• Aucun résultat trouvé

Avant que la forêt ne devienne l’ombre d’elle-même

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Avant que la forêt ne devienne l’ombre d’elle-même"

Copied!
21
0
0

Texte intégral

(1)

Avant que la forêt ne devienne l’ombre d’elle-même

Mémoire présenté à la Commission d’étude sur la maximisation des retombées économiques de l’exploitation des ressources naturelles dans

les régions ressources

Solidarité rurale du Québec

Nicolet

Février 2003

(2)

S0LIDARITÉ RURALE DU QUÉBEC

Solidarité rurale du Québec a été créée en 1991 pour assurer le suivi des États généraux

du monde rural. Sa mission est de promouvoir la revitalisation et le développement du

monde rural, de ses villages et de ses communautés, de manière à renverser le mouvement de déclin et de déstructuration des campagnes québécoises.

La coalition est hybride avec son membership composé d’une vingtaine d’organismes nationaux, de quelque 80 membres corporatifs et de plusieurs membres individuels.

Depuis juin 1997, Solidarité rurale du Québec agit à titre d’instance-conseil du

gouvernement du Québec en matière de ruralité. De plus, avec l’appui de son

secrétariat, elle est un groupe-conseil, un lobby, un centre de formation, un centre de

documentation, un lieu de recherche, une petite maison d’édition et un organisateur

d’événements.

(3)

TABLE DES MATIÈRES

Recommandations...4

Contexte...6

Les politiques forestières : comprendre le passé pour mieux préparer l’avenir...8

Repenser le système d’attribution des espaces forestiers ...9

Forêt habitée et approche multiressource ...11

Les activités récréatives : un secteur sous-évalué ...13

L’avenir des feuillus mis en péril par le reboisement unique...13

Les produits forestiers non ligneux : des opportunités à saisir, des portes à ouvrir ...15

À la recherche d’un équilibre : la gestion intégrée...17

Conclusion...19

Bibliographie ...20

(4)

Recommandations

1. Privilégier un développement forestier horizontal et multidisciplinaire tout en étant attentif au désir des citoyens de se réapproprier la maîtrise de leurs ressources;

2. Revoir l’attribution des territoires forestiers au profit des communautés rurales et en priorité pour ceux situés à proximité des milieux habités;

3. Déléguer une partie de la gestion des forêts aux pouvoirs locaux en fournissant aux MRC un cadre général de mise en valeur des ressources et en les aidant techniquement et financièrement pour la mise en place de plans d’aménagement forestier;

4. Créer un nouveau territoire forestier désigné «la forêt à habiter» à même la forêt publique située à l’intérieur ou à proximité plus ou moins immédiate des limites des municipalités;

5. Doter le Québec d’une politique de forêt habitée tout en reconnaissant légalement son existence dans le cadre de la Loi sur les forêts;

6. Encourager techniquement et financièrement la mise en place de projets de forêts habitées sur la base de l’expérience de la Forêt de l'Aigle en permettant aux légataires d’obtenir des droits complets reliés au territoire et aux ressources forestières;

7. Mener une étude qui viserait à quantifier l’ensemble des retombées économiques des activités récréatives en forêt et attribuer à ces activités toute l’importance qui leur revient dans la gestion gouvernementale;

8. Réanimer les traditions de l’École du Meuble et insuffler une nouvelle vie aux collèges techniques afin de mieux utiliser et tirer profit des essences nobles et des bois feuillus;

9. Revoir le modèle d’aménagement actuel qui privilégie les résineux en se donnant comme objectif de maintenir la biodiversité des forêts;

10. S’engager dans un important exercice d’acquisition de connaissances et d’inventaires des territoires forestiers, pour le développement des produits non ligneux, pharmaceutiques, médicinaux, naturels et ceux qui sont issus de la biomasse végétale.

Cet exercice devra dresser un portrait complet et détaillé de l’ensemble des ressources végétales présentes en forêt dans le but de favoriser une utilisation polyvalente et intégrée des ressources forestières ainsi que des autres potentialités forestières mal définies et souvent sous utilisées;

11. Appuyer d’une façon générale les entreprises qui s’engagent à fabriquer des produits spécialisés à haute valeur ajoutée là où la ressource est prélevée;

(5)

12. Se doter d’une expertise afin que les producteurs québécois puissent prendre leur place sur le marché international de la parfumerie, de la fabrication d’arômes, d’additifs, de produits naturels, d’extraits végétaux et d’huiles essentielles;

13. Permettre l’attribution de permis des produits forestiers non ligneux autres que l’acériculture, les bleuetières ou encore l’if du Canada;

14. Se doter d’un personnel spécialisé et spécifique pour appuyer le développement de l’ensemble des produits non ligneux afin d’appuyer la création de nouvelles entreprises;

15. Favoriser la création de lieux de concertation où tous les utilisateurs de la forêt participeraient à la réalisation d’objectifs communs, sensiblement à l’image des comités de gestion de l’eau par bassins versants;

16. Revoir et à harmoniser toutes les lois concernant la forêt et définir clairement les rôles et les compétences de tous et chacun en privilégiant des arrimages interministériels;

17. Intégrer dans les politiques et les lois en matière de gestion des forêts des mesures réelles qui favoriseront un équilibre entre les principes de conservation, d’exploitation et de multiplicité des usages afin qu’ils puissent simultanément et avec le même poids se déployer sur l’ensemble des territoires forestiers publics et privés et non pas uniquement à l’intérieur des «aires protégées» ou encore des «écosystèmes forestiers exceptionnels».

(6)

Contexte

«Écouter la forêt qui pousse plutôt que l’arbre qui tombe.»

Friedrich Hegel Évaluer les retombées économiques liées aux ressources naturelles en région, comme se propose de le faire la Commission, est une tâche colossale. Plusieurs organismes ayant déposé un mémoire jusqu’à présent dans le cadre de cette consultation ont d’ailleurs mentionné que le délai pour se préparer à un tel exercice était définitivement trop court. Solidarité rurale du Québec partage entièrement cette opinion. La coalition se questionne également sur la pertinence de réfléchir sur la maximisation des retombées économiques et du niveau actuel des redevances des ressources naturelles uniquement dans les sept régions ressources que sont la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, la Mauricie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Abitibi-Témiscamingue. Ces régions comptent seulement 375 municipalités de 5000 habitants et moins, soit à peine 35 % de ce qui est convenu d’appeler le «Québec rural». Il y a de quoi s’étonner quand on sait que les trois quarts de ceux et celles qui tirent leurs revenus de l’agriculture, de la forêt et de la pêche vivent présentement dans ces mêmes collectivités.

Solidarité rurale du Québec ne souhaite pas se perdre ici dans le dédale des calculs servant au MRN à justifier le niveau actuel des sommes d’argent retournées en région qui proviennent directement des redevances forestières. Quant on sait que 197 millions des 277,4 millions de dollars en redevances forestières ont été réinvesties en crédits sylvicoles et forestiers en 2001-2002 et que les redevances perçues par le MRN pour l’exploitation de la forêt représentent près de 75 % de toutes les redevances liées à l’utilisation des ressources naturelles, on est plutôt enclin à penser que les redevances collectées par l’État québécois sont outrageusement disproportionnées par rapport aux 20 milliards de dollars générés par l’ensemble des produits forestiers. La part des redevances collectées par le MRN en forêt représente donc à peine 1,4 % de la valeur totale des produits forestiers.

