LîiiF.t SOUS LE N' ««,;t09
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMAGÎE DE BORDEAUX
ANNÉES 1898-1899 N° 107
DE L'IGNiPUNCTURE
DANS LE
THESE POUR LE DOCTORAT EN ME
Présentée et soutenue publiquement le 31 juillet 1899
PAR
Paul-Aristide-Emile ONO
«BIOT
Né à Saint-Malo le ÎO septembre 1S40
ANCIEN MÉDECIN DÉ LA MARINE
I MM.MASSE, professeur Président.
Examinateurs de la Thèse: 1 BINAUD,
pro^seur
agrege ).JugesTCHAVANNAZ, agrégé )
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites surles diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
G. GOUNOUILHOU, IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE
II, RUE GUIRAUDE, II
*899
FACULTÉ DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M.PITRES Doyenhonoraire.
PROFESSEURS MM. MICE . . .
AZAM. . .
DUPUY.. .
MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne . . .
Clinique externe. . .
Pathologie etthérapeu¬
tiquegénérales. . . Thérapeutique. . . .
Médecineopératoire .
Cliniqued'accouchements.
Anatomiepathologique. .
Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie ...
Hygiène
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE YERGELY.
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MASSE.
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N...
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Médecinelégale . . .
Physique Chimie
Histoire naturelle . .
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Matièremédicale. . . Médecineexpérimentale .
Cliniqueophtalmologique.
Clinique desmaladies chi¬
rurgicalesdes enfants .
Cliniquegynécologique Clinique médicale des
maladiesdes enfants Chimie biologique . .
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MORACHE.
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BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRÉ.
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A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
AGREGES EN EXERCICE:
section de^mêdecine (Pathologieinterne etMédecinelégale.)
MM.CASSAET.
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SABRAZÈS.
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section de chirurgie et accouchements
Pathologieexterne.
(MM.BINAUD.
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Accouchements. MM. CHAMBRELENT.
FIEUX.
Anatomie .
sectiondes sciencesanatoimiques et physiologiques
[MM.PRINCETEAU. 1 Physiologie . . . MM.PACHON,
GANNIEU. Histoire'naturelle. BEILLE.
Physique.
section des sciences physiques
MM. SIGALAS. — Pharmacie . . M. BARTHE.
COURS COMPLÉMENTAIRES:
Cliniquedes maladies cutanées et syphilitiques MM.DUBREUILH.
Clinique des maladies desvoies urinaires POUSSON.
Maladies dularynx, desoreilles etdunez MOURE.
Maladies mentales RÉGIS._
Pathologie externe
DENUGÉ.
Pathologie interne RONDOT.
Accouchements CHAMBRELENT.
Chimie . DUPOUY.
Physiologie PAGHON.
Embryologie GANNIEU.
Pathologie oculaire LAGRANGE.
CONFÉRENCEd'hydrologieetminéralogie GARLES.
LeSecrétairedelaFaculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêtéque les opinions émises dans les
Thèses qui lui sontprésentéesdoivent être considérées commepropresà leursauteurs, et
qu'ellen'entend leurdonner niapprobation niimprobation.
A MONSIEUR
LE DOCTEUR PITON
MÉDECIN DE PREMIERE CLASSE DE LA MARINE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE
DOCTEUR LE DANTEC
MÉDECIN DE PREMIERE CLASSE DE LA MARINE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE RORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MON PRÉSIDENT DE THÈSE
MONSIEUR LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPERATOIRE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
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'9m
INTRODUCTION
On peut ramener à cinq les méthodes actuellement em¬
ployées dans le traitement des tumeurs blanches : 1° traite¬
ment par
l'immobilisation;
2° traitement par l'ignipuncture,méthode de Richet; 3° traitement par les résections partielles
ou totales; 4°traitement par l'arthrotomie suivie de curettage;
5° traitement par le chlorure de zinc, méthode sclérogène de
Lannelongue.
Chacune de ces méthodes a ses indications spéciales,etnous
ne voulons prôneraucune d'elles au détriment des autres.
Lorsque l'immobilisation sera suffisante pour permettre le rétablissement rapide des fonctions articulaires, c'est assuré¬
ment à elle que le chirurgien devra recourir. Nous ne devons pas oublier, en effet, que Lucas-Championnière a démontré
que les mouvements méthodiques doivent être mis en œuvre
le plus tôt possible si l'examen clinique permet d'espérer le
retour à l'état normal ou presque normal.
Malheureusement,
lorsqu'un chirurgiensetrouveenprésence d'unearthrite tuber¬culeuse ou soupçonnée de tuberculose, il ne lui est le plus
souvent permis que d'espérer en une ankylose.
