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etude sociocritique de au commencement était la mer de maissa bey

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Academic year: 2021

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République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Université de Jijel N° de série :

N° d’ordre :!

Faculté des lettres et des langues

Option

Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Master

Présenté par :

BOULAHIA Akila BOULAHIA Radia

Etude sociocritique de

Au commencement était la mer de

Année Universitaire

Pr.RADJAH Abdelouahab..……….Président Pr. Mr.BAYOU Ahcen

Mme. HARIZA Hadda………...………

République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Scientifique

Université de Jijel-Tassoust-

Faculté des lettres et des langues Département de français

Option : Sciences des textes littéraires

Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Master Thème :

: Encadré par

Pr.BAYOU

Etude sociocritique de

Au commencement était la mer de Maïssa

Année Universitaire : 2016 - 2017 Membres de jury

Pr.RADJAH Abdelouahab..……….Président Mr.BAYOU Ahcen……..………Rapporteur

………...………...Examinat République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche

Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Master

Encadré par :

Ahcen

Maïssa Bey

Pr.RADJAH Abdelouahab..……….Président

………Rapporteur

……...Examinatrice

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Remerciements

Tout d'abord, nous remercions le dieu qui nous a donné le courage pour que nous puissions terminer ce travail.

Nous exprimons nos remerciements, notre gratitude et notre reconnaissance à Monsieur Bayou Ahcen, qui nous a dirigé et écouté patiemment et qui nous a donné une aide précieuse.

Nous remercions encore Monsieur Radjeh Abd el- ouahab pour, son soutien et son aide. Et tous ceux qui nous ont aidé de près ou de loin pour ce travail voit le jour.

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Dédicace

Je dédié ce travail à:

Mes chers parents qui m’ont beaucoup soutenu . Mes frères.

Mes sœurs.

Mes nièces et mes neveux Mes amies.

Toute ma famille.

À tous ceux qui m'ont aidé et encouragée.

Akila

(4)

Dédicace

Je dédié ce travail à:

Mes chers parents qui m’ont beaucoup soutenu.

Mes frères.

Mes sœurs.

Mes amies.

Toute ma famille.

À tous ceux qui m'ont aidé et encouragée.

Radia

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Table des matières

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Table des matières

Introduction générale………..….07

Chapitre 1: présentation de l'œuvre et du corpus. 1-Biographie de Maissa Bey………..…..11

2-Oeuvre de Maissa Bey...13

3-Présentation et résumé du corpus………..……..….16

Chapitre 2: Sociocritique et littérature. 1-Définition et origine de la sociocritique………....……19

2-Sociocritique comme outil d'analyse littéraire………..…20

3-Relation entre la sociocritique et la littérature………...…25

4-Concept de héro problématique………..…...…30

Chapitre 3: Analyse de contexte sociopolitique . 1- Contexte dans lequel écrit Maissa Bey………...…34

2-Situation de la femme pendant les années 90………36

3- Contexte social et le contexte familial ………..……...…37

Chapitre 4: Analyse thématique. 1-Amour interdit et la transgression des règles………...41

2- La mort………..43

3- La violence………45

4- Le sacrifice………...….…47

Chapitre 5: La narration. 1- Langue poétique et symbolique……….…...49

2- Analyse des personnages ………..52

3- Analyse spatio-temporelle………55

Conclusion générale………..………..61

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Introduction générale

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La sociocritique est une méthode d’analyse littéraire qui permet d’étudier la relation qu’il existe entre un texte littéraire et son contexte social,elle s’intéresse à la structure et le fonctionnement de texte par le contexte sociopolitique. Cette méthode nous permet d’analyser notre corpus Au commencement était la mer de Maissa Bey d’une façon détaillée. Il s’agira pour nous de connaitre comment l’auteure critique la situation sociopolitique algérienne aussi que les situations problématique dans chaque partie de texte.

La littérature maghrébine d’expression française englobe trois pays de Maghreb (l’Algérie, le Maroc et la Tunisie). Cette littérature combine la culture maghrébine et la langue française, deux enivres culturels qui se rencontrent, et se confrontent ouvrent la voie aux plusieurs esprits et aux plusieurs mentalités dans le domaine de la création littéraire. De plus, cette littérature est marqué par l’émergence de grands écrivains qui ont marqué l’histoire littéraire de leur pays tel que : Mouloud Feraoun, Kateb Yacine, Mouhamed Dib, Taher Ben Djellon, Yasmina Khadra et d’autre. A coté de cela, la femme a indiqué sa présence dans le monde littéraire à travers ses écrits qui ont consacré aux droits des femmes et leur situation dans la société comme le cas de Assia Djebbar, Aicha Belbari et Maissa Bey. Cette dernière décide de défendre les droits des femmes en Algérie pendant les années 90car le système sociale et politique étaient complètement bouleversés où les terrorisme prend sa place dans la société après des rebelles et des manifestations politique contre le gouvernement algérien .De plus , dans cette période là , la liberté était restreinte et les personnes n’ont pas le droit d’agir librement et de vivre ses rêves.

Dans notre mémoire, Nous avons choisi de traiter le thème de recherche qui est l’étude sociocritique pour mieux comprendre le texte qui se compose notre corpus d’analyse et qui forme une histoire qui nous intéresse car nous n’arriverons jamais à comprendre le contenu d’un texte littéraire sans faire une analyse profonde et lire les critiques élaborées à propos de ce dernier.

Nous avons également choisi l’écrivaine algérienne Maissa Bey avec son roman Au commencement était la mer parmi tous les écrivains maghrébins pour plusieurs raisons. Cette écrivaine a sa propre vision historique sur l'Algérie.

D'une part, elle est l'une des romancières attachantes de cette nouvelle génération d'écrivaines algériennes des années 1990, empruntant les voies diverses de la narration, de la nouvelle .D’autre part, elle a sa propre vision sur la place que doit tenir la femme dans la société algérienne.Ensuite le style d’écriture de Maissa Bey est très simples mais ses mots utilisés sont significatifs

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,son but est non seulement de dire ou de raconter, mais de témoigner . Enfin nous avons voulu partager la curiosité intellectuelle de cette auteure connue et reconnue dans le monde littéraire.

Notre préoccupation littéraire vise différentes problématique, à savoir, comment Maissa Bey a pu écrire son premier roman « Au commencement était la mer »malgré les années tragiques vécues par les Algériens?

