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Bifurcations en cascade conduisant à la turbulence dans la réaction de Belousov-Zhabotinsky

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Academic year: 2021

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HAL Id: jpa-00209386

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00209386

Submitted on 1 Jan 1982

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Bifurcations en cascade conduisant à la turbulence dans la réaction de Belousov-Zhabotinsky

C. Vidal, S. Bachelart, A. Rossi

To cite this version:

C. Vidal, S. Bachelart, A. Rossi. Bifurcations en cascade conduisant à la turbulence dans la réaction de Belousov-Zhabotinsky. Journal de Physique, 1982, 43 (1), pp.7-14. �10.1051/jphys:019820043010700�.

�jpa-00209386�

(2)

Bifurcations en cascade conduisant à la turbulence dans la réaction de Belousov-Zhabotinsky

C. Vidal, S. Bachelart et A. Rossi

Centre de Recherche Paul-Pascal, Domaine universitaire, 33405 Talence, France

(Reçu le 6 juillet 1981, accepté le 7 septembre 1981)

Résumé.

2014

On détermine expérimentalement le diagramme de bifurcation en fonction du flux d’alimentation de la réaction de Belousov-Zhabotinsky conduite en réacteur ouvert. Une alternance régulière de régimes périodiques

et non périodiques

2014

22 au total

2014

est observée. Les possibilités de mesure du niveau de chaos d’un régime non périodique à partir de son spectre de Fourier sont examinées.

Abstract.

2014

The Belousov-Zhabotinsky reaction, carried out in a continuous stirred tank reactor, is shown to

display several periodic and non periodic regimes, regularly alternating when the flow through the reactor is

increased. As many as 22 regimes have been observed and studied. We analyse also how the level of chaos of a non

periodic regime could be measured from its Fourier power spectrum.

Classification Physics Abstracts

47.25C - 82.20M

1. Introduction.

-

Les recherches fondamentales

sur la turbulence connaissent depuis dix ans un renou- veau marqu6 auquel les id6es d6velopp6es en 1971 par Ruelle et Takens [1] ne sont certainement pas étran-

g6res. Sur le plan experimental, le domaine de 1’hydro- dynamique a, le premier, fait l’objet d’investigations approfondies. Des geometries d76coulement relati- vement confin6es, limitant le nombre de degr6s de

libert6 du fluide, ont plus particuli6rement ete 6tudi6es.

Les travaux les plus nombreux portent sur le flux de Couette [2] et sur l’instabilit6 de Rayleigh-B6nard [3, 4].

L’ensemble des r6sultats recueillis montre qu’au sein

de tels syst6mes la turbulence apparait a la suite d’un nombre tres restreint de bifurcations, contrairement

au point de vue propose en 1944 par Landau [5]. En definitive, c’est moins la turbulence, elle-meme, qui

constitue aujourd’hui le veritable pole d’interet, que la . maniere dont elle prend naissance. A cet 6gard les

travaux theoriques ont permis de recenser trois

« scenarios » possibles, pour reprendre le terme intro-

duit par Eckmann [6]. 11 s’agit [6] du scenario Ruelle- Takens-Newhouse (trois bifurcations de Hopf succes- sives), du scenario Feigenbaum (generation en cascade

de sous-harmoniques) et du scenario Pomeau- Manneville (intermittence). L’exp6rience a effective-

ment permis de corroborer la validite de ces diverses

approches. Elle tend aussi a montrer que la realite est certainement beaucoup plus riche encore, ce qui rend

souhaitable a la fois d’elargir et de diversifier le type de systeme etudie. Comme Ruelle fa fait remarquer des 1973 [7], la cin6tique chimique est de toute evidence

un terrain de choix dans la mesure ou le deroulement

d’une reaction est decrit par un ensemble d’equations

diff6rentielles non lin6aires. De fait, les premiers

r6sultats obtenus en ce domaine [8, 9] se sont r6v6l6s encourageants et ont suscit6 des recherches plus approfondies.