L'immobilisation prolongée et la méthode sclérogène devront
être employées, suivant les indications propres à chacune d'elles, lorsque l'articulation ne sera pas encore arrivée à la période de suppuration.
L'emploides autres méthodes sera réservé aux articulations suppurantes.
L'arthrotomie suivie de curettage
n'a
pastoujours donné de
bons résultats, et il nous
semble,
entout
cas, quePignipunc-
ture doit être préférée à cause
de
soninnocuité parfaite et de
la facilité de son application. Quant
à la résection, partielle et
surtout totale, c'est la dernière ressource
de la chirurgie contre
la tuberculose articulaire avant d'arriver
à ramputation.il est,
croyons-nous,
du devoir du chirurgien de n'y avoir recours que
lorsque les autres
méthodes auront échoué.
Notre thèse a pour objet
de préconiser Pignipuncture, de
préférence
à l'arthrotomie et à la résection, comme méthode
de choix dansle traitement des arthrites
tuberculeuses
suppu¬rantesoufongueuses, en
réservant l'emploi des méthodes san¬
glantes pourle cas
d'échec.
Nous avons réuni ici quelques
observations de
casoù la
méthode de Richet a été employée avec
succès. Ces observa¬
tions sont anciennes, elles remontent
à plusieurs années; la
plupart des
malades ont
puêtre suivis
:les guérisons obtenues
se sontmaintenues. Nous espérons que
les faits plaideront
enfaveurde cette méthode, actuellement trop
délaissée.
Mais, avant
d'aborder
notresujet, qu'il nous soit permis
d'offrir à M. le D1' Piton, médecin de
première classe de la
marine, qui nous a
inspiré notre sujet et nous a aidé de ses
conseils, letémoignage de notre
sincère reconnaissance.
Nous nesaurionsoublier derendrehommage
à notre ancien
maître, M. le Directeur
du service de santé de la marine
Auffret, à la pratique
duquel appartiennent plusieurs beaux
succès de Pignipuncture que nous avons
relatés.
Nous offrons aussi nos affectueux remerciements
à M. le
DrPrigent, médecin de
la marine, qui
asi aimablement mis à
notredisposition de
précieux renseignements.
Enfin, que M. le
professeur Masse veuille bien accepter
l'expression de notre
respectueuse reconnaissance pour
l'honneur qu'il nous fait en
acceptant la présidence de notre
thèse.
— 9 —
Nous avons adopté pour notre travail la division'suivante
I. Historique du traitement igné des tumeurs blanches.
II. Définition et manuel opératoire de l'ignipuncture.
III. Anatomie pathologique de la tumeur blanche.
IV. Mode d'action de l'ignipuncture.
V. Indications et contre-indications de l'ignipuncture.
VI. Observations.
VII. Conclusions.
DE
L'IGNIPUNCTURE
$
DANS LE
TRAITEMENT DES ARTHRITES FONGUEUSES
-CHAPITRE
PREMIER
Historique du
Traitementigné des Tumeurs
blanches.Parmi les nombreux moyens locaux de traitement des lésions articulaires aujourd'hui nommées tumeurs blanches,
les chirurgiens detous les temps ont surtout choisi la cautéri¬
sation. Pour expliquer cette préférence, il suffit de rappeler
cet aphorisme ancien : « Qaœ medicamenta non sanant, ea
ferrum sanat, quœ ferrum non sanat, ea ignis sanat; quœ
vero ignisnon sanat, ea insanabilia reputare oportet. »
Hippocrate, dans ses ouvrages, cite l'emploi du fer rouge pour dessécher les ligaments ramollis dans les affections articulaires. Après lui, Arétée, Gelse, Aëtius, Paul d'Egine,
suivirent son exemple.
L'emploi dufeu comme moyen thérapeutiquejoua aussi un
grand rôle chez les Arabes. Mais ils abusèrent de ce moyen :
« Ils cautérisaient dans l'empyème, ils enfonçaient un fer rougedans les abcès du foie, dans le bas-ventre des hydro¬
piques, ils ouvraientla vessieurinaireavec un scalpel rougiau
— 12 -
feu, pour faire l'extraction de
la pierre, etc.
»(Mémoire sur
Vepiploi du cautère actuel, par un anonyme;prix de l'Aca¬
démie de Chirurgie, édit. de 1819, t.
III,
p.330.)
