• Aucun résultat trouvé

L ' E N F A N T E T L A C O M M U N I C A T I O N

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L ' E N F A N T E T L A C O M M U N I C A T I O N"

Copied!
14
0
0

Texte intégral

(1)

D.E.F.A. - C.O.R.E.F.A. ILE DE FRANCE U.F. "D" - TECHNIQUE D'ANIMATION

L ' E N F A N T E T L A

C O M M U N I C A T I O N

---

(2)

S O M M A I R E

I - Introduction ... 1

II – L’évolution des communications :

vers l'image ... 2 III - Rôle psychologique de la communication ... 3

IV - Fondements psychologiques de la

communication ... 6 V - La problématique de l'image ... 7 VI - Conclusion: une éducation

à l'audio-visuel ... 11

(3)

L'ENFANT ET LA COMMUNICATION

I - Introduction

Le présent document complète le "Projet Vidéo" rédigé en Avril dernier, en venant préciser les intérêts particuliers d'une telle activité avec les enfants. Le Projet Pédagogique de l'Accueil Quotidien Viala mentionne dans ses objectifs généraux, au chapitre "Développement de l'enfant" : élargissement du champ de connaissances, découverte de nouveaux moyens d'expression, sur les plans scientifiques, artistiques, culturels, techniques... Réunir ces quatre aspects autour d'une seule activité n'est pas le moindre des intérêts de l'audiovisuel.

Mais l'audiovisuel représente aussi un moyen de communication. De là provient peut-être sa véritable spécificité, et c'est ce que nous avons cherché à étudier ici : le développement des communications est l'une des marques principales de l'évolution sociale des dernières décennies, qui aboutit à une suprématie de l'image ; puis la communication, par la place qu'elle occupe dans la psychologie individuelle, est un aspect primordial du développement de l'enfant. A partir de ce rôle de la communication dans la psychologie individuelle, la prise en compte de la problématique de l'image permet d'entrevoir les enjeux d'une éducation intégrant une formation à l'audiovisuel.

(4)

II - L'évolution des communications : vers l'image

La communication n'a jamais cessé d'être une donnée fondamentale de la société humaine. Qu'on en retienne simplement, par exemple, l'importance stratégique ou économique prise de tous temps par les routes (terrestres ou maritimes), canaux, ports, etc., justement dénommés

"voies de communications". Les progrès techniques ont amené, avec le gain de temps, une révision de nos notions de distances : un bon exemple en est le "TGV" (Train à Grande Vitesse), qui permet de relier la plupart des grandes villes de France, et bientôt d'Europe, dans la demi-journée, et ramène les plus proches de Paris au stade de "grande banlieue". De même, le développement des télécommunications autorise, depuis l'entrée en lice des satellites, des communications en temps réel entre quasiment n'importe quels points du globe. Il ne s'agit plus seulement de la transmission de la parole par téléphone mais aussi, avec l'avènement récent de l'informatique et de la télématique, de celle de toutes sortes de données, et bien sûr, avec la télévision, de l'image.

Cette entrée dans "l'ère de l'image" est sans doute le fait le plus marquant de la modernité technique : l'image tient une place de plus en plus importante dans notre vie quotidienne, jusqu'à imprégner nos perceptions et notre façon de penser. L'audiovisuel occupe une part non négligeable de ce contexte. Le bulletin "Développement culturel" émis par le Service des études et recherches du Ministère de la Culture révèle notamment que "télévision et radio viennent en tête des pratiques culturelles intérieures" (c'est-à-dire au foyer)1 ; par ailleurs, sur l'ensemble de la population adulte française, 70% des personnes regardent quotidiennement la télévision2 ; enfin

1"Développement culturel" n°56, Août 83

2"Développement culturel" n°62, Avril 85

(5)

si "les 18/25 ans constituent la tranche d'âge la moins assidue devant le petit écran"3, le cinéma reste en tête de liste dans le choix des sorties des jeunes4. Pour ce qui concerne les enfants, Jean-Noël Kapferer nous apprend notamment que très jeunes (dès 2 ans) ils sont touchés par la télévision ; qu'en 1982, la télévision venait en tête des activités préférées des jours de congés pour 59% des enfants de 8 à 14 ans, pour 69% d'entre eux à propos du soir après l'école5.

