ANNALES
DE LA FACULTÉ DES SCIENCES
Mathématiques
FERDAOUSKELLIL, GUYROUSSEAU
Opérateurs invariants sur certains immeubles affines de rang 2
Tome XVI, no3 (2007), p. 591-610.
<http://afst.cedram.org/item?id=AFST_2007_6_16_3_591_0>
© Université Paul Sabatier, Toulouse, 2007, tous droits réservés.
L’accès aux articles de la revue « Annales de la faculté des sciences de Toulouse Mathématiques » (http://afst.cedram.org/), implique l’ac- cord avec les conditions générales d’utilisation (http://afst.cedram.org/
legal/). Toute reproduction en tout ou partie cet article sous quelque forme que ce soit pour tout usage autre que l’utilisation à fin strictement person- nelle du copiste est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou im- pression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
cedram
Article mis en ligne dans le cadre du
pp. 591–610
Op´ erateurs invariants sur certains immeubles affines de rang 2
(∗)Ferdaous Kellil(1), Guy Rousseau(2)
R´ESUM ´E.— On consid`ere un immeuble ∆ de typeA2 ou B2, diff´erents sous-ensemblesSde l’ensembleSdes sommets de ∆ et diff´erents groupes Gd’automorphismes de ∆, tr`es fortement transitifs sur ∆. On montre que l’alg`ebre des op´erateursG-invariants agissant sur l’espace des fonctions surS est souvent non commutative (contrairement aux r´esultats clas- siques). Dans certains cas on d´ecrit sa structure et on d´etermine ses fonc- tions radiales propres. On en d´eduit que la conjecture d’Helgason n’est pas toujours v´erifi´ee dans ce cadre.
ABSTRACT.— We consider a building ∆ of typeA2orB2, different sub- setsSof the setSof vertices in ∆ and different automorphism groupsG, very strongly transitive on ∆. We prove that the algebra ofG-invariant operators acting on the space of functions onSis often not commutative (contrarily to the classical results). In some cases we describe its struc- ture, determine its radial eigunfunctions and deduce that the Helgason conjecture is not verified in this context.
Introduction
Si G est un groupe r´eductif sur un corps local non archim´edien et U en est un«bon»sous-groupe compact ouvert alors l’alg`ebre de convolution H(G, U), des fonctions complexes bi-U-invariantes `a support compact sur G est commutative, comme l’a montr´e Ichiro Satake [S 63]. Les fonctions U-invariantes surG, qui sont fonctions propres deH(G, U) ont ´et´e l’objet de nombreux travaux d’analyse harmonique, en particulier celles qui sont bi-U-invariantes sont les fonctions sph´eriques zonales [S 63], [McD 71].
(∗) Re¸cu le 12 septembre 2005, accept´e le 14 septembre 2006.
(1) D´epartement de Math´ematiques, Facult´e des sciences de Monastir, 5000 Monastir, Tunisie.
kellilferdaous@yahoo.fr
(2) Institut Elie Cartan, UMR 7502, Nancy-Universit´e, CNRS, INRIA, 54506 Vandoeuvre-les-Nancy, France.
Guy.Rousseau@iecn.u-nancy.fr
Mais G/U s’identifie `a une partie S de l’ensemble S des sommets de l’immeuble de Bruhat-Tits ∆ deG. Les fonctionsU-invariantes surGsont des fonctions surSetH(G, U) op`ere sur ces fonctions. On va donc se placer dans un cadre plus abstrait.
Soit ∆ un immeuble ´epais localement fini et S un sous ensemble de l’ensembleSde ses sommets. On suppose qu’il existe un groupeGd’automor- phismes de ∆ qui stabilise S et agit «tr`es fortement transitivement» sur
∆. Un op´erateur K est une fonction «localement finie» sur S× S. Ces op´erateurs forment une alg`ebre qui agit sur l’espace des fonctions surS (cf.
1.1). On s’int´eresse `a l’alg`ebre O des op´erateurs G-invariants,i.e.v´erifiant K(gu, gv) =K(u, v), ∀g∈G, ∀u, v ∈ S.Si on suppose Gtransitif sur S alors un tel op´erateur s’identifie `a une fonction `a support fini surG/Kso`u Ksest le fixateur dansGd’un sommetsdeS.
Ce point de vue a ´et´e adopt´e dans plusieurs articles ant´erieurs [C 01], [CM 94], [CW 04], [GL 99], [MZ 00] et [MZ 02]. Mais ici on va ´etudier, apparemment pour la premi`ere fois, le cas o`u l’alg`ebre O d’op´erateurs est non commutative. Plus pr´ecis´ement on consid`ere un immeuble affine ∆ de type A2 ou B2, diff´erents ensembles S de sommets et diff´erents groupes G tr`es fortement transitifs sur ∆. On va ´etudier la commutativit´e deO, et pour certains cas, ´elucider pr´ecis´ement sa structure et d´eterminer ses fonctions radiales propres.
