C H . S TURM
Géométrie élémentaire. Théorèmes sur les polygones réguliers
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 250-256
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250
GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.
Théorèmes
surles polygones réguliers ;
Par M. CH. S T U R M.
POLYGONES
IL
a paru , à la page45
duprésent volume ,
unedémonstration
d’un théorème degéométrie
dont M.’le professeur
Lhuilier avait donné l’énoncé dans laBibliothèque
universelle. Cette démonstra- tion nousayant
paru moinssimple
que lesujet
ne semblait lecomporter ,
nous nous sommesoccupés
à en chercher une autre ;et le tour de raisonnement que nous y avons
employé
nous aheureusement
conduit àquelques
autres théorèmes assez curieux.M. Lhuilier
n’ayant point
encorepublié
sadémonstration ,
nouspensons que nos recherches sur ce
sujet
seront accueillies avecquelque
bienveillance.Nous allons d’abord chercher
quel
est le lieu despoints
duplan
d’unpolygone régulier quelconque, desquels
abaissant des per-pendiculaires
sur les directions de sescôtés,
la somme despuis-
sances semblables
quelconques
de cesperpendiculaires
est unegrandeur
constante donnée.
Soient m le nombre des côtés du
polygone régulier
dont ils’agit ,
0 son centre, et P l’un despoints desquels
abaissant desperpendiculaires
sur les directions de sescôtés ,
la somme des n.mepuissances
de cesperpendiculaires
soit unegrandeur
constantedonnée.
R E G U L I E R S.
Du
point
0 comme centre , et avec sa distance aupoint
P pourrayon, soit décrit une circonférence
(C).
Du mêmepoint
0 soientmenées des droites a tons les sommets ; ces droites diviseront la circonférence
(C)
en mparties égales. Or , excepté
le cas où lepoint
P se trouverait le milieu de l’une desdivisions
cepoint
sera
plus près
de l’un despoints
de division que de tous les autres.Soit
pris ,
de l’autre côté de cepoint
dedivision,
un secondpoint Q qui
en soit à la même distance que lepoint P ,
de sorteque le
point
de division dont ils’agit
soit le milieu de l’arcPQ.
Soient enfin
déterminés,
pour chacun des autrespoints
de division de la circonférence(C),
despoints
pl etQ’,
P" etQ",
P’’’ etQ’’’,
...qui
soient situés parrapport à
eux de la même manièreque le sont les
points
P etQ
parrapport
aupremier.
Il est ma-nifeste que la circonférence
(C)
sera aussi divisée en mparties égales p
soit par les
points, P’, P",...
soit par lespoints Q, Q’,
Q
Il n’est pas moins évident que lespoints
de ces deuxséries seront tous des
points
semblablement situés parrapport
artpolygone
dont ils’agit ;
d’où ilsuit
que lesperpendiculaires
abaisséesde Fun
quelconque
d’entre eux , autre que lepoint P,
sur lesdirections des côtés de ce
polygone
seront , une à une ,égales
auxperpendiculaires
abaissées de cepoint
P sur ces mêmes côtés. Ilarrivera seulement que les
perpendiculaires égales , dans
lesdeux
séries , correspondront
à des côtésdifférens,
Concluons de là que la somme des n.mes
puissances
des perpen- diculaires abaissées de l’unquelconque
des 2mpoints P , pl , P"m,...., Q, QI , Q",
...., autre que lepoint P ,
sur les directions des côtés dupolygone
estégale
à la somme des n.mespuissances
des per-pendiculaires
abaissées de cepoint
P sur ces mêmesdirections p
et
qu’ainsi
ces 2mpoints
doivent tousappartenir
à la courbe cher-chée, qui
doitconséquemment
couper en 2mpoints
au moins lacirconférence
(C) ,
si toutefois elle ne se confond pas avec elle.Or ,
uncercle , qui
est uneligne
da secondordre ,
ne sauraitêtre
coupé
en 2mpoints
au moins que par uneligne qui
soit252
POLYGONES
au mo ns du mme orare ; oonc toutes les lois que le lieu cherché
sera d’un ordre inférieur au
m.me,
il devra nécessairement seconfondre
avec la circonférence(C).