Dans cet article nous nous proposons d’exposer en

detail les observations que nous avons faites sur les differents regimes dynamiques auxquels donne lieu

la reaction de Belousov-Zhabotinsky conduite en

r6acteur ouvert. L’analyse (cf. infra) montre qu’un parametre de bifurcation pertinent, facile a faire varier,

est dans ce cas l’inverse du temps moyen de s6jour des esp6ces chimiques dans le r6acteur. Cette quantite joue

donc dans cette experience le meme role que le nombre de Reynolds en hydrodynamique. En la faisant varier

progressivement et systematiquement, toutes choses 6gales par ailleurs, nous avons pu mettre en evidence

une succession de regimes dynamiques diff6rents,

dont 1’enchainement ne rel6ve d’aucun des trois scenarios 6voqu6s ci-dessus.

2. Equations d’evolution.

-

Pour mettre en pleine

lumi6re le statut math6matique de 1’exp6rience r6alis6e,

un court rappel sur les equations d’evolution du reacteur ouvert est necessaire. On sait qu’une reaction chimique est le resultat d’un certain nombre d’inter- actions entre esp6ces, dont on rend compte a 1’aide d’un ensemble d76tapes 616mentaires (ou schema reactionnel) note de faqon abregee :

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019820043010700

(3)

8

(X : reactifs ; X’ : produits ; kr : constante de vitesse;

v, v’ : molecularites ; L : nombre total d’especes ; R :

nombre total d’etapes).

Un raisonnement probabiliste tres simple montre qu’en milieu homogene (concentrations independantes

de 1’espace) la vitesse par unite de volume Wr de chaque etape est directement proportionnelle au produit des concentrations des seuls reactifs Xi de celle-ci, soit :

(Xi repr6sente indifferemment 1’espece elle-meme ou

sa concentration).

En appliquant cette loi cinetique a 1’ensemble des

6tapes du schema, on d6montre que la variation de concentration au cours du temps d’une espece quel-

conque X, est donnee par :

pour autant que la reaction ait lieu a volume constant.

Dans un r6acteur ouvert, de volume fixe V, un pheno-

mene de transport de matiere vient se superposer a cet

effet de transformation chimique. Certaines especes (produits de depart) entrent a concentration X °,

tandis que toutes sont evacuees a leur concentration instantan6e X dans le r6acteur par le flux volumique J balayant celui-ci. L"6quation pr6c6dente doit etre

modifiée en consequence, ce qui conduit a :

Du point de vue math6matique et 6pist6mologique,

cet ensemble d’6quations diff6rentielles non lin6aires

coupl6es est au r6acteur ouvert ce que 1’equation de

Navier-Stokes est a 1’ecoulement d’un fluide. Sur le

plan pratique il existe toutefois une difference capitale qu’il ne faut pas perdre de vue : quand il n’est pas

complètement inconnu

-

situation relativement fr6- quente

-

le schema r6actionnel permettant d’aboutir a la formulation explicite de (1) est le fruit de toute une

s6rie d’hypoth6ses dont certaines ne peuvent jamais

faire l’objet d’une verification directe. C’est assez dire que chacune des equations de (1) doit etre simplement regard6e comme la somme de plusieurs termes dont

un seul, le dernier, est connu avec certitude.

3. Protocole experimental.

-

En d6pit des restric- tions pr6c6dentes sur la connaissance effective du schema reactionnel, cette analyse permet de d6gager

un protocole experimental tout a fait clair [10]. En

effet (1) est de la forme g6n6rale :

ou F, X ° et X sont des vecteurs a L composantes et p

un scalaire. Ce paramètre It, rapport du flux volumique

au volume du reacteur, est homogene a l’inverse d’un temps : il s’agit du temps moyen de s6jour d’une espece

a l’intérieur du reacteur. A priori les solutions de (2) dependent de la valeur de ,u, parametre unique dont

le controle experimental est assure par le biais du flux

volumique J. En outre p multiplie un seul terme linéaire, dont on peut ainsi faire varier l’importance

relative par rapport aux termes non lin6aires de F.