Au premier paragraphe on prend ∆ de type A2 et on ´etudie l’alg`ebre Oi des op´erateurs sur l’ensemble Si des sommets de type i invariants par un groupeG(tr`es fortement transitif) stabilisantSi, puis l’alg`ebreO1,2des op´erateurs surS1∪ S2, invariants parG, stabilisantS1∪ S2 et transitif sur S1∪ S2. On d´etermine enti`erement la structure de ces deux alg`ebres.
Au second paragraphe, on d´etermine la dimension de l’ensemble des fonctions propres pourOi puis pourO1,2qui sont de plus radiales, c’est-`a- dire invariantes par le sous-groupe Ks fixateur d’un sommets de S. Cela nous permet de montrer que la transformation de Poisson qui `a une mesure additive finie sur la fronti`ere de ∆ associe une fonction propre de Oi (ou O1,2) ne peut pas toujours ˆetre bijective : la conjecture d’Helgason n’est pas v´erifi´ee dans ce cas.
Au troisi`eme paragraphe, on se place dans le cas o`u ∆ est de typeB2
et le groupeGstabilise les types. On d´etermine enti`erement la structure de l’alg`ebreO0,2des op´erateurs surS0∪ S2puis de l’alg`ebreO1des op´erateurs surS1 invariants par un tel groupe.
Au dernier paragraphe, on compare les r´esultats obtenus avec les r´esultats classiques de Satake. On montre en particulier en quoiKsn’est pas toujours un«bon» sous-groupe.
1. Op´erateurs sur un immeuble de type A2
1.1. Notations
Consid´erons un immeuble ´epais ∆ de typeA2,et d’ordreq, comme d´efini par exemple dans [MZ 00 ], voir aussi [R 89]. On note S l’ensemble de ses sommets etC l’ensemble de ses chambres. D´esignons par τ :S →Z/3Z la fonction type. Pouri∈Z/3Z, on noteSi l’ensemble des sommets de type i. Chaque chambre contient un et un seul sommet de chaque type. Un appartement de ∆ peut s’identifier `aR2pav´e par des triangles ´equilat´eraux qui sont les chambres de cet appartement. Une cloison est une arˆete d’une chambre, son type est le type du sommet oppos´e; elle est contenue dansq+1 chambres (la valenceq ne d´epend pas du type). Une galerie de longueurn est une suite C0, C1, ..., Cn de chambres telles queCi∩Ci−1 contienne une cloison, son type est la suite des types de cesncloisons.
Soit A un appartement, x un sommet de A et C une chambre de Acontenantx, il existe un unique syst`eme de coordonn´ees sur l’appartement Atel quex=x0,0, S ∩C={x0,0, x1,0, x0,1}et sii=τ(x0,0) alorsτ(x1,0) = i+1 etτ(x0,1) =i−1. Alors les sommets deAsont index´es parZ2, τ(xj,k)≡ i+j−k(modulo3) et{xj,k / j, k∈[0,+∞[}est le quartierQx,C (sector) deAde sommetxcontenantC.
Pour j, k ∈ N, on note Vj,k(x) l’ensemble des points xj,k associ´es aux diff´erents choix de A et C tels que x∈C ⊂A. L’ensemble S est r´eunion disjointe desVj,k(x).
Un groupeGd’automorphismes de ∆ est dit«tr`es fortement transitif» si le sous groupe G0 de G form´e des ´el´ements conservant les types agit transitivement sur les paires (A, C) o`uCest une chambre de l’appartement A. Alors, pourx∈ S, lesVj,k(x) sont les orbites dansS du groupeG0xdes
´
el´ements deG0 fixantx.
Un op´erateurK est une fonction surS × S. On ne consid´erera que des fonctions localement finiesi.e.telles que pour toutu∈ S,{v∈ S/K(u, v)= 0} est fini. Le produit des op´erateurs K, K est donn´e parK∗K(s, t) =
u
K(s, u)K(u, t). Un tel op´erateur agit sur les fonctions par (K∗f)(s) =
u
K(s, u)f(u). On s’int´eresse aux op´erateurs (localement finis) invariants par diff´erents groupes tr`es fortement transitifs.
On d´efinit des op´erateurs Kj,ki sur S × S (pour i∈ Z/3Z et j, k ∈N) par :
Kj,ki (u, v) =
1 si τ(u) =i et v∈Vj,k(u)
0 sinon
Le terme dominantde l’op´erateur
Cj,ki Kj,ki (non nul mais avec des con- stantes Cj,ki presque toutes nulles) est
j+k=N
Cj,ki Kj,ki o`u N = max{j+ k / Cj,ki = 0}estle degr´e total de l’op´erateur.
