C OMPOSITIO M ATHEMATICA
P AUL L ÉVY
Sur la convergence absolue des séries de Fourier
Compositio Mathematica, tome 1 (1935), p. 1-14
<http://www.numdam.org/item?id=CM_1935__1__1_0>
© Foundation Compositio Mathematica, 1935, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Compositio Mathematica » (http:
//http://www.compositio.nl/) implique l’accord avec les conditions gé- nérales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utili- sation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
1 par
Paul
Lévy
Paris
Le
présent
mémoire contientl’exposé
de remarques quej’ai
faites en 1932, en lisant la
profonde
étude de M. NORBERT WIENERsur les théorèmes tauberiens
1).
J’avais hésitéjusqu’ici
àdévelop-
per un résumé de ces remarques
déjà présenté
à l’Académie des Sciences2).
Mais il me semblequ’il
y a intérêt à attirer l’atten- tion surl’importance
de résultats que N. Wienern’indique qu’incidemment,
en lesgénéralisant
et lescomplétant
sur certainspoints.
Le désir derépondre
à l’heureuse initiative de M. Brouweren lui adressant un mémoire pour
ce journal
a achevé de medécider à cette
publication.
1. Notions
générales.
Nous
appellerons
série F toute série absolumentconvergente
de la forme
Notre but est d’étudier les conditions pour
qu’une
fonctionf(x)
soit
représentable
par une telle série. Comme il est évidemment nécessaire que cette fonction soit continue et depériode
2n,il nous arrivera de sous-entendre ces conditions.
La série de Fourier de
f(x)
étant mise sous la forme(1),
sa convergence absolue est
indépendante
de la valeur de x con-) NORBERT WIENER, Tauberian theorems [Annals of Mathematics 33
(1932),
1-100] . 2) PAUL Livy, Sur la convergence absolue des séries de Fourier
[Com te
Rendus 196 (1933), 4632013466].
sidérée. Elle n’est pas, comme la convergence
simple,
une pro-priété
locale. Mais nous verrons que,d’après
un des résultats de N.Wiener,
l’étude de la convergence de cette sériepeut
seramener aussi à une étude
locale;
ils’agit
de vérifier l’existence d’une certain mode de continuité def(x) 1);
seulement il fautici que cette condition soit vérifiée en tous les
points
de lapériode.
Il suffit d’unpoint
où cette condition ne soit pas vérifiée pour que la série de Fourier def(x)
ne soit pas une sérieF,
et inversement si cette série n’est pas une série
F,
c’estqu’il
existe au moins un tel
point.
Cespoints
seront ditspoints singuliers
de Wiener.
On sait que, si
f(x)
admet des dérivées continuesjusqu’à
l’ordre p - 1 et une dérivée
d’ordre p
à variationbornée,
on ade sorte que la série de Fourier de
f(x)
admet unemajorante
de la forme k étant une constante. En introduisant la notion de dérivée d’ordre non
entier,
au sens deRiemann,
on obtient aisément une condition suffisante pour l’existence d’une
majorante
de la forme oc éta.nt un nombrepositif
arbitrairementpetit,
et il est même facile dans cet ordre d’idées d’obtenir des conditions assez peu restrictives et suffisantes pour l’existence d’une sériemajorante
de convergence arbitraire- ment lente.En
remplaçant
oc parzéro,
on est conduit à considérer le casoù la fonction continue
f(x)
est à variation bornée. Cette con-dition n’est ni
nécessaire,
nisuffisante,
pour que la série de Fourier def(x)
soit une série F. Lepremier point
résulte aisément de l’étude des séries àlacunes,
dutype
1 - 2
il suffit de
prendre,
parexemple,
c= v !, nv==c;2,
pour définirune fonction
qui
ne soit pas à variation bornée. Le secondpoint
1) L’expression mode de continuité est prise ici dans son sens le plus large. Il s’agit d’une certaine condition, dont il s’agirait de préciser la nature exacte, im- posée aux valeurs que prend f(x’ - f(x0) pour jx -
x,1
assez petit.résulte aisément de l’étude de la fonction
impaire égale,
pour fonction surlaquelle
nous reviendronsau No. 3.