Mis à part ces réserves, il faut tout de même se réjouir que le gouvernement québécois ait décidé de se pencher sur les voies à prendre afin de mieux exploiter et de mettre en valeur les ressources naturelles en région. Depuis sa création en 1991, Solidarité rurale du Québec s’est penchée à maintes reprises sur cette question. Parce qu’elle est une pièce maîtresse de l’économie rurale, la forêt a plus souvent que les autres ressources retenu l’attention de la coalition. Que ce soit dans le cadre des travaux entourant la mise à jour du régime forestier et du projet de loi 136, les réflexions entourant la forêt habitée, la politique de consultation sur la gestion de la forêt ou encore tout récemment sur le projet de céder la gestion des chemins forestiers aux municipalités régionales de comté (MRC), la coalition a constamment répété que la forêt constitue un enjeu vital pour les communautés rurales.

Chacune des interventions publiques et des recherches qu’effectue Solidarité rurale rappellent invariablement la même chose : la gestion gouvernementale de la forêt québécoise fait face à plusieurs défis, mais il en est un qui concerne l’ensemble de la société et qui s’affiche en devanture de la conception traditionnelle de l’exploitation forestière, soit l’urgence de renouveler le regard qu’on pose sur la forêt et d’opter pour une exploitation intégrée et globale du couvert végétal et naturel.

Déjà en 1999, lors du dépôt de l’Avis pour une politique gouvernementale de développement rural, la coalition mentionnait que la vaste majorité du territoire québécois étant la propriété de l’État, la gestion

(7)

actuelle des terres publiques et de la forêt est encore trop centralisée et que le prélèvement de la matière ligneuse et les travaux de reboisement ne permettent pas assez le déploiement des autres activités et produits forestiers. Encore aujourd’hui, Solidarité rurale du Québec maintient le cap et présente ici quelques recommandations pour que la forêt puisse davantage participer à la relance de l’économie rurale.

Mais avant d’en arriver là, il importe de rappeler que Solidarité rurale a déposé en mai 2002 une réflexion d’envergure sur la Nouvelle économie rurale1 qui s’est précisément attardée sur l’avenir des ressources naturelles en région. Dans un contexte où la plupart des tenants de la nouvelle économie ne voient de nouveau que les technologies, croire en l’avenir des ressources naturelles a de quoi surprendre. Ainsi, cette recherche a permis d’identifier des filières et des activités productives en émergence ou encore sous utilisées des secteurs des pêches, de la forêt, de l’agroalimentaire et du tourisme. Pour ne nommer que celles-ci, on peut penser à la filière de la fromagerie fine, à la filière fruitière et à celle des alcools ou encore à la filière pharmacologique et médicale constituée à partir du couvert forestier ou de la biomasse marine. Sans s’y attarder dans les détails, nous avions alors pris comme hypothèse, en continuum des principes phares de l'économie des terroirs, que les ressources naturelles recelaient des potentiels latents. Du moins, c’est ce que des entreprises fabricant des produits à très haute valeur ajoutée ont récemment mis en lumière. La plupart de ces initiatives ont en quelque sorte converti un vieux système pour en créer un nouveau en utilisant les ressources naturelles d’une autre manière tout en cherchant à occuper l’ensemble des opérations de productions, de l’extraction à la distribution en passant par la recherche et le développement. Dans cette nouvelle génération d’entreprises, les résidus d’une production traditionnelle servent même de matière première à une autre. Voilà un trait marquant de cette nouvelle économie rurale soucieuse de la pérennité et de la diversité des ressources, de la qualité des produits qui en origine de même que de leur traçabilité. De notre point de vue, cette compréhension des ressources naturelles offre toutes les chances d’augmenter substantiellement les retombées économiques en milieu rural.

1. Solidarité rurale du Québec, La nouvelle économie rurale. Voir et exploiter les ressources autrement, collection

«Études rurales», Nicolet, mai 2002.

(8)

Les politiques forestières : comprendre le passé pour mieux préparer l’avenir Une analyse détaillée de l’histoire des politiques forestières permettrait de mieux comprendre pourquoi les forêts situées à proximité et celles qui sont éloignées des ruraux ont été remises en dépôt à quelques grands industriels, freinant ainsi toute tentative en milieu rural d’avoir accès aux ressources et de s’en servir différemment.

La problématique forestière est fortement liée à la problématique rurale. Les politiques, les stratégies et les choix consacrés à la première ont forcément des répercussions et des impacts considérables sur la seconde. Or, après les vagues d’exploitation successives qu’a connu la forêt québécoise depuis le début de son histoire, les travaux en forêt ont laissé des traces indélébiles sur le territoire. Une radiographie complète de l’état actuel de la forêt ne peut occulter certaines réalités: des régions ressources qui s’appauvrissent, des industries qui se fusionnent et se rationalisent, des pans entiers de territoires coupés à blanc, des essences de bois décimées, un secteur d’activités de plus en plus soumis aux diktats du marché mondial des ressources naturelles, etc. Quand on retrace la place qu’occupe la forêt dans le temps et qu’on se penche sur son apport à la préservation de la biodiversité et des activités humaines, on voit non plus l’arbre ou encore la fibre généreuse, mais bien une forêt. Une forêt dont, ne l’oublions pas, l’humain fait intégralement partie, donc une forêt qui offre de multiples usages à celui qui la regarde ou à celui qui l’exploite.

Compte tenu de la grande dimension des territoires qu’elle recouvre, la forêt a influencé autant la vie matérielle, les pratiques culturelles que la vie quotidienne des Québécois. Rarement une ressource n’a été aussi importante dans l’histoire que le bois. Bien des villes et des villages québécois se sont développés grâce à l’industrie forestière. Dans plusieurs régions, l’agriculture va même assurer son démarrage en s’appuyant sur les chantiers et le travail forestier (Bouchard, 1996). Cependant, au fil des ans, plusieurs communautés rurales sont devenues d’un point de vue économique et sociologique dépendantes de la forêt. Plusieurs d’entre elles souffrent «d’assuétude industrielle», pour parler d’accoutumance à plus d’un siècle et demi de foresterie industrielle (Bouthillier dans Solidarité rurale du Québec, 1999b : 13).

Du bois équarri au bois de sciage, en passant par le bois à pâte, la forêt québécoise a continuellement comblé l’appétit des industriels locaux et étrangers. La forêt est au départ une réserve stratégique pour l’administration coloniale, puis ensuite, une source de revenus pour l’État et la bourgeoisie canadienne et américaine. Dès le début de la colonie, la forêt est une ressource accessible. Très tôt, les bois nobles comme le chêne et le pin sont réservés à l’administration royale pour la construction navale. Les premiers bois sont expédiés en Europe vers 1667 (Defebaugh, 1906 : 119). Évidemment, la densité de population est faible et les ressources abondantes. Or, comme les établissements humains le long de la vallée du Saint-Laurent ne cessent de s’étaler, des inquiétudes se manifestent vis-à-vis de la coupe forestière. De plus en plus nombreux, certains personnages comme l’intendant Dupuy s’élèveront contre le gaspillage irraisonné des forêts tout en mettant en lumière l’impact négatif de certaines activités humaines sur le milieu naturel. Nous sommes en 1728. La notion de bien public dans la gestion de la ressource forestière et les mises en garde concernant l’avenir de la ressource ne sont donc pas des phénomènes récents. Plus tard, le 19e siècle est marqué ici comme dans tout l’Occident par l’éveil d’une véritable conscience forestière. Henry Gustave Joly de Lotbinière incarnera brillamment ce mouvement au Québec.