Leur exemple devint funeste, et
les abus amenèrent des
insuccès. Une réaction se produisit. La
réhabilitation de la
ligature des artères par
Ambroise Paré, l'apparition d'agents
doués de puissance caustique et dont
le nombre augmentait
chaque jour, occasionnèrent un
revirement complet. Au
xvie siècle, la cautérisation par le
feu .semble complètement
tombée en désuétude, si l'on enjuge par
la parole de Fabrice
d'Aquapendente : «Aussi je ne
saurais estimer
ceuxde notre
temps qui sont si timides et
si délicats qu'ils n'osent pas
donner lieu aux opérations
supportables et nécessaires,
comme estde cautériserles jointures. »
A la fin du xvie siècle et au commencement du xvne, au moment même où florissent Fabrice d'Aquapendente en
Italie
etFabrice de Helden en Allemagne, parurent
trois
ouvragesdestinés à rehausserl'importancede la
cautérisation. Ce sont
:1° un livre de Johan Costœus, professeur à
Turin et Bologne,
intitulé: De igneis medicinœ
prœsidiis (1595); 2°
unautre
livre : De cauteriis, publié en
1598, à Louvain,
parThomas
Fienus, professeur à
l'Académie de cette ville; 3° enfin une
œuvre de Marc-Aurèle Séverin, chirurgien de
Naples
:Pyro¬
technie chirurgicale (1646).
Malgré ces
quelques efforts isolés, la cautérisation actuelle
n'en fut pas moins
oubliée
etreléguée dans le domaine de
la médecine vétérinaire, qui devait en
rester le fidèle
dépositaire.
Ce n'est pas tout. Après l'oubli
dans la pratique et dans les
livres, arrive le dédain
dans l'enseignement
: «Les cautères
actuels, dit unde leurs historiens,
relégués dans les cabinets
des opérateurs, ne
furent plus montrés
que commeles monu¬
mentsde la cruauté des anciens. » Dionis, en
1707, après avoir
présenté à sesélèves du Jardin Royal les six cautères « qui
suffisent pour donner une
idée de la pratique ancienne, »
s'écrie : « Je ne vois plus aucun chirurgien
qui les mette
en— 13 -
usage, et si je les ai fait graver ici, c'est plutôt pour vous en donner l'horreur que pour vous conseillerde vous en servir. »
Cet état de choses dura jusqu'en 1755, époque à laquelle
l'Académie mit au concours la question suivante : cc Le feu
ou cautère actuel n'a-t-il pas été trop employé par les anciens
et trop négligé par les modernes? En quels cas ce moyen doit-il être préféré aux autres pour la cure des maladies
chirurgicales? » Le mémoire de La Bissière obtint le prix.
Dans ce savant ouvrage, l'auteur reproche aux chirurgiens
modernes d'avoir abandonné aux maréchaux le seul moyen de guérir les maladies articulaires, et il recommande la cautérisation par le feu dans les fausses ankyloses. Malheu¬
reusement ce travail n'élucidait pas la partie purement pratique. Quelques années plus tard, en 1790, l'Académie
crut devoir revenir surla question. Ce n'était plus la méthode elle-même qui devait être examinée: le débat était jugé;
il ne s'agissait plus que de déterminer les meilleurs procédés
à mettre en usage. Yoici comment la question fut posée :
« Déterminer la matière et la forme des instruments propres à la cautérisation connus sous le nom de cautères actuels;
indiquer suivant quelles règles et avec quelles précautions
on doit s'en servir, eu égard aux différentes parties et à la distinction des cas où leur application sera jugée nécessaire
ou utile. » L'excellent mémoire de Percy, Pyrotechnie chirur¬
gicalepratique, Metz 1794, remporta le prix.
Dans cet ouvrage, Percy pose les règles et les indications élémentaires de la cautérisation actuelle. A propos des
tumeurs blanches, on peut y lire ce passage : « Il est, après
un certaintemps, extrêmement difficile de guérir les tumeurs blanches sans l'intervention du feu. J'en ai traité beaucoup
et par toutes sortes de voies, mais il n'y a de réellement efficace que la cautérisation : c'est presque toujours là qu'il
faut en venir, et les cures de ce genre seraient beaucoup
moins rares si le praticien et les malades savaient prendre plus tôt et plussouvent ce parti. »
Le mémoire de Percy fut imprimé quelque temps après
_ 14 —
avoir étéprésenté à
l'Académie
;mais il resta
sousles scellés
à la mort de l'imprimeur
dépositaire, faute d'avoir été
réclamé en temps utile. Ce fut
ainsi
que savéritable publi¬
cation n'eutlieu qu'en 1811 seulement.
Dès lors, l'attention fut
attirée
surla cautérisation. Cepen¬
dant la Faculté de Paris sembla négliger ou plutôt
oublier
cette question. C'est en
vain
queLarrey, Sédillot, Philippe
Boyer, essayèrent de remettre en
honneur
ce moyenthéra¬
peutique.