Mias ,
d’un autrecôté,
il est connu que lalongueur
de la per-pendiculaire
abaissée d’unpoint
sur une droite est une fonctionlinéaire des coordonnées de ce
point ;
d’où il résulte que le lieu despoints
P duplan
d’unpolygone régulier desquels
abaissantdes
perpendiculaires
surles
directions des côtés de cepolygone
la somme des
n.mes puissances
deslongueurs
de cesperpendicu-
laires est une
quantité donnée ,
ne saurait êtrequ’une ligne
dun.me ordre au
plus ; donc ,
toutes les foisqu’on
aura nm, celieu devra se confondre avec la circonférence
(C).
On a donc cethéorème assez
remarquable :
THÉORÈME.
I e lieugéométrique
despoints du plan d’un po- lygone régulier , desquels
abaissant desperpendiculaires
sur lesdirections de ses
côtés,
la somme despuissances
senmblables d’undegré
donnéquelconque
deslongueurs
de cesperpendiculaires
estune
grandeur
constantedonnée ,
est nécessairement unecirconference concentrique
aupolygone
dont ils’agit ;
toutes lesfois
du moinsque
l’exposant
de lapuissance
estinférieur
au nombre des côtés de cepolygone.
Or , il
est connu que toute fonctionsymétrique
entière et ration-nelle de
plusieurs quantités
estexprimable
en sommes depuissances
semblables de ces mêmes
quantités ,
dont ledegré
n’excèdejamais
le nombre des dimensions de la fonction dont il
s’agit ;
onpeut
donc à ce théorème substituer lesuivant, beaucoup plus général.
THÉORÈME. Le
lieugéométrique
despoints
duplan
d’unpolygone régulier , desquels
abaissant desperpendiculaires
sur lesdirections de ses
côtés ,
unefonction symétrique
rationnelle et en-tière de
forme quelconque
deslongueurs
de cesperpendiculaires
est une
quantité
constante, est unecirconférence concentrique
aupolygone
dont ils’agit ;
toutes lesfois
du moins que le nombredes dimensions de
la fonction
estinférieur
aunombre
des côtés dece
polygone.
Ainsi,
enparticulier,
le théorème sera vrai pour les sommes deproduits
deux àdeux ,
trois àtrois, ... m-I à
m-i de cesperpendiculaires.
D’après
l’idéequ’on
se forme communément de la loi de con-tinuité ,
on serait tenté de croire que notrepremier
théorème doit subsister encore pour les sommes depuissances
deslongueurs
desperpendiculaires
d’undegré égal
ousupérieur
à m. Ilparaîtrait étrange
et vraimentparadoxal ,
eneffet ,
que , parexemple
lelieu
géométrique
despoints
duplan
d’unpolygone régulier
de I00côtés
desquels
abaissant desperpendiculaires
sur les directions deces
cotés,
la somme des99.mes puissances
ou despuissances
sem-blables de
degrés
inférieurs serait constante, dut être uncercle,
et que ce lieu dut devenir
tout-a-coup
uneligne
du I00.meordre,
ou
pcnt-ètre
même d’un ordreplus élevé,
dèsqu’il s’agirait
seu-lement de la somme des I00mes
puissances
de ces mêmeslongueurs.
Pour démontrer
généralement qu’alors
le lieu demandé cessed’être un
cercle,
il faudraitprobablement s’engager
dans delongs
et difficiles
calculs ;
mais nous pouvons du moins prouver 3 parun
exemple particulier
desplus simples ,
que du moins la loi de continuité n’estpoint
observée dans tous les cas. Eneflet,
dansses
Élémens
d’analisegéométrique ( pag. I39 ),
M. Lhuilier aprouvé
que le lieu despoints
duplan
d’unpolygone régulier
telsque la somme des cubes de leurs distances aux côtés du
polygone
est constant est une circonférence
concentrique
à cepolygone ,
tant que le nombre de ses côtés surpasse
trois ;
mais que, dansle cas du
triangle équilatéral ,
ce lieu cesse d’être une circonfé-rence, pour devenir une
ligne
dn troisième ordre. Il résulte d’ail-leurs ,
de cequi
vient d’être démontréci-dessus ,
que , pour letriangle équilatéral ,
comme pour les autrespolygones réguliers ,
ce lieu redevient une circonférence dès
qu’il
nes’agit plus que
des sommes deperpendiculaires
ou de la somme de leursquarrés.
