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Nanotechnologies : trop tard pour en parler ? (1)

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892 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 28 avril 2010

actualité, info

Nanotechnologies : trop tard pour en parler ? (1)

«Nanosciences» et «nanotechnologies» : étu de, fabrication et manipulation de structures, de dispositifs et de systèmes matériels à l’échelle de moins d’une quarantaine de na- nomètres ; applications potentielles infinies.

Elles sont au croisement de plusieurs disci- plines scientifiques : l’électronique, la méca- nique, la chimie, l’optique, la biologie qui manipulent des «objets» d’une taille de l’ordre du nanomètre. Or voici que cette volonté de maîtrise par l’homme de l’infiniment petit est au cœur d’une polémique croissante, der nier – et violent – chapitre en date au croisement des avancées technologiques, de leurs conséquences sanitaires et de l’appli- cation du principe de précaution. Et comme, par définition, les nanotechnologies sont dans le champ de l’invisible ce n’est pas – euphémisme – le sujet le plus simple.

C’est aussi un sujet plus que d’actualité : on estime d’ores et déjà que plus d’un mil- lier de produits (de cosmétologie et d’em- ballage, des pneumatiques, des raquettes de tennis jusqu’à des… chaussettes «anti-trans- piration») contenant (pour diverses raisons)

des nanomatériaux sont aujourd’hui com- mercialisés le plus souvent sans que les ache- teurs en soient informés. Trop tard pour en parler ? En France, pays dont on sait qu’il est plus sensible que d’autres à ces questions, on ne le pense pas ; du moins en haut lieu. Et en haut lieu, on aimerait aussi, bien vieille antienne, que les citoyens «débattent» de la question. Or, force est bien d’observer que cela ne va pas sans mal. Dernier élément d’actualité : les conclusions formulées par la

«Commission nationale du débat public»

(CNDP).1

Organisé à la demande de sept ministè res, ce débat s’est tenu du 15 octobre 2009 au 23 février 2010 et force est bien d’observer qu’il n’a pas toujours été – autre euphémisme – serein. «L’opposition radicale à la tenue mê- me du débat, qui avait été initialement sous- estimée, a contribué à donner une image profondément déformée du débat public, reconnaît aujourd’hui la CNDP. Il a été sans doute difficile au public de se mobiliser pour participer à des réunions qui avaient certai nes chances d’être entravées. Ont été particuliè-

point de vue rement perturbées celles de Lille, Grenoble,

Rennes, Lyon et Marseille. Celles d’Orsay, Montpellier et Nantes ont été annulées et remplacées par des débats sur internet. Cette solution de repli a fait l’objet de critiques, notamment de la part des médias qui consi- déraient qu’elle ne valait pas débat public.»

Quels enseignements, néanmoins, en tirer ?

Pour les organismes fran- çais publics de recherche, l’un des objectifs des na- notechnologies est de

«con tribuer au déve- loppement d’une so- ciété économe en res- sources naturelles et en énergie, porteuse d’une forte exigence de préservation de la santé et de l’environne- ment». Pour l’Institut na- tional de la santé et de la recherche médicale, les nano- technologies pourraient par exem- ple permettre d’amener au plus près des ses cibles un traitement médicamenteux (notamment) anticancéreux. On peut d’ores et déjà envisager de soigner des affections neurologi ques via la miniaturisation d’élec- trodes directement implantées au sein du système nerveux central.

L’Académie nationale de médecine attend

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 28 avril 2010 893 l’on ignore encore largement quels peuvent

être les risques sanitaires, les impacts sur l’environnement, les libertés individuelles ou les utilisations éventuelles dans le do- maine de la sécurité, ce qui explique nombre des craintes exprimées en cours de débat, résume-t-on auprès de la CNDP. La ques- tion des risques a en réalité été omnipré- sente tout au long du débat. De plus, le ca- ractère invisible des nano-objets ne fait que renforcer l’angoisse et la défiance que ces questions suscitent.» La CNDP observe aus- si que nombre de scientifiques, d’associa- tions de protection de l’environnement ou de con sommateurs (ainsi que des représen- tants d’agen ces d’évaluation ou de «comités d’éthique») avancent des arguments criti ques.

Ils alertent sur la nécessité de procéder à une véritable analyse bénéfices/risques. Trop tard ? Ils sont nombreux à le penser, estimant que la machinerie industrielle est lancée, que rien ne l’arrêtera et que, décidemment,

«tout est joué». C’est tout particulièrement le cas en France qui, ces dernières années, a lancé dans ce domaine une ambitieuse stra- tégie de développement avec par exemple la création à Grenoble de Minatec, campus spécialisé «en micro- et nanotechnologies»

(2400 chercheurs, 1200 étudiants et 600 in- dustriels et spécialistes du transfert techno- logique). Il y eut aussi, il y a un an, le lance- ment du plan «Nano-INNOV» qui vise «à donner à l’industrie française les moyens de

réussir le virage des nanotechnologies» et qui repose notamment sur la création de centres d’intégration des nanotechnologies à Grenoble, Saclay et Toulouse.

Pour ce qui est de la biologie et de la mé- decine humaine, la problématique centrale est sans aucun doute le passage de la correc- tion du pathologique à l’amélioration du normal, l’entrée dans l’univers triomphant du «transhumanisme», du «plus qu’humain».

Sur ce point, il n’est peut-être pas encore trop tard pour en parler.

(A suivre)

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

Fullerène Michael Ströck

quant à elle des progrès spectaculaires en matière de la qualité du diagnostic (biopu- ces et marqueurs moléculaires) et de puis- sance thérapeutique via une médecine réel- lement «personnalisée».

Et la CNDP d’ajouter : «Dans le contexte de crise économique, les nanotechnologies seraient pour les entreprises françai ses et européennes une opportunité de conserver leur compétiti-

vité. En effet, les perspec- tives économiques (un

marché de 1000 milliards de dollars en 2015), le rang actuel de la Fran ce dans le domaine de la recherche dans ce sec- teur (5e rang mondial) exigent pour certains que l’effort de recher- che soit amplifié.» Pour leur part, les profes- sionnels ayant déjà re- cours aux nanomaté- riaux tiennent des dis- cours qui se veulent rassurants. Ainsi la «fédération des entre- prises de la beauté» affirme qu’elle est

«pionnière de l’encadrement des nanomaté- riaux».

Que peut-on néanmoins craindre de leur développement ? Pour le dire simplement : beaucoup de choses. «Personne n’a nié que

1 Cette institution a été créée dans le cadre d’une loi «re- lative au renforcement de la protection de l’environne- ment» promulguée en 1995 et dont un décret a introduit en France la procédure du «débat public», dispositif de participation du public au processus décisionnel en ce qui concerne les grandes opérations publiques d’amé- nagement d’intérêt national. Depuis 1977, la CNDP a ainsi organisé (en s’inspirant en partie de l’action de concertation du Bureau des audiences publiques sur l’environnement du Québec (BAPE)) différents débats concernant des projets de création de port en eau pro- fonde, de lignes électriques Très Haute Tension, d’auto- routes, de lignes ferroviaires à Très Grande Vitesse ou d’aéroports. www.debatpublic.fr/

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