Par contre, nulle part la
cautérisation
nefut plus souvent
appliquée qu'au centred'un foyer chirurgical où avaient
brillé aussi des noms illustres, c'est-à-dire dans
la pratique
des chirurgiens de
l'École
de Lyon.Il étaitréservé à Bonnet de créer de toutes pièces la théra¬
peutique des
maladies articulaires. En 1845, il
enjette les
fondements dans le Traité des maladies des articulations (Lyon, 1845). Dans ce
premier
ouvrage,il préconise la cauté¬
risation superficielle pour les petites
articulations, et la
cautérisation portant son actionjusque dans le
tissu cellulaire
sous-cutané pour les articulations
profondes. Il
yprévoit
uneactionmodificatrice sur les tissus périarticulaires et il
étudie
le traitement des tumeurs blanches à leurs différentes phases,
tout en donnant des règles pour chaque
intervention
en particulier.En1853, Bonnet fit paraître son Traité
de la thérapeutique
des maladies articulaires (Paris, 1853), où
il écrivit la patho¬
logie articulaire, si obscure avant ses
études», et où il indiqua
les règles de l'intervention
opératoire. Bonnet
ydistingue
deux indicationsdifférentes, suivant que la tumeur
fongueuse
est simple ou suppurée. Dans le
premier
cas,il hésite
sur l'opportunité du cautère actuel;mais il réclame franchement
son emploi quand le pus s'est formé, et
jugeant même les
applications en raies ou boutonsde feu insuffisantes, il
affirme la nécessité d'une cautérisation profonde,
intra-arti¬
culaire pourtoutdire. En effet, si
l'on
ouvre sonTraité des
hnaladies articulaires, on y lit, à la page 293: «
Si l'on
se— 15 —
décide aux cautérisations par le cautère actuel, il vaut mieux
ce me semble, pénétrerimmédiatementjusquedans Vintérieur du foyerety éteindre des fers rouges, jusquâ ce que l'on
ait
desséché toute la surface interne... » Il appliqua d'ailleurs
cespréceptes dans sapratique.
Bonnet, après avoir précisé les règles de la cautérisation superficielle extra-articulaire, a donc le premier créé la cau¬
térisation intra-articulaire.
Toutefois,
il n'est partisan de cette dernière intervention que lorsqu'il s'agit de petites jointures : la crainte de complications septiques la lui fait rejeter lors¬qu'il s'agit des grandes articulations.
L'École de Lyon a suivi la voie ouverte par son chef.
En 1851, M.
Bouchacourt,
chirurgien-major de la Charité deLyon, pratiqua sur une vaste échelle la cautérisation intra- articulaire. Il l'appliqua principalement aux caries du pied et
aux ostéo-arthrites du tarse et du métatarse. M. Philippeaux,
dans son Traitéde la cautérisation, fait l'éloge de la pratique
de Bouchacourt et rapporte les détails opératoires essentiels de cette méthode à la suite d'une observationcomplète.
Les nombreux succès de la pratique de Bouchacourt sont relatés dans la thèse de M. Dutroit (Traitement de Vostéo- arthrite du pied par la cautérisation intra-articulaire. Paris,
1876),
ainsi que ceux obtenus par M. Desgranges, qui appliqua d'abord, dans le service de l'hôtel-Dieu de Lyon, la méthodede Bonnet et de Bouchacourt.
Le professeur Ollier revint ensuite sur les avantages de la cautérisation. Il l'utilisa non seulement dans ses résections,
pour modifier les surfaces osseuses mises à découvert, mais
encore il l'appliqua au traitement des arthrites fongueuses des diverses articulations. Grâce aux progrès incessants de l'anti¬
sepsie, il put appliquer cette méthode aux grandes articula¬
tions. Aussi, à propos des cautérisations des os et des articu¬
lations,
lisons-nous dans son Traité des résections et desopérations conservatrices que Von peut pratiquer sur le système osseux : «Depuis longtemps, les chirurgiens de Lyon
ont montré une grande hardiesse sous ce rapport, et nous
— 46 —
n'avons fait que les
imiter
enpénétrant avec le fer rouge
clans les articulations
malades, à travers les culs-de-sac fon¬
gueux ou
les fistules déjà existantes. Mais depuis les panse¬
ments antiseptiques, nous sommes
plus hardis qu'autrefois,
et nous faisons sans hésiter ce que nous
ne faisions jamais
sans une certaine crainte, alors
même
quenous avions déjà
obtenu de beauxrésultats par
cette méthode.