(9)

Ainsi, pour les gouvernements qui se succèdent et particulièrement pour les grands industriels du sciage et des pâtes et papiers, la forêt représente une valeur commerciale inestimable grâce, principalement, aux forêts de résineux et aux résidus générés par les scieries. L’industrie forestière au Québec sera de plus en plus orientée vers l’exportation et donc soumise aux soubresauts du marché mondial. Une baisse de l’approvisionnement en bois ou un recul de la demande sur le marché des produits forestiers se fait sentir en aval de la filière, donc particulièrement dans ces mêmes communautés. Pour certains, si la forêt a su répondre aux demandes croissantes du marché des matières premières, pour d’autres, elle ne sera plus jamais la même.

Les politiques forestières ont donc été élaborées sur les mêmes bases que bien des pans de l’économie d’État qui a eu cours depuis des siècles: une industrie branchée directement sur des ressources collectives pour assurer ses approvisionnements (Tremblay, 1994 : 56). De plus, la prédominance des intérêts privés et la puissance du lobby de l’industrie forestière empêchent depuis longtemps toute tentative de faire de la forêt un enjeu public et de favoriser la diversification des filières de production du bois. Les gouvernements qui se sont succédés ne semblent pas avoir respecté les attentes et les aspirations exprimées par la population à l’égard de l’aménagement de la forêt ni même celles des experts qui expriment une voix dissidente. Pourtant, « répondre aux besoins exprimés par la société est à la base du rôle des gestionnaires de la forêt publique en tant que fiduciaires d’un patrimoine collectif » (Bélanger, 2000 : 18). De façon générale, tout en étant attentif aux préoccupations des citoyens, les gestionnaires de la forêt devraient privilégier un développement forestier horizontal et multidisciplinaire. Solidarité rurale du Québec soutient que les populations locales doivent se réapproprier la maîtrise de leurs ressources.

En d’autres termes, bien que la forêt doive continuer d’alimenter les entreprises du secteur forestier, elle doit pouvoir accueillir d’autres modes d’utilisation et d’exploitation. La réappropriation collective et l’accessibilité de ces territoires forestiers par les populations est ni plus ni moins que la fondation sur laquelle pourra véritablement s’ériger une économie plus riche en retombées.

Repenser le système d’attribution des espaces forestiers

Le système d’attribution des terres publiques aux compagnies forestières induit peu d’incitatifs à procéder à un aménagement forestier en fonction des autres utilisations qu’on pourrait retrouver en forêt, entraînant de la sorte des pertes économiques importantes pour la société québécoise et pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans de nouveaux créneaux de production.

La forêt a contribué à la croissance de l’économie québécoise. L’aménagement forestier comprend forcément une dimension économique. Nier cette évidence ne peut conduire qu’à de mauvaises actions. Les activités traditionnelles de prélèvement et de transformation de la matière ligneuse constituent une source importante d’activités économiques pour de nombreuses collectivités locales.

L’industrie forestière est donc bien installée, voire même enracinée au Québec, donnant du même coup un apport très important à l’économie nationale. On compte en effet dans la province plus de 1300 usines de bois de sciage et 64 papetières. Seulement pour les pâtes et papiers, la valeur des livraisons se chiffrait en 1997 à plus de 8 milliards de dollars. L’exploitation forestière, les industries du bois, des pâtes et papiers et des produits connexes fournissent 82 997 emplois et leurs ventes et autres recettes représentent 3,1 % du PIB de la province, soit 19,6 milliards de dollars. À elles seules, les exportations représentent 12 milliards de dollars. Plus de 60 % de l’approvisionnement en matière première des industries de pâtes et papiers provient des produits résiduels des scieries. Une

(10)

part importante des travailleurs du secteur forestier exécute la première transformation. Seulement dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, pour chaque emploi recensé dans l’industrie de la seconde transformation, on compte huit emplois dans celle de la première transformation.

Cependant, au fil des décennies, les usines de pâtes et papiers ont créé des centres urbains monoindustriels, alors que les usines de bois de sciage, compte tenu de leur présence à proximité de la ressource, se sont dispersées en milieu rural. La transformation du bois est en effet la principale activité manufacturière recensée dans 250 des 717 municipalités monoindustrielles du Québec (Simard, 1994 : 13). Les différentes industries actives dans le secteur forestier demeurent fortement intégrées et dépendantes les unes des autres. D’ailleurs, les usines de bois de sciage sont de plus en plus rattachées à des papetières. En 1988, 29 % des scieries au Québec étaient intégrées à des papetières pour la consommation de bois ronds. Dix ans plus tard, elles sont intégrées à 54% (MRN, 2000 : 64).

Étant donné que 90 % du territoire forestier public est principalement attribué à quelque 230 bénéficiaires de contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF), il devient difficile dans ce système d’approvisionner les petites entreprises désirant se spécialiser dans des produits spécifiques ou pour ceux qui veulent utiliser la forêt à d’autres fins. L’État a tout de même concédé au fil des années des droits miniers, énergétiques, fauniques ainsi que des droits d’utilisation foncière à des fins d’utilité publique, récréative ou commerciale dans la forêt publique. Plusieurs de ces droits consentis s’exercent simultanément sur le même territoire. On peut penser par exemple à la présence de 84 zones d’exploitation contrôlée (ZEC), de 700 pourvoiries dont 190 à droits exclusifs, de 2400 aires de trappe ou encore à la présence de 36 000 baux de villégiature. Mais cette cohabitation entre les bénéficiaires de CAAF et les autres utilisateurs est la source de bien des tensions et conflits en forêt qui prennent de plus en plus d’envergure.

Plusieurs portions de la forêt publique à proximité des territoires habités sont depuis longtemps revendiquées par les communautés rurales. Afin de favoriser l’occupation dynamique du territoire et pour répondre aux demandes maintes fois exprimées par les ruraux, le gouvernement devrait s’engager à revoir l’attribution des territoires forestiers au profit des communautés rurales et en priorité pour ceux situés à proximité des milieux habités. Cette situation amenuise considérablement la disponibilité de la ressource pour les initiatives locales de développement. Cette nouvelle attribution devrait renforcer soit la privatisation de lots intramunicipaux par vente ou location à des producteurs forestiers professionnels qui s’engageraient à respecter un plan d’aménagement durable, soit la mise en valeur de lots et de toutes ses ressources par une corporation ou des organismes de développement local, ou soit encore le modèle des fermes forestières exploitées par des entrepreneurs et des artisans sylvicoles qui bénéficient de l’usufruit du rendement forestier produit par leurs travaux. En cette matière, bien des modèles sont possibles et ont déjà fait leurs preuves. Voilà une des plus anciennes requêtes exprimées par Solidarité rurale du Québec. Encore là, il faudrait que le gouvernement puisse déléguer une partie de la gestion des forêts aux pouvoirs locaux. Dans un contexte où l’on parle encore de décentraliser davantage les pouvoirs politiques et administratifs de l’État québécois, le gouvernement pourrait songer à fournir aux MRC un cadre général de mise en valeur des ressources et les soutenir techniquement et financièrement pour la mise en place de plans d’aménagement forestier. À ce sujet, la coalition mentionnait dans son Avis pour une politique gouvernementale de développement rural:

(11)

Les administrations municipales ne devraient-elles pas pouvoir se constituer un patrimoine collectif à partir des terres publiques ? Une part importante de la forêt publique ne pourrait-elle pas être gérée par les municipalités et les municipalités régionales de comté qui verraient à la mettre en valeur dans le cadre d’une politique nationale de développement durable et à en maximiser les impacts positifs sur le développement de leur communauté ?(SRQ, 1999c : 20)

Forêt habitée et approche multiressource

La forêt habitée est un modèle de gestion partenariale des territoires forestiers qui se base sur une vision territoriale et globale de la forêt. Elle représente un mouvement social d’occupation et d’usage du territoire forestier qui vise à en assurer la pérennité en tant qu’écosystème. Contrairement à la gestion traditionnelle, l’approche multiressource de la forêt habitée vise à maximiser autant la qualité que la quantité des bois mais aussi à permettre le déploiement de toutes les autres activités possibles. Trois éléments devraient guider la mise en place d’une politique des forêts habitées : l’accès à la ressource, sa mise en vente libre et la gestion partenariale.