III - Rôle psychologique de la communication

Parallèlement aux progrès techniques, les recherches psychologiques des dernières décennies ont mis en évidence l'importance de la communication dans le développement de l'individu : ainsi de Henri Wallon, pour qui l'enfant est un être "biologiquement social" ; ainsi de Jacques Lacan, pour qui l'enfant est un "parlêtre"; ainsi de Françoise Dolto, pour qui "tout est langage"6...

Nous pouvons nous référer ici particulièrement aux propos de Françoise Dolto, selon laquelle "l'être humain est avant tout un être de langage"7 : "ce langage exprime son désir inextinguible de rencontrer un autre, semblable ou différent de lui, et d'établir avec cet autre une communication"8. La célèbre psychanalyste d'enfants nous dit encore que "(...) ce désir est inconscient encore plus que conscient (...)"9 ; que "(...) le langage parlé est un cas particulier de ce désir (...)"10 ; que la communication

3"Développement culturel" n°58, Mars 84

4"Développement culturel" n°62, Avril 85

5Jean-Noël Kapferer, "L'enfant et la publicité" - Dunod, 1985

6Françoise Dolto, "Tout est langage" - Livre de Poche, 1987

7op. cit., p.8

8ibid.

9ibid.

10ibid.

(6)

"interpsychique" entre un enfant et son entourage familial commence "déjà dans la vie foetale"11.

Tout est langage, cela implique de prendre en compte ce qui ressort de la communication non verbale : par exemple les intonations, les mimiques, la gestuelle, la posture corporelle, etc.

Avec le cas particulier de l'image, la psychanalyse nous ramène chez l'enfant au "stade du miroir", découvert par Jacques Lacan. Il s'agit de l'évolution de l'enfant marquée par ses réactions en présence de son image. Il importe de rappeler ici le déroulement de ce stade (de 6 à 18 mois environ). "Trois étapes se dessinent :

1. Tout d'abord l'enfant réagit comme si l'image présentée par un miroir était une réalité ou du moins comme l'image d'un autre.

2. Par la suite l'enfant cessera de traiter cette image comme un objet réel, il ne cherchera pas à s'emparer de l'autre qui se cacherait derrière le miroir. (...)

3. Mais voici qu'en une troisième étape, l'enfant humain va reconnaître cet autre comme étant sa propre image. C'est bien là un processus d'identification, une conquête progressive de l'identité du sujet"12.

Dans le même temps de cette troisième étape s'effectue l'entrée dans ce que Freud a appelé "le complexe d'Oedipe" : l'enfant passe de la relation imaginairement fusionnelle avec la mère à la distinction de son corps propre ; la cause de la séparation d'avec la mère est attribuée au père, auquel l'enfant va alors s'identifier.

L'important pour notre propos est que selon Lacan, "c'est

11op. cit., p.23-24

12J.B.Fages, "Comprendre Jacques Lacan", p.14 - Privat, nelle éd. 1991

(7)

ici précisément que s'opère l'entrée dans l'ordre symbolique, dans l'ordre du langage"13.

Notons que le terme "langage" n'a pas la même signification ici que pour F.Dolto. Cette dernière l'utilise dans le sens de "système structuré de signes non verbaux remplissant une fonction de communication"14. Pour J.B.Fages, le langage est entendu comme la "faculté propre à l'homme d'exprimer et de communiquer sa pensée au moyen d'un système de signes vocaux ou graphique"15. Autrement dit, l'enfant avant la phase oedipienne (dès la vie foetale selon F.Dolto) donne certes valeur de communication aux signes (qu'il perçoit et qu'il émet) ; mais c'est à partir de l'entrée dans la phase oedipienne que l'enfant va pouvoir organiser symboliquement ce système de signes.

