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Adieux au bisse de Savièse

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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nombreux actes d'échanges de terrains par vente ou héritage entre la commune ou des particuliers de Savièse et ceux de Gsteig, en 1400, 1461, 1502, 1517, 1645, etc.

Aujourd'hui les Saviésans possèdent des mayens et des alpages sur Gsteig à Lengenmatten, Walliser Windspillen, Weissefluh, Communesse, Burg, et aussi du côté du Pillon : Les Ertets, Hexenboden, Griden.

Autrefois le passage du Sanetsch était très utilisé comme voie com- merciale. Nombre de paysans du Valais faisaient à pied, lourdement chargés, les 20-24 heures de marche (aller-retour) pour un bénéfice minime. Souvent ils utilisaient des mulets.

Ce col a aussi servi à plusieurs reprises comme voie militaire, en particulier enl475, par des troupes de Soleurois et de Bernois venant au secours des Haut-Valaisans contre les Savoyards qui furent battus.

Aménagements hydroélectriques. Les eaux de la Morge sont captées à la Zandra et conduites par un tunnel à Derborence où elles se joignent à celles de la Lizerne pour alimenter la centrale d'Ardon.

Les Forces Motrices Bernoises construisent un barrage vers la base du vallon supérieur de la Sarine, sur le territoire de la commune de Savièse. Le bassin d'accumulation envahira une partie de l'alpage de Genièvre, mais il n'enlaidira pas le paysage, au contraire il l'embellira.

ADIEUX AU BISSE DE SAVIESE

par Louis Seylaz

Samedi 25 avril 1934 avait eu lieu la dernière bénédiction du bisse de Savièse suivie de sa mise en charge. M. Louis Seylaz avait consacré à cette pittoresque cérémonie un très bel article dans la Gazette de Lau- sanne. 27 ans se sont écoulés depuis, la plupart des Murithiens qui avaient participé à notre excursion à travers ce bisse nous ont quitté.

Je pense que ceux d'aujourd'hui seront heureux d'en prendre connais- sance.

Ce dimanche d'avril, M. le curé de St-Germain en Savièse a annoncé à la population, à la fin de son prône, que les travaux de réfection du blase commenceraient le lundi suivant. Cet aqueduc célèbre par son audace et sen antiquité — il date de 1430 — amène sur le plateau saviésan les eaux des glaciers du Brotzet et de Zanfleuron, en leur fai-

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sant franchir les formidables escarpements qui dominent la vallée de la Morge. Les frais d'entretien s'élèvent, bon an mal an, à ÎO'OOO francs.

Pendant l'hiver, en effet, les avalanches, les chutes de pierres ou de glaçons causent des dommages à la conduite; le soleil, dardant ses rayons obliques contre les parois, gauchit poutres et planches. Le prin- temps venu, il faut tout remettre en état. Ces travaux s'exécutent sous la direction du métrai du bisse, assisté d'un état-major de deux « procu- reurs » et deux « arziens ». Tout comme celle des autorités municipales, l'élection du niétral donne lieu à d'ardentes rivalités, mais celui-ci une fois choisi, sa suprématie est reconnue par tous, et ses ordres obéis avec une discipline absolue. C'est que le bisse est pour Savièse ce que le Nil est pour l'Egypte: c'est la fertilité, c'est la vie, c'est le pain et le vin.

Aussi, alors qu'il est difficile, à Savièse de trouver des ouvriers à 10 ou 12 fr., le métrai en a tant qu'il veut à 4 fr. la journée. Chaque famille tient à devoir d'en envoyer un ou deux, hommes ou femmes. Ils sont parfois jusqu'à deux cents rassemblés devant la chapelle Ste-Mar- guerite, patronne du bisse. Le métrai distribue à chacun sa tâche. De la prise d'eau, là-haut, au pied du Sanetsch, jusqu'au débouché sur le plateau, sur plus de sept kilomètres, il faut réparer, reconstruire, véri- fier chaque portant, chaque poutre, chaque planche, radouber tous les joints avec des ramilles de sapin ou de mousse. Lorsque tout est terminé vient alors la « levée du bisse », c'est-à-dire la mise en charge. Evénement important en même temps que cérémonie religieuse, journée de dur travail, de dangers constants, mais jour de fête aussi lorsque tout marche à souhait et que l'eau arrive. Jour d'anxiété enfin, pour les chefs, car nul ne sait comment le canal va se comporter.

Curieux de la vie montagnarde, nous avons voulu assister à cette opération extraordinaire. L'intérêt de cette journée était d'autant plus grand qu'elle a eu lieu, le samedi 28 avril, pour la dernière fois. On a percé, sous le Prabé, un tunnel de plusieurs kilomètres, qui conduira l'eau de la Morge directement sur le versant de Savièse. A l'automne, le vieux bisse, cinq fois centenaire, sera abandonné pour toujours. Pendant des années encore, le chenal désaffecté restera accroché aux parois du Prabé, jusqu'à ce que le temps inexorable ait fait disparaître à tout jamais ce témoin de la prodigieuse audace, de l'invincible ténacité d'une commune alpestre.

