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Solidarmoche Kalashnikov Votre argent m 'intéresse Les chiens de garde. DU MÊME AUTEUR dans la même collection

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UN GARÇON

ORDINAIRE

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DU MÊME AUTEUR dans la même collection

Solidarmoche Kalashnikov

Votre argent m 'intéresse Les chiens de garde

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GÉRARD DELTEIL

UN GARÇON ORDINAIRE

ROMAN SPÉCIAL-POLICE

P r é s e n t é p a r P a t r i c k M O S C O N I

ÉDITIONS FLEUVE NOIR 6, rue Garancière - PARIS V I

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La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (alinéa 1 de l'Article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal.

© 1985. « Éditions Fleuve N o i r », Paris.

R e p r o d u c t i o n et traduction, m ê m e partielles, interdi- tes. T o u s droits réservés p o u r tous pays, y compris

l ' U . R . S . S . et les pays scandinaves.

ISBN : 2-2602891-6

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CHAPITRE PREMIER

Qui irait se promener sur le chantier de l'échangeur à une heure du matin ?

Un coin sinistre au possible !

Plantées dans des terrains vagues encombrés de matériaux et d'engins, des grues géantes dressent leurs silhouettes sombres, menaçantes ; des enchevêtrements de tiges métalliques évoquent d'effroyables cages grilla- gées destinées à vous enfermer en plein ciel ; des bétonnières aux formes biscornues se tapissent dans l'ombre de baraquements sordides ; des pelleteuses brandissent leurs mâchoires d'acier au bout de bras articulés comme des pattes d'araignées gigantesques.

Plongés dans un demi-sommeil, ces monstres semblent prêts à se mettre en branle à la moindre alerte pour vous broyer, vous écraser, vous déchiqueter, et s'entre- dévorer eux-mêmes dans un combat apocalyptique.

Suspendus à d'immenses pylônes de béton filiformes, les derniers lampadaires jettent leurs flaques de néon blafardes, à plus de trois cents mètres de là, sur des sols aux reliefs torturés où s'amoncellent des parpaings, des poutrelles, des planches, des débris de toutes sortes, déjections de ces animaux cauchemardesques soucieux de marquer le pourtour de leur antre dont le cœur reste plongé dans une obscurité glauque, comme si on crai-

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gnait de provoquer les êtres indicibles qui y grouillent, de les faire surgir de leur trou par des lumières trop vives.

Même ceux qui se sentiraient capables de traverser ce décor sans le moindre frisson hésiteraient à traîner leurs bottes ici : à tort ou à raison la jeunesse de la cité voisine ne jouit pas d'une excellente réputation.

Cette atmosphère ne me laisse pas indifférent, mais elle ne m'angoisse pas ; je dirais qu'elle me stimule, m'exalte. Je dépasse le dernier lampadaire et j'engage ma R 12 dans le petit chemin. Doucement, tous feux éteints. Ça va tout seul : je commence à connaître l'endroit. De la route, personne ne pourra voir la voiture rangée derrière la palissade. Je reviens à pied jusqu'au croisement, je m'adosse à la cabane à outils. Je n'ai plus qu'à attendre et guetter la route, qui s'étire toute droite sur une longue distance. Ça simplifie les choses pour voir arriver les voitures, mais il n'en passe pratiquement pas : je n'en ai pas croisé une seule.

Ah ! J'oubliais les planches...

Incroyable de faire preuve d'une telle distraction au dernier moment alors que je prépare tout depuis quinze jours ! Je retourne à grands pas vers le chantier, j'en choisis deux, des longues, que je traîne jusqu'à la route.

Et voilà ! Tout est paré. Tout de même, manquer d'oublier un élément aussi important que les planches après avoir répété trois fois ! Excellent les répétitions, et pas seulement pour mettre les détails au point, ça développe la maîtrise de soi. Indispensable. Chaque fois, la tentation de passer immédiatement à l'action a été forte, et j'ai éprouvé en m'affirmant capable de lui résister une intense satisfaction qui a largement com- pensé ma frustration.

Le moment approche, une certaine fébrilité s'empare de moi, une bouffée de chaleur parcourt les fibres de

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mon corps. Mon trois-quarts de cuir m'étouffe, ce n'est pas le genre de vêtement qu'on porte au mois d'août, même à une heure tardive. A moins d'avoir pour cela une raison spéciale : les ongles glissent sur le cuir. Ne rien laisser au hasard fait partie de mes principes. C'est comme mon bonnet de cuir, le style aviateur d'avant- guerre, attaché sous le menton ; sans ça, on aurait vite fait de m'arracher une touffe de cheveux. Et avec les moyens dont ils disposent maintenant... Quant aux gants de peau, noirs eux aussi, que j'enfile soigneuse- ment, ils relèvent de la prudence la plus élémentaire.

Mon point faible reste mes lunettes : je dois porter des binocles à double foyer sans lesquels je n'y vois goutte. Un cordonnet élastique maintient les montures derrière ma tête. Je n'ai rien trouvé d'autre pour limiter les risques. Cette tenue me donne une allure un peu curieuse, mais je ne revêts ces indispensables accessoi- res qu'au dernier moment, comme vous l'avez sans doute deviné.

Mon second gant à peine enfilé, une lumière clignote au bout de la route. Un coup d'œil à ma montre : s'il s'agit d'elle, elle est en avance. Je vérifie dans ma poche gauche la présence de mon sac de toile.

Fausse alerte : une voiture. Je me plaque derrière la cabane pour échapper aux phares, des graviers giclent contre la paroi de bois, deux points rouges diminuent, disparaissent. L'attente recommence.

J'essuie la buée qui recouvre mes lunettes et la sueur qui perle sur mon front avec mon mouchoir — j'en ai toujours un sur moi —, en regrettant de ne pas pouvoir m'éponger les aisselles. Je me sens moite. Je range mon mouchoir, et mes doigts se referment sur mon trousseau de clefs, je le sors, le fais sauter dans ma main, puis tourner autour de mon index. C'est un tic que j'ai depuis très longtemps. Ça me détend.

Une éternité s'écoule dans un silence quasi absolu.

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On n'entend que le ronronnement lointain des rares véhicules qui circulent encore sur le périphérique. Les dernières secondes paraissent toujours les plus longues, et pourtant je devrais être rodé : j'ai passé plus de deux heures à la guetter quand j'ai chronométré son par- cours. La grande aiguille de ma montre n'a pas avancé de deux minutes depuis le passage de la voiture. A croire que le temps s'est subitement ralenti, arrêté.

J'en arrive à me demander si elle n'a pas changé de chemin ou décidé de faire un tour avant de rentrer chez elle. Les yeux rivés à cette aiguille qui refuse obstiné- ment de bouger, j'en oublie de surveiller la route.

Quand je redresse la tête, je suis tout surpris d'aperce- voir une petite lueur vacillante qui, à cette distance, paraît immobile, puis grossit peu à peu, se rapproche.

Un deux-roues ! Pas de doute, c'est elle. Il n'y a pas trente-six personnes qui se baladent par ici en cyclomo- teur. Je place rapidement mes deux planches en travers de la chaussée et je reviens m'aplatir derrière la baraque, le souffle un peu court.