C'est donc au moment où l'enfant se perçoit comme sujet distinct (stade du miroir) qu'il accède à l'ordre symbolique du langage (séparation d'avec la mère symbolisée par le père16). Ainsi cet accès de l'enfant au langage symbolique naît du conflit entre la relation imaginairement fusionnelle avec la mère et la perception par l'enfant de sa subjectivité, de son corps propre, distinct. Ce constat rejoint la théorie selon laquelle la motivation des communications réside dans la nécessité d'atténuer les contradictions internes, dans "le besoin, universel, de réduire les tensions provoquées par des écarts ressentis comme dissonants ou incompatibles entre divers éléments du champ de conscience"17.

13J.B.Fages, op. cit., p.16

14Petit Larousse Illustré 1993

15Dictionnaire Larousse, op. cit.

16et d'après Lacan, le nom du père est alors le signifiant métaphorique du

"manque": "Le Nom-du-Père est un substitut métaphorique, un symbole"

(J.B.Fages, op. cit., p. 18)

17André Lévy, "Psychologie sociale, Textes fondamentaux anglais et américains"

T.1, p.149 - Dunod, 1978

(8)

De par ce besoin de "(...) cohérence psychologique, qui conduit l'individu à chercher à organiser son environnement de façon intelligible et stable"18, "la communication avec autrui serait pour l'individu une façon de réaliser la communication avec soi"19.

IV - Fondements psychologiques de la communication

La communication viserait donc fondamentalement la résolution de tensions internes provoquées par un écart, une dissonance, entre un état de la conscience ou de l'inconscient (une croyance, une opinion, une attitude, une émotion, un sentiment anciens...) et une perception nouvelle. Or cette résolution peut s'obtenir de deux façons : en adaptant ses "croyances" au réel nouvellement perçu, aussi bien qu'à l'inverse, en adaptant ses perceptions à sa réalité propre.

Cette dernière possibilité, pour irrationnelle qu'elle puisse paraître au premier abord, n'en est pas moins une réaction banale, sinon normale. D'abord parce que dans le schéma de communication d'un message, la transmission de celui-ci est conditionné par le "cadre de référence"20 de l'émetteur et celui du récepteur; l'individu qui perçoit un message le percevra donc, pour partie au moins, en fonction de ses propres données, stéréotypes, codes, sentiments, valeurs, etc. Ensuite parce que d'une manière plus large, les intérêts du récepteur, fussent-ils inconscients, sont en jeu; comme le rappelle André Lévy: "Freud a montré depuis longtemps que l'on perçoit, dans une large mesure, ce que l'on désire percevoir"21.

18André Lévy, op. cit., p.149

19André Lévy, op. cit., p.150

20par "cadre de référence", nous entendons selon la définition d'André Lévy (op. cit., p.105): l'ensemble des éléments psychologiques en fonction desquels l'individu perçoit son environnement physique et social.

21André Lévy, op. cit., p.106

(9)

Que le "filtrage" des perceptions participe à une certaine immuabilité de l'état psychologique d'un individu, nous y voyons là une classique résistance au changement, bien connue notamment dans les phénomènes de groupe. Sur un plan individuel, nous y voyons également un lien avec la

"pulsion" (excitation interne de l'organisme) décrite par Freud comme "(...) une poussée inhérente à l'organisme vivant vers le rétablissement d'un état antérieur (...)22. La communication chez l'être humain se fonderait donc, sous l'effet de ce que Freud nomme "la compulsion de répétition"23, sur la reviviscence de la séparation d'avec la mère, sans cesse expérimentée dans la relation avec autrui, sinon sur la survivance de l'angoisse causée par cette séparation. De même que l'interdit de l'inceste constitue le prototype de la loi, le nom-du-père serait le premier signifiant du langage symbolique.