Dès l'aube, accompagné du curé, nous montons à la chapelle Ste- Marguerite. La plupart des ouvriers sont déjà là, hommes et femmes.

Arrive le métrai, puis un mulet chargé de provisions, tonnelets de fen- dant, fromage pour la raclette, etc. Avant de commencer la journée,

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tout le m o n d e se rassemble p o u r la messe, accompagnée d'une p r i è r e spéciale i n v o q u a n t la p r o t e c t i o n divine sur les h o m m e s , p o u r les garder de tout accident. Après q u o i , c h a c u n v a q u e à la tâche fixée p a r le m é t r a i . Nous allons le long du bisse, dans u n e a d m i r a t i o n croissante p o u r les h o m m e s q u i , avec les moyens primitifs d'il y a cinq cents ans, ont osé concevoir cette e n t r e p r i s e et l'ont réalisée. L'étroit c h e n a l court au travers des immenses parois grises, t a n t ô t taillé dans la r o c h e m ê m e , t a n t ô t suspendu à des p o u t r e s fichées dans la p i e r r e ; il e n j a m b e des couloirs sur des ponts h a r d i s , c o n t o u r n e u n é p e r o n , s'accroche sous l'auvent d ' u n e saillie s u r p l o m b a n t e . U n e m i n c e p l a n c h e suit le c h é n e a u : c'est l ' u n i q u e c h e m i n . Les ouvriers y circulent, t r a n s p o r t a n t des pièces de b o i s ; des j e u n e s filles vont avec des brassées de r a m e a u x de sapin p o u r b o u c h e r les dernières fissures, ou bien chargées de sacs de t e r r e b r u n e , u n e sorte d ' h u m u s léger qu'elles sont allées c h e r c h e r dans la forêt, a u t o u r des vieux troncs. On verse cette poussière dans le bisse p o u r former le « b é r a » = le bélier. Les Saviésans ont vu dans le front a r q u é de la colonne l i q u i d e , dont le c o u r a n t va plus vite au centre que sur les bords, u n e certaine ressemblance avec le bélier, aux cornes arquées, qui s'élance avec force contre son adversaire.

A m i d i , tout le m o n d e se r e t r o u v e à la prise d'eau. U n g r a n d feu est a l l u m é sur la digue, et b i e n t ô t la raclette est servie à la r o n d e , a l t e r n a n t avec les barillets où c h a c u n boit à m ê m e . Les b r o u i l l a r d s qui nous ont e m p r i s o n n é ce m a t i n se sont dissipés; il fait soleil. Mais l ' h e u r e est là.

Des ouvriers sont allés dériver la Morge dans le lit du Nettage. Serrés sur u n e étroite p l a t e f o r m e s u r p l o m b a n t la gorge, les h o m m e s s'age- nouillent p e n d a n t q u e le curé p r o n o n c e la b é n é d i c t i o n du bisse. P u i s c h a c u n étant à son poste, sur u n signe du m é t r a i , on ferme l'écluse de vidange. C'est le m o m e n t p o u r les q u a t r e « vouasseurs » ( p a t a u g e u r s ) , d ' e n t r e r en action. P e n d a n t q u e l'un d'eux s'accroupit dans le chenal et l'obstrue de son corps p o u r a r r ê t e r le front de la colonne l i q u i d e , les trois autres sautent dans le flot glacé et p a t a u g e n t dans l ' h u m u s b r u n p o u r en activer le m é l a n g e avec l'eau. Il en résulte u n e sorte de vase très fluide, u n ruisseau l i m o n e u x . Ce l i m o n doit c o l m a t e r t o u t e la c o n d u i t e ; en s'agglutinant aux aiguilles de sapin qui garnissent les fissures, il finit p a r les o b t u r e r p a r f a i t e m e n t en quelques secondes. Mais le bisse ne doit pas d é b o r d e r . Sitôt q u e l'eau est étale, le m é t r a i crie un o r d r e , et le b o u c h o n vivant saute h o r s du c a n a l ; u n a u t r e « vouas- seur » l'a déjà p r é c é d é sur la passerelle et l u t t e de vitesse avec la t ê t e du flot q u i se p r é c i p i t e . De c i n q u a n t e en c i n q u a n t e mètres, l ' o p é r a t i o n se r é p è t e . Parfois la l a r g e u r du bisse est telle qu'ils doivent s'y m e t t r e

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tous quatre, arc-boutés épaule contre épaule. L'eau arrive, poussant devant elle une masse brunâtre et fangeuse: le « bera ». Elle leur monte à la taille, puis jusqu'à la poitrine, ruisselle entre leurs genoux serrés.

Ils s'accrochent au rocher, aux poutres, pour résister à la poussée, jus- qu'au cri du métrai: « Lé bon ! Via ! » Et les voilà partis pour recom- mencer cent pas plus loin.