Depuis 1994, et encore aujourd’hui, Solidarité rurale du Québec propose de créer un nouveau territoire forestier désigné «la forêt à habiter» à même la forêt publique située à l’intérieur ou à proximité plus ou moins immédiate des limites des municipalités et de faire en sorte que les propriétaires de forêts privées puissent être impliqués dans cette opération. Actuellement, il existe à l’intérieur des limites des municipalités des lots boisés du domaine public (intramunicipaux) qui soit n’ont pas été cédés ou vendus, soit ont été alloués à des bénéficiaires de CAAF. Même s’il est difficile de mesurer les données permettant d’établir la partie de la forêt publique intramunicipale sous CAAF, cette partie devrait être rendue disponible pour les communautés rurales. Quelques MRC de l’Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de Québec, de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent sont d’ailleurs parmi celles qui gèrent certains de ces lots intramunicipaux. En juin 1996, lors d’un rapport présenté au ministre des Ressources naturelles de l’époque, le Groupe de travail interministériel sur la forêt habitée recommandait sensiblement la constitution d’un tel périmètre situé sur les terres publiques et privées localisées à l’intérieur du territoire constitué par l’ensemble des municipalités locales. Il estimait d’ailleurs qu’une nouvelle attribution de ces territoires forestiers privés et publics pourrait toucher une superficie entre 70 000 km2 et 100 000 km2, soit entre 10% et 15% des 350 000 km2 de territoires sous CAAF (1996 :14).

Le projet d’habiter la forêt renforce les capacités locales et régionales d’utilisation et d’exploitation des ressources forestières. Les communautés ne veulent aucunement remplacer le gouvernement, mais plutôt partager les responsabilités en matière de gestion forestière. L’implication positive de l’État et des communautés rurales dans un même projet de forêt à habiter invite à modifier profondément les stratégies forestières en vigueur. Ces projets de forêt habitée devraient donc recevoir un appui beaucoup plus important du gouvernement.

Jusqu’à présent, malgré les nombreuses promesses de la part du gouvernement québécois, la forêt habitée est toujours sans reconnaissance légale et formelle. La Loi sur les forêts adoptée en mai 2001 n’en glisse même pas mot. Le silence des autorités sur l’absence d’une politique de la forêt habitée montre également en filigrane l’absence d’une révision réelle dans le mode actuel d’allocation des droits de coupe. Cette situation n’a pas empêché pour autant quelques expériences de se concrétiser.

Au-delà des quinze projets témoins de forêt habitée initiés par le MRN en 1996, le Québec

(12)

compterait entre 60 et 200 projets apparentés situés dans un rayon de 50 km2 de la zone habitée pouvant aller jusqu’à 80 km2. Aucune donnée précise ne permet de les analyser en profondeur.

Certaines initiatives, dont celle de la Corporation de Gestion de la Forêt de l’Aigle (CGFA), montrent très bien comment une gestion différente de la forêt permet d’accroître les retombées en région.

En effet, l’expérience de la Corporation de la Forêt de l’Aigle fait partie des quinze projets témoins de forêt habitée au Québec institués par le MRN. La Forêt de l’Aigle est située près de Maniwaki en Outaouais. Elle chevauche le territoire de la MRC Vallée-de-la-Gatineau et de la MRC Pontiac. La Forêt de l’Aigle comprend plus de 140 km2, dont plus du tiers des arbres sont des pins de 100 ans.

Sans en dire davantage sur cette initiative, qui a fait l’objet d’une étude dans le cadre de notre recherche sur la nouvelle économie rurale, soulignons tout de même que la CGFA s’est dotée au fil des ans d’un plan de travail qui vise à répondre à toutes les utilisations possibles de la forêt. Ailleurs au Québec, le problème provient justement de l’absence de coordination des opérations forestières avec la diversité des autres usages. Pour plusieurs, la Forêt de l'Aigle se présente comme un laboratoire pour une foresterie nouvelle. On pourrait ainsi résumer les facteurs de réussite de la façon suivante : l’obtention d’un droit de coupe de la ressource forestière et sa mise en vente aux enchères, le réinvestissement des sommes d’argent dans l’aménagement multiressource du territoire, la présence d’une ressource forestière diversifiée et de très bonne qualité, la concertation d’organisations membres autour d’une vision commune, l’appui du bureau régional du ministère des Ressources naturelles, l’enracinement local du projet, la constitution d’une équipe multidisciplinaire de professionnels et surtout, la réalisation d’inventaires et de registres forestiers selon une logique multiressource. La présence d’une ressource forestière de qualité et un accès aux revenus engendrés par la vente d’une partie de celle-ci via l’octroi d’une convention d’aménagement forestier (CAF) expliquent donc en grande partie le succès de cette initiative. Contrairement à la Forêt de l'Aigle, plusieurs autres projets témoins de forêts habitées au Québec n’ont pas réussi à s’autofinancer parce que la ressource est concédée et attribuée à des bénéficiaires de CAAF. Dans ce cas-ci, il est clairement démontré qu’en l’absence d’une compétition, les droits de coupe payés en forêt publique de même que les prix habituellement payés en forêt privée sont moindres.

L’analyse de l’expérience de l’Aigle permet de dégager des contraintes dont il faudrait ici lever. D’une part, le statut de CAF conféré au CGFA lui permet uniquement de procéder à l’aménagement, à la coupe et à la vente de la matière ligneuse. La CGFA ne possède pas de droit faunique et de gestion du territoire ce qui limite ses interventions en matière de développement multiressource. L’absence de tels droits ne lui permet pas de retirer des revenus des activités de prélèvement faunique et récréotouristiques ni de réglementer les activités de chasse et pêche ou de construire des infrastructures touristiques.

Solidarité rurale recommande donc que le Québec puisse se doter d’une politique de forêt habitée tout en reconnaissant légalement son existence dans le cadre de la Loi sur les forêts. De surcroît, il faut encourager techniquement et financièrement la mise en place de projets de forêts habitées sur la base de l’expérience de la Forêt de l'Aigle en permettant aux légataires d’obtenir des droits complets reliés au territoire et aux ressources forestières.

(13)

Les activités récréatives : un secteur sous-évalué

Gérer les espaces forestiers principalement en fonction de la récolte de la matière ligneuse risque de faire perdre un précieux capital nature pour les activités liées à la faune, au tourisme et à la mise en valeur du patrimoine culturel et paysager.

Il est vrai que l’industrie forestière est responsable des principales retombées économiques de la forêt, ce qui ne veut pas dire que celles qui sont reliées aux activités récréatives et fauniques ne soient pas considérables. En effet, les dépenses reliées à la faune avec et sans prélèvement, aux activités de loisirs et à la nature représentaient au Québec 3,2 milliards de dollars en 1999. La pêche sportive, pratiquée par un million de Québécois, accapare à elle seule 42 % de ces dépenses (Société de la faune et des parcs du Québec, 2000). L’ensemble de ces activités fournit plus de 30 000 emplois.