L’étude des séries
(3)
met en évidence une circonstance im- 1portante.
Enprenant
parexemple
Cy= 2’
v elles seronttoujours
des séries F. Mais en
prenant
pour les n’V une suite de nombresassez
rapidement croissants,
on pourratoujours s’arranger
pourqu’une
telle série n’admette pas de sériemajorante
d’untype
donné d’avance. Cette remarque montre que les
méthodes,
quenous venons de
rappeler, qui reposent
surl’emploi
demajorantes
d’un
type
déterminé et pourlesquelles
notamment le termegénéral
décroîtrégulièrement quand n augmente,
nepeuvent conduire,
pour l’étude de la convergence absolue de la série de Fourier def(x) qu’à
des conditions suffisantesbeaucoup trop
restrictives.
On doit à M. S. Bernstein
1 )
un résultat d’uneplus grande portée:
si la condition deLipschitz
est vérifiée pour un
exposant
a >2,
la série de FOURIER def(x)
est une sérieF ;
ce résultat est trèsremarquable,
car de cettecondition on ne
peut
que déduire l’existence d’unemajorante
k’
de la forme
ln I" , qui
seraitdivergente.
Les résultats de N.
Wiener,
comme nous le verrons, sont d’une nature trèsdifférente,
et leurgénéralité
n’estpossible
que parcequ’ils
nereposent
pasuniquement
sur la considération demajorantes
de formes déterminées. Dans les remarques que nousajouterons
pour lescomplèter,
il nous arrivera au No. 4 d’utiliserdes séries
majorantes,
maisdépendant
d’un nombre illimité deparamètres,
cequi
nouspermettra d’échapper
enpartie
àl’objec-
tion
précédente.
Toutefois les résultats que nous obtiendrons ainsi ne sont pas ceuxqui
ont leplus grand degré
degénéralité,
et notamment ne
s’appliqueront qu’à
des fonctions à variation1) S. BERNSTEIN, Sur la convergence absolue des séries trigonométriques [Comptes Rendus 158 (1914), 1661-1664]. V. aussi L. TONELLI, Serie trigo- nometriche, 255, 268.
bornée. Aussi est-ce surtout sur les résultats du No.
3, inspirés plus
directement par ceux de N. Wiener, que nous attitons l’attention du lecteur.2. Les séries de Fourier de deux
fonctions
auxiliairessimples.
D’après
la formule(2),
les fonctions dont les courbesreprésen- tatives,
dans unepériode,
sont deslignes polygonales,
sontreprésentables
par des séries F. Cette remarquejoue
ungrand
rôle dans les recherches de N. Wiener. Nous aurons besoin dans la suite d’un résultat
plus précis
relatif aux fonctionstriangulaires
et
trapézoïdales
Nous
appellerons fonction trapézoïdale,
etdésignerons
pary(x,
oc,9, fi"),
la fonction continue etpériodique
de x, depériode
2n,
égale
à l’unitépour x 1
oc, à zéro dans l’intervalle(oc + 2n - oc - P’),
et linéaire dans chacun des intervalles( a fl’, - oc)
et(«,
oc +f3);
2oc,fJ, f3’
sont des nombrespositifs
dont la somme ne
dépasse
pas 2n; sif3’ == f3
nous écrironsp (x, oc, f3).
Dans le cas limite oc = 0, on obtient la
fonction triangulaire,
que nous
désignerons
parVO(x, f3, f3’) (ou simplement yo(x, fl) si f3
=(J’).
Lemme I. La somme des modules des
coefficients
de la série Freprésentant yo(x, fl, fl’)
admet une bornesupérieure
de laforme
A et B
désignant
des constantes absolues.(On peut
naturellementremplacer
cetteexpression
par Clog
e
désignant
leplus petit
desnombres P
etfl’,
ou par Clog
Le terme
constant ao
estcompris
entre 0 et1.