Après un repas des plus copieux, car ils ont pris la raclette jusqu'à ne plus pouvoir souffler, ces quatre hommes vont pendant près de trois heures se tremper jusqu'à la poitrine dans cette eau de neige. Quelle constitution, quel sang ont-ils donc pour supporter une telle épreuve ! Leurs pères l'ont fait depuis cinq cents ans; le bisse l'exige. On ne discute pas; on ne se plaint pas. Au contraire, les plaisanteries, les bons mots fusent, et les moins gais ne sont pas les « vouasseurs » emboués et ruisselants. L'un d'eux, tout en trottant, appuie ses lèvres au barillet, l'autre attrape une lampée d'eau-de-vie avant de se replonger dans le courant qu'il doit arrêter. C'est pour le bisse.

Ce qui est remarquable, c'est de voir la manière dont celui-ci se comporte, et l'on se rend compte de l'excellence de la méthode em- ployée. Au premier instant, l'eau gicle par toutes les fentes et par tous les joints, comme d'une immense écumoire, et tombe avec un bruit de mitrailleuse le long des rochers. Mais trente secondes ne sont pas écou- lées que tout s'apaise graduellement; au bout de quelques minutes, cette section est parfaitement étanche. Le métrai dirige la manœuvre; ses aides vont,- viennent, surveillent, glissent une branchette dans quelque fuite obstinée. Au milieu du parcours, on a établi un barrage provisoire, pour permettre aux pataugeurs de reprendre haleine. Les jeunes filles ont apporté, du chalet de Brac, de grands récipients de café bouillant, pour réchauffer les uns, désaltérer les autres. Dix minutes de répit, puis l'écluse est levée, et la course reprend, ponctuée des arrêts nécessaires.

Via ! Via ! L'eau n'attend pas et fonce en avant, pressée, chassant le

« béra ». A côté d'elle, alourdis par leurs habits trempés et fangeux, les

« vouasseurs » galopent lourdement; à leur suite le métrai, le curé, les aides, les jeunes filles, tout le monde court sur l'étroite passerelle glis- sante, sur les poutrelles branlantes, insouciant de l'abîme bleu béant sous leur pas, pour suivre, arrêter, surveiller, capter et dompter le précieux ruisseau. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus, la sûreté de pied ou l'indifférence au danger.

L'eau afflue toujours abondante. Le bisse tient bon. Via ! Via ! A mesure qu'on approche de la sortie de la gorge, ce cri se répercute toujours plus joyeux, le long des parois. Saviésans et Saviésannes s'amu-

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sent c o m m e des enfants sur l'étroite b a n q u e t t e d o m i n a n t le précipice.

Enfin, un b r u s q u e c o n t o u r et voici sous les mélèzes la c h a p e l l e Ste- M a r g u e r i t e . Un grand feu b r û l e tout a u p r è s , où les « vouasseurs » pour- ront réchauffer leur corps transi. P o u r le m o m e n t , ces h u m b l e s héros b o u e u x n e semblent pas pressés de q u i t t e r l e u r b a i n à 4 degrés, et j o u e n t à éclabousser leurs voisins, aux grands éclats de r i r e de la galerie.

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La levée du bisse est chose faite. Le ruisseau calmé roule m a i n t e n a n t ses eaux dociles vers les prés où c o m m e n c e son rôle fertilisateur. Après l'eau, le vin vient r é c o m p e n s e r les h o m m e s de leurs efforts. Les tonne- lets sont en perce, les cbannes circulent. Tous les visages r a y o n n e n t . Monsieur le curé est h e u r e u x de n'avoir pas d'accident à d é p l o r e r . Le m é t r a i est fier du succès de l ' o p é r a t i o n . T a n d i s q u e la fête continue cous les mélèzes, les citadins q u e nous sommes r e p r e n n e n t le c h e m i n de la plaine g a r d a n t le souvenir du m a g n i f i q u e e x e m p l e de travail, de solidarité, de d é v o u e m e n t à la chose p u b l i q u e que ces simples monta- gnards viennent de leur d o n n e r .

OBSERVATIONS DE SCIENCES NATURELLES

par Ignace Mariétan

Les 9 et 29 m a i 1961 on a lâché 8 b o u q u e t i n s au Val de Moiry, 5 mâles et 3 femelles, p r o v e n a n t du district franc fédéral du P l e u r e u r . Le 21 j u i l l e t 1961, j e vois 6 b o u q u e t i n s t r a v e r s a n t u n gros névé vers 2700 m. sous les derniers rochers de la G a r d e de B o r d o n (Anniviers).

I l n'y avait pas de confusion possible avec des chamois, j ' a i distingué n e t t e m e n t les grandes cornes se p r o f i l a n t sur la surface b l a n c h e du névé. Deux étaient plus petits j e ne l e u r voyait pas les cornes, proba- b l e m e n t des femelles. Ils é t a i e n t en colonne de m a r c h e , celui de tête, le guide, à u n e c i n q u a n t a i n e de mètres en avant des autres q u i suivaient espacés de 3 m. environ. J e les ai p e r d u de vue dans les rochers. Malgré des observations attentives et n o m b r e u s e s poursuivies j u s q u ' a u 15 sep- t e m b r e , j e ne les ai pas revus. Je m e suis d e m a n d é s'ils seraient allés j u s q u e dans les rochers au-dessus du P e t i t M u n t e t , l'arête s u p é r i e u r e porte le n o m des B o u q u e t i n s , donc il y en avait là autrefois. Ou bien

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