Aujourd'hui, écrire, parler, dire simplement ce que nous vivons, n'est plus une condition nécessaire et suffisante pour être menacée, combien d'hommes, de femmes et d'enfants continuent d'être massacrés ? Dans des conditions horribles, alors qu'ils se pensaient à l'abri, n'ayant jamais songé à déclarer publiquement leur rejet de l'intégrisme ? 1

Maissa Bey à travers ce roman décrit cette histoire pleine de violence et de médiocrité , décrit ce crime modeste qui engendre plusieurs problèmes et plusieurs conséquences par son écriture qui réserve beaucoup de choses à découvrir à la fin de son histoire , nous renvoie à cette jeune fille algérienne une image de l’Algérie , un très fort symbole qui le représente et dévoile la tristesse et le malheur de son peuple et ce qu’ils ont vécu , la participation l’entente secrète , et l’intelligence non avouée par ce personnage en vue de l’action de son frère , elle veut sa place dans la société à tout prix.

Par conséquent nous pourrons formuler notre problématique comme suit : - Comment se présente la transgression d’un personnage féminin maghrébin dans une société conservatrice à travers une trame narrative ?

- Comment Nadia passe du rêve à la réalité dans un contexte tantôt poétique tantôt réaliste dans un récit symbolique ?

A travers ce roman l’auteur tente de répondre à ces questions par le biais de son personnage principal mais aussi à travers tous les personnages secondaires ( Karim, Djamel , sa mère …. ).

Pour commencer le travail nous allons proposer trois hypothèses à vérifier : - La première est que l'écrivaine a peut- être faisait allusion par son roman à la femme algérienne au sein d'une société très souvent conservatrice.

- La seconde est que Maissa Bey voulait parler de toutes ces jeunes femmes à la fleur de l'âge qui rêvent de l’amour et de la liberté.

1http://www.evene.fr/celebre/biographie/maissa-bey-17624.php

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- En dernier lieu la société est sans doute la principale raison de cette transgression avec ses tabous et ses règles justifiés et imposés.

Pour répondre à toutes ces questions, nous convoquons, comme outil théorique la sociocritique pour faire une analyse profonde pour :

- Repérer toute représentation de la souffrance et de l'injustice dans le texte et sortir dans le monde réel qui est l'Algérie des années noires, pour connaître la situation douloureuse par laquelle est passé notre pays et plus précisément la femme algérienne .

- Reconnaitre à quoi renvoie l'espace et le temps dans notre roman.

Dans un souci de clarté, nous avons divisé notre travail en cinq chapitres Le premier chapitre intitulé la présentation de l’œuvre dans lequel, nous examinons sa biographie, sa bibliographie et l'analyse du contenu de l'œuvre (un petit résumé) car la vie de l'auteur permet une bonne interprétation du roman. Le deuxième chapitre sera consacré à la sociocritique comme outil théorique , et sa relation avec la littérature , et aussi on a parlé du concept du héros problématique Le troisième chapitre est réservé à l'analyse du contexte sociopolitique en Algérie .Le quatrième chapitre est l'occasion de l' analyse thématique , notre analyse est axée autour des thèmes principaux à savoir l'amour interdit et la transgression des règles , la mort , la violence et le sacrifice.

Le dernier chapitre recouvre la narration.

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Chapitre 1:

Présentation de l'œuvre et de

corpus.

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1. Biographie de Maϊssa Bey:

Avant d’aborder l’analyse du roman de Maissa Bey "Au commencement était la mer ", nous voyons nécessaire d’aborder en bref la vie de l’écrivaine qui se considère parmi les premières qui ont marqué leurs noms avec des lettres en or dans l’histoire de la langue française.

Maissa Bey, nom de plume de Samia Benameur, ce nom est un pseudonyme qui est composé à partir du prénom que la mère lui a donné et le nom de la grand-mère.

C’est ma mère qui a pensé à ce prénom qu’elle avait déjà voulu me donner à la naissance (…) et l’une de nos grand-mères maternelles.

Portait le nom de Bey (…) c’est donc par des femmes que j’ai trouvé ma nouvelle identité, ce qui me permet aujourd’hui de dire, de raconter, de donner à voir être immédiatement reconnue.2

Maissa bey est née en 1950 à Ksar el Boukhari, petit village au sud d’Alger.

Elle assiste aux évènements de la guerre de libération nationale et fréquente au même temps, l’école française qui lui donne, à un âge précoce, la conscience d’une appartenance à une double culture. Ses études de lettres françaises à l’université d’Alger et ses professions d’enseignante de la langue française puis de conseillère pédagogique, à sidi Bel- Abbes lui font prendre conscience des problèmes de sa société et de sa condition de femme. Elle fonde et préside alors, à Sidi Bel- Abbes même, l’association « paroles et écritures » qui est consacrée à la femme et participe activement à la revue littéraire des femmes de la Méditerranée «étoile d’encres»

Maϊssa Bey commence l’écriture en prenant le français comme moyen d’expression et de transmission, elle considère cette langue comme étant sa langue" paternelle". Elle a toujours été une lectrice assoiffée et passionnée.

L’écriture l’accompagne depuis longtemps, son écriture exprime sa lutte contre le désespoir, ses révoltes et ses douleurs.

Maissa Bey a écrit au moment où il fallait briser le silence imposé aux voix révoltées. Elle a publié son premier roman en 1996 " Au commencement était la mer" d’autres nouvelles et critiques ont été publiées entre 1998 et 2003 dans plusieurs revues littéraires et dans des ouvrages collectifs. L’auteure a également élaboré au" journal intime et politique" en 2003avec des écrivains algériens de langue française. Elle publie aussi des réflexions sur Albert Camus"

L’ombre d’un homme marchait au soleil"en 2004.

2La biographie de Maissa Bey sur://www.arabesques-edition.com/fr

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Elle a réussi à obtenir beaucoup de prix à cause de son nouveau style d’écriture et son désir de briser le silence et de traiter des sujets jusqu‘à nos jours considérés comme des tabous. Elle obtient le grand prix de la nouvelle de laïcité des gens de lettre en 1998 pour son recueil "Nouvelles d’Algérie (éditions Grasset, 1998), le prix Marguerite-Audoux en 2001 pour son roman "cette fille-là" (éditions de L’Aube) et en 2005 le prix des libraires algériens pour l’ensemble de son œuvre. Elle publie aussi des réflexions sur Albert Camus"

L’Ombre d’un homme qui marchait au soleil" en 2005.