Pour les coef- ficients an des autres termes, on a, tous calculs faitsPour
majorer
lepremier
terme, ,remplaçons sin2 nfi n
2 , pourn2B2
chaque
valeurde n,
par laplus petite
desquantités
1 etn2B2
42 il vient
ainsi,
v étant lapartie
entièrede
,p ’
La même
inégalité s’appliquant
aux valeursnégatives
de n, ainsiqu’aux
termesdépendant
defl’,
on obtient pour lesparties
réelles des an
l’inégalité
dans
laquelle
la constante au second membre n’est d’ailleurs pas laplus petite possible.
Pour obtenir une borne
supérieure
de lapartie imaginaire
dean, si n ’V nous utiliserons
l’inégalité
et si n > v nous
remplacerons
sinnfl
par 1; nousprocéderons
de la même manière pour le terme en sin
nfi’.
Endésignant
par v’ lapartie
entièrede 2 ,
etsupposant
pour fixer lesidées P P’,
B
donc v’ v, on est ainsi
conduit,
si v’ v, à introduire les termesIl vient alors
Par
suite,
pour lesparties imaginaires
des an, on ad’où, compte
tenu deLemme II. La somme des modules des
coefficients
de la sériede Fourier de
y(x,
a,B, B’)
admet une bornesupérieure
de laforme
C
log k,
Cdésignant
une constanteabsolue,
et k étantdé f ini
par q = 2oc+ B
+B’
=ké,
où e est leplus petit
desnombres B
etP’.
Ce lemme résulte immédiatement de la
décomposition
en deuxtriangles
dutrapèze qui représente
cette fonction. Si oc n’est paspetit
parrapport
à e, iln’y
a aucune difficulté. Dans le cas con-traire
l’application
du théorèmeprécédent
à un destriangles
introduit
qui
estgrand;
mais la flèche de cetriangle
de sorte que
l’application
du lemme 1 à cetriangle
introduit le
produit qui
est borné pour oc a.Il serait
facile,
au lieu d’untrapèze,
d’introduire unquadri-
latère
quelconque;
de toutefaçon,
on negénéralise
pas d’une manière essentielle les résultats obtenus en ne considérant que destriangles;
mais cela se trouve commode pour certaines ap-plications.
Du lemme
précédent
résulte immédiatement que:Théorème 1. Toute
fonction
de laforme
telle
que la série Llcpllog kp,
soitconvergente,
estreprésentable
par une série F
(kp
est défini comme k dans le lemmeII).
Ilsuffit
enparticulier
que leskp
soient bornés etque Elcl (
converge.Si les ocp sont
nuls,
on obtient un théorèmeanalogue
pour les fonctionstriangulaires.
3. La réduction du
problème
à une étude locale et les résultats de N. Wiener.Nous dirons
qu’une
fonctionf(x)
est, aupoint
xo, localementreprésentable
par une série F s’il existe une telle série dont la sommesoit
égale à f(x)
dans unpetit
intervalle(xo
e, 0153o+ e)
entourantce
point;
nous dironsqu’elle
l’est â droite(ou
àgauche)
dupoint
xo si cela est vrai pour un
petit
intervalle à droite(ou
àgauche)
de ce
point.
Théorème II. Si une
f onction f(x),
depériode
2n est enchaque point
localementreprésentable
par une sérieF,
ellepeut
êtrerepré-
sentée par une même série F pour tout x réel.
Ce théorème n’est autre que le lemme IIb de N.
Wiener,
énoncé avec le
langage
que nous venonsd’adopter;
on remarque aussiqu’il
coïncide avec celui annoncé au No.1,
lespoints
sin-guliers
de Wiener étant ceux où la fonction n’est pas localementreprésentable
par une série F.Rappelons
brièvement la démonstration:d’après l’hypothèse
et le théorème de
Heine-Borel,
onpeut
diviser lapériode
enun nombre fini d’intervalles
(Xp-1’ xp ),
telsqu’il
existe pourchaque
p une fonctionfp(x) représentable
par une série I’ etégale
à
f(x)
dans l’intervalle{xp-1 2 , xp + a ),
e étant une con-stante suffisamment
petite.