Tom. XV. 34
254 POLYGONES
Venons
présentement
au théorème de M.Lhuilier ,
que nous.avons
rappelé
au commencement de cetarticle ,
et cherchonsquel
est le lieu des
points
duplan
d’unpolygone régulier
donnéquel-
conque,
desquels
aLaissant desperpendiculaires
sur les directionsde ses
côtés,
lepolygone
nonrégulier
inscritqui
aura ses sommetsaux
pieds
de cesperpendiculaires ait
une aire constante donnée.Exécutons exactement les mêmes constructions
que
ci-dessus etnous obtiendrons comine alors 2m
points P, P’, P", ... Q, Q’, Q",... distribués
sur la circonférence(C),
de telle sorteque la
polygone
nonrégulier
inscritqui
aura sessommets
auxpieds
desperpendiculaires
abaissées de l’unquelconque ,
autre queP ,
surles directions des côtés du
polygone primitif
seraidentiquement égal
aupolygone irrégulier
inscritqui
aura ses sommets auxpieds
des
perpendiculaires
abaissées dupoint
P sur ces mêmesdirections;
d’où l’on
conclura ,
commeci-dessus ,
que le lieu cherché doit couper la circonférence(C)
aux 2mpoints P , P’, P",
...Q , Q’, Q",....,
si toutefois il ne se confond pas avec elle.Mais ,
d’un autrecôté,
ilrésulte ,
des considérationstrès-simples exposées
à la page293
duprécédent volume ,
que le lieu cherchéne saurait être
qu’une ligne
du second ordrequi,
si elle ne seconfond pas avec la circonférence
(C) ,
ne saurait la couper enplus
de
quatre points;
donc ce lieu est cette circonférenceelle-même ;
de sorte
qu’on
a cethéorème , qui
estprécisément
celui de M.Lhnuilier:
THÉORÈME. Éfant donné,
sur unplan ,
unpolygone régulier
d’un nombre
quelconque
decôtés ;
unecirconférence concentrique
à ce
plygone
est le lieugéométrique
despoints
de chacun dis-quels
abaissant desperpendiculaires
sur sescôtés,
l’aire dupoly-
gone
qui
a pour sommets lespieds
de cesperpendiculaires
estd’une
grandeur
donnée.Désignons présentement par a, b, c ,... g, h
lesperpendiculaires
abaissées du
point quelconque
P de lacirconférence (C)
sur lesdirections des côtés du
polygone régulier
dont ils’agit ;
ces per-RÉGU LIER S.
255pendiculaires
diviseront lepolygone irrégulier inscrit
en une suitede
triangles
dont les aires serontrespectivement,
enreprésentant
par s
l’angle
intérieur dupolygone régulier,
la somme des aires de ces
triangles , c’est-à-dire,
J’aire dupoly-
gone
irrégulier inscrit ,
aura donc pourexpression
Or , d’après
cequi
vient d’être démontréci-dessns ,
cette aire estconstante,
quelle
que soit la situation dupoint
P sur la circonfé-rence
(C) ; puis
doncque
Sine est constant , il s’ensuitque
lasomme de
produits
est aussi une
quantité
constante 3quelle que
soit lasituation
dupoint
P sur la circonférence(C).
Or ,
lesquarrés
des côtés consécutifs dupolygone irrégulier
inscrit
ontrespectivement
pour expressiondonc la somme
des quarrés de
ces mêmescôtés a
pourexpression
256
POLYGON ES RÉGULIERS.
Or ,
il a été démontré ci-dessus quea2+b2+c+....+g2+h2
étaitune
quantité
constante, et nous venons de démontrer la même chose deab+bc+...+gh+ha;
on a donc cet autre théorèine :THÉORÈME. De quelque point
d’unecirconférence concentrique
à un
polygone régulier
donnéqu’on
abaisse desperpendiculaires
sur les directions de ses
côtés ,
la somme desquarrés
des côtésdu
polygone irrégulier
inscrit dont les sommetsconsécutifs
serontles
pieds
de cesperpendiculaires,
demeurera constante.Le tour de raisonnement
qui
nous aconduit
à ladémonstration
de ces divers théorèmespeut
êtreemployé
à démontrer ungrand
nombre
de
théorèmesanalogues, parmi lesquels
nous nous borne-rons à
indiquer
le suivant :7’1-îÉVR-È.JIE.
Unecirconférence concentrique
à unpolygone régulier
donné est le lieugéométrique
despoints
de chacun des-quels
menant des droites à tous ses sommets, la somme despuis-
sances