On consid`ere un groupeGtr`es fortement transitif et conservant les types, on montre facilement que l’alg`ebre O des op´erateurs G−invariants admet comme base lesKj,ki (i∈Z/3Zetj, k∈N). On peut d´efinir cette alg`ebreO mˆeme en l’absence d’un tel groupeG.
Proposition 1.1. — 1)Kj,ki Km,nl = 0sil≡i+j−k modulo(3).
2) Pourl ≡i+j−k (modulo 3), le terme dominant de Kj,ki Km,nl est Kj+m,k+ni .
3) L’alg`ebreOest engendr´ee par les op´erateursK0,0i , K0,1i etK1,0i pour i∈Z/3Z. Elle n’est pas commutative.
D´emonstration. — La premi`ere assertion est claire. En particulier on a K1,00 K1,02 = 0 et K1,02 K1,00 = 0. Par ailleurs, on remarque que, lorsque le produit est non nul, le terme dominant dansKj,ki K0,1l (resp. Kj,ki K1,0l ) est Kj,k+1i (resp. Kj+1,ki ). Par un raisonnement par r´ecurrence on obtient alors 2) et 3).
Les op´erateursL1=K1,00 +K1,01 +K1,02 etL2=K0,10 +K0,11 +K0,12 sont (`a une constante multiplicative pr`es) les op´erateurs de Laplace consid´er´es par Mantero et Zappa [MZ 00], ils commutent donc entre eux. SiGest un groupe tr`es fortement transitif, transitif surS et permutant circulairement les types, l’alg`ebre Ocirc des op´erateurs G−invariants est engendr´ee par L1 et L2; c’est une alg`ebre (commutative) de polynˆomes , elle est ´egale `a C[L1, L2], cf.[MZ 00 ].
SiT est un op´erateur et sii, j∈Z/3Z, on d´efinit l’op´erateuri|T|j par :
i|T|j(u, v) =
T(u, v) si τ(u) =i et τ(v) =j
0 sinon
En particulieri|L1|j=K1,0i sij=i+1 (0 sinon) eti|L2|j =K0,1i sij =i−1 (0 sinon).
1.2. Op´erateurs sur Si
Les op´erateurs surSisont consid´er´es comme des op´erateurs surSnuls en dehors deSi×Si. On consid`ere l’alg`ebreOi des op´erateurs surSi invariants par un groupe G tr`es fortement transitif et stabilisant Si; c’est la sous- alg`ebre de O de base les Kj,ki pour j ≡ k (modulo 3). On peut d´efinir cette alg`ebreOimˆeme en l’absence d’un tel groupeG. On v´erifie facilement grˆace `a la proposition 1.1, qu’elle est engendr´ee par K0,0i (identit´e surSi), K1,1i , K3,0i etK0,3i . NotonsXi= i|L1L2|i, Yi= i|L31|i etZi = i|L32|i.
Th´eor`eme 1.2. — L’alg`ebreOides op´erateurs invariants surSiest une alg`ebre commutative :Oi=C[Xi, Yi, Zi]avec pour seule relationXi3=YiZi. De plus une base de Oi est constitu´ee desXimYin etXimZin pourm, n∈N.
D´emonstration. — Comme un sommet de typei a 1 +q+q2 voisins de typei+ 1 (oui−1)(cf.[MZ 00], on voit facilement que
i|L1L2|i=K1,1i + (1 +q+q2)K0,0i .
i|L31|i =K3,0i + (2q+ 1)K1,1i + (q+ 1)(1 +q+q2)K0,0i .
i|L32|i =K0,3i + (2q+ 1)K1,1i + (q+ 1)(1 +q+q2)K0,0i .
Comme les op´erateurs L1 et L2 commutent il en est de mˆeme pour Xi, Yi
et Zi et on a Xi3 = YiZi. De plus le terme dominant dans XimYip est Km+3p,mi , ainsi les op´erateurs Xi et Yi sont des variables alg´ebriquement ind´ependantes et on a les r´esultats ´enonc´es.
1.3. Op´erateurs sur S1∪ S2
On consid`ere des op´erateurs surS1∪ S2, donc nuls en dehors de (S1∪ S2)2. On note O1,2 l’alg`ebre de ces op´erateurs qui sont invariants par un groupe Gtr`es fortement transitif, stabilisant S1∪ S2 (doncS0) et transitif surS1∪ S2.