La silhouette de la fille se distingue nettement sur son solex. Le néon du dernier pylône l'éclabousse un instant, puis elle plonge dans l'obscurité comme happée par l'univers fantasmagorique du chantier, et je ne vois plus que son phare, tremblotant comme l'œil d'un minuscule animal perdu au milieu des monstres qui se dressent au-dessus de lui de part et d'autre de la route.

Soudain les planches apparaissent dans le mince pinceau lumineux.

Les pneus crissent sur les graviers.

Je sens une goutte de sueur rouler le long de mon échine jusqu'au creux de mes reins, je me tends, tous les sens aux aguets.

Elle met pied à terre, pousse son vélo, s'approche des planches, hésite, puis se dirige vers la cabane pour y

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appuyer le Solex, à quelques mètres de moi, retourne vers les planches, se baisse pour en déplacer une.

C'est le moment que j'attendais.

Je bondis comme un diable, lui jette le sac de toile sur la tête, l'aveugle. Mon bras gauche lui serre le cou, et je lui remonte le poignet dans le dos de l'autre main. Elle pousse des cris étouffés, se débat, gigote furieusement ; de sa main libre, elle cherche à arracher le sac ; elle se contorsionne dans tous les sens. En vain. Bien que de petite taille et d'apparence frêle, je suis relativement robuste, et je la maîtrise facilement. Tout en la mainte- nant, je pousse les planches du pied sur le côté de la route. Elle perd une chaussure que j'envoie rejoindre les planches, et je la traîne sur le chantier, en marchant à reculons. Ça devient plus difficile : je dois à la fois la maintenir et me frayer un chemin dans l'obscurité entre les parpaings, les planches, les détritus. Elle tente de me donner des coups de pied et des coups de coude avec son bras gauche, ce qui ne me facilite pas la tâche. Je remonte son poignet un peu plus haut, je resserre mon étreinte sur son cou. Elle pousse de sourds gémisse- ments et cesse de s'agiter, se laisse traîner.

Je parviens ainsi à la seconde baraque Algéco, au fond du chantier, je la tire à l'intérieur, et la projette violemment sur le sol. Elle essaie de se relever, mais je la maintiens à plat ventre en m'agenouillant sur elle de tout mon poids. Elle pousse des cris inarticulés entre- coupés de sanglots, veut me parler, mais, concentré sur ma besogne qui consiste à lui lier les poignets avec du fil électrique — une phase délicate de l'opération —, je ne l'écoute pas, je l'entends à peine, très loin. Une fois ma proie solidement attachée, je me relève, je souffle.

Ça y est quand' même !

Je promène sur elle le faisceau de ma lampe de poche, je me penche, je lui arrache sa jupe qui se déchire facilement. Sa veste de la R.A.T.P. me résiste davan-

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tage. Je la dépouille encore de son slip et la contemple un instant à la lumière de la lampe. Prostrée, elle ne cherche plus à se redresser. Son corps se soulève de sanglots. Saisi par la beauté de cette scène, je demeure quelques secondes immobile, haletant, comme hypno- tisé ; puis, je prends ma courroie, et je frappe de toutes mes forces. Elle se courbe sous la douleur, se cambre, pousse un hurlement rauque.

Elle a crié très fort.

On risque d'entendre.

Mais tout m'est indifférent : je savoure un moment extraordinaire, la satisfaction d'un fantasme qui me tenaille depuis des semaines et dont la réalisation me remplit d'exaltation, me procure un sentiment étrange, une joie profonde qu'aucune honte ne vient troubler, une sensation de puissance telle que je n'en ai jamais éprouvé de comparable. Je cherche avec ma lampe la strie rouge laissée sur son corps par la lanière de cuir.

Ma main tremble un peu. Je reste en extase devant cette fine zébrure qui parcourt cette chair d'une blancheur laiteuse, puis je frappe à nouveau.

A coups redoublés.

Jusqu'à épuisement.

Sa taille, ses hanches, le haut de ses cuisses ne sont plus qu'une plaie. Elle pousse des cris stridents. J'aime- rais la frapper encore, sur le ventre, sur les seins, mais il faut en finir. Je la cingle une dernière fois, à toute volée, je m'accroupis sur elle, je passe la courroie autour de son cou, sous le sac, et je serre, je serre. Ses hurlements s'étranglent dans sa gorge, se transforment en gargouil- lements, puis le silence revient. Je me redresse, en nage, éreinté, un peu déçu que tout soit déjà terminé, si vite, mais libéré. Je ramasse rapidement le sac et la courroie que j'enfouis dans les larges poches de mon cuir.

Mon pied heurte un parpaing en traversant le chan- tier, je trébuche, glisse, me blesse au genou. Je dissi-

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mule le Solex derrière la palissade et, avant de l'aban- donner, je fouille les sacoches et le sac à main. J'y trouve un peu de monnaie, des clefs, et une enveloppe grise contenant une liasse de billets que je fais disparaî- tre dans ma poche intérieure. Je ne suis pas venu pour ça, mais je gagne trop peu d'argent, trop difficilement pour pouvoir me permettre de le mépriser. Je quitte mon bonnet, mes gants et mon trois-quarts, je les balance sur la banquette arrière, et je démarre.

Demain, les camions effaceront les traces que mes pneus ont pu laisser sur la terre du chemin.

Une déchirure s'ouvre dans le genou de mon pantalon et laisse apparaître une belle éraflure qu'il me faudra désinfecter rapidement. Ma blessure ne semble pas grave, mais mon vêtement est fichu... Heureusement, c'est un pantalon dépareillé, et, contre ma poitrine, je sens l'épaisseur de la liasse qui me permettra largement de me dédommager.

La chance ne me quitte pas.

J'allume mes lumières pour m'engager sur la bretelle du périphérique et je roule sagement sur la file de droite, en respectant scrupuleusement le code, laissant quelques noctambules ivres de vitesse me dépasser à des allures vertigineuses. Le ruban de béton s'étend devant moi, désert, je ne suis pas pressé.

Je me cale confortablement dans mon siège, j'enclen- che une cassette, et la voix rauque de Big Bill Bronzy m'accompagne dans la nuit.

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CHAPITRE II

Sept heures trente.

La sonnerie lancinante de ma montre-réveil s'insinue dans mon conduit auditif, parvient jusqu'à mon cer- veau, déclenche le mécanisme subtil qui remet toute la machine en marche, malgré la résistance désespérée qu'offre mon subconscient qui voudrait me conserver au chaud, dans cet univers ouaté du sommeil, lové dans une position fœtale. La machine entière renâcle, comme rouillée, se venge de l'effort qu'on lui impose en infligeant mille souffrances à son propriétaire. Mon corps, à commencer par mon genou gauche, paye cher les efforts accomplis cette nuit ; d'autant que je n'ai pas fermé l'œil avant quatre heures du matin. La sonnerie insiste, du même timbre feutré, poli, mais inlassable, aussi irritant à la longue que le grelot vulgaire d'une grosse pendule traditionnelle ; il faut me rendre à l'évidence : je ne pourrai pas lui échapper. Ma main tâtonne, parvient à faire taire ce tintement électronique intempestif.

Mes jambes plient sous moi, mais acceptent de me porter jusqu'à la salle de bains où la glace me renvoie l'image d'une tête hirsute et décavée qui ne peut pas m'appartenir. Pâle, hagard, les rares cheveux ébourif- fés, les joues mangées par une barbe de deux jours, je

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ne me plais guère ce matin. Je chausse ma seconde paire de lunettes, qui reste en permanence sur l'étagère de verre, pour m'examiner plus attentivement ; mais, même rectifié par les verres à double foyer, le portrait de Charles Gaubert n'apparaît pas plus flatteur. Deux petites verrues déparent toujours la paroi droite de mon nez, elles n'ont pas grossi, mais pas diminué non plus de volume, du moins à première vue. Les verrues s'enlè- vent facilement, allez-vous me dire, mais tout ce qui ressemble de près ou de loin à un chirurgien me flanque une terreur panique.

Rasée, lotionnée, peignée, ma tête devient accepta- ble. Enfin, disons présentable. Il le faut pour pointer au bureau. Quelle idée m'a pris de m'occuper de cette fille le dernier jours des vacances ! La veille, j'aurais encore pu roupiller jusqu'à midi et récupérer. Ceci dit, je n'aurais peut-être pas profité des billets : une partie de sa paie qu'elle a dû tirer de la banque. On ne peut pas tout avoir...

J'avance le menton pour ajuster mon nœud de cravate

— une cravate bleu marine à fines rayures rouges ; je m'habille toujours très classique —, et je me contemple, relativement satisfait du résultat, avant de passer mon blazer, bleu marine également, un peu élimé aux coudes mais encore très correct. Chez Renard-et-Richard — l'entreprise qui m'emploie depuis bientôt douze ans —, on ne tolère pas la négligence, même pour les membres du personnel qui, comme moi, n'ont pas de contacts directs avec la clientèle.

Me voilà donc fin prêt. Mes chaussures mériteraient un coup de brosse et un ressemelage, mais ça attendra.

Vous devez certainement me considérer comme un paroissien bizarre. Je pourrais trouver toutes sortes de justifications en vous racontant qu'un crime sadique — n'ayons pas peur du mot puisque c'est l'expression consacrée — n'est pas plus honteux que les meurtres

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collectifs qu'on nous sert chaque soir sur le petit écran : la guerre, le napalm, les génocides, les armes nucléaires et chimiques. A vrai dire, je n'éprouve absolument pas le besoin de me justifier pour la bonne et simple raison que je me fous complètement de tout ça. Je prends mon plaisir comme je l'entends. Un point c'est tout. Comme la plupart des gens d'ailleurs, qu'ils le reconnaissent ou non. Le seul problème, c'est bien sûr que mes goûts me posent des problèmes... disons techniques pour les satisfaire.

A l'origine — et ça m'a pris voici quelques années, sans que je puisse vous expliquer exactement pour- quoi —, je recherchais des femmes qui aiment être flagellées, je relevais des annonces dans des publications spécialisées et dans Libération, un journal que j'ai par ailleurs en horreur. Ça n'a jamais marché, et j'ai essayé les vidéo-cassettes, grotesques pour la plupart, qui ne m'ont apporté aucune satisfaction. Je dois dire que je préfère nettement une expérience directe avec une inconnue, comme celle que j'ai vécue cette nuit.

Mes expéditions nocturnes me procurent aussi un peu d'action. Ça me change de la routine et de la vie sédentaire du bureau. La préparation me passionne : repérer une victime, établir son emploi du temps, choisir le bon moment, le lieu le plus favorable ; le tout sans se faire remarquer ; convenez qu'il y a de quoi exciter l'imagination. Prenez la petite de la R.A.T.P.

par exemple. La proie idéale qui prend toujours la même route déserte, à la même heure, pour rentrer chez elle après la fermeture du métro : pas de problème.

Mais on ne rencontre pas tous les jours des victimes pareilles.

Pour être franc, je n'en suis qu'à mon troisième coup, dont deux seulement soigneusement préparés. J'ai com- mis le premier par hasard, et il m'a révélé à moi-même.

Une vocation si vous voulez.

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Au retour de Bretagne, à Pâques, je prends en stop une petite Anglaise sur la route de Rennes. Dans les dix-huit/vingt ans, jean, cheveux dans le dos, gros sac.

Adorable. Je l'invite au restaurant. Un verre de trop, et je lui fais des avances, ce qui n'entre pas du tout dans mes habitudes car je suis d'un naturel très timide, surtout à l'égard des femmes. Au point qu'à trente-cinq ans, les seules que j'aie eues sont celles que j'ai payées.

Bref, elle me repousse — je vois encore la scène —, et là, je ne sais pas pourquoi son attitude a suscité une telle rage en moi, mais je l'ai giflée à toute volée. Sa tête a heurté le montant de la portière et elle s'est mise à pousser des cris stridents. Du sang lui coulait sur le visage. J'ai voulu la faire taire et, quand je me suis rendu compte de la situation, j'ai abandonné son corps sur le bas-côté, sans même chercher à le dissimuler.

Par une chance énorme, personne n'a pu donner une description précise de ma voiture et de moi-même, et je n'ai jamais été inquiété. L'affaire n'a eu droit qu'à quelques entrefilets dans la presse régionale. On a, semble-t-il, conclu à un crime de rôdeur.

Un mois après, j'essayais d'oublier cette histoire, mais elle a commencé à m'obséder : j'ai pris conscience de la facilité de mon acte ; dans la rue, l'envie de frapper certaines femmes me prenait soudain.

C'est ainsi que j'ai organisé ma première expédition.

Bon, ce n'est pas tout : le travail m'attend. Je vais finir par me mettre en retard. Faire d'une pierre deux coups : abandonner ma place et vivre de mes agres- sions ? Trop dangereux. On pourrait trouver bizarre que j'abandonne ainsi un emploi sûr dans la période actuelle. On me suspecterait. Une place stable, une vie régulière représentent les meilleures couvertures.

Mes collègues ne m'inspirent pas une sympathie excessive, mais ça me fait tout de même des gens à qui

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parler. En dehors de cousins éloignés, que je fréquente peu, je ne connais personne. Vont-ils parler du crime au bureau ? Certainement pas ! C'est une idée stupide : les journaux n'annonceront la nouvelle que demain, quand le corps aura été trouvé... Le personnel de Renard-et- Richard va raconter ses vacances en long et en large, comme chaque année, faire admirer son bronzage et ses photos souvenirs.

J'ai tout juste le temps d'avaler un café : je tiens à conserver ma réputation de ponctualité. Je dévale l'escalier, et je remonte la rue de Sèvres d'un bon pas.

J'habite à la hauteur de la station Vanneau et les bureaux de Renard-et-Richard donnent sur la place Saint-François-Xavier.

Ça ne change pas : je suis tout essoufflé au moment de grimper dans l'ascenseur. Deux petits cadres d'un autre service — je les connais de vue — montent derrière moi, la porte va se refermer quand un de mes collègues la bloque avec son pied et l'écarte pour faire monter une quatrième personne. On dirait qu'ils ont du temps à perdre avec des politesses. Je réprime un mouvement d'humeur et dévisage rapidement l'intruse.

C'est une créature rousse que je n'avais jamais remarquée dans la boîte. Une bouche pleine. De grands yeux verts. Je m'efforce de regarder dans une autre direction, je me compose un air absent.

Un des cadres se penche sur elle.

— Quel étage, mademoiselle ?

J'ai la surprise de l'entendre répondre qu'elle se rend à la Compta. J'occupe moi-même la fonction d'aide- comptable, et j'en déduis que c'est une nouvelle ou une intérimaire. La cabine s'immobilise avant que j'aie réussi à deviner qui elle peut bien remplacer.

Le panneau coulisse.

Les deux types rivalisent de galanterie pour la laisser passer. Elle minaude. Horripilant. Elle hésite sur le

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palier, et je sors sur ses talons. Je devrais sans doute lui indiquer son chemin... Je cherche désespérément les mots pour l'aborder quand l'arrivée du patron me tire d'embarras.

Raoul Renard — « R-R », pour employer le sobri- quet que lui donnent ses proches collaborateurs — paraît en meilleure forme que jamais, tout bronzé dans sa chemise Oxford bleu clair sur laquelle il a noué une cravate club. Il a déjà tombé la veste. Sans doute pour laisser entendre qu'il ne perd pas une seconde.

Tout sourire pour la fille, le patron n'a pas un regard pour moi.

— Mademoiselle Liénard, l'intérimaire, je suppose ? Il la prend par le bras, lui annonce qu'il va la présenter à ses collègues. Toujours tout miel. Ce n'est pas un mauvais bougre, mais ses airs de bellâtre sur le retour me hérissent le poil.

Ils font le tour de la grande salle.

— Voici M. Bloch, notre excellent chef comptable qui va vous montrer votre travail. (Puis, se tournant vers le chef de service :) Monsieur Bloch, M Roux nous abandonne pour se consacrer à sa famille. Elle nous a d'ailleurs adressé un petit mot très gentil.

Gloussements discrets. La mère Roux : une peau de vache qui ne manque jamais une occasion de vous tirer dans les pattes ! Personne ne la regrettera.

Bloch soulève légèrement ses lunettes pour examiner la rousse qui le regarde droit dans les yeux. Il lui tend la main en s'inclinant. C'est un type bedonnant et chauve qui porte de petites moustaches. Ridicule comme d'ha- bitude.

— M. Dumonier, notre chef comptable adjoint, et sa secrétaire, M Roy, qui a gagné un premier accessit au concours de frappe de la dactylo française.

Le visage ingrat et bouffi de M Roy rosit de plaisir.

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Le patron revient dans ma direction et semble découvrir mon existence.

— M. Gaubert, notre aide-comptable.

— Nous nous sommes rencontrés dans l'ascenseur, déclare-t-elle.

Elle retire précipitamment sa main de la mienne comme si mon contact lui déplaisait. J'ai bien vu qu'elle louchait sur mes verrues. C'est le moment que choisit Delannoy pour effectuer son retour de vacances et essayer de faire oublier son retard. Sa voix grave retentit sur le pas de la porte, tout le monde se retourne.

— Bonjour, monsieur le directeur, bonjour mes chers collègues, j'espère que vous avez tous passé de bonnes vacances.

Il se tient tout raide, guindé dans son éternel costume de serge gris moyen, tiré à quatre épingles. Coupés en brosse, ses cheveux commencent à grisonner sur les tempes. Nous sympathisons et prenons très souvent la pause du midi pour déjeuner ensemble.

— Vous avez sans doute raté votre train, Delannoy, lance le patron.

Tout le monde rit servilement à cette allusion à une absence de Delannoy consécutive à une histoire de train, une plaisanterie éculée qui remonte à deux ans. Je m'efforce quand même de sourire.

— Vous voyez, mademoiselle, poursuit « R-R », nous formons une équipe très soudée.

Suit le couplet sur les charmes de l'entreprise Renard- et-Richard, les difficultés du marché, la nécessité d'en mettre un coup pour rester compétitifs, la chance de ceux qui occupent un emploi dans cette période de crise.

Chacun baisse le nez sur son bureau pendant la tirade que nous connaissons tous par cœur. La rouquine semble une excellente comédienne, tour à tour sérieuse et souriante, synchronisant ses mimiques avec les pro- pos du patron. Je vois ça d'ici, c'est le genre de salope

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qui va lui faire du charme. M. Renard conclut son topo sur les vacances qui sont, hélas, terminées, et va s'enfermer dans son bureau aux portes capitonnées, à l'abri du crépitement des Olivetti.

Bloch, très empressé, donne déjà des directives à la nouvelle, elle assise, lui debout, une main posée sur le dossier de sa chaise. Je l'entends murmurer des « Vous me suivez, mademoiselle? » Ils me tournent le dos : mon bureau se trouve immédiatement derrière celui de cette M Liénard, de sorte que je vois onduler son opulente tignasse rousse chaque fois qu'elle fait un mouvement de la tête pour souligner son assentiment.

Renard-et-Richard ont adopté le principe des bureaux paysagers. Une fameuse invention pour se surveiller les uns les autres, impossible de préserver la moindre intimité !

Sitôt le patron disparu, la mère Roy s'est empressée de déposer une pile de factures sur ma table. Elle doit s'entraîner pour un nouveau concours. Je décide de prendre des risques en quittant mon bureau pour aller bavarder avec Delannoy, mais j'ai à peine le temps d'engager la conversation que Dumonier tapote déjà sur son livre de comptes avec sa grosse règle métallique. Je retourne à ma place, sans me presser ; je ne suis tout de même plus à l'école.

Delannoy m'adresse un clin d'œil discret.

— Vous me raconterez tout ça au Villers à midi.

Une bonne partie du personnel se retrouve au Villers pendant la pause du déjeuner; c'est le café le plus proche. Personnellement, je préfère les endroits plus tranquilles, mais les autres brasseries sont un peu loin et les restaurants prohibitifs.

Je soupire tristement, et je commence à établir les premiers chèques. A onze heures, je porte la pile à M Roy, qui la transmet à Dumonier pour vérification avant de la donner à la signature. La dernière demi-

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CHAPITRE XXI

Une voix d'homme, rude et déterminée, me secoue, me tire de ma torpeur.

— On va bien voir si tu racontes des salades. Quelle idée de venir ici pour se tripoter !

La porte de la grange pivote en grinçant, une lumière crue me frappe en plein visage, m'éblouit, refuse de s'écarter. Comme le projecteur qu'on braque sur le suspect pour le faire parler.

Je voudrais me relever, bouger, fuir, mais mes jambes refusent de me soulever, et je reste ainsi à leurs pieds, transi.

Une autre voix masculine, plus jeune.

— C'est lui. Il a voulu nous tuer ! Il hurlait comme un fou, il était armé. Attention : il doit être dangereux.

Une troisième voix, qui semble venir de très loin.

— Il a pourtant pas l'air, à voir comme ça. Qu'est-ce que vous faites ici ?

Enfin, je suis chez moi, chez mes cousins... Mes lèvres remuent légèrement, mais les sons s'arrêtent dans ma gorge.

— Il ressemble pas à un vagabond. Tiens, il a pas de godasses...

— Qui êtes-vous ? Répondez, bon Dieu !

Une main énorme se pose sur mon épaule, la broie.

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— Qui êtes-vous ? Vous entendez ? Je parviens à articuler mon nom.

— Gaubert. Charles...

La pression de la main se relâche.

— Gaubert... Gaubert, ça vous dit quelque chose ?

— Bon sang ! Mais c'est le type qu'on cherche. A la télé... le sadique !

L'étau se referme sur mon épaule.

— Alors, réponds ! C'est toi l'assassin ?

La main me soulève, la torche se rapproche de mes yeux, que je ferme en détournant la tête. L'homme me saisit à deux mains, me secoue comme un prunier.

— Bordel ! Tu vas répondre, oui ou merde ! C'est toi, Gaubert, le type qu'on cherche ?

Une supplication s'échappe de ma bouche, dans un souffle.

— Je vous en supplie, laissez-moi tranquille.

Des ricanements monstrueux éclatent, me vrillent les tympans.

— Le laisser tranquille ! Il demande qu'on le laisse tranquille ! Il est vraiment louf !

— Tu vas venir avec nous, mon pote. Allez, debout ! En avant, marche !

L'homme me lâche, la lumière s'écarte, et je retombe sur le sol, accroupi, la tête entre les mains, comme pour parer les coups, immobile, prostré. Je ne veux plus les entendre, je veux rester seul.

— Holà ! Faut pas jouer à ça avec nous mon pote, sinon tu vas comprendre ton malheur !

Une lourde chaussure ferrée me frappe dans les reins.

La douleur remet mes sens en éveil. Je me redresse péniblement en m'appuyant sur les barreaux de l'échelle. On m'empoigne de chaque côté, par les bras.

Les intrus sont trois. Le plus jeune — que j'ai surpris avec la fille — marche devant. Les deux autres m'enca- drent, me traînent. Celui de gauche est un géant qui

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roule des épaules impressionnantes. Celui de droite rend une demi-tête à son compagnon, mais je ne lui viens pas au menton.

— Faut le filer aux gendarmes.

— On va aller chez les Carrière téléphoner.

— On va pas les réveiller à c't' heure.

— Ça vaut la peine, non?

Je commence à réaliser la situation, et elle m'apparaît sans issue : la malchance m'accable ! Rentré à Paris de mon propre gré, j'avais peut-être eu une possibilité de m'en tirer, en trouvant une explication pour le tapis. Il n'existe pas de preuves formellles contre moi, mais cet incident va m'accuser.

— Alors ? demande le jeune.

— Toi, petit, rentre chez toi en quatrième. Le père à la Thérèse, il serait pas très heureux de savoir que tu bricolais avec sa fille...

— Je peux pas rester voir les gendarmes ? C'est grâce à moi que vous l'avez eu. J'ai droit à la prime...

— Tire-toi, on te dit ! Du vent ! Bonsoir.

— Bonsoir, fait le jeune, dépité et hargneux.

Le cliquetis de son vélo s'éloigne.

Quelques gouttes de pluie tombent encore, je fris- sonne en passant la porte de la grange.

— Toi, le sadique, t'avise pas de faire le mariole ! Nous avançons dans la nuit, le sol caillouteux blesse mes pieds nus. Ils marchent à grandes enjambées, sans me lâcher, me forçant à trottiner, à courir. Le faisceau de la lampe oscille sur le chemin.

Une bâtisse sombre se dresse devant nous.

Le géant me laisse aux mains de son compagnon, s'avance pour frapper de grands coups sur la porte.

— Surtout, tiens-le bien, le laisse pas se tirer ! La porte s'ouvre. La silhouette du géant se découpe dans le rectangle lumineux, me dissimule l'homme qui vient d'ouvrir.

(25)

— Qu'est-ce qui vous prend à cogner comme ça à c't' heure ? Y a le feu?

— Salut, Paul, on voudrait téléphoner.

Paul est un personnage rondouillard, en chaussons, une robe de chambre passée sur son pyjama.

— Ben, répondez. C'est-y qu'y a le feu?

— Téléphoner, à minuit ! glapit une femme derrière lui.

La maîtresse de maison apparaît à son tour, un manteau sur les épaules, le crâne hérissé de bigoudis.

— T'énerve pas, on va t'expliquer.

Des fenêtres s'allument, des pas résonnent dans la maison, deux hommes en jeans, torse nu, sortent. Des visages fermés aux traits anguleux, des mentons agres- sifs fendus de fossettes, des regards mauvais, injectés de sang.

— Qu'est-ce que c'est, ce bordel? Qui c'est çui-là?

— On explique à vot' père : c'est le sadique ! Les gendarmes lui cavalent au cul. Il a essayé de violer la Thérèse dans la ferme abandonnée.

— Il s'emmerde pas ! ricane un des frères. La Thé- rèse, je me la ferais biens !

La mère lui lance un œil hargneux.

— Tu vas arrêter tes conneries !

— Alors, reprend le géant, faut qu'on téléphone à la maréchaussée.

D'une bourrade, il me propulse sur le perron, en pleine lumière, pour faire admirer la prise à toute la famille Carrière réunie. Ils me contemplent silencieuse- ment.

— C'est vraiment lui ou c'est une vanne ?

— Il a avoué devant nous. Demande-lui, si t'as pas confiance. Tiens, sers-nous donc un coup au lieu de causer !

— Bon, ben restez pas comme ça, entrez donc, propose la mère.

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Ils me poussent devant eux. Nous traversons un couloir pour déboucher dans une grande pièce qui ressemble à celle de mon oncle. Sur le bahut trône un gigantesque poste de télévision couleur flanqué d'un magnétoscope. Ils prennent place autour de la table, et le géant me force à m'asseoir par terre, à ses pieds.

Comme un chien !

— Toi, le dingue, tiens-toi peinard !

Fébrilement, je tente de les oublier pour mettre au point les explications que je vais donner à la police, mais ma situation n'est pas propice à la réflexion. Ils m'ont accusé de tentative de viol... Il ne manquait plus que ça ! Bruits caractéristiques d'une bouteille qu'on débou- che, d'un liquide qui coule, de verres qui s'entrecho- quent, de déglutition.

— Pas dégueulasse, ta gnole !

— C'est pour les grands jours.

Et ils remettent ça. Une fois. Deux fois.

Qu'attendent-ils pour me livrer ? Je me sentirais encore mieux entre des mains de Bouvier qu'entre celles de ces bouseux alcooliques.

Un des hommes se lève, marche, se penche au-dessus de moi. Une haleine chargée de vinasse, d'ail et de dents pourries me frappe. Il m'empoigne par les cheveux, m'empêche de détourner la tête, me fixe de ses yeux rouges.

Je hurle.

— Laissez-moi ! J'ai rien fait ! Il me postillonne dans la figure.

— Salope, alors t'as rien fait, comme ça?

— Bon, déclare le géant, c'est pas tout, faut télé- phoner.

Les deux frères protestent.

— Aux gendarmes? Pour qu'ils le relâchent dans trois mois, ou qu'ils le mettent dans une taule de

(27)

dingues ? Et qui recommence ? Trop facile ! Ce type-là, ce serait que moi, on lui réglerait son compte.

— J' te dis d'arrêter vos conneries, rugit la mère, tu veux qu'on ait des ennuis ?

Ils hésitent. Je les entends palabrer. Comme dans un rêve lointain. Mais que veulent-ils donc?

— Ça vous plairait pt'être qui recommence avec vot' fille ?

— T'as raison, mais c'est pas not' affaire. Je veux pas d'histoires, vous m'entendez !

— T'occupe pas, m'man, monte donc te coucher.

— Ouais, fait le géant — entre deux hoquets —, on va quand même pas le laisser s'en tirer comme ça.

L'alcool coule de nouveau, les verres se heurtent. Le ton monte.

— Un salaud qu'a violé et étranglé quat' filles !

— Il serait trop content, qu'on le remette aux gendar- mes, c't' ordure !

— Et si on l'emmenait derrière la grange ?

— Allez pas faire de conneries ! implore la mère.

— T'occupe pas, on te dit, rentre si tu veux pas voir ! Je l'entends partir en maugréant et en traînant la pantoufle.

On me soulève. On me traîne. Glacé d'effroi, je n'oppose aucune résistance. Ça ne pourrait que les exciter davantage. Je tente pourtant de les raisonner.

— Je vous assure qu'il s'agit d'une erreur. Allons trouver la police, les choses s'éclairciront.

Je réalise alors que la peur fausse ma voix, la transforme en un mince filet tremblotant, qui ne doit même pas leur parvenir.

— On va au moins lui filer une petite rouste dont il se souviendra.

On pousse un grand battant. La lumière jaillit. Nous pénétrons dans un hangar avec une charpente métalli- que, qui abrite deux tracteurs rangés côte à côte.

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Ils me poussent contre un des montants. L'arête de métal me heurte le dos.

— Attendez, on va l'attacher.

Une cordelette me mord les poignets. Un gémisse- ment de douleur m'échappe, suscite des ricanements. Ils se tiennent côte à côte, en face de moi, les poings sur les hanches. Les deux frères torse nu avec leur faciès de brutes, le géant aux mains comme des battoirs, le père que l'alcool rend silencieux, et le quatrième qui rit tout seul, d'un rire gras et stupide d'ivrogne.

— Alors, t'es moins faraud comme ça, hein?

Les frères semblent les plus hargneux, l'un d'eux s'avance.

— Qu'est-ce que tu leur faisais aux filles, dis voir ? Il m'arrache mes lunettes, qui vont voler dans la paille. Je ne distingue plus que leurs silhouettes dans un brouillard.

— On voyait pas tes yeux vicieux avec ça, charogne ! La terreur paralyse mes lèvres, mon cerveau paraît séparé de mon corps qu'un tremblement agite.

— On devrait les lui couper !

— Penses-tu ! Il en a pas !

Un liquide chaud descend le long de ma cuisse. La honte se mêle à la peur, me submerge.

— Y a qu'à regarder !

On tire violemment sur mon pantalon dont les boutons et coutures craquent, et qui me tombe sur les pieds.

— Il a pissé dans son froc !

— Il est mignon comme ça, en petit bateau !

Leurs silhouettes dansent devant moi, comme des ombres fantastiques.

L'homme le plus proche de moi brandit un objet, le déplie — un rasoir ! Il passe son doigt sur le fil de la lame, émet un grognement satisfait.

(29)

Le métal tranchant vient effleurer ma peau, monte et descend sur mon ventre.

— On va te montrer comment faisaient les bougnou- les, en Algérie.

J'en entends encore un dire :

— Non, avec lui faut s'y prendre comme avec les porcs !

Et je perds connaissance.

(30)

CHAPITRE XXII

Le patron et le commissaire Bouvier sont assis à côté de mon lit, sur les inconfortables chaises en formica de l'hôpital. Ils affichent des mines embarrassées.

Le commissaire toussote, fixe la couverture verte, comme s'il lui trouvait un intérêt extraordinaire.

— Monsieur Gaubert...

Il s'interrompt pour adresser un regard gêné à

« R-R », qui le lui rend.

— Monsieur Gaubert, nous avons attendu que vous soyez ré...

Il allait dire « rétabli », mais il s'interrompt, car il sait que je ne serai jamais rétabli...

— Enfin que vous alliez mieux pour vous rendre cette visite.

Adossé à mes oreillers, je leur souris faiblement.

— Vous avez été victime d'un... lamentable concours de circonstances, dans lequel je crains que nous ayons une petite part de responsabilité.

Il tousse de nouveau.

— Lorsque votre nom a été communiqué à la presse, il existait, voyez-vous, un doute à votre égard.

Le patron l'interrompt.

— Je n'ai jamais cru un seul instant à la culpabilité de Charles Gaubert, affirme-t-il.

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— Rassurez-vous, vous êtes maintenant complète- ment hors de cause. L'enquête a très facilement démonté l'accusation de viol que portaient contre vous ces gens, vos agresseurs.

Un sourire encourageant éclaire son visage sévère, et

« R-R » me sourit lui aussi, tristement.

— Quant au meurtre de votre collègue, Denise Liénard, l'affaire est pratiquement résolue. A l'excep- tion de quelques détails que nous ne connaîtrons jamais.

Les idées se bousculent dans mon cerveau sans que je parvienne à comprendre le sens de ces paroles. Il est vrai que je suis encore très faible. Je les interroge, d'une voix à peine audible.

— Jamais ?

Bouvier et « R-R » se consultent rapidement, et le commissaire me tend le journal.

« ACCABLE PAR LES P R E U V E S R E U N I E S CONTRE LUI, L'ETRANGLEUR SE PEND DANS SA CELLULE. »

Sous ce titre énorme, la photo de Dumonier au bras de son épouse devant leur maison de campagne.

Tiens, j'ignorais qu'il avait épousé une femme beau- coup plus jeune que lui...

Le patron se penche vers moi.

— Vous vous demandez sans doute comment le commissaire Bouvier a réussi à confondre Dumonier ?

— Euh, effectivement...

L'expression embarrassée disparaît du visage distin- gué du commissaire pour faire place à la mine toute professionnelle qu'il présente sur le petit écran.

— Voyez-vous, monsieur Gaubert, après votre...

départ précipité, nous avons procédé à un certain nombre de perquisitions. (Rassurez-vous tout a été remis en ordre chez vous). Et nous avons découvert la règle de votre chef de service...

— Sous-chef, précise le patron.

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— La règle de votre sous-chef de service, donc, et nous l'avons fait examiner par le laboratoire, qui l'a identifiée sans hésitation possible comme l'arme ayant servi à frapper votre malheureuse collègue. D'infimes traces de peau et de sang restaient sur la règle, qui n'avait été que sommairement essuyée. Nous avons alors soumis le suspect — qui entendait revenir sur ses premiers aveux — à un interrogatoire en règle...

— En règle, c'est le cas de le dire, fait le patron, qui n'est jamais le dernier à plaisanter.

— Dumonier a donc bien été obligé de confirmer ses aveux devant le juge d'instruction. Là-dessus, il y a eu ces trouvailles, dans les égouts, qui nous ont amenés — ne nous en tenez pas rigueur — à vous suspecter. Et il reste à ce propos un petit détail que nous souhaiterions éclaircir.

Je sens le sang refluer sur mon visage, mais ils attribuent probablement cette pâleur à mon état de convalescent.

— Oui?

— Monsieur Gaubert, vous avez acheté ce tapis, ce kilim synthétique ?

— Oui.

Je cherche désespérément une réponse plausible, et c'est le policier qui me la souffle.

— Et c'est Dumonier qui vous a envoyé l'acheter, n'est-ce pas, en vous demandant de n'en parler à personne sous un prétexte quelconque ?

Libéré de la chape de plomb qui m'écrasait, j'impro- vise avec brio.

— Eh bien oui, puisque vous me le demandez maintenant. Je n'avais pas osé vous le dire au cours de...

notre entretien. M. Dumonier avait beaucoup insisté.

C'était tout de même mon supérieur hiérarchique...

Mes deux visiteurs échangent un nouveau regard, affligé celui-là.

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« R-R » hoche la tête.

— Comme je vous l'avais dit, monsieur le commis- saire, Charles Gaubert est un collaborateur très disci- pliné...

— C'est le moins qu'on puisse dire ! Vous rendez- vous compte que votre discrétion à l'égard de votre chef pouvait passer pour de la complicité, et même vous faire soupçonner ? Sans cette discrétion...

Il me dévisage avec commisération.

— Bien. Je souhaitais éclaircir ce détail. Soyons précis : ce tapis — le vendeur n'a pas été capable de nous indiquer l'heure —, vous l'avez acheté entre midi et deux heures. Vous n'avez pas été au Bon Marché, comme vous me l'avez affirmé, pour couvrir Dumo- nier ?

— Oui, monsieur le commissaire, je vous prie d'ac- cepter mes excuses.

— Je crains que vous soyez la principale victime de cette erreur, sans laquelle nous aurions coincé ce maniaque plus tôt.

Le commissaire se prend le menton entre les mains, et récapitule, comme pour lui-même.

— Les choses se sont donc passées ainsi : Dumonier tue la petite Liénard, la dissimule dans le placard, rencontre Gaubert, et l'envoie acheter le tapis. Sans doute pour ne pas attirer l'attention sur lui, ou même pour le faire accuser ! C'était un individu machiavélique.

C'est pour ça qu'il nous a échappé si longtemps.

— C'est sa femme qui l'a perdu, confie le patron.

— Oui, elle a catégoriquement démenti tous ses alibis. Et, par contre, elle a formellement reconnu sa veste en cuir, lacérée, dont il s'était débarrassé avec le tapis.

Maintenant que j'y pense, Dumonier possédait une très belle maison de campagne, et un grand apparte- ment... Sa veuve ne souffrira pas trop.

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Le commissaire frappe le journal de l'index.

— Enfin, maintenant tout est réglé. Je crois que nous n'allons pas vous déranger plus longtemps, monsieur Gaubert. Je vous souhaite un prompt rétablissement...

Il réalise qu'il a encore gaffé, détourne la tête. Il me serre énergiquement la main, se lève, et se dirige vers la porte.

Le patron garde plus longtemps ma main entre les deux siennes.

— Votre... ce qui vous est arrivé restera entre nous, Gaubert, soyez-en assuré. Seuls le commissaire et moi...

Personne n'est au courant dans l'entreprise.

Il cligne de l'œil, et retrouve l'expression de cet acteur britannique, qui interprète des rôles d'aristocrate, dont je vous ai déjà parlé.

— Dès que vous serez sur pied, nous vous attendons !

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ÉPILOGUE

Comme chaque matin, ma secrétaire m'apporte une tasse de café — très fort, avec deux sucres, comme je l'aime — qu'elle dépose sur mon grand bureau de verre et d'acier, avec un sourire appuyé. D'un geste négligent, je lui fais signe que je n'ai besoin de rien, et je suis le mouvement de ses hanches rondes tandis qu'elle quitte ma pièce de travail, par la petite porte latérale qui donne directement sur la sienne.

Comme chaque matin, après avoir siroté mon café, disposé soigneusement ma montre, mon gros stylo noir et or sur la plaque de verre, parallèlement au sous-main de cuir vert corné de cuivre offert par un fournisseur et perpendiculairement à la longue règle offerte par un autre fournisseur, je me lève pour effectuer une petite tournée dans les services. Et comme chaque matin, je surprends quelques tire-au-flanc qui traînent autour des distributeurs de boisson en dehors de l'heure de la pause. Ils me saluent respectueusement, et je leur adresse un regard sévère, qui signifie clairement qu'il vaut mieux pour eux regagner rapidement leurs postes de travail.

Ce matin, Delannoy vient à ma rencontre dans le long couloir qui conduit à mon bureau. L'épaisse moquette absorbe le bruit de ses pas. Nous échangeons un sourire

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et un rapide bonjour, mais ça ne va pas plus loin : je préfère conserver mes distances avec les cadres subal- ternes.

Comme mon ancien collègue de la Compta s'éloigne, un gros dossier sous le bras — sans doute un prétexte pour se déplacer —, je ne peux m'empêcher de penser que la rapidité de mon ascension a dû le surprendre, et sans doute le laisser amer... Après ma sortie d'hôpital,

« R-R » m'a littéralement pris sous sa protection. (J'ai même appris incidemment qu'il avait fait appel aux meilleurs spécialistes pour examiner ce qui pouvait être tenté — en vain hélas...) Il fait à mon égard une sorte de complexe de culpabilité, comme s'il portait une part de responsabilité pour m'avoir placé sous les ordres de Dumonier. Il a du même coup découvert mes talents, regretté de ne pas leur avoir donné plus tôt l'occasion de s'épanouir, et m'a coopté dans son brain-trust après deux stages de formation accélérée qu'il a financés.

Tout le monde chez Renard-et-Richard n'apprécie pas cette carrière éclair, c'est sûr ! mais personne ne risque la moindre réflexion en ma présence : on parle d'informatiser certains services, de restructuration, et

« R-R » m'a justement chargé d'étudier le dégraissage de l'encadrement...

Babette a depuis longtemps quitté l'entreprise, j'ignore ce qu'elle est devenue. Elle m'a rendu visite une fois à l'hôpital, puis nous ne nous sommes plus revus.

La veuve de Dumonier s'est remariée récemment, avec un jeune attaché de direction sorti d'une grande école à qui « R-R » promet une brillante carrière — ils forment un beau couple. Comme tous les hauts cadres de la boîte, ils m'ont invité à leur mariage. Pourtant, quand son époux a parlé de m'inviter à nouveau — certainement dans le but de soigner sa promotion —, elle m'a jeté un regard bizarre et a rapidement fait dévier la conversation.

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J'ai revendu mon appartement pour en acheter un beaucoup plus grand dans un immeuble neuf du quar- tier, grâce aux indemnités qu'ont dû me verser mes agresseurs. L'avocat personnel de « R-R » a pris les choses en main, il les a contraints à vendre une partie de leurs biens pour acquitter leur dette. Ils risquaient gros et l'affaire a été traitée à l'amiable, entre hommes de loi, sans publicité. Ainsi personne n'a eu vent des détails de ma mésaventure. Le patron a tenu parole, je sais que je peux lui faire confiance, et c'est réciproque. Il me considère comme son bras droit, son oreille dans l'entreprise, me confie sans hésiter les missions les plus délicates.

Si cette situation ne peut remplacer ce que j'ai perdu, ma nouvelle vie m'offre quand même un certain nombre de compensations. Vous dire que je suis un homme parfaitement heureux serait excessif : l'ascension sociale n'a jamais été mon seul but dans l'existence.

La nouvelle routine dans laquelle je me suis installé, quoique fort confortable, me pèse parfois. Le besoin d'action se fait par moments sentir, d'autant que certai- nes façons de dépenser mon énergie me sont maintenant refusées... Une possibilité d'exprimer ce trop-plein de vitalité ne devrait pas tarder à se présenter.

Au cours du week-end, j'ai fait l'emplette — chez un fripier — d'un long manteau de cuir bleu nuit, suffisam- ment sombre pour se fondre dans l'obscurité. Et figurez- vous que, par le plus grand des hasards, j'ai croisé cette automobiliste qui...

FIN

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DÉJA PARUS DANS LA MÊME COLLECTION

1786. Pigeon vole. M.-G. Prêtre

1787. Le rescapé de Mexico. Pierre Courcel

1788. En balançoire. André Lay

1789. La chatte sur un tas brillant (B.R.B.-4). Claude Rank 1790. Gaffe, chutes de pierres! (Le Trucker-4). Alan Floor 1791. Satan milliardaire (Marchand de Mort-8).

Joseph Rosenberger

1792. Démoniaquement vôtre. M.-G. Prêtre

1793. Faites pas pleurer le Dobermann ! Joël Houssin

1794. Un bagarreur. M.-G. Braun

1795. Le bouscule pas, c'est qu'un môme! Mario Ropp 1796. Un laser couleur émeraude (Marchand de Mort-9).

Joseph Rosenberger

1797. Contact S.A.-1 Michel Cousin

1798. Victoire perdue. Claude Joste

1799. Trois belles, trois méchants, trois flics. Jacques Blois 1800. Vengeance à long terme. Pierre Courcel

1801. Le souffre-douleur. Brice Pelman

1802. Envoyez la purée ! (Le Café des Sports-2). Joël Houssin 1803. Mon amie s'appelle la mort (Marchand de Mort-10).

Joseph Rosenberger 1804. Faut trouver l' joint (Le Trucker-5). Alan Floor

1805. Les citrons verts. M.-G. Prêtre

1806. Le voleur de jeans. Mikaël Ennis

1807. On ne plume pas un ange. Roger Vilard 1808. Les hommes de Las Vegas (Un linceul de sable).

André Lay 1809. Donne-moi ta menotte, shérif. André Lay 1810. Le prince Chador (Contact-2). Michel Cousin

1811. Mort en sueur. M.-G. Prêtre

1812. La dérive. Roger Faller

1813. Le pacte. G.-J. Arnaud

1814. Et la neige tombait... Mario Ropp

1815. Assassin, mon frère... G. Morris

1816. Chute libre. André Lay

1817. A gauche toute (Contact-3). Michel Cousin

1818. Nécro. G.-J. Arnaud

1819. Le fric. M.-G. Prêtre

1820. Grand nettoyage à Manhattan (Le Marchand de Mort-11).

Joseph Rosenberger

1821. Les arcans. Christian Mantey

1822. Sex and bacon. Brice Pelman

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1823. En roue libre (Le Trucker-6). Alan Floor 1824. Catch à Cannes (Le Privé-6). Jean Mazarin

1825. 120, rue de la Gare. Léo Malet

1826. Dobermann bastringue. Joël Houssin

1827. Ne tuez pas les pékinois. Roger Vilard

1828. La proie pour Londres. James Carter

1829. Le diable à quatre. Claude Joste

1830. A quoi bon ? M.-G. Prêtre

1831. Feu le Baron. Claude Joste

1832. Une ombre de mort (Contact-4). Michel Cousin 1833. Le Marchand de Mort a trahi (Le Marchand de Mort-12).

J. Rosenberger 1834. Le cimetière des éléphants. Paul Sala 1835. Commission Desperados. Christian Mantey

1836. La clef. André Lay

1837. Errare. Philippe Randa

1838. Un doigt de culture (Le Privé-7). Jean Mazarin 1839. Mais Juana n'était pas morte. Mario Ropp

1840. La morte de Bruges. David Morgon

1841. Métro Convention. Brice Pelman

1842. Brelan d'étoiles. Claude Joste

1843. Au point où j'en suis. G. Morris

1844. A fleur de peau. J.-M. Valente

1845. Balle de match. M.-G. Prêtre

1846. L'or en branches... Roger Faller

1847. L'homme au doigt coupé. Gilbert Picard 1848. Le bal des débris. Thierry Jonquet 1849. La flamme et le pantin. Eric Verteuil 1850. Horreur au Mato Grosso (Le Marchand de Mort-13).

J. Rosenberger

1851 Banlieue Sud. Thierry Lassalle

1852. Couvre-toi, shérif. André Lay

1853. Le dossier rose (Contact-5). Michel Cousin 1854. Le testament inavouable. Michel Quint 1855. Une langouste en or massif. Michel Germont 1856. Prête-moi ton visage. Roger Vilard 1857. Requiem pour un tricheur. Giova Selly

1858. Question de couleur. M.-G. Prêtre

1859. La main du saigneur. J.-P. Bastid et M. Martens

1860. Adorables victimes. David Morgon

1861. Haines sur la cité. Luc Vernon

1862. Silhouettes de mort sous la lune blanche. Kââ

1863. L'adultérophilie. James Carter

1864. La Vengeance du Faucon d'Or (Le Marchand de Mort-14).

J. Rosenberger

(42)

1865. Tableaux de chasse. M.-G. Prêtre 1866. La baleine amoureuse (Contact-6). Michel Cousin

1867. La Marraine. Gilbert Picard

1868. Chicanos branchés. Thierry Lassalle 1869. Le trésor de l'Araignée (Le Marchand de Mort-15).

J. Rosenberger

1870. Bosphore, mon Ange. Roger Vilard

1871. Jeux de Dames. Claude Joste

1872. L'invasion des clones (Le Marchand de Mort-16).

Joseph Rosenberger

1873. Un de chute. Luc Vernon

1874. Carnage... Jean Mazarin

1875. L'échappée belle. Brice Pelman

1876. Mauvaise conscience. Michel Quint

1877. De soufre et d'encens. André Lay

1878. Le bras d'honneur. James Carter

1879. Fin de semaine. Thierry Lassalle

1880. Le Jugement Premier. Gilbert Picard 1881. Touchez pas la famille (Le Privé-8). Jean Mazarin

1882. Traque au turf. Maurice Brunetti

1883. La princesse de Crève. Kââ

1884. Corps à cœur. Claude Joste

1885. L'enfer au fond des mers (Le Marchand de Mort-17).

Joseph Rosenberger

1886. Serre la vis, shérif. André Lay

1887. Le veilleur. G.-J. Arnaud

1888. L'avenir dans le dos. Brice Pelman 1889. La gangrène (Contact-7). Michel Cousin 1890. Les crocs sur le bout d'bois (Le Trucker-7).

Alan Floor 1891. A la folie, à la mort. Gilles Chapelier

1892. Solidarmoche. Gérard Delteil

1893. Une femme finie. Jean-Claude Belfiore

1894. Kalashnikov **. Gérard Delteil

1895. La dernière arabesque. Gilbert Picard 1896. La loi du plus faible. Michel Germont 1897. Balade pour deux paumés. Luc Vernon 1898. Dites-le avec des tueurs. Roger Vilard 1899. Le tueur de l'autoroute. Gilbert Picard

1900. Lame de fond. J.-M. Valente

1901. Sur un air de ravagés! Frank Girard

1902. La dernière récré. Michel Quint

1903. Votre argent m'intéresse **. Gérard Delteil 1904. Un cauchemar en Algérie (Le Marchand de Mort-18).

Joseph Rosenberger

Références

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