Problème I. Densité de Schnirelmann
1. a. Par dénition, σ(A) est la borne inférieure d'un ensemble non vide de nombres réels. Cette dénition est correcte car cet ensemble est formé de réels tous positifs ou nuls. Il est donc minoré (par 0 ) et, d'après les axiomes de R, toute partie de R non vide et minorée admet une borne inférieure. On peut déduire aussi que 0 ≤ σ(A) car 0 est un minorant de A et inf(A) est le plus grand des minorants.
D'autre part,
∀n ∈ N
∗, ] (A ∩ J 1, n K ) ≤ n ⇒ S
n(A) n ≤ 1 et σ(A) ≤
Snn(A)⇒ σ(A) ≤ 1 .
b. Si 1 6∈ A , {1} ∩ A = ∅ donc S
1(A) = 0 et σ(A) ≤ 0 d'où σ(A) = 0 .
c. Supposons que σ(A) = 1 . Comme σ(A) est un minorant de l'ensemble des
Snn(A):
∀n ∈ N
∗, 1 ≤ S
n(A)
n ⇒ n ≤ S
n(A)
Or J 1, n K ∩ A contient au plus n éléments, donc ici J 1, n K ⊂ A pour tous les entiers n . On en déduit que σ(A) = 1 entraîne A = N. La réciproque est évidente.
d. Si A ⊂ B , il est clair que S
n(A) ≤ S
n(B) donc σ(A) est un minorant de l'ensemble des
Snn(B). Or σ(B ) est le plus grand des minorants des
Snn(B)donc σ(A) ≤ σ(B) . 2. a. Ici A est une partie nie, on note m son nombre d'éléments. Il est clair que S
n(A) ≤
mn. Donc, pour tous les entiers n , σ(A) ≤
mn. Par passage à la limite dans une inégalité : σ(A) = 0 .
b. Ici A est l'ensemble de tous les entiers impairs. Évaluons le nombre d'entiers impairs dans J 1, n K :
](A ∩ J 1, n K ) =
n + 1
2 si n impair n
2 si n pair ⇒ S(n)
n =
1 2 + 1
n si n impair 1
2 si n pair On en déduit que
12est un minorant donc
12≤ σ(A) et que
∀n impair , 1
2 ≤ σ(A) ≤ 1 2 + 1
n
On obtient σ(A) =
12par passage à la limite dans une inégalité.
c. Ici A = {m
k, m ∈ N } . Pour un entier n donné, le nombre d'entiers m tels que m
k≤ n est la partie entière de n
k1. On en déduit :
∀n ∈ N
∗, σ(A) ≤ S
n(A)
n ≤
j n
1kk
n ≤ n
k1−1La suite à droite converge vers 0. Par passage à la limite dans une inégalité : σ(A) = 0 .
3. L'ensemble C contient S
n(B) + 1 éléments. Le +1 venant de la présence de 0 qui est dans A et B . De même, l'ensemble A ∩ J 0, n K contient S
n(A) + 1 éléments. La somme des cardinaux
1de ces deux ensembles est donc S
n(A) + S
n(B) + 2 ≥ n + 2 . Comme ces deux ensembles sont dans J 0, n K qui contient n + 1 éléments et que la somme de leurs nombres d'élément est strictement plus grande, leur intersection est non vide. Il existe donc a ∈ A ∩ J 0, n K et b ∈ B ∩ J 0, n K tels que a = n − b ce qui entraîne n ∈ A + B . Ceci est valable pour n'importe quel entier n .
4. a. Supposons σ(A) + σ(B) ≥ 1 . Alors, pour tout entier n :
1 ≤ σ(A) + σ(B) ≤ S
n(A)
n + S
n(B)
n ⇒ S
n(A) + S
n(B) ≥ n
La question précédente montre alors que n ∈ A + B . Comme ceci est valable pour tous les n , on a bien N = A + B .
b. Il sut d'appliquer la question précédente avec B = A .
On peut remarquer que l'hypothèse 0 ∈ A permet d'utiliser la question 3. Elle est indispensable à ce résultat car, si A est l'ensemble des impairs, sa densité est
12mais un nombre impair n'est certainement pas la somme de deux impairs.