Le théorème résulte alors de la formuleet de ce
qu’en ajoutant
oumultipliant
des séries F en nombre fini on obtienttoujours
des séries F.Ce théorème montre bien que le
problème
étudié se ramèneà une étude locale. Il
peut
être utile de lecompléter
par les suivants:Théorème III. Une
fonction peut
êtrereprésentable
par une série F à lafois à
droite et àgauche
d’unpoint singulier
de WienerConsidérons en effet la fonction
et
développons
d’abord cette fonction en série decosinus;
lecoefficient an de cos nx est nul si n est
impair;
pourn = 2p > 0
on a
a§ désignant l’expression
obtenue en ne calculant cette dernièreintégrale
que dans un intervalle(0, x)
danslequel
la fonction soitdécroissante.
On a alorstandis que ocZ est pour n très
grand
de l’ordre degrandeur
de2
n(on
le voit par une nouvelleintégration
parparties).
Doncce
qui
établit la convergence absolue de la série considérée.Développons
maintenant la même fonction en série de sinus.Le coefficient
P.
de sin nx est nul si n estpair;
pour nimpair
on a
fJ:
étant obtenu enn’intégrant
que de 0à -;
n leprocédé
utilisé2n
pour l’évaluation
asymptotique
de OCns’applique à
et conduità un résultat
analogue,
tandis queOn a donc aussi
ce
qui
montre que la série de sinus considérée n’est pas absolu- mentconvergente.
1
1) Nous avons utilisé le fait que, quelque petit que soit e positif fixe, log -
est pour compris entre deux bornes équivalentes à log
L’exemple
de la fonctionimpaire égale
à la fonction(7)
de0 à n établit à la fois le théorème III et le résultat énoncé au
No. 1 à propos des fonctions à variation bornée.
Théorème I V. Si en un
point
laf onction f(x)
est localementreprésentable
par une sérieF,
elle l’est aussi par une série absolu- mentconvergente
de laforme
 étant une constante
positive quelconque,
ainsi que par une in-tégrale
de Fourier absolumentconvergente.
Ce théorème est une
conséquence
immédiate du lemmeII f
de N. Wiener.
D’après
celemme,
si une fonctionf(x)
est nulleau
voisinage
des valeurs 2013 et + n, pourqu’elle
soitreprésen-
table par une série .F de - n à + n, il faut et il suffit
qu’elle
le soit par une
intégrale
de Fourier absolumentconvergente qui représente
zéro en dehors de cet intervalle.Or,
sif(x)
est en xoreprésentable
par une sérieF,
il suffitde
multiplier
cette fonction par une fonctiontrapézoïdale
pour obtenir une fonctionf1(x), égale
àf(x)
dans l’intervalle(0153o-e,
xo +
e )
et nullede xo
+ 2e à xo + 2n - 2e. Cettefonction, d’après
le lemmeII f
de N.Wiener,
estreprésentable
parune
intégrale
de Fourier absolumentconvergente,
et ilsuffit
d’appliquer
la secondepartie
de ce lemmeaprès
avoirchangé x
en Âx pour terminer la démonstration du théorème IV.Ainsi,
pour l’étude locale dontdépend
lapossibilité
derépresen-
ter une fonction par une série
F,
lechangement
de x en Àx estsans
importance:
àl’origine, f(x)
et toutes les fonctionsf(Âx)
sont localement
représentables
par des sériesF,
ou bien aucunede ces fonctions ne l’est.
Cette remarque conduit à poser la
question
suivante: les con-ditions de continuité dont
dépend
leproblème local,
etqui
sontinvariantes par le
changement
de x enÀx,
le sont-elles aussi par lechangement
de x enw(x), w(x) désignant
une fonction croissante et vérifiant en outre certaines conditions de continuité dont ils’agirait
depréciser
la nature? Si laréponse
estaffirmative,
onpeut affirmer,
ensupposant
deplus
queque f(x)
etf(m(x)]
sont en mêmetemps représentables
par une série F. Cettequestion,
queje
n’ai pas purésoudre,
meparaît
mériter de nouvelles recherches.