Rappelons aussi que les pourvoiries au Québec fournissent plus de 5000 emplois en région tout en générant des retombées économiques de 187 millions de dollars. À cela, il faut ajouter un nombre important d’activités touristiques en forêt. L’organisme Aventure Écotourisme Québec a d’ailleurs répertorié plus d’une quarantaine d’activités d’aventure et d’écotourisme dont la motoneige, le quad, la randonnée pédestre, le camping, le canotage, le ski de fond, la descente de rivière, le traîneau à chiens et le vélo de montagne. Il faudrait donc mener une étude qui viserait à quantifier l’ensemble des retombées économiques des activités récréatives en forêt et attribuer à ces activités toute l’importance qui leur revient dans la gestion gouvernementale. D’ailleurs, on apprenait récemment lors des audiences publiques du BAPE sur le développement durable de la production porcine que 170 km2 de terrains ont été déboisés dans la région de Chaudière- Appalaches entre 1990 et 1999. Une situation particulièrement inquiétante compte tenu que la déforestation a non seulement des impacts sur l’environnement, les cours d’eau et les habitats fauniques mais également sur les activités récréatives. Dans la région de Chaudière-Appalaches, les retombées économiques liées aux activités de plein air, de la chasse et de la pêche s’élèvent à 160 millions de dollars. D’autres régions administratives comme le Centre-du-Québec et la Montérégie sont également confrontées à cette problématique.

L’avenir des feuillus mis en péril par le reboisement unique

Favoriser la diversification des essences dans les régions qui s’y prêtent permettrait au Québec de s’engager davantage dans la production de meubles et de produits à valeur ajoutée tout en assurant le maintien de la biodiversité et de la valeur des écosystèmes forestiers.

Au Québec en 1998, l’industrie du meuble a généré des revenus de 2,1 milliards dollars, a donné de l’emploi à 21 000 personnes et se composait d’environ 500 usines (ministère de l’Industrie et du Commerce, 2000 : 3). Cette industrie devrait franchir très bientôt, si ce n’est pas déjà fait, le cap des 3 milliards de dollars de revenus. Il y a là toutes les raisons de penser que le meuble est une industrie qui pourrait avoir des retombées importantes en régions dans la mesure où l’on choisira de se distinguer des autres pays producteurs. En ce sens, les traditions des métiers du bois constituent une part importante du patrimoine québécois. Qu’il s’agisse de la sculpture, de la menuiserie fine et de l’ébénisterie, plusieurs témoins matériels rappellent la très grande qualité, l’ancienneté et la continuité des savoir-faire québécois liés aux ressources forestières. La coalition a déjà proposé de réanimer les traditions de l’École du Meuble, d’insuffler une nouvelle vie aux collèges techniques, comme celui de Victoriaville et de miser davantage sur l’utilisation à haute valeur ajoutée

(14)

des essences nobles et des bois feuillus (Solidarité rurale du Québec, 2000b). À ce sujet, de nombreuses entreprises ont démontré à quel point cette façon de concevoir la transformation des richesses naturelles est garante d’un meilleur avenir. Il s’agit là d’un créneau d’excellence porteur d’un grand avenir.

Malheureusement, il y une ombre au tableau. S’il est démontré depuis fort longtemps que les forêts feuillues du Québec ont des potentiels multiples pour l’ébénisterie fine et l’industrie du meuble, il semble que ces forêts sont dans un tel état qu’on peut dire qu’il y a péril en la demeure. En effet, plusieurs peuplements situés plus souvent qu’autrement sur des terres privées le long de l’Outaouais et de la plaine du Saint-Laurent ont été surexploités depuis trois siècles. En 1998 et 1999, la part des volumes de bois feuillu récoltés en territoire public est de 16 % et de 55 % sur les propriétés privées (MRN, 2000 : 35). Selon l’Association professionnelle des ébénistes du Québec (APEQ), à l’heure actuelle le Québec doit acheter 80 % de son bois feuillu à l’extérieur de ses frontières. Voilà une aberration pour une province qui se vante d’être une terre riche en forêts. Évidemment, les essences les plus recherchées comme le bouleau jaune, le cerisier tardif, le pin blanc, le frêne d’Amérique, le noyer tendre, le chêne rouge et même le merisier sont devenues très rares. Depuis 1991, l’industrie québécoise du meuble a triplé ses importations de billes de feuillus durs en provenance des États- Unis tant les essences nobles sont coûteuses et de mauvaise qualité. Près de 70% de la production actuelle de meubles utilise le merisier qui a désormais remplacé l’érable. Même constat du côté de l’Association des scieurs et dérouleurs de feuillus et de pins du Québec dont les importations de bois durs sont passées de 373 712 mètres cubes en 1990 à plus d’un million de mètres cubes en 1999.

Certains manufacturiers de meubles fabriquent du contre-plaqué couvert d’essences nobles, faute de pouvoir s’offrir des planches de pleine épaisseur.

Quand on voit de quelle façon on reboise le Québec, on comprend soudainement mieux le phénomène. Entre 1995 et 2000, le reboisement des plants mis en terre à chaque année dans les forêts publiques se décomposait en moyenne de la sorte : 65 millions de plants d’épinettes noires, 25 millions de plants de pins gris, 11 millions d’épinettes blanches. Au total, la plantation de plus de 100 millions de plants de résineux représente 96 % de toutes les essences mises en terre. À peine 204 600 plants de feuillus ont donc été plantés en moyenne à chaque année, soit 0,2 % du total. Dans les terres privées, là où les feuillus sont davantage présents, on pourrait penser à un meilleur ratio, à un meilleur équilibre entre feuillus et résineux. Pourtant, la proportion est tout à fait similaire. L’épinette noire demeure l’essence la plus couramment plantée, représentant 43 % du total. L’épinette blanche arrive au second rang avec 32 %. À peine 520 200 de plants de feuillus ont été mis en terre en forêt privée, soit 0,01 % du total (MRN, Ressources et industries forestières, 2002). Le reboisement unique ne concerne donc pas que les terres du domaine de l’État. Dans la région du Centre-du- Québec, le Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées a consacré actuellement 75% de son budget pour les travaux reliés à la plantation de résineux alors que le territoire se compose de peuplements feuillus à 60 % (Agence forestière des Bois-Francs,1999). Il faudra donc songer au Québec à créer des mesures particulières ou des incitatifs fiscaux pour amener les propriétaires privés à aménager leur forêt de façon durable et diversifiée. Les MRC doivent ici jouer un rôle de premier plan. Récemment, un comité multidisciplinaire a été mis en place dans la MRC de Maskinongé réunissant les industriels du meuble et ceux qui gèrent leur approvisionnement précisément pour trouver des solutions au manque d’approvisionnement de feuillu en sol québécois.

Les essences de bois mises en terre aujourd’hui formeront la forêt de l’avenir. Or, comme les bénéficiaires de CAAF prélèvent du bois pour leur propre usine tout en reboisement des essences en

(15)

sérieusement le modèle de reboisement actuel, car on ne sait guère de quoi demain sera fait.

Solidarité rurale du Québec croît qu’il serait opportun de revoir le modèle d’aménagement actuel qui privilégie les résineux en se donnant comme objectif de maintenir la biodiversité des forêts. La forêt ne peut répondre aux seuls impératifs de productivité, il en va de la survie même des écosystèmes et des activités humaines futures.

