Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par l'espace

Texte intégral

(1)Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par l’espace Olivier Milhaud. To cite this version: Olivier Milhaud. Séparer et punir. Les prisons françaises : mise à distance et punition par l’espace. Géographie. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2009. Français. �tel-00441473�. HAL Id: tel-00441473 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00441473 Submitted on 16 Dec 2009. HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés..

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(279) i. Université de Bordeaux 3 (Michel de Montaigne) UFR de Géographie et d’Aménagement. École doctorale n°480 "Montaigne-Humanités" Laboratoire ADES-TEMPOS UMR 5185 CNRS Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés. THESE DE DOCTORAT EN GEOGRAPHIE présentée et soutenue publiquement le 30 novembre 2009 par. Olivier MILHAUD Sous la direction de Guy DI MEO. SEPARER ET PUNIR Les prisons françaises : mise à distance et punition par l’espace. Membres du jury : Gilles CHANTRAINE, Chargé de recherche, CNRS, Lille Guy DI MEO, Professeur, Université de Bordeaux 3, directeur Georg GLASZE, Professeur, Université d’Erlangen Michel LUSSAULT, Professeur, ENS-LSH, Université de Lyon, rapporteur Denis RETAILLÉ, Professeur, Université de Bordeaux 3 Jean-François STASZAK, Professeur, Université de Genève, rapporteur.

(280) ii.

(281) iii. Pour toi, Papa, La mémoire qui s’efface Compte infiniment moins Que la tendresse qui s’accroît.

(282) iv. « Nous devons nous persuader que certains usages qui nous sont propres, considérés par un observateur relevant d’une société différente, lui apparaîtraient de même nature que cette anthropophagie qui nous semble étrangère à la notion de la civilisation. Je pense à nos coutumes judiciaires et pénitentiaires. » Claude Lévi-Strauss, 2008 [1955], Tristes tropiques, in Œuvres de Claude Lévi-Strauss, édition établie par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff, Paris, Gallimard, 2062 p., p. 415.. « Je plains plus que je ne blâme l’administration pénitentiaire actuelle : on lui demande de ‘‘réinsérer’’ un détenu en le ‘‘désinsérant’’ par la prison. » Michel Foucault, 1981, « Punir est la chose la plus difficile qui soit », Entretien avec A. Spire, Témoignage chrétien, n° 1942, 28 septembre au 4 octobre, p. 30.. « Le poëte au cachot, débraillé, maladif, Roulant un manuscrit sous son pied convulsif, Mesure d'un regard que la terreur enflamme L'escalier de vertige où s'abîme son âme. Les rires enivrants dont s'emplit la prison Vers l'étrange et l'absurde invite sa raison ; Le Doute l'environne, et la Peur ridicule, Hideuse et multiforme, autour de lui circule. Ce génie enfermé dans un taudis malsain, Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim Tourbillonne, ameuté derrière son oreille, Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille, Voilà bien ton emblème, Âme aux songes obscurs, Que le Réel étouffe entre ses quatre murs ! » Charles Baudelaire, 1866, « Sur Le Tasse en prison d’Eugène Delacroix », Les épaves, Amsterdam, À l’enseigne du coq, 164 p., pp. 113-114. Reproduit dans la section « Spleen et Idéal » de l’édition de 1868 des Fleurs du Mal..

(283) SOMMAIRE INTRODUCTION ...................................................................................................................................................1 PREMIERE PARTIE : POUR UNE LECTURE GEOGRAPHIQUE DES PRISONS .....................................................9 Chapitre 1 : Définition de la prison (espace et peine) comme objet géographique............................15 I. Une histoire de l’espace carcéral : l’instauration progressive d’une peine spatiale ...............15 II. La prison comme objet géographique : structuration interne, limites et localisations .........36 Chapitre 2 : Cadre conceptuel et méthodologique : la prison, un dispositif spatial contradictoire .............................................................................................................................................................................67 I. La prison comme dispositif spatial ................................................................................................68 II. Une approche géographique des contradictions du dispositif carcéral ..................................88. DEUXIEME PARTIE : RELEGUER ET PUNIR ? LES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES ENTRE DISTANCES ET PROXIMITES .................................................................................................................................................127 Chapitre 3 : Une carte pénitentiaire déséquilibrée .................................................................................129 I. Une répartition inégale des établissements et des détenus sur le territoire national ...........130 II. Une logique de desserte territoriale plus que de mise à distance ..........................................153 Chapitre 4 : Difficiles proximités ..............................................................................................................179 I. Distances vécues comme des séparations...................................................................................180 II. Pour les riverains, l’éloignement comme ressource.................................................................198. TROISIEME PARTIE : ENTRE LES MURS : ESPACE CONTRAINT, DISCONTINUITES ET PARTITIONS ........................................................................................................................................................227 Chapitre 5 : Une architecture compartimentée.........................................................................................231 I. Surveiller et punir ou bien parquer et isoler ? ...........................................................................232 II. Discontinuités et partitions spatiales .........................................................................................245 Chapitre 6 : Vivre le confinement et les discontinuités ........................................................................267 I. La discontinuité dedans/dehors ...................................................................................................270 II. Emploi des lieux, passer le temps...............................................................................................285. SPATIALES. CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................................327 TABLE DES MATIERES ......................................................................................................................................363.