V - La problématique de l'image

Ces caractéristiques posées nous permettent d'entrevoir leurs implications dans le domaine qui nous intéresse.

Cette tendance de l'organisme à la régression renvoie en effet, dans le domaine de l'image, au stade du miroir : "se regarder", est bien le "stade préliminaire de la pulsion de regarder"24. De même, si la communication avec autrui sert la communication avec soi-même, l'utilisation de l'image évoque irrésistiblement le phénomène de la réflexion.

La valorisation de l'image dans la société actuelle aboutirait donc à une facilitation, sinon une incitation, à

"se regarder", qui est, nous dit Freud, une "formation narcissique"25. Rappelons que Freud a nommé "narcissisme"

22S.Freud, "Essais de psychanalyse", p.80 - Petite Bibliothèque Payot, 1981

23ibid.

24S.Freud, "Métapsychologie", p.32 - Gallimard, 1968

25ibid.

(10)

la tendance psychologique visant une valorisation de soi.

Cette dénomination, tirée du mythe de Narcisse, n'est pas sans lien avec le stade du miroir26 : Narcisse est ce joli garçon de la mythologie grecque qui s'admire et qui, pour n'avoir pu écarter son regard du reflet de son image dans l'eau de la rivière, finit par en mourir...27

Ainsi l'attrait des jeunes pour les productions audiovisuelles en vogue (cinéma, télévision, vidéo...) met en jeu cette tendance à "se regarder", qui s'installe par le biais de l'identification (sur le modèle, dans l'oedipe, de l'identification au père) : identification au héros (soi idéalisé), à l'action (idéalisation similaire, par opposition à la routine de la vie quotidienne, à la passivité symbolisée par exemple par l'attitude requise en classe, ou par la lecture...)28. Or ce type de relation à l'image n'est pas sans danger pour le développement de l'enfant ou de l'adolescent, dont la finalité est l'accession à une autonomie la plus large possible.

On ne saurait évoquer ces risques sans commencer par les caractéristiques inhérentes à la communication audiovisuelle elle-même, en reprenant les explications de J.N.Kapferer : "Dans la lecture d'un roman, le lecteur comprend d'abord puis ressent éventuellement une émotion.

L'audiovisuel se ressent avant qu'il ne se comprenne (...).

L'image et le son sollicitent donc les sens avant de faire appel à l'intelligence. L'émotion et l'affectivité sont stimulées avant la compréhension et la critique"29. En agissant sur l'affectivité, l'audiovisuel réactive le

26Edith Hamilton in "La mythologie", p.98 - Marabout, 1978

27Une part entière de ce mythe reste trop souvent occultée : Narcisse n'est pas caractérisé seulement d'avoir péri pour s'être par trop épris de son image, mais aussi d'avoir été assisté, jusqu'à son dernier souffle, par la nymphe Echo. Laquelle, condamnée à ne pouvoir parler que pour répéter, ne pouvait l'aider (E.Hamilton, ibid.). Cette précision n'est pas sans importance pour notre conclusion.

28 Phénomènes d'identification justement rappelés par J.N.Kapferer, op. cit., p.63 et 67

29op. cit., p.159

(11)

risque de "perte de contrôle de soi"30, c'est-à-dire ouvre le chemin de la régression31. Le risque est évidemment d'autant plus grand pour les enfants qui, n'ayant pas atteint le "stade opératoire formel"32 (12 ans environ), n'ont pas accès aux fonctions d'abstraction et de logique, et dont la réception du message réside dans la seule perception, sans les "défenses cognitives" de l'adulte.

Ainsi les enfants sont donc particulièrement exposés à subir une communication considérée comme un "moyen d'influence sociale"33, tant il est vrai que "le chemin de l'influence est plus émotionnel que cognitif"34.