Quand p devient tres grand, a la limite infini, il existe

une solution stationnaire Xs evidente :

Physiquement ceci signifie que les especes traversent

le reacteur trop rapidement pour avoir le temps de reagir. Mais, bien avant d’en arriver la, il est clair que la predominance du terme lineaire de flux impose,

au-dela d’une valeur limite finie de p, une solution stationnaire. En revanche, si 03BC decroit suffisamment, les termes non lineaires de F peuvent a leur tour devenir preponderants et conduire 6ventuellement à

un autre type de solution. On remarque qu’a la valeur

p

=

0 est associe un autre etat, stationnaire du point

de vue dynamique, qui est 1’etat d’equilibre atteint lorsque la reaction est achev6e. Cet etat n’a pas davan- tage d’int6r8t que 1’etat de repos (nombre de Reynolds nul) d’un fluide. De meme qu’existe un seuil de convec- tion, on pourra donc rencontrer, du moins pour certaines reactions, une valeur critique 03BCc au-dela de laquelle 1’etat stationnaire appartenant a la branche

thermodynamique perd sa stabilite.

En resume, l’équation (2) montre Finteret d’6tudier les regimes dynamiques d’une reaction chimique con-

duite en reacteur ouvert. De par sa structure (2) suggere fortement de faire varier systematiquement le

flux volumique J, de maniere a explorer un domaine appropri6 du parametre p : il est evident qu’en termes

de theorie des bifurcations, la situation est alors

presque ideale. 11 est d’ailleurs remarquable que toutes les experiences rapport6es a ce jour [8, 9, 13, 14, 15, 16]

soient conformes a une telle demarche. 11 convient

cependant de souligner 1’existence de deux autres

possibilites auxquelles il pourrait, le cas echeant, etre

utile d’avoir recours dans des travaux ult6rieurs (p ayant alors une valeur fixe) : a) la variation syst6ma- tique d’une (de plusieurs) composante de X °, c’est-d-

dire de la concentration d’un (de plusieurs) produit de depart dans le flux d’alimentation du réacteur; b) une

variation de temperature qui aurait pour effet de modifier de facon differente

-

et, malheureusement,

la plupart du temps inconnue

-

chacune des cons- tantes de vitesse kr intervenant dans F (loi d’Arrhenius).

4. Conditions experimentales.

-

Nous avons choisi d’appliquer le protocole decrit ci-dessus a une reaction d6couverte par hasard en 1958 par Belousov [11].

11 s’agit de l’oxydation d’une substance organique,

comme 1’acide malonique CH2(COOH)2, par les ions

bromate BrO3 en milieu acide. Cette reaction est

(4)

catalysee par un couple redox, tel Ce3 + /Ce4 +. Tr6s largement etudiee en raison de ses propri6t6s parti- culi6res, elle est aujourd’hui communement designee

sous le nom de reaction de Belousov-Zhabotinsky (BZ).

Le choix de la reaction BZ dans ce type de recherche

s’impose presque de lui-meme en raison de l’impor;-

tance des effets non lineaires auxquels elle donne naissance.

Pour suivre la dynamique de la reaction, nous

mesurons la densite optique du milieu r6actionnel à 340 nm. Un travail ant6rieur [12] a en effet permis

d’6tablir que l’ion Ce4+ est la seule espece chimique

absorbant la lumiere de faqon significative a cette longueur d’onde. C’est Ia un element distinctif par rapport aux travaux d’autres equipes [8, 13, 14] qui

font appel a une technique de detection potentiom6- trique reposant sur une electrode specifique a ions Br-.

La methode spectrophotometrique pr6sente a notre

avis au moins deux avantages substantiels :

-

le signal recueilli est lineairement proportionnel

a la concentration d’une espece (Ce4+) et d’une seule.