Il est important de signaler que « l’urgence de dire » une réalité trop terrible pour pouvoir être exprimée par le langage, semble remplacer, chez un nombre d’auteurs de la génération des années 90, Maissa Bey a consacré toute son écriture pour toutes les femmes de son pays que l’on veut réduire au silence, elle évoque, d’une voix personnelle et puissante, le caractère double de langage en tant que discours de pouvoir et arme dans une société qui veut confisquer la parole féminine , elle témoigne de la crise algérienne notamment dans les années noires et la situation difficile des femmes car pendant cette période , la femme ne peut pas être crédible et détenir le pouvoir de la parole que lorsqu’elle devient âgée et qu’elle ne peut plus être un objet de désir sexuel pour les hommes ainsi que le code de la famille est basé sur la loi islamique.

2. L’œuvre de Maissa Bey :

Maissa bey est parmi les rares écrivaines d’expression française qui ont marqués l’histoire de la littérature algérienne , maghrébine et même universelle . Elle est l’auteure de nombreux ouvrages importants qui viennent s’ajouter au panthéon de la littérature algérienne et même universelle .

Si dire ce qui est donner aux femmes la possibilité de se reconnaitre dans les personnages que je crée , de se poser des questions et de mettre des mots sur leur désir d’être entendues ,reconnues ,c’est être féministe ,alors je suis féministe.3

Maissa Bey est considérée comme engagée car elle traite des problèmes sociaux. Mais elle est beaucoup plus à côté des femmes.

3 LEBDAI Benouda , « Algérie : Rencontre avec écrivaine Maissa Bey» , in El Waten Septembre 2007.

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En plus du thème de la femme, l’écrivaine traite d’autre thèmes comme : la guerre d’Algérie , la guerre civile ,et l’islamique radical , donc ses écrits englobent tous les sujets d’actualité algérienne et portent des traces des soucis d’un peuple qui ne sait comment mettre fin à ses maux .

Maissa raconte dans ces récits (romans ou nouvelles) des histoires singuliers, d’hommes, de femmes , d’enfants . Elle parle de son pays et de l’amour infini qu’elle lui porte , les tragédies sociales , politique et même géologique qui le mettent à feu et à sang autant de douleur et de déchirement pour elle .

C’est en 1996 que l’écrivaine algérienne Maissa Bey publie son premier roman Au commencement était la mer, qui parait aux éditions Marsa. Dans ce roman Maissa dénonce par la fiction l’injustice réservé aux femmes et aux jeunes filles , victimes silencieuses des lois des hommes . Cette œuvre porte des regards sur les désirs , les rêves et les souffrances des femmes enfermées dans la solitude et le silence que leur impose leur condition .

Deux années plus tard , Maissa Bey écrit un recueil de nouvelles les nouvelles d’Algérie alors que le pays était en pleine guerre civile ( la période de la décennie noire ) dans ce recueil, les héroïnes sont des femmes algériennes victimes de la barbarie et du poids des traditions et ce livre était déjà un combat, celui de tous ceux qui se dressaient contre l'intolérance et la terreur.

L'ouvrage qui a marqué sans doute le parcours de Maissa Bey est" Cette fille- qui a pu recevoir le prix Marguerite Audoux. Ce roman raconte l'histoire d'une jeune femme algérienne dans une nouvelle quête identitaire dans cette "

pension de famille " où vivent vieillards, filles, mères, débiles ou encore caractériels, survivre est un défi quotidien. En mêlant le récit de sa propre vie avec celui des autres pensionnaires dont elle écoute les confidences, Malika reconstruit l'histoire de la femme en Algérie et s'interroge sur le lent travail d'effacement de la mémoire.

Entendez –vous dans les montagnes est apparu au moment où la guerre d’Algérie refait surface dans l’actualité, Un récit bref et tendu dans lequel la romancière de Sidi-Bel-Abbès, par le détour de la fiction, parvenait enfin à arracher au silence un événement majeur de son existence : la mort de son père, torturé et assassiné par les militaires français en 1957 ,ce roman est considéré comme un récit en partie autobiographie et écrit à la troisième personne.

L’auteur met en scène trois personnages : une femme, un homme d’environ soixante ans et une jeune fille nommée Marie. Ils se retrouvent par hasard, dans le compartiment d’un train de nuit en partance pour Marseille. Ces trois

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protagonistes que rien ne semble devoir rapprocher tant ils recherchent la solitude et l’isolement, ont pourtant un point commun : l’Algérie. Elle, victime, fille orpheline d’un père torturé puis assassiné pendant la guerre. Lui, bourreau, appelé du contingent et envoyé là-bas « pendant les événements ». Et enfin, Marie (seul personnage dont le nom est donné) innocente et ignorante, petite fille de pieds noirs. Au cours de ce voyage qui devait être calme, ils vont être confrontés à un incident déclenchant, entre eux, une conversation d’abord banale et hésitante et qui s’intensifiera tout au long de la nuit. Dans l’espace clos de ce train qui les emmène dans la ville du vieux port resurgissent des souvenirs brûlants et peu à peu se dénouent les fils d’une mémoire douloureuse.

Sous le jasmin la nuit est le deuxième recueil de nouvelles de Maissa Bey publié en 2004 et on y retrouve les thèmes qui lui sont chers les femmes, l'amour, la solitude, la souffrance et la mort, et surtout l'Algérie omniprésente . Liée à l'histoire et à la situation actuelle de son pays, elle n'hésite pas à revenir vers les années de plomb, en nous racontant le calvaire vécu par une jeune Algérienne violée, torturée , dont toute la famille a été décimée et qui en plus,

éprouve un sentiment de culpabilité quand elle découvre qu'elle est enceinte.

Comment oublier ces années de terreur quand des Algériens massacraient d'autres Algériens ?. Comment oublier aussi ces années plus lointaines, celles de la guerre d'indépendance, évoquées à travers les lignes d'un journal trouvé au fond d'un tiroir et rappelées surtout à travers le témoignage d'une petite fille, quand la guerre a fait irruption un matin dans sa maison et que son père a été emmené à jamais, son père instituteur, comme l'était le père de Maïssa, lui aussi mort sous la torture.