Problème II. Suites de Engel
1. a. La suite proposée est formée par la somme des termes d'une suite géométrique de raison
1λ∈ ]0, 1[ , elle converge vers
λ−11car
n
X
k=1
1 λ
k= 1
λ 1 −
λ1n1 −
λ1−→ 1
λ(1 −
1λ) = 1 λ − 1
1le cardinal d'un ensemble ni est le nombre d'éléments qu'il contient.
b. Comme q
n≥ q
ppour tout n ≥ p , s
n= s
p−1+ 1
q
1· · · q
p+ · · · + 1 q
1· · · q
n≤ s
p−1+ 1 q
1· · · q
p1 + 1
q
p+ · · ·
≤ s
p−1+ 1 q
1· · · q
p1 1 −
q1p
= s
p−1+ 1
q
1· · · q
p−1(q
p− 1) c. La suite (s
n)
n∈N∗est clairement croissante, donc s
n≥
q11
. De plus, d'après la question précédente :
∀n ≥ 2, s
n≤ 1
q
1+ 1
q
1(q
2− 1) ≤ 1 2 + 1
2 = 1 car q
1≥ 2 et q
2≥ 2
La suite (s
n)
n∈N∗est donc majorée, elle converge vers un réel x . En passant à la limite dans les inégalités précédentes, on obtient
q11≤ x ≤ 1 d'où x ∈ ]0, 1] . 2. a. Lorsque (q
n)
n∈N∗est stationnaire, il existe deux entiers k et q tels que q
n= q
pour tous les n ≥ k + 1 . On en déduit alors x = 1
q
1+ 1
q
1q
2+ · · · + 1
q
1· · · q
k+ 1 q
1· · · q
kq
1 1 −
1q∈ Q b. La croissance des q
nentraîne s
n≤
q11
+
q12 1+ · · · +
q1n1
. Par passage à la limite dans une inégalité, il vient x ≤
q11−1
puis q
1− 1 ≤
1x.
D'autre part,
q11< s
2≤ x , donc
q11< x puis
1x< q
1. Cela entraîne q
1−1 ≤
1x< q
1ce qui prouve bien que q
1= bxc + 1 . Plus généralement, pour k xé et n ≥ k :
s
n− s
k= 1 q
1· · · q
k1
q
k+1+ 1
q
k+1q
k+2+ · · · + 1 q
k+1· · · q
nq
1· · · q
k(s
n− s
k) = 1
q
k+1+ 1
q
k+1q
k+2+ · · · + 1 q
k+1· · · q
nPosons
q
10= q
k+1, q
02= q
k+2, . . .
La suite qui gure à droite de l'égalité précédente est de même nature que les suites s
n. Notons y sa limite, on a alors en passant à la limite,
q
1· · · q
k(x − s
k) = y et b 1
y c = q
10− 1 = q
k+1− 1
3. a. D'après les hypothèses s
p−1= s
0p−1, notons s ce nombre et λ = q
1· · · q
p−1. D'après la question 2.b. :
q
p− 1 = b 1 λ(x − s) c q
0p− 1 = b 1
λ(x
0− s) c
⇒
q
p= b 1
λ(x − s) c + 1 > 1 λ(x − s) q
p0= b 1
λ(x
0− s) c + 1 ≤ 1
λ(x
0− s) + 1 Comme q
pet q
0psont des entiers tels que q
p< q
0pon a aussi q
p+ 1 ≤ q
p0d'où
1
λ(x−s)
<
λ(x10−s)puis x
0< x .
b. Il est clair que si (q
n)
n∈N∗et (q
0n)
n∈N∗sont deux suites distinctes dans T , elles vérieront (en les permutant au besoin) les hypothèses du a. On en déduit l'in- jectivité de l'application considérée.
On peut dénir sur T une relation d'ordre lexicographique, cette application devient alors strictement croissante. Si x est un réel donné, la suite (q
n)
n∈N∗telle que (s
n)
n∈N∗converge vers x est entièrement déterminée par les formules de la question 2.b. On l'appelle le développement de Engel de x .