Au contraire, la tension d6livr6e par une electrode varie

logarithmiquement avec la concentration; encore

ceci n’est-il vrai que dans le domaine limite de validite de 1’equation de Nernst et en absence d’interference de tout autre ion. Or, selon certains auteurs, cette derniere condition ne serait pas satisfaite ;

-

le temps de reponse du spectrophotom6tre est nul

a 1’echelle des temps de mesure, alors que celui d’une electrode a cristal d’AgBr est couramment de 1’ordre de 5 a 15 s suivant les prototypes et, surtout, suivant

1’amplitude de la variation de concentration elle-meme.

Le dispositif experimental utilise est presente sur la figure 1. 11 met en jeu trois flacons contenant les

Fig. 1.

-

Schema du dispositif experimental.

[Experimental set up : three peristaltic pumps provide the CSTR

with the reagent solutions : the reaction is monitored through the optical density at 340 nm; time equidistant digitalized data

are

stored

on

the

mass

memory of

a

VAX 11/780 computer.]

reserves de r6actifs, trois pompes p6ristaltiques d’ali-

mentation dont la vitesse de rotation est contr6l6e par une horloge a quartz, trois rotametres de mesure

des debits, un r6acteur en pyrex de volume V

=

28 cm’

thermoregule a + 0,05 °C et un agitateur entraine à

600 tpm par un moteur synchrone. La mesure de

densite optique est assuree par un spectrophotometre Cary 16 auquel est adjoint un amplificateur-loupe permettant d’envoyer sur la gamme d7entr6e d’un convertisseur analogique/digital (10 bits) la seule partie variable du signal. Un mini-ordinateur Digital

LSI 11 est charge du controle et de la commande des

operations ; il stocke transitoirement les donnees avant de les transmettre a un ordinateur Digital

VAX 11/780 sur lequel sont effectues tous les traite- ments ult6rieurs. Le signal issu du spectrophotometre

est ainsi 6chantillonn6, digitalise et memorise a des intervalles de temps égaux, pouvant aller de 1 à 100 ms. 11 n’y a pas de limite contraignante a la taille du fichier des donnees, car leur stockage est realise

sur une unite de disques magnetiques de grande capacite. Chaque fichier brut comporte ainsi plusieurs

dizaines ou centaines de milliers d’enregistrements.

Les conditions op6ratoires utilisees dans 1’experi-

mentation dont nous rapportons ici les r6sultats sont les suivantes :

5. Traitement des donnees.

-

Rappelons qu’une propriete essentielle des solutions de systemes d’6qua-

tions tels que (2)

-

par consequent des mouvements ou

.

regimes qui leur sont associes

-

est la nature de leur comportement au cours du temps. Ceci conduit a les

qualifier, suivant les cas, de stationnaire (S), de perio- dique (P), de quasi-p6riodique (QP) et de non-p6rio- dique (NP). Les adjectifs « chaotique » et « turbulent » sont frequemment employ6s, eux aussi, dans ce dernier

sens. Pour mettre en evidence ce caractère, 1’examen du seul enregistrement temporel n’est pas toujours suffi-

sant. On a alors recours, soit a la transformee de

Fourier, soit a une representation des trajectoires

dans 1’espace des phases ou dans un espace derive.

Ayant montre dans des travaux anterieurs [15, 16, 17]

l’int&r8t de ce second mode d’analyse, nous nous

limitons dans le present article a une etude plus approfondie du diagramme de bifurcation et des spectres de Fourier.

La transformee de Fourier est obtenue par appli-

cation de 1’algorithme FFT de Cooley-Tukey a un

ensemble de N points temporellement 6quidistants.

Ces N points (typiquement N

=

214 - 16384) sont

extraits du fichier brut en choisissant un intervalle At

appropri6, qui est evidemment un multiple entier du

(5)

10

Fig. 2.

-

Diagramme de bifurcation montrant 1’alternance des regimes P (au-dessus de 1’axe) et NP (au-dessous de 1’axe) rencontr6s dans cette experience. Le type de chaque regime est precise dans la notation Mm introduite dans le texte.