L’alg`ebre des op´erateurs surS1∪S2invariants parG0est la sous alg`ebre de O de base les Kj,k1 , avec j ≡k ou j ≡k+ 1(modulo 3) et Kl,m2 , avec l≡moul≡m−1(modulo3). MaisGest engendr´e parG0 et un ´el´ement σ qui stabilise un triplet x ∈ C ⊂ A (o`u xest de type 0) et qui ´echange les sommets de type 1 et 2 de C. Alorsσ transforme Kj,k1 en Kk,j2 . Donc
l’alg`ebre O1,2admet pour base lesKj,k1 +Kk,j2 pourj≡kouj≡k+ 1. On peut ainsi d´efinir cette alg`ebre mˆeme en l’absence du groupeG.
On noteX=X1+X2 , Y =Y1+Z2 etZ=Z1+Y2.
La sous-alg`ebre C[X, Y, Z] de O1,2 est form´ee d’op´erateurs conservant les types. Elle est isomorphe (par restriction) `a C[X1, Y1, Z1] = O1 ou C[X2, Y2, Z2] =O2.
On d´efinitL=K1,01 +K0,12 etM = (q+ 1)L+K0,21 +K2,02 . On a : L= 1|L1|2+ 2|L2|1 etM = 2|L21|1+ 1|L22|2.
Th´eor`eme 1.3. —O1,2 est une alg`ebre non commutative engendr´ee par LetM. On aO1,2=C[X, Y, Z]⊕LC[X, Y, Z]⊕(⊕p0CM Yp). La structure multiplicative est donn´ee par les relations :
L2=X;LM=Y;M L=Z;M2=L4=X2 XL=LX;Y L=LZ;ZL=M X =LY et
XM=LY;Y M =M Z =LX2;ZM =M Y.
D´emonstration. — Les derni`eres relations sont faciles `a v´erifier, en par- ticulier X, Y et Z s’expriment en fonction de L et M. D’apr`es la propo- sition 1.1 on d´etermine les termes dominants des monˆomes suivants en L, M, X, Y, Z :
Kn,n+3p1 +Kn+3p,n2 pourXnYp,Kn+3p,n1 +Kn,n+3p2 pour XnZp K0,3p+21 +K3p+2,02 pourM Yp, Kn+1,n+3p1 +Kn+3p,n+12 pour LXnYp et Kn+3p+1,n1 +Kn,n+3p+12 pourLXnZp.
Ainsi ces monˆomes forment une base deO1,2et le th´eor`eme est d´emontr´e.
2. Fonctions propres radiales pour Oi etO1,2
2.1. Noyau de Poisson et r´esultats de Mantero et Zappa
On consid`ere tous les quartiers de tous les appartements de l’immeuble et la relation d’´equivalence sur ces quartiers d´efinie parQ∼Q ⇔ Q∩Qcon- tient un sous-quartier. L’ensemble quotient Ω est la fronti`ere de l’immeuble cf.[MZ 00].
Notons H(Ω) l’espace des fonctions localement constantes sur Ω, son espace dual H(Ω) est l’ensemble des mesures additives finies sur Ω, (cf.
[MZ 00]).
On choisit un sommetx0, une chambreCet un appartementAtels que x0 ∈C ⊂A. On noteω la classe d’´equivalence du quartier Qx0,C associ´e.
Le sous-groupe des ´el´ements de G qui fixent (point par point) un sous- quartier (quelconque) de Qx0,C est not´e Gω. Si α = (a1, a2, a3) ∈ (C∗)3 v´erifiea1a2a3= 1, Mantero et Zappa construisent (par des r´etractions) une fonctionPαx0(−, ω) sur S telle quePαx0(xm,n, ω) =am1 a−3n et telle que Pαx0
est invariante parGω. Cette fonction est propre pourL1 etL2 : L1Pαx0 = γ1(α)Pαx0 , L2Pαx0 = γ2(α)Pαx0 avec γ1(α) = a1+qa2+q2a3 et γ2(α) = a−31+qa−21+q2a−11 et tout couple (γ1, γ2)∈C2 est ainsi obtenu, [MZ 00].
On va consid´erer ici des fonctions propres pour certains op´erateurs qui sont de plus invariantes par le sous-groupeKs deGfixateur d’un sommet s(et non plus parGω). Ces fonctions sont pr´ecis´ement celles qui sont con- stantes sur les ensemblesVj,k(s), on peut aussi les qualifier des−radiales;
ceci permet de les d´efinir mˆeme en l’absence d’un groupeGtr`es fortement transitif.
2.2. Fonctions propres radiales pour Oi
On noteFsi(xi, yi, zi) l’ensemble des fonctionsKs−invariantes surSi, qui sont propres pourOi : plus pr´ecis´ementXif =xif, Yif =yif etZif =zif pour (xi, yi, zi)∈C3 v´erifiantx3i =yizi.