Dans le cas d’une substitution
portant,
non sur lavariable,
mais sur la
fonction,
on a le théorème suivant:Théorème V. Si y =
f(x)
estreprésentable
par une sérieF,
et si z =
F(y)
est unefonction holomorphe
pour toutes les valeurs de yprises
parf(x)
pour les valeurs réelles de x, lafonction F[f(x)]
est
représentable
par une série F.Ce théorème est encore la
généralisation
d’un résultat de 1N.
Wiener,
son lemmeIle,
relatif au cas oùF(y)
= . L’exten-y
sion ne
présente
aucune difficulté. Il suffit évidemment d’établiren
chaque point
lapossibilité
d’unereprésentation
locale. Or la fonctionest
représentable
par une série F pourlaquelle
la somme desmodules des coefficients est, pour e assez
petit,
inférieure à unnombre
positif
arbitrairementpetit
Q; N. Wiener n’établit cerésultat que pour la valeur
particulière de e qu’il
se trouveavoir à
utiliser,
mais sa démonstration s’étend sans difficultéau cas
où Lo
est arbitrairementpetit,
et il nousparaît
inutile dela
reproduire.
La démonstration du théorème V est alors immédiate. Il
n’y
a
qu’à
observer que,pour 1 x - x,, 1
assezpetit,
et il suffit de supposer e inférieur au rayon de convergence de cette série entière en
g(x)
pourobtenir,
enremplaçant g(x)
parla série F
qui représente
cettefonction, l’expression
deF[f(x)J
par une série
F,
cequi
démontre le théorème V.On
peut
naturellement obtenir d’autres résultats sur lareprésen-
tation par des séries I’ des fonctions
F[f(x)]; plus
les conditionsimposées
à la fonctionf(x)
sontrestrictives, plus
cellesimposées à, F(y) peuvent
êtrelarges.
Cequ’il
y a deremarquable
dans lesthéorèmes IV et V est que pour chacun d’eux l’une ou l’autre des fonctions
f(x)
etF(y)
a laplus grande généralité possible.
Nous n’insisterons pas sur les théorèmes
intermédiaires,
aucunde ceux que nous avons obtenus ne nous
paraissant présenter
un intérêt suffisant.
4.
Esquisse
d’une méthode basée surl’approximation
def(x)
parune somme de
fonctions triangulaires.
Soit A.B un
segment
d’uneligne
briséeinscrite
dans la courbe y =f(x),
limitée à une seulepériode.
Cetteligne
brisée étantune
approximation
de cettecourbe,
nous obtiendronsl’approxi-
mation suivante en
remplaçant
A B parAA’ BB’,
A’ B’ étantdeux
points
de l’arc AB tels que AB et A’B’ soientparallèles.
La courbe ,y =
f(x)
est ainsi obtenueaprès
une infinité dénom-brable
d’opérations,
et la fonctionf(x),
sous la seule condition d’êtrepériodique
etcontinue,
se trouve ainsireprésentée
parune série absolument et uniformément
convergente
de la formeDans cette
série, chaque
coefficient c,,pris
en valeurabsolue, représente
la distance des deux droites AB etA’ B’, comptée
sur une
parallèle
àOy.
C’est cequ’on peut appeler
la flèche dutrapèze
A.A’ B’ Bcorrespondant
à l’indice p. Nousdésignerons
par ’YJp, pour
chaque trapèze,
laprojection
de A B surOx,
par e. laplus petite
desprojections
de AA’ etB’B,
et poserons q, =kpêp.
Alors:Théorème VI. S’il est
possible
de réaliserl’approximation
de lacourbe y =
f(x)
par uneligne
brisée de manière que la sérieLlcpllog kp
converge, lafonctions f(x)
estreprésentable
par une sérieF 1).