Surtout ne te retourne pas a vu le jour en 2005, c’est le septième titre de la romancière Maissa Bey .Ce roman a pu ouvrir des portes sur des sujets qui ont resté jusqu'alors écartés .Il représente un miroir honnête de la société algérienne actuelle et du rôle de la femme au sein d'une société dite "masculine". Amina est le personnage féminin jusqu'alors sans histoire et qui englobe tous les maux, les souffrances, l’espoir, l’amour, la peur, le désespoir.

Bleu, blanc ,vert,ce roman est considéré comme un témoin de l'histoire de l'Algérie entre la période des années1962-1992; il revisite trente ans d’histoire algérienne à travers l’histoire personnelle de Lila et Ali .Au début de Bleu, blanc, vert, les personnages ont treize ans et les acteurs déploient l’énergie, l’enthousiasme et la maladresse de l’adolescence ensuite ils grandissent pour nous donner l'image de la première génération de la liberté avec leurs

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problèmes, leur responsabilité et leurs efforts pour construire le pays. L'histoire s’achève en 1992, année où le Front islamique du salut (FIS) gagne les élections et où l’Algérie plonge dans «l’ombre de la grande désillusion».

Pierre, sang et papier ou cendre est l’ avant dernier roman de Maissa Bey dont le titre est un vers emprunté au célèbre poème de Paul Eluard.Il est présenté avant tout comme une œuvre littéraire, écrite dans une prose vibrante de poésie.

Tremblant d’une rage masquée par les yeux d’un enfant algérien, le texte, pas très long, offre un panorama magistral de ce que fut la réalité des cent trente- deux années de colonisation en Algérie. Il se compose de vingt-cinq tableaux écrits dans une langue vigoureuse, pure et brillante; l’auteure remonte le fil du temps et réalise une vaste fresque sur la colonisation française en Algérie de 1830 à 1962 qui nous montre le démantèlement de la société algérienne, la spoliation dans les détails du paysage, l’oppression et les tortures.

"Hizia" est le dernier roman de Maissa bey parut en 2015 dans les éditions Barzakh. Ce roman est classé dans un contexte socioculturel il relate l'histoire d'une jeune fille de 23ans qui vit dans la casbah qui travaille dans un salon de coiffure alors qu'elle a fait une formation de traductrice, l’auteur avoue qu'elle écrivait cette histoire sans savoir ce qu'il allait arriver. L’héroïne a deux frères et une sœur, une mère brumeuse et exigeante, un père toujours attaché à un passé et dont il n'arrive pas à s'en dissoudre "Hizia" aime la vie et rêve de liberté et d'indépendance elle rêve aussi d'amour et d’é

3. Présentation et résumé du corpus :

Au commencement était la mer est le premier roman de Maissa Bey, elle l’a écrit à l’âge de quarante-six ans. Publié en 1996, ce roman est un empreint de délicatesse et de sensibilité de l’auteure qui met brillamment en scène la situation de la femme musulmane éprise de liberté, une injustice banalisée envers les femmes mais aussi les idées radicales et le pouvoir appliqué par quelques hommes au nom de la religion. Elle véhicule l’mage de la société algérienne des années 90

Maissa Bey raconte à travers cent quarante-sept pages l’histoire de Nadia, le personnage principal du roman, l’héroïne qui a 18 ans, une jeune fille orpheline, qui aime la beauté, la vie, l’amour, la mer, elle a envie de vivre et de ressentir.

Nadia occupe avec sa famille momentanément le logement de son oncle Omar au bord de la mer, là-bas l’héroïne libère ses sentiments prisonniers, elle voudrait ressembler à la mer , devenir la mer car son amour pour elle se nourrit au plus en plus profond dans son âme, là-bas Nadia veut oublier sa blessure, la

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mort de son père, sa peur , la mort chaque jours des personnes et la visite aux cimetières. Elle veut tout oublier et vivre en paix, dans le bonheur infini.

L’héroïne, cette fille rêveuse, rêve de vivre en pleine liberté, loin des règles imposées par la société et le code familial, elle attend qu’un jour vienne juste pour qu’elle puisse vivre ses rêves. Elle s’inscrit à l’institut des droits et des sciences juridiques dont elle a toujours rêvé, elle rentre toujours tard à la maison parce qu’elle préfère rester toute la journée dehors, ce n’est pas de cette liberté qu’elle voulait mais elle voulait juste vivre ses rêves mais malheureusement elle a eu beaucoup d’empêchement notamment de son frère Djamel qui l’empêchait de sortir et d’aller à la mer. Ce frère qui chaque jour devient un étranger.

Nadia rencontre Karim, lorsqu’elle était avec sa famille à la plage. C’est le début donc de leur histoire amoureuse. Leur histoire d’amour secrète dans un pays soumis à la terreur des années noires. On se cache et on se découvre, on apprend à mentir. Jusqu’au jour où l’amour fou de deux adolescents succède le réalisme, Karim rompt pour ne pas se heurter à la volonté de ses parents, issu de la bourgeoisie algéroise, qui ont d’autres objectifs pour lui. En troisième partie, Nadia se découvre enceinte et doit avorter dans des conditions de solitude et de douleur terrible, elle a décidé de ne raconter pas son histoire à personne, de garder son silence mieux que de déclarer la triste vérité, les mots sont très dangereux, il faut se taire ou payer de sa vie. Dans le secret elle se vide de tout espoir.

La mort pour Nadia est une vraie déchirure, mais elle peut tout résoudre, effacer toute trace du déshonneur et faire oublier toutes les souffrances. Nadia sort au premier jour du printemps, épuisée, elle veut juste oublier ce qu’elle a vécu, elle voulait aller jusqu’au bout d’elle-même car sa vie était pleine de mensonges, elle souffrait beaucoup jusqu’à sa mort, l’histoire de Nadia finit par les jets de pierre du grand frère Djamel vengeur et gardien de la tradition.

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Chapitre 2:

Sociocritique et littérature.

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1. Définition et origine de la sociocritique :

La sociocritique est une discipline assez jeune puisqu’elle est apparue à la fin des années soixante dans le contexte d’une agitation théorique qui a marqué toute la décennie 1960-1970.Elle est naît alors de l’intercommunication des deux épistémès, le matérialisme dialectique et la psychanalyse et elle se donne comme objectif de renouveler l’approche sociologique de la littérature, d’une part, en intégrant les différentes avancées du structuralisme, de la linguistique et de la sémiologie, et, d’autre part, en privilégiant les médiations collectives et le rapport de l’histoire. Elle a suivi les recherches menées sur l’institution littéraire, sur le discours ou encore sur l’idiologie, en gardant certains acquis de George Lukács et du structuralisme génétique de Lucien Goldman en tant que méthodologie et tout en fondant ses stratégies argumentatives sur les notions de polarités constitutives et donc de tensions et de contradictions.