[Bifurcation diagram. Periodic regimes (above the axis) and non-periodic

ones

(below the axis) alternate before

a

stationary state is reached

at p

=

0.265 min. -1. Each regime is specified in the M "’ notation (see text).]

temps d’6chantillonnage. Pour une meme experience,

nous sommes en mesure de faire varier ind6pendam-

ment N et At, et, par consequent, de changer la r6so-

lution en frequence Af = 1 /N. 0394t et la frequence de Nyquist fN

=

1/2.At du spectre. La densite spectrale

de puissance, d6finie comme :

fait l’objet d’un lissage classique en 7 points, destine

a 61iminer d’6ventuelles raies fantomes [18]. Sa repre-

sentation en fonction de la frequence f, ou spectre de

p’uissance, est faite en 6chelle logarithmique (voir Fig. 2) afin de d6celer les composantes de faible

amplitude.

D’un point de vue pratique, il apparait que ce mode

d’analyse des donn6es reste tres qualitatif et ne donne

que peu d’informations sur les regimes NP. Certains

auteurs ont avanc6 des propositions pour rendre

1’approche plus quantitative [19], mais la validite des

grandeurs introduites pour mesurer le niveau de chaos n’est pas encore 6tablie. Comme les donn6es recueillies dans ce travail peuvent etre utilis6es pour contribuer a eclaircir ce point, nous avons syst6ma- tiquement calcul6, a partir de chaque spectre de

puissance, les quantit6s suivantes :

i

=

1,..., n ; Pi

=

densite spectrale a la frequence i.Of ; n = nombre total de frequences dans le spectre.

Ces deux grandeurs, qui sont evidemment de nature

differente, ne sont pas directement comparables entre

elles. On remarque que la fonction DL a pour limites :

log (n) pour une fonction sinus 0 pour un bruit blanc.

Les limites de variation de la fonction H, qui ressemble beaucoup a une entropie, ne sont pas en revanche d6finies. 11 est donc commode, avant de calculer H,

d’adopter une condition de normalisation de la densite

spectrale lui fixant les memes bornes que DL pour

un sinus et un bruit blanc. Cette norme s’ecrit simple-

ment :

°

Roux et al. [14], poursuivant un but similaire, ont

choisi d’extrapoler a frequence nulle le niveau moyen de bruit de leurs spectres. Toutefois la mise en oeuvre

de grandeurs d6finies explicitement et dont le calcul

ne laisse aucune place a la subjectivit6, nous parait

devoir etre pr6f6r6e a une m6thode d’extrapolation.

6. R6sultats experimentaux.

-

Le domaine du

param&tre p explore va de 0,08 a 0,28 min. -1. 11 inclut la limite sup6rieure au-dela de laquelle est atteint 1’etat S pr6vu par 1’equation (2). En revanche, la valeur

critique yc pour laquelle la branche thermodynamique

devient instable est inferieure a 0,08 min. -1. Nous n’avons pas cherché a determiner ,uc en raison, d’une part des difficult6s pratiques evidentes que cela pr6-

sente (duree d’exp6rience tres importante) et, d’autre part, de I’intérêt limit6 de cette information en 1’etat actuel des recherches.

Lorsqu’on augmente progressivement la valeur de 1-t

on rencontre une succession de regimes P et NP r6guli6rement altern6s (voir Fig. 2). Un 6chantillon de quelques-uns d’entre eux est presente sur la figure 3.

Un premier regime P est observe sur pres de la moiti6 du domaine, de p

=

0,08 d p

=

0,176 min. -1 (Fig. 3a).

Le spectre de Fourier comporte des raies bien r6solues,

toutes harmoniques d’une frequence fondamentale.