Les produits forestiers non ligneux : des opportunités à saisir, des portes à ouvrir

Ginseng, if du Canada, petits fruits, champignons forestiers et flore sont quelques-uns des exemples de potentialités à saisir pour accroître les retombées économiques issues des ressources de la forêt. La filière des produits non ligneux constitue une réserve de 500 produits dans lesquels le gouvernement québécois aurait tout avantage à investir pour exploiter l’ensemble du couvert forestier et pour aider les entreprises rurales à développer des produits à haute valeur ajoutée.

Le marché des produits forestiers non ligneux est un secteur en hausse partout en Occident. Ce secteur regroupe autant les produits de l’érable, les bleuets et les fruits sauvages, le ginseng, la tourbe, la flore, les mousses et les écorces, les plantes médicinales, les huiles essentielles que les champignons forestiers. Voici quelques exemples pour s’en convaincre. L’industrie des arômes et des fragrances d’origine végétale est une industrie mondiale qui connaît un rythme de croissance de l’ordre de 4 à 5 % par année. Seulement aux États-Unis, la valeur de ce secteur a triplé depuis 1985 pour atteindre aujourd’hui 4,4 milliards de dollars. En Europe, la valeur des chanterelles et des bolets est évaluée à près de 3 milliards de dollars. Au Canada, la valeur totale des exportations de champignons sauvages, de ginseng, de plantes médicinales, de petits fruits, de sirop d’érable et d’huiles essentielles ont généré en 1997 des revenus de 241 millions de dollars. Étonnamment, les champignons forestiers accaparent à eux seuls près de 100 millions de dollars de ce montant, soit à peine 20 millions de dollars de moins que le sirop d’érable. Seulement en Colombie-Britannique, la valeur annuelle des exportations au Japon du champignon des pins (matsutake) atteint 40 millions de dollars. Selon Luc Duchesne, chercheur au Service canadien des forêts, la récolte ou encore la domestication de ces produits constituent des avenues économiques très intéressantes pour le monde rural. Ainsi, il serait possible de doubler, voire même de tripler la production des produits non ligneux (2000 : 743). Pour l’instant, au Canada les produits non ligneux représentent à peine 0,4

% de la valeur totale des exportations canadiennes des produits forestiers, estimée en 1997 à 58,7 milliards de dollars.

Les problèmes rencontrés pour instituer une véritable gestion multiressource de la forêt au Québec s’expliquent souvent par l’absence d’une évaluation réelle de l’ensemble des potentialités de la forêt.

Pourtant, elles existent bel et bien et les produits non ligneux en sont une illustration manifeste. À titre d’exemple, en comparant les valeurs annuelles associées à l’exploitation de 135 000 hectares de terres publiques au Québec, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec a déjà montré que l’acériculture demeure plus rentable que l’exploitation forestière (1998 : 17). Le village de Saint- Athanase au Témiscouata en est un exemple probant. La population a donc choisi d’extraire la sève plutôt que de couper les érables. Les terres publiques, dans lesquelles l’essence prédominante est l’érable à sucre, devraient donc être aménagées de telle sorte qu’elles puissent être exploitées par d’autres utilisateurs que les détenteurs de CAAF. La MRC du Témiscouata souhaite d’ailleurs

(16)

devenir, et avec raison, un véritable lieu de développement, de recherche et d’expertise dans le secteur de l’acériculture.

Les produits non ligneux servent de plus en plus à la fabrication de produits médicaux à très haute valeur ajoutée. À ce titre, le Québec possède l’une des plus grandes réserves d’if du Canada au monde, un petit conifère poussant dans les érablières et sapinières. Cet arbuste contient du taxol utilisé dans la fabrication de médicaments contre certaines formes de cancer. Actuellement, les ventes mondiales annuelles de ce type de médicaments dépassent les 3,5 milliards de dollars. La croissance de ce produit est d’environ 20 % par année. Un kilogramme de taxanes peut valoir jusqu’à 500 000 dollars. Pour l’instant, Bioxel Pharma, une jeune société pharmaceutique située à Sainte-Foy demeure le chef de fil dans ce secteur. Elle détient des droits exclusifs de récolte d’if sur plus de 200 000 km2 de terres publiques et privées. Récemment, la compagnie Chaichem Pharmaceutique de Laval a acquis l’ancienne usine Forbes d’Amqui et prévoit y investir 10 millions de dollars pour modifier les équipements en place afin d’extraire du taxol des branches d’if. Cette entreprise pourrait embaucher entre 20 et 40 personnes. Voilà une occasion de constituer aux portes de la Gaspésie un réseau d’entreprises à valeur ajoutée œuvrant dans la valorisation de la biomasse végétale et du couvert forestier à des fins pharmaceutiques. Mais curieusement, Chaichem est contrainte de s’approvisionner au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en Abitibi compte tenu du fait que la ressource a été réservée à Bioxel Pharma. Pour conclure dans ce dossier, le ministère des Ressources naturelles devrait rapidement s’assurer de la protection de cette ressource déjà soumise à beaucoup de pression en forêt tout en cherchant à appuyer d’une façon générale les entreprises qui s’engagent à fabriquer des produits spécialisés à haute valeur ajoutée là où la ressource est prélevée.

À quelques reprises, le Laboratoire d’analyse et de séparation des essences végétales (LASEVE) de l'Université du Québec à Chicoutimi et le Centre québécois de valorisation des biomasses et des technologies ont souligné non seulement le potentiel de l’if du Canada, mais aussi celui de la menthe poivrée, du bouleau jaune, du cèdre, des mousses et lichens, du thé du Labrador et de la flore québécoise en général. Selon le LASEVE, la flore du Québec serait nettement sous utilisée. Elle n’y est d’ailleurs pas moins riche ni plus pauvre qu'ailleurs dans le monde. Dans le cadre d’un projet, le groupe de recherche SIAS agrofor, s’est même appliqué à dresser un inventaire floristique exhaustif de la région de Charlevoix. Les végétaux ont été identifiés et cartographiés en fonction de leur concentration sur le terrain. En Europe, par exemple, l’Association pour la promotion des plantes à parfums, aromatiques et médicinales organise chaque année à Digne-les-Bains des Journées Internationales des Huiles Essentielles dans l’optique d’une diversification des activités agricoles et rurales.

Il est donc urgent de se doter d’une expertise afin que les producteurs québécois puissent prendre leur place sur le marché international de la parfumerie, de la fabrication d’arômes, d’additifs, de produits naturels, d’extraits végétaux et d’huiles essentielles. Actuellement, la plupart de ces produits sont importés. Vouloir augmenter les retombées économiques issues des ressources naturelles en région doit également chercher à substituer les produits d’importation par des produits d’ici.

Ce changement d’orientation nécessitera beaucoup d’investigation et de recherches qui s’appliqueront à identifier de nouvelles occasions d’affaires. Solidarité rurale propose ici de s’engager dans un important exercice d’acquisition de connaissances et d’inventaires des territoires forestiers, pour le développement des produits non ligneux, pharmaceutiques, médicinaux, naturels et ceux qui sont issus de la biomasse végétale. Cet exercice devra dresser un portrait complet et détaillé de l’ensemble des ressources végétales présentes en

(17)

forestières ainsi que des autres potentialités forestières mal définies et souvent sous utilisées. Devant l’effondrement de l’économie locale et régionale, la seule démarche possible est celle d’une prospection qui doit faire place à des modes nouveaux de production et de développement.