Remarque 2.1. — 1) Soit f une fonction sur S invariante par Ks et propre de L1 (respectivement de L2) pour la valeur propre γ1 (resp. γ2).
Alorsf|S
i est propre pourXi, Yi et Zi pour les valeurs propres respectives γ1γ2, γ13, γ23; (carXi= i|L1L2|i, Yi= i|L31|i, Zi= i|L32|i).
2)On veut trouver les conditions surγ1, γ2pour quef|Si ∈ Fsi(xi, yi, zi).
Cela revient `a r´esoudrexi=γ1γ2, yi=γ13, zi =γ23.
Pouryi = 0 ouzi = 0; en r´esolvant yi =γ13 on a 3 choix pourγ1 et 3 choix pourγ2en r´esolvant zi=γ32. Et commexi=γ1γ2on a alors 3 choix pourγ1, γ2v´erifiant les trois ´equations en mˆeme temps et qui correspondent
`
a (γ1, γ2) ou (ζγ1, ζγ2) ou encore (ζγ1, ζγ2), (avecζ= −21+i√23).
Pouryi= 0 etzi= 0 on a xi= 0 etγ1=γ2= 0.
Proposition 2.2. — 1)dimFsi(xi, yi, zi)1 si s∈ Si. 2)dimFsi(xi, yi, zi)2 si s∈ Sj, j=i.
D´emonstration. — Soit fs ∈ Fsi(xi, yi, zi) alors fs est constante sur Vj,k(s). Notons fs(u) = fj,ks si u ∈ Vj,k(s). Par un raisonnement par r´ecurrence sur n =j+k et en utilisant les ´equationsXifs(u) = xifs(u), Yifs(u) =yifs(u) etZifs(u) =zifs(u), on montre que lesfj,ks se d´eterminent d’une fa¸con lin´eaire en fonction de :
f0,0s si s∈ Si
f0,1s et f2,0s si s∈ Si+1
f1,0s et f0,2s si s∈ Si−1
Proposition 2.3. — 1)dimFsi(xi, yi, zi)1 sis∈ Si ous∈ Sj, j= i et(yi= 0 ouzi= 0).
2)dimFsi(xi, yi, zi)2 sis∈ Sj, j=i et (xi=yi=zi= 0).
D´emonstration. — D’apr`es la remarque ci-dessus et les r´esultats rappel´es dans la sous-section 2.1, il existeαtel quePαssoit propre pourXi, Yi, Zi, L1
etL2 avec les valeurs propresxi, yi, zi, γ1 etγ2 (si on fixeωcomme en 2.1).
Notons Pi = Pαs(., ω)|Si et fis(t) =
Ks
Pi(kt, ω)dk. Ainsi la fonction fis est propre pourXi, Yi, Zi avec les mˆemes valeurs propres, elle est de plus Ks−invariante. Notonsj =τ(s).
1) Sij=i , Pαs(s, ω) = 1 doncfis(s) = 1= 0. AinsidimFsi(xi, yi, zi)1.
2) Supposons quej =i et (pour fixer les id´ees)i = 1. Notonss1 ∈ S1
un sommet `a distance 1 des et s1 un sommet deS1 tel que le type de la galerie minimale tendue de s `a s1 soit (j,1). On suppose s1 et s1 dans le mˆeme quartier de sommets.
Supposonsj = 2. On a2|L2|1=K0,12 , 2|L21|1=K2,02 + (q+ 1)2|L2|1 et Pαs(s, ω) = 1. Par suite f1s(s1) =1+q+qγ2 2 etf1s(s1) =γq212−(1+q+q(q+1)γ22).
Sij= 0 les r´esultats sont les mˆemes en ´echangeantγ1 et γ2.
Pouryi = 0 ouzi = 0, d’apr`es la remarque ci-dessusγ1 ouγ2n’est pas nul, doncf1sn’est pas nul et la dimension est donc bien sup´erieure ou ´egale
` a 1.