Ce théorème n’est
qu’un
nouvel énoncé du théorème I. Nous allons voirqu’il
a uneportée
bien différente suivant lesappli-
cations que l’on a en vue.
Considérons d’abord le cas d’une fonction
f(x), ayant
unedérivée continue
f’ (x)
telle queet supposons que l’on prenne, pour
la’pplication
duprocédé qui
vient d’être
décrit,
ocp = 0,Bp = P , ;
en d’autres termes A’ -’ etB’ sont confondus au
point
de la courbe située sur laparallèle
à
Oy passant
par le milieu de AB. On aura alors pour toutes les valeursde p
La somme
des Cp 1 correspondant
à une même valeurest alors inférieure à
de sorte que la
somme E 1 cp 1
estfinie;
commekp
== 2, on estdans les conditions
d’application
du théorème VI.Ù Naturellement, si les k p sont bornés (et l’on peut en général faire cette hypothèse), il suffit de vérifier la convergence de E le,, 1.
Si au contraire on suppose seulement que la fonction
f(x)
elle-même vérifie une condition de
Lipschitz d’exposant
oc> 1/2,
condition
qui,
comme nous l’avonsrappelé
au No. 1 entraîne la convergence absolue de la série de Fourier de cettefonction,
on constate aisément que le théorème VI ne
permet
pas de retrouver ce résultat. En effet cette conditionpeut
être vérifiéepar des fonctions à variation non
bornée;
or le théorème VI nes’applique qu’aux
fonctions à variation bornée. Ilimplique
eneffet la convergence
de 11
cp1,
etquand
onremplace
la cordeAB par la
ligne
briséeAA.’ B’ B,
la variation totale de laligne
brisée
considérée,
inscrite dans lacourbe y = f(x), augmente
d’une
quantité qui
nepeut
pasdépasser
le double de la flèchecp ,
de sorte que la variation totale de cetteligne
est auplus
2LI cpl.
Ces remarques montrent que le théorème
VI,
dans les cas dece genre, a une
portée
tout à fait insuffisante. Ilpeut
être aucontraire utile à
appliquer
dans le cas d’une fonctionf(x) ayant
une continuité très
satisfaisante,
ou mêmeanalytique,
sauf enun
point singulier.
Reprenons l’exemple
de la fonctionet
désignons
parf1(x)
la fonctionimpaire égale
àfo(x)
de 0 à n;f o(x)
estreprésentable
par une sérieF,
mais nonfi(x).
On nepeut
pasespérer
établir lepremier
de ces résultats à l’aide duthéorème
VI,
si l’onprend
lespoints
0 et n commepoints
dedivision,
car une telle démonstrations’appliquerait
aussi àf1(x).
Mais il est facile
d’y
arriver enévitant,
dansl’application
duthéorème
VI,
deprendre
lespoints
0 et n commepoints
dedivision.
Prenons par
exemple
pour A et B lespoints - 2
et+ 2 ;
pour A’ et B’ les
points - "’
et+ - ;
pour A." et B" lespoints
-
et +g ;
et ainsi de suite. La somme des flèches destrapèzes AA’ B’ B, A’ A" B" B’,
..., a la valeur finieD’autre
part,
pour chacun des intervallesAA’, A’A",...,
iln’y
a
qu’à adopter
le mode de subdivisionindiqué
ci-dessus à proposdes fonction vérifiant la formule
(10).
Si dans un intervalle(x , x +,d x),
ona f"(x) M,
la flèche dutriangle ayant
pour sommet lespoints d’abscisses x x + Ax , x
2d x
est inférieureà
M 8 (Jx)2, )2, et
et pour la p somme des flèches destriangles
g conduisantà la limite à l’arc de courbe
considéré,
on a la bornesupérieure
Or,
pour l’intervalle(x, 2x )
onpeut prendre
de sorte que pour l’ensemble des intervalles
AA’, A’l4",
..., etBB", B B ,
..., on a une sommefinie, c.q.f.d.