Le mot "sociocritique" est crée par Claude Duchet en 1971 dans un article manifeste (littérature). Il s’agit d’un courant de critique littéraire qui ne considère pas comme une école, mais qui se propose d’étudier la sociologie de la littérature d’une manière nouvelle et originale par rapport à celle de la sociologie. Elle donne une grande importance à l’étude des institutions dans lesquelles fonctionnent les textes ou la dimension sociale des œuvres littéraires.

Le terme de la sociocritique peut se définir comme une herméneutique, elle a pour objet d’interprétation de tout texte nécessitant une explication, ainsi que les significations des systèmes constitutifs de l’œuvre.

La socio-critique n’a pas la présentation d’inventer le texte. Mais trop de commentaires sociologiques, ou d’analyses marxistes d’inspiration philosophique, esthétique ou politique ont jusqu’ici traversé le texte pour s’établir au-delà et considérer le statut externe de l’œuvre.4

Le texte littéraire est un ancrage culturel, sociologique, historique et politique qui montre l’idiologie de son auteur, il demeure donc le support privilégié de la sociocritique, qui est donc pour objet d’expliquer la production, la structure et la fonction d’un texte littéraire par le contexte sociopolitique

2- La sociocritique comme outil d'analyse littéraire :

Il y a beaucoup de méthodes d’analyse littéraire, mais il arrive que la pertinence de telle ou telle méthode soit beaucoup plus en vue sur un corpus

4 « Pour une socio-critique ou variations sur un incipit », Claude Duchet.

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donné et sur un sujet déterminé. La sociocritique comme outil d’analyse littéraire s’est avéré la bienvenue pour l’analyse de notre corpus, raison pour laquelle nous voulons d’abord parcourir cette méthode avant de l’appliquer.

Cette démarche est due à de multiples raisons : la première en est que l’auteur s’est fortement inspiré de la société et de ses péripéties parfois bizarres projetées dans la peinture de la société de fiction, où par exemple les masques

En deuxième lieu, nous avons trouvé qu’il serait éloquent d’utiliser la méthode sociocritique car les heurts des problèmes sociaux dans l’ œuvre , retombent sur un échantillon de gens faisant partie de la société. D’où toute la société en est sensible. De ce fait, nous jugeons mieux de commencer par la définition des concepts clés . Donc quels sont les principes de la sociocritique ? Et qui sont les fondateurs de cette théorie ? .

La sociocritique est une approche qui s'attarde sur l'univers social présent dans le texte. Pour ce faire, elle s'inspire tant et si bien de disciplines semblables comme la sociologie de la littérature.

"La sociocritique", mot créé par Claude Duchet en 1971, propose une lecture socio-historique du texte. . Cette nouvelle théorie d’analyse, baptisée sociocritique par Claude Duchet en 1971 dans son article intitulé Pour une

socio-critique ou variations sur un incipit, parut dans la revue littérature.

Dans cet article, considéré comme le manifeste de la sociocritique, Duchet a montré son désaccord avec le problème de fermeture du texte littéraire, c’est-à- dire la tendance considérant que le texte ne relevait que d’une autoproduction, thèse fortement soutenue par le courant structuralo-formaliste. Il a plaidé, en revanche, pour une ouverture du texte pour aller chercher les traces les plus profondes de la socialité. Il montre le passage suivant le bien fondé de sa théorie critique :

« … la sociocritique vise d’abord le texte. Elle est même une lecture immanente en ceci qu’elle reprend à son compte cette notion de texte élaboré par la critique formelle et l’avalise comme objet d’étude prioritaire.

Mais la finalité est différente, puisque l’intention et la stratégie de la sociocritique sont de restituer au texte des formalistes sa teneur sociale ».51

De cette définition, il faut retenir que la sociocritique est une méthode d’analyse du texte littéraire qui se différencie des autres méthodes par le fait qu’elle fait de la socialité son centre d’intérêt. Par socialité, il faut entendre tout

5 Claude Duchet ,Patrich MAURUS « entretien de 2006 » p.01,in sociocritique .com/fr/

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ce qui manifeste, dans le roman, la présence hors du roman d’une société de référence et d’une pratique sociale, ce par quoi le roman s’affirme dépendant d’une réalité socio-historique extérieure à lui. Duchet a affirmé à Patrick Maurut dans des entretiens :

Le principe [de la socialité du roman] était que la fiction narrative installait, construisait un espace, un temps, un être ensemble, un système de codes, un système de relations et d’interlocuteurs, un complexe de normes, de valeurs hiérarchisées qui ne pouvaient pas ne pas se référer à un modèle ou une forme d’organisation du social ou encore une forme socialisée du réel.6

Ainsi, selon Claude Duchet, la sociocritique vise « le texte lui-même comme lieu où se joue et s'effectue une certaine socialité » (cité par Bergez et al, 1999 : 123).

La différence entre la sociocritique et la sociologie de la littérature n'est pas claire, mais les deux vocables sont différents. La sociocritique étudie le texte particulier et son contenu tandis que la sociologie de la littérature étudie des textes en général. Mais L’évolution de la sociocritique est marquée par le développement de deux sous-disciplines bien distinctes à savoir la sociologie de la littérature et la sociologie littéraire.

La sociologie de la littérature est donc « une socio-sémiotique car elle utilise des concepts issus à la fois de la sociologie et de la sémiotique. Cette méthode utilisée notamment par Julia Kristeva cherche à transposer les problèmes sociaux au niveau linguistique, s'attachant à la situation sociolinguistique dans laquelle un texte est produit, car cette situation porte l'empreinte des contradictions historiques et des conflits sociaux.

Mais avec l’influence de Marx et de Durkheim, l’arrivée des théories marxistes sur la société au début de XX ème siècle marqua profondément l’approche sociale de la littérature. Parallèlement aux marxistes, il s'établit vers les années 30 une école fondée sur la sociologie de Durkheim et menée par Jan Mukarovsky qui considère la littérature par le concept de conscience collective.

Ce dernier l’applique à l'interprétation des textes par les sociétés, prétendant qu’elle se fera principalement en fonction d’une culture particulière, donnant ainsi une valeur polysémique à la lecture.