3) Supposons toujoursj =i= 1 etj = 2. Si γ2 ∈C∗ (resp. γ1 ∈C∗), on note g0,γ2 = γ1
2P1 (resp. gγ1,0 = γ12 1
P1) o`u P1 est d´efinie comme ci- dessus pour γ1 = 0 et γ2 (resp. γ2 = 0 et γ1). En moyennant parKs on obtient des fonctionsf0,γ2 etfγ1,0telles quef0,γ2(s1) = 1+q+q1 2, f0,γ2(s1) =
−(q+1)
q2(1+q+q2), fγ1,0(s1) = 0 et fγ1,0(s1) = q2(1+q+q1 2). D’apr`es la d´emon- stration de la proposition 2.2 une fonctionKs−invariante propre pourX1, Y1
et Z1 est d´etermin´ee de fa¸con polynˆomiale en fonction de ses valeurs ens1
ets1 et des valeurs propresx1, y1etz1. En passant `a la limite pourγ2→0 et γ1 → 0 on obtient deux fonctions f0,∗ et f∗,0 Ks−invariantes, propres pour X1, Y1 et Z1 et lin´eairement ind´ependantes. La dimension est donc bien sup´erieure ou ´egale `a 2.
Le casj= 0 se traite de la mˆeme mani`ere.
Th´eor`eme 2.4. — 1) dimFsi(xi, yi, zi) = 1 si s ∈ Si ou s ∈ Sj, j = i et(yi= 0 ouzi= 0).
2)dimFsi(xi, yi, zi) = 2 sis∈ Sj, j=i et(xi=yi=zi= 0).
D´emonstration. — En utilisant la proposition 2.2 et la proposition 2.3, on obtient le r´esultat sis∈ Si ou sis∈ Sj, j=i et (xi=yi=zi= 0).
Soits∈Sj, j=iet (pour fixer les id´ees)i= 1.
Supposons j = 2. Avec les notations de la proposition 2.2, pour u ∈ V0,1(s), v∈V2,0(s) etw∈V1,2(s), on a :
(1) X1fs(u) =x1f0,1s = (q+ 1)q3f1,2s + (q+ 1)q2f2,0s + (1 + 2q+ 2q2)f0,1s . (2) Y1fs(u) =y1f0,1s = (q+1)q5f3,1s +q4f2,0s +(2q+1)x1f0,1s −q(1+q+q2)f0,1s . (3) Z1fs(u) =z1f0,1s =q6f0,4s + (q+ 1)q3(3q+ 1)f1,2s + (2q+ 1)(q+ 1)q2f2,0s +
+(q+ 1)(1 + 2q+ 3q2)f0,1s .
(4) X1fs(v) =x1f2,0s = (q+1)q3f3,1s +(q+1)q2f1,2s +(2q+1)qf2,0s +(1+q)f0,1s . (5) Z1fs(v) =z1f2,0s = (q+ 1)q5f2,3s + (q+ 1)(2q+ 1)q3f3,1s + 3q3(q+ 1)f1,2s +
+3q2(q+ 1)f2,0s + (1 + 3q+ 3q2)f0,1s .
(6) X1fs(w) =x1f1,2s =q3f0,4s +q4f2,3s +q3f3,1s +q(3q+ 1)f1,2s +qf2,0s +f0,1s . Par un simple calcul on obtient :
(1) f0,1s [y1−(q+ 1)x1] =x1q2f2,0s
(`a l’´equation (2) ajouterqfois l’´equation (1) pour obtenirq2(4).)
(2) f0,1s [(q+1)z1−(2q2+2q+1)x1]+q2f2,0s [z1−(q+1)x1] = (q+1)q3x1f1,2s . (car (q+1).(3)−q3(q+1).(6)+q2.(5)−q2(q+1).(4) donne (1+2q+2q2).(1)).
On voit alors que si :
1) x1= 0 et commex1=y1z1, y1= 0 etz1= 0. Alorsf2,0s se d´etermine d’une fa¸con unique en fonction def0,1s . On applique la proposition 2.2 et on obtient dimFs1(x1, y1, z1)1.
2) x1= 0, y1= 0 alorsf0,1s = 0 et dimFs1(0, y1,0)1.
3) x1= 0, z1= 0 alorsf2,0s =−q+1q2 f0,1s et dimFs1(0,0, z1)1.
On applique alors la proposition 2.3, on obtient le r´esultat.
Le casj = 0 s’obtient par un raisonnement analogue.
2.3. Fonctions propres radiales pour O1,2
Pours∈ S, on veut d´eterminer les fonctions invariantes parKspropres pour les op´erateurs deO1,2op´erant surS1∪ S2.
Remarque 2.5. — 1) Si f est propre pour L et M alors elle est propre pour les op´erateurs de O1,2. D’autre part comme L4 = M2, pour qu’une fonction invariante parKssoit propre pourLetM pour respectivement les valeurs propresλet µil faut queλ4=µ2.
2) Pourf une fonction surS, invariante parKset propre pourL1(resp.
L2) pour les valeurs propresγ1(resp. γ2), notonsf|S1 =f1 etf|S2 =f2. On a alors :
L(f|S1) =γ2f|S2 =γ2f2 , L(f|S2) =γ1f|S1 =γ1f1
M(f|S1) =γ21f|S2 =γ12f2 , M(f|S2) =γ22f|S1 =γ22f1.