La valeur de celle-ci d6croit lentement de 50 mHz à 33,6 mHz au fur et a mesure que p croit. Une bifur- cation survient pour p

=

0,176 min. -1: un regime NP (Fig. 3b) s’installe, dans lequel les oscillations de grande amplitude du Ce4+ sont interrompues de temps a autre

par une oscillation d’amplitude beaucoup plus faible.

Le spectre de puissance correspondant comporte bien entendu un niveau de bruit élevé. N6anmoins il est encore possible d’y distinguer quelques pics, qui sont

tous harmoniques d’un meme fondamental. Pour p

=

0,181 min. - 1, une deuxi6me bifurcation se pro- duit et un autre regime P apparait (Fig. 3c). Avant

d’aller plus loin, il convient de souligner qu’il y a une evolution continue du regime NP dans tout son

domaine d’existence. On constate, en effet, que le

pourcentage de petites oscillations croit de facon

(6)

Fig. 3.

-

Colonne de gauche : enregistrements de la densit6 optique

en

fonction du temps (en s). Colonne de droite : spectres de Fourier correspondants (fr6quence

en

mHz)

en

6chelle logarithmique. Les diff6rents regimes pr6sent6s correspondent

aux

valeurs de 03BC suivantes : (a) /,t = 0,176 min. -1: r6gime o01; (b) J1

=

0,180 min. -1: r6gime M1 (M > 3, variable) ; (c) J1

=

0,182 min. -1: r6gime 3’ ; (d) J1

=

0,243 min. -’ : regime 14 ; (e)03BC

=

0,258 min. -1: regime 1 m (m > 5, variable).

-

[Left column : optical density records

versus

time (in s). Right column : power spectral density (logarithmic scale)

versus

frequency (in mHz).

The displayed regimes correspond to the above values ofu.]

(7)

12

Fig. 4.

-

Pourcentage de petites oscillations dans le domaine d’existence du regime M 1 (M > 3, variable).

[Percentage of low amplitude oscillations in the p range of the

M 1 (M > 3, variable) regime.]

monotone avec /1 (voir Fig. 4). L’apparition de celles-ci

ne saurait donc etre attribuee a une quelconque per- turbation externe non controlee, conclusion renforc6e par la forme tres typique de 1’enregistrement temporel

du regime P qui suit. De fait, celui-ci est constitue

par la repetition reguliere d’un motif de base dans

lequel chaque oscillation de faible amplitude succ6de

invariablement a trois grandes oscillations. Une notation conventionnelle est utile pour reperer ce type d’enregistrement. Nous employons le symbole

Mm (M nombre de grandes oscillations, m nombre de petites oscillations, dans un motif), soit 31 dans le cas precedent. Le premier regime P est alors designe

par oo’ et le regime NP lui faisant suite par M 1 (M > 3, variable). La frequence fondamentale du regime 31, pratiquement invariable, est de 10,5 mHz, valeur

exactement egale au tiers de celle que 1’on attendrait pour le regime 00 1, dans ce domaine de p, en absence de toute bifurcation. Autrement dit, tout se passe

comme si une division par 3 de la frequence survenait, resultant non pas d’une seule mais de deux bifurcations successives. Le regime 31 disparait pour

p

=

0,184 min. -1,

laissant la place a un regime NP, auquel succede a son

tour le regime de type 21 quand p atteint o,193 min. -1.

La encore il est tres remarquable d’observer que le

regime NP interm6diaire est constitue par un m6lange,

en apparence aleatoire, de motifs 31 et 21 uniquement.

En outre, les proportions relatives de ces deux motifs varient continuement dans le domaine d’existence de

ce regime, comme le montre la figure 5. La frequence

fondamentale du regime 21 est, cette fois, egale a la

moitie de la valeur extrapolee pour le regime o01 1 (voir Fig. 6).

L’examen de tous les regimes rencontres

-

22 ont 6t6

Fig. 5.

-

Evolution des pourcentages de motifs 31 et 2’ dans le second regime NP.

[Percentages of 31 and 21 patterns in the second non-periodic regime.]

Fig. 6.