»Ainsi que nous
l'avons dit plus haut, pendant que les
chirurgiens
lyonnais employaient couramment la cautérisation
intra-articulaire, à Paris cette
méthode n'était pas accueillie
avecfaveur. Pourtant,
l'apparition de la méthode anesthésique
lit dire à M. Bouisson, en
1850 (Traité théorique et pratique
de la méthode anesthésique,
Paris)
: «Remarquons l'immense
progrès que
la méthode anesthésique a imprimé à la pyro¬
technie chirurgicale.
L'action du feu, si redoutée des malades,
et dontl'emploi,
abusif peut-être,
afait blâmer la pratique de
certains opérateurs, pourra
désormais reprendre dans la thé¬
rapeutique une
place qu'on lui contestait, sous le prétexte que
le remède était pire que
le mal. Aujourd'hui, ce reproche
majeur cesse
d'être fondé, et l'ustion des tissus, dont Hippo-
crate, les
Arabes
et,de
nosjours, Percy et Larrey ont dit tant
de merveilles, sera
appliquée
avecmoins d'hésitation et plus
deprofit. »
En 1870 enfin, le professeur
Richet institua
unprocédé de
traitement pour les
grandes articulations et le nomma igni-
puncture.
Si l'on
encroit la Gazette des Hôpitaux (numéro
du 19mars 1870), cette
méthode
neserait
pasaussi nouvelle,
car on l'aurait vu employer,
sauf quelques modifications très
légères, par
Richet lui-même, à l'hôpital de la Pitié, où il
avait alors un service, septou
huit
ansavant cette date.
Nous exposerons
dans le chapitre suivant ce qu'est cette
méthode et sur quel mode
opératoire elle s'appuie.
CHAPITRE II
Définition de
l'ignipuncture
etManuel opératoire.
Nous ne saurions mieux faire, pour avoir une définition de
l'ignipuncture, quede la demander au Professeur Richet ou à
son École.
La thèse inaugurale d'un de ses élèves, M. Trapenard (De l'Ignipuncture, Paris, 1873), va nous fournir cette défini, lion. C'est «un genre spécial de cautérisation, par lequel on détermine dans les tissus vivants une action révulsive, substi¬
tutive, mais surtout limitante, quelquefois éliminatrice. Elle
consiste à plonger à plusieurs reprisesendespoints différents,
dans les os, dans les articulations malades, dans les tissus qu'on a l'intention de modifier, un petit cautère. »
Depuis son apparition dans la thérapeutique chirurgicale, l'ignipuncture a été pratiquée au moyen d'instruments
divers.
Richet, l'innovateur de la méthode, se servait dans sa prati¬
que d'un cautère composé d'une aiguille de platine longue de cinq à six centimètres, large à sa base de quatre millimètres,
effilée à l'autre extrémité; cetteaiguille se fixait par un pas de
vis sur une boule d'acier de deux centimètres de diamètre. Le tout étaitadapté à une tige et à un manche. Lorsqu'il opérait,
le chirurgien chauffait l'instrument au rouge-cerise, puis il enfonçait l'aiguille dans les tissus périarticulaires jusqu'à quatre centimètres deprofondeur. Cespiqûresétaient toujours
ONO 2
— 18 —
faites dans les régions de l'articulation où les fongosités étaient
le plus abondantes. On retirait l'instrument comme on l'avait
fait pénétrer, c'est-à-dire rapidement, mais sans violence et
sans hésitation.
En 1874, M. Julliard, de Genève, critiqua le cautère de
Richet. Il reproche à l'aiguille rougie de se déformer facile¬
ment lorsqu'on l'extrait du réchaud, si elle vient à heurter quelque corpsrésistant; ilprétend aussiqu'il estdifficile dene pas cautériser lapeau plus ou moins profondément lorsqu'on emploie ce cautère, soit par rayonnement, soit par contact
médiat de la boule incandescente.
Pour remédier à ces inconvénients et perfectionner le pro¬
cédé, il construisit un cautère
électrique,
consistant essentiel¬lement en un fort fil de platine disposé en anse pointue,
mesurant cinq centimètres de long et quatre millimètres de large à sa base. Cet appareil est monté sur un manche. Un
courantélectrique puissant porte l'anse métallique à l'incan¬
descence; ce courant peut être modéré à volonté par lemoyen d'un bouton annexé au manche du cautère. D'après Julliard,
outre l'avantage d'une manipulation plus facile, ce nouvel ins¬
trumentposséderaitune puissance de calorifi cation beaucoup plus grande quecelle du cautère de Richet.
Actuellement, c'est du thermo-cautère de Paquelin que l'on
se sert pour les opérations d'ignipuncture. Il serait superflu
de donner ici la description d'un instrument qui se trouve aux mains de tous. Disons seulement que, pour l'ignipuncture, on substitue le plus souvent à la pointe ordinaire du cautère une extrémité de platine à pointe mousse d'environ deux millimè¬
tres de diamètre.