Puis l'institutionnalisation sociale de telles situations d'identifications, au demeurant artificielles, comporte en soi une justification, par la normalisation, de la position "d'identifié", qui se trouve ainsi valorisée.

On en trouve un bon exemple dans le phénomène culturel, émergé depuis trois ou quatre décennies, que sont les représentations de chanteurs sur scène, avec les engouements qu'elles suscitent, les déplacements et les émotions de foule auxquels elles donnent lieu, l'idolâtrie qu'elles engendrent35. Mais cette position est proche d'une position de passivité, sinon de dépendance, et à tout le moins d'infériorité. Or si l'identification intervient dans le développement psychoaffectif comme support, le but n'en est pas moins de parvenir à une autonomie qu'on peut présenter, par opposition avec le phénomène de l'identification, comme "être soi". On est tenté, alors, de penser que parmi l'environnement quotidien ou culturel, qui

30J.N.Kapferer, op. cit., p.160

31Régression qui peut prendre différentes formes: le "passage à l'acte" (céder à ses impulsions, fussent-elles anti-sociales), se réfugier dans la maladie psychologique, ou simplement marquer l'arrêt du développement (dont la stagnation chez les adultes est une forme...)

32selon l'échelle du développement cognitif défini par Piaget

33André Lévy, op. cit., p.147

34J.N.Kapferer, op. cit., p.45

35 Dont Freud, par ailleurs, entamait déjà la description en 1921 dans son texte

"Psychologie des foules et analyse du moi" - in "Essais de psychanalyse", Petite Bibliothèque Payot, 1981

(12)

influe inévitablement sur le développement individuel, l'audiovisuel intervient peut-être comme un frein, en diminuant la stimulation à "grandir"36... Une telle hypothèse pourrait ne pas être sans lien avec la prolongation de l'adolescence observée dans les sociétés occidentales, attribuée le plus souvent à une prolongation de l'état de dépendance des adolescents à l'égard des parents ou de la société (allongement de la scolarité, études, chômage...).

Enfin l'autre aspect des risques d'une relation primaire à l'audiovisuel est celui posée par la relation à l'image de soi, telle que nous l'avons décrite. Nous avons évoqué le parallèle entre le narcissisme et le stade du miroir, et vu que les incitations sociales à "se regarder" exacerbent les tendances narcissiques. De même qu'un échec dans le franchissement du stade du miroir se traduit par l'entrée dans la psychose, le narcissisme marque de son empreinte les relations sociales, dont les excès prennent la forme de l'orgueil, la vanité, la prétention, la mégalomanie37...

L'orgueil, s'il est le "sentiment exagéré de sa propre valeur"38, implique comme corollaire la dévalorisation des autres, le moindre intérêt porté à autrui. Une conséquence en est donc la prédominance de comportements individualistes39, et pour l'enfant une difficulté de socialisation. La standardisation de valeurs mégalomaniaques trouve sa traduction dans l'admiration de tout ce qui est synonyme de

36Françoise Dolto relie la croissance au désir de croissance (comme le fait de naître au désir du nourrisson de vivre) - cf. "Tout est langage", op. cit., p.125

37on ne peut manquer de souligner la coïncidence entre l'expression "avoir les chevilles qui enflent", qui désigne familièrement quelqu'un manquant de modestie, et le complexe d'Oedipe, puisqu'en grec OEdipos signifie "pied enflé" (cf. "Une école pour Oedipe", de J.P.Bigeault et G.Terrier, Privat 1975, P.148); on note aussi qu'Oedipe, dans le mythe, s'auto-punit d'avoir tuer son père en se privant de la vue.

38cf. dictionnaire Larousse, op. cit.