I est facile d’étudier
plus généralement
la fonctionf ô(x).
Sia > 1, cette fonction et la fonction
impaire correspondante
sonttoutes deux
représentables
par une sérieF,
et l’onpeut
pourl’application
du théorème VIprendre
unpoint
de division àl’origine.
Si 0 oc l, on esttoujours
dans les mêmes conditionsque pour oc = 1: la fonction considérée est
toujours représentable
par une série F et on
peut
l’établir à l’aide du théorèmeVI,
maisà condition de ne pas
placer
depoint
de division àl’origine.
Onpeut généraliser plus
encore, en introduisant deslogarithmes itérés,
ou des fonctions à croissancerégulière
choisies de manièreà rendre les séries introduites dans les raisonnements
précédents
aussi lentement
convergentes
oudivergentes
que l’on veut: les résultats subsisteront. La convergence absolue des séries de FouRiERreprésentant
les fonctionspaires
dutype fo(x) peut toujours
s’établir parapplication
du théorèmeVI,
et lapossi-
bilité de
prendre l’origine
commepoint
dedivision,
et d’établirpar là même le résultat
analogue
pour la fonctionimpaire
corres-pondante, apparaît
dès que ce résultat est vrai.Le théorème VI a
donc,
dans ces cas, uneportée
bienplus grande
que dans ceux considérésd’abord,
et donne uneexplication
très satisfaisante de la différence
qui
existe entre les fonctionspaires
etimpaires
aupoint
de vue de la nature de leurs sériesde Fourier. Le calcul
asymptotique
descoefficients, qui permet
de constater cette différence
1),
nel’explique
pas d’une manière aussi satisfaisante.Terminons par une remarque sur les
points
que nousappellerons points semi-singuliers
des fonctionsf(x);
ce sont ceuxqui,
touten
n’empêchant
pas la fonction d’êtrereprésentable
par une sérieF,
nepeuvent
pas êtrepris
commepoints
de division pourl’application
du théorème VI.D’après
cequi précède,
onpeut
penser que cette définition
équivaut
à la suivante: unpoint
xo estsemi-singulier si, f(x)
y étant localementreprésentable
parune série
F,
il n’en est pas de même de la fonctionégale
àf(x)
pour x >
xo et à f(x0)
pour x C xo. Ce résultat est sûrement exact dans le casoù,
comme dansl’exemple précédent,
la semi-singularité provient
de ce quef’(x) augmente
indéfiniment suivantune loi
régulière.
Il serait intéressant de le démontrer d’une manièregénérale.
En
désignant toujours
parf o(x)
la fonction(11 ),
les fonctionsn’ont
qu’un point semi-singulier
parpériode.
Soitf(x)
une tellefonction. Si alors la
somme 11 1 Cn 1
estbornée,
la fonctionest
représentable
par une sérieF,
et onpeut
le démontrer parapplication
du théorème VI. Sespoints semi-singuliers
sont lespoints gn,
et ceux-là seulement2).
Onpeut
donc définir une fonction pourlaquelle
l’ensemble despoints semi-singuliers
coïn-cide avec
n’importe quel
ensemble dénombrabledonné,
mêmes’il est
partout
dense.(Reçu le 22 juillet 1933.)
1 ) Cf. R. SALEM, Détermination de l’ordre de grandeur à l’origine de certaines séries trigonométriques (Comptes Rendus 186 (1928), 1804-1806). Il est facile, à l’inverse de ce que fait M. Salem, de déduire l’ordre de grandeur des coef-
ficients d’hypothèses relatives à l’allure de la fonction à l’origine; c’est ce que
nous avons fait dans un cas particulier pour démontrer le Th. III.
2) La démonstration impliquerait quelques remarques préalables, qu’il nous paraît inutile de développer, sur l’indétermination qui existe toujours dans le
choix des points de division et la possibilité d’en profiter pour obtenir un mode de division s’appliquant à la fois à tous les f(x - n).