4. Fonction de Briggs
a. Écrivons l'encadrement dénissant la partie entière de
x1.
b 1 x c ≤ 1
x < b 1
x c + 1 ⇔ q − 1 ≤ 1
x < q ⇔ qx − x ≤ 1 < qx
⇔ qx − 1 ≤ x et 0 < qx − 1 ⇔ 0 < β(x) ≤ x b. Sur un intervalle ouvert entre deux inverses d'entiers consécutifs, la fonction β
est ane. Elle est donc continue sur tous ces intervalles ouverts. En revanche, elle est discontinue en chaque point x =
n1avec n naturel non nul. Il est facile de voir que, en ce point, sa limite à gauche (large) est 1 − x alors que sa limite à droite (stricte) est 0 . Ce comportement apparait sur le graphe de la gure 1.
c. La fonction β est continue en 0 . En eet, à cause des inégalités du a. et du théorème d'encadrement, elle converge vers 0 en 0 .
d. Le graphe de la fonction de Briggs est tracé dans la gure 1.
5. Algorithme de Briggs
a. L'encadrement de 4.a. montre que la suite est décroissante et minorée par 0 . Elle
converge donc vers un nombre r(x) positif ou nul.
1 2 1
5 1 4
1
3
1
Fig. 1: Graphe de la fonction de Briggs
b. Si la limite r(x) n'est ni 0 ni un inverse d'entier, elle est placé dans un intervalle ouvert dans lequel la fonction β est continue. On doit donc avoir β(r(x)) = r(x) par passage à la limite. Or en un y qui n'est ni 0 ni un inverse d'entier on a β(y) < y . Lorsque r(x) est non nul, il doit donc être un inverse d'entier c'est à dire qu'il existe un entier q tel que r(x) =
1q.
Il reste à montrer que la suite est stationnaire de valeur
1q. Comme la suite (x
n)
n∈Nest décroissante et convergente vers
1q, il existe un certain N tel que
1
q ≤ x
N< 1 q − 1
Si x
Nétait strictement plus grand que
1q, on voit bien sur le graphe que le terme suivant serait strictement plus petit ce qui est impossible. On doit donc avoir x
N=
1qet la suite ne varie plus.
6. a. L'unicité d'un développement de Engel a été démontré dans la question 4. Le pro- blème ici est de montrer que la suite des q
ndonnés par les formules de la question 2.b. est croissante. Considérons un x ∈]0, 1[ et la suite des x
nen introduisant une
notation q
n(on convient que x
0= x ) q
1= b 1
x c + 1, x
1= q
1x − 1 x = 1 q
1+ x
1q
1q
2= b 1 x
1c + 1, x
2= q
2x
1− 1 x
1= 1 q
2+ x
2q
2x = 1 q
1+ 1 q
1q
2+ x
1q
1q
2...
q
n= b 1 x
n−1c + 1, x
n= q
nx
n−1− 1 x
n−1= 1 q
n+ x
nq
nx = 1 q
1+ 1 q
1q
2+ · · · + x
nq
1· · · q
nOn en tire
x = 1 q
1+ 1 q
1q
2+ · · · + x
nq
1· · · q
nComme la suite (x
n)
n∈N
converge vers 0 , le x de départ est bien la limite d'une suite de Engel. La suite des q
nest croissante car elle est formée avec la partie entière supérieur des inverses de x
n. Les x
ndécroissent, leurs inverses et leurs parties entières croissent.
b. Si r est le reste de la division de b par a , notons p le quotient
b = pa + r avec r ∈ J 0, a − 1 K ⇒ b
a = p + r a
|{z}
∈[0,1[
⇒ p = b b a c
⇒ β( a
b ) = (p + 1)x − 1 = b − r
a + 1 a
b − 1 = b − r + a − b
b = a − r b c. À cause de la question 2.a., on doit seulement montrer que le développement
de Engel d'un nombre rationnel est stationnaire. D'après la question précédente, β(
ab) est rationnel avec le même dénominateur mais un numérateur inférieur ou égal. Il ne peut décroitre indéniment, on tombe forcément sur un numérateur qui divise le dénominateur et la suite des x
nest alors stationnaire.
