e pour cette norme. On est dans le cadre du quotient d’un

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espace norm´e par un sous-espace vectoriel ferm´e : les ´el´ements d’une mˆeme classe n’ont pas la mˆeme norme uniforme ; par d´efinition, la norme d’une classe fb∈L(E,F, µ) est l’inf des normes des ´el´ements de la classe. Cela revient `a d´efinir la norme ainsi : si f est un repr´esentant de la classe fb, alors kfkb est le plus petit M tel que |f| ≤ M presque partout. On dit que M est le sup essentiel de la fonction f.

Posons en effet M = kfkb et soit f un ´el´ement quelconque de la classe fb; par d´efinition de la norme quotient, il existe fn ´equivalente `a f telle que kfnku <M + 2n, pour tout entier n ≥0, o`u cette fois la norme est la hhvraieii norme du sup ; on a donc

|fn| ≤M + 2n partout, et comme f est ´egale `a fn µ-presque partout, µ {x∈E :|f(x)|>M + 2n}

≤µ {f 6=fn}

= 0.

En faisant variernon obtient une famille d´enombrable d’ensembles n´egligeables, dont la r´eunion N =

|f|>M est encore un ensembleµ-n´egligeable ; il en r´esulte queµ-presque partout, on a |f| ≤ M. R´eciproquement, si |f| ≤ M µ-presque partout, on trouve une fonction fe´equivalente `a f qui est partout ≤M, donc kfbk ≤M.

On peut dire tout de suite que L, quotient d’un espace de Banach par un sous- espace vectoriel ferm´e, est complet d’apr`es la th´eorie g´en´erale, mais on donnera aussi un argument ad hoc plus loin.

Remarque :classes de fonctions et fonctions d´efinies presque partout. `A chaque fonction µ-int´egrable f (donc, mesurable d´efinie presque partout) correspond une unique classe, un unique ´el´ement de L1(E,F, µ). En effet, toutes les hhcorrectionsii fede la fonction f forment une classe, ´el´ement de L1.

L’espace norm´e Lp est complet

Th´eor`emede Fischer-Riesz, 1907.L’espace LpK(E,F, µ)est complet, pour 1≤p≤+∞.

Preuve. — On a d´ej`a vu le cas de L, on suppose ici que 1 ≤ p < +∞. On suppose que (fbn) est une suite de Cauchy dans Lp. On choisit des repr´esentants (fn) ⊂ Lp, qui sont des hhvraies fonctionsii r´eelles ou complexes F-mesurables. On peut trouver une sous-suite (nk) telle que

kfbnk+1 −fbnkkp =kfnk+1 −fnkkp <2k

pour toutk ≥0. Comme la suite de d´epart est de Cauchy, il suffit de trouver une limitefb dans Lp pour la sous-suite (fbnk). Posons

u0 = fn0, uk+1 =fnk+1 −fnk pour tout entier k≥0, de sorte que

Uk :=u0+· · ·+uk =fnk, Ubk=fbnk;

il faut donc faire convergerdans l’espace norm´e Lp la s´erie de vecteursP

ubk, c’est-`a-dire montrer que la suite (Ubk) des sommes partielles converge vers une limite dans Lp. Posons

∀x∈E, Vk(x) = Xk

|uj(x)|;

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c’est une suite croissante, de limite ponctuelle V(x) =

+∞X

j=0

|uj(x)|

`

a valeurs dans [0,+∞]. La suite croissante (Vk(x))p tend vers (V(x))p, o`u on a convenu que (+∞)p = +∞. Par l’in´egalit´e triangulaire pour la norme de Lp, et en notant que les fonctions h ∈ Lp et |h| ont la mˆeme (semi)-norme,

khkpp = Z

E

|h|pdµ=

|h|

p

p, on voit que

Z

E

Vpkdµ=

Xk j=0

|uj| p

p ≤Xk

j=0

kujkpp

ku0kp +X

j>0

2jp

=: M<+∞.

Par le th´eor`eme de convergence monotone, on obtient que Z

E

Vpdµ= lim

k

Z

E

Vpkdµ≤M <+∞; l’ensemble

N ={Vp = +∞}={x ∈E : V(x) = +∞} ∈ F est donc de mesure nulle. Quand x /∈N, on a

V(x) =

+∞X

j=0

|uj(x)|<+∞,

ce qui permet de consid´erer la fonctionf d´efinie parf(x) =P+

j=0uj(x) pour toutx /∈N, ce qui est vrai µ-presque partout, et f(x) = 0 sinon. Cette fonction f est F-mesurable, et

|f|p+∞X

j=0

|uj|p

≤Vp

est int´egrable, donc f ∈ Lp. Il reste `a prouver que les sommes partielles Uk tendent vers f pour la norme de Lp. On a en dehors de N, c’est-`a-dire µ-presque partout,

|f −Uk|p = X

j>k

uj

p ≤ X

j>k

|uj|

p ≤Vp

et |f(x)−Uk(x)|p →0 pour tout x /∈ N, ce qui donne une convergence vers 0 domin´ee par la fonction int´egrable Vp. Donc

kfb−fbnkkpp =kf −Ukkpp = Z

E

|f−Uk|pdµ→0.

La classe fbde f est un ´el´ement de Lp, limite de la suite de Cauchy (fbn). On a montr´e que Lp est complet.

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L’espace L est complet aussi, on l’a d´ej`a expliqu´e par des raisons g´en´erales et promis une preuvead hoc; cette preuve n’utilise pas de r´esultat d’int´egration, seulement un peu de th´eorie de la mesure et les r´esultats sur la convergence uniforme. Si (fn) est de Cauchy dans L et si on choisit une sous-suite (fnk) telle quekfnk+1−fnkk <2k, il existe pour tout k un ensemble µ-n´egligeable Nk tel que

∀x /∈Nk, |fnk+1(x)−fnk(x)|<2k. En dehors de l’ensemble n´egligeable N =S

kNk, la s´erie de fonctions fn0 +X

k>0

(fnk+1 −fnk) converge normalement ; sa somme f donne la limite voulue.

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