Au surplus, il ne semble pas que le choix de l'instrument
exerce une action bien grande sur l'efficacité de la méthode.
Chacun des instruments employés, depuis l'avènement de l'ignipuncture, a fourni son contingent de succès aux expéri¬
mentateurs qui s'en sont servis.
Sur 17 observations de Piichet, publiées dans la thèse de
M. Trapenard, nous trouvons: 1° pour le genou : une guéri-
— 19 —
son sans ankylose, 10 guérisons avec ankylose incomplète,
2 améliorations, 1 insuccès, 1 cas encore en traitement; —
2° pour le coude : 1 seul cas terminé par amélioration; —
3° pour le cou-de-pied : 1 seul cas sur lequel il n'y a pas de renseignements, le malade étant sorti de l'hôpital prématu¬
rément.
Juliard rapporte 13 observations de tumeurs blanches, trai¬
tées par son procédé. Les résultats ont été très satisfaisants, dit-il, chez 7 malades.
Le professeur Kolommin, de Pétersbourg, emploie tantôt le galvano-cautère et tantôt le thermo-cautère. Son travail (1883)
renferme la relation de 17 observations de tumeurs blanches heureusementtraitées.
Dans notre pratique personnelle, c'est presque toujours
l'instrument de Paquelin qui a été employé.
Manuel opératoire. — On a beaucoup discuté pour savoir
s'il était nécessaire de chloroformiser. Quelques-uns ont sou¬
tenu qu'il était inutile d'endormir le malade, la douleur pro¬
duite par la pénétration de la pointe incandescente étant très tolérable. Nous avons vu faire de l'ignipuncture profonde sans chloroformisation préalable, et les malades supportaient assez bien leur souffrance; parfois même, mais très exceptionnelle¬
ment, l'opération s'achevaitsans que la moindre altération des traits du visage vînt révéler ladouleur subie. Toutefois, nous
ne croyons pas devoir accepter l'opération sans chloroforme,
surtout chez les enfants et les individus affaiblis. Il nous
semble à tous égards préférable de l'employer, autant pour la sécurité de l'opération que dans le but d'éviter le choc
opératoire. Concluons donc à l'administration préalable du chloroforme, aumoins du chloroforme à la reine.
Avant d'entreprendre l'opération, il est une mesure impor¬
tante à prendre : c'est de placerle membre dans l'attitude la
plus favorable à l'accomplissement des mouvements qu'il est appelé à exécuter.
Donc, si c'est le coude, on le placera dans la demi-
— 20 —
flexion; s'il s'agit de la jambe, on
la mettra
enextension
complète, etc.
Les tumeurs blanches du genouétant les
plus fréquentes, il
convient d'examiner ici les moyens par
lesquels l'extension
peut être obtenue. Deux
méthodes s'offrent
auchirurgien pour
placerle membre dansl'attitude convenable
:l'extension lente,
et l'extension forcée sous le chloroforme. Nous rejetons sans hésiter ce second procédé, dont
l'emploi, à notre avis, serait
plein de dangers dans
les
casqui
nousoccupent ici. L'exten¬
sion forcée, en effet, pourrait avoir trop
souvent
pourrésultat
d'exciter l'inflammation latente et dedonner un coup de
foue^
à lalésion. La méthode de choix est l'extension lente obtenue
au moyen de poids : on
doit
se mettre en mesurede l'obtenir
plusieurs jours avantle moment
fixé
pourl'opération.
Le malade une fois chloroformisé, on pratique l'igni- puncture.
Pour cela, on porte la pointe du
thermo-cautère
au rouge-blanc : c'esten effet la température qui permet
la pénétration
la plus facile dans les tissus, outre
qu'elle occasionne le déga¬
gement, dans la zone
située
au pourtourdu trajet de la pointe
incandescente, d'une plus grande quantité
de calorique.
On enfonce ensuite la pointe au niveau des
culs-de-sac de la
synoviale, ordinairement très distendus par
les fongosités. Il
faut pénétrerhardiment et atteindre
l'os, malade
commetous
les autres tissus de l'article; on laissera le cautère s'y étein¬
dre. La pointe, une fois retirée, sera
ensuite portée
en un point voisin et enfoncée de nouveau; on aurasoin de laisser
entre ces pointes de feu
profondes
unintervalle suffisant, à
peu près un centimètre,
afin d'empêcher les eschares produi¬
tes aux orifices de pénétration d'empiéter les unes sur les
autres et de former de vastes ulcérations. Le nombre des pointes d'ignipunclure
varie
avecl'étendue
etl'intensité de la
lésion : en général, on en fait de dix
à quinze,
au niveaudes
parties latérales desculs-de-sac.