On veut d´eterminer les conditions sur γ1, γ2 (γ1, γ2 = 0) pour que
√γ1f1+6√
γ2f2o`u6=±1 soit propre pourLet M. On a : L(√
γ1f1+6√
γ2f2) =γ2√
γ1f2+6γ1√
γ2f1=6√ γ2√
γ1[√
γ1f1+6√ γ2f2].
M(√
γ1f1+6√
γ2f2) =γ12√
γ1f2+6γ22√ γ2f1 . La fonction√
γ1f1+6√
γ2f2 est donc propre pourL, elle l’est pourM (avec valeur propre γ√22√γ1γ2) si et seulement si √γγ231 =γ12√
γ1 doncγ23=γ13, c’est `a dire γ2√
γ2=ηγ1√
γ1 o`uη=±1.
Notonsλ=6√ γ2√
γ1 valeur propre pourLet µ=6γ22√√γγ12 =6√γγ232√γ1 =
γ23
λ valeur propre pourM. On a en particulierγ13=γ23=λµ.
Pourλ, µdonn´es, on a six choix pour√
γ1tel queγ13=λµ. Pour chaque choix de √
γ1 on a un choix de 6√
γ2 tel que λ = 6√ γ1√
γ2. On v´erifie facilement que pour6√
γ2= √λγ1 etγ1 tel queγ13=λµon a bienγ23=λµ.
On a alors six fonctions possibles. Cependant parmi ces choix il y a ceux qui `a un signe pr`es donnent la mˆeme chose. Plus pr´ecis´ement si on note
0
√γ1une racine sixi`eme deγ13on obtient `a un signe pr`es trois fonctions qui correspondent `a :
0
√γ1f1+ λ
0
√γ1
f2 , ζ0√
γ1f1+ζ λ
0
√γ1
f2 et ζ0√
γ1f1+ζ λ
0
√γ1
f2.
NotonsFs(λ, µ) l’ensemble des fonctions surS1∪S2, Ks-invariantes et qui sont propres pour L et M pour respectivement les valeurs propres λ et µ.
Proposition 2.6. — Pourλ etµ= 0 1)dimFs(λ, µ)1 sis∈ S1 ous∈ S2. 2)dimFs(λ, µ)2 sis∈ S0.
D´emonstration. —fs ∈ Fs(λ, µ) alors fs est constante surVj,k(s). No- tons alors :
fs(x) =
fs,j,k1 si τ(x) = 1 et x∈Vj,k(s) fs,j,k2 si τ(x) = 2 et x∈Vj,k(s)
Pour λ et µ = 0, en ´ecrivant les ´equations Lfs(x) = λfs(x) et M fs(x) = µfs(x) pour x ∈Vj,k(s) et en faisant un raisonnement par r´ecurrence sur n=j+k, lesfs,j,k1 , fs,j,k2 se d´eterminent d’une fa¸con lin´eaire en fonction de fs,0,01 (resp. fs,0,02 ) sis∈ S1(resp. s∈ S2) et en fonction defs,1,01 et defs,0,12
sis∈ S0. Ainsi pourλet µ= 0,on obtient le r´esultat.
Proposition 2.7. — Pourλ etµ= 0 1) dimFs(λ, µ)1 sis∈ S1 ous∈ S2. 2) dimFs(λ, µ)2 sis∈ S0.
D´emonstration. — 1) Pour s = s1 ∈ S1 ou s = s2 ∈ S2, d’apr`es la remarque 2.5.2 et la sous-section 2.1 ci-dessus il existe αtel que si on note Pαs(−, ω)|S1=P1et Pαs(−, ω)|S2 =P2 on a :
LP1=γ2P2 , LP2=γ1P1 , M P1=γ12P2 et M P2=γ22P1
et par suite pourγ1 et γ2= 0 (c’est `a direλet µ= 0) on obtient une fonctiongη,1(resp. gη,2) pours∈ S1(resp. s∈ S2) propre pourLetM (avec λetµcomme valeurs propres) et invariante par le fixateur d’un secteur :
gη,1= 1
√γ1
[√
γ1P1+6√
γ2P2] (resp. gη,2= 1 6√
γ2
[√
γ1P1+6√ γ2P2]).
En moyennant par le groupe compactKs, on obtient une fonction invariante par Ks, fη,1(resp. fη,2) lorsque s ∈ S1 (resp. s ∈ S2). De plus comme fη,1(s1) = 1= 0 (resp. fη,2(s2) = 1= 0) on obtient pourλetµ= 0, dim Fs(λ, µ)1 si s∈ S1 (resp. s∈ S2).