-

Variation de la frequence fondamentale ( +)

en

fonction de p. Pour certains regimes P

on a

egalement represente la frequence

de 1’harmonique de rang 2 (0)

ou

3 (0) qui

se

trouve

sur

la courbe

de variation monotone -trac6e

en

pointill6s.

[Basic frequency ( +)

versus

u. For some of the periodic regimes

the 2 d (0)

or

3rd (A) harmonic frequency, which lies on the

mono-

tonic

curve

drawn in dotted line, has also been displayed]

denombres - d6passe le cadre de cet article (pour plus de details, voir [20]). Le diagramme de bifurcation de la figure 2 recapitule 1’ensemble de nos observations.

On remarque la parfaite alternance des regimes P

et NP. Chaque regime NP met en jeu un nombre

restreint de motifs, la plupart du temps deux seule- ment, qui sont ceux des regimes P imm6diatement

adjacents sur 1’axe de bifurcation. Par ailleurs le domaine d’observation des regimes P devient de plus

en plus 6troit au fur et a mesure que p augmente, et se reduit meme parfois a une valeur unique de ce para- metre. C’est pourquoi 1’existence de certains regimes P

que nous n’avons pas observes directement, mais qui correspondent a des motifs rencontr6s dans des

regimes NP (ex. : 26, 11, 12, 13) ne nous parait pas

(8)

devoir etre exclue, car la precision du controle de p, c’est-a-dire du flux, est evidemment limitee.

Lorsqu’on porte sur un diagramme la frequence du pic fondamental et, pour certains regimes, celle de 1’harmonique de rang 2 ou 3, on obtient une courbe

monotone decroissante en fonction de p (Fig. 6). Cette

d6croissance s’accorde qualitativement avec 1’aug-

mentation de l’importance relative du terme lin6aire de flux dans 1’equation (2). On note d’ailleurs que 1’etat S est atteint tres logiquement pour

J.1

=

0,265 min. -1,

valeur correspondant au point d’extrapolation de

cette courbe a frequence nulle. Signalons aussi 1’emer- gence dans le spectre de Fourier d’un massif, souvent appele « bande large », associ6 à I’apparition de motifs

de type 1 m (Fig. 3d). L’importance de cette bande large

augmente graduellement avec p (Fig. 3e). Enfin, une

autre remarque s’impose a propos des spectres de

puissance, notamment de ceux qui correspondent

a des regimes NP (Figs. 3b, 3e) : la densite spectrale

est toujours tres faible aux plus petites valeurs de la

frequence. Cette caract6ristique, qui ne se retrouvc pas dans les spectres obtenus dans le domaine de 1’hydro- dynamique, est li6e a la structure de 1’equation (2) et

au protocole experimental. En effet, ce sont avant tout les termes non lin6aires de F qui sont responsables de 1’apparition de solutions non stationnaires. Par cons6- quent l’origine des composantes du spectre de Fourier doit etre principalement recherchee dans le comporte-

ment de la reaction chimique. Or, il est clair qu’en

raison du renouvellement permanent du contenu du r6acteur, des variations de tres longue periode de la

reaction chimique proprement dite ne pourront pas etre observ&es. En d’autres termes, le flux qui traverse

le r6acteur joue le role d’un filtre vis-a-vis de toute evolution chimique de longue periode, et introduit

dans le spectre de Fourier une frequence de coupure de meme ordre de grandeur que la frequence de

renouvellement du contenu du r6acteur (soit quelques

mHz dans cette experience : 4 mhzi p

=

0,24 min. -1).