M. le directeur Auffret a coutume, après avoir fait l'igni- puncture
intra-articulaire, de terminer l'intervention
par ungrand nombre de pointes de feu légères sur toute l'étendue de
l'articulation. Il se propose ainsi d'opérer une révulsion cuta¬
née et d'agir sur les fongosités superficielles.
L'opération terminée, on saupoudre toute la région d'iodo-
forme et de poudre de talc, on applique un bandage compres¬
sé et le membre est placé dans la position la plus favorable.
On continue l'extension au moyen de poids, s'il s'agit de l'arti¬
culation du genou. Il est bon de laisser le pansement en place pendant trois ou quatrejours avec ou sans gouttière. Après la
levée de cepremier pansement,onappliquera, si l'articulation
suppure, un pansement antiseptique qui sera renouvelé jus¬
qu'à cicatrisation complète.
Une fois la cicatrisation obtenue, le membreest immobilisé
dans un bandage inamovible, plâtré ou silicaté. Enfin, quand
la guérison est présumée, on coupe ce bandage et on soumet
l'articulation à des massagesfaits avecprudence, à l'électricité,
aux bainssulfureux, dans le but de ramenerle plus de mouve¬
ments qu'il est possible, et d'améliorer la nutrition des tissus.
CHAPITRE III
Anatomie
pathologique
de la Tumeur blanche.Panas, en définissant la tumeur blanche « une arthrite
fongueuse chronique», luia donnéunedénominationrépondant
à un type clinique bien marqué et qui mérite à ce titre d'être conservée. Il nous semble, en effet, inadmissible de résumer
sous le seul nom de tumeur blanche toute la tuberculose
articulaire; aussi envisagerons-nous les diverses variétés d'arthrites tuberculeuses comme des affections pouvant très
souvent aboutir à la tumeur blanche, et nous étudierons sim¬
plement ici les lésions de l'arthrite fongueuse chronique,
dont la caractéristique est la présence de fongosités dans l'article.
Les lésions peuvent débuter soit par la synoviale, soit par le
tissu osseux. Autrefois, les Allemands croyaient que les lésions primitives avaient toujours leur siège dans la synoviale :
Bilroth, Yolkmann (malgré quelques réserves), Iiueter, regar¬
daient lesaltérationsosseuses commeaccessoiresetsecondaires.
Depuis Bonnet, on établit une distinction dans le début des
arthropathies tuberculeuses : les unes ont la synoviale comme
point de départ, les autres reconnaissent une origine osseuse.
Les derniers auteurs allemands et Yolkmann lui-même ont
adopté cette manière de voir. Lannelongue professe que le
début par la synoviale est rare et presque exceptionnel; sans
doute, le début osseux est le plus fréquent, surtout chez l'en-
- 23 —
fant, mais Chandelux fait remarquer que souvent la tumeur
blanche débute par la synoviale chez l'adulte.
Nous devons donc étudier les lésions propres à chacune de
ces deux formes.
A. Lésions des Parties molles.
Quand on ouvre unearticulation atteinte detumeurblanche,
on y rencontre un grand nombre de végétations mollasses, d'aspect variable, baignant au milieu de pus et de détritus
caséeux. Panas décrit ainsi cesvégétations : « Les unes, peu
vasculaires, sont blanchâtres, demi-transparentes et ressem¬
blent à de la chair d'anguille, tandis que d'autres, très vascu¬
laires, sont rouges, carminées, couleur lie de vin, peuvent
même offrir çà et là des dépôts noirâtres, véritables foyers apoplectiques, résultant de la rupture de petits rameaux.
Entre ces deux extrêmes, existent naturellement tous les intermédiaires. » Pour Panas, ces fongosités seraient formées
par l'extension des franges synoviales normales, suivied'une végétation diffuse de toute la surface synoviale intéressée.
Si l'on fait une coupe franche de la synoviale et des tissus cireonvoisins, on distingue trois couches :
1° Tissu lardacé; 2° couche vasculaire sous-synoviale ; 3° synoviale fongueuse.
1° Tissu lardacé. — Ce tissu est tout simplement du tissu
cellulaireépaissi, infiltré, atteint d'œdèmechronique,contenant
des leucocytes et du tissu conjonctif proliféré. Il sert de base
aux fongosités qui s'appuientsurlui. Les follicules tuberculeux peuvent s'y déposer et favoriser ainsi l'extension du processus tuberculeux aux tissus voisins.