39La vogue des élans humanitaires de ces dernières années n'infirme pas cette hypothèse, en ce qu'elle apparaît surtout porteuse d'un sentiment collectif de culpabilité. Voir à ce propos la description de la pitié comme formation réactionnelle contre la pulsion sadique in "Métapsychologie", op. cit., chapitre "Pulsions et destin des pulsions".

(13)

grandeur, de puissance: exaltation des "surhommes" (sports, science-fiction), culte du héros, etc.

Mais sans aller jusqu'à généraliser le risque d'une mégalomanie proprement pathologique, nous remarquons que le narcissisme s'apparente à un contentement de soi (à l'instar du mythe), alors justifié socialement au même titre que la

"position d'identifié" décrite plus avant. De la même manière cette gratification sociale intervient comme frein au développement, ce qu'on peut schématiser comme suit: pourquoi changer, puisque je suis satisfait de ce que je suis?

VI - Conclusion: une éducation à l'audiovisuel

L'importance des communications dans notre société, et l'avènement de l'audiovisuel, constituent une marque fondamentale de l'évolution sociale des dernières décennies : cela, déjà, justifie de développer la formation à l'audiovisuel. Dans le même temps, la communication occupe une place importante dans la vie de l'enfant, et la prédominance de l'image, on l'a vu, n'est pas sans inconvénient.

Le point de départ de cette relation à l'image, comme de l'entrée dans le langage symbolique, nous est apparu avec le stade du miroir, étape décisive dans la formation de la personnalité, et dont Lacan dit : "l'enfant se retourne vers celui qui de quelque façon l'assiste, fut-ce seulement de ce qu'il l'assiste à son jeu"40. Nous pourrions reprendre cette formule, pour signifier qu'une formation à l'audiovisuel concerne d'une manière prépondérante les enfants. L'exposition à l'image n'est un problème qu'en raison de l'ignorance, chez les spectateurs et singulièrement les plus jeunes, de sa réalité: l'image, reçue brute, se trouve en prise directe avec les émotions,

40J.Lacan, cité par J.B.Fages, op. cit., p.16

(14)

l'affectivité, au détriment d'un développement affectif et même cognitif: "voir n'est pas savoir"41. A l'instar du stade du miroir, l'accès au langage symbolique de l'image doit supplanter le langage des signes.

Ainsi il convient d'aider les enfants à conserver un recul par rapport aux images, en leur apprenant à les décoder, à repérer les techniques visuelles et sonores, ce qu'elles mettent en valeur, les effets qu'elles visent à obtenir. Rendant les enfants moins vulnérables, un tel apprentissage est à même de favoriser les progressions individuelles à bien d'autres niveaux. Puis il permettra aux enfants de passer d'une position de spectateurs passifs à une position active, leur procurera la capacité d'utiliser ce langage de l'image plutôt que le subir, et la faculté, pour eux aussi, de communiquer par ce canal.

41in "Une école pour Oedipe", op. cit., p.152

Références

Documents relatifs

There exists a coarse moduli scheme M for the equivalence classes of semistable parabolic vector bundles (on an irreducible nonsingular complete curve X}.. of

We prove that, if 7 is a simple smooth curve in the unit sphere in C n, the space o pluriharmonic functions in the unit ball, continuous up to the boundary, has a

Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons bri6vement quelques propri6t6s de l'dquation biconfluente de l'6quation de Heun dont nous aurons besoin dans

N o u s nous placerons dans un espace vectoriel rrel, 6ventuellement muni d'une topologie vectorielle (ce qui sera prrcis6 dans chaque 6noncr) et adopterons les

Lorsque que le projet de construction jouxte une construction existante significative, implantée différemment, l’implantation d’une construction nouvelle pourra

5 – Pour les constructions qui ne sont pas destinées à de l’habitation et qui s’implantent sur des terrains disposant d’une façade sur l’Avenue du Maréchal de

[r]

Cependant, ses experiences dans le domaine des catastrophes naturelles sont presque inexistantes, et les recherches auxquelles elle se livre de personnes disparues au cours de