L’evolution du niveau de bruit dans les spectres de Fourier, mesure par les fonctions DL et H, est representee sur la figure 7. Dans un premier domaine

ce niveau reste pratiquement constant (regime o01), puis il augmente sensiblement, ce que traduit la dimi- nution des fonctions DL et H, nulles toutes deux pour

un bruit blanc. Au-dela de cette similitude generale,

certaines differences de comportement m6ritent toute- fois d’etre relevees. Ainsi, les variations relatives de la fonction H lorsqu’on franchit un point de bifurcation sont, dans un premier temps, plus importantes que celles de DL. Par ailleurs, l’apparition de la bande large

dans le spectre de Fourier provoque une decroissance

reguliere de H, mais n’a pas le meme effet sur DL, qui continue de presenter des variations d’amplitude, plus elevees, du reste, qu’auparavant. Au vu de cette

sensibilitc plus grande, et dans la mesure ou la bande large peut etre consideree comme un signe distinctif

de la turbulence, la fonction H se revele donc mieux

Fig. 7.

-

Variation des fonctions DL et H (voir texte)

en

fonction de p. Ces deux grandeurs, 6gales ici a 4,2 pour

un

sinus, s’annuleraient dans le

cas

d’un bruit blanc. La ligne de pointill6s montre l’augmen-

tation progressive du niveau du chaos apr6s disparition du regime 0o i.

[Noise level content of the power spectra monitored through the

DL and H functions (see text). These two functions both vanish for

a

white noise, while they would be equal to 4.2 for

a

pure sine

wave.

The dotted line has been drawn to point out the evolution towards

a

white noise

once

the o01 regime has disappeared.]

adaptee que DL a la mesure du « niveau de chaos » d’un regime determine. Sur le plan fondamental, une methode beaucoup plus satisfaisante consisterait,

bien sur, a determiner de preference le plus grand exposant caract6ristique de Lyapunov À. Cependant,

toutes nos tentatives dans ce sens, bas6es sur 1’algo-

rithme propose par Benettin et al. [21] ont echoue.

’ De fait la valeur numerique que nous obtenons ainsi a partir d’un meme fichier de donn6es depend des param6tres choisis pour effectuer le calcul, retirant,

par la-meme, toute signification intrinseque au r6sul-

tat. Nous pouvons seulement constater que le signe

de celui-ci est g6n6ralement conserve : negatif pour

un regime P, positif pour un regime NP. D’autres

auteurs, s’appuyant sur une application de Poincaré,

ont abouti recemment a des valeurs de + 0,5 [14] et

+ 0,62 [13] dans des experiences similaires. 11 ne

semble pas n6anmoins que la methode indirecte mise

en oeuvre leur permette de caracteriser chaque regime

NP rencontre par un nombre significativement diffe-

rent. Le probleme de cette quantification du chaos

reste donc ouvert pour l’instant.

7. Conclusion.

-

L’6tude exp6rimentale des regimes dynamiques de la reaction BZ conduite en r6acteur

ouvert conduit a un diagramme de bifurcation tres

(9)

14

caract6ristique, ou regimes P et NP alternent regu-

lierement. Ce meme r6sultat a ete observe dans des conditions un peu differentes par Hudson et Mankin

[13] et par Roux et al. [14]. A 1’heure actuelle il n’existe pas d’approche theorique rendant compte d’un tel resultat. Sans doute faudra-t-il attendre le developpe-

ment des recherches en dimension 4. 11 semble vrai- semblable en effet, qu’au moins quatre especes inde- pendantes interviennent dans cette reaction [15].

De plus, et meme s’ils ne constituent pas par eux- memes une demonstration, les calculs de simulation

numerique effectues par Turner [22] sur un systeme

mod6le a quatre variables viennent a 1’appui de ce point de vue, puisqu’ils sont jusqu’a present les seuls

a avoir permis de retrouver effectivement ce type de diagramme de bifurcation.

A partir du moment ou de nombreux regimes NP

sont rencontr6s, l’utilité d’une mesure du niveau de chaos de chacun d’entre eux se precise. La determina-

tion du nombre de Lyapunov se heurtant a de s6rieuses

difficult6s, il serait souhaitable d’introduire une autre

grandeur significative, simple a calculer. Nos resultats

sont ici en faveur d’une sommation du type Pj log Pi

de la densite Pi du spectre de puissance.

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