(284) vi.

(285) vii. REMERCIEMENTS Y a-t-il, en fin de thèse, page plus nécessaire que celle des remerciements ? Page souvent la plus lue – il ne faut pas se leurrer – et page aussi la plus difficile à écrire, tant le moindre oubli par inadvertance passera pour de l’ingratitude et tant les mots, aussi, peinent parfois à exprimer tout le soutien dont on est redevable. Comment ne pas remercier d’abord et avant tout, Guy Di Méo, qui fut en 2005 l’un des rares géographes à accepter de diriger une thèse sur la géographie des prisons ? Merci bien sûr pour votre immense culture géographique, merci pour nos échanges scientifiques toujours chaleureux et stimulants, et merci infiniment pour votre soutien dans les moments difficiles ou de santé fragile. Vous avoir eu pour directeur fut un véritable privilège. Votre présence si réduite dans ma bibliographie finale aurait de quoi surprendre : puisse-telle prouver au contraire, et de manière éclatante, les biais grossiers des comptages bibliométriques. Merci aussi aux autres membres du jury, qui ont accepté de lire cette thèse, de la critiquer et de la discuter. J’ai bien conscience de la chance d’avoir un tel jury, couvrant tous les domaines ou presque abordés dans cette thèse. Merci donc à Gilles Chantraine, sociologue du CLERSE (CNRS, Lille), qui saisit la prison comme une expérience vécue tout en étant attentif aux assujettissements qui s’effectuent au nom de la liberté. Merci à Georg Glasze, de l’Université d’Erlangen (Allemagne), géographe des territoires de la sécurité, des lieux clos, et autres gated communities. Merci à Michel Lussault, géographe à l’Université de Lyon, dont les articles sur le dispositif spatial légitime et sur Michel Foucault m’ont éclairé autant que son approche des distances et de l’espace humain. Merci à Denis Retaillé, de l’Université de Bordeaux, géographe de l’espace mobile qui siège dans le jury d’une thèse portant sur un espace contraint et sur l’immobilité forcée. Merci enfin à Jean-François Staszak, géographe à l’Université de Genève (Suisse), dont l’intérêt pour les micro-échelles en géographie humaine et aussi pour les zoos m’a aidé à penser cette manière toute pénitentiaire de parquer des humains. Au cours de cette thèse, j’ai rencontré de multiples personnes qui m’ont aidé dans la collecte des matériaux. Je souhaite les remercier très vivement, tout particulièrement les quelques quatre-vingt-dix personnes qui m’ont accordé un entretien. Sans elles, cette thèse n’aurait pu avoir lieu. Je pense d’abord aux personnes détenues qui ont échangé avec moi sur leur vécu et leurs espaces. J’espère que ces moments passés ensemble resteront pour elles un moment différent du reste de leur incarcération. Je remercie les directions et les personnels des établissements d’Agen, Bordeaux-Gradignan, Meaux-Chauconin-Neufmontiers, Mulhouse et Villeneuve-lèsMaguelone, qui m’ont accueilli avec dévouement. Je pense aussi aux familles, aux riverains, aux bénévoles, aux aumôniers, rencontrés ici et là. Je remercie aussi les multiples élus et personnels municipaux des sites pénitentiaires, qui m’ont consacré du temps. Je pense aussi aux architectes, aux membres de l’Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice et bien sûr à tous les membres de l’Administration pénitentiaire qui m’ont aidé ou conseillé. Mentionnons tout spécialement Christian Carlier, Jean-Michel Dejenne, Sébastien Delarre, Emmanuel Brillet, Katia Dufant et toute l’équipe du centre de documentation, Jack Garçon, Annie Kensey, Julien Morel d’Arleux, Catherine Prade bien sûr, Olivier Razac, Stéphane Scotto, et tous les membres de l’Administration pénitentiaire que j’aurais par erreur oubliés ou qui ont souhaité conserver l’anonymat. J’ai eu la chance à Bordeaux d’être entouré, accueilli, choyé même, par Mayté Banzo et Yves Brunet, Christine, Laurent, Simon et Lucie Chivallon, Lucie Démettre, Marina, Thibaut et Martin Duféal, André-Frédéric, Emmanuelle, Yaëlle, Maïwenn, Guilhem et Solveig Hoyaux, Agathe Maupin et Marie Pendanx. Soyez en tous.