Rien n’encourage pour l’instant une intégration des différents usages en forêt. Plusieurs demandes de permis d’exploitation de produits non ligneux à des fins commerciales n’ont d’ailleurs pas été prévues. Le ministère des Ressources naturelles peut donc difficilement répondre à ces demandes (MRN, 1998 :18). Pour l’instant, l’octroi de ces permis, selon les dispositions de la Loi sur les forêts, ne peut être délivré que pour la récolte de bois de chauffage domestique ou commerciale, les travaux d’utilité publique, l’acériculture, les activités minières et les aménagements fauniques et récréatifs. Le Ministère reçoit à chaque année plusieurs demandes de permis. Environ 15 000 permis sont délivrés annuellement. De ce nombre, 13000 permis sont délivrés pour la coupe de bois de chauffage. Or, de nouvelles dispositions ont été introduites dans la dernière révision de la Loi sur les forêts. Ainsi le Ministère peut désormais accorder des permis pour de nouvelles utilisations en milieu forestier comme les bleuetières ou l’utilisation de certains arbustes comme l’if du Canada. Il faudrait donc élargir la révision des catégories de permis à d’autres produits forestiers non ligneux, par exemple ceux qui seraient identifiés lors des travaux d’inventaires. Solidarité rurale du Québec recommande que le ministère des Ressources naturelles puisse se doter d’un personnel spécialisé et spécifique pour appuyer le développement de l’ensemble des produits non ligneux et pour favoriser la création de nouvelles entreprises. Une aide technique autant que financière serait également à prévoir.

À la recherche d’un équilibre : la gestion intégrée

L’accroissement des retombées économiques de la forêt ne pourra se faire sans l’adoption d’une gestion horizontale et intégrée et de la mise en commun des intérêts de tous et chacun.

Le sentiment d’appartenance des ruraux à l’égard des forêts s’apparente à une identification beaucoup plus large que celle de l’unique exploitation ligneuse. L’approche sectorielle qui prévaut actuellement dans la gestion de la forêt ne tient pas compte de ce sentiment d’identification territorial, des préoccupations et des besoins multiples exprimés par les communautés rurales. La Commission d’étude sur la maximisation des retombées économiques de l’exploitation des ressources naturelles dans les régions ressources doit absolument considérer l’entièreté des relations humaines associées aux nombreuses composantes du milieu forestier. Mais encore aujourd’hui, on peut douter de la volonté du gouvernement de s’avancer dans cette voie. D’ailleurs, si le ministère des Ressources naturelles a déjà affirmé dans le passé que «la gestion intégrée des ressources demeure une approche marginale» (1998, 67), on a tout intérêt à souhaiter qu’il change radicalement de point de vue.

Pour Solidarité rurale du Québec, la gestion intégrée devrait favoriser l’utilisation harmonieuse des ressources et des possibilités présentes en milieu forestier et d’intégrer les activités exercées sur le territoire en considérant à la fois leur impact socio-économique et leur impact écologique. La gestion intégrée de la forêt est en soi une approche territoriale, elle devrait avoir comme objectif de connaître et de mesurer l’impact de chaque utilisation du territoire forestier sur les autres fonctions de la forêt. Bref, instituer une certaine forme de rotation des diverses fonctions de la forêt. Enfin, si

(18)

la gestion intégrée permet une production de l’ensemble des ressources, elle doit nécessairement se traduire par la mise en commun d’intérêts. La mise en application d’une telle approche devrait donc favoriser la création de lieux de concertation où tous les utilisateurs de la forêt participeraient à la réalisation d’objectifs communs, sensiblement à l’image des comités de gestion de l’eau par bassins versants. Les consultations prévues, d’une part, lors de la préparation des plans généraux d’aménagement forestier par les bénéficiaires de CAAF et, d’autre part, celles qui sont maintenant enchâssées dans la récente Politique de consultation sur les orientations du Québec en matière de gestion et de mise en valeur du milieu forestier ne sont pas suffisantes pour prendre réellement en compte les intérêts de tous et chacun.

Les changements impliqués dans la maximisation des retombées économiques en région sont d’ordre opérationnel, législatif et organisationnel. La gestion de la forêt concentrée autour du seul ministère des Ressources naturelles a peut-être un impact négatif sur tout le territoire et sur la qualité de l’environnement. En environnement, on parle plutôt d’écosystèmes et d’interrelations entre nature et activités humaines. Les ministères eux, fonctionnent à partir de rationalités sectorielles et suivent rarement jusqu’au bout l’effet de la mise en œuvre de leurs politiques sur l’ensemble de la réalité sociale et écologique (Beauchamp, 1993 : 154). Solidarité rurale du Québec souhaite donc que le gouvernement s’engage à revoir et à harmoniser toutes les lois concernant la forêt et qu’il définisse clairement les rôles et les compétences de tous et chacun en privilégiant des arrimages interministériels.

Il faut donc impérativement intégrer dans les politiques et les lois en matière de gestion des forêts des mesures réelles qui favoriseront un équilibre entre les principes de conservation, d’exploitation et de multiplicité des usages afin qu’ils puissent simultanément et avec le même poids se déployer sur l’ensemble des territoires forestiers publics et privés. Solidarité rurale du Québec rappelle enfin que la conservation à la pièce des aires protégées ou encore des écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) ne doit pas faire oublier à l’État son obligation d’établir des mesures de conservation pour l’ensemble des territoires forestiers.

(19)

Conclusion

Les changements proposés par Solidarité rurale du Québec paraissent à première vue considérables.

Mais le mandat que s’est donnée la présente Commission de chercher à accroître les retombées économiques liées aux ressources naturelles l’est tout autant. Du point de vue de la coalition, ne pas réviser en profondeur la gestion forestière au Québec n’est un coup d’épée dans l’eau.

Si on veut résumer nos propos, on pourrait dire que pour favoriser une occupation dynamique et viable des territoires, les populations rurales devront à priori avoir accès à la forêt pour développer de nouvelles entreprises de transformation à haute valeur ajoutée. Solidarité rurale du Québec fonde beaucoup d’espoir sur le potentiel des produits forestiers non ligneux qui se déploieraient aux côtés de l’industrie forestière déjà en place. Encore là, le gouvernement québécois devra élaborer des stratégies de développement qui viseront à créer des unités de production à une échelle entrepreneuriale beaucoup plus petite mais également fortement ancrée au territoire. On ne saurait rappeler qu’il n’y aura point de retombées économiques que si, par exemple, la vallée de la Matapédia se cantonne à la cueillette des branches d’if du Canada sans pouvoir disposer ses pions sur l’échiquier de la transformation.

Comme nous l’avons démontré récemment, les entreprises, à la base de cette nouvelle façon de concevoir l’économie rurale, pourraient être regroupées en filières tout en étant capables de produire des biens fabriqués sur mesure répondant à des segments du marché très spécifique. Ces entreprises doivent être créatrices et avoir le souci de l’innovation et du design afin de se démarquer de la production standardisée tout en étant fortement enracinées dans le milieu. Elles représenteraient du même coup un tout nouveau modèle d’économie régionale, offrant alors une sorte de matrice pour d’autres entreprises du genre qui voudraient alors se développer un peu partout au Québec. Le projet de fabrication de panneaux en copeaux de cèdre à Béarn au Témiscamingue par Ced-Or témoigne fort bien de cette capacité à innover, à faire un produit unique à très haute valeur ajoutée tout en utilisant une ressource jusqu’à maintenant sous-exploitée. Que dire également des tables de sommier de piano en érable et en épinette d’André Bolduc de Saint-Georges de Beauce qui sont maintenant connus à travers le monde. Le fait d’accrocher une production spécifique à des territoires représente donc un formidable atout pour intervenir sur des marchés qui sont de plus en plus segmentés, individualisés et dont une part de plus en plus importante est sensible à la qualité, à la traçabilité et à la certification environnementale des produits.

