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Submitted on 28 May 2021
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Croissance et formation : synthèse critique et test
Sylvie Charlot, . Institut de Recherche Sur l’Economie de l’Education
To cite this version:
Sylvie Charlot, . Institut de Recherche Sur l’Economie de l’Education. Croissance et formation :
synthèse critique et test. Notes de l’IREDU, 1996, pp.1-4. �hal-02683878�
les Notes de l’irédu
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La méthodologie néoclassique
L’approche néoclassique de la macro-économie est marquée par la nécessité d'analyser l'évolution d'agrégats à l'aide d'outils et concepts micro-économiques. La macro- économie néoclassique s'attache à étudier l'économie d'un pays principalement par le biais d'une fonction de production agrégée et de l'utilité d'un consommateur représentatif qui doit être maximisée. La fonction de production ne tient pas compte, traditionnellement, de la qualité des facteurs, c'est-à-dire la formation et la technologie.
Les insuffisances du modèle traditionnel
Les hypothèses générales et l'esprit des modèles macro- économiques néoclassiques traditionnels sont généralement illustrés par le modèle de Solow (1956). Dans ce dernier, la fonction de production est à facteurs substituables, ce qui permet de toujours atteindre un régime de croissance équilibrée de plein emploi, quels que soient le taux d'épar- gne et la croissance démographique, qui sont externes au système.
Ce modèle a provoqué de nombreuses critiques depuis sa présentation. Le principal reproche dont il fait l'objet, concerne la relation directe entre épargne et investissement.
La production n'est plus vraiment fonction de l'inves- tissement mais de l'épargne. Il n'y a aucune place pour les anticipations des agents dans ce modèle. De plus, l'hypo- thèse de flexibilité parfaite des prix des facteurs rend cette analyse peut convaincante quant à sa vérification empirique.
Enfin et surtout, on reproche souvent au modèle de Solow de ne pas être véritablement un modèle de croissance, puisque les équilibres de long terme sont réguliers ou quasi-stationnaires. Ce type de modèle rend
pas la notion de progrès technique. Ce dernier peut être introduit dans les modèles de croissance néoclassiques, mais de façon exogène. Même s'il est incorporé au capital (par exemple aux machines), le progrès technique (non autonome) n'est pas expliqué par le modèle, il ne découle pas du comportement des agents. Les modèles traditionnels de croissance concluent à la convergence des régimes de croissance des différentes nations, convergence démentie pas les observations empiriques.
Constatant l'écart grandissant entre le rôle du progrès technique, dans les processus de croissance, et le peu d'explications apportées par le modèle traditionnel sur ses origines, un nouveau courant de recherches est né, celui des modèles de croissance endogène.
Principes généraux des modèles de crois- sance endogène
Les modèles de croissance endogène ont la particularité d'allier rendements d'échelle globalement croissants, externalités, et explication endogène du processus de croissance. On distingue les rendements sociaux, au niveau macro-économique, et les rendements individuels du capital humain.
Les rendements d'échelle globaux peuvent être crois- sants alors que les rendements du capital humain restent décroissants ou constants, grâce à l'introduction d'externalité. L'externalité, telle qu'elle est définie par Marshall, représente l'effet de synergie, né des complémentarités et des agglomérations, lorsque plusieurs firmes produisent dans le même secteur. Ce surplus n'est pas pris en compte par les agents au moment de leur choix de répartition entre investissement et consommation.
L'équilibre concurrentiel peut être atteint, puisque les
rendements croissants de l'investissement sont externes aux
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optimisent leur utilité, en tenant pour constants les stocks de capital (physique et humain), sans considérer que leurs propres décisions vont modifier ces mêmes stocks.
L'équilibre est alors réalisable, mais est sous-optimal (au sens de Pareto), puisque des agents économiques peuvent être lésés. L'intervention de l'Etat est donc justifiée.
L'existence d'externalités dépend du niveau d'agrégation de l'analyse. S'il s'agit d'un secteur, l'externalité peut provenir de l'interdépendance de celui-ci avec d'autres secteurs.
Au niveau macro-économique, de la nation, l'externalité concerne la part de croissance non-expliquée par les facteurs de production. Elle est ainsi directement liée au "troisième facteur" ou "facteur résiduel", dont Denison (1962) a extrait une part issue de l'éducation. Mais contrairement au facteur résiduel, l'externalité est expliquée par le comportement des agents, elle a, ainsi, des fondements micro-économiques.