7. Pour x =
12: q
1= 3 , x − s
1=
12−
16, q
2= 1 + b
3(x−s11)
c = 3 . On devine alors que tous les q
iseront égaux à 3 et en eet :
1 3 + 1
3
2+ · · · + 1 3
n→ 1
3 1 1 −
13= 1
2 .
Pour x =
34: q
1= 2 , x − s
1=
34−
12=
14, q
1(x − s
1) =
12, q
2= 3 . Tous les q
isuivant seront égaux à 3 car
1 2 + 1
2 · 3 + 1
2 · 3
2+ · · · + 1 2 · 3
n→ 1
2 + 1 2 · 3
1 1 −
13= 3
4 .
8. Soit x = 0.3183098861 , les formules de la question 2.b. permettent de former le tableau suivant
i q
is
ix − s
iq
1q
2· · · q
i1 4 0.25 0.0683098861 4
2 4 0.3125 0.0058098861 16
3 11 0.3181818182 0.0001280679 176 4 45 0.3183080808 0.0000018053 7920 5 70 0.3183098846 0.0000000015 554400 6 1203 0.3183098861 666943200
Exercice. Équivalent pour une suite dénie par récurrence.
1. Tableau trop facile pour être corrigé. e
xn− 1 ∼ x
net ln(1 + x
n) − x
n∼ −
12x
2n. 2. On doit montrer que
(w
n)
n∈N∗
→ C ⇒
w
1+ · · · + w
nn
n∈N∗
→ C
Il s'agit de la classique convergence au sens de Césaro. Pour que ce résultat relatif à des limites se traduise par une équivalence il est nécessaire que C 6= 0 mais c'est sans importance pour la formulation avec des limites.
Le c÷ur de la démonstration est une inégalité obtenue en coupant une somme en deux.
Fixons nous un N arbitraire et considérons des n > N . On peut écrire :
w
1+ · · · + w
nn − C
= |(w
1− C) + · · · + (w
n− C)|
n
≤ |(w
1− C)| + · · · + |(w
n− C)|
n ≤ 1
n
N
X
k=1
|w
k− C| + 1 n
n
X
k=N+1
|w
k− C|
≤ 1 n
N
X
k=1
|w
k− C| + n − N n
| {z }
≤1
max
k∈{N+1···,n}
|w
k− C|.
Finalement, l'inégalité de Cesaro s'écrit
∀n > N :
w
1+ · · · + w
nn − C
≤ 1 n
N
X
k=1
|w
k− C| + max
k∈{N+1···,n}
|w
k− C|.
On va vérier avec cette inégalité la dénition de la convergence d'une suite. Il est important de savoir que ce résultat ne peut pas se déduire du théorème d'encadrement ou de passage à la limite dans une inégalité.
On veut montrer que, pour tout réel ε > 0 , il existe un entier N
εtel que n ≥ N
ε⇒ |w
n− C| ≤ ε.
Soit donc un ε > 0 arbitraire. D'après la convergence de (w
n)
n∈N∗
, il existe un entier N tel que
n ≥ N ⇒ |w
n− C| ≤ ε 2 . En particulier :
n ≥ N ⇒ max
k∈{N+1···,n}
|w
k− C| ≤ ε 2 . Considérons maintenant la suite
1 n
N
X
k=1
|w
k− C|
!
n∈N∗
.
Comme P
Nk=1
|w
k− C| est un nombre xé, c'est une suite de la forme
Ann∈N∗
qui converge donc vers 0 . Il existe alors un entier N
ε> N et tel que
n ≥ N
ε⇒ 1 n
N
X
k=1
|w
k− C| ≤ ε 2 . On peut alors conclure avec l'inégalité de Cesaro
3. Chaque u
nconstruit est strictement positif, la dénition par récurrence peut se pour- suivre indéniment. La stricte positivité des u
npermet aussi de dénir les v
n4. On sait que ln(1 + x) ≤ x pour tout x ≥ −1 . La suite (u
n)
n∈Nest donc décroissante et minorée par 0 . Elle converge vers un réel l ∈ [0, u] .
Par continuité de ln , ln(1 + l) = l d'où l = 0 . (tableau de x → ln(1 + x) )
5. On a bien u
n+1∼ u
ncar ln(1 + u
n) ∼ u
nlorsque u
n→ 0 .
6. Comme ln
un+1un