6Claude Duchet ,Patrich MAURUS « entretien de1995 » p.03,in sociocritique .com/fr/

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Jean Duvignaud appliquera le même concept mais cette fois-ci en tentant d’expliquer le phénomène de la création en réactions aux contextes sociaux tels que présentés dans des ouvrages comme Ombres collectives. Sociologie du théâtre (1965). Une fusion entre ces deux grands genres, le marxisme et le durkheimisme, se produisit plus tard chez des auteurs mettant en relation les idées des grands penseurs dont ils se réclament. Par exemple, Köhler utilisa la sociologie systématique inspirée (entre autres) par Durkheim au genre littéraire en y introduisant la notion de lutte des classes propre à Marx. Il résulte de ces différentes approches une sociocritique beaucoup plus méthodique et conceptuelle qu’auparavant et qui s'applique surtout aux phénomènes de la création et de l’interprétation littéraire.

G.Lukàcs ,à la suite de Hegek qui avait retenu l'historicisation des catégories esthétiques ,avait essayé de montrer ,dans sa théorie du roman ,que les conditions historiques et philosophique déterminent l'apparition d'une forme littéraire mais aussi l'essence de cette forme. Dans la lignée marxiste, se situent des théoriciens comme Pierre Macherery. Leur originalité est de souligner la dimension critique de la littérature qui n'est pas nécessairement en adéquation avec les discours idéologiques.

Il en est de même ,pour la théorie de" reflet " de P.Macherey qui n'est pas très différente des théories marxistes traditionnelles qui tentent de repérer des analogies entre littérature et société .La théorie du reflet" de P.Macherey ne s'interroge pas sur la manière dont un texte littéraire traduit au niveau de langage ,sa dimension idéologique .Elle se fonde sur le principe de "médiation" qui est l'une des notions majeures en sociologie de la littérature. Comme le cite L.Goldman:

La sociologie de la littérature(…) était jusqu'ici fondé sur l'hypothèse de médiation dans la conscience collective qui établissait le lien entre,d'une part ,la vie sociale et économique ,et d'autre part ,les grands création de l'esprit.7

Ainsi Goldman cherche à dégager une structure qui rende compte de la totalité de l'oeuvre, et qui soit elle-même explicable par rapport à une structure englobante : la vision du monde d'un groupe social. Dans l’analyse de roman selon L.Goldman « La forme qui étudie Lukacs ,est celle que caractérise

7 Lucien GOLDMANN.com/fr/.Itroduction aux premiers écrits de Lukacs , Paris ,1963.P 180

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l’existence d’un héros romanesque qu’il a très heureusement défini sous le terme de héros problématique » pour cela les analyse de Lukacs permettre d’entreprendre une étude sociologique sérieux de la forme romanesque .Pour Georges Lukacs, la situation problématique dans laquelle se trouve le héros est exhumée sous forme de ce qu’il appelle « ironie » dans une œuvre romanesque.

Les personnages problématiques font donc irruption dans la société écrasée par l’intense production pour le marché, faisant naitre des classes bien dessinées : les prolétaires et les producteurs.

Pour cela, Georges Lukacs est le grand théoricien de la théorie sociocritique.

Ses théories sont bien importantes parce qu’il fait ressortir du roman, ce qui nuit à la société moderne en provoquant l’essoufflement des valeurs traditionnelles.

Durant les années 1970, dans le domaine francophone, la sociologie de la littérature a connu une nouvelle impulsion à la suite, notamment, des travaux de l'équipe de Robert Escarpit (production et consommation de la littérature), ceux du sociologue Pierre Bourdieu (« champ littéraire ») et ceux de Claude Duchet sur la « sociocritique ». Plusieurs chercheurs ont ouvert de nouvelles perspectives de recherche tels Jacques Dubois (analyse institutionnelle), Pierre Barbéris, Pierre V. Zima (sociologie du texte), Marc Angenot (théorie du discours social), Jacques Leenhardt (sociologie de la lecture), Edmond Cros (théorie des idéosèmes, théorie du sujet culturel), travaux de l'Institut de sociocritique de Montpellier (Monique Carcaud-Macaire, Jeanne-Marie Clerc, Michèle Soriano), etc.

Gardes-Tamine et Marie-Claude Hubert voient la sociocritique comme une

« méthode de critique née au cours des années soixante, issue de la sociologie.

Elle apparaît comme une tentative pour expliquer la production, la structure et le fonctionnement du texte littéraire par le contexte politico-social. S’étant enraciné dans la société, Taine dans sa philosophie de l’art (1865) a centré ses travaux sur l’émetteur dans son œuvre, et a montré comment le milieu social de l’auteur conditionne l’œuvre, et Lanson le critique au début du XXesiècle a centré ses travaux sur le récepteur et a insisté sur le rôle lecteur dans l’évolution de la littérature.

La sociologie littéraire de son côté, se considérait comme une des méthodes des sciences de la littérature, méthodes critiques tournées vers le texte, de la phonologie à la sémantique ainsi que vers sa signification. Cette méthode dite dialectique, est héritière de la pensée de Hegel et de Marx. Elle est attentive essentiellement à la façon dont sont présentés, analysés, ou révélés dans l’œuvre

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romanesque, les conflits d’une société ou d’une classe sociale. P. Zima précise qu’elle ne se penche pas seulement sur la qualité esthétique d’un texte littéraire pour expliquer uniquement sa fonction sociale, c’est-à-dire son influence ou son succès, mais aussi pour définir sa fonction idéologique ou critique. Il estime que les présupposés théoriques de deux perspectives d’analyse sociocritique du texte littéraire ne se recoupent pas. Selon lui :

La différence fondamentale entre les méthodes empiriques et dialectiques en sociologie de la littérature peut être expliquée par le fait que les premières s’orientent vers le postulat wébérien de l’objectivité scientifique, éliminant tout jugement de valeur esthétique ou autre, alors que les secondes développent certaines théories esthétiques et philosophiques existantes à l’aide des notions sociologiques et sémiotiques.8

De plus, le critique Pierre Zima à affirmer que la notion de sociocritique fait état de « nombreuses approches théoriques disparates qu’il est impossible de subsumer sous une définition à la fois univoque et nuancée» Pierre ZIMA, cité par BEAUMARCHAIS, COUTY et REY, Dictionnaire des littératures de langue française, Paris, Bordas, 1987, p.2344.