La place de la formation dans la dynamique de croissance
L'intensité du progrès technique est expliquée par le comportement d'épargne et d'accumulation de connaissances des agents. Il est, de façon directe ou indirecte, introduit par le concept de capital humain. On considère que la productivité des salariés est améliorée par la qualité plus grande du facteur travail. Soit parce que
"l'intelligence" des hommes permet de produire des machines plus performantes, soit parce que dans le système de production même, le capital humain agit directement sur la quantité et la qualité de la production.
Le concept de capital humain est donc au coeur des modèles de croissance endogène. Il accroît la production ; à ce titre, il est considéré comme un facteur de production à part entière, et génère, en général, une externalité. Mais des divergences importantes existent aujourd'hui dans la définition du capital humain.
Le rôle du capital humain chez Lucas
Dans le modèle de Lucas (1988), le capital humain, défini comme un stock de formation, affecte directement la productivité de la main-d'oeuvre en accroissant sa qualité.
Il produit également une externalité du fait de l'interaction positive des individus dans un environnement à capital humain élevé. Les rendements en capital humain privé sont constants, i.e. quel que soit le niveau de formation anté- rieurement atteint l'effort nécessaire à son augmentation est
identique. Par contre, les rendements en capital humain social sont croissants, grâce à l'externalité. L'accumulation de capital humain et celle de biens finaux sont simultanées.
Le décalage entre ces deux types de production, habi- tuellement introduit, n'intervient pas dans ce modèle.
Les modèles de Romer
Pour Romer (1986, 1990), le progrès technique est essentiellement porté par le capital physique. Le niveau de développement technologique est mesuré par la diversité des biens de production. La connaissance comprend une part privée, il s'agit du capital humain propre à l'individu, et une part publique. La composante privée justifie l'existence d'une rente et donc d'un investissement privé, alors que la composante publique produit une externalité, puisqu'elle profite à tous. Romer peut ainsi rendre compatibles ses trois réflexions principales : la relation évolution technologique-accumulation de capital physique est à double sens, l'évolution technique est en partie le résultat de comportements individuels, et enfin l'utilisation de l'instruction nécessaire à l'efficacité du travail n'entraîne pas de coût supplémentaire.
Malgré la richesse du raisonnement, la formalisation du modèle comprend quelques ambiguïtés. En effet, dans le secteur de la recherche, le capital humain n'est pas porté par le facteur travail puisque ce dernier n'apparaît pas.
Romer reconnaît que cette dissociation entre l'homme et le capital humain pose problème. En outre, le processus d'innovation n'est pas explicite, le passage d'un nouveau concept à un nouveau bien d'équipement n'est pas décrit.
Ainsi, la définition de ce que contient le capital humain, la manière dont il est introduit dans les fonctions de production, et son impact sur la croissance ne sont donc pas toujours cohérents dans les articles de base et de synthèse de la théorie de la croissance endogène. Une étude des mécanismes de croissance endogène soulève en particulier une interrogation sur les rendements de l'éducation tant dans le temps (vitesse d'accumulation), qu'au niveau de son impact sur la richesse des pays. Un test, sur 150 pays du globe, et sur la période 1971-90, a été effectué pour discerner la forme de la relation richesse- investissement en capital physique et éducation.
Test de l’impact de la formation sur la richesse
En introduction, on peut remarquer l'extrême variabilité
de l'indicateur de capital humain dans le monde, et émettre
l'hypothèse que la richesse et le niveau de formation sont liés, grâce au graphique situé à la fin du document.
Le PIB réel par tête et le taux d'investissement sont tirés du fichier Penn World Table 5.5 du NBER
1. L'éducation est mesurée par le nombre moyen d'années d'études fourni par le Programme des Nations-Unies pour le Développement, dans le "Rapport Mondial sur le Développement Humain" (1991, 1992, 1993).
La relation estimée est de la forme : PIB/tête=a+bI+cE +dE
2+u
Il y a 3 150 observations (150 pays x 21 années -1970 à 1990).
Les résultats pour trois méthodes d'estimations sur données de panel sont donnés dans le tableau ci-après.
Tableau : Comparaisons de test à l'aide des MCO et des méthodes de données de panel
MCO Inter Intra Constante 244,18
**
1344,88 .
Investissement 47,92
**
47,69
*
217,699
**
Education 107,61
**
142,0 -266,59
**
Education au carré
88,65
**
84,49
**
83,61
**
R
20,752 0,656 0,404
1
Significatif au seuil de 5%.
2