(286) viii. chaleureusement remerciés. Un très, très, très, grand merci à l’ensemble des membres du laboratoire ADES qui m’ont accueilli dans leur équipe et offert de si beaux moments d’échange scientifique et d’amitié. Je pense tout spécialement, outre ceux déjà mentionnés plus haut, à Caroline Abéla, Bénédicte Michalon, Olivier Pissoat et Djémila Zeneidy-Henri. Mais je n’oublie pas non plus Véronique André, Jean-Pierre Augustin, Nicolas Boivin, Marie-José Claverie, Marie-Bernadette Darignac, Mélina Germes, Carlos Jenart, Valérie Kociemba, Émilie Lavie, Marie Mellac, Maéva Paupert, Julia Peyron, Sylvie Vignolles, Philippe Waniez, les participants du Reading Group in Anglophone Geographies, Mariette Mongelous, Joël Pailhé, Marie-Josée Réjasse, et les collègues du département de géographie. Pouvoir présenter des éléments de cette thèse lors de séminaires et de congrès m’a permis de bénéficier de critiques constructives. Que les organisateurs et le public en soient très vivement remerciés. Je pense à la session « Law, Space, and Marginality », organisée par Sandy Kedar, lors du congrès annuel de la Law and Society Association à Denver (28 mai 2009), au séminaire criminologique du Centre d’histoire sociale (CNRSParis 1), organisé par Pierre-Victor Tournier (« Enfermements, Justice et Libertés dans les sociétés contemporaines », 20 janvier 2009), au séminaire de philosophie politique de la MSH de Paris nord, organisé par Alain Brossat (« Lire Michel Foucault aujourd’hui », 11 décembre 2008), aux 6e journées de la géographie de l’université de Bordeaux, organisées avec Nicolas Boivin, Lucie Démettre et Julia Peyron (« Espaces clos, espaces d’enfermement », 20 mai 2008), au séminaire de l’école doctorale d’histoire de l’université de Paris 1, organisé par Diane Pasquier-Chambolle et Raoul Estanguï-Gomez (« Enfermement et lieux de réclusion », 10 mars 2007), au café géographique de Saint-Dié-des-Vosges avec Christine Chivallon, organisé dans le cadre du Festival International de Géographie (« La prison, le bagne, le ghetto », 28 septembre 2006) et à celui de Toulouse avec Catherine Lupion, organisé par Jean-Marc Pinet (« La prison, un antimonde ? », 22 mars 2006), et enfin au séminaire de l’université de Créteil avec Marie Morelle, organisé par Laetitia Laumonier (« Pour une géographie de la prison, 24 novembre 2005). Je n’oublie pas non plus Thérèse Saint-Julien, qui avait dirigé mon mémoire de DEA sur la géographie des prisons, avec sa rigueur coutumière et néanmoins si chaleureuse. Merci à tous ceux qui, ponctuellement ou sur la durée, ont nourri les discussions géographiques ou criminologiques. Ils m’ont apporté un soutien intellectuel ou amical toujours précieux. Je pense en particulier à Lucie Bony, Yasmine Bouagga, Géraldine Bouchard, Alain Brossat, Tristan Bruslé, Vanessa Bryant, Yann Calbérac, Frédéric Chauvaud, Gaëtan Cliquennois, Olivier Clochard, Béatrice Collignon, Philippe Combessie, Christian Demonchy, Xavier Desjardins, Teresa Dirsuweit, Olivier Douhéret, Dominique Duprez, Anouk Garcia, Pierre Gentelle, Claude Grasland, Elsa Grassy, David Guerrero, Magali Hamm, Anne Héricher, Myriam Houssay-Holzschuch, Heinrich Jannot, Audrey Kiéfer, Éléonore Labet, Jean-Etienne Long, Pierre Méheust, Anne-Marie Meyer, Grégory Monteil, Marie Morelle, Étienne Patin, Laura Pettinaroli-Richter, Chris Philo, Christophe Quéva (merci !), Gwénola Ricordeau, Grégory Salle, Alexis Saurin, Nelly Schumacher, les amis du GÉNEPI, Michel et Michèle Sivignon, Sylviane Tabarly, Christophe Terrier, les amis des cafés géographiques, Maylis Vauterin, et bien évidemment Pierre-Victor Tournier. Merci enfin à Véronique Fourault-Cauët, Gilles Fumey et Matthieu Giroud. Je remercie d’ailleurs en eux autant les géographes remarquables que les amis décisifs qu’ils sont pour moi. Vu la longueur de la liste des remerciements, on devine la chance que j’ai eue d’avoir un tel entourage tout au long de cette thèse. Merci à ceux qui occupent une place toute particulière, qui va bien au-delà de la thèse : mes parents, ma famille, ma marraine, Muslik et Arina. Mes derniers mots seront pour toi, Arina, qui m’a apporté au long de ces années un bonheur immense et toujours recommencé, une tendresse incommensurable, un soutien et des encouragements indéfectibles, une vie de couple et un mariage toujours si simples et si joyeux, et surtout une conscience aiguë de la beauté et du prix de la vie. Qui serais-je sans toi ?.

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