3-Relation entre la sociocritique et la littérature:

La littérature désigne avant tout un ensemble des œuvres littéraire écrites ou orales comportant une dimension esthétique, c’est un aspect particulier de la communication orale ou écrite qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets de destinataire.

Mettre en relation les termes « littérature » et « société » c’est se situer aux marges du champ conceptuel de la sociocritique, qui s’installe entre la sociologie de la création, la sociologie de la littérature et la sociologie de la lecture, son programme, fonde une sociologie du texte qui étudie la place occupée dans l’œuvre par les rapports socioculturels ou la place du social dans le texte, et non pas la place du texte dans le social.

La sociocritique distribue la notion de l’œuvre, avec la sociologie de la littérature, l’histoire sociale et l’analyse institutionnelle, d’une part, elle interroge incontestablement l’œuvre quant à sa situation à l’intérieur de la littérature, et d’autre part, elle partage la notion de l’œuvre avec les critiques thématique, narratologique, sémiologique et psychanalytique.

8Ibid .p.30

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La sociocritique, en tant que procédure d’étude scientifique du texte, a pour point de départ l’Histoire. Elle estime que la littérature et l’Histoire sont dans un rapport interne d’articulation et d’intrication, comme le disait Macherey. Aussi, la réalité historique est-elle la base matérielle de l’œuvre littéraire. De ce point de vue, l’esthétisation est fait idéologique parce qu’elle résulte d’un processus de socialisation.9

La sociocritique postule l’existence, dans le texte, d’une référence à l’extérieur, à de l’intertextuel ou de non-textuel, au socio-historique. Elle établit une attitude de la société posée comme lieu de valeurs.

L'esthétique littéraire, l'histoire littéraire et la critique littéraire contribuent à l'institutionnalisation de la littérature, à la constitution de l'institution littéraire, comme rencontre du corps (professionnel, professoral, intellectuel) et du texte.

La critique sociologique, la critique socio-historique et la théorie critique ont quelque chose d'anti-institutionnel ou de contre-institutionnel, cela ne veut pas dire non-institutionnel, en ce qu'elles se réclament d'autres institutions, d'autres appareils d'institution et d'autres appareils (politiques ou idéologiques). Donc il y'a beaucoup d'analyse littéraire, mais la sociocritique est l'une des importante théories littéraires, dans ce critique littéraire on trouve à titre d'exemple, la critique historique La critique philologique, La critique psychologique, La critique herméneutique, etc.

a) La critique historique :

Inséparable de l'histoire littéraire, la critique historique est une approche externe ou extérieure, transcendante par rapport aux textes; c'est une critique qui est parfois normative ou prescriptive (corrective), selon une idéologie religieuse, morale, politique ou autre. C'est une critique adjective, en ce sens qu'elle ajoute beaucoup au texte par la paraphrase, qu'elle multiplie les intermédiaires et les médiations entre l'auteur et le texte ou entre le texte et le lecteur et qu'elle fonctionne surtout à l'épithète. C'est une critique génétique; c'est la genèse, c'est- à-dire l'origine et l'historique de l'œuvre, qui mobilise toute son énergie et trouve son aboutissement ultime dans l'édition critique. La critique historique ou génétique, que l'on appelle aussi "ancienne critique", peut être philologique ou psychologique.

9 « La sociocritique :essai d’analyse textuelle , Divergence/convergences Méthodiques ».

Adama Sanake , p 11

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. 1. La critique philologique

La critique philologique est une critique académique d'érudition. Devant l'affluence, l'abondance, des œuvres, il lui faut faire appel à la bibliographie. La critique bibliographique consiste à faire l'inventaire de ce qui se publie et à le répertorier dans les manuels, les anthologies, les dictionnaires, les encyclopédies, etc. La critique philologique doit aussi faire appel à l'historiographie. La critique historiographique examine les différents états d'un texte, de la première version ou des premiers manuscrits à l'édition originale et aux autres éditions; il lui faut donc comparer les notes, les projets, les plans, les ébauches, les brouillons, les remaniements, les corrections, les scolies, les ajouts ou les coupures d'un version à l'autre : c'est l'avant-texte qui l'intéresse et qui est le moyen d'établir une édition critique. Elle peut aussi s'attarder aux influences entre les œuvres ou entre les auteurs et s'inscrire ainsi dans l'histoire des idées et des mentalités.

La critique philologique, de la bibliographie à l'historiographie, se préoccupe du style de l'œuvre et elle favorise la publication de thèses, de mémoires, de journaux intimes, de correspondances, contribuant ainsi à la gloire des auteurs et sous le prétexte que c'est le hors-texte (les textes d'accompagnement) qui explique ou éclaire le texte. .

2. La critique psychologique

La critique philologique est souvent complétée ou relayée par la critique psychologique, qui lui sert d'exégèse et qui est une critique sentimentale de vulgarisation. Très souvent, la critique psychologique est une critique biographique, pour ne pas dire hagiographique : elle parle plus des auteurs que des œuvres. La critique psychologique peut autant faire appel à la démagogie, dans le pire des cas, qu'à la pédagogie, dans le meilleur des cas. La critique démagogique domine la critique journalistique : le journal fait passer la propagande pour de l'information, la promotion pour de l'opinion, la publicité pour de la popularité. C'est souvent une anecdote à propos de l'auteur ou l'aventure du texte qui lui sert de fil conducteur. Du journal au magazine, la différence n'est que quantitative : plus spectaculaire. L'auteur est en quelque sorte le personnage ou l'acteur principal. La critique démagogique ne cherche pas à expliquer le texte mais à impliquer le lecteur en appliquant au texte trois ou quatre recettes de lecture : elle résume, elle répète, elle annonce, elle glorifie ou sacrifie...

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C'est la philologie qui permet à la critique psychologique de se faire pédagogie. La critique pédagogique cherche à énoncer la littérature, à l'enseigner par la revue ou le manuel, plutôt qu'à renseigner sur elle; elle s'attarde surtout aux personnages, à leur caractère, à leur vraisemblance, etc.

La critique philologique (de la langue et du style) et la critique psychologique (des personnages et des thèmes) sont donc inséparables au sein de la critique historique ou génétique, qui consiste à amener la littérature à l'œuvre, à recouvrir l'œuvre du manteau de la littérature et à se confondre ainsi avec une stylistique : pour la critique philologique, l'œuvre c'est le style de l'auteur; pour la critique psychologique, le style de l'œuvre c'est l'auteur.

b) La critique herméneutique :

L'ancienne critique allie donc l'érudition philologique et la vulgarisation psychologique : elle interprète surtout l'œuvre par l'auteur; la "nouvelle critique"

ou la critique herméneutique interprète plutôt l'auteur par l'œuvre. C'est une critique qui s'avoue plus subjective; mais son approche est plus interne que celle de la critique historique; l'exégèse l'occupe davantage que la genèse. Au sein de la critique herméneutique, nous distinguerons la critique symbolique et la critique thématique. .

1-La critique symbolique :

La critique symbolique considère que les thèmes se réalisent dans des images, dans l'imaginaire ou l'imagerie d'une œuvre, sous la forme de symboles;

symboles qui peuvent, par exemple, tenir des quatre éléments de la nature.

Si ces symboles tiennent des mythes, il est alors possible de parler de la critique symbolique comme d'une mythocritique empruntant à la mythologie et à l'ethnologie. Si les symboles sont attachés à des complexes, il est possible de parler de la critique symbolique comme d'une psychocritique, aussi souvent d'inspiration jungienne que freudienne.

2- La critique thématique :

Pour la critique thématique, il y a toutes sortes de thèmes mythiques ou psychiques, mythologiques ou psychologiques, sociologiques ou philosophiques, psycho-sociaux ou socio-historiques. Le thème peut être conscient, préconscient ou subconscient; ce peut être une catégorie ou une forme a priori comme l'espace et le temps. Parfois la thématique et la symbolique sont réunies.

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Lorsque la thématique rassemble surtout des thèmes philosophiques ou des thèmes théologiques, il y a lieu de parler de philocritique.

Alors que la philocritique est plus ou moins rattachée à la philosophie existentialiste, la sociocritique l'est plutôt à la philosophie socialiste ou communiste et nous allons maintenant nous attarder davantage à la critique sociologique, dont fait partie la sociocritique. .

c- La critique sociologique :

La critique sociologique s'intéresse aux marques ou aux traces de la société dans la littérature (réduite à l'écriture). Chez Hegel, l'aliénation comme négation par l'antithèse est un moment essentiel de la dialectique de la pensée; mais pour le jeune Lukacs, elle est réification : désappropriation [Feuerbach] plutôt que subjectivation, elle transforme les êtres et les choses en objets. C'est par le fétichisme de la marchandise, caractéristique du capitalisme selon Marx, que l'aliénation devient réification. La philosophie de l'aliénation (Hegel, Feuerbach, jeune Marx) se transforme en théorie de la réification chez le jeune Lukacs et elle s'oppose à la théorie du reflet...

Ce que la sociocritique retient du jeune Lukacs, c'est d'abord et avant tout sa théorie du roman. Selon Lukacs, le roman est le genre majeur, dominant, de l'art bourgeois moderne et c'est la forme dialectique de l'épique : le roman est l'épopée moderne, il est la principale des formes littéraires correspondant à la société bourgeoise et son évolution est liée à l'histoire de cette société. Le monde de l'épopée répond à la question : comment la vie peut-elle devenir essentielle?, l'épopée a succédé à la tragédie, qui a répondu à la question : comment l'essence peut-elle devenir vivante? Cette conception du roman fera de Lukacs un partisan de ce qu'il appelle le grand réalisme (critique ou historique), dont le modèle est Balzac, et un partisan de l'art engagé, qui a pris parti contre l'ordre établi et contre l'art pour l'art. .

Selon Goldmann, Lukacs décrit un certain nombre d'essences atemporelles, des formes qui correspondent à l'expression littéraire de certaines attitudes humaines cohérentes. Il étudie les grandes formes épiques réalistes, c'est-à-dire qui reposent, sinon sur une acceptation de la réalité, du moins sur une attitude positive envers une réalité possible, dont la possibilité est fondée dans le monde existant. Dans la littérature épique, les "formes" sont l'expression de relations multiples et complexes qu'entretient l'âme avec le monde ainsi que le roman est la principale forme littéraire d'un monde dans lequel l'homme n'est ni chez soi ni tout à fait étranger. .

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Le roman est la forme dialectique de l'épique, la forme de la solitude dans la communauté, de l'espoir sans avenir, de la présence dans l'absence. Selon Goldmann, la description par Lukacs de la structure significative romanesque correspond à l'analyse marxienne du fétichisme de la marchandise. Dans la forme romanesque, analysée par Lukacs et caractérisée à la fois par la communauté et l'antagonisme radical entre le héros et le monde, la communauté a son fondement dans la dégradation commune de l'un et de l'autre par rapport aux valeurs authentiques qui régissent l'œuvre, à l'absolu, à la divinité.

Donc, la littérature est inséparable de la critique, elles ont des intérêts réciproques.

4-Le concept de héros problématique :

Le concept de héros problématique est employé pour la première fois par George Lukacs dans son ouvrage La théorie du roman , où il propose une analyse de l’œuvre à partir de l’évolution sociale , économique ou culturelle de l’Occident . Lukacs est influencé par Kant , il s’oriente au cours de ses études en Allemagne , vers une analyse sociologique , structurelle , et historique de la création et des genres littéraires . Il formule dans ses travaux de sociologie et de critique littéraire les bases d’une esthétique marxiste. La forme des romans étudiés par Lukacs se caractérise par l’existence d’un héros romanesque qui refuse la réalité et fait l’impossible pour la transformer, ce héros est appelé héros problématique

Le héros du roman est un être problématique à la recherche du sens de sa vie, c'est-à-dire de la connaissance de soi .La vie du héros de roman est une recherche dégradée de valeurs authentiques dans un monde dégradé.10

Le roman est l’histoire d’une recherche dégradée, une recherche des valeurs qui organisent de façon implicite l’ensemble de l’univers romanesque, spécifique à cet univers, il analyse la nature de ces dégradations engendrant une opposition et une communauté suffisante . C’est à partir de ses textes que Goldmann formule ses hypothèses sociologiques. Ces dernières envisagent d’abord l’homologie entre la structure romanesque classique et la structure de l’échange dans l’économie libérale.

Ainsi, pour Lukacs quand l’incommunication s’établit entre la société et le héros , et même quand la conception du monde du personnage ne correspond plus à celle de la société dans laquelle il vit , on parle alors du héros

10 WADI ? Bouzar , roman et connaissance sociale,Essais ,Alger ,Office des publication universitaires ,2006, p.122.

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