2) Pour s = s0 ∈ S0, consid´erons pour γ1 = 0 et γ2 = 0, gη,0 =
√γ11γ1[√
γ1P1+6√
γ2P2] et notonss1∈ S1, s2∈ S2 deux sommets contenus dans une mˆeme chambre que s0. On a Pαs(s, ω) = 1 , L1Pαs = γ1Pαs et L2Pαs = γ2Pαs. En moyennant les fonctions gη,0 par Ks, on obtient deux fonctionsf1,0, f−1,0 invariantes parKs et propres pourLetM v´erifiant :
f1,0(s1) = 1
1 +q+q2 , f1,0(s2) = 1 1 +q+q2 f−1,0(s1) = 1
1 +q+q2 , f−1,0(s2) = −1 1 +q+q2.
Et commef1,0 etf−1,0 sont non nulles et lin´eairement ind´ependantes on a alors dimFs(λ, µ)2 sis∈ S0.
Th´eor`eme 2.8. — 1)dimFs(λ, µ) = 1sis∈ S1 ous∈ S2. 2)dimFs(λ, µ) = 2 sis∈ S0.
D´emonstration. — Pour λetµ= 0 il suffit d’appliquer les propositions 2.6 et 2.7. Par ailleurs d’apr`es la proposition 2.6 une fonction invariante par Ks et propre pour L et M est d´etermin´ee d’une fa¸con polynˆomiale en fonction des valeurs propres λ, µ et de sa valeur en s (sis ∈ S1 ou si s∈ S2) ou de ses valeurs ens1, s2tels qued(s, s1) =d(s, s2) = 1 (sis∈ S0).
Par prolongement par continuit´e lorsqu’on fait tendreλ, µvers 0 le r´esultat ci-dessus reste alors valable.
2.4. Transformation de Poisson
Pour s ∈ S, on d´efinit la transformation de Poisson Pαs associ´ee `a α∈(C∗)3(cf.2.1) : elle transformeµ∈H(Ω) en
Pαsµ(x) =
Ω
Pαs(x, ω)dµ(ω), x∈ S.
Dans le cas o`u l’ensemble des fonctions propres deOiou deO1,2qui sont invariantes par le fixateur Ks d’un sommet fix´e dans S est de dimension deux, la transformation de PoissonPαs ne peut ˆetre bijective.
En effet sif =Pαsµest invariante parKs, on af(x) =
Ω
Pαs(x, ω)dµ(ω) et, pour toutk∈Ks, on a :
f(kx) =f(x) =
Ω
Pαs(kx, ω)dµ(ω) =
Ω
Pαs(x, k−1ω)dµ(ω) =
=
Ω
Pαs(x, ω)dµk(ω), o`uµk = (k−1)∗µ.
SiPαsest injective alorsµ= (k−1)∗µ,∀k∈Ks: la mesureµest invariante par Ks. Mais comme G est tr`es fortement transitif et s est un sommet sp´ecial, le groupeKsest transitif sur Ω, et donc il n’y a qu’une seule mesure Ks-invariante sur Ω `a une constante pr`es. L’image dePαs est de dimension 1 et dans le cas qui nous interessePαs ne peut ˆetre surjective.
3. Op´erateurs sur un immeuble de type B2
Soit ∆ un immeuble de typeB2,, comme d´efini par exemple dans [MZ 02 ]. On peut reprendre les d´efinitions du premier alinea de 1.1. Les cham- bres sont maintenant des triangles rectangles isoc`eles et, par convention, l’hypoth´enuse a pour type 1, les deux autres cˆot´es ont pour type 0 et 2. La valence qi d’une cloison d´epend de son type i; on note p= q0, q =q1 et r=q2.
3.1. Op´erateurs sur S0∪S2
SoitA un appartement,xun sommet deSi∩A, i∈ {0,2} etC une chambre deAcontenantx, il existe un unique syst`eme de coordonn´ees sur l’appartement A tel que x = x0,0, S ∩C = {x0,0, x1
2,0, x0,1
2}, τ(x1
2,0) = 2−i et τ(x0,1
2) = 1. Alors {xj,k / j, k∈ [0,+∞[} est le quartierQx,C de A de sommet x contenant C. On note Vj,k(x) l’ensemble des points xj,k
associ´es aux diff´erents choix de A et C tels que x ∈ C ⊂ A. L’ensemble S (resp. Si , S2−i) est r´eunion disjointe des Vj,k(x) avec (2j,2k) ∈ N2 (resp. (j, k) ∈ N2 , (j − 12, k) ∈ N2). En fait, si G est un groupe tr`es fortement transitif lesVj,k(x) sont les orbites du fixateurGx dexdansG.