S’il est une recommandation qui s’avère prioritaire pour les communautés rurales vivant de la forêt, c'est de favoriser la présence physique sur les lieux de production, des laboratoires et des centres de recherche et de développement. Cette proximité entre tous les participants d’une filière de production, du prélèvement de la ressource à la transformation finale en passant par la recherche et le développement, permettra véritablement aux communautés rurales de bénéficier de toutes les retombées économiques. C’est d’ailleurs dans ces termes que le Conseil de la science et de la technologie concluait un document intitulé Rapport de conjoncture 2001 : Pour des régions innovantes. Mais force est de constater qu’une :

[…] politique forestière où la production de bois représente une fonction majeure mais instrumentale à un objectif d’occupation du territoire semble constituer une vision complexe […] Ce constat appelle à un renouvellement des pratiques de gestion où l’approche sectorielle centrée sur la production de bois se fusionne à une approche territoriale pour bien laisser voir aux communautés tout le potentiel de la situation présente. (Solidarité rurale du Québec, 1999a : 47)

(20)

Bibliographie

Agence forestière des Bois-Francs, Bilan de la consultation du public sur la problématique de la protection et la mise en valeur de la forêt privée du Centre-du-Québec. Élaboration du plan de protection et de mise en valeur, été 1999.

Beauchamp, André, Introduction à l’éthique de l’environnement, Montréal, Paulines & Médiaspaul, 1993. . Beaulieu, Camille, «Ced-Or au Témiscamingue : 276 emplois qui arrivent après sept années d’attente», La Presse, 23 janvier 2003, p. D-14.

Bélanger, Louis, «La confiance, ça se mérite. Méritons-nous la confiance de la population ?», L’Aubelle, janvier-février-mars 2000.

Bouchard, Gérard, Quelques arpents d’Amérique. Population, économie, famille au Saguenay 1838-1971, Montréal, Boréal, 1996.

Bourque, Gilles L., «L’industrie du meuble dans la MRC de Maskinongé : un district industriel en émergence?», Revue organisations et territoires, automne 2001, pp. 31-38.

Conseil de la science et de la technologie, Rapport de conjoncture. Pour des régions innovantes, Québec, 2001.

Defebaugh, James Elliott, History of the Lumber Industry of the America, Chicago, American Lumberman, 1906.

Duchesne, Luc C., John C. Zasada et Iain Davidson-Hunt, «Nontimber forest product industry in Canada : Scope and research needs», The Forestry Chronicle, vol. 76, no. 5, septembre/octobre 2000, pp.

743-746.

Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Mémoire présenté dans le cadre de la consultation publique sur la révision du Régime forestier, novembre 1998.

Francoeur, Louis-Gilles, «Le Québec en déficit de bois nobles», Le Devoir, Montréal, 26 août 2001, A-1;

A-12.

Garneau, François-Xavier et Guy J. Collin, Valorisation de la biomasse végétale par les produits naturels. Actes du colloque de Chicoutimi, 22 au 25 août 1993.

Groupe de travail interministériel sur la forêt habitée, La gestion des ressources du milieu forestier habitée, Rapport présenté à monsieur Guy Chevrette, ministre d’État aux Ressources naturelles, juin 1996.

Institut de la statistique du Québec, Commerce international du Québec. Le meuble : une industrie performante, communiqué de presse, 15 décembre 2000.

Laboratoire d’analyse et de séparation des essences végétales (LASEVE), Info-Essences. Bulletin sur les huiles essentielles et autres extraits végétaux, Chicoutimi, UQAC, nos. 3;6;7;13, 1996-2000.

Malavoy, Sopie, «La revanche d’un arbuste mal-aimé», L’Actualité, 1ier juin 2001, pp. 67-68.

(21)

Ministère des Finances et ministère des Régions, Stratégique de développement des régions ressources. Budget 2001-2002, Québec, Gouvernement du Québec, mars 2001.

Ministère de l’Industrie et du Commerce, L’industrie québécoise du meuble depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange, Québec, Gouvernement du Québec, septembre 2000.

Ministère des Ressources naturelles, Stratégie de développement de l’industrie des produits forestiers en Abitibi- Témiscamingue. Profil et opportunités de développement, Québec, Gouvernement du Québec, 2001.

Ministère des Ressources naturelles, Ressources et industries forestières. Portrait statistique édition 2002, Québec, Gouvernement du Québec, 2002.

Ministère des Ressources naturelles, Mise à jour du Régime forestier. Document de référence, Québec, Gouvernement du Québec, 1998.

Moreau, Antoine et Groupe Multi-Ressources, La forêt habitée comme mode de développement des ressources forestières au Québec : le cas de la forêt de l’Aigle, Étude réalisée pour Solidarité rurale du Québec, janvier 2002.

Organisation de coopération et de développement économiques, Multifonctionnalité. Élaboration d’un cadre analytique, Paris, 2001.

Sias agrofor, Les huiles essentielles. Étude de marché pour le Québec, 1998.

Simard, Serge, L’industrie de la transformation du bois. Une présence vitale dans plusieurs municipalités québécoises, ministère des Ressources naturelles, Direction du développement industriel et Service de l’évaluation de la demande, août 1994.

Société de la faune et des parcs du Québec, Les activités reliées à la nature et à la faune au Québec. Profil des participants et impact économique en 1999, version Internet, 2000.

Solidarité rurale du Québec, Des forêts en équilibre, Mémoire présenté à la Commission de l’économie et du travail dans le cadre de la consultation générale sur le projet de loi 136, Loi modifiant la Loi sur les forêts et d’autres dispositions législatives, Nicolet, août 2000a.

Solidarité rurale du Québec, Demain le patrimoine, Mémoire présenté au groupe conseil responsable de la préparation du projet de politique du patrimoine culturel, Nicolet, mars 2000b.

Solidarité rurale du Québec, Symposium international sur l'économie des terroirs. Cahier du participant, Nicolet, 1999a.

Solidarité rurale du Québec, Symposium international sur l'économie des terroirs. Actes, Nicolet, 1999b.

Solidarité rurale du Québec, Avis pour une politique gouvernementale de développement rural, Nicolet, 1999c.

Tremblay, Harold, «Un véritable marché des ressources de la forêt pour favoriser le développement forestier», Colloque Une forêt milieu de vie, Interface Forêt, mai 1994.

Références

Documents relatifs

Des essais menés à l’hiver 1999 ont permis de confirmer que l’utilisation d’une abatteuse-groupeuse avec un réseau de sentiers primaires et secondaires peut aussi être une

La vraie question des politiques territoriales n’est pas la forêt, mais la 4 ème zone 4 ème zone = territoire intermédiaire. • entre la zone construite (1), la zone agricole (2)

Une action éducative est aussi nécessaire dans ce domaine comme dans tant d'autres ; elle se manifeste notamment par l'installation dans certains massifs de parcs ou enclos à

La MRC des Basques rappelle sa position acheminée au ministre des Ressources naturelles en février 1996, c’est-à-dire qu’elle souhaite un aménagement forestier plus intensif et

Bilan des accroissements annuels périodiques en volume marchand de bois, toutes essences, pour les peuplements de la forêt publique québécoise sous aménagement identifiés comme.

[r]

Résultats chiffrés de l’action (ex : nbre de propriétaires, évolution de la surface moyenne des propriétés…) : Bilan pour l’année 2019 (mars 2019-mars 2020) :. Nombre

Taux de conformité aux normes de rendement des interventions forestières réalisées par les industriels : coupes avec protection de la régénération des sols (CPRS) et plantations