2° Zone vasculaire sous-synoviale, -r— Cette zone est limitée du tissu lardacé par une ligne festonnée. Elle se présente sous
l'aspect d'une bande plus ou moins épaisse et plus ou moins rougeàtre, selon que les fongosités s'y trouvent en plus ou moinsgrand nombre et sont plusou moinsvasculaires. Quand les lésions progressent et s'aggravent, cette couche empiète
— 24 —
sur la couche lardacée; au contraire, s'il y a tendance à l'amé¬
lioration, son épaisseur diminue.
3° La couche fongueuse fait saillie dans la synoviale. —
Elle offre un aspect des plus variables, suivant la forme des fongosités. Celles-ci sont tantôt villiformes, tantôt muriformes
ou réticulaires. Quand elles sont très développées, elles
deviennent arborescentes et s'appuient sur une large base d'implantation. Dans tous les cas, la surface libre de cette troisième couche ressemble à du frai de poisson; on y remarque une grande quantité de grains jaunâtres; chacun d'eux répond aux grains tuberculeux en voie de destruction et d'élimination à la surface de la membrane fongueuse.
Tantôt les fongosités ontl'aspect vasculaire proprement dit,
tantôt elles sont hémorragiques; elles peuvent aussi être purulentes, infiltrées d'un pus que le lavage n'entraîne pas.
Elles sont situées ou dans l'intérieur de l'articulation, ou dans l'épaisseur de la synoviale, ou môme dans les tissus
périarticulaires. Quand elles envahissent la cavité articulaire,
elles entourent d'abord le cartilage, plus tard le recouvrent et finissent par le détruire. Il arrive aussi parfois qu'ellesgagnent
le tissu lardacé; elles creusent alors, dans le tissu cellulo- adipeux environnant, des loges qu'elles remplissent. Elles se fraient ensuite un
passage à travers les aponévroses et les ligaments, pour arriver jusqu'à la peau, qu'elles perforent, en
produisant un trajet listuleux.
En 1869 et 1870, Koster et Corail montrèrent que la fon- gosité synoviale est de nature tuberculeuse et renferme le follicule tuberculeux ou granulation. Les différents types de
l'édification tuberculeuse sont : le nodule embryonnaire, le
follicule de Koster, le nodule de Friedlander. Chacun de ces
nodules donne à la fongosité une allure particulière; aussi Chandelux décrit-il trois formes de synovitesfongueuses :
1° Synovites fongueuses à nodules embryonnaires;
2° Synovites fongueuses à évolution fibro-caséeuse;
3° Synovites fongueuses à éruption discrète et à lente
extension.
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Il est évident qu'entre ces formes bien distinctes il en existe
d'intermédiaires, où l'on trouve réunies deux des variétés de
follicules, parfois même les trois. Quoi qu'il en soit, la pré¬
sence d'un seul follicule, pourvu qu'il soit infectieux, suffit
pour rendre le diagnostic indubitable.
Pour achever cette étude des lésions des parties molles, il
nous reste à dire quelques mots des altérations des ligaments,
du tissu cellulaire, des gaines tendineuses qui le traversent,
de la peau.
Nous avons vu plus haut que l'envahissement du tissu lardacé de la synoviale pouvait donner naissance à des abcès circonvoisins ou favoriser l'extension du processus tuber¬
culeux. Alorsgénéralement la capsule, lesligaments enflammés
et ramolis, infiltrés de granulations, érodés, détruits sur certains points, se laissent traverser par les fongosités.
Lannelongue a signalé, à propos de la hanche, le reculement
de l'insertion du ligament de Berlin sous l'influence de ces altérations.
Les aponévroses résistent longtemps, mais finissent par céder aux points faibles, surtout au niveau des ouvertures laissantpasser les vaisseaux. Cet obstacle franchi, la néoplasie
gagne les muscles^, où se faitun travail de substitution et de
destruction; dans le tissu embryonnaire qui en est la consé¬
quenceapparaissent les follicules et les nodules tuberculeux.
Les fibres du tissu musculaire subissent la dégénérescence graisseuse et les interstices offrent à la coupe un aspect gélatineux. C'est là un terrain favorable aux fongosités, qui progressent et ne tardent pas à envahir le tissu cellulaire sous-cutané, milieu également favorable àleur développement.
Finalement, la peau est atteinte et livre, par force, un passage à un champignon blanchâtre, vasculaire, hémorragique, qui vient faire saillie à travers un orifice bleuâtre, livide, à bords
décollés.
Les artèressontgénéralement respectées; cependant Lanne¬
longue a signalé un épaississement, de la sclérose, de la dimi¬
